Réunion, nouvelle d'un affrontement illusoire.

Une petite idée que j'avais en passant, une envie de griffoner un écrit.







Le bruit de roues crissant sur des rails de fer.

I never wanted to ever bring you down.

"Le TER, venant de Rennes, à destination de Brest vient d'arriver au quai B, merci."

All that I need are some simple loving words.

Le train s'arrêta doucement. Les portes s'ouvrirent. Une foule d'individus en sortit, chacun pressé ou non par ses propres occupations, que ce soit affaires, tourisme, autres. Cependant, parmi cette foule....

Out of my head and I don't know what I found.

...Il y avait un jeune homme, cheveux longs bruns, ayant un petit bouc mal rasé. Il était maigre et blanc, comme si le soleil n'arrivait pas à avoir de prises sur sa peau.

Over and over I feel it breaks me down.

Il appuya sur un bouton et cette clameur, léger bruissement pour les personnes alentours qui, de toute façon, étaient trop occupées pour lui porter une quelconque considération, disparut des écouteurs noirs.
Des bavardages, un semi calme perturbé d'un hall de gare affairé, voici où il se trouvait en ce moment même.
Il rangea soigneusement son lecteur de musique, prit une petite inspiration puis sortit de ce climat un brin vertigineux. Il n'avait que peu pris le train dans sa vie. Non pas que les gares l'étouffaient ou qu'il détestait les univers clos, bien au contraire, mais, arrivé ici, il voulait de l'air.
Au-dehors, le soleil était là, dardant faiblement de ses rayons à travers les nuages blanc teintés de gris qui tachaient le ciel. Le jeune homme s'adossa contre un mur à côté de la porte, attendant, patientant calmement. Il y avait longtemps réfléchi. Etait-ce une bonne idée de venir ici ? Il était de toute manière trop tard pour reculer, à présent.

Un coup de fil. Il aggripa nonchalamment son téléphone portable et répondit. Son accent provoqua un certain étonnement et un rire dans le combiné. Il souriait, faiblement. La discussion fut courte, la voix, féminine, lui disait de la retrouver parmi le parking voisin.
Quelques instants plus tard, au son de l'accent, ils se retrouvèrent, se saluèrent brièvement et il monta dans la voiture éxigue prévue pour l'occasion.
Le trajet fut long et il y eut peu d'échanges de mots. Peut-être quelques questions qui se suivirent de réponses ou de silences indécis. Puis, ils arrivèrent. Une batisse, ni trop proche ni trop reculée de la civilisation. Du sable à quelques mêtres, des collines de l'autre côté. Le jeune homme regarda les arbres d'un air nostalgique puis entra dans la maison.
Quelques personnes attendaient, et il semblait en manquer encore quelques unes. De nouveau de brêves salutations. La conductrice, K-ro, repartit bien vite pour récupérer le reste des participants prévus.
S.R, Nina main dans la main avec Aran, oui, ils étaient là.
Tous s'installèrent dans le salon, une grande pièce carré avec une table et, à son opposé, une cheminée contenant des cendres et des restes de braise.
Les trois autres personnes discutèrent ensemble. Cela semblait être une coutûme. Le jeune homme, lui, restait en retrait. Pendant qu'ils étaient assis à la table, lui se trouvait près de la cheminée, accroupi, regardant périodiquement par la fenêtre.
Le jour baissait au fur et à mesure. L'instant approchait. Des bruits dehors. K-ro était revenu avec un jeune garçon frêle. Comme il l'avait prévu, Satana était venu s'imisser.

Au départ trois, ils fûrent donc cinq à la table, s'échangeant moultes péripéties, et lui, était toujours près de la cheminée.
Ses sacs étaient dans un coin. Il portait une sorte de petite veste à capuche blanche mais il ne semblait pas avoir chaud malgré tout. Il semblait frissoner un peu.
Comme il l'avait prévu, les autres le regardaient parfois mais n'osaient approcher, sauf Satana. Il se dirigea à pas feutrés vers le jeune homme, le dévisageant d'abord. Celui-ci releva la tête et souria d'un sourire qui apparaîssait réconfortant. C'est, du moins, ce que pensait Satana.

"Mon bon Gorgon, vient donc te joindre à nous."

Après un instant, le jeune homme lui répondit:

"Je savais que tu viendrais, toi, me voir."

Satana parut troublé. Il secoua la tête. Gorgon se leva brusquement. Il porta la main à l'intérieur de sa veste et en sortit un objet. Au départ, Satana ne put distinguer de quoi il s'agissait avant de se voir soudainement braquer par une arme de poing. Le choc lui fit faire un pas en arrière, levant les mains près de sa poitrine par reflexe.

"Qu'est-ce qu'il se passe..Gorgon...?"

Le sourire du jeune homme se changea et l'expression se perdit.

"Tu oses venir m'aborder après ce que tu m'as fait ?

- P-Pardon...? dit Satana d'une voix tremblante.

- Démontrer un faux air supérieur virtuellement a dû te faire beaucoup rire. Démolir virtuellement l'âme de certaines personnes doit t'amuser !"

La voix gronda dans la pièce. S.R, Nina, Aran, K-ro, tous étaient bouche-bée. K-ro mettait ses mains devant ses lêvres. Tous avaient le regard tourné vers cette étrange situation, et personne n'osait bouger.

"G-Gorgon. C'est un jouet, ce que tu as là....n'est-ce pas ? Ce n'était qu'un jeu, comme là, pas vrai ? rien qu'un jeu, du second degrés."

Satana avait le visage crispé, essayant de se donner assurance par un sourire lui aussi crispé. Puis, son visage devint blafard, les yeux devinrent ronds, globuleux, témoins d'une vie qui quittait définitivement son corps. Un coup de feu avait été tiré, se répercutant sur les murs, sur le plafond.
Le corps du garçon se propulsa de lui-même en arrière, tombant comme un pantin.
Une fois à terre, un autre coup de feu. Le corps inerte trembla sous l'impact et le sang, rougeoyant, s'écoulait faiblement sur le sol.
A chaque coup, l'assemblé sursauta. A chaque coup, ils fermèrent les yeux, sentant l'impuissance en eux.

"Les queues de Phénix n'existent pas dans le monde réel."

Gorgon tourna lentement la tête vers le reste des personnes présentes. ceux-ci réculèrent d'un coup, se tassant contre le mur du fond. Il reprit:

"Par sa faute, j'ai pensé au suicide. Les mots, écrits comme parlés, sont pire qu'un coup d'épée. Même mon vrai prénom est occulté par un pseudonyme.

- T-Tu vas nous tuer aussi ? Balbutia péniblement S.R.

"Vous ? Vous aussi, vous prenez cela comme un délire. Malaxez les personnes "faibles" virtuellement, avoir des super pouvoirs virtuels pour se donner...confiance ? Humpf. Vous êtes tombés sur la mauvaise personne..."

Il s'avança d'un pas et ils se tassèrent encore plus, ne semblant pas avoir la force d'hurler ou de crier à l'aide. Ils ne pouvaient que pleurer.

"La dure réalité. Vous êtes plus faibles que mon personnage virtuel, dirait-on."

Il fit encore un pas. La nuit apparaîssait au-dehors. La faible lumière de la pièce révélait que le jeune homme avait les traits tirés, comme s'il faisait un effort surhumain. Mais, était-ce pour résister à soi-même ? Etait-ce pour commettre cet acte immonde de tuer ?
Il atteint la table et déposa son arme qui fumait encore puis, lentement, il repartit près de la cheminée, reprenant sa position, accroupi, comme si rien ne s'était passé.
Nina pris son courage à deux mains et s'avanca vers la table, fixant le corps mort, déglutissant. Elle arriva à l'arme.

"N'est-ce pas ce que vous faites souvent ? Détruire une chose, et ne faire comme si de rien n'était après ? Beaucoup font ça virtuellement, oui. Le côté malsain du faux, du virtuel."

Gorgon se releva puis fit face à Nina. Elle avait pris l'arme en main et elle le tenait en joue. C'était une situation insensée. Rien ne motivait ce jeune homme apparemment normal et commun à en arriver là.

"Mais ici, c'est la réalité."

Le jeune homme s'approchait, les bras ouverts. Il semblait tenir quelque chose dans sa main gauche. Une autre arme ?
Un troisième coup de feu retentit. Nina eut un mouvement de recul.
Gorgon resta là, fixant la jeune femme, puis lâcha ce qu'il tenait en main.
Le lecteur de musique heurta le sol et s'alluma. Le son était réglé à son maximum et la clameur, léger bruissement, déchira le silence pesant.

On the sidewalk of the city
are my screams just a whisper

Il tomba à genoux.

busy people going nowhere
see me soak in the rain

"Tu as...libéré le démon que...ce forum..a....?"

no compassion nothing matters
my resistance is waiting

Il s'affala sur le côté, la coulée rouge venait rejoindre le sol, glissant, se mêlant à celui de l'autre garçon.

like a flower in the basement
waiting for a lonely death

Il s'ensuivit un solo de basse accompagné de batterie qui cloturait le morceau de musique. Tout avait l'air si irréel, si théâtrale. Ca en devenait presque risible.
La musique se tut. Le silence reprit sa place. Les braises s'étaient consumées.
Il ferma doucement les yeux.
Ca y est, tout devint noir.

"G-Gorgon. C'est une parodie, ce que tu as là....n'est-ce pas ? Ce n'était qu'un jeu, comme là, pas vrai ? rien qu'un jeu, du second degrés."

tl;dr: Lorsqu'il était enfant, ses parents lui offrirent une Barbie Malibu alors qu'il ne désirait rien de plus au monde qu'une Barbie Ballerine. Pour eux, cela n'avait aucune importance... Se sont-ils ravisés lorsqu'ils ont brûlé vifs au cours d'un incendie domestique purement accidentel ? Nul ne le sait. Mais ce qui était sûr, c'est que leur négligence allait être la cause d'une longue série de meurtres.