Juste un petit saut... (Anonyme)
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Juste un petit saut... (Anonyme)
Auteur anonyme.
Juste un petit saut...
« Bonjour, Robin, heureux de voir que vous avez pu vous libérer.
—Tout le plaisir est pour moi, M. Doney. »
Il pouvait l’être, heureux. Même après un entretien on ne peut plus positif, Robin ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver quelque appréhension en rencontrant un supérieur. Cela ne changerait pas. Comme il l’avait pressenti à ses débuts, on ne pouvait pas avoir de rapports normaux avec des supérieurs. En tout, cas, lui ne pourrait pas.
« Robin, comme je vous l’avais dit, il y a une semaine, tous vos encadrants n’ont été que louanges envers vous et votre travail. Et comme promis, je l’ai fait savoir en haut lieu, naturellement. Je tiens réellement à ce que vous sachiez que dans ma position, je n’aurais pas fait chercher un autre que vous pour ce que j’ai à vous dire.
—J’en suis réellement honoré, monsieur. »
Pouvait-il en venir au fait ? Robin sentit un léger tremblement remonter le long de sa jambe droite.
« Bien sûr. Voyez-vous Robin, je suis chargé de recomposer les nouvelles équipes, après le dernier round de projets de Vadexto-Seiter, comme vous ne pouvez pas l’ignorer. Après vos performances, j’ai émis le souhait que vous puissiez être des nôtres. Un homme de votre trempe ne saurait rester éternellement un... intérimaire.
—Je vais être incorporé au cours d’une nouvelle mission, monsieur ?
—Hum, vous savez, Robin, une entreprise, c’est une sorte de montre... je veux dire de serveur. »
Aie.
« Le serveur répond aux attentes des clients, et doit y répondre vite, c’est un ensemble d’éléments qui oeuvrent ensemble.. afin de répondre aux besoins, oui, aux besoins. Bien sûr, on peut le doter de tout un tas de programmes, de modules, de.. de composants extérieurs, aussi. C’est ainsi qu’il est à même de pouvoir remplir sa mission, vous savez.
—Je vois, monsieur Doney.
—Bien, bien... Hum, Robin, le serveur fonctionne sans arrêt, bien sûr, mais, il y a comme des moments...
—De creux. Je veux dire un peu à vide...
—Oui, vous voyez bien, Robin. Et bien à ces moments là, il y a comment dire, des fonctionnalités... pas inutiles, non, ce ne serait pas le terme. Des fonctionnalités, hum, surnuméraires. »
Et merde...
« Et en ce moment, la situation est un peu semblable à ce.. . ce vide, comme vous l’avez bien dit. Pour tourner correctement, notre serveur aurait besoin d’un peu moins de composants.
—Mais pourquoi...
—Non, non, n’allez pas penser quoi que ce soit trop hâtivement, Robin.
—Monsieur Doney, je ne voudrais pas vous obliger à ...
—Attendez ! Je disais, donc, qu’il nous faut un peu moins de composants... mais bien sûr vous ne jetez pas ce que vous débranchez de vos appareils, Robin. Et nous à Vadexto-Seiter, nous pensons effectivement qu’il ne faudrait pas surtout pas les jeter. Des gens comme vous, Robin, vous comprenez, sont précieux, et c’est pour cela que je vous ai fait venir.
—Vous allez me confier un poste partiel, temporaire ?
—Hum, non ce n’est pas tout à fait cela. »
Ils n’avaient plus le droit de vous virer avec des coups de pieds au cul, mais quand même, ça frisait parfois le ridicule. Mais que pouvait-il attendre?
« Tout d’abord, j’aimerai vérifier avec vous certaines des choses que vous nous avez confiées lors de votre embauche.
—Je vous demande pardon ?
—Je voudrais m’assurer que vous avez le profil nécessaire.
—Le profil ? Je ne suis pas censé être surnuméraire, à cet instant, monsieur Doney ?
—Robin, vous n’avez pas de famille, je me trompe ? Vous êtes toujours célibataire.
—Si ça peut vous faire plaisir...
—Je ne porte aucun jugement sur vous. Je cherche à vous trouver le meilleur, vous savez. Bon, vous nous avez déclaré être prêt à travailler à l’étranger. Y compris en territoire lointain, assez isolé.
—Oui, sans doute. C’est une solution de ce genre ?
—On pourrait dire ça comme ça, Robin. Pas de personne à charge, bref, vous pourriez travailler en enfer un bout de temps que ça ne vous poserait pas problème. »
Et ils seraient foutus d’y trouver quelque chose à faire...
« Robin, je vais vous faire une offre très, très particulière. Laissez-moi vous exposer les faits. Nos stratèges estiment que le marché sera déprimé pour une durée de deux ans. Deux années durant lesquelles votre talent ne saurait être employé comme il le mérite. Mais surtout deux années aux termes desquelles je souhaite personnellement vous voir à nouveau parmi nous.
—Ce n’est pas anodin, monsieur Doney. Votre composant n’est pas abîmé , lui, lorsqu’on ne le branche pas.
—Je sais, je sais. Je ne veux pas vous proposer une solution humiliante et peu captivante.
—Alors je ne comprends pas. »
Ses doigts venaient de trouver un innocent morceau de papier, oublié dans une poche. Le pauvre allait l’aider à tenir le coup.
« Ce que je vous propose, Robin, c’est de faire un saut, et de venir reprendre votre poste dans deux ans. Sans avoir à nous quitter, sans avoir à attendre.
—Que voulez-vous dire ? Si c’est une blague, je ne saurais...
—Je ne blague pas avec de bons éléments. Nous avons d’excellentes raisons d’agir comme nous le faisons.
—Vous devenez décidément obscur.
—Nous avons un partenariat avec une société qui ne demande qu’à pouvoir donner de la notoriété à ses procédés. Des procédés qui vont permettre de résoudre votre problème. En fait, et je vous dis ceci d’homme à homme, Robin, Vadexto-Seiter s’apprête rien que moins qu’à révolutionner le marché de l’emploi.
—Mais soyez plus précis, enfin !
—Je comprends, mais je ne voudrais pas vous dire des bêtises. Ils sauront le faire bien mieux que moi. Moi, je suis ici, pour vous proposer d’effectuer un saut vers le futur. Juste un petit saut.
***
Robin cheminait lentement sur l’allée encore baignée d’un doux soleil d’été indien. Il observa le bâtiment à la silhouette arrondie qui se dressait devant lui, impressionnant de modernisme et d’élégance. Son regard se tourna un bref instant vers les portes vitrées, barrées d’un logo qu’il venait de découvrir. Dans sa main se trouvait la carte de visite remise par Doney.
Il fit demi-tour. Tandis qu’il s’éloignait, le petit morceau de carton tomba doucement au sol.
CRYOLYS
Institut de cryogénie professionnelle
Services aux entreprises
Et l’attente appartient au passé
Juste un petit saut...
« Bonjour, Robin, heureux de voir que vous avez pu vous libérer.
—Tout le plaisir est pour moi, M. Doney. »
Il pouvait l’être, heureux. Même après un entretien on ne peut plus positif, Robin ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver quelque appréhension en rencontrant un supérieur. Cela ne changerait pas. Comme il l’avait pressenti à ses débuts, on ne pouvait pas avoir de rapports normaux avec des supérieurs. En tout, cas, lui ne pourrait pas.
« Robin, comme je vous l’avais dit, il y a une semaine, tous vos encadrants n’ont été que louanges envers vous et votre travail. Et comme promis, je l’ai fait savoir en haut lieu, naturellement. Je tiens réellement à ce que vous sachiez que dans ma position, je n’aurais pas fait chercher un autre que vous pour ce que j’ai à vous dire.
—J’en suis réellement honoré, monsieur. »
Pouvait-il en venir au fait ? Robin sentit un léger tremblement remonter le long de sa jambe droite.
« Bien sûr. Voyez-vous Robin, je suis chargé de recomposer les nouvelles équipes, après le dernier round de projets de Vadexto-Seiter, comme vous ne pouvez pas l’ignorer. Après vos performances, j’ai émis le souhait que vous puissiez être des nôtres. Un homme de votre trempe ne saurait rester éternellement un... intérimaire.
—Je vais être incorporé au cours d’une nouvelle mission, monsieur ?
—Hum, vous savez, Robin, une entreprise, c’est une sorte de montre... je veux dire de serveur. »
Aie.
« Le serveur répond aux attentes des clients, et doit y répondre vite, c’est un ensemble d’éléments qui oeuvrent ensemble.. afin de répondre aux besoins, oui, aux besoins. Bien sûr, on peut le doter de tout un tas de programmes, de modules, de.. de composants extérieurs, aussi. C’est ainsi qu’il est à même de pouvoir remplir sa mission, vous savez.
—Je vois, monsieur Doney.
—Bien, bien... Hum, Robin, le serveur fonctionne sans arrêt, bien sûr, mais, il y a comme des moments...
—De creux. Je veux dire un peu à vide...
—Oui, vous voyez bien, Robin. Et bien à ces moments là, il y a comment dire, des fonctionnalités... pas inutiles, non, ce ne serait pas le terme. Des fonctionnalités, hum, surnuméraires. »
Et merde...
« Et en ce moment, la situation est un peu semblable à ce.. . ce vide, comme vous l’avez bien dit. Pour tourner correctement, notre serveur aurait besoin d’un peu moins de composants.
—Mais pourquoi...
—Non, non, n’allez pas penser quoi que ce soit trop hâtivement, Robin.
—Monsieur Doney, je ne voudrais pas vous obliger à ...
—Attendez ! Je disais, donc, qu’il nous faut un peu moins de composants... mais bien sûr vous ne jetez pas ce que vous débranchez de vos appareils, Robin. Et nous à Vadexto-Seiter, nous pensons effectivement qu’il ne faudrait pas surtout pas les jeter. Des gens comme vous, Robin, vous comprenez, sont précieux, et c’est pour cela que je vous ai fait venir.
—Vous allez me confier un poste partiel, temporaire ?
—Hum, non ce n’est pas tout à fait cela. »
Ils n’avaient plus le droit de vous virer avec des coups de pieds au cul, mais quand même, ça frisait parfois le ridicule. Mais que pouvait-il attendre?
« Tout d’abord, j’aimerai vérifier avec vous certaines des choses que vous nous avez confiées lors de votre embauche.
—Je vous demande pardon ?
—Je voudrais m’assurer que vous avez le profil nécessaire.
—Le profil ? Je ne suis pas censé être surnuméraire, à cet instant, monsieur Doney ?
—Robin, vous n’avez pas de famille, je me trompe ? Vous êtes toujours célibataire.
—Si ça peut vous faire plaisir...
—Je ne porte aucun jugement sur vous. Je cherche à vous trouver le meilleur, vous savez. Bon, vous nous avez déclaré être prêt à travailler à l’étranger. Y compris en territoire lointain, assez isolé.
—Oui, sans doute. C’est une solution de ce genre ?
—On pourrait dire ça comme ça, Robin. Pas de personne à charge, bref, vous pourriez travailler en enfer un bout de temps que ça ne vous poserait pas problème. »
Et ils seraient foutus d’y trouver quelque chose à faire...
« Robin, je vais vous faire une offre très, très particulière. Laissez-moi vous exposer les faits. Nos stratèges estiment que le marché sera déprimé pour une durée de deux ans. Deux années durant lesquelles votre talent ne saurait être employé comme il le mérite. Mais surtout deux années aux termes desquelles je souhaite personnellement vous voir à nouveau parmi nous.
—Ce n’est pas anodin, monsieur Doney. Votre composant n’est pas abîmé , lui, lorsqu’on ne le branche pas.
—Je sais, je sais. Je ne veux pas vous proposer une solution humiliante et peu captivante.
—Alors je ne comprends pas. »
Ses doigts venaient de trouver un innocent morceau de papier, oublié dans une poche. Le pauvre allait l’aider à tenir le coup.
« Ce que je vous propose, Robin, c’est de faire un saut, et de venir reprendre votre poste dans deux ans. Sans avoir à nous quitter, sans avoir à attendre.
—Que voulez-vous dire ? Si c’est une blague, je ne saurais...
—Je ne blague pas avec de bons éléments. Nous avons d’excellentes raisons d’agir comme nous le faisons.
—Vous devenez décidément obscur.
—Nous avons un partenariat avec une société qui ne demande qu’à pouvoir donner de la notoriété à ses procédés. Des procédés qui vont permettre de résoudre votre problème. En fait, et je vous dis ceci d’homme à homme, Robin, Vadexto-Seiter s’apprête rien que moins qu’à révolutionner le marché de l’emploi.
—Mais soyez plus précis, enfin !
—Je comprends, mais je ne voudrais pas vous dire des bêtises. Ils sauront le faire bien mieux que moi. Moi, je suis ici, pour vous proposer d’effectuer un saut vers le futur. Juste un petit saut.
***
Robin cheminait lentement sur l’allée encore baignée d’un doux soleil d’été indien. Il observa le bâtiment à la silhouette arrondie qui se dressait devant lui, impressionnant de modernisme et d’élégance. Son regard se tourna un bref instant vers les portes vitrées, barrées d’un logo qu’il venait de découvrir. Dans sa main se trouvait la carte de visite remise par Doney.
Il fit demi-tour. Tandis qu’il s’éloignait, le petit morceau de carton tomba doucement au sol.
CRYOLYS
Institut de cryogénie professionnelle
Services aux entreprises
Et l’attente appartient au passé
Re: Juste un petit saut... (Anonyme)
Anonyme aussi, n'est-ce pas?
Mr.Magnum- Enorme floodeur
- Nombre de messages : 2475
Age : 42
Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Juste un petit saut... (Anonyme)
ouais, on ne sait jamais ce qu'on trouve en fouillant les cendres.
Invité- Invité
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