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Texte court sans intérêt sauf celui de faire une envolée ...

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Message par Séphy-Roshou Sam 28 Oct - 23:10

Le titre complet aurait dû être ceci : "Texte court sans intérêt sauf celui de faire une envolée lyrique." Pas de suite, ni de début de prévu - j'aurai bien une fic dans laquelle le caser mais ça serait trash. Juste un trip floral. Et un meurtre passionnel.

~

Il regarda le mazoku, son gendre, traverser le couloir en hélant le nom de sa fille, dissimulé dans les ombres environnantes. Seuls ses yeux incroyables, d’un vert argenté en perpétuelle fusion, attestaient de sa non-présence, comme deux feux brûlants d’une sourde colère au milieu de l’océan d’ombres silencieuses. Il pourrait le tuer là, maintenant, tout de suite. Un geste, un simple geste, et il trancherait la chair aussi nettement que l’on déchire une feuille de papier et on n’en parlerait plus.
La Démone, hurlerait, tempêterait, le détesterait certainement. Il s’en moquait éperdument : ce genre de broutilles – l’amourette et la dispute – n’étaient qu’une passade, une goutte d’eau dans leur noire éternité. Elle le détesterait si le mazoku venait à mourir, mais elle ne pleurerait pas, cela, il pouvait en jurer. Pas une larme ne coulerait de ses yeux langoureux, prometteurs de Supplices et d’Extase infinis. Non, la déesse d’argent de la Guerre, ses longs cheveux flottant comme une infinité de promesses de Mort, sa bouche carmine pareille à une invitation à la Luxure, ne verserait pas une larme. L’ichor des êtres comme eux était bien trop précieux pour être versé pour quelque chose d’aussi banal. Son cœur souffrirait peut-être ou alors connaîtrait l’illusion d’une douleur terrible – car qui sait au fond ce qu’elle éprouvait et si cela n’était en fait qu’un jeu pour elle ? Une façon de « tuer » le temps. Quand on est immortel, l’éternité peut paraître si longue et si morne …
Le couloir que traversait le mazoku, sous l’œil inquisiteur des bas-reliefs d’anges et de démons, telle une masse grouillante sur les murs sombres, déboucha sur une partie du palais qu’il n’avait dû jamais voir ou même en avoir entendu parler une seule fois durant tout le période où il y vécut : les jardins suspendus, aussi surnommé l’Eden Noir.
Marcher dans ces jardins, était comme marcher éveillé dans un rêve d’une sombre beauté exaltante. Et merveilleusement dangereuse.
Suspendus, ils l’étaient littéralement : une partie du sol était à la hauteur de celui du manoir, mais ci et là, dans d’immenses coupes d’un cristal étincelant, des parterres entiers flottaient dans les airs grâce à une magie ancienne et oubliée. Les branches, racines et fleurs retombaient avec une délicatesse exquise, dans une explosion de couleurs chamarrées.
Mais la dominance restait le noir, d’où le surnom des lieux.
L’herbe, moelleuse et épaisse comme le poil d’un animal fabuleux, était d’un noir semblable à celui de la demeure, noir, ne reflétant aucune lumière mais l’absorbant pour mieux briller de splendeur malveillante. L’écorce des arbres aux formes étranges, biscornues, un peu comme des arbres morts mais supérieurs en grâce a tout ce qui pouvait exister, était couleur d’argent pur et au toucher, ils avaient la texture du velours chaud d’une bête ronronnante sous les doigts. Comme si leurs branches graciles allaient se saisir de la gorge d’un visiteur pour l’étrangler amoureusement …
Si la couleur des feuilles étaient invariablement d’un noir délicat aux reflets émeraudes, les fleurs de ces arbres, qui tombaient par grappes entières en se pâmant de manière obscène, corolles largement offertes, pouvaient être couleur de neige pure, ou ivoire comme un os ancien, ou bien bleu sombre comme les océans primitifs, ou encore d’un rose nacré délicat comme les seins bourgeonnant d’une jouvencelle, toutes ces couleurs se côtoyant et rivalisant d’éclat pour attirer l’œil du visiteur, le charmer par leurs formes, leurs couleurs, et les visions provoquées par leurs senteurs capiteuses …
Un savant système et un soupçon de magie permettait à une petite rivière de cascader de coupes en coupes dans un tintement cristallin, avant de revenir sur le sol humide pour y couler en un long ruban à travers le jardin, sur les berges duquel poussait un lin blanc qui lorsqu’il brûlait, emmenait l’esprit dans des extases infinies. Sa couleur était celle de l’acier le plus lourd, et l’eau semblait avoir la texture de celui-ci, même si lorsqu’on y plongeait les doigts, le liquide semblait aussi vaporeux qu’un nuage. Ceux qui s’y étaient plongés en leur entier, par imprudence ou témérité, ne pouvaient partager leur expérience car dans le meilleur des cas, ils n’y perdaient que la raison.
L’on pouvait apercevoir parfois le bout d’une truffe, d’une queue, d’une patte ou d’une plume appartenant à un animal étrange. Des abeilles de joyaux mécaniques butinaient les corolles obscènes des fleurs offertes. Des oiseaux-poissons de jade battaient paresseusement des ailes sous l’eau couleur d’acier et des poissons-oiseaux perchés sur une branche lançaient des notes aussi pures qu’une harpe le ferait. Des paons d’un blanc majestueux conversaient avec des rapaces ivoirins, racontant des histoires d’un autre temps dans les sept langues oubliées des démons. Des lions laiteux aux yeux cuivrés se pavanaient parmi les fourrés comme des gros chats, sous l’œil mutin des licornes au crin d’argent, leurs lourdes crinières comme le plomb battant leurs flancs. Des panthères noires comme les ombres paraissaient dans les coins sombres, guettant les papillons d’émeraude, de rubis ou de saphir, et dont la saveur dit-on, était amère, sucrée et salée à la fois.
Mais ces créatures fantastiques ne se montraient guère qu’en la présence d’être d’une beauté et d’une puissance supérieure au commun des mortels – car étant elles-mêmes des chef d’œuvres de noirceur et de candeur, elles n’étaient attirées que par des êtres semblables ou supérieurs. Le Mal était leur moelle et le Mal les attirait, comme un phalène par un feu brillant dans la nuit.
Parfois, l’on pouvait apercevoir la cape d’un prince ou le pied pâle d’une princesse démoniaque. Mais ceci est autre chose. Revenons au mazoku.
Le mazoku pénétra dans le jardin, le dieu de l’Absolu sur ses talons, comme une ombre furieuse prête à s’abattre à tout moment. Il fronça les sourcils, comme bien souvent, les ombres l’entourant semblant se faire de plus en plus denses et noires, à mesure que sa colère grondait de plus en plus en lui. Il ressentait la présence de son gendre honnis en ce lieu comme un … viol.
Comment osait-il poser son pied impur de sale petit démon de seconde zone sur le sacré sol de cette ode vivante à la féminité qu’était ce lieu ? N’avait-il aucun sens des convenances ? Il violait – il n’en démordrait pas, il le ressentait comme un viol – sans honte, et pire, sans même en avoir conscience, la sacro-sainte féminité absolue du Chaos ici incarnée dans toute sa splendeur, le ventre maternel et florissant qui les avait tous mis au monde, eux, les détenteurs des clés du Mal. Sa seule présence dans cette dimension était une insulte envers lui, Ajrarn, envers le Chaos, envers le Multivers et quoi d’autres, rien ne lui venait à l’esprit tant il bouillait de rage contenue, mais il savait que beaucoup s’offusquerait.
Comment osait-elle le laisser la violer ? Car, sa fille chérie et adorée, n’était-elle pas une extension, une incarnation, de ce Chaos chéri, à travers l’image, le miroir, le double de sa bien aimée ? Mais ceci est encore une fois, autre chose.
Ajrarn se dit que si il n’avait pas bien bientôt la raison du pourquoi la Démone les avait fait venir ici – car il se doutait bien qu’ils n’étaient pas ici tous les deux par pur hasard – il allait imploser. A sa manière. A sa manière violente et destructrice qui consistait à rayer la vie sur plusieurs centaines de kilomètres et pour des siècles. Mais ça, il y réfléchirait plus tard.
Le mazoku ne semblait pas le moins du monde être au courant de cette « réunion familiale», marchant avec insouciance, à la recherche de sa belle, sans se rendre compte de l’épée de Damoclès sous la forme d’Ajrarn qui se trouvait juste derrière lui – de toute manière, il n’avait ni l’intelligence ni la puissance nécessaire afin de le détecter. Il n’était après tout, qu’une fourmi, face à ces monuments de Pouvoir et d’Exaltation malsaine.
L’aura de l’éternelle vestale – ou l’éphémère libertine, car si l’on retirait un à un tous ces jolis masques de méchanceté et de perversion, elle n’était qu’une enfant charmante et candide – se fit de plus en plus forte, comme un parfum suave et sucré. Et indubitablement mortel. Ajrarn ricana de voir le mazoku suivre avec insouciance cette trace « odorante » – si on peut dire qu’une aura dégage une odeur – de sa belle, espérant une énième fois qu’il finisse comme les autres petits gourmands qui l’avaient précédé : en charpie.
La Démone apparut bientôt dans son champ de vision.


Dernière édition par le Sam 28 Oct - 23:11, édité 1 fois
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Message par Séphy-Roshou Sam 28 Oct - 23:10

Le Dieu se figea, un pincement au coeur. Elle était belle. Belle ? Non, ce serait stupide de dire qu’elle était belle. Elle était la Beauté, dans sa plus terrible absoluité. Terrible et éclatante de pâleur sur l’herbe noire qui semblait se dresser désespérément vers elle afin d’effleurer ses beaux bras nus, si pâle que le blanc le plus pur semblait gris et terne à son côté. Terrible dans son indifférence, tandis que des lys blancs arachnéens, surgissant ça et là autour d’elle, désespérément tournés vers elle imploraient son regard, semblant lui dire dans leur langage muet de fleur : « Regarde je suis belle, je suis digne de toi, prends moi, cueille moi, arrache mon cœur à cette terre et presse moi contre ton sein, chère Sœur, tu marches sur des Morts, Beauté, dont tu moques, et le Meurtre parmi tes plus chères breloques, n’est pas le moins charmant, et l’Horreur sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement … ».
Mais elle n’en avait cure. Si elle était la Beauté, elle était aussi la Mort. La Mort splendide et terrifiante contre qui on ne peut que succomber. Des peuples s’étaient où se damneraient volontiers pour elle. Elle les regardait à peine. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait. Ce qu’elle aimait, ce qui la faisait vibrer, mourir, souffrir et lui donnait un instant l’illusion de Vivre, était cet infime moment où elle pouvait lire l’adoration et la terreur dans le regard de sa victime, tandis qu’elle lui arrachait la vie, plus ou moins tendrement, et surtout plus ou moins proprement. Oui le meurtre en masse l’amusait, la faisait rire à gorge déployée. Mais le meurtre intime et amoral, la portait dans les hautes sphères du Plaisir.
Dire que le mazoku était incapable d’apprécier tout cela – il était tellement noyé dans la beauté et les vices de l’argentée qu’il ne voyait plus l’essentiel : elle-même. Ajrarn soupira, las. Il l’avait trop bien faite – même si il n’avait pas été le seul à la créer.
- Ah tu es là Ajriaz !
Infamie que son nom dans sa bouche ! Le viol de cet endroit lui était déjà une souffrance mais ça ! Il se retint promptement d’exploser le mazoku d’une simple pensée – car n’aller pas croire qu’il n’en était pas capable, il était simplement raisonnable – pour avoir perturbé cette vision enchanteresse d’une Ajriaz irradiant de beauté et d’innocence, comme lorsqu’elle était enfant et qu’elle venait se nicher dans ses bras avec un « Nee, Papa … » appelant la caresse. Il soupira. Est-ce que lui, le froid, l’insensible, le cruel Ajrarn, se faisait sentimental ? Le simple fait de l’existence de la Démone montrait qu’il était sentimental en vérité …
L’argentée ne répondit pas à l’appel de son aimé – mais l’aimait-elle passionnément ou comme un simple divertissement ? Elle n’était pas là. Son esprit du moins. Il vagabondait dans le labyrinthe de son cerveau, les méandres tortueux de ses souvenirs, à la recherche peut-être d’une image, un mot, un instant ou un plan autrefois amorcé, puis abandonné. Ses longs cheveux cendrés, comme des milliers de fils d’argent, formaient un voile sur et autour d’elle, effleurant l’herbe définitivement charmée. Un serpent d’un crème velouté, et d’une taille notable, s’était enroulé autour d’un de ses bras blancs, qu’elle tenait levé face à son visage aux traits délicats. Comme si elle lui parlait …
- Heeuu … Ajriaz ?
Elle sursauta, comme brusquement tiré d’une rêverie. Le serpent siffla, et vint se lover contre son cou. Le mazoku frémit en imaginant la sensation – qu’il imaginait fausse – des écailles serpentines sur sa propre peau. Qu’elle caressait distraitement, mais avec une tendresse évidente.
- Beuh, ça te file pas des frissons cette cho …
- Tais-toi …
Un simple murmure. Une voix de commandement absolu, inspirant une peur viscérale et une adoration totale. Elle ne le regarda même pas, hautainement dos à lui. Mais comment faisait-elle pour dire les choses de manière si glaciale alors que le timbre de sa voix était aussi chaud et velouté qu’une cuillère de miel ? Feu de Glace. Ou Glace Brûlante. Le serpent avait relevé sa longue tête triangulaire et émit un sifflement, un bruit doux et mouillé, qui ressemblait à l’équivalent serpentin d’un rire amusé. Oui le serpent semblait s’amuser, nota Ajrarn. Et l’attitude de sa fille était étrange – plus qu’habituellement en tout cas. En notait la robe d’un blanc vaporeux qu’elle portait – et lui allait à merveille, comme tout ce qu’elle pouvait mettre en vérité.
Le mazoku se tint coi, au souhait de sa douce, bien que mal à l’aise à cause des yeux dorés et hypnotiques du serpent fixés sur lui. Finalement, ses cheveux fouettant l’air avec légèreté, elle tourna le visage vers lui. La Démone le regarda de ses yeux fabuleux, dont toute description ne saurait en retranscrire toute leur merveilleuse étrangeté : ce vert pâle et brillant, que rehaussait de fines veines dorées, sombrait parfois dans les aigues-marines d'une mer paradisiaque, si brillant, si beaux, que l'on se damnerait pour eux sans hésiter, pour toutes les promesses de Félicité et d'Extase qui s'y lisaient. Si ce n'était ses pupilles. Ses pupilles fendues de chat, noires, froides, abysses polaires qui semblaient vouloir attirer quiconque les regardait dans le gouffre sans fin de sa Mort froide.
Le mazuko frémit. Jamais elle ne l'avait regardé ainsi. Une peur insidieuse s'empara de lui. Ajrarn frémit. Son cadeau le transportait de joie – car, lui, savait ce qu’il se tramait. Une lueur malsaine fit étinceler ses pupilles glaciales. Sa fille, cette adorable enfant, se leva avec grâce et lenteur, l'herbe protestant avec force, quelques fleurs tombant des plis de sa robe qui semblaient nager autour d'elle comme des nageoires pâles et paresseuses. Ses longs cheveux cascadaient sur ses épaules, merveilleusement étincelants, étrangement plus pâle que d'habitude, et était-ce l’imagination du mazoku ou ils ondulaient comme un nid de serpents furieux ?
Non ça ne pouvait pas être vrai. Son sourire était trop beau, si beau, si pur, sa bouche était si rouge, si sombre, comme une fleur de sang frais ... trop de rouge à lèvres ? Oui bien sûr quoi d’autre …
Et ses beaux bras blancs qui se refermaient autour de son cou avec une tendresse infinie, bien qu’un peu étouffante ... mais elle n’avait jamais été vraiment maître de sa force hein ? On pouvait lui pardonner …
Oui qu’est-ce qu’elle était belle et forte, malgré ses lignes douces, qu’est-ce qu’elle semblait fragile et si pâle lovée contre un lui, comme un serpent ... un serpent ? Pourquoi la comparait-il à un serpent ? Allons, c’était juste à cause de la tête du reptile qui l’épiait, niché dans le cou de l’argentée …
Ah non, Ajriaz n’était pas comme cette bête à écailles visqueuses : elle était douce et lascive comme un chat ronronnant même si elle pouvait se montrer froide et calculatrice … comme un reptile. Non, ses yeux en amandes étaient des océans d'amour … ou des océans de cruauté. Son étreinte était rassurante … et étouffante. Non il divaguait, sans doute à cause des fleurs hallucinogènes du jardin, Ajriaz ne pouvait pas le regarder comme ça, le regard brillant d’une joie malsaine, et non elle ne pouvait pas lui murmurer à l’oreille, si doucement : "Ce que j'aime, quand je m'en lasse, je le détruis."
Ce regard de chaton perdu ne pouvait pas avoir laisser place à ces deux yeux reptiliens, des yeux qui réclamaient leur tribu en sang, non son visage laiteux ne pouvait pas s'être allonger démesurément, couvert d’écailles lisses et satinées, et ses bras, son corps entier ne pouvait pas être ces lourds anneaux coulants comme de la soie en une étreinte étrangement réconfortante qui l’enserrait. Et indubitablement étouffante.
Non Ajiriaz était un chat, elle le disait elle-même, je suis un chat, je dors, je mange et j’aime me faire caresser et choyer, ah ah non elle n’était pas cette créature visqueuse qui l'étouffait. Ah ça y est il avait compris, c'était des hallucinations, ha ha, comme cela semblait réel, le manque d'air, le sang battant à ses tempes, son coeur réduit en lambeaux et sa vie qui se noyait dans ces pupilles mortelles ... non tout ça ne pouvait pas être vrai ...
Ajrarn soupira, un soupir langoureux de pur de contentement. Le mazoku était mort. Un cadeau princier, qu’elle lui offrait. Le cadeau d’une fille à son père. Le mazoku n’avait pas à se plaindre, Ajriaz lui avait accordé une mort somptueuse : la strangulation, de ses mains d'enfant, dans un délire extatique qui avait sans doute grillé les derniers neurones restants de son (ex)gendre.
Il soupira une nouvelle fois.
Il avait frémit quand elle s'était levée, sa robe voletant autour d'elle comme de lourds nuages d'orage. Il avait frémit quand, passant ses bras délicats autour de son cou, elle avait plongé son regard dans le sien. Il était foutu, le fou. Doucement, délicatement, à mesure que le poisson se noyait dans les tourments aigues-marines de son regard, ses mains caressantes étaient revenues autour de sa gorge. Et elles avaient serré. Serrer, serrer et serrer encore.
Il avait frémit quand le mazoku avait commencé à ployer lentement, comme un saule, sous la force hypnotique et tranquille de l’argentée, cherchant à peine à se débattre ou plus simplement, chercher de l'air.
Il avait frémit quand, lorsqu'il rendit son ultime soupir, elle l'embrassa, ses yeux brillants d'une manière qu'il ne connaissait que trop bien : l'amour et la pitié confondue dans la mort de la victime chérie. Elle vivait et mourrait travers lui. Elle renonçait à l’humanité.
Maintenant c’était fini.
L'argentée laissa choir le mazoku à ses pieds, comme on laisse tomber une poupée à l'air à la fois extatique et triste. Une ombre noire, suintant même de la peau de la Démone, vint envelopper le corps sans vie. Une fois retirée, il n'en resta rien, pas un cheveu, pas même un cil.
Elle leva alors ses yeux humides vers lui. Son coeur se déchira. C'était sa fille de dix ans qui pleurait devant lui. - J'ai cassé mon jouet ... souffla-t-elle. Il s'avança jusqu'à elle, et lui prit délicatement le visage dans ses mains, caressant distraitement une joue d’un pouce ganté. - Tu en auras d'autres. - Promis ? Elle avait l’air totalement désespéré. Pas par la mort de l’homme qu’elle disait aimer. Mais par la perspective de l’éternité qui l’attendait. Il sourit. Un peu. Ajrarn ne sourit jamais franchement. Dit-on.
- Promis. Tu devrais arrêter de pleurer, Chuz et Ulhumé nous attendent pour le thé.
Le visage de l'éternelle jeune fille s’illumina, la tristesse disparut, et elle redevint une enfant joyeuse, s’élançant déjà vers la sortie des jardins, la main d’ Ajrarn dans la sienne qui ne chercha pas à résister. Son sourire aurait fait fondre le plus endurci des coeurs. Il rit, un brin amusé, un brin cruel. Les mots étaient inutiles. Tout était réglé. Elle se contenta de lui rendre un sourire énigmatique. La vipère blanche était devenue noire.
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Message par ifelhim Sam 28 Oct - 23:24

Que dire? C'est remarquable...

(Et bin je crois que j'ai encore bien des progrès à faire...)
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Message par Séphy-Roshou Dim 29 Oct - 15:25

Merci ^o^
Il y a un extrait de Baudelaire dans ce texte, cherchez le donc ange
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