Trailer pour embêter Mr Magnum
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Klenval s’installa le dernier, entre Popolman et Ma, tandis que cette dernière exhibait sa trouvaille. Le livre rouge fut posé sur la table dans un bruit sourd, accompagné du ricanement non retenu de Popolman et de Dur Estel.
« Sérieux ? demanda Angel Aeris, incrédule. Sérieux, je ne pensais pas que tu paierais un truc de ce type, Mathilde.
-C’est pas ce que tu crois ! dit Ma avec la sérieuse impression de se répéter. Il est assez exhaustif malgré les apparences. J’ai pu noter des cercles d’invocation, et des incantations pour entrer en contact avec des « esprits ». Pourquoi pas ?
-Parce que c’est de l’arnaque, rétorqua Dur Estel sans délicatesse.
-Je n’ai pas vu de bouquins traitant d’invocations d’esprit dans ce genre de situations ailleurs, insista Ma.
-Et vous alors ? reprit Klenval agressivement. Sauf preuve du contraire, vous n’êtes pas non plus très avancés…
-Si on ne peut plus se permettre de donner son avis, marmonna Angel Aeris.
-On a convenu de mettre en commun nos informations ce soir. On ne va pas traîner davantage, lança Klenval sur le même ton. »
Angel Aeris sortit une liasse de papiers, griffonnés au crayon à papier, relativement illisibles, et le mit sur la table au dessus du livre. Dur-Estel sortit un petit livre plat, à la couverture cartonnée. Avec une apparence de livre pour enfants. Klenval saisit l’une des feuilles et tenta de la déchiffrer, de même que Dur-Estel, qui semblait très intéressé. Popolman feuilleta les pages du livre de ce dernier pendant ce temps.
« Ce n’est pas faute d’avoir fait les grandes bibliothèques de Paris, déclara-t-elle.
-Oh non, c’est juste faute de pouvoir retenir les infos qu’il faut. Il n’y a rien d’intéressant ! rétorqua Klenval.
-Parce que tu crois que nous n’avons pas cherché ? De toute manière, c’est apparemment Mathilde qui a fait tout le boulot de ton côté, alors tu peux parler ! s’emporta Angel Aeris.
-Tu ne t’es pas vraiment tuée à la tâche vu ce qu’on trouve là… reprit-il en jetant le papier sur la table.
-N’essaie pas de cacher ton incompétence en critiquant les autres !
-Je n’ai rien à cacher contrairement à certaines !
-Ah oui effectivement, je vois que ce qui te sert de tête n’a pas été livré avec le cerveau. Dommage pour toi, répliqua Angel Aeris. »
Ma donna un coup de coude entre les côtes de Angel Aeris, assise à côté d’elle. Celle-ci grimaça en se frottant la côte et leur jeta un regard noir.
« Résumons nous : Nous avons des idées d’invocations, avec les moyens expliqués clairement. Vous avez des papiers gribouillés à la va-vite, rien de concret, et… commença Klenval.
-Quand tu dis « nous », tu veux dire Mathilde, c’est bien ça ? l’interrompit brusquement Angel Aeris.
-Florence ! s’exclama Ma, indignée.
-Ecoute moi bien la petite nerveuse, et encore, je reste poli, reprit Klenval en écartant Ma. Je sais que c’est pas l’amour fou entre nous, je te rassure, c’est réciproque, et cela dit, c’est le cas pour la plupart des gens ici présents. On savait qu’on tomberait sur des culs-de-sac, on savait que tout n’aboutirait pas. Je pensais qu’on avait décidé d’un consensus, mais là, c’est bien toi qui fous tout en l’air…
-Ah ouais ? rétorqua-t-elle, le regard mauvais. Et qui se permet des remarques foireuses concernant nos recherches individuelles ?
-Tu ne crois pas que c’est absolument légitime, quand on voit vos résultats ? lança Klenval en haussant le ton.
-Nous avons trouvé des techniques de méditation et de spiritisme ! Qu’est-ce que tu veux encore ? Des poupées vaudou ?
-Mais arrêtez… gémit Ma.
-Et bientôt tu vas me dire que tu meurs de fatigue et que tu vas tomber raide morte à avoir cherché ! C’est à en crever de rire dis moi, continua Klenval en ignorant Ma qui tirait sur sa manche.
-J’ai les nerfs optiques en feu à chercher dans toute cette paperasse ! Parce que je ne me borne pas à attendre que les autres trouvent pour me plaindre, MOI ! Parce que je ne me borne pas à attendre la première idée venue pour l’approuver comme si c’était la mienne !
Popolman saisit Angel Aeris par le bras alors qu’elle se levait pour taper la table avec force. L’acte manqué fit basculer verre plein, qui roula alors vers le bord de la table en répandant son contenu sur la nappe de papier. Il voulut lui demander de garder son sang-froid face à quelqu’un qui faisait bel et bien preuve de mauvaise volonté. Ma semblait au bord de la crise de larmes, ses yeux désespérés cherchant un soutien parmi les deux autres membres. Klenval éclata d’un rire condescendant, sa main posée contre ses yeux.
« Et dire que c’est TOI qui proposais de trouver la cause de nos problèmes… Je crois qu’on régresse plus qu’on n’avance avec toi. »
Les yeux de Angel Aeris s’agrandirent de stupeur puis de colère. Une atmosphère sombre s’abattit sur le groupe tandis que le verre glissait sur le bord de la table. Dur Estel sursauta comme s’il venait de faire un violent retour à la réalité. Il eut juste le temps de voir le verre tomber contre la chemise de Klenval puis se briser dans un son cristallin. Son attention se concentra entièrement sur les bris de verre maintenant éparpillés sur la moquette du sol. Une exclamation de surprise s’étrangla dans sa gorge, et il ne put en sortir aucun son. Il releva la tête vers les autres membres, pour croiser le regard rempli de haine de Angel Aeris.
« Si ça n’avait pas été pour Mathilde, je me serais allègrement passée de ton aide, déclara-t-elle lentement.
-Si ça tient toujours, je me tire, répondit-il avec un sourire.
-Non ! Gregory ! s’écria Ma en l’attrapant par le bras alors qu’il se levait.
-On n’avance pas, Mathilde, fit-il las. On passe plus de temps à s’engueuler qu’autre chose… Il vaudrait mieux qu’on cherche seuls. Ou qu’on ne cherche pas…
-On ne peut pas ! Si on se divise ça sera pire ! Faites un effort, bon Dieu ! dit Ma.
-Cette fille, reprit Klenval en désignant Angel Aeris du bout du menton. Elle ne mérite pas mon aide. »
Dur Estel se leva brusquement. Et saisit Klenval par le col.
« ça fait un bout de temps que tu me tapes sur le système. Tu commences par m’engueuler dès qu’on se voit. Ça, ce n’est rien. Tu peux m’injurier tant que tu veux, je pense ne pas t’aimer assez pour que tes injures aient un quelconque impact sur moi. Mais de là à aller agresser tout ce qui bouge. Franchement, qu’est-ce qu’elle t’a fait, à toi, Flo ? Rien de particulier je crois, à part peut être, te proposer d’allier des forces pour comprendre la situation. Certes elle est nerveuse et n’a pas toujours été sincère. Mais elle a au moins le mérite d’essayer d’arranger les choses pour le plus de personnes possibles. Alors bon sang, calme toi et fais un effort, le même que celui qu’on fait tous, ici. »
Il le laissa choir de nouveau sur sa chaise lentement, avant de se rasseoir à son tour. Ma lança un regard furtif vers Popolman qui n’avait pas dit le moindre mot depuis le début de la dispute. Et pour cause, il fixait Dur Estel d’un air paradoxalement absent depuis apparemment un bout de temps.
« Reprenons, fit Ma d’une voix tremblante. Je vais voir pour les invocations individuelles ou doubles dès ce soir si on a ce qu’il faut chez nos amis.
-Le « bouquin pour enfants » est un bouquin de spiritisme, expliqua Dur Estel. Il y a au moins six manières de le pratiquer. Je ne pourrais pas le faire seul par contre. Et toi Rémi ? »
Popolman leva un sourcil, et eut un bref tic nerveux, puis poursuivit.
« Je vais tenter les expériences méditatives. Il y a quelques notes chez Werber sur la possibilité d’une communication entre le Monde des Vivants et celui des Morts, déclara Popolman d’un ton monocorde.
-Certains rapports médicaux mentionnent des EMI ou des cas de comas permettant de communiquer avec les morts, dit timidement Angel Aeris.
-Koubio, ça rejoint la théorie de Werber. Mais c’est trop dangereux pour qu’on tente ça dans l’immédiat.
-La lumière qui est quasiment toujours mentionnée dans les témoignages de comas. D’où elle vient ? se demanda à haute voix Angel Aeris.
-Un lien de communication, peut être ? tenta Dur Estel. Un pont, un canal… un miroir ?
-On va commencer par ce qu’on a de concret. Peut être que ça nous donnera déjà des résultats, proposa Ma. »
Elle tituba à travers l’appartement. Il faisait nuit noire désormais. Elle sortit son portable et son doigt effleura sans même le vouloir la touche de raccourci vers le numéro de Night Beast. C’était involontaire. Oui, ça l’était. Elle n’essaya même pas d’annuler l’appel et sans même le vouloir porta l’appareil à son oreille, écoutant le son angoissant de la tonalité morne répondant à sa respiration irrégulière. Une tonalité ? Alors… il était encore en France ? Cela voulait-il dire qu’il n’était pas mort, que son téléphone n’avait pas succombé à la lave incandescente ? Impossible… Il n’était pas encore parti remplir cette mission stupide qu’il s’était fixée.
Elle attendit une fois. Deux fois. Et Night Beast avait-il l’option Europe pour pouvoir recevoir ses appels ? Trois fois. Quatre fois. Et peut être qu’il était resté à Charles de Gaulle. Cinq fois. Une petite musique à travers l’appartement la tira de sa torpeur. Ce n’était pas grave. Elle l’ignora. La messagerie s’enclencha et elle entendit sa voix. Elle tressaillit. Comme tétanisée, elle écouta le répondeur jusqu’au bout, puis raccrocha en tremblant. Et recommença. C’était ça. Il n’avait pas eu le temps de décrocher. Elle écouta à nouveau la tonalité, et s’impatienta. Cinq fois. Et six fois. La mélodie se fit insistante. Elle raccrocha. La mélodie cessa. La vérité la figea sur place. Il n’avait simplement pas pris son téléphone. Elle pressa à nouveau la touche d’appel. La mélodie se fit entendre à nouveau. Non… c’était vraiment trop bête. Elle se maudit. Sombre imbécile. La musique venait du sac de Night Beast. Elle tira sur la fermeture éclair et fouilla dans le sac. Bien évidemment, il l’avait laissé en France. Il aurait été stupide de gâcher une si belle marchandise lors de son passage chez les morts… Dans un petit sac de feutre accroché au portable, se trouvaient la peluche et une feuille de papier blanc pliée en quatre. Elle le déplia. Le lut. Une fois. Deux fois. Une larme glissa sur sa joue, un sourire douloureux peint sur ses lèvres.
« Le con… »
Elle glissa le mot sous son oreiller. Popolman avait-il finalement abouti ? Etait-ce un signe qu’elle pourrait bientôt lui reparler ?
« Sérieux ? demanda Angel Aeris, incrédule. Sérieux, je ne pensais pas que tu paierais un truc de ce type, Mathilde.
-C’est pas ce que tu crois ! dit Ma avec la sérieuse impression de se répéter. Il est assez exhaustif malgré les apparences. J’ai pu noter des cercles d’invocation, et des incantations pour entrer en contact avec des « esprits ». Pourquoi pas ?
-Parce que c’est de l’arnaque, rétorqua Dur Estel sans délicatesse.
-Je n’ai pas vu de bouquins traitant d’invocations d’esprit dans ce genre de situations ailleurs, insista Ma.
-Et vous alors ? reprit Klenval agressivement. Sauf preuve du contraire, vous n’êtes pas non plus très avancés…
-Si on ne peut plus se permettre de donner son avis, marmonna Angel Aeris.
-On a convenu de mettre en commun nos informations ce soir. On ne va pas traîner davantage, lança Klenval sur le même ton. »
Angel Aeris sortit une liasse de papiers, griffonnés au crayon à papier, relativement illisibles, et le mit sur la table au dessus du livre. Dur-Estel sortit un petit livre plat, à la couverture cartonnée. Avec une apparence de livre pour enfants. Klenval saisit l’une des feuilles et tenta de la déchiffrer, de même que Dur-Estel, qui semblait très intéressé. Popolman feuilleta les pages du livre de ce dernier pendant ce temps.
« Ce n’est pas faute d’avoir fait les grandes bibliothèques de Paris, déclara-t-elle.
-Oh non, c’est juste faute de pouvoir retenir les infos qu’il faut. Il n’y a rien d’intéressant ! rétorqua Klenval.
-Parce que tu crois que nous n’avons pas cherché ? De toute manière, c’est apparemment Mathilde qui a fait tout le boulot de ton côté, alors tu peux parler ! s’emporta Angel Aeris.
-Tu ne t’es pas vraiment tuée à la tâche vu ce qu’on trouve là… reprit-il en jetant le papier sur la table.
-N’essaie pas de cacher ton incompétence en critiquant les autres !
-Je n’ai rien à cacher contrairement à certaines !
-Ah oui effectivement, je vois que ce qui te sert de tête n’a pas été livré avec le cerveau. Dommage pour toi, répliqua Angel Aeris. »
Ma donna un coup de coude entre les côtes de Angel Aeris, assise à côté d’elle. Celle-ci grimaça en se frottant la côte et leur jeta un regard noir.
« Résumons nous : Nous avons des idées d’invocations, avec les moyens expliqués clairement. Vous avez des papiers gribouillés à la va-vite, rien de concret, et… commença Klenval.
-Quand tu dis « nous », tu veux dire Mathilde, c’est bien ça ? l’interrompit brusquement Angel Aeris.
-Florence ! s’exclama Ma, indignée.
-Ecoute moi bien la petite nerveuse, et encore, je reste poli, reprit Klenval en écartant Ma. Je sais que c’est pas l’amour fou entre nous, je te rassure, c’est réciproque, et cela dit, c’est le cas pour la plupart des gens ici présents. On savait qu’on tomberait sur des culs-de-sac, on savait que tout n’aboutirait pas. Je pensais qu’on avait décidé d’un consensus, mais là, c’est bien toi qui fous tout en l’air…
-Ah ouais ? rétorqua-t-elle, le regard mauvais. Et qui se permet des remarques foireuses concernant nos recherches individuelles ?
-Tu ne crois pas que c’est absolument légitime, quand on voit vos résultats ? lança Klenval en haussant le ton.
-Nous avons trouvé des techniques de méditation et de spiritisme ! Qu’est-ce que tu veux encore ? Des poupées vaudou ?
-Mais arrêtez… gémit Ma.
-Et bientôt tu vas me dire que tu meurs de fatigue et que tu vas tomber raide morte à avoir cherché ! C’est à en crever de rire dis moi, continua Klenval en ignorant Ma qui tirait sur sa manche.
-J’ai les nerfs optiques en feu à chercher dans toute cette paperasse ! Parce que je ne me borne pas à attendre que les autres trouvent pour me plaindre, MOI ! Parce que je ne me borne pas à attendre la première idée venue pour l’approuver comme si c’était la mienne !
Popolman saisit Angel Aeris par le bras alors qu’elle se levait pour taper la table avec force. L’acte manqué fit basculer verre plein, qui roula alors vers le bord de la table en répandant son contenu sur la nappe de papier. Il voulut lui demander de garder son sang-froid face à quelqu’un qui faisait bel et bien preuve de mauvaise volonté. Ma semblait au bord de la crise de larmes, ses yeux désespérés cherchant un soutien parmi les deux autres membres. Klenval éclata d’un rire condescendant, sa main posée contre ses yeux.
« Et dire que c’est TOI qui proposais de trouver la cause de nos problèmes… Je crois qu’on régresse plus qu’on n’avance avec toi. »
Les yeux de Angel Aeris s’agrandirent de stupeur puis de colère. Une atmosphère sombre s’abattit sur le groupe tandis que le verre glissait sur le bord de la table. Dur Estel sursauta comme s’il venait de faire un violent retour à la réalité. Il eut juste le temps de voir le verre tomber contre la chemise de Klenval puis se briser dans un son cristallin. Son attention se concentra entièrement sur les bris de verre maintenant éparpillés sur la moquette du sol. Une exclamation de surprise s’étrangla dans sa gorge, et il ne put en sortir aucun son. Il releva la tête vers les autres membres, pour croiser le regard rempli de haine de Angel Aeris.
« Si ça n’avait pas été pour Mathilde, je me serais allègrement passée de ton aide, déclara-t-elle lentement.
-Si ça tient toujours, je me tire, répondit-il avec un sourire.
-Non ! Gregory ! s’écria Ma en l’attrapant par le bras alors qu’il se levait.
-On n’avance pas, Mathilde, fit-il las. On passe plus de temps à s’engueuler qu’autre chose… Il vaudrait mieux qu’on cherche seuls. Ou qu’on ne cherche pas…
-On ne peut pas ! Si on se divise ça sera pire ! Faites un effort, bon Dieu ! dit Ma.
-Cette fille, reprit Klenval en désignant Angel Aeris du bout du menton. Elle ne mérite pas mon aide. »
Dur Estel se leva brusquement. Et saisit Klenval par le col.
« ça fait un bout de temps que tu me tapes sur le système. Tu commences par m’engueuler dès qu’on se voit. Ça, ce n’est rien. Tu peux m’injurier tant que tu veux, je pense ne pas t’aimer assez pour que tes injures aient un quelconque impact sur moi. Mais de là à aller agresser tout ce qui bouge. Franchement, qu’est-ce qu’elle t’a fait, à toi, Flo ? Rien de particulier je crois, à part peut être, te proposer d’allier des forces pour comprendre la situation. Certes elle est nerveuse et n’a pas toujours été sincère. Mais elle a au moins le mérite d’essayer d’arranger les choses pour le plus de personnes possibles. Alors bon sang, calme toi et fais un effort, le même que celui qu’on fait tous, ici. »
Il le laissa choir de nouveau sur sa chaise lentement, avant de se rasseoir à son tour. Ma lança un regard furtif vers Popolman qui n’avait pas dit le moindre mot depuis le début de la dispute. Et pour cause, il fixait Dur Estel d’un air paradoxalement absent depuis apparemment un bout de temps.
« Reprenons, fit Ma d’une voix tremblante. Je vais voir pour les invocations individuelles ou doubles dès ce soir si on a ce qu’il faut chez nos amis.
-Le « bouquin pour enfants » est un bouquin de spiritisme, expliqua Dur Estel. Il y a au moins six manières de le pratiquer. Je ne pourrais pas le faire seul par contre. Et toi Rémi ? »
Popolman leva un sourcil, et eut un bref tic nerveux, puis poursuivit.
« Je vais tenter les expériences méditatives. Il y a quelques notes chez Werber sur la possibilité d’une communication entre le Monde des Vivants et celui des Morts, déclara Popolman d’un ton monocorde.
-Certains rapports médicaux mentionnent des EMI ou des cas de comas permettant de communiquer avec les morts, dit timidement Angel Aeris.
-Koubio, ça rejoint la théorie de Werber. Mais c’est trop dangereux pour qu’on tente ça dans l’immédiat.
-La lumière qui est quasiment toujours mentionnée dans les témoignages de comas. D’où elle vient ? se demanda à haute voix Angel Aeris.
-Un lien de communication, peut être ? tenta Dur Estel. Un pont, un canal… un miroir ?
-On va commencer par ce qu’on a de concret. Peut être que ça nous donnera déjà des résultats, proposa Ma. »
Elle tituba à travers l’appartement. Il faisait nuit noire désormais. Elle sortit son portable et son doigt effleura sans même le vouloir la touche de raccourci vers le numéro de Night Beast. C’était involontaire. Oui, ça l’était. Elle n’essaya même pas d’annuler l’appel et sans même le vouloir porta l’appareil à son oreille, écoutant le son angoissant de la tonalité morne répondant à sa respiration irrégulière. Une tonalité ? Alors… il était encore en France ? Cela voulait-il dire qu’il n’était pas mort, que son téléphone n’avait pas succombé à la lave incandescente ? Impossible… Il n’était pas encore parti remplir cette mission stupide qu’il s’était fixée.
Elle attendit une fois. Deux fois. Et Night Beast avait-il l’option Europe pour pouvoir recevoir ses appels ? Trois fois. Quatre fois. Et peut être qu’il était resté à Charles de Gaulle. Cinq fois. Une petite musique à travers l’appartement la tira de sa torpeur. Ce n’était pas grave. Elle l’ignora. La messagerie s’enclencha et elle entendit sa voix. Elle tressaillit. Comme tétanisée, elle écouta le répondeur jusqu’au bout, puis raccrocha en tremblant. Et recommença. C’était ça. Il n’avait pas eu le temps de décrocher. Elle écouta à nouveau la tonalité, et s’impatienta. Cinq fois. Et six fois. La mélodie se fit insistante. Elle raccrocha. La mélodie cessa. La vérité la figea sur place. Il n’avait simplement pas pris son téléphone. Elle pressa à nouveau la touche d’appel. La mélodie se fit entendre à nouveau. Non… c’était vraiment trop bête. Elle se maudit. Sombre imbécile. La musique venait du sac de Night Beast. Elle tira sur la fermeture éclair et fouilla dans le sac. Bien évidemment, il l’avait laissé en France. Il aurait été stupide de gâcher une si belle marchandise lors de son passage chez les morts… Dans un petit sac de feutre accroché au portable, se trouvaient la peluche et une feuille de papier blanc pliée en quatre. Elle le déplia. Le lut. Une fois. Deux fois. Une larme glissa sur sa joue, un sourire douloureux peint sur ses lèvres.
« Le con… »
Elle glissa le mot sous son oreiller. Popolman avait-il finalement abouti ? Etait-ce un signe qu’elle pourrait bientôt lui reparler ?
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Et en bonus track de l'épisode l'artwork (<== nom pompeux) d'Onega ^o^
https://2img.net/r/ihimizer/img291/5905/onegaoo3.jpg
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Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Me rappelait plus qu'elle avait les cheveux bleu, Naori, tiens...
Sinon, on a quand même quelques beaux OOC. Raza en tête, d'ailleurs.
Hmm...
Sinon, on a quand même quelques beaux OOC. Raza en tête, d'ailleurs.
Hmm...
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
C'est la Raza de Traumenschar qui était OOC d'abord
Episode 4 UP
Bien, là j'arrive à plus que la moitié de ce qui était prévu (en nombre de chapitres) au départ, j'en profite donc pour lancer quelques notes dont-tout-le-monde-s'en-fiche avant de poursuivre l'écriture.
J'ai entamé l'épisode 5, et je compte finir LOTC avant la fin de l'année fiscale 2008, ce qui ne va pas être très simple non plus, vu que j'ai des épreuves avant Noël.
J'ai commencé LOTC sans avoir lu la totalité de Traumenschar, ce qui m'obligeait à consulter souvent Mag, et par cela je me suis rendue compte que lui-même n'avait pas lu non plus la totalité de la chose. J'ai donc profité de cet été pendant que j'étais censée bosser en intérimaire, pour lire la totalité (si, si) de TC, et pouvoir écrire des choses à peu près cohérentes. Le but en soi, était de rappeler à Mag que l'ancien Traumen n'était pas celui qu'il décrivait. Mais bon, je pense que je n'ai pas mon mot à dire sur ces histoires de Traumen.
Le fait est que avant d'écrire ça, et avant que Papy se trouve embourbé dans sa vie sociale, on avait eu l'idée de faire une quête virtuelle à deux. Laquelle quête reste à l'état de cellule-oeuf noyée dans mon fichier de textes. La dite quête s'est donc transformée en "ça". Après, j'ai ajouté les personnages qui convenaient. En conclusion, le niveau est "bas" par rapport à ce que je voudrais vraiment rendre, mais suite à ça, après la conclusion de LOTC, j'aimerais me reconcentrer sur mon projet principal, donc en mettant un terme à ça comme une méchante bourrine, je pourrais égoïstement retourner vers les "Destinées Interrompues" que personne ne lit, et quand je dis personne, c'est presque moins que LOTC.
Sur ce, bonne lecture !
Episode 4 UP
Bien, là j'arrive à plus que la moitié de ce qui était prévu (en nombre de chapitres) au départ, j'en profite donc pour lancer quelques notes dont-tout-le-monde-s'en-fiche avant de poursuivre l'écriture.
J'ai entamé l'épisode 5, et je compte finir LOTC avant la fin de l'année fiscale 2008, ce qui ne va pas être très simple non plus, vu que j'ai des épreuves avant Noël.
J'ai commencé LOTC sans avoir lu la totalité de Traumenschar, ce qui m'obligeait à consulter souvent Mag, et par cela je me suis rendue compte que lui-même n'avait pas lu non plus la totalité de la chose. J'ai donc profité de cet été pendant que j'étais censée bosser en intérimaire, pour lire la totalité (si, si) de TC, et pouvoir écrire des choses à peu près cohérentes. Le but en soi, était de rappeler à Mag que l'ancien Traumen n'était pas celui qu'il décrivait. Mais bon, je pense que je n'ai pas mon mot à dire sur ces histoires de Traumen.
Le fait est que avant d'écrire ça, et avant que Papy se trouve embourbé dans sa vie sociale, on avait eu l'idée de faire une quête virtuelle à deux. Laquelle quête reste à l'état de cellule-oeuf noyée dans mon fichier de textes. La dite quête s'est donc transformée en "ça". Après, j'ai ajouté les personnages qui convenaient. En conclusion, le niveau est "bas" par rapport à ce que je voudrais vraiment rendre, mais suite à ça, après la conclusion de LOTC, j'aimerais me reconcentrer sur mon projet principal, donc en mettant un terme à ça comme une méchante bourrine, je pourrais égoïstement retourner vers les "Destinées Interrompues" que personne ne lit, et quand je dis personne, c'est presque moins que LOTC.
Sur ce, bonne lecture !
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Episode 4 : Contact
« Un, deux et trois, c’est ouvert !
-Allez-y ! Il ne restera pas très longtemps ouvert !
-Et qu’est-ce qu’on fera une fois qu’on les aura trouvés ?
-On avisera, dépêche toi, le passage est trop instable !
-Dites moi ce qu’il s’est passé !
-Vite !
-Je ne partirai pas avant de le savoir !
-Ta sœur est morte !
-Ah ! »
Angel Aeris se réveilla en sursaut dans une chambre qui commençait à lui devenir familière. Cette fois-ci, elle n’avait vu personne, parmi les gens qu’elle connaissait. Cette fois-ci, elle n’avait pas entendu la voix des gens qu’elle avait déjà rencontrés. Pourtant, la voix enfantine de cette ombre surréaliste lui donnait une étrange impression. Différente de celle du déjà-vu. Différente de toutes les impressions qu’elle aurait jamais pu ressentir. Une voix plaintive qui lui étreignait le cœur sans savoir pourquoi ni comment. L’impression douloureuse d’avoir oublié quelque chose d’important. L’appel d’une inconnue qui l’empêcher de se raisonner convenablement et rationnellement. Il faisait encore nuit noire, et aucun rayon de lune ne traversait les nuages lourds chargés de pluie qui battait les carreaux de la chambre. Une larme inexplicable sur son visage. Pourquoi ?
« Rémi ? »
Aucune réponse. Elle jeta un œil sur le lit. Il n’y était pas. Et les draps étaient défaits. Peut être était-il allé prendre un verre d’eau. Elle se leva et soulevant son oreiller, saisit rapidement le bout de papier froissé qu’elle cacha dans la poche de son pyjama, avant d’allumer la lumière. Elle tendit l’oreille pour deviner ses pas, ce qu’il faisait, mais n’entendit rien. Elle se dirigea naturellement vers le salon, pour y trouver l’homme assis sur le sol, près de la table basse, les mains posées à plat sur le bois, dans un état de concentration impressionnant. Et plus elle s’approchait de lui, plus l’air lui semblait pesant… Non. Ses jambes n’arrivaient plus à la porter plus près de lui. Chaque pas lui était plus difficile, comme si elle entrait dans un espace hors du temps, hors de leur monde, un espace infiniment insondable et tellement… froid. Que faisait-il ? Elle aurait voulu qu’il arrêtât, alors qu’elle continuait à s’approcher, de plus en plus difficilement. Et s’il avait ouvert ce fameux passage ? Où était la lumière dont tous parlaient ? Ne fais pas ça… Tu vas crever… Papy… Tu fais quoi… Le froid irréel l’entourait, comment faisait-il pour ne pas le sentir ? Le sentait-il ? Avait-il réussi à « partir » ? Etait-il vivant ?
Sa main atteignit enfin Popolman, saisissant fermement le tissu de son pull-over. Plus question de lâcher, il fallait le ramener. L’atmosphère pesante et la désagréable sensation de ne plus pouvoir respirer ou rassembler des pensées cohérentes et ordonnées dans son esprit se dissipa immédiatement. Elle ouvrit de grands yeux, surprise, puis les baissa vers Popolman qui la fixait d’un regard noir.
« Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il froidement.
-Je… Je te cherchais… balbutia-t-elle. T’étais pas dans ta chambre et…
-J’ai essayé la méthode de Magnum. Au lieu de « sortir » de mon corps, j’ai eu l’impression de rentrer dans un monde parallèle, où je ne pouvais pas agir. En plus de ça, je n’ai rien vu de très net.
-Vu ?
-Ouais, des images diffuses, incompréhensibles. Peut être qu’à cause de nos pouvoirs nous ne pouvons pas nous « décorporer » correctement. Comme les autres, là. Enfin, ça n’aboutit pas, ou mal. On essaiera demain soir.
-Pourquoi forcément le soir ?
-Je sais pas. Sinon, c’est pas propice, si ?
-Je pense que ce sont des préjugés. Les esprits n’existent pas, puisqu’on sait qu’ils vont tous dans les différents mondes. On devrait essayer aussi pendant la journée, ça coûte rien. Hein ?
-Si tu veux, répondit-il, fronçant les sourcils. »
Il tourna les talons et se dirigea vers la cuisine. Elle lui suivit sans mot dire, et s’installa sur une chaise, à la table, pendant qu’il prenait de l’eau.
« Qu’est-ce que tu as vu ? demanda-t-elle.
-Ce que j’ai vu… »
Il s’assit en face d’elle, sans la regarder, baissant les yeux vers son verre, comme s’il regardait le futur dans le reflet déformé que lui renvoyaient les ondes de l’eau.
« Je n’ai pas vu grand chose. C’est comme si j’étais entré dans le rêve de quelqu’un d’autre. Il n’y avait rien de familier, rien de cohérent.
-Tu te souviens de quelque chose ? insista-t-elle doucement.
-Oui. Il y avait une femme. Non. Deux femmes. Je n’ai vu que leurs ombres. Et trois silhouettes masculines.
-Ils faisaient quoi ?
-Je sais pas. L’endroit était sombre. Comme une cave. Il y avait une forte lumière derrière eux, concentrée en un point.
-Tu as entendu quelque chose ? Que faisaient-ils ? Ils ont parlé ?
-Etrangement… je n’entendais rien. Comme je te dis, c’est comme si j’étais entré dans le rêve de quelqu’un d’autre. Puis une des silhouettes masculines a disparu en s’approchant de la lumière. D’un autre côté, tu sais bien que dans mes visions, je n’entends que très rarement les choses…
-Et les femmes ? Les deux ?
-L’une avait des cheveux coupés très courts… maintenant que tu me le dis, sa coupe me rappelle celle d’Onega, en plus court. Tu crois que… j’ai vu Onega ?
-Je sais pas, murmura Angel Aeris. Je sais pas…
-L’autre, elle avait des longs cheveux un peu bouclés. Une des silhouettes masculines la tenait par le bras, comme pour la jeter vers la lumière, comme si c’était une prisonnière. »
Angel Aeris leva des yeux grands ouverts d’effroi vers Popolman, qui continuait à parler, les yeux toujours rivés sur son verre.
« Puis l’autre silhouette féminine l’a tirée par l’autre bras. »
C’était impossible. C’était impossible. Je ne partirai pas ! Ils étaient dans des pièces très proches. Ils n’étaient séparés que par quelques mètres. Dites moi ce qu’il s’est passé ! C’était une mauvaise blague. Un effet secondaire de leurs pouvoirs. Pourquoi pleurait-elle alors ?
« Et ils ont disparu dans la lumière. Tous. Et j’ai voulu m’en approcher à mon tour. Et tu m’as sorti de ma concentration à ce moment.
-Rémi, dit Angel Aeris, sa voix se frayant un passage à travers les sanglots qui étranglaient sa gorge.
-Oui ?
-Rémi, tu es entré dans mon rêve. »
L’homme leva les yeux vers elle, et les plongea dans les siens. Les pupilles de la jeune fille étaient dilatées, comme si elle observait un horizon lointain qui n’existait pas. Mais c’était seulement la surprise qui lui avait rompu le souffle.
« Pourquoi tu dis ça ?
-Je n’avais pas l’image. J’avais le son. J’ai entendu les voix. Tout correspond.
-Les voix de qui ?
-Je sais pas. Je sais plus. Jusqu’à maintenant j’avais des rêves avec des voix que je connaissais, je ne sais plus qui, mais je savais que je les connaissais. Cette fois… Cette fois, il n’y avait personne. Il n’y avait que des inconnus… Et pourtant, il y avait une voix de fille, que…
-Que ?
-Que je reconnaissais. Pas par ma mémoire. Par… par je sais pas quoi… »
Popolman baissa à nouveau les yeux, lâchant un soupir irrépressible. L’impasse dans laquelle ils s’étaient laissés piégés semblait maintenant se refermer en un labyrinthe insoluble.
« Tu saurais mettre un nom sur cette voix ? demanda-t-il au terme d’un long silence.
-Naori. »
« Un, deux et trois, c’est ouvert !
-Allez-y ! Il ne restera pas très longtemps ouvert !
-Et qu’est-ce qu’on fera une fois qu’on les aura trouvés ?
-On avisera, dépêche toi, le passage est trop instable !
-Dites moi ce qu’il s’est passé !
-Vite !
-Je ne partirai pas avant de le savoir !
-Ta sœur est morte !
-Ah ! »
Angel Aeris se réveilla en sursaut dans une chambre qui commençait à lui devenir familière. Cette fois-ci, elle n’avait vu personne, parmi les gens qu’elle connaissait. Cette fois-ci, elle n’avait pas entendu la voix des gens qu’elle avait déjà rencontrés. Pourtant, la voix enfantine de cette ombre surréaliste lui donnait une étrange impression. Différente de celle du déjà-vu. Différente de toutes les impressions qu’elle aurait jamais pu ressentir. Une voix plaintive qui lui étreignait le cœur sans savoir pourquoi ni comment. L’impression douloureuse d’avoir oublié quelque chose d’important. L’appel d’une inconnue qui l’empêcher de se raisonner convenablement et rationnellement. Il faisait encore nuit noire, et aucun rayon de lune ne traversait les nuages lourds chargés de pluie qui battait les carreaux de la chambre. Une larme inexplicable sur son visage. Pourquoi ?
« Rémi ? »
Aucune réponse. Elle jeta un œil sur le lit. Il n’y était pas. Et les draps étaient défaits. Peut être était-il allé prendre un verre d’eau. Elle se leva et soulevant son oreiller, saisit rapidement le bout de papier froissé qu’elle cacha dans la poche de son pyjama, avant d’allumer la lumière. Elle tendit l’oreille pour deviner ses pas, ce qu’il faisait, mais n’entendit rien. Elle se dirigea naturellement vers le salon, pour y trouver l’homme assis sur le sol, près de la table basse, les mains posées à plat sur le bois, dans un état de concentration impressionnant. Et plus elle s’approchait de lui, plus l’air lui semblait pesant… Non. Ses jambes n’arrivaient plus à la porter plus près de lui. Chaque pas lui était plus difficile, comme si elle entrait dans un espace hors du temps, hors de leur monde, un espace infiniment insondable et tellement… froid. Que faisait-il ? Elle aurait voulu qu’il arrêtât, alors qu’elle continuait à s’approcher, de plus en plus difficilement. Et s’il avait ouvert ce fameux passage ? Où était la lumière dont tous parlaient ? Ne fais pas ça… Tu vas crever… Papy… Tu fais quoi… Le froid irréel l’entourait, comment faisait-il pour ne pas le sentir ? Le sentait-il ? Avait-il réussi à « partir » ? Etait-il vivant ?
Sa main atteignit enfin Popolman, saisissant fermement le tissu de son pull-over. Plus question de lâcher, il fallait le ramener. L’atmosphère pesante et la désagréable sensation de ne plus pouvoir respirer ou rassembler des pensées cohérentes et ordonnées dans son esprit se dissipa immédiatement. Elle ouvrit de grands yeux, surprise, puis les baissa vers Popolman qui la fixait d’un regard noir.
« Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il froidement.
-Je… Je te cherchais… balbutia-t-elle. T’étais pas dans ta chambre et…
-J’ai essayé la méthode de Magnum. Au lieu de « sortir » de mon corps, j’ai eu l’impression de rentrer dans un monde parallèle, où je ne pouvais pas agir. En plus de ça, je n’ai rien vu de très net.
-Vu ?
-Ouais, des images diffuses, incompréhensibles. Peut être qu’à cause de nos pouvoirs nous ne pouvons pas nous « décorporer » correctement. Comme les autres, là. Enfin, ça n’aboutit pas, ou mal. On essaiera demain soir.
-Pourquoi forcément le soir ?
-Je sais pas. Sinon, c’est pas propice, si ?
-Je pense que ce sont des préjugés. Les esprits n’existent pas, puisqu’on sait qu’ils vont tous dans les différents mondes. On devrait essayer aussi pendant la journée, ça coûte rien. Hein ?
-Si tu veux, répondit-il, fronçant les sourcils. »
Il tourna les talons et se dirigea vers la cuisine. Elle lui suivit sans mot dire, et s’installa sur une chaise, à la table, pendant qu’il prenait de l’eau.
« Qu’est-ce que tu as vu ? demanda-t-elle.
-Ce que j’ai vu… »
Il s’assit en face d’elle, sans la regarder, baissant les yeux vers son verre, comme s’il regardait le futur dans le reflet déformé que lui renvoyaient les ondes de l’eau.
« Je n’ai pas vu grand chose. C’est comme si j’étais entré dans le rêve de quelqu’un d’autre. Il n’y avait rien de familier, rien de cohérent.
-Tu te souviens de quelque chose ? insista-t-elle doucement.
-Oui. Il y avait une femme. Non. Deux femmes. Je n’ai vu que leurs ombres. Et trois silhouettes masculines.
-Ils faisaient quoi ?
-Je sais pas. L’endroit était sombre. Comme une cave. Il y avait une forte lumière derrière eux, concentrée en un point.
-Tu as entendu quelque chose ? Que faisaient-ils ? Ils ont parlé ?
-Etrangement… je n’entendais rien. Comme je te dis, c’est comme si j’étais entré dans le rêve de quelqu’un d’autre. Puis une des silhouettes masculines a disparu en s’approchant de la lumière. D’un autre côté, tu sais bien que dans mes visions, je n’entends que très rarement les choses…
-Et les femmes ? Les deux ?
-L’une avait des cheveux coupés très courts… maintenant que tu me le dis, sa coupe me rappelle celle d’Onega, en plus court. Tu crois que… j’ai vu Onega ?
-Je sais pas, murmura Angel Aeris. Je sais pas…
-L’autre, elle avait des longs cheveux un peu bouclés. Une des silhouettes masculines la tenait par le bras, comme pour la jeter vers la lumière, comme si c’était une prisonnière. »
Angel Aeris leva des yeux grands ouverts d’effroi vers Popolman, qui continuait à parler, les yeux toujours rivés sur son verre.
« Puis l’autre silhouette féminine l’a tirée par l’autre bras. »
C’était impossible. C’était impossible. Je ne partirai pas ! Ils étaient dans des pièces très proches. Ils n’étaient séparés que par quelques mètres. Dites moi ce qu’il s’est passé ! C’était une mauvaise blague. Un effet secondaire de leurs pouvoirs. Pourquoi pleurait-elle alors ?
« Et ils ont disparu dans la lumière. Tous. Et j’ai voulu m’en approcher à mon tour. Et tu m’as sorti de ma concentration à ce moment.
-Rémi, dit Angel Aeris, sa voix se frayant un passage à travers les sanglots qui étranglaient sa gorge.
-Oui ?
-Rémi, tu es entré dans mon rêve. »
L’homme leva les yeux vers elle, et les plongea dans les siens. Les pupilles de la jeune fille étaient dilatées, comme si elle observait un horizon lointain qui n’existait pas. Mais c’était seulement la surprise qui lui avait rompu le souffle.
« Pourquoi tu dis ça ?
-Je n’avais pas l’image. J’avais le son. J’ai entendu les voix. Tout correspond.
-Les voix de qui ?
-Je sais pas. Je sais plus. Jusqu’à maintenant j’avais des rêves avec des voix que je connaissais, je ne sais plus qui, mais je savais que je les connaissais. Cette fois… Cette fois, il n’y avait personne. Il n’y avait que des inconnus… Et pourtant, il y avait une voix de fille, que…
-Que ?
-Que je reconnaissais. Pas par ma mémoire. Par… par je sais pas quoi… »
Popolman baissa à nouveau les yeux, lâchant un soupir irrépressible. L’impasse dans laquelle ils s’étaient laissés piégés semblait maintenant se refermer en un labyrinthe insoluble.
« Tu saurais mettre un nom sur cette voix ? demanda-t-il au terme d’un long silence.
-Naori. »
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« La planche spirite ? demanda Ma, perplexe.
-En d’autres termes, la technique du verre à pied. On utilise plus fréquemment un verre à pied pour des raisons évidentes de pratique : Les magasins vendant des planches spirites ne courent pas les rues, et par ailleurs, les prix sont peu raisonnables. Et ça sans compter que cette technique n’est qu’un argument commercial d’arnaqueurs publics, conclut Popolman.
-Je ne suis pas d’accord, interrompit Dur Estel. J’ai déjà tenté dans le passé et…
-On te demande pas ton avis, Joffrey, la méthode a été testée avec nos capacités actuelles, le coupa brutalement Klenval.
-Mes capacités actuelles ne peuvent pas me faire contredire l’existence des forces occultes ! Vous savez, ce n’est pas un sujet à plaisanterie, et je vous jure que… reprit le jeune homme.
-Passons, t’as fait quoi hier, alors, Joffrey ? l’interrompit Angel Aeris avant qu’il ne se ridiculise davantage.
-Les tables tournantes, répondit-il sobrement.
-Et ? s’enquit Klenval, un sourire en coin.
-J’étais seul ! protesta Dur Estel. Comment voulez-vous que j’aboutisse avec aussi peu d’énergie ?
-Pas la peine, rétorqua Popolman sèchement.
-En fait, nous avons fait l’expérience en journée, Rémi et moi. Les pouvoirs de Rémi lui permettent de voir des faits qu’on établira comme réels, et les miens de sonder ces faits en détails. Normalement, j’aurais dû pouvoir sentir la présence d’un esprit, s’il y en avait eu un pour bouger le verre à pied ou la table. Et il n’y avait clairement rien.
-D’abord, il faut faire ça de nuit, et à plus de trois personnes. Et qui te dit que vos visions sont fiables ? Nous ne contrôlons pas entièrement nos pouvoirs et… insista grossièrement Dur Estel.
-D’un autre côté, cette technique permettrait d’appeler l’esprit d’un des morts partis dans les Traumenschar, objecta Ma. S’il fallait être plus de trois…
-Et il semblerait aussi qu’il faut que les personnes partagent des rapports amicaux, renchérit Dur Estel, trop content de trouver une personne « convaincue » par ses dires.
-Peu importe, rétorqua Popolman. Nous avons tenté, Mathilde, tu l’as vu, on a tenté cette méthode. Nous sommes plus ou moins médiums. La technique n’aboutit absolument pas et ne doit être que le fruit de l’imagination humaine qui, comme on le sait, est débordante en matière d’arnaque ésotérique en tout genre. La discussion sur le spiritisme est close, acheva-t-il sur un ton ferme.
Dur Estel marmonna des paroles inintelligibles, et se renfonça dans son siège en croisant les bras. Angel Aeris tortillait nerveusement une mèche de cheveux entre ses doigts, triturant quelque chose dans sa poche de son autre main, elle avait le regard perdu dans un horizon invisible. Ma tourna les pages de son livre qu’ils venaient d’examiner, tandis que Popolman chiffonnait une feuille couverte d’écritures.
« L’hypnose c’est mort ? demanda Klenval, plus pour lui-même.
-Je pense que quelque chose qui provoque un coma artificiel serait plus efficace, rétorqua Popolman. »
Klenval grommela en tournant une page à la place de Ma.
« Et pourquoi pas des prières sataniques ? lança Dur Estel avec un air ironique.
-T’as trouvé ça dans ton bouquin pour gosses attardés ? lui répliqua Klenval, acide. »
Dur Estel lui lança un regard condescendant, et reçut pour toute réponse un froncement de sourcil de consternation bien équivoque.
« C’était une blague, répondit-il sobrement au terme de leur duel silencieux.
-Ha, ha, rétorqua Klenval sur le même ton. Très drôle.
-Très spirituel, vraiment, ajouta Popolman. Mathilde, trouves-tu autre chose ? »
Ma ouvrit enfin le livre sur le chapitre des pentacles et invocations par sceaux. Elle posa le livre au milieu de la table et pointa du doigt certains symboles, tous de type circulaire. En tout, une dizaine de symboles étaient représentés sur la page.
« Hier, avec Gregory, j’ai tenté les invocations par cercles. Evidemment, les cercles proposés pour invocations à quatre mains sont relativement limités. Mais en agençant des bougies et de l’encens pour véhiculer l’énergie, on a réussi…
-Une seule fois, objecta Klenval.
-Oui, ben… une seule fois, reprit Ma. On a produit une lumière violente au centre du cercle qu’on avait tracé. Ça n’a duré qu’un instant. Mais ça vaut la peine qu’on s’y mette tous, non ?
-Mais tu sais, dit Dur Estel avec un sarcasme non dissimulé. On ne cherche pas à invoquer des démons.
-Si on se fie à la vision obtenue par les gens revenus de l’au-delà, rétorqua Klenval, cinglant, les démons n’existent pas. Alors, maintenant, vas-tu me dire ce qu’invoquent les sorcières ?
-Des esprits maléfiques, reprit Dur Estel avec véhémence. On ne peut pas se permettre d’invoquer n’importe qui n’importe où sous prétexte qu’on cherche le chemin vers le monde des morts ! Qui sait ce qu’on rencontrerait ? Des expériences de spiritisme ont viré au drame parce que les esprits invoqués étaient mauvais !
-Les expériences ont viré au drame parce que les concernés n’étaient pas concentrés et qu’ils ne savaient pas ce à quoi ils avaient à faire, répondit lentement Ma.
-Nous non plus ! insista Dur Estel.
-On sait ce qu’on cherche. Et on a les armes contre ceux qui pourraient venir nous ennuyer, coupa à nouveau Popolman. »
Le bruit strident de l’interphone résonna dans l’appartement. Popolman se leva précipitamment et se dirigea vers le hall d’entrée pour décrocher le téléphone mural. Il échangea rapidement quelques politesses avant d’appuyer sur le bouton, puis de raccrocher. Quelques instants plus tard, le Kanar entrait dans l’appartement, envahi par un silence et une lumière feutrée. Dur Estel se renfrogna à nouveau en le voyant arriver.
« Euh, vous pourriez pas allumer la lumière, dites ? Et pourquoi les volets sont fermés ? Le soleil est splendide pour un jour d’hiver, on ne peut pas ouvrir ? remarqua le nouvel arrivant.
-Surtout pas. C’est plus facile pour les invocations, répondit Ma.
-Les invocations ? s’exclama le Kanar. Quelles invocations ? »
Angel Aeris entreprit d’expliquer brièvement l’acquisition de leurs pouvoirs à chacun, et le fait qu’ils avaient été, tous, inexorablement attirés par une visite de la capitale. Cependant, peu tentés ou dans l’impossibilité de faire le grand saut vers l’au-delà, ils se heurtaient à l’incompréhension et l’impression dérangeante d’être manipulés. D’où la seule solution d’utiliser l’ésotérisme comme alternative à la mort. A ce jour, ils avaient détectés essentiellement leurs pouvoirs personnels : Popolman était donc doté de prémonitions, Ma de facultés de manipulations des souvenirs des personnes dépourvues de pouvoir, Klenval de pouvoirs d’illusionniste, Dur Estel de sens auditifs et visuels grandement accrus, et elle-même d’empathie par contact. Il se pouvait que d’autres personnes aient acquis des pouvoirs, du fait que cela touchait la communauté Traumen dans sa plus large définition. Popolman continuait tracer des arabesques à la craie sur la table pendant que le Kanar, remis de ses émotions par un verre d’eau, dévoilait les informations qu’il possédait actuellement.
« Il y a quelques jours, Lord Satana s’est confronté à Raphaël, directement, lors d’un rendez-vous à son appartement. Il lui a reproché de nous cacher, à tous, des informations essentielles sur le monde des morts.
-Attends, l’interrompit d’emblée Angel Aeris. A-t-il dit « Il distille les informations pour nous donner celles qu’il veut et uniquement celles qu’il veut. » ?
-Exactement, c’est à peu près ça, bafouilla le Kanar après avoir recherché rapidement l’information dans sa mémoire. Tu n’étais pas présente ce jour-là ?
-Non, mais vas-y continue, je t’en prie… »
Dur-Estel n’entreprit même pas d’intervenir, semblant assez déçu depuis que le Kanar les avait rejoints. Ma lui jeta un coup d’œil discret, ne sachant pas si elle devait se trouver fâchée ou heureuse de l’absence verbale du marginal du groupe. Elle n’avait rien personnellement contre lui. Si on omettait le fait qu’il avait cherché désespérément à faire descendre Klenval dans son estime avant qu’elle ne se fiance à celui-ci, et si on mettait dans la catégorie accessoire qu’il lui avait fait des avances assez explicites alors qu’elle était déjà engagée. Mais, paradoxalement, la première personne que Klenval avait jugé bon de contacter en allant à Paris, c’était bien lui. Et il ne s’était pas trompé sur la personne. Dumah avait dû aller se faire bronzer au soleil des îles, du moins c’était ce qu’elle pensait. Ce qui expliquerait pourquoi il n’avait pas pris son portable avec lui. Elle fit mentalement le tour des amis, et parfois anciens amis, de Klenval. Où était parti Wee ? S’il y avait bien une personne qu’elle pût mépriser plus que Dur Estel, c’était bien lui. Mais… ce n’était pas son genre.
« Apparemment, Raphaël connaît un moyen d’utiliser nos pouvoirs virtuels dans le monde réel. Mais il n’a jamais partagé le secret avec nous. Nous qui étions pourtant volontaires pour aller sauver Sephy-Roshou, nous qui donnions notre vie sous ses ordres. Satana… et nous, avons perdu confiance en lui. On pensait qu’il partagerait toutes ses connaissances avec tout le monde. En fait, il s’est juste approprié une place de chef, enfin c’est les mots de Satana. Lui, il nous propose d’aller chercher Sephy-Roshou par nos propres moyens, mais aussi de nous montrer comment acquérir les pouvoirs virtuels sur Terre. En fait j’étais un peu perdu après la grande fuite, j’arrivais plus à joindre les autres… alors je me suis rallié à Satana parce que je pensais apprendre ce qu’on ignorait auprès de lui. Le problème, c’est qu’on n’a pas la pilule. »
Dur Estel s’esclaffa sans aucune discrétion. Personne ne lui prêta attention. Il ne chercha même pas à paraître penaud. D’autant que cette histoire avait déjà été abordée la veille. Klenval soupira en constatant qu’ils ne venaient définitivement pas du même monde. Il en eut presque honte de l’avoir eu comme ami quelques temps auparavant. Ma décida d’assister activement Popolman qui étudiait le premier cercle d’invocation de la page, pour oublier les tensions qui rendaient l’atmosphère de la petite pièce relativement lourde.
« Mais avec vous maintenant, si vous avez des pouvoirs sans même vous entraîner, alors on a peut être un moyen, une nouvelle issue ! reprit le Kanar d’une voix timide mais pleine d’espoir.
-Justement, lança Klenval sombre. Nous on n’a rien demandé à personne. On n’ira pas repêcher quelque inconnue que ce soit, avec des pouvoirs dont on ne sait d’où ils viennent et qui nous les a donnés.
-De plus, je pense que nous n’avons aucun rapport avec vos affaires de résurrection, renchérit Popolman. Des pouvoirs sans rapport avec nos pouvoirs virtuels nous sont donnés, un jour, comme ça, alors qu’on ne s’en doute pas. Trop de différence pour établir un lien quelconque. Mais, peut être, Raphaël est au courant. Après tout il est le premier d’entre vous à avoir eu des pouvoirs, et il ne les a peut être pas entraînés. Donc il est notre clé. »
Le plus âgé d’entre eux répandait maintenant du sel sur la figure tracée avec soin à la craie, pendant que Ma refermait le livre, et le plaçait à gauche de Popolman, autour de la table.
« Joignez les mains, Nicolas à côté de moi, Joff’ à côté de Nicolas, puis toi, Flo, et Gregory, tu fermeras le cercle avec Rémi, déclara d’un ton ferme Ma. Pas de protestations, c’est le plan obligatoire pour la circulation d’énergie. »
-En d’autres termes, la technique du verre à pied. On utilise plus fréquemment un verre à pied pour des raisons évidentes de pratique : Les magasins vendant des planches spirites ne courent pas les rues, et par ailleurs, les prix sont peu raisonnables. Et ça sans compter que cette technique n’est qu’un argument commercial d’arnaqueurs publics, conclut Popolman.
-Je ne suis pas d’accord, interrompit Dur Estel. J’ai déjà tenté dans le passé et…
-On te demande pas ton avis, Joffrey, la méthode a été testée avec nos capacités actuelles, le coupa brutalement Klenval.
-Mes capacités actuelles ne peuvent pas me faire contredire l’existence des forces occultes ! Vous savez, ce n’est pas un sujet à plaisanterie, et je vous jure que… reprit le jeune homme.
-Passons, t’as fait quoi hier, alors, Joffrey ? l’interrompit Angel Aeris avant qu’il ne se ridiculise davantage.
-Les tables tournantes, répondit-il sobrement.
-Et ? s’enquit Klenval, un sourire en coin.
-J’étais seul ! protesta Dur Estel. Comment voulez-vous que j’aboutisse avec aussi peu d’énergie ?
-Pas la peine, rétorqua Popolman sèchement.
-En fait, nous avons fait l’expérience en journée, Rémi et moi. Les pouvoirs de Rémi lui permettent de voir des faits qu’on établira comme réels, et les miens de sonder ces faits en détails. Normalement, j’aurais dû pouvoir sentir la présence d’un esprit, s’il y en avait eu un pour bouger le verre à pied ou la table. Et il n’y avait clairement rien.
-D’abord, il faut faire ça de nuit, et à plus de trois personnes. Et qui te dit que vos visions sont fiables ? Nous ne contrôlons pas entièrement nos pouvoirs et… insista grossièrement Dur Estel.
-D’un autre côté, cette technique permettrait d’appeler l’esprit d’un des morts partis dans les Traumenschar, objecta Ma. S’il fallait être plus de trois…
-Et il semblerait aussi qu’il faut que les personnes partagent des rapports amicaux, renchérit Dur Estel, trop content de trouver une personne « convaincue » par ses dires.
-Peu importe, rétorqua Popolman. Nous avons tenté, Mathilde, tu l’as vu, on a tenté cette méthode. Nous sommes plus ou moins médiums. La technique n’aboutit absolument pas et ne doit être que le fruit de l’imagination humaine qui, comme on le sait, est débordante en matière d’arnaque ésotérique en tout genre. La discussion sur le spiritisme est close, acheva-t-il sur un ton ferme.
Dur Estel marmonna des paroles inintelligibles, et se renfonça dans son siège en croisant les bras. Angel Aeris tortillait nerveusement une mèche de cheveux entre ses doigts, triturant quelque chose dans sa poche de son autre main, elle avait le regard perdu dans un horizon invisible. Ma tourna les pages de son livre qu’ils venaient d’examiner, tandis que Popolman chiffonnait une feuille couverte d’écritures.
« L’hypnose c’est mort ? demanda Klenval, plus pour lui-même.
-Je pense que quelque chose qui provoque un coma artificiel serait plus efficace, rétorqua Popolman. »
Klenval grommela en tournant une page à la place de Ma.
« Et pourquoi pas des prières sataniques ? lança Dur Estel avec un air ironique.
-T’as trouvé ça dans ton bouquin pour gosses attardés ? lui répliqua Klenval, acide. »
Dur Estel lui lança un regard condescendant, et reçut pour toute réponse un froncement de sourcil de consternation bien équivoque.
« C’était une blague, répondit-il sobrement au terme de leur duel silencieux.
-Ha, ha, rétorqua Klenval sur le même ton. Très drôle.
-Très spirituel, vraiment, ajouta Popolman. Mathilde, trouves-tu autre chose ? »
Ma ouvrit enfin le livre sur le chapitre des pentacles et invocations par sceaux. Elle posa le livre au milieu de la table et pointa du doigt certains symboles, tous de type circulaire. En tout, une dizaine de symboles étaient représentés sur la page.
« Hier, avec Gregory, j’ai tenté les invocations par cercles. Evidemment, les cercles proposés pour invocations à quatre mains sont relativement limités. Mais en agençant des bougies et de l’encens pour véhiculer l’énergie, on a réussi…
-Une seule fois, objecta Klenval.
-Oui, ben… une seule fois, reprit Ma. On a produit une lumière violente au centre du cercle qu’on avait tracé. Ça n’a duré qu’un instant. Mais ça vaut la peine qu’on s’y mette tous, non ?
-Mais tu sais, dit Dur Estel avec un sarcasme non dissimulé. On ne cherche pas à invoquer des démons.
-Si on se fie à la vision obtenue par les gens revenus de l’au-delà, rétorqua Klenval, cinglant, les démons n’existent pas. Alors, maintenant, vas-tu me dire ce qu’invoquent les sorcières ?
-Des esprits maléfiques, reprit Dur Estel avec véhémence. On ne peut pas se permettre d’invoquer n’importe qui n’importe où sous prétexte qu’on cherche le chemin vers le monde des morts ! Qui sait ce qu’on rencontrerait ? Des expériences de spiritisme ont viré au drame parce que les esprits invoqués étaient mauvais !
-Les expériences ont viré au drame parce que les concernés n’étaient pas concentrés et qu’ils ne savaient pas ce à quoi ils avaient à faire, répondit lentement Ma.
-Nous non plus ! insista Dur Estel.
-On sait ce qu’on cherche. Et on a les armes contre ceux qui pourraient venir nous ennuyer, coupa à nouveau Popolman. »
Le bruit strident de l’interphone résonna dans l’appartement. Popolman se leva précipitamment et se dirigea vers le hall d’entrée pour décrocher le téléphone mural. Il échangea rapidement quelques politesses avant d’appuyer sur le bouton, puis de raccrocher. Quelques instants plus tard, le Kanar entrait dans l’appartement, envahi par un silence et une lumière feutrée. Dur Estel se renfrogna à nouveau en le voyant arriver.
« Euh, vous pourriez pas allumer la lumière, dites ? Et pourquoi les volets sont fermés ? Le soleil est splendide pour un jour d’hiver, on ne peut pas ouvrir ? remarqua le nouvel arrivant.
-Surtout pas. C’est plus facile pour les invocations, répondit Ma.
-Les invocations ? s’exclama le Kanar. Quelles invocations ? »
Angel Aeris entreprit d’expliquer brièvement l’acquisition de leurs pouvoirs à chacun, et le fait qu’ils avaient été, tous, inexorablement attirés par une visite de la capitale. Cependant, peu tentés ou dans l’impossibilité de faire le grand saut vers l’au-delà, ils se heurtaient à l’incompréhension et l’impression dérangeante d’être manipulés. D’où la seule solution d’utiliser l’ésotérisme comme alternative à la mort. A ce jour, ils avaient détectés essentiellement leurs pouvoirs personnels : Popolman était donc doté de prémonitions, Ma de facultés de manipulations des souvenirs des personnes dépourvues de pouvoir, Klenval de pouvoirs d’illusionniste, Dur Estel de sens auditifs et visuels grandement accrus, et elle-même d’empathie par contact. Il se pouvait que d’autres personnes aient acquis des pouvoirs, du fait que cela touchait la communauté Traumen dans sa plus large définition. Popolman continuait tracer des arabesques à la craie sur la table pendant que le Kanar, remis de ses émotions par un verre d’eau, dévoilait les informations qu’il possédait actuellement.
« Il y a quelques jours, Lord Satana s’est confronté à Raphaël, directement, lors d’un rendez-vous à son appartement. Il lui a reproché de nous cacher, à tous, des informations essentielles sur le monde des morts.
-Attends, l’interrompit d’emblée Angel Aeris. A-t-il dit « Il distille les informations pour nous donner celles qu’il veut et uniquement celles qu’il veut. » ?
-Exactement, c’est à peu près ça, bafouilla le Kanar après avoir recherché rapidement l’information dans sa mémoire. Tu n’étais pas présente ce jour-là ?
-Non, mais vas-y continue, je t’en prie… »
Dur-Estel n’entreprit même pas d’intervenir, semblant assez déçu depuis que le Kanar les avait rejoints. Ma lui jeta un coup d’œil discret, ne sachant pas si elle devait se trouver fâchée ou heureuse de l’absence verbale du marginal du groupe. Elle n’avait rien personnellement contre lui. Si on omettait le fait qu’il avait cherché désespérément à faire descendre Klenval dans son estime avant qu’elle ne se fiance à celui-ci, et si on mettait dans la catégorie accessoire qu’il lui avait fait des avances assez explicites alors qu’elle était déjà engagée. Mais, paradoxalement, la première personne que Klenval avait jugé bon de contacter en allant à Paris, c’était bien lui. Et il ne s’était pas trompé sur la personne. Dumah avait dû aller se faire bronzer au soleil des îles, du moins c’était ce qu’elle pensait. Ce qui expliquerait pourquoi il n’avait pas pris son portable avec lui. Elle fit mentalement le tour des amis, et parfois anciens amis, de Klenval. Où était parti Wee ? S’il y avait bien une personne qu’elle pût mépriser plus que Dur Estel, c’était bien lui. Mais… ce n’était pas son genre.
« Apparemment, Raphaël connaît un moyen d’utiliser nos pouvoirs virtuels dans le monde réel. Mais il n’a jamais partagé le secret avec nous. Nous qui étions pourtant volontaires pour aller sauver Sephy-Roshou, nous qui donnions notre vie sous ses ordres. Satana… et nous, avons perdu confiance en lui. On pensait qu’il partagerait toutes ses connaissances avec tout le monde. En fait, il s’est juste approprié une place de chef, enfin c’est les mots de Satana. Lui, il nous propose d’aller chercher Sephy-Roshou par nos propres moyens, mais aussi de nous montrer comment acquérir les pouvoirs virtuels sur Terre. En fait j’étais un peu perdu après la grande fuite, j’arrivais plus à joindre les autres… alors je me suis rallié à Satana parce que je pensais apprendre ce qu’on ignorait auprès de lui. Le problème, c’est qu’on n’a pas la pilule. »
Dur Estel s’esclaffa sans aucune discrétion. Personne ne lui prêta attention. Il ne chercha même pas à paraître penaud. D’autant que cette histoire avait déjà été abordée la veille. Klenval soupira en constatant qu’ils ne venaient définitivement pas du même monde. Il en eut presque honte de l’avoir eu comme ami quelques temps auparavant. Ma décida d’assister activement Popolman qui étudiait le premier cercle d’invocation de la page, pour oublier les tensions qui rendaient l’atmosphère de la petite pièce relativement lourde.
« Mais avec vous maintenant, si vous avez des pouvoirs sans même vous entraîner, alors on a peut être un moyen, une nouvelle issue ! reprit le Kanar d’une voix timide mais pleine d’espoir.
-Justement, lança Klenval sombre. Nous on n’a rien demandé à personne. On n’ira pas repêcher quelque inconnue que ce soit, avec des pouvoirs dont on ne sait d’où ils viennent et qui nous les a donnés.
-De plus, je pense que nous n’avons aucun rapport avec vos affaires de résurrection, renchérit Popolman. Des pouvoirs sans rapport avec nos pouvoirs virtuels nous sont donnés, un jour, comme ça, alors qu’on ne s’en doute pas. Trop de différence pour établir un lien quelconque. Mais, peut être, Raphaël est au courant. Après tout il est le premier d’entre vous à avoir eu des pouvoirs, et il ne les a peut être pas entraînés. Donc il est notre clé. »
Le plus âgé d’entre eux répandait maintenant du sel sur la figure tracée avec soin à la craie, pendant que Ma refermait le livre, et le plaçait à gauche de Popolman, autour de la table.
« Joignez les mains, Nicolas à côté de moi, Joff’ à côté de Nicolas, puis toi, Flo, et Gregory, tu fermeras le cercle avec Rémi, déclara d’un ton ferme Ma. Pas de protestations, c’est le plan obligatoire pour la circulation d’énergie. »
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Au centre de la table, s’était dessiné, alors que leur attention était occupée par le récit du Kanar, un cercle bien régulier, complété en son intérieur par trois cercles plus petits tangents, et deux arcs de cercles symétriques joignant les points de tangence. Ils posèrent leurs mains jointes sur le bord de la table, et Ma intima à Dur Estel d’arrêter de pouffer de rire. Popolman lança une formule dans une langue inconnue, suivi par Ma. L’incantation semblait n’avoir aucun sens, et même leur ton n’était pas porteur outre mesure. L’audience semblait… non, était sceptique, peu concentrée, et le silence devint insupportablement pesant au bout de quelques minutes. Le son d’une mouche prisonnière dans l’appartement le rompit par secondes, puis s’éteint après quelques bruits de chocs contre la fenêtre. Personne ne rit, mais personne n’y crut vraiment. Dur Estel resserra ses doigts fermement sur la main d’Angel Aeris, elle voulut lui jeter un regard furieux, et Klenval lâcha un début de soupir lorsque Ma tendit sa main, qui tenait celle du Kanar, vers le centre de la table. Chacun l’imita dans un mouvement circulaire de ola autour de la table, sans grande conviction. Arrivé au tour de Klenval, Popolman ferma les yeux. Un claquement sec puis un crépitement au centre de la table. Chacun réprima un sursaut, et le cercle fut rompu entre les six personnes. Angel Aeris entendait battre à ses tempes son pouls affolé, mais aussi celui des autres.
« Alors ? s’enquit Ma auprès de Popolman, d’une voix incertaine. »
Celui-ci fixait intensément une tache noire au centre précis de la figure. L’odeur de bois brûlé atteignait maintenant leurs narines.
« Alors on a trouvé quelque chose… répondit lentement l’homme. Je crois qu’on a trouvé une porte… »
Angel Aeris fit un geste sec du poignet, se dégageant de la poigne de Dur Estel, qui pensant assister à une nouvelle séance d’invocation dans l’immédiat, lui avait prestement repris la main.
« Pardon… marmonna-t-elle à l’adresse de toute l’assistance.
-Tu disais ? lança Klenval à Popolman, en ignorant la jeune fille.
-En me concentrant suffisamment avec Mathilde, on a provoqué cette étincelle au milieu de la table, fit-il en pointant du doigt la trace noire, dégagée de toute fumée, sur la table.
-Et la porte ne s’ouvre pas ? demanda avidement le Kanar, voyant là une aubaine pour son groupe de sortir de l’au-delà sans aide de pilule.
-Ce n’est pas si simple, dit Ma. D’abord, on ne sait pas où mène cette… ouverture. Ensuite, on ne sait pas si on peut y passer matériellement. En fait, c’est juste une ouverture, elle permettra peut être de voir au travers, mais peut être qu’on y verra juste rien du tout. De toute manière, elle est fermée maintenant. »
Le Kanar s’affala avec fatalisme sur la chaise, alors qu’il avait placé tant d’espoirs dans les premières paroles de Popolman.
« Et pourquoi s’est-elle fermée ? On a pourtant établi un contact… On est d’accord là-dessus, non ? murmura Angel Aeris.
-Il y a plusieurs explications… commença Popolman.
-Soit le cercle n’est pas adapté au groupe et ne permet pas de générer assez d’énergie, généralement, les cercles sont conçus pour une ou deux personnes, et sont donc absolument inadaptés pour nous qui sommes six. Cependant, nous sommes pourtant dans le meilleur nombre pour les invocations infernales, on peut donc aussi supposer que quelques uns d’entre nous manquaient de concentration, ou de conviction. »
Cinq paires d’yeux se tournèrent vers Dur-Estel, encore debout et apparemment très fier de sa prestation. Il dévisagea longuement Ma avant de continuer.
« Tu vois que ce n’est pas parce que je m’oppose à ce genre de trucs que j’en ai peur ou quoi, j’en connais un rayon.
-Et qui pouffait de rire quand on en a parlé ? répliqua un Klenval acerbe.
-Je pouffais parce que je pense qu’on est totalement hors-sujet. Et je le pense toujours.
-C’est peut être bien à cause de ça qu’on ne s’en sort pas, l’interrompit Ma. »
Le regard du Kanar vogua d’une personne à une autre, perplexe. Il ne comprenait même plus ce qu’il faisait là, alors qu’apparemment l’expérience était ressortie infructueuse et lui faisait par ailleurs perdre du temps alors que dans son propre groupe, ils entraînaient leurs pouvoirs. S’il comprenait bien, ils avaient eu besoin de lui pourquoi au juste ? Pour être en nombre exact et pour lui extorquer des informations qui ne les intéressaient en rien d’ailleurs. A tout hasard il tourna la tête vers Angel Aeris. Elle ne prenait pas part à la conversation et ne semblait pas s’intéresser au problème. Pourtant c’était bien elle qui avait eu l’idée de rassembler leurs forces pour mieux comprendre ce qu’il leur arrivait. Peut être avait-elle abandonné. Peut être qu’elle avait réalisé, contrairement aux autres membres du groupe, qu’il était déjà trop tard et qu’ils étaient jouets d’un destin qui leur échappait. Condamnés. Elle était dotée d’empathie par contact. Les autres avaient des pouvoirs qu’ils contrôlaient, eux. Il eut l’impression de comprendre le cri silencieux d’injustice que la jeune fille retenait dans sa gorge, en regardant débattre les autres autour de la table. Après tout, c’était bien ce qu’ils avaient ressentis, les Traumeniens voués à sauver Sephy Roshou, lorsqu’ils avaient enfin vu la vérité des pouvoirs de Dragon Noir leur sauter au visage, comme un diable sortant d’une boîte. Voyons voir ce que valait ce pouvoir… il attrapa le poignet de la jeune fille. Elle se tourna vers lui, le regard interrogateur.
« Nicolas ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.
-Rien, rien… »
Pas de réaction. Angel Aeris continua à le regarder, perplexe.
« Raphaël… murmura-t-elle doucement.
-Qu… quoi ? bégaya le Kanar. »
Sa main atteignit à la vitesse de l’éclair le front du garçon pour toucher sa tempe de deux doigts. Elle rompit à la même vitesse le contact. Le Kanar la fixa à son tour. Elle détourna les yeux. Avait-elle compris ce qu’il avait fait ? Finalement, Ma et Popolman se mirent d’accord pour tracer un nouveau cercle, soi-disant plus adapté. Avec la pratique venant l’habileté, en cinq minutes, ils furent en place pour une nouvelle invocation, alors que le soleil déclinait à un horizon auquel ils avaient fermé leur vision.
« Moi je prendrais bien une bière, dit Popolman en s’étirant sur sa chaise.
-Je ne comprends pas, marmonna Ma. On a bien trouvé quelque chose tout à l’heure !
-C’était peut être une coïncidence, une lampe qui a claqué… ajouta le Kanar.
-Les lumières étaient éteintes, objecta Dur Estel d’un air pragmatique.
-Un phénomène d’électricité statique alors qu’en sais-je ? reprit Klenval.
-Tu connais beaucoup de phénomènes du genre qui carbonisent le centre précis de la table ? ironisa Angel Aeris.
-On ne va pas s’arrêter alors qu’on est en bon chemin, coupa Ma.
-Mais bon sang, on est crevés à force de concentration, on ne peut plus continuer sur une route barrée, rien ne fonctionne ! s’énerva Klenval.
-S’il n’y a rien, rétorqua Dur Estel, c’est qu’il y en a un qui a des mauvaises ondes ici ! »
Trois regards éloquents se tournèrent vers lui à l’instant même où il achevait sa phrase. « Je n’accusais personne ! reprit-il avec la même force.
- Il faut arrêter, s’imposa Klenval. On peut pas continuer comme ça, ça n’aboutit à rien !
-Si vous êtes fatigués, je propose de faire une pause et boire un truc. Rémi a raison, je crois que j’ai la gorge un peu sèche aussi, déclara Angel Aeris.
-J’ai plus qu’une canette de bière, grommela Popolman, qui ne voulait surtout pas la partager avec un de ses deux ennemis congénitaux.
-Ne t’inquiète pas, personne ne va te voler l’insigne honneur d’être le poivrot de la table, rétorqua Dur Estel avec une froideur qui ne collait pas à son allure.
-J’espère bien, tu as déjà l’air assez frappé en temps normal déjà, intervint Angel Aeris à la place de Popolman. Ma, dit Angel Aeris en se levant pour se diriger vers la cuisine. Tu as vu d’autres méthodes de spiritisme dans ton bouquin ?
-Elles requièrent des conditions relativement complexes, sans compter des sacrifices d’êtres vivants, mais sinon pour répondre à ta question, oui, il y en a.
-On pourrait sacrifier Dur Estel, ça nous ferait des vacances, lança d’un ton sarcastique Klenval. »
Le sus-nommé ne prit même pas la peine de répondre, considérant qu’il était hors de ce genre d’injures. De toute manière, une grimace morne doublée d’une humeur maussade régnait sur les visages.
« On peut pas, le sang est hautement impur, chuchota Angel Aeris, revenue avec une casserole à l’oreille de Popolman, qui contint son rire. Quelqu’un veut du thé ?
-Je suis sûre qu’on était bien partis avec les cercles. C’est la seule solution tangible qui ait donné des résultats. Continuons quand nous serons remis d’aplomb, au moins jusqu’à la fin de cette journée, dit Ma.
-Et pourquoi pas la planche « oui ja » ? tenta Dur Estel.
-Il y a autre chose de tangible tant que j’y pense, déclara alors Popolman en l’ignorant. Hier soir, je testais la méditation comme méthode. Et apparemment j’ai lu dans le rêve de Flo au moment où je cherchais Raphaël avec la prémonition. Ce qui est un résultat relativement surprenant.
-En fait, Papy voyait le rêve, moi je l’entendais. Mais j’ « entends » mes rêves depuis un bout de temps, des phrases, prononcées par les gens partis à la recherche de Sephy Roshou depuis un moment déjà.
-Que se passe-t-il dans ce rêve ? demanda Ma.
-Cinq personnes, deux filles et trois gars, sont en face d’une lumière très forte et disparaissent dans la lumière un par un, résuma synthétiquement Popolman.
-L’une des filles demande des explications, et on lui dit que sa sœur est morte, et que la porte restera pas ouverte très longtemps, ajouta Angel Aeris. »
Un silence pesant envahit la table.
« La… porte ? demanda Klenval.
-La lumière sans doute, expliqua Popolman.
-Les cinq personnes… leur groupe est composé de la même manière que le nôtre… est-ce possible que ça soit notre futur que… dit lentement Dur Estel.
-Impossible, Mathilde et moi sommes filles uniques, coupa immédiatement Angel Aeris.
-Alors ce n’était qu’un rêve, conclut le Kanar.
-Non. J’ai reconnu une voix, protesta la plus jeune de deux filles.
-Et la prémonition de Popolman ne lui permet de voir que des choses se produisant effectivement, renchérit Ma. Son pouvoir ne lui montre pas d’illusion. C’est très étrange votre affaire tout de même, dites-moi.
-Qui as tu reconnu ? demanda Dur Estel.
-Naori, la sœur virtuelle de Naryu Genoko, ma propre représentation virtuelle. Si c’est bien elle, Naryu est donc morte.
-J’y comprends plus rien, fit le Kanar. Naori ? Un rêve ? Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? Et comment as tu reconnu la voix d’un personnage virtuel ? »
Autant de questions sans réponse faisaient de nouveau surface. Mais Popolman le pressentait. Ce qu’ils attendaient était proche… Angel Aeris tapota l’épaule de Ma pour lui intimer de la suivre aux toilettes. Sur le chemin, Angel Aeris murmura furtivement quelque chose à l’oreille de Ma, qui ouvrit grand ses yeux de surprise. Puis elle hocha la tête dans un signe d’accord tacite.
« Alors ? s’enquit Ma auprès de Popolman, d’une voix incertaine. »
Celui-ci fixait intensément une tache noire au centre précis de la figure. L’odeur de bois brûlé atteignait maintenant leurs narines.
« Alors on a trouvé quelque chose… répondit lentement l’homme. Je crois qu’on a trouvé une porte… »
Angel Aeris fit un geste sec du poignet, se dégageant de la poigne de Dur Estel, qui pensant assister à une nouvelle séance d’invocation dans l’immédiat, lui avait prestement repris la main.
« Pardon… marmonna-t-elle à l’adresse de toute l’assistance.
-Tu disais ? lança Klenval à Popolman, en ignorant la jeune fille.
-En me concentrant suffisamment avec Mathilde, on a provoqué cette étincelle au milieu de la table, fit-il en pointant du doigt la trace noire, dégagée de toute fumée, sur la table.
-Et la porte ne s’ouvre pas ? demanda avidement le Kanar, voyant là une aubaine pour son groupe de sortir de l’au-delà sans aide de pilule.
-Ce n’est pas si simple, dit Ma. D’abord, on ne sait pas où mène cette… ouverture. Ensuite, on ne sait pas si on peut y passer matériellement. En fait, c’est juste une ouverture, elle permettra peut être de voir au travers, mais peut être qu’on y verra juste rien du tout. De toute manière, elle est fermée maintenant. »
Le Kanar s’affala avec fatalisme sur la chaise, alors qu’il avait placé tant d’espoirs dans les premières paroles de Popolman.
« Et pourquoi s’est-elle fermée ? On a pourtant établi un contact… On est d’accord là-dessus, non ? murmura Angel Aeris.
-Il y a plusieurs explications… commença Popolman.
-Soit le cercle n’est pas adapté au groupe et ne permet pas de générer assez d’énergie, généralement, les cercles sont conçus pour une ou deux personnes, et sont donc absolument inadaptés pour nous qui sommes six. Cependant, nous sommes pourtant dans le meilleur nombre pour les invocations infernales, on peut donc aussi supposer que quelques uns d’entre nous manquaient de concentration, ou de conviction. »
Cinq paires d’yeux se tournèrent vers Dur-Estel, encore debout et apparemment très fier de sa prestation. Il dévisagea longuement Ma avant de continuer.
« Tu vois que ce n’est pas parce que je m’oppose à ce genre de trucs que j’en ai peur ou quoi, j’en connais un rayon.
-Et qui pouffait de rire quand on en a parlé ? répliqua un Klenval acerbe.
-Je pouffais parce que je pense qu’on est totalement hors-sujet. Et je le pense toujours.
-C’est peut être bien à cause de ça qu’on ne s’en sort pas, l’interrompit Ma. »
Le regard du Kanar vogua d’une personne à une autre, perplexe. Il ne comprenait même plus ce qu’il faisait là, alors qu’apparemment l’expérience était ressortie infructueuse et lui faisait par ailleurs perdre du temps alors que dans son propre groupe, ils entraînaient leurs pouvoirs. S’il comprenait bien, ils avaient eu besoin de lui pourquoi au juste ? Pour être en nombre exact et pour lui extorquer des informations qui ne les intéressaient en rien d’ailleurs. A tout hasard il tourna la tête vers Angel Aeris. Elle ne prenait pas part à la conversation et ne semblait pas s’intéresser au problème. Pourtant c’était bien elle qui avait eu l’idée de rassembler leurs forces pour mieux comprendre ce qu’il leur arrivait. Peut être avait-elle abandonné. Peut être qu’elle avait réalisé, contrairement aux autres membres du groupe, qu’il était déjà trop tard et qu’ils étaient jouets d’un destin qui leur échappait. Condamnés. Elle était dotée d’empathie par contact. Les autres avaient des pouvoirs qu’ils contrôlaient, eux. Il eut l’impression de comprendre le cri silencieux d’injustice que la jeune fille retenait dans sa gorge, en regardant débattre les autres autour de la table. Après tout, c’était bien ce qu’ils avaient ressentis, les Traumeniens voués à sauver Sephy Roshou, lorsqu’ils avaient enfin vu la vérité des pouvoirs de Dragon Noir leur sauter au visage, comme un diable sortant d’une boîte. Voyons voir ce que valait ce pouvoir… il attrapa le poignet de la jeune fille. Elle se tourna vers lui, le regard interrogateur.
« Nicolas ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.
-Rien, rien… »
Pas de réaction. Angel Aeris continua à le regarder, perplexe.
« Raphaël… murmura-t-elle doucement.
-Qu… quoi ? bégaya le Kanar. »
Sa main atteignit à la vitesse de l’éclair le front du garçon pour toucher sa tempe de deux doigts. Elle rompit à la même vitesse le contact. Le Kanar la fixa à son tour. Elle détourna les yeux. Avait-elle compris ce qu’il avait fait ? Finalement, Ma et Popolman se mirent d’accord pour tracer un nouveau cercle, soi-disant plus adapté. Avec la pratique venant l’habileté, en cinq minutes, ils furent en place pour une nouvelle invocation, alors que le soleil déclinait à un horizon auquel ils avaient fermé leur vision.
« Moi je prendrais bien une bière, dit Popolman en s’étirant sur sa chaise.
-Je ne comprends pas, marmonna Ma. On a bien trouvé quelque chose tout à l’heure !
-C’était peut être une coïncidence, une lampe qui a claqué… ajouta le Kanar.
-Les lumières étaient éteintes, objecta Dur Estel d’un air pragmatique.
-Un phénomène d’électricité statique alors qu’en sais-je ? reprit Klenval.
-Tu connais beaucoup de phénomènes du genre qui carbonisent le centre précis de la table ? ironisa Angel Aeris.
-On ne va pas s’arrêter alors qu’on est en bon chemin, coupa Ma.
-Mais bon sang, on est crevés à force de concentration, on ne peut plus continuer sur une route barrée, rien ne fonctionne ! s’énerva Klenval.
-S’il n’y a rien, rétorqua Dur Estel, c’est qu’il y en a un qui a des mauvaises ondes ici ! »
Trois regards éloquents se tournèrent vers lui à l’instant même où il achevait sa phrase. « Je n’accusais personne ! reprit-il avec la même force.
- Il faut arrêter, s’imposa Klenval. On peut pas continuer comme ça, ça n’aboutit à rien !
-Si vous êtes fatigués, je propose de faire une pause et boire un truc. Rémi a raison, je crois que j’ai la gorge un peu sèche aussi, déclara Angel Aeris.
-J’ai plus qu’une canette de bière, grommela Popolman, qui ne voulait surtout pas la partager avec un de ses deux ennemis congénitaux.
-Ne t’inquiète pas, personne ne va te voler l’insigne honneur d’être le poivrot de la table, rétorqua Dur Estel avec une froideur qui ne collait pas à son allure.
-J’espère bien, tu as déjà l’air assez frappé en temps normal déjà, intervint Angel Aeris à la place de Popolman. Ma, dit Angel Aeris en se levant pour se diriger vers la cuisine. Tu as vu d’autres méthodes de spiritisme dans ton bouquin ?
-Elles requièrent des conditions relativement complexes, sans compter des sacrifices d’êtres vivants, mais sinon pour répondre à ta question, oui, il y en a.
-On pourrait sacrifier Dur Estel, ça nous ferait des vacances, lança d’un ton sarcastique Klenval. »
Le sus-nommé ne prit même pas la peine de répondre, considérant qu’il était hors de ce genre d’injures. De toute manière, une grimace morne doublée d’une humeur maussade régnait sur les visages.
« On peut pas, le sang est hautement impur, chuchota Angel Aeris, revenue avec une casserole à l’oreille de Popolman, qui contint son rire. Quelqu’un veut du thé ?
-Je suis sûre qu’on était bien partis avec les cercles. C’est la seule solution tangible qui ait donné des résultats. Continuons quand nous serons remis d’aplomb, au moins jusqu’à la fin de cette journée, dit Ma.
-Et pourquoi pas la planche « oui ja » ? tenta Dur Estel.
-Il y a autre chose de tangible tant que j’y pense, déclara alors Popolman en l’ignorant. Hier soir, je testais la méditation comme méthode. Et apparemment j’ai lu dans le rêve de Flo au moment où je cherchais Raphaël avec la prémonition. Ce qui est un résultat relativement surprenant.
-En fait, Papy voyait le rêve, moi je l’entendais. Mais j’ « entends » mes rêves depuis un bout de temps, des phrases, prononcées par les gens partis à la recherche de Sephy Roshou depuis un moment déjà.
-Que se passe-t-il dans ce rêve ? demanda Ma.
-Cinq personnes, deux filles et trois gars, sont en face d’une lumière très forte et disparaissent dans la lumière un par un, résuma synthétiquement Popolman.
-L’une des filles demande des explications, et on lui dit que sa sœur est morte, et que la porte restera pas ouverte très longtemps, ajouta Angel Aeris. »
Un silence pesant envahit la table.
« La… porte ? demanda Klenval.
-La lumière sans doute, expliqua Popolman.
-Les cinq personnes… leur groupe est composé de la même manière que le nôtre… est-ce possible que ça soit notre futur que… dit lentement Dur Estel.
-Impossible, Mathilde et moi sommes filles uniques, coupa immédiatement Angel Aeris.
-Alors ce n’était qu’un rêve, conclut le Kanar.
-Non. J’ai reconnu une voix, protesta la plus jeune de deux filles.
-Et la prémonition de Popolman ne lui permet de voir que des choses se produisant effectivement, renchérit Ma. Son pouvoir ne lui montre pas d’illusion. C’est très étrange votre affaire tout de même, dites-moi.
-Qui as tu reconnu ? demanda Dur Estel.
-Naori, la sœur virtuelle de Naryu Genoko, ma propre représentation virtuelle. Si c’est bien elle, Naryu est donc morte.
-J’y comprends plus rien, fit le Kanar. Naori ? Un rêve ? Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? Et comment as tu reconnu la voix d’un personnage virtuel ? »
Autant de questions sans réponse faisaient de nouveau surface. Mais Popolman le pressentait. Ce qu’ils attendaient était proche… Angel Aeris tapota l’épaule de Ma pour lui intimer de la suivre aux toilettes. Sur le chemin, Angel Aeris murmura furtivement quelque chose à l’oreille de Ma, qui ouvrit grand ses yeux de surprise. Puis elle hocha la tête dans un signe d’accord tacite.
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« Il était temps… »
Onega avança dans la lumière incertaine du lampadaire de rue. Naori sautilla dans la direction opposée et monta sur le parapet du pont en chantonnant une comptine sur le ton adapté, tenant en équilibre précaire. La silhouette masculine s’avança à son tour, jetant sa cigarette sur le sol, marchant dessus au pas suivant pour tendre sa main vers celle déjà tendue d’Onega. Ils se serrèrent froidement la main.
« J’ai cru qu’on allait jamais vous retrouver, lança le jeune homme à lunettes sur un ton réprobateur. Où étiez-vous ?
-Déjà en quête d’indices, contrairement à certains, répliqua Onega. Et cette Naori ne me facilite pas la tâche, pourquoi fallait-il que je la trouve avant ? Elle ne cesse de lambiner. »
Il ne répondit pas. Elle continua.
« Où sont les autres ? »
Une lueur d’intérêt éclaira les yeux vert-doré du garçon. Il la fixa longuement, comme pour la dévisager, puis lui répondit.
« Ils préfèrent travailler de nuit, à notre différence.
-Je suppose que tu veux dire que tu as retrouvé leur trace, vu que tu as tant travaillé, apparemment, lança Onega moqueuse.
-Je n’ai pas dit ça. Qu’en est-il de ton côté ?
-Je les ai vus.
-Qui ?
-Mais j’ai perdu leur trace immédiatement après, poursuivit très vite Onega.
-Tu veux parler des créateurs ?
-Ouais. Ouais… les créateurs.
-Ah. »
Onega regarda, outrée, le jeune homme lui tourner le dos et avancer de quelques pas.
« C’est tout ce que tu trouves à dire ? « AH » ?
-Je les ai vus aussi dans ce cas. Mais je les ai perdus.
-Tu mens.
-Tu en feras ce que tu voudras.
-Je me fiche de les voir eux. Je cherche le mien, de créateur. Aran Valentine.
-Tu peux chercher seule si tu veux. »
Onega fronça les sourcils et rougit de colère.
« Non, je préfère qu’on s’occupe d’abord de ceux-là, ils doivent savoir où il est.
-Comme tu voudras. »
Naori se pencha avec imprudence au dessus du reflet argenté de la lune dans l’eau de la Seine. Elle trébucha et une main salvatrice la retint à temps. Elle se retourna avec un grand sourire enfantin vers son sauveur.
« Je savais que tu serais toujours là, fit-elle, radieuse.
-Qu’est-ce que c’est que ce pied gonflé ? eut pour toute réponse l’autre.
-C’est ma robe, répondit-elle naïvement.
-Le vol de ta robe, tu veux dire, ajouta Onega. A courir comme tu le faisais n’importe qui se serait tordu la cheville. Tu t’en tires pas mal.
-Et le genou ?
-C’est ma robe, répéta la jeune fille comme une enfant. »
Il sortit un long ruban blanc de sa poche et elle dénoua les lacets de sa botte gauche. Il enroula le ruban autour des blessures rapidement et l’aida à se relever.
« C’est laid, remarqua Onega.
-Moi j’aime, fit Naori.
-L’Ermite Crâbe et l’autre vagabond nous rejoignent demain matin à l’aube. En attendant trouvons un endroit pour nous poser, déclara le jeune homme en prenant Naori par la main comme on attrape la main d’un enfant.
-Y a plutôt intérêt, grommela Onega.
-Elle n’est pas morte, hein, Nii-san ? dit Naori sans écouter le moindre mot de leur conversation. Hein, Nii-san Stefen ? »
Le neuvième cercle était on ne peut plus lisible. Un cercle parfait tracé à la craie et au sel sur le bord de la table. A son centre, le vide. Sur ses bords, à intervalles réguliers, des mains jointes par deux. La dernière chance. Six personnes. Six espoirs. Six opposés que rien ne prédestinait à chercher ensemble à résoudre une quête qui ne les concernait en rien.
« Vous êtes prêts ? demanda Ma.
-Prêts. »
Ils avaient changé le plan d’énergie engendré par les personnes présentes. Le cercle commençait toujours par Popolman, nommé « médium » de la séance pour l’occasion, suivi de Dur Estel dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Le Kanar se trouvait maintenant entre Angel Aeris et Dur Estel, Ma ayant été alertée par une concentration d’énergie particulièrement négative entre les deux concernés. Klenval puis elle-même fermaient le cercle.
Onega avança dans la lumière incertaine du lampadaire de rue. Naori sautilla dans la direction opposée et monta sur le parapet du pont en chantonnant une comptine sur le ton adapté, tenant en équilibre précaire. La silhouette masculine s’avança à son tour, jetant sa cigarette sur le sol, marchant dessus au pas suivant pour tendre sa main vers celle déjà tendue d’Onega. Ils se serrèrent froidement la main.
« J’ai cru qu’on allait jamais vous retrouver, lança le jeune homme à lunettes sur un ton réprobateur. Où étiez-vous ?
-Déjà en quête d’indices, contrairement à certains, répliqua Onega. Et cette Naori ne me facilite pas la tâche, pourquoi fallait-il que je la trouve avant ? Elle ne cesse de lambiner. »
Il ne répondit pas. Elle continua.
« Où sont les autres ? »
Une lueur d’intérêt éclaira les yeux vert-doré du garçon. Il la fixa longuement, comme pour la dévisager, puis lui répondit.
« Ils préfèrent travailler de nuit, à notre différence.
-Je suppose que tu veux dire que tu as retrouvé leur trace, vu que tu as tant travaillé, apparemment, lança Onega moqueuse.
-Je n’ai pas dit ça. Qu’en est-il de ton côté ?
-Je les ai vus.
-Qui ?
-Mais j’ai perdu leur trace immédiatement après, poursuivit très vite Onega.
-Tu veux parler des créateurs ?
-Ouais. Ouais… les créateurs.
-Ah. »
Onega regarda, outrée, le jeune homme lui tourner le dos et avancer de quelques pas.
« C’est tout ce que tu trouves à dire ? « AH » ?
-Je les ai vus aussi dans ce cas. Mais je les ai perdus.
-Tu mens.
-Tu en feras ce que tu voudras.
-Je me fiche de les voir eux. Je cherche le mien, de créateur. Aran Valentine.
-Tu peux chercher seule si tu veux. »
Onega fronça les sourcils et rougit de colère.
« Non, je préfère qu’on s’occupe d’abord de ceux-là, ils doivent savoir où il est.
-Comme tu voudras. »
Naori se pencha avec imprudence au dessus du reflet argenté de la lune dans l’eau de la Seine. Elle trébucha et une main salvatrice la retint à temps. Elle se retourna avec un grand sourire enfantin vers son sauveur.
« Je savais que tu serais toujours là, fit-elle, radieuse.
-Qu’est-ce que c’est que ce pied gonflé ? eut pour toute réponse l’autre.
-C’est ma robe, répondit-elle naïvement.
-Le vol de ta robe, tu veux dire, ajouta Onega. A courir comme tu le faisais n’importe qui se serait tordu la cheville. Tu t’en tires pas mal.
-Et le genou ?
-C’est ma robe, répéta la jeune fille comme une enfant. »
Il sortit un long ruban blanc de sa poche et elle dénoua les lacets de sa botte gauche. Il enroula le ruban autour des blessures rapidement et l’aida à se relever.
« C’est laid, remarqua Onega.
-Moi j’aime, fit Naori.
-L’Ermite Crâbe et l’autre vagabond nous rejoignent demain matin à l’aube. En attendant trouvons un endroit pour nous poser, déclara le jeune homme en prenant Naori par la main comme on attrape la main d’un enfant.
-Y a plutôt intérêt, grommela Onega.
-Elle n’est pas morte, hein, Nii-san ? dit Naori sans écouter le moindre mot de leur conversation. Hein, Nii-san Stefen ? »
Le neuvième cercle était on ne peut plus lisible. Un cercle parfait tracé à la craie et au sel sur le bord de la table. A son centre, le vide. Sur ses bords, à intervalles réguliers, des mains jointes par deux. La dernière chance. Six personnes. Six espoirs. Six opposés que rien ne prédestinait à chercher ensemble à résoudre une quête qui ne les concernait en rien.
« Vous êtes prêts ? demanda Ma.
-Prêts. »
Ils avaient changé le plan d’énergie engendré par les personnes présentes. Le cercle commençait toujours par Popolman, nommé « médium » de la séance pour l’occasion, suivi de Dur Estel dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Le Kanar se trouvait maintenant entre Angel Aeris et Dur Estel, Ma ayant été alertée par une concentration d’énergie particulièrement négative entre les deux concernés. Klenval puis elle-même fermaient le cercle.
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Je vous appelle, Ô Forces de la Nature invisibles à l’Homme, invisibles à nos sens
Invisible Lumière qui éteint la Raison, apparais devant nous, offre nous cette grâce
Azur horizon de l’Ame, franchis les Océans et combats les Vents, aussi mince soit-elle,
Porte hors de notre vue,
La maison ci ne te demande, non pas haine de la Vie,
Forces des Eaux, Forces des Vents, Territoires inconnus,
Ouvrez nous la Voie,
Voix de Sagesse,
Au delà de la Flamme Puissante, et par la Terre Maîtresses de nos Aïeux,
Guidez-nous vers votre Monde, Daignez-nous écouter
Dans l’imploration, Entendez notre Eternelle Requête.
Six mains jointes au centre de la table, doublées de six paires d’yeux cernés, se fixèrent avec l’énergie du désespoir le cercle. Il ne pleuvait plus, l’orage ne grondait pas. Aucun signe quelconque de paranormal. Etait-ce définitivement la fin de tout espoir ? Aucun nouvel événement paranormal depuis le début de la soirée. Aucun résultat. Aucun échappatoire. Ma fixa avec des yeux ronds des arabesques se dessiner d’elles mêmes en partant de l’endroit où leurs mains étaient jointes. De son autre main tremblante, elle pointa sans toucher la table le dessin se former lentement dans le cercle, les mots étant restés prisonniers de sa gorge. Chacun tourna les yeux vers le motif compliqué qui prenait vie sur la table. Le Kanar étouffa une exclamation de surprise, et Dur Estel, lui, ne cacha pas une lueur vive d’intérêt. Angel Aeris retira vivement sa main du centre du cercle et recula, fébrile. Les cinq autres personnes rompirent immédiatement le contact alors qu’une lumière orangée apparaissait à l’endroit même où ils avaient précédemment posé leurs mains.
« Il était temps… Je me demandais quand nous allions enfin prendre contact. »
La voix masculine était effrayante. Stéréotypée, à savoir caverneuse et grave, mais effrayante. Une ombre capée jaillit hors de la lumière orangée, l’image qu’elle projetait au centre de la table était incertaine, même ses contours s’effaçaient par endroit, comme un hologramme peu net. Dur Estel tomba sur sa chaise, les yeux grands ouverts, en état de choc.
« Je vous en prie, asseyez-vous, tous. Nous avons à nous entretenir pendant un certain temps.
-Qui êtes-vous ? osa enfin demander Popolman.
-Oh c’est toi, médium… tu es celui qui m’a invoqué. Sachez avant tout que je suis votre ami, et que ces pouvoirs sont un cadeau de ma part. Vous n’avez rien besoin de savoir de plus.
-Qui êtes-vous ? recommença Ma.
-Et toi, tu as organisé cette répartition d’énergie parfaite pour que je puisse vous apparaître… bien… très bien…
-Mais enfin, allez-vous répondre à notre question ? demanda le Kanar.
-Peu importe qui je suis, nous n’avons pas le temps pour ces broutilles. Revenons à vous. »
La voix déclinait effectivement en puissance. Ils se turent alors que « l’ombre » entamait une longue tirade.
« Vos expériences avec la Mort ont troublé les Esprits de vos Aïeux. Le Monde des Morts entier s’en est trouvé ébranlé. Vos escapades impromptues dérangent les âmes. Mais pire encore, vous avez ouvert des brèches vers votre Monde. En troublant le cycle de la Vie, et en ramenant vos camarades imprudents, vous avez ouvert autant de portes qui permettent de circuler entre nos deux Mondes. Ainsi lorsque les imprudents voyageurs n’ont pu emprunter la porte vers le Monde des Vivants, s’en est échappé une créature impure. Ces créatures vagabondent maintenant dans votre Monde…
-Une minute, interrompit Popolman. Il n’y a pas qu’un monde des morts à notre connaissance. Il y a autant de mondes que de circonstances différentes de morts. Que voulez-vous nous faire croire avec vos portes ?
-Tu es perspicace, médium. Effectivement, il existe de nombreux Mondes différents à l’échelle de celui où j’erre actuellement. Mais les conséquences de votre circulation entre ces différents Mondes restent les mêmes. Vous avez provoqué des Bouleversements dont vous n’avez pas une seule idée. A cause de votre inconscience, des Etres malveillants ont rejoint votre Monde.
-Des êtres malveillants ? s’étrangla le Kanar.
-Oui… Alors que les incarnations virtuelles de vos camarades les assistent lorsqu’ils séjournent dans Nos Mondes, des incarnations maléfiques ont été libérées dans votre Monde.
-Pourquoi ? Que veulent-ils ? Où sont-ils ?
-J’ignore où ils se trouvent actuellement. Mais vous avez été choisis. Vous six… attendez… murmura la silhouette en se tournant vers le Kanar. »
Les regards convergèrent vers le jeune homme, qui manifestait autant de surprise que les autres.
« Tu n’as pas été Elu, déclara l’ombre d’une voix tremblante.
-De quoi de quoi ? s’exclama le Kanar.
-Peu importe. Il est important que vous écartiez les innocents. La Voie où nous nous engagerons ensemble est dangereuse et…
-Et si nous refusons ? fit Popolman sur un ton de défi.
-Vous êtes en danger. De mort. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris. Vous n’avez pas le choix. Médium, tu devrais l’avoir déjà réalisé. »
Popolman se tut et baissa légèrement les yeux. Les deux jeunes filles reculèrent au fond de leur chaise, les mains toujours posées sur la table. Le Kanar était encore trop surpris pour réagir. A côté de lui, Dur Estel prit la parole, avide d’en savoir plus.
« Nous avons été Elus ? demanda-t-il, fébrile.
-Vous avez été Elus, effectivement. Maintenant que nous nous sommes rencontrés, je peux vous remettre vos pleins pouvoirs, pour lutter contre le Mal qui vous guette.
-Quelles sont ces incarnations du mal ? enchaîna Dur Estel.
-Excellente question, sage Elfe. Elles sont des incarnations de ce que vous-même avez créé dans le monde virtuel. Alors que les incarnations virtuelles de vos camarades morts sont obligées de rester dans notre Monde, les vôtres ont été corrompues par les vices, leurs vertus les ayant quittés pour venir vous habiter. Ce sont vos propres créations, maintenant hantées par la haine et le désir de pouvoir, qui sont venues dans votre Monde. C’est pourquoi vous seuls étiez aptes à les arrêter. »
Un silence s’imposa autour de la table. L’ombre se fit de moins en moins nette.
« Je n’ai plus beaucoup de temps. Le chaos a aussi envahi notre Monde. Je vous remets votre dû. Puisse la Chance vous guider.
-Attendez ! s’exclama Angel Aeris. Où sont nos amis ? Ceux qui visitent les Morts ? Prouvez nous au moins qu’ils vont bien ! Qui nous dit que ce que vous dites est vrai ? »
L’ombre se tourna lentement, ses contours s’effaçant à chacun de ses mouvements, pour faire face à la jeune fille, qui levait un regard suppliant vers l’entité immatérielle.
« Tu es une fée fougueuse. Soit, puisque tel est ton vœu, je peux vous l’accorder pour preuve de ma bonne foi. Voyez vos amis perdus. Mais il nous reste peu de temps. Lors je dois disparaître, et l’énergie que vous avez réunie n’est pas suffisante pour leur parler. »
L’ombre disparut, pour laisser place à une autre image, du même type, peu nette, ressemblant toujours à un hologramme, une ouverture vers un autre monde. Au milieu d’un champ de verdure, sous un grand arbre, se tenait un homme, jeune adulte vêtu de noir, aux longs cheveux blonds, armé d’une faux. Popolman, Dur Estel et Ma poussèrent une exclamation de surprise en reconnaissant Aran Valentine, sous son apparence virtuelle. Le regard sombre d’Angel Aeris était rivé sur la tombe blanche à côté de laquelle leur camarade, parti depuis à peine quelques jours, se tenait.
« Il ne tient qu’à vous de réussir la mission pour laquelle vous avez été Elus. Votre avenir en dépend.
-Attendez ! Attendez, à qui est cette tombe ? Où sont Aran Valentine et les autres ? Répondez ! s’écria Angel Aeris en se levant de sa chaise. »
Il n’y eut aucune réponse. Le silence s’installa de nouveau.
Lorsque l’atmosphère pesante quitta la pièce et que toute ombre paranormale eut disparu, Ma saisit un canif ouvre-lettre et Klenval un grand couteau de cuisine. Popolman contempla d’un air désabusé un stylo, tandis qu’Angel Aeris touchait pensivement du bout du doigt une fourchette. Dur-Estel fixa abasourdi le vide sur la table devant lui. Un bruit dans le vestibule d’entrée les sortit brutalement de leur torpeur et ils saisirent leurs armes de fortune. C’était donc ça les pleins pouvoirs ? Dur Estel voulut en rire. Le cri de Ma l’interrompit net dans son élan.
Invisible Lumière qui éteint la Raison, apparais devant nous, offre nous cette grâce
Azur horizon de l’Ame, franchis les Océans et combats les Vents, aussi mince soit-elle,
Porte hors de notre vue,
La maison ci ne te demande, non pas haine de la Vie,
Forces des Eaux, Forces des Vents, Territoires inconnus,
Ouvrez nous la Voie,
Voix de Sagesse,
Au delà de la Flamme Puissante, et par la Terre Maîtresses de nos Aïeux,
Guidez-nous vers votre Monde, Daignez-nous écouter
Dans l’imploration, Entendez notre Eternelle Requête.
Six mains jointes au centre de la table, doublées de six paires d’yeux cernés, se fixèrent avec l’énergie du désespoir le cercle. Il ne pleuvait plus, l’orage ne grondait pas. Aucun signe quelconque de paranormal. Etait-ce définitivement la fin de tout espoir ? Aucun nouvel événement paranormal depuis le début de la soirée. Aucun résultat. Aucun échappatoire. Ma fixa avec des yeux ronds des arabesques se dessiner d’elles mêmes en partant de l’endroit où leurs mains étaient jointes. De son autre main tremblante, elle pointa sans toucher la table le dessin se former lentement dans le cercle, les mots étant restés prisonniers de sa gorge. Chacun tourna les yeux vers le motif compliqué qui prenait vie sur la table. Le Kanar étouffa une exclamation de surprise, et Dur Estel, lui, ne cacha pas une lueur vive d’intérêt. Angel Aeris retira vivement sa main du centre du cercle et recula, fébrile. Les cinq autres personnes rompirent immédiatement le contact alors qu’une lumière orangée apparaissait à l’endroit même où ils avaient précédemment posé leurs mains.
« Il était temps… Je me demandais quand nous allions enfin prendre contact. »
La voix masculine était effrayante. Stéréotypée, à savoir caverneuse et grave, mais effrayante. Une ombre capée jaillit hors de la lumière orangée, l’image qu’elle projetait au centre de la table était incertaine, même ses contours s’effaçaient par endroit, comme un hologramme peu net. Dur Estel tomba sur sa chaise, les yeux grands ouverts, en état de choc.
« Je vous en prie, asseyez-vous, tous. Nous avons à nous entretenir pendant un certain temps.
-Qui êtes-vous ? osa enfin demander Popolman.
-Oh c’est toi, médium… tu es celui qui m’a invoqué. Sachez avant tout que je suis votre ami, et que ces pouvoirs sont un cadeau de ma part. Vous n’avez rien besoin de savoir de plus.
-Qui êtes-vous ? recommença Ma.
-Et toi, tu as organisé cette répartition d’énergie parfaite pour que je puisse vous apparaître… bien… très bien…
-Mais enfin, allez-vous répondre à notre question ? demanda le Kanar.
-Peu importe qui je suis, nous n’avons pas le temps pour ces broutilles. Revenons à vous. »
La voix déclinait effectivement en puissance. Ils se turent alors que « l’ombre » entamait une longue tirade.
« Vos expériences avec la Mort ont troublé les Esprits de vos Aïeux. Le Monde des Morts entier s’en est trouvé ébranlé. Vos escapades impromptues dérangent les âmes. Mais pire encore, vous avez ouvert des brèches vers votre Monde. En troublant le cycle de la Vie, et en ramenant vos camarades imprudents, vous avez ouvert autant de portes qui permettent de circuler entre nos deux Mondes. Ainsi lorsque les imprudents voyageurs n’ont pu emprunter la porte vers le Monde des Vivants, s’en est échappé une créature impure. Ces créatures vagabondent maintenant dans votre Monde…
-Une minute, interrompit Popolman. Il n’y a pas qu’un monde des morts à notre connaissance. Il y a autant de mondes que de circonstances différentes de morts. Que voulez-vous nous faire croire avec vos portes ?
-Tu es perspicace, médium. Effectivement, il existe de nombreux Mondes différents à l’échelle de celui où j’erre actuellement. Mais les conséquences de votre circulation entre ces différents Mondes restent les mêmes. Vous avez provoqué des Bouleversements dont vous n’avez pas une seule idée. A cause de votre inconscience, des Etres malveillants ont rejoint votre Monde.
-Des êtres malveillants ? s’étrangla le Kanar.
-Oui… Alors que les incarnations virtuelles de vos camarades les assistent lorsqu’ils séjournent dans Nos Mondes, des incarnations maléfiques ont été libérées dans votre Monde.
-Pourquoi ? Que veulent-ils ? Où sont-ils ?
-J’ignore où ils se trouvent actuellement. Mais vous avez été choisis. Vous six… attendez… murmura la silhouette en se tournant vers le Kanar. »
Les regards convergèrent vers le jeune homme, qui manifestait autant de surprise que les autres.
« Tu n’as pas été Elu, déclara l’ombre d’une voix tremblante.
-De quoi de quoi ? s’exclama le Kanar.
-Peu importe. Il est important que vous écartiez les innocents. La Voie où nous nous engagerons ensemble est dangereuse et…
-Et si nous refusons ? fit Popolman sur un ton de défi.
-Vous êtes en danger. De mort. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris. Vous n’avez pas le choix. Médium, tu devrais l’avoir déjà réalisé. »
Popolman se tut et baissa légèrement les yeux. Les deux jeunes filles reculèrent au fond de leur chaise, les mains toujours posées sur la table. Le Kanar était encore trop surpris pour réagir. A côté de lui, Dur Estel prit la parole, avide d’en savoir plus.
« Nous avons été Elus ? demanda-t-il, fébrile.
-Vous avez été Elus, effectivement. Maintenant que nous nous sommes rencontrés, je peux vous remettre vos pleins pouvoirs, pour lutter contre le Mal qui vous guette.
-Quelles sont ces incarnations du mal ? enchaîna Dur Estel.
-Excellente question, sage Elfe. Elles sont des incarnations de ce que vous-même avez créé dans le monde virtuel. Alors que les incarnations virtuelles de vos camarades morts sont obligées de rester dans notre Monde, les vôtres ont été corrompues par les vices, leurs vertus les ayant quittés pour venir vous habiter. Ce sont vos propres créations, maintenant hantées par la haine et le désir de pouvoir, qui sont venues dans votre Monde. C’est pourquoi vous seuls étiez aptes à les arrêter. »
Un silence s’imposa autour de la table. L’ombre se fit de moins en moins nette.
« Je n’ai plus beaucoup de temps. Le chaos a aussi envahi notre Monde. Je vous remets votre dû. Puisse la Chance vous guider.
-Attendez ! s’exclama Angel Aeris. Où sont nos amis ? Ceux qui visitent les Morts ? Prouvez nous au moins qu’ils vont bien ! Qui nous dit que ce que vous dites est vrai ? »
L’ombre se tourna lentement, ses contours s’effaçant à chacun de ses mouvements, pour faire face à la jeune fille, qui levait un regard suppliant vers l’entité immatérielle.
« Tu es une fée fougueuse. Soit, puisque tel est ton vœu, je peux vous l’accorder pour preuve de ma bonne foi. Voyez vos amis perdus. Mais il nous reste peu de temps. Lors je dois disparaître, et l’énergie que vous avez réunie n’est pas suffisante pour leur parler. »
L’ombre disparut, pour laisser place à une autre image, du même type, peu nette, ressemblant toujours à un hologramme, une ouverture vers un autre monde. Au milieu d’un champ de verdure, sous un grand arbre, se tenait un homme, jeune adulte vêtu de noir, aux longs cheveux blonds, armé d’une faux. Popolman, Dur Estel et Ma poussèrent une exclamation de surprise en reconnaissant Aran Valentine, sous son apparence virtuelle. Le regard sombre d’Angel Aeris était rivé sur la tombe blanche à côté de laquelle leur camarade, parti depuis à peine quelques jours, se tenait.
« Il ne tient qu’à vous de réussir la mission pour laquelle vous avez été Elus. Votre avenir en dépend.
-Attendez ! Attendez, à qui est cette tombe ? Où sont Aran Valentine et les autres ? Répondez ! s’écria Angel Aeris en se levant de sa chaise. »
Il n’y eut aucune réponse. Le silence s’installa de nouveau.
Lorsque l’atmosphère pesante quitta la pièce et que toute ombre paranormale eut disparu, Ma saisit un canif ouvre-lettre et Klenval un grand couteau de cuisine. Popolman contempla d’un air désabusé un stylo, tandis qu’Angel Aeris touchait pensivement du bout du doigt une fourchette. Dur-Estel fixa abasourdi le vide sur la table devant lui. Un bruit dans le vestibule d’entrée les sortit brutalement de leur torpeur et ils saisirent leurs armes de fortune. C’était donc ça les pleins pouvoirs ? Dur Estel voulut en rire. Le cri de Ma l’interrompit net dans son élan.
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« NICOLAS ! Où est Nicolas ? demanda-t-elle avec une lueur folle dans les yeux. »
Ils se précipitèrent dans le vestibule, où le garçon brun était en train de ranger ses affaires précipitamment avec l’intention de disparaître au plus vite. Angel Aeris l’attrapa par l’épaule et il laissa échapper une exclamation à la fois surprise et contrariée.
« Attendez, mais qu’est-ce que vous allez…
-C’est à toi qu’on pose la question, où tu allais comme ça ? répliqua Dur Estel, furieux, à la fois par l’absence de son plein pouvoir et par la fuite de voleur du Kanar.
-Mais je… »
Ma claqua des doigts sans lui laisser le temps de dire un mot de plus. Popolman, Dur Estel et Klenval la regardèrent abasourdis, alors que le Kanar ouvrait puis refermait la porte derrière lui, les yeux vides, et sa mémoire altérée.
« Mais pourquoi avez-vous… commença Popolman.
-Il est… continua Klenval.
-On ne pouvait pas lui permettre de repartir après tout ça pour en parler à Satana, tenta de se justifier Angel Aeris.
-Mais Satana aurait largement pu nous aider à régler le problème de nos créations maléfiques ! protesta Dur Estel.
-Faux ! Satana aurait vu là le moyen d’ouvrir des portes, exactement comme Nicolas l’a dit tout à l’heure. Plus on ouvrira de portes et plus on aura de problèmes, vous n’avez pas encore compris ça ? reprit Ma.
-Mais les gens continuent de mourir et de revenir du côté de Dragon Noir ! rétorqua Popolman.
-La vérité c’est que… commença Angel Aeris. La vérité c’est que Nicolas n’a pas l’air d’avoir une telle rancune envers Raphaël. Et ça, ça me chiffonne. Je ne sais pas ce qu’il veut.
-On ne saura jamais maintenant, fit Klenval.
-On ne peut pas révéler à tout le monde et n’importe qui qu’on a des pouvoirs dont on veut se débarrasser. Vous le comprenez ça, j’espère ? déclara Ma en les regardant chacun à leur tour. »
Ils hochèrent la tête affirmativement, sans grande conviction. Une autre chose revint à l’esprit de Popolman alors qu’ils rangeaient le matériel et décorum de l’invocation. L’esprit, ou la chose qui leur avait parlé, avait bien mentionné six personnes élues ?
Angel Aeris replia à nouveau la lettre qu’elle avait relue pour la énième fois. Qui était mort ? Pourquoi une tombe blanche ? Pourquoi seul Aran se trouvait devant ? Night Beast aurait-il pu être…
Ils se précipitèrent dans le vestibule, où le garçon brun était en train de ranger ses affaires précipitamment avec l’intention de disparaître au plus vite. Angel Aeris l’attrapa par l’épaule et il laissa échapper une exclamation à la fois surprise et contrariée.
« Attendez, mais qu’est-ce que vous allez…
-C’est à toi qu’on pose la question, où tu allais comme ça ? répliqua Dur Estel, furieux, à la fois par l’absence de son plein pouvoir et par la fuite de voleur du Kanar.
-Mais je… »
Ma claqua des doigts sans lui laisser le temps de dire un mot de plus. Popolman, Dur Estel et Klenval la regardèrent abasourdis, alors que le Kanar ouvrait puis refermait la porte derrière lui, les yeux vides, et sa mémoire altérée.
« Mais pourquoi avez-vous… commença Popolman.
-Il est… continua Klenval.
-On ne pouvait pas lui permettre de repartir après tout ça pour en parler à Satana, tenta de se justifier Angel Aeris.
-Mais Satana aurait largement pu nous aider à régler le problème de nos créations maléfiques ! protesta Dur Estel.
-Faux ! Satana aurait vu là le moyen d’ouvrir des portes, exactement comme Nicolas l’a dit tout à l’heure. Plus on ouvrira de portes et plus on aura de problèmes, vous n’avez pas encore compris ça ? reprit Ma.
-Mais les gens continuent de mourir et de revenir du côté de Dragon Noir ! rétorqua Popolman.
-La vérité c’est que… commença Angel Aeris. La vérité c’est que Nicolas n’a pas l’air d’avoir une telle rancune envers Raphaël. Et ça, ça me chiffonne. Je ne sais pas ce qu’il veut.
-On ne saura jamais maintenant, fit Klenval.
-On ne peut pas révéler à tout le monde et n’importe qui qu’on a des pouvoirs dont on veut se débarrasser. Vous le comprenez ça, j’espère ? déclara Ma en les regardant chacun à leur tour. »
Ils hochèrent la tête affirmativement, sans grande conviction. Une autre chose revint à l’esprit de Popolman alors qu’ils rangeaient le matériel et décorum de l’invocation. L’esprit, ou la chose qui leur avait parlé, avait bien mentionné six personnes élues ?
Angel Aeris replia à nouveau la lettre qu’elle avait relue pour la énième fois. Qui était mort ? Pourquoi une tombe blanche ? Pourquoi seul Aran se trouvait devant ? Night Beast aurait-il pu être…
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Hmm...
Si élus ?
On a 5... apparitions. (Maléfiques ? Mouais, ça sent lk'arnaque, cette affaire)
Une par "créateur" ? Bizarre, parce que Stef', si c'est l'original, il appartient à Darko. Naoko pour AA', L'ermite pour Remy... Reste Ma, DE et Klenval. Hmm... Uriel pour Klenval, si je me réfère à son perso "type". Me reste un perso inconnu, mâle manifestement... Et un manque. Plus un intrus.
Parce que Omega, bah... C'est ma double, quoi. Ma jumelle à moi que j'affectionne.
Hmm...
Bon, bah j'ai plus qu'à attendre, en somme. En plus, j'apparais de temps à autre. Bon pour mon égo, ça.
..
"Sage elfe"... Mwa ha ha ha.
Ca sent l'embrouille, vraiment. L'ombre trop trop mystérieuse qui dit à DE "sage", c'est comme le mec qui parle d'un Klenval modeste. C'est louche.
*Sifflote*
Si élus ?
On a 5... apparitions. (Maléfiques ? Mouais, ça sent lk'arnaque, cette affaire)
Une par "créateur" ? Bizarre, parce que Stef', si c'est l'original, il appartient à Darko. Naoko pour AA', L'ermite pour Remy... Reste Ma, DE et Klenval. Hmm... Uriel pour Klenval, si je me réfère à son perso "type". Me reste un perso inconnu, mâle manifestement... Et un manque. Plus un intrus.
Parce que Omega, bah... C'est ma double, quoi. Ma jumelle à moi que j'affectionne.
Hmm...
Bon, bah j'ai plus qu'à attendre, en somme. En plus, j'apparais de temps à autre. Bon pour mon égo, ça.
..
"Sage elfe"... Mwa ha ha ha.
Ca sent l'embrouille, vraiment. L'ombre trop trop mystérieuse qui dit à DE "sage", c'est comme le mec qui parle d'un Klenval modeste. C'est louche.
*Sifflote*
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Cinquième jour : Pulsions
A ma chère folle
« Mais tenez-le, bon sang ! »
Je n’sais pas vraiment par quoi commencer.
« Qu’est-ce que tu dis, papa ? »
Peut-être par pardon.
« C’est ma robe.
-Parce que je…
-J’en crevais de te rencontrer, tu sais ? Même si…
-Enfoiré… Mais si Il le découvrait…
-Ce n’était pas tout à fait prévu…
-Qui sont ces gens ?
-Maintenant on ne se quittera plus, comme… »
Angel Aeris se réveilla en sursaut, la planche et le stylo tombèrent sur le sol dans un bruit creux alors qu’elle s’asseyait hâtivement sur son lit. Elle se pencha et ramassa le papier qu’elle avait gardé alors qu’elle plongeait dans le sommeil. Un gribouillis incompréhensible qu’elle reconnut comme le sien avait rempli la feuille vierge. A l’exception de deux mots lisibles. « deux sœurs » lut-elle à haute voix, provoquant un grognement de la part de Popolman qui dormait encore dans un semi sommeil agité.
« Maintenant on ne se quittera plus … murmura-t-elle dans la nuit. Comme deux sœurs.»
Ma examina suspicieusement son ouvre lettres sous tous les angles possibles et imaginables, et réussit même à en trouver certains non découverts à ce jour. Elle le brandit avec la posture la plus grotesque qu’elle pu prendre. La lame se trouva à quelques centimètres du nez de Dur Estel, qui ne broncha pas et la détourna de son index droit avec un air blasé.
« Tu vas finir par balafrer quelqu’un, maugréa Angel Aeris.
-Au moins on aurait une preuve de son utilité, répliqua Ma, fâchée, en agitant sa lame dans tous les sens. C’était ça ses pleins pouvoirs ? Que veut-il qu’on fiche avec ça ? Ce truc n’est même pas foutu de s’enfoncer dans un millimètre de peau !
-On devrait garder notre « arme » sur nous en permanence, reprit Popolman, après un court silence. Peut être que le pouvoir ne se manifeste qu’en présence de ces incarnations virtuelles qui nous veulent du mal.
-Peut être qu’on ne sait simplement pas s’en servir, rétorqua Dur Estel durement. »
Il avait très mal accusé le coup de ne pas se voir octroyer une seule arme, aussi misérable et ridicule qu’elle soit. Il se vanta, soi-disant que son plein pouvoir était déjà en lui et qu’il n’avait pas besoin d’une babiole pour s’en servir, mais ses affirmations n’étaient finalement que de piètres consolations pour son amour-propre, profondément blessé. Angel Aeris lança une feuille au milieu de la table, apparemment le fruit de ses révélations nocturnes, ou plutôt de ses délires de minuit.
« Deux sœurs, lut Ma platement.
-Tu t’es lancée dans l’art abstrait, lança Klenval avec un sarcasme à peine dissimulé. Mais tes goûts artistiques ne regardent que toi, tu sais…
-C’est de l’écriture automatique, déclara Dur Estel en ignorant Klenval.
-Effectivement, confirma l’auteur du gribouillis.
-Et qu’est-ce que ça veut dire ? bougonna Dur Estel de nouveau.
-Vous vous souvenez de ce que je vous ai raconté à propos de Naori Genoko ? demanda Angel Aeris.
-Ta sœur virtuelle ? demanda Ma.
-Oui.
-Et bien ? s’impatienta Dur Estel.
-J’ai encore rêvé hier, j’ai entendu des trucs bizarres. J’ai entendu… »
Elle se racla le fond de la gorge avant de reprendre lentement, comme si elle pesait chacun de ses mots.
« J’ai entendu la voix de Romain, Aran Valentine plutôt… Celle de Night Beast. Et encore une fois celle de Naori. Pourtant quelque chose ne tourne pas rond. Sa voix était trop basse pour que ce soit vraiment elle.
-Basse ? Dans quel sens ? s’enquit Popolman.
-Pas assez aigue plutôt. Et trop calme.
-Quel est le rapport avec tes gribouillis nocturnes ?
-Eh bien… La dernière phrase que j’ai entendue était : « Maintenant on ne se quittera plus, comme… » »
Elle laissa la phrase en suspens, alors que Dur Estel se penchait vers elle, comme pour mieux entendre une éventuelle fin qu’elle aurait chuchotée. Elle s’écarta vivement, par réflexe.
« Comme quoi alors ? s’exclama Klenval. »
Ma le tira par la manche et lui indiqua la feuille qu’il avait précédemment qualifiée d’abstraite. Et même si le mot pouvait comporter une once de sentiments positifs et artistiques, il l’avait pensé dans le sens le plus dégradant et ironique qui puisse exister dans le monde contemporain du dessin. Les rêves, l’écriture automatique… tout cela avait autant de sens pour lui qu’un mulet mangeant du fromage. Rien du tout. Parfois, il se demandait même si cette fille ne les menait pas en bateau, surtout Ma, qui était malheureusement plutôt confiante et crédule. Il se laissait toujours convaincre par sa petite amie, mais cette fois, l’adolescente attardée qui se trouvait être sa correspondante favorite avait peut être poussé le bouchon un peu loin avec l’autre garçon. L’autre homme. Il avait l’impression que ces trois-là s’étaient fait la promesse sur l’un de leurs écrits (et il savait à quel point les écrits de Dur-Estel et d’Angel Aeris pouvaient leur être précieux, à l’un comme à l’autre) de lui pourrir son moral pendant toute la semaine. L’unique semaine, d’ailleurs, qu’il pouvait passer en compagnie de Ma.
« Comme deux sœurs, donc, déclara-t-il lentement.
-Exact. Le problème, c’est que je n’ai pas encore rencontré Naori. Qui peut donc ne pas nous quitter, comme si c’était ma sœur ? »
Chacun se regarda sans comprendre. Angel Aeris rangea la feuille en silence, sans remarquer le regard condescendant que lui avait lancé Klenval. Popolman posa son menton entre son index et son pouce, consciencieusement, les sourcils froncés.
« Et si on commençait par un problème à la fois ? dit-il soudainement. Les pleins pouvoirs, puis cette histoire d’incarnation maléfique ?
-Et pourquoi pas le contraire ? répliqua Dur Estel. Je suis certain qu’une fois qu’on aura retrouvé les êtres que nous avons créés, on saura se servir de nos pouvoirs…
-Alors qu’est-ce que tu proposes ? reprit Popolman, qui apparemment était d’humeur particulièrement clémente.
-Répartissons-nous les quartiers de Paris. Nous parcourrons pendant la journée les arrondissements, en cherchant ces personnages. On se donne rendez vous vers quinze heures l’après-midi pour voir ce que ça donne, déclara Dur Estel sur un ton de meneur qui ne convainquit hélas personne.
-Quinze heures ? Bien trop tard, objecta Popolman. On ne peut pas se permettre de perdre autant de temps pour les chercher. Treize heures, pas plus. On se retrouve pour manger, ça sera plus simple. En attendant si on croise quelqu’un et qu’il nous attaque, il va falloir fuir. »
Dur Estel renifla avec mépris à cette idée, et détourna le regard vers la fenêtre, comme si ce genre d’initiative ne devait pas le concerner.
« Maintenant échangeons nous les descriptions de nos personnages, ce sera plus facile, suggéra Klenval.
-Déjà il y a Onega, ou plutôt Omega, commença Popolman. Omega Hawwa. Je pense qu’il n’y a plus de doute possible, on avait déjà rencontré un de nos ennemis deux jours plus tôt.
-Ce qui expliquerait que j’ai entendu sa voix dans ma tête… dit Angel Aeris.
-Mais dans ce cas, pourquoi ne nous a-t-elle pas attaqués ? N’était-ce pas le but de ces personnages virtuels de nous détruire ? Et puis elle n’est la création de personne d’entre nous, remarqua timidement Ma.
-Peut être qu’elle était venue en éclaireur, une sorte de membre bonus. Et dans ce cas, on a une longueur de retard sur eux, ce qui n’est pas négligeable. Raison de plus pour se dépêcher, répondit Dur Estel avec impatience. »
Angel Aeris soupira, agacée d’entendre les interventions de plus en plus fréquentes de Dur Estel, qui tentait de se donner une importance qu’il n’avait pas et était loin d’avoir. Elle préférait encore l’époque où il se taisait en faisant mine de ne pas appartenir au groupe. Avait-elle fait le mauvais choix en faisant appel à lui ? Finalement, ses pouvoirs n’avaient servi qu’à retrouver Razaël Aurélie, pour mieux se voir lancer en pleine face la réalité des choses. Ils étaient dans une impasse et personne ne pouvait vraiment les en sortir. Que faisait-il avec eux ? Pourquoi était-il présent dans les moments il ne devait pas l’être ?
« J’ai un double virtuel, déclara lentement Popolman. Un paladin, borgne, avec un look d’Auron. Des cicatrices sur le visage. On ne peut pas le manquer normalement.
-Auron ? demanda Ma.
-Ici, répondit Angel Aeris en tournant l’écran de l’ordinateur vers les autres membres du groupe.
-J’avais oublié les lunettes noires, précisa Popolman en regardant songeusement le dessin de l’homme vêtu de rouge qui apparaissait à l’écran.
-Le personnage de Klenval virtuel qui me représente dans les forums me ressemble plus ou moins. Un grand, brun, cheveux longs, plutôt beau gosse. Bronzé, ajouta-t-il. Je pense qu’il sera possible de le reconnaître à ses bras musclés et au fait qu’il drague toute personne de sexe féminin qui passe dans son champ de vision. »
Dur Estel renifla à nouveau avec mépris. Il commença à faire l’inventaire des affaires contenues dans son sac, quand Angel Aeris l’interrompit en pointant du doigt un objet allongé. Un sabre.
« Dis donc, Joffrey, tu te promènes avec ce genre de choses sur toi ? commenta Klenval, moqueur.
-J’ai bien fait, soutint Dur Estel en sortant d’un air triomphant le sabre. J’ai compris maintenant pourquoi je n’ai pas reçu d’arme ridicule. J’en avais déjà une digne de ce nom. Avec ça, aucun être maléfique quel qu’il soit ne pourra m’attaquer. Notre allié est un génie, conclut-il avec autant de fierté que si ce dernier compliment s’était adressé à lui-même.
-On verra ça, fit Ma en balayant d’un geste une poussière imaginaire, pendant que Klenval levait les yeux au ciel. Pour ma part, ma personnalité virtuelle est relativement proche de la mienne aussi, un poil plus dérangée, et en version rousse. Elle a des lunettes et un appareil photo la plupart du temps. J’espère qu’elle ne se fondra pas dans la masse des touristes à Paris… »
Popolman pensa furtivement qu’elle était déjà un excellent spécimen atteint de dérangement mental, avant de reporter son attention sur Dur Estel qui s’était découvert un amour soudain pour les sabres, en particulier pour son sabre.
« Ma représentation virtuelle est un elfe, blond donc, avec des oreilles pointues comme vous le savez. Vu le temps, il est probable qu’il porte un bonnet vert. Des cheveux longs, tressés, et de longues jambes… facilement repérable donc.
-Sauf s’il se cache dans les quartiers gays, souffla Angel Aeris assez fort pour que les quatre personnes présentes puissent l’entendre. »
Klenval éclata d’un rire méprisant et Ma contint un gloussement poli.
« C’est un guerrier, il ne se cachera pas ! affirma Dur Estel en bombant le torse et en tapant sur le sol avec le fourreau de son sabre.
-On verra, répéta Ma. Bien, et toi Flo ?
-Ma… Naori, la fille que j’entends dans mes rêves, est relativement jeune. Elle a les cheveux longs, bouclés, bleus…
-Bleus ! s’exclama Klenval. Hé ben, ça ne devrait pas être trop compliqué.
-Shh, Greg, fit Ma. Rappelle toi qu’Onega a apparemment tenté de se teindre les cheveux…
-Elle a un visage très enfantin et une peau blanche à la limite de la couleur de peau d’Omega. Je pense qu’elle sera habillée dans un style gothique. Ou en écolière asiatique, poursuivit Angel Aeris.
-Un coup à se faire violer en pleine rue, ça, commenta à nouveau Klenval.
-Ne généralise pas ton cas à tout le monde, Greg, répliqua Dur Estel. La plupart des gens réfrènent leurs pulsions primaires. »
Klenval lui jeta un regard plus noir que le plus profond des abysses sous-marins.
« Elle est… assez instable mentalement, je crois. Son visage en témoigne… continua Angel Aeris avec quelques hésitations.
-Et ta personnalité virtuelle ? demanda Popolman.
-Je… je sais pas pourquoi, je pense qu’elle n’est pas dans l’équipe ennemie, répondit la jeune fille.
-Ah ça alors… et pourquoi ? s’enquit Dur Estel.
-Elle est… « morte ». C’est ce qui était dit dans mon rêve. La sœur de Naori est morte. Sa sœur, c’est ma personnalité virtuelle. »
Dur Estel ferma son sac, se leva et prit la main d’Angel Aeris pour « l’aider » à se lever.
« Allons-y alors, nous n’avons plus une minute à perdre. »
Elle se libéra de sa poigne une fois de plus. Le chef elfe ne broncha pas et lui répliqua par un sourire enjôleur troublant d’hypocrisie.
« On va les mettre hors d’état de nuire, je te le promets, crut-il bon d’ajouter comme pour la rassurer, en chuchotant à son oreille. »
Angel Aeris ne répondit pas, le sang battait furieusement à ses tempes, elle détourna son regard surpris par tant d’effronterie de la part de Dur Estel. Elle courut à la salle de bains, prétextant un tour au petit coin avant de partir et les engagea à partir avant elle, elle prendrait la route avec Popolman. Elle avait chaud. Le sang faisait rougir sa figure d’un sentiment étrange et curieusement familier. Elle déboutonna sa chemise et ses yeux s’ouvrirent de stupeur en voyant un signe de forme caractéristique sur sa peau. Elle s’y refusa et ferma sa chemise. Il n’était pas trop tard. Il n’était jamais trop tard.
A ma chère folle
« Mais tenez-le, bon sang ! »
Je n’sais pas vraiment par quoi commencer.
« Qu’est-ce que tu dis, papa ? »
Peut-être par pardon.
« C’est ma robe.
-Parce que je…
-J’en crevais de te rencontrer, tu sais ? Même si…
-Enfoiré… Mais si Il le découvrait…
-Ce n’était pas tout à fait prévu…
-Qui sont ces gens ?
-Maintenant on ne se quittera plus, comme… »
Angel Aeris se réveilla en sursaut, la planche et le stylo tombèrent sur le sol dans un bruit creux alors qu’elle s’asseyait hâtivement sur son lit. Elle se pencha et ramassa le papier qu’elle avait gardé alors qu’elle plongeait dans le sommeil. Un gribouillis incompréhensible qu’elle reconnut comme le sien avait rempli la feuille vierge. A l’exception de deux mots lisibles. « deux sœurs » lut-elle à haute voix, provoquant un grognement de la part de Popolman qui dormait encore dans un semi sommeil agité.
« Maintenant on ne se quittera plus … murmura-t-elle dans la nuit. Comme deux sœurs.»
Ma examina suspicieusement son ouvre lettres sous tous les angles possibles et imaginables, et réussit même à en trouver certains non découverts à ce jour. Elle le brandit avec la posture la plus grotesque qu’elle pu prendre. La lame se trouva à quelques centimètres du nez de Dur Estel, qui ne broncha pas et la détourna de son index droit avec un air blasé.
« Tu vas finir par balafrer quelqu’un, maugréa Angel Aeris.
-Au moins on aurait une preuve de son utilité, répliqua Ma, fâchée, en agitant sa lame dans tous les sens. C’était ça ses pleins pouvoirs ? Que veut-il qu’on fiche avec ça ? Ce truc n’est même pas foutu de s’enfoncer dans un millimètre de peau !
-On devrait garder notre « arme » sur nous en permanence, reprit Popolman, après un court silence. Peut être que le pouvoir ne se manifeste qu’en présence de ces incarnations virtuelles qui nous veulent du mal.
-Peut être qu’on ne sait simplement pas s’en servir, rétorqua Dur Estel durement. »
Il avait très mal accusé le coup de ne pas se voir octroyer une seule arme, aussi misérable et ridicule qu’elle soit. Il se vanta, soi-disant que son plein pouvoir était déjà en lui et qu’il n’avait pas besoin d’une babiole pour s’en servir, mais ses affirmations n’étaient finalement que de piètres consolations pour son amour-propre, profondément blessé. Angel Aeris lança une feuille au milieu de la table, apparemment le fruit de ses révélations nocturnes, ou plutôt de ses délires de minuit.
« Deux sœurs, lut Ma platement.
-Tu t’es lancée dans l’art abstrait, lança Klenval avec un sarcasme à peine dissimulé. Mais tes goûts artistiques ne regardent que toi, tu sais…
-C’est de l’écriture automatique, déclara Dur Estel en ignorant Klenval.
-Effectivement, confirma l’auteur du gribouillis.
-Et qu’est-ce que ça veut dire ? bougonna Dur Estel de nouveau.
-Vous vous souvenez de ce que je vous ai raconté à propos de Naori Genoko ? demanda Angel Aeris.
-Ta sœur virtuelle ? demanda Ma.
-Oui.
-Et bien ? s’impatienta Dur Estel.
-J’ai encore rêvé hier, j’ai entendu des trucs bizarres. J’ai entendu… »
Elle se racla le fond de la gorge avant de reprendre lentement, comme si elle pesait chacun de ses mots.
« J’ai entendu la voix de Romain, Aran Valentine plutôt… Celle de Night Beast. Et encore une fois celle de Naori. Pourtant quelque chose ne tourne pas rond. Sa voix était trop basse pour que ce soit vraiment elle.
-Basse ? Dans quel sens ? s’enquit Popolman.
-Pas assez aigue plutôt. Et trop calme.
-Quel est le rapport avec tes gribouillis nocturnes ?
-Eh bien… La dernière phrase que j’ai entendue était : « Maintenant on ne se quittera plus, comme… » »
Elle laissa la phrase en suspens, alors que Dur Estel se penchait vers elle, comme pour mieux entendre une éventuelle fin qu’elle aurait chuchotée. Elle s’écarta vivement, par réflexe.
« Comme quoi alors ? s’exclama Klenval. »
Ma le tira par la manche et lui indiqua la feuille qu’il avait précédemment qualifiée d’abstraite. Et même si le mot pouvait comporter une once de sentiments positifs et artistiques, il l’avait pensé dans le sens le plus dégradant et ironique qui puisse exister dans le monde contemporain du dessin. Les rêves, l’écriture automatique… tout cela avait autant de sens pour lui qu’un mulet mangeant du fromage. Rien du tout. Parfois, il se demandait même si cette fille ne les menait pas en bateau, surtout Ma, qui était malheureusement plutôt confiante et crédule. Il se laissait toujours convaincre par sa petite amie, mais cette fois, l’adolescente attardée qui se trouvait être sa correspondante favorite avait peut être poussé le bouchon un peu loin avec l’autre garçon. L’autre homme. Il avait l’impression que ces trois-là s’étaient fait la promesse sur l’un de leurs écrits (et il savait à quel point les écrits de Dur-Estel et d’Angel Aeris pouvaient leur être précieux, à l’un comme à l’autre) de lui pourrir son moral pendant toute la semaine. L’unique semaine, d’ailleurs, qu’il pouvait passer en compagnie de Ma.
« Comme deux sœurs, donc, déclara-t-il lentement.
-Exact. Le problème, c’est que je n’ai pas encore rencontré Naori. Qui peut donc ne pas nous quitter, comme si c’était ma sœur ? »
Chacun se regarda sans comprendre. Angel Aeris rangea la feuille en silence, sans remarquer le regard condescendant que lui avait lancé Klenval. Popolman posa son menton entre son index et son pouce, consciencieusement, les sourcils froncés.
« Et si on commençait par un problème à la fois ? dit-il soudainement. Les pleins pouvoirs, puis cette histoire d’incarnation maléfique ?
-Et pourquoi pas le contraire ? répliqua Dur Estel. Je suis certain qu’une fois qu’on aura retrouvé les êtres que nous avons créés, on saura se servir de nos pouvoirs…
-Alors qu’est-ce que tu proposes ? reprit Popolman, qui apparemment était d’humeur particulièrement clémente.
-Répartissons-nous les quartiers de Paris. Nous parcourrons pendant la journée les arrondissements, en cherchant ces personnages. On se donne rendez vous vers quinze heures l’après-midi pour voir ce que ça donne, déclara Dur Estel sur un ton de meneur qui ne convainquit hélas personne.
-Quinze heures ? Bien trop tard, objecta Popolman. On ne peut pas se permettre de perdre autant de temps pour les chercher. Treize heures, pas plus. On se retrouve pour manger, ça sera plus simple. En attendant si on croise quelqu’un et qu’il nous attaque, il va falloir fuir. »
Dur Estel renifla avec mépris à cette idée, et détourna le regard vers la fenêtre, comme si ce genre d’initiative ne devait pas le concerner.
« Maintenant échangeons nous les descriptions de nos personnages, ce sera plus facile, suggéra Klenval.
-Déjà il y a Onega, ou plutôt Omega, commença Popolman. Omega Hawwa. Je pense qu’il n’y a plus de doute possible, on avait déjà rencontré un de nos ennemis deux jours plus tôt.
-Ce qui expliquerait que j’ai entendu sa voix dans ma tête… dit Angel Aeris.
-Mais dans ce cas, pourquoi ne nous a-t-elle pas attaqués ? N’était-ce pas le but de ces personnages virtuels de nous détruire ? Et puis elle n’est la création de personne d’entre nous, remarqua timidement Ma.
-Peut être qu’elle était venue en éclaireur, une sorte de membre bonus. Et dans ce cas, on a une longueur de retard sur eux, ce qui n’est pas négligeable. Raison de plus pour se dépêcher, répondit Dur Estel avec impatience. »
Angel Aeris soupira, agacée d’entendre les interventions de plus en plus fréquentes de Dur Estel, qui tentait de se donner une importance qu’il n’avait pas et était loin d’avoir. Elle préférait encore l’époque où il se taisait en faisant mine de ne pas appartenir au groupe. Avait-elle fait le mauvais choix en faisant appel à lui ? Finalement, ses pouvoirs n’avaient servi qu’à retrouver Razaël Aurélie, pour mieux se voir lancer en pleine face la réalité des choses. Ils étaient dans une impasse et personne ne pouvait vraiment les en sortir. Que faisait-il avec eux ? Pourquoi était-il présent dans les moments il ne devait pas l’être ?
« J’ai un double virtuel, déclara lentement Popolman. Un paladin, borgne, avec un look d’Auron. Des cicatrices sur le visage. On ne peut pas le manquer normalement.
-Auron ? demanda Ma.
-Ici, répondit Angel Aeris en tournant l’écran de l’ordinateur vers les autres membres du groupe.
-J’avais oublié les lunettes noires, précisa Popolman en regardant songeusement le dessin de l’homme vêtu de rouge qui apparaissait à l’écran.
-Le personnage de Klenval virtuel qui me représente dans les forums me ressemble plus ou moins. Un grand, brun, cheveux longs, plutôt beau gosse. Bronzé, ajouta-t-il. Je pense qu’il sera possible de le reconnaître à ses bras musclés et au fait qu’il drague toute personne de sexe féminin qui passe dans son champ de vision. »
Dur Estel renifla à nouveau avec mépris. Il commença à faire l’inventaire des affaires contenues dans son sac, quand Angel Aeris l’interrompit en pointant du doigt un objet allongé. Un sabre.
« Dis donc, Joffrey, tu te promènes avec ce genre de choses sur toi ? commenta Klenval, moqueur.
-J’ai bien fait, soutint Dur Estel en sortant d’un air triomphant le sabre. J’ai compris maintenant pourquoi je n’ai pas reçu d’arme ridicule. J’en avais déjà une digne de ce nom. Avec ça, aucun être maléfique quel qu’il soit ne pourra m’attaquer. Notre allié est un génie, conclut-il avec autant de fierté que si ce dernier compliment s’était adressé à lui-même.
-On verra ça, fit Ma en balayant d’un geste une poussière imaginaire, pendant que Klenval levait les yeux au ciel. Pour ma part, ma personnalité virtuelle est relativement proche de la mienne aussi, un poil plus dérangée, et en version rousse. Elle a des lunettes et un appareil photo la plupart du temps. J’espère qu’elle ne se fondra pas dans la masse des touristes à Paris… »
Popolman pensa furtivement qu’elle était déjà un excellent spécimen atteint de dérangement mental, avant de reporter son attention sur Dur Estel qui s’était découvert un amour soudain pour les sabres, en particulier pour son sabre.
« Ma représentation virtuelle est un elfe, blond donc, avec des oreilles pointues comme vous le savez. Vu le temps, il est probable qu’il porte un bonnet vert. Des cheveux longs, tressés, et de longues jambes… facilement repérable donc.
-Sauf s’il se cache dans les quartiers gays, souffla Angel Aeris assez fort pour que les quatre personnes présentes puissent l’entendre. »
Klenval éclata d’un rire méprisant et Ma contint un gloussement poli.
« C’est un guerrier, il ne se cachera pas ! affirma Dur Estel en bombant le torse et en tapant sur le sol avec le fourreau de son sabre.
-On verra, répéta Ma. Bien, et toi Flo ?
-Ma… Naori, la fille que j’entends dans mes rêves, est relativement jeune. Elle a les cheveux longs, bouclés, bleus…
-Bleus ! s’exclama Klenval. Hé ben, ça ne devrait pas être trop compliqué.
-Shh, Greg, fit Ma. Rappelle toi qu’Onega a apparemment tenté de se teindre les cheveux…
-Elle a un visage très enfantin et une peau blanche à la limite de la couleur de peau d’Omega. Je pense qu’elle sera habillée dans un style gothique. Ou en écolière asiatique, poursuivit Angel Aeris.
-Un coup à se faire violer en pleine rue, ça, commenta à nouveau Klenval.
-Ne généralise pas ton cas à tout le monde, Greg, répliqua Dur Estel. La plupart des gens réfrènent leurs pulsions primaires. »
Klenval lui jeta un regard plus noir que le plus profond des abysses sous-marins.
« Elle est… assez instable mentalement, je crois. Son visage en témoigne… continua Angel Aeris avec quelques hésitations.
-Et ta personnalité virtuelle ? demanda Popolman.
-Je… je sais pas pourquoi, je pense qu’elle n’est pas dans l’équipe ennemie, répondit la jeune fille.
-Ah ça alors… et pourquoi ? s’enquit Dur Estel.
-Elle est… « morte ». C’est ce qui était dit dans mon rêve. La sœur de Naori est morte. Sa sœur, c’est ma personnalité virtuelle. »
Dur Estel ferma son sac, se leva et prit la main d’Angel Aeris pour « l’aider » à se lever.
« Allons-y alors, nous n’avons plus une minute à perdre. »
Elle se libéra de sa poigne une fois de plus. Le chef elfe ne broncha pas et lui répliqua par un sourire enjôleur troublant d’hypocrisie.
« On va les mettre hors d’état de nuire, je te le promets, crut-il bon d’ajouter comme pour la rassurer, en chuchotant à son oreille. »
Angel Aeris ne répondit pas, le sang battait furieusement à ses tempes, elle détourna son regard surpris par tant d’effronterie de la part de Dur Estel. Elle courut à la salle de bains, prétextant un tour au petit coin avant de partir et les engagea à partir avant elle, elle prendrait la route avec Popolman. Elle avait chaud. Le sang faisait rougir sa figure d’un sentiment étrange et curieusement familier. Elle déboutonna sa chemise et ses yeux s’ouvrirent de stupeur en voyant un signe de forme caractéristique sur sa peau. Elle s’y refusa et ferma sa chemise. Il n’était pas trop tard. Il n’était jamais trop tard.
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Popolman déballa pour la dixième fois la carte en sortant du métro, bousculant quelques touristes. Angel Aeris le rattrapa en haut de l’escalier, le souffle court. Popolman sortit le stylo qu’il avait reçu la veille, quitte à recevoir un plein-pouvoir qui ne se manifestait pas, autant en tirer une utilité. Et son stylo écrivait, contrairement à la l’ouvre lettre de Ma, qui n’avait apparemment aucune utilité pratique au vue de sa lame émoussée. Il gribouilla rapidement la mention 8ème arrondissement d’un trait noir. La jeune fille soupira d’un air las.
« C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, comment veux tu qu’on y arrive ? Nous sommes cinq, eux sont six apparemment et il y a des millions de gens à Paris ! gémit-elle.
-Ecoute Koubio, si on commence à se plaindre, on n’est pas sortis de l’auberge, alors tu te bouges, et on va faire ce quartier-ci, fit-il en indiquant du doigt un quadrillage de rues, pendant qu’elle tenait l’autre bout de la carte. »
Le quartier était animé, les rues commerçantes bondées de touristes et de badauds qui déambulaient sans but. Angel Aeris attarda un regard de convoitise sur une vitrine de bijoux fantaisies avant de se faire tirer l’oreille par Popolman, lui rappelant leur mission, et la traîna au milieu de la chaussée de la rue quasi-piétonne. Une des rares voitures empruntant la rue et s’attirant les foudres au passage de tous les piétons habitués, résidant non loin de là, les obligea à retourner plus près du trottoir. Popolman fit une réflexion, en chemin, sur le fait que leurs ennemis ne chercheraient peut être pas à les rencontrer dans un endroit qui attirait foule, ne serait-ce que pour avoir plus de liberté de mouvement. La dernière rue déboucha sur une fontaine, proche d’un café. En plein été, la vue aurait sans doute été magnifique pour les rares clients qui avaient le courage de prendre leur café en terrasse, mais l’hiver n’apportait que les désagréments d’une ambiance permanente de gaz d’échappement et de voitures klaxonnant à tout-va, synonyme de stress et d’impatience. Popolman avisa un arbre pour ouvrir à nouveau sa carte, à l’abri des gens qui marchaient et se pressaient vers nulle part.
« Evidemment, quand on y pense ça paraît évident qu’ils n’iront pas non plus se montrer dans les endroits bondés, surtout si leur apparence est conforme à notre imagination, grommela l’homme. »
Angel Aeris remarqua une serveuse, blonde, plutôt mignonne d’ailleurs, servant un homme à la terrasse. Elle était jeune et souriante. Elle faisait sans doute un petit boulot. L’homme, tout à son admiration, voulut tendre le bras pour lui donner un pourboire, et poussant légèrement le poignet de la serveuse, la fit renverser le café brûlant sur son pantalon. Il pesta. Angel Aeris fit le tour de l’arbre, en entendant les injures de l’homme parvenir à ses oreilles. Quelqu’un la bouscula, et son sac à main glissa de son épaule sur le sol dans un bruit mat. Son portable était à l’intérieur, elle s’accroupit immédiatement pour vérifier son état, sans même prendre le temps d’injurier copieusement celui qui l’avait bousculée. Ce n’était pas son genre de toute manière.
« Excusez-moi, dit une voix masculine alors qu’elle ouvrait la fermeture éclair de son sac. »
Elle ne l’entendit pas et vérifia le fonctionnement de son téléphone. Après avoir tapoté sur quelques touches, elle entendit enfin sa voix.
« Désolé, il fonctionne encore j’espère ? »
« On dirait que je n’ai même pas eu à te chercher, déclara lentement Dur Estel en se mettant en position de garde, son sabre à la ceinture.
-Oui, c’est moi qui te cherchais, fit la jeune fille aux cheveux décolorés. »
Il fut déstabilisé par sa voix. La voix d’une gamine. De sept ans maximum. Quel contraste avec son apparence d’adolescente ! Il resta en position, fronçant les sourcils, montrant une méfiance mesurée.
« Ne sois pas méchant, Joffrey-kun ! Je ne veux pas te taper, ajouta-t-elle sur le même ton enfantin. »
Il crut un instant qu’elle se moquait de lui, comme dans les films où les mauvaises femmes prenaient des voix puériles pour faire comprendre au héros qu’il n’était qu’un enfant. Vu qu’il boycottait certains livres à succès de J.K.Rowling, il ne sût jamais que la comparaison au général en chef des armées ennemies dans ces livres s’avérait être la plus exacte dans ce cas de figure. Mais pour le moment, il s’en moquait et c’était bien le moins que cadet de ses soucis. Il posa la main sur la garde de son sabre.
« Je ne te laisserai pas semer le chaos dans notre monde ! rétorqua-t-il, fier de sa phrase d’esprit.
-Qui parle de chaos, Joffrey-kun ? Je veux t’aider ! s’exclama la jeune fille.
-Qui es-tu ? Que veux-tu faire dans ce monde ?
-Je suis Naori, répondit-elle. Et toi ? »
Il fut surpris. Baissa sa garde. Et la considéra longuement. Elle était jolie. Plus jolie qu’il ne l’aurait pensé, vu la description d’Angel Aeris. Il aimait les courbes sobres. Et les cheveux décolorés lui allaient bien.
« Je suis… commença-t-il. »
Maintenant… Maintenant il n’était plus « Joffrey » ce type qui se faisait marcher sur les pieds et ne plaisait pas aux femmes, à ces femmes qui se jouaient de lui. Se pouvait-il que Naori, un être virtuel, comprenne sa véritable identité ? Celle d’un chevalier preux, fidèle à des principes d’honneur, et vaillant au combat ? Se pouvait-il que sa question soit une main tendue pour l’aider à avancer avec l’aide de ses nouveaux pouvoirs ?
« Je suis… répéta-t-il. »
Naori se rapprocha de lui en souriant avec l’innocence d’un enfant qui faisait confiance à l’humanité et notamment à tous les adultes de son entourage, sans se douter que l’un d’entre eux pouvait abuser de cette crédulité. Il plongea son regard dans le sien. Elle avait des yeux verts profonds. Il aimait aussi les yeux verts.
« Je suis Dur-Estel, Général de Tsunaggar.
-Je suis Naori Genoko, Porteuse du Sceau de l’Eternité.
-Pourquoi es-tu venue ? demanda Dur-Estel d’une voix douce, en tendant la main pour tenter de la glisser entre les cheveux de la jeune fille qui s’était rapprochée.
-Je dois sauver ma sœur. Ne sois pas méchant, Estel-kun. »
Il aimait bien ce surnom. Devrait-il combattre cette fille, à l’avenir ? Devait-il la livrer à ses « camarades » ? Etait-ce bien la bonne voie qu’ils suivaient finalement ? Peut-être valait-il mieux suivre son instinct… et son instinct lui indiquait que cette fille était peut être celle qu’il avait toujours cherchée. Peut être l’aiderait-elle à atteindre cette réalité qui lui échappait.
« Où est-elle, ta sœur ? demanda-t-il.
-Toi, tu le sais. Je dois la trouver et pour ça…
-Pour ça ? répéta-t-il, avidement.
-Pour ça, je dois la trouver. »
Naori Genoko était déséquilibrée mentalement. Oh que oui, elle l’était. Mais elle semblait tellement en manque d’affection. C’était peut être même cela la raison de ses réactions. Elle se mit sur la pointe des pieds et déposa un baiser près de son oreille.
« Aide-moi, Estel-kun. Et tu trouveras la Vérité. »
Angel Aeris ouvrit des grands yeux stupéfaits. Une main à la peau de couleur sombre était tendue, au niveau de ses yeux. Sa voix… était irréelle. Elle releva les yeux. Elle entendit Popolman pester. Puis le néant. Aucun des bruits de la foule environnante ne lui parvint plus. Les yeux verts qu’elle venait de croiser l’appelaient. Ils lui enjoignirent de prendre la main tendue.
« Je peux vous aider à vous relever, mademoiselle ? »
Elle saisit la main offerte de sa main gauche, sans réfléchir, et se releva. Brun. Il portait des lunettes. Les images muettes défilèrent devant ses yeux ahuris. Une femme, brune, recevant une balle dans le dos, lui perforant la poitrine, un homme, brun, vêtu d’une blouse blanche, un garçon, blond, étendu sur le sol, son petit corps désarticulé. Arrêtez-le !… Je le tiens, il ne… Non ! Naryu ! Tu ne peux pas…parce que…Ne… me…
« ARRETEZ ! hurla Angel Aeris en prenant sa tête entre ses mains, tandis que les visions devenaient incontrôlables, envahissant son esprit sans qu’elle ne puisse avoir la moindre emprise sur elles. »
Elle tomba à genoux sur le sol, tandis que la tasse que tenait toujours la serveuse à la main éclatait violemment, la blessant aux bras et au visage, atteignant le client à la poitrine. Des cris de panique et de stupeur s’élevèrent. Popolman releva brusquement la tête, cherchant d’où provenait le bruit, quand la vitrine du café explosa dans un « bang » assourdissant. Les débris de verre touchèrent les passants, qui détalèrent dans des hurlements de terreur, criant à l’attentat. Popolman chercha Angel Aeris, qui se tenait toujours prostrée près de l’arbre. Il la saisit par le poignet et s’éloigna le plus vite possible du café, alors que des sirènes de police commençaient à se faire entendre. L’homme à lunettes observa la scène de loin, surveillant Popolman, qui jetait des coups d’œil affolés à droite et à gauche pour chercher la cause de l’explosion. Puis Stefen fit volte-face et repartit dans une rue adjacente, un sourire léger aux lèvres.
« C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, comment veux tu qu’on y arrive ? Nous sommes cinq, eux sont six apparemment et il y a des millions de gens à Paris ! gémit-elle.
-Ecoute Koubio, si on commence à se plaindre, on n’est pas sortis de l’auberge, alors tu te bouges, et on va faire ce quartier-ci, fit-il en indiquant du doigt un quadrillage de rues, pendant qu’elle tenait l’autre bout de la carte. »
Le quartier était animé, les rues commerçantes bondées de touristes et de badauds qui déambulaient sans but. Angel Aeris attarda un regard de convoitise sur une vitrine de bijoux fantaisies avant de se faire tirer l’oreille par Popolman, lui rappelant leur mission, et la traîna au milieu de la chaussée de la rue quasi-piétonne. Une des rares voitures empruntant la rue et s’attirant les foudres au passage de tous les piétons habitués, résidant non loin de là, les obligea à retourner plus près du trottoir. Popolman fit une réflexion, en chemin, sur le fait que leurs ennemis ne chercheraient peut être pas à les rencontrer dans un endroit qui attirait foule, ne serait-ce que pour avoir plus de liberté de mouvement. La dernière rue déboucha sur une fontaine, proche d’un café. En plein été, la vue aurait sans doute été magnifique pour les rares clients qui avaient le courage de prendre leur café en terrasse, mais l’hiver n’apportait que les désagréments d’une ambiance permanente de gaz d’échappement et de voitures klaxonnant à tout-va, synonyme de stress et d’impatience. Popolman avisa un arbre pour ouvrir à nouveau sa carte, à l’abri des gens qui marchaient et se pressaient vers nulle part.
« Evidemment, quand on y pense ça paraît évident qu’ils n’iront pas non plus se montrer dans les endroits bondés, surtout si leur apparence est conforme à notre imagination, grommela l’homme. »
Angel Aeris remarqua une serveuse, blonde, plutôt mignonne d’ailleurs, servant un homme à la terrasse. Elle était jeune et souriante. Elle faisait sans doute un petit boulot. L’homme, tout à son admiration, voulut tendre le bras pour lui donner un pourboire, et poussant légèrement le poignet de la serveuse, la fit renverser le café brûlant sur son pantalon. Il pesta. Angel Aeris fit le tour de l’arbre, en entendant les injures de l’homme parvenir à ses oreilles. Quelqu’un la bouscula, et son sac à main glissa de son épaule sur le sol dans un bruit mat. Son portable était à l’intérieur, elle s’accroupit immédiatement pour vérifier son état, sans même prendre le temps d’injurier copieusement celui qui l’avait bousculée. Ce n’était pas son genre de toute manière.
« Excusez-moi, dit une voix masculine alors qu’elle ouvrait la fermeture éclair de son sac. »
Elle ne l’entendit pas et vérifia le fonctionnement de son téléphone. Après avoir tapoté sur quelques touches, elle entendit enfin sa voix.
« Désolé, il fonctionne encore j’espère ? »
« On dirait que je n’ai même pas eu à te chercher, déclara lentement Dur Estel en se mettant en position de garde, son sabre à la ceinture.
-Oui, c’est moi qui te cherchais, fit la jeune fille aux cheveux décolorés. »
Il fut déstabilisé par sa voix. La voix d’une gamine. De sept ans maximum. Quel contraste avec son apparence d’adolescente ! Il resta en position, fronçant les sourcils, montrant une méfiance mesurée.
« Ne sois pas méchant, Joffrey-kun ! Je ne veux pas te taper, ajouta-t-elle sur le même ton enfantin. »
Il crut un instant qu’elle se moquait de lui, comme dans les films où les mauvaises femmes prenaient des voix puériles pour faire comprendre au héros qu’il n’était qu’un enfant. Vu qu’il boycottait certains livres à succès de J.K.Rowling, il ne sût jamais que la comparaison au général en chef des armées ennemies dans ces livres s’avérait être la plus exacte dans ce cas de figure. Mais pour le moment, il s’en moquait et c’était bien le moins que cadet de ses soucis. Il posa la main sur la garde de son sabre.
« Je ne te laisserai pas semer le chaos dans notre monde ! rétorqua-t-il, fier de sa phrase d’esprit.
-Qui parle de chaos, Joffrey-kun ? Je veux t’aider ! s’exclama la jeune fille.
-Qui es-tu ? Que veux-tu faire dans ce monde ?
-Je suis Naori, répondit-elle. Et toi ? »
Il fut surpris. Baissa sa garde. Et la considéra longuement. Elle était jolie. Plus jolie qu’il ne l’aurait pensé, vu la description d’Angel Aeris. Il aimait les courbes sobres. Et les cheveux décolorés lui allaient bien.
« Je suis… commença-t-il. »
Maintenant… Maintenant il n’était plus « Joffrey » ce type qui se faisait marcher sur les pieds et ne plaisait pas aux femmes, à ces femmes qui se jouaient de lui. Se pouvait-il que Naori, un être virtuel, comprenne sa véritable identité ? Celle d’un chevalier preux, fidèle à des principes d’honneur, et vaillant au combat ? Se pouvait-il que sa question soit une main tendue pour l’aider à avancer avec l’aide de ses nouveaux pouvoirs ?
« Je suis… répéta-t-il. »
Naori se rapprocha de lui en souriant avec l’innocence d’un enfant qui faisait confiance à l’humanité et notamment à tous les adultes de son entourage, sans se douter que l’un d’entre eux pouvait abuser de cette crédulité. Il plongea son regard dans le sien. Elle avait des yeux verts profonds. Il aimait aussi les yeux verts.
« Je suis Dur-Estel, Général de Tsunaggar.
-Je suis Naori Genoko, Porteuse du Sceau de l’Eternité.
-Pourquoi es-tu venue ? demanda Dur-Estel d’une voix douce, en tendant la main pour tenter de la glisser entre les cheveux de la jeune fille qui s’était rapprochée.
-Je dois sauver ma sœur. Ne sois pas méchant, Estel-kun. »
Il aimait bien ce surnom. Devrait-il combattre cette fille, à l’avenir ? Devait-il la livrer à ses « camarades » ? Etait-ce bien la bonne voie qu’ils suivaient finalement ? Peut-être valait-il mieux suivre son instinct… et son instinct lui indiquait que cette fille était peut être celle qu’il avait toujours cherchée. Peut être l’aiderait-elle à atteindre cette réalité qui lui échappait.
« Où est-elle, ta sœur ? demanda-t-il.
-Toi, tu le sais. Je dois la trouver et pour ça…
-Pour ça ? répéta-t-il, avidement.
-Pour ça, je dois la trouver. »
Naori Genoko était déséquilibrée mentalement. Oh que oui, elle l’était. Mais elle semblait tellement en manque d’affection. C’était peut être même cela la raison de ses réactions. Elle se mit sur la pointe des pieds et déposa un baiser près de son oreille.
« Aide-moi, Estel-kun. Et tu trouveras la Vérité. »
Angel Aeris ouvrit des grands yeux stupéfaits. Une main à la peau de couleur sombre était tendue, au niveau de ses yeux. Sa voix… était irréelle. Elle releva les yeux. Elle entendit Popolman pester. Puis le néant. Aucun des bruits de la foule environnante ne lui parvint plus. Les yeux verts qu’elle venait de croiser l’appelaient. Ils lui enjoignirent de prendre la main tendue.
« Je peux vous aider à vous relever, mademoiselle ? »
Elle saisit la main offerte de sa main gauche, sans réfléchir, et se releva. Brun. Il portait des lunettes. Les images muettes défilèrent devant ses yeux ahuris. Une femme, brune, recevant une balle dans le dos, lui perforant la poitrine, un homme, brun, vêtu d’une blouse blanche, un garçon, blond, étendu sur le sol, son petit corps désarticulé. Arrêtez-le !… Je le tiens, il ne… Non ! Naryu ! Tu ne peux pas…parce que…Ne… me…
« ARRETEZ ! hurla Angel Aeris en prenant sa tête entre ses mains, tandis que les visions devenaient incontrôlables, envahissant son esprit sans qu’elle ne puisse avoir la moindre emprise sur elles. »
Elle tomba à genoux sur le sol, tandis que la tasse que tenait toujours la serveuse à la main éclatait violemment, la blessant aux bras et au visage, atteignant le client à la poitrine. Des cris de panique et de stupeur s’élevèrent. Popolman releva brusquement la tête, cherchant d’où provenait le bruit, quand la vitrine du café explosa dans un « bang » assourdissant. Les débris de verre touchèrent les passants, qui détalèrent dans des hurlements de terreur, criant à l’attentat. Popolman chercha Angel Aeris, qui se tenait toujours prostrée près de l’arbre. Il la saisit par le poignet et s’éloigna le plus vite possible du café, alors que des sirènes de police commençaient à se faire entendre. L’homme à lunettes observa la scène de loin, surveillant Popolman, qui jetait des coups d’œil affolés à droite et à gauche pour chercher la cause de l’explosion. Puis Stefen fit volte-face et repartit dans une rue adjacente, un sourire léger aux lèvres.
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Klenval ronchonna en sentant des gouttes de pluie sur le haut de crâne. Ma fouilla dans son sac, à la recherche de son parapluie, sortant au passage son rouge à lèvres, son désodorisant de sac, une petite brosse et le plan de Paris, et tendit le tout à Klenval, porte manteau de fortune. Elle brandit enfin le parapluie bleu comme le ciel aurait dû l’être. Klenval lui rendit ses affaires, ouvrant un bout de la carte de Paris, puis regardant le nom de la rue où ils se trouvaient. Ma avisa un porche étroit sous lequel ils pourraient s’abriter, vu que la pluie commençait à tomber drue.
« Greg, on pourrait se mettre là en attendant que ça se calme… proposa-t-elle doucement.
-Non, on risque d’être en retard, et je ne veux surtout pas que cet imbécile de Popolman trouve à me reprocher qu’on n’a pas pu faire un arrondissement sur les trois à cause de la pluie.
-Ce n’est pas une compétition ! On ne va tout de même pas chopper une pneumonie par fierté, répliqua Ma.
-Ce n’est qu’une petite averse, ouvre ton parapluie, on y va, s’entêtait Klenval.
-Mais… mais il ne pourra pas te couvrir, il est trop petit, protesta à nouveau Ma. »
Klenval leva la tête et fixa le ciel pendant quelques instants. Les gouttes d’eau glissèrent sur une surface courbe invisible, puis tombèrent à la verticale, évitant même son trench. Un bouclier invisible le protégeait désormais des eaux.
« Greg ! reprit-elle d’un ton réprobateur. Ce genre de trucs est très visible ! Tu veux qu’on nous embarque dans un laboratoire dans l’immédiat ou quoi ?
-Mathilde… soupira Klenval en passant son bras autour de son épaule. Il faut qu’on se dépêche, on n’a pas le temps pour les états d’âme. Il suffit juste que tu effaces la mémoire des types qui viendront nous questionner sur la chose. Encore faut-il qu’ils s’en aperçoivent. »
Il était incorrigible. Ma pensa qu’il passait son temps à prendre des risques inconsidérés. Cela dit, il avait déjà accepté de collaborer avec des personnes qu’il ne tenait pas particulièrement dans son cœur, et en soi, elle pensait qu’il s’agissait déjà d’un effort monumental. Elle prit les devants et effaça de la mémoire de tous les passants l’image de leur passage devant leurs yeux, sans même prendre la peine de vérifier s’ils avaient fait attention au phénomène ou pas.
« Gregory, occupe toi de chercher nos ennemis, je surveille nos arrières, déclara Ma d’un ton solennel.
-Comme tu voudras, répondit-il en levant les yeux au ciel. »
Le quartier asiatique. Il y avait un monde fou ! Maintenant qu’elle avait à intervenir sur les souvenirs d’autant de personnes en même temps, Ma regrettait que ce ne fût pas Angel Aeris qui ait été faire ce quartier-ci. D’ailleurs elle devait bien le connaître. Une femme, un enfant la regardant étrangement, un vieillard avec une canne, une femme, un chien… En quelques secondes, elle pouvait toucher une vingtaine de personnes, mais ici… La zone était bien trop large. Et ses allées et venues dans les esprits d’autrui commençaient sérieusement à lui donner mal à sa tête, à elle. Elle ferma les yeux pour tenter de mieux se concentrer, se laissant guider par Klenval. Ici, un esprit embrumé par le stress, là un esprit incomplet, hagard au milieu de la foule… Puis… Puis elle se heurta à un mur. Psychique. Klenval s’était arrêté de marcher. Ma ouvrit les yeux.
« Tu l’as vue, remarqua Klenval.
-C’est… »
Ma leva les yeux. A une dizaine de mètres, près de l’entrée d’un parking à plusieurs étages, une femme vêtue d’un tailleur noir, les cheveux mauve sombre, les observait. Son regard sans émotion fixait Ma. Celle-ci tressaillit. Klenval s’avança, prenant Ma par le poignet.
« Greg ! Attends, ça peut être dangereux !
-Autant en finir tout de suite, reprit Klenval. Si ça se trouve cette fille a des choses à nous dire !
-Elle va nous tuer ! gémit Ma. »
Le temps qu’ils prirent pour arriver, la jeune femme avait disparu. Elle reparut à l’étage supérieur, une lueur moqueuse dans les yeux, alors qu’elle les considérait de haut, appuyée sur la barrière. Klenval se rua dans les escaliers.
« Omega, on sait que t’es là ! Reste calme, et on te renvoie chez toi gentiment ! ordonna Klenval d’une voix forte. »
La place au niveau supérieur était déserte. Klenval cria à nouveau, Ma tirant sur son bras, inquiète. Cette femme qu’ils avaient déjà rencontrée ne lui disait rien du tout, et sa manière de disparaître et de réapparaître lui semblait douteuse et dangereuse. Popolman avait recommandé de fuir. Mais d’un autre côté, comment découvrir le secret de leurs pleins-pouvoirs dans ce cas ?
« Omega ! Montre-toi, on règle nos comptes maintenant ! hurla Klenval dans le parking.
-Ce que vous pouvez faire du bruit, rétorqua une voix féminine qu’ils avaient entendue quelques jours plus tôt.
-Nous te cherchions, Omega.
-Moi c’est Onega, pas Omega, rétorqua sèchement la jeune femme.
-Te fous pas de nous, on sait qui tu es, reprit Klenval sur le même ton. »
Klenval dégaina le couteau de boucher de son sac et se mit en position de combat quelque peu ridicule. Ma poussa un petit cri de peur et de surprise à la fois. Elle tirait à deux mains le bras droit armé de Klenval.
« Arrête ! s’exclama Ma d’une voix aiguë. On ne sait même pas…
-C’est inutile, répliqua Onega sans sourire cette fois. Cette arme ne fonctionnera pas sur moi.
-Nous savons nous en servir, lança Klenval en guise de réponse.
-C’est inutile, répéta Onega en secouant la tête. Je ne vous veux pas de mal. Je cherche Aran Valentine.
-P… pardon ? hoqueta Ma, interloquée et bouche bée. »
Onega mit son poing droit sur sa hanche, prenant un air contrarié. Elle souffla sur la mèche rebelle qui était retombée en travers de son visage, lui barrant la vue. Klenval se tenait toujours en position de garde, prêt à en découdre avec un couteau de cuisine, tandis que Ma faisait trembler son coude avec ses mains glacées et fébriles sous la peur et l’incompréhension.
« Vous ne savez pas où il est, évidemment, soupira Onega.
-Pourquoi le cherches-tu ? Tu dois l’éliminer ? demanda Ma.
-Cela ne vous regarde pas. Mais maintenant… je ne peux pas vous laisser repartir.
-Comment, des menaces ? s’exclama Klenval, furieux.
-Du calme les enfants. »
La voix qui venait de se faire entendre était rauque et sérieuse. Elle venait d’un coin obscur du parking, sans que Klenval ne put savoir la distance à laquelle se trouvait son propriétaire. Un autre ennemi ? Le paladin dont parlait Popolman ? La voix semblait plutôt appartenir à un homme âgé. La silhouette courbée apparut dans la lumière, derrière Onega.
« Comment ?! s’écria celle-ci. Qu’est-ce que tu fais ici ?
-Nous ne pouvons pas les éliminer maintenant, déclara le nouveau venu. Pas maintenant.
-Lâche-moi le vieux ! »
Ma suivit la scène, abasourdie. Le vieil homme avait la tête penchée en avant, un chapeau de paille conique chinois cachant son visage de cette manière. Il chaussait des sandales de la même matière, de mauvais goût et ses jambes étaient entourées de bandages. Onega se détourna de lui, visiblement contrariée et fixa longuement Klenval, avant de se précipiter en hurlant vers eux. Ma poussa un cri et brandit son ouvre-lettre, qu’elle avait sorti pendant l’arrivée du vieillard. Klenval eut un geste plus sec et précis. Onega l’avait saisi à la gorge. Une coupure à l’épaule. Sa veste était fichue. Klenval poussa un râle et tenta de porter un nouveau coup à son assaillante, de sa main droite, la gauche étant occupée à essayer de se dégager de la poigne de fer d’Onega qui lui coupait la respiration. Ma voulut planter l’ouvre lettre dans la gorge d’Onega, tout en essayant de lui faire lâcher prise sur Klenval. Un coup d’œil furtif vers le vieillard, et elle se rendit compte qu’il avait disparu de l’endroit où il se tenait encore quelques secondes auparavant. Paniquée, elle le chercha du regard, sentit un léger déplacement d’air sur sa nuque. Elle lança son bras armé en arrière dans un geste circulaire, et entendit le bruit d’un crépitement. Une étincelle. Le son d’une allumette que l’on craque. Ma se retourna et Onega fit un bond en arrière, visiblement surprise, elle avait relâché Klenval qui s’écroula à genoux sur le sol, tentant de reprendre sa respiration tant bien que mal. A une dizaine de mètres de Ma, se tenait ce vieil homme déguisé en ninja. Il ne semblait pas être en position de combat, tandis que Ma pointait vers lui son ouvre-lettre, dont la lame luisait d’un éclat neuf. Entre les deux protagonistes de cet étrange tableau se trouvait une boule de feu éclairant les voitures et l’ensemble du niveau +2 du parking. L’homme face à Ma releva la tête, et dévoila son visage terrifiant à l’assemblée muette, les ombres dansant sur sa face pâle au rythme des flammes vivantes contenues dans la boule de feu. Un tatouage rouge sang partait de sa lèvre inférieure vers son menton. Son visage semblait celui d’un spectre vengeur. Son sourire révéla des dents pointues effrayantes. Ma tressaillit et la boule s’évapora.
« Notre confrontation n’est pas pour aujourd’hui. Onega… déclara-t-il.
-Ne me donne pas d’ordre ! rétorqua celle-ci au comble de la rage. »
Ma voulut demander une explication, elle voulut arrêter cet étrange individu qui avait une fois de plus disparu à une vitesse hallucinante. L’être fantomatique réapparut derrière Onega et l’attrapa par le poignet.
« Lâche-moi le Crâbe ! hurla-t-elle.
-Vous êtes fatigants, vous tous, conclut l’homme en disparaissant dans la pénombre. N’utilisez pas vos pouvoirs n’importe comment, vous deux !
-Att… »
Ma fit un nouveau mouvement circulaire vers l’avant de son bras et projeta une boule de feu contre le mur, éclairant à nouveau le parking. De leurs assaillants, il n’y avait plus aucune trace. Elle se retourna vers Klenval, qui massait toujours son cou douloureux.
« Tu vas bien ? demanda-t-elle.
-C’est quoi ça ? Aran Valentine ? Mais qu’est-ce qu’il a à voir ? »
Ce fut sa seule parole jusqu’à leur arrivée au lieu de rendez vous indiqué par Popolman. Ma préféra ne pas faire de commentaire sur l’attitude de son petit ami lors de cette rencontre inopinée.
« La… Vérité ? répéta Dur Estel, ses yeux révélant un état de stupéfaction proche de la stupidité.
-La Vérité, Estel-kun, reprit Naori lentement.
-Quelle vérité ?
-Je cherche ma sœur… Estel-kun. »
Dur Estel s’impatienta. Que cette fille devenait agaçante ! Refusait-elle de répondre à ses questions, ou n’en était-elle simplement pas apte ?
« Bien, de quoi as tu besoin pour retrouver ta sœur ?
-Il faut… Que tu m’aides… balbutia Naori. »
Elle sembla soudainement apeurée comme une enfant qu’on grondait sans raison. Elle leva vers lui un regard de chiot puni un jour d’averse comme celui-là, ce même regard qu’il aurait voulu voir au moins une seconde dans les yeux d’une fille, quelle qu’elle soit. N’importe qui. Quelqu’un qui lui avoue enfin par ce regard que…
« J’ai besoin de ton aide, répéta Naori.
-Je t’aiderai.
-Alors dis moi de quoi vous êtes capables, enchaîna la jeune fille. »
Dur Estel poussa une exclamation, interloqué. La fille se moquait de lui. Elle voulait des informations à travers lui, elle se moquait éperdument de ses états d’âme. De ses espoirs. De ses rêves. Elle ne désirait que des informations sur « sa sœur ». Il changea d’idée en la fixant longuement. Elle était peut être simplement obsédée par sa sœur, et pas autre chose. Pourquoi lui avait-elle posé toutes ces questions ? Pensait-elle qu’il soit lié d’une quelconque manière à l’objet de sa recherche ? Et après tout, cette femme que Naori cherchait était aussi la femme que lui, Dur Estel Général de Tsunaggar cherchait. La seule différence notable étant qu’il la cherchait psychologiquement, alors qu’elle la cherchait physiquement. La fille était jolie. Cette beauté insaisissable et démente qui transparaissait chez Angel Aeris de très rares fois. Comme cette fois-là chez la rousse –comment s’appelait-elle déjà ?– qu’il avait repérée avec sa photo. Ses pouvoirs, à lui, étaient largement plus développés que ceux de ses camarades, il en était certain. Pour commencer, Angel Aeris n’avait pas manifesté le moindre pouvoir paranormal valable. Popolman ne s’en servait jamais correctement. Klenval paradait, mais son pouvoir n’était qualitativement que du vent. Dur Estel sourit à Naori.
« La Vérité contre des informations sur les humains, rétorqua-t-il à celle-ci.
-La Vérité ? répéta Naori sur le même ton qu’il avait adopté quand elle lui avait annoncé.
-La Vérité que tu sembles connaître contre ce que tu veux de mon groupe.
-Mais Nee-san m’a dit qu’il ne fallait pas dire la Vérité.
-Tu l’as promis ! s’exclama Dur Estel, indigné par tant de mauvaise foi.
-Je suis la Gardienne du Sceau d’Eternité… fit Naori sans changer de ton, comme si elle venait d’apporter une réponse satisfaisante. »
Dur Estel pesta, il n’arrivait de nouveau plus à suivre le chemin où elle semblait vouloir le mener. Elle ne comprenait rien. Et venant d’Angel Aeris, cela semblait étonnant de voir qu’elle avait créé des personnages aussi ridiculement limités mentalement. Il céda. Puis il repartit vers le lieu du rendez-vous indiqué par Popolman, alors que la pluie se calmait pour laisser place à un ciel maussade et une atmosphère humide pesante.
« Greg, on pourrait se mettre là en attendant que ça se calme… proposa-t-elle doucement.
-Non, on risque d’être en retard, et je ne veux surtout pas que cet imbécile de Popolman trouve à me reprocher qu’on n’a pas pu faire un arrondissement sur les trois à cause de la pluie.
-Ce n’est pas une compétition ! On ne va tout de même pas chopper une pneumonie par fierté, répliqua Ma.
-Ce n’est qu’une petite averse, ouvre ton parapluie, on y va, s’entêtait Klenval.
-Mais… mais il ne pourra pas te couvrir, il est trop petit, protesta à nouveau Ma. »
Klenval leva la tête et fixa le ciel pendant quelques instants. Les gouttes d’eau glissèrent sur une surface courbe invisible, puis tombèrent à la verticale, évitant même son trench. Un bouclier invisible le protégeait désormais des eaux.
« Greg ! reprit-elle d’un ton réprobateur. Ce genre de trucs est très visible ! Tu veux qu’on nous embarque dans un laboratoire dans l’immédiat ou quoi ?
-Mathilde… soupira Klenval en passant son bras autour de son épaule. Il faut qu’on se dépêche, on n’a pas le temps pour les états d’âme. Il suffit juste que tu effaces la mémoire des types qui viendront nous questionner sur la chose. Encore faut-il qu’ils s’en aperçoivent. »
Il était incorrigible. Ma pensa qu’il passait son temps à prendre des risques inconsidérés. Cela dit, il avait déjà accepté de collaborer avec des personnes qu’il ne tenait pas particulièrement dans son cœur, et en soi, elle pensait qu’il s’agissait déjà d’un effort monumental. Elle prit les devants et effaça de la mémoire de tous les passants l’image de leur passage devant leurs yeux, sans même prendre la peine de vérifier s’ils avaient fait attention au phénomène ou pas.
« Gregory, occupe toi de chercher nos ennemis, je surveille nos arrières, déclara Ma d’un ton solennel.
-Comme tu voudras, répondit-il en levant les yeux au ciel. »
Le quartier asiatique. Il y avait un monde fou ! Maintenant qu’elle avait à intervenir sur les souvenirs d’autant de personnes en même temps, Ma regrettait que ce ne fût pas Angel Aeris qui ait été faire ce quartier-ci. D’ailleurs elle devait bien le connaître. Une femme, un enfant la regardant étrangement, un vieillard avec une canne, une femme, un chien… En quelques secondes, elle pouvait toucher une vingtaine de personnes, mais ici… La zone était bien trop large. Et ses allées et venues dans les esprits d’autrui commençaient sérieusement à lui donner mal à sa tête, à elle. Elle ferma les yeux pour tenter de mieux se concentrer, se laissant guider par Klenval. Ici, un esprit embrumé par le stress, là un esprit incomplet, hagard au milieu de la foule… Puis… Puis elle se heurta à un mur. Psychique. Klenval s’était arrêté de marcher. Ma ouvrit les yeux.
« Tu l’as vue, remarqua Klenval.
-C’est… »
Ma leva les yeux. A une dizaine de mètres, près de l’entrée d’un parking à plusieurs étages, une femme vêtue d’un tailleur noir, les cheveux mauve sombre, les observait. Son regard sans émotion fixait Ma. Celle-ci tressaillit. Klenval s’avança, prenant Ma par le poignet.
« Greg ! Attends, ça peut être dangereux !
-Autant en finir tout de suite, reprit Klenval. Si ça se trouve cette fille a des choses à nous dire !
-Elle va nous tuer ! gémit Ma. »
Le temps qu’ils prirent pour arriver, la jeune femme avait disparu. Elle reparut à l’étage supérieur, une lueur moqueuse dans les yeux, alors qu’elle les considérait de haut, appuyée sur la barrière. Klenval se rua dans les escaliers.
« Omega, on sait que t’es là ! Reste calme, et on te renvoie chez toi gentiment ! ordonna Klenval d’une voix forte. »
La place au niveau supérieur était déserte. Klenval cria à nouveau, Ma tirant sur son bras, inquiète. Cette femme qu’ils avaient déjà rencontrée ne lui disait rien du tout, et sa manière de disparaître et de réapparaître lui semblait douteuse et dangereuse. Popolman avait recommandé de fuir. Mais d’un autre côté, comment découvrir le secret de leurs pleins-pouvoirs dans ce cas ?
« Omega ! Montre-toi, on règle nos comptes maintenant ! hurla Klenval dans le parking.
-Ce que vous pouvez faire du bruit, rétorqua une voix féminine qu’ils avaient entendue quelques jours plus tôt.
-Nous te cherchions, Omega.
-Moi c’est Onega, pas Omega, rétorqua sèchement la jeune femme.
-Te fous pas de nous, on sait qui tu es, reprit Klenval sur le même ton. »
Klenval dégaina le couteau de boucher de son sac et se mit en position de combat quelque peu ridicule. Ma poussa un petit cri de peur et de surprise à la fois. Elle tirait à deux mains le bras droit armé de Klenval.
« Arrête ! s’exclama Ma d’une voix aiguë. On ne sait même pas…
-C’est inutile, répliqua Onega sans sourire cette fois. Cette arme ne fonctionnera pas sur moi.
-Nous savons nous en servir, lança Klenval en guise de réponse.
-C’est inutile, répéta Onega en secouant la tête. Je ne vous veux pas de mal. Je cherche Aran Valentine.
-P… pardon ? hoqueta Ma, interloquée et bouche bée. »
Onega mit son poing droit sur sa hanche, prenant un air contrarié. Elle souffla sur la mèche rebelle qui était retombée en travers de son visage, lui barrant la vue. Klenval se tenait toujours en position de garde, prêt à en découdre avec un couteau de cuisine, tandis que Ma faisait trembler son coude avec ses mains glacées et fébriles sous la peur et l’incompréhension.
« Vous ne savez pas où il est, évidemment, soupira Onega.
-Pourquoi le cherches-tu ? Tu dois l’éliminer ? demanda Ma.
-Cela ne vous regarde pas. Mais maintenant… je ne peux pas vous laisser repartir.
-Comment, des menaces ? s’exclama Klenval, furieux.
-Du calme les enfants. »
La voix qui venait de se faire entendre était rauque et sérieuse. Elle venait d’un coin obscur du parking, sans que Klenval ne put savoir la distance à laquelle se trouvait son propriétaire. Un autre ennemi ? Le paladin dont parlait Popolman ? La voix semblait plutôt appartenir à un homme âgé. La silhouette courbée apparut dans la lumière, derrière Onega.
« Comment ?! s’écria celle-ci. Qu’est-ce que tu fais ici ?
-Nous ne pouvons pas les éliminer maintenant, déclara le nouveau venu. Pas maintenant.
-Lâche-moi le vieux ! »
Ma suivit la scène, abasourdie. Le vieil homme avait la tête penchée en avant, un chapeau de paille conique chinois cachant son visage de cette manière. Il chaussait des sandales de la même matière, de mauvais goût et ses jambes étaient entourées de bandages. Onega se détourna de lui, visiblement contrariée et fixa longuement Klenval, avant de se précipiter en hurlant vers eux. Ma poussa un cri et brandit son ouvre-lettre, qu’elle avait sorti pendant l’arrivée du vieillard. Klenval eut un geste plus sec et précis. Onega l’avait saisi à la gorge. Une coupure à l’épaule. Sa veste était fichue. Klenval poussa un râle et tenta de porter un nouveau coup à son assaillante, de sa main droite, la gauche étant occupée à essayer de se dégager de la poigne de fer d’Onega qui lui coupait la respiration. Ma voulut planter l’ouvre lettre dans la gorge d’Onega, tout en essayant de lui faire lâcher prise sur Klenval. Un coup d’œil furtif vers le vieillard, et elle se rendit compte qu’il avait disparu de l’endroit où il se tenait encore quelques secondes auparavant. Paniquée, elle le chercha du regard, sentit un léger déplacement d’air sur sa nuque. Elle lança son bras armé en arrière dans un geste circulaire, et entendit le bruit d’un crépitement. Une étincelle. Le son d’une allumette que l’on craque. Ma se retourna et Onega fit un bond en arrière, visiblement surprise, elle avait relâché Klenval qui s’écroula à genoux sur le sol, tentant de reprendre sa respiration tant bien que mal. A une dizaine de mètres de Ma, se tenait ce vieil homme déguisé en ninja. Il ne semblait pas être en position de combat, tandis que Ma pointait vers lui son ouvre-lettre, dont la lame luisait d’un éclat neuf. Entre les deux protagonistes de cet étrange tableau se trouvait une boule de feu éclairant les voitures et l’ensemble du niveau +2 du parking. L’homme face à Ma releva la tête, et dévoila son visage terrifiant à l’assemblée muette, les ombres dansant sur sa face pâle au rythme des flammes vivantes contenues dans la boule de feu. Un tatouage rouge sang partait de sa lèvre inférieure vers son menton. Son visage semblait celui d’un spectre vengeur. Son sourire révéla des dents pointues effrayantes. Ma tressaillit et la boule s’évapora.
« Notre confrontation n’est pas pour aujourd’hui. Onega… déclara-t-il.
-Ne me donne pas d’ordre ! rétorqua celle-ci au comble de la rage. »
Ma voulut demander une explication, elle voulut arrêter cet étrange individu qui avait une fois de plus disparu à une vitesse hallucinante. L’être fantomatique réapparut derrière Onega et l’attrapa par le poignet.
« Lâche-moi le Crâbe ! hurla-t-elle.
-Vous êtes fatigants, vous tous, conclut l’homme en disparaissant dans la pénombre. N’utilisez pas vos pouvoirs n’importe comment, vous deux !
-Att… »
Ma fit un nouveau mouvement circulaire vers l’avant de son bras et projeta une boule de feu contre le mur, éclairant à nouveau le parking. De leurs assaillants, il n’y avait plus aucune trace. Elle se retourna vers Klenval, qui massait toujours son cou douloureux.
« Tu vas bien ? demanda-t-elle.
-C’est quoi ça ? Aran Valentine ? Mais qu’est-ce qu’il a à voir ? »
Ce fut sa seule parole jusqu’à leur arrivée au lieu de rendez vous indiqué par Popolman. Ma préféra ne pas faire de commentaire sur l’attitude de son petit ami lors de cette rencontre inopinée.
« La… Vérité ? répéta Dur Estel, ses yeux révélant un état de stupéfaction proche de la stupidité.
-La Vérité, Estel-kun, reprit Naori lentement.
-Quelle vérité ?
-Je cherche ma sœur… Estel-kun. »
Dur Estel s’impatienta. Que cette fille devenait agaçante ! Refusait-elle de répondre à ses questions, ou n’en était-elle simplement pas apte ?
« Bien, de quoi as tu besoin pour retrouver ta sœur ?
-Il faut… Que tu m’aides… balbutia Naori. »
Elle sembla soudainement apeurée comme une enfant qu’on grondait sans raison. Elle leva vers lui un regard de chiot puni un jour d’averse comme celui-là, ce même regard qu’il aurait voulu voir au moins une seconde dans les yeux d’une fille, quelle qu’elle soit. N’importe qui. Quelqu’un qui lui avoue enfin par ce regard que…
« J’ai besoin de ton aide, répéta Naori.
-Je t’aiderai.
-Alors dis moi de quoi vous êtes capables, enchaîna la jeune fille. »
Dur Estel poussa une exclamation, interloqué. La fille se moquait de lui. Elle voulait des informations à travers lui, elle se moquait éperdument de ses états d’âme. De ses espoirs. De ses rêves. Elle ne désirait que des informations sur « sa sœur ». Il changea d’idée en la fixant longuement. Elle était peut être simplement obsédée par sa sœur, et pas autre chose. Pourquoi lui avait-elle posé toutes ces questions ? Pensait-elle qu’il soit lié d’une quelconque manière à l’objet de sa recherche ? Et après tout, cette femme que Naori cherchait était aussi la femme que lui, Dur Estel Général de Tsunaggar cherchait. La seule différence notable étant qu’il la cherchait psychologiquement, alors qu’elle la cherchait physiquement. La fille était jolie. Cette beauté insaisissable et démente qui transparaissait chez Angel Aeris de très rares fois. Comme cette fois-là chez la rousse –comment s’appelait-elle déjà ?– qu’il avait repérée avec sa photo. Ses pouvoirs, à lui, étaient largement plus développés que ceux de ses camarades, il en était certain. Pour commencer, Angel Aeris n’avait pas manifesté le moindre pouvoir paranormal valable. Popolman ne s’en servait jamais correctement. Klenval paradait, mais son pouvoir n’était qualitativement que du vent. Dur Estel sourit à Naori.
« La Vérité contre des informations sur les humains, rétorqua-t-il à celle-ci.
-La Vérité ? répéta Naori sur le même ton qu’il avait adopté quand elle lui avait annoncé.
-La Vérité que tu sembles connaître contre ce que tu veux de mon groupe.
-Mais Nee-san m’a dit qu’il ne fallait pas dire la Vérité.
-Tu l’as promis ! s’exclama Dur Estel, indigné par tant de mauvaise foi.
-Je suis la Gardienne du Sceau d’Eternité… fit Naori sans changer de ton, comme si elle venait d’apporter une réponse satisfaisante. »
Dur Estel pesta, il n’arrivait de nouveau plus à suivre le chemin où elle semblait vouloir le mener. Elle ne comprenait rien. Et venant d’Angel Aeris, cela semblait étonnant de voir qu’elle avait créé des personnages aussi ridiculement limités mentalement. Il céda. Puis il repartit vers le lieu du rendez-vous indiqué par Popolman, alors que la pluie se calmait pour laisser place à un ciel maussade et une atmosphère humide pesante.
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« Nous avons été attaqués ! commencèrent les deux intervenants en même temps. »
Dur Estel appuya sa tête contre la paume de sa main, le coude sur la table, un regard amusé à travers ses lunettes.
« Omega et un vioc nous ont attaqués ! s’exclama Ma en faisant de grands gestes. Greg a failli être tué ! »
Elle appuya ses dires en dégageant les cheveux de son compagnon pour mieux montrer les marques encore rouge vif de la poigne d’Onega. Klenval tenta de parler puis se ravisa, l’air circulant toujours douloureusement dans sa trachée. Dur Estel se tourna vers Angel Aeris, l’air légèrement inquiet, alors que Popolman racontait à son tour.
« Apparemment, Flo a rencontré un de nos ennemis, je ne l’ai pas vu personnellement, mais il a trouvé le moyen de faire exploser un café pas loin de nous. Une chance que je me sois plutôt éloigné des lieux d’embuscade comme ceux-là ! »
Dur Estel la trouva effectivement prostrée, le regard fixe, les lèvres légèrement tremblantes, blêmes. Elle semblait crever de froid alors qu’ils étaient à l’intérieur d’un fast-food où l’air ambiant résultant de cuisson de frites et les odeurs d’huile chaude étaient sensées réchauffer l’atmosphère. Il prit une de ses mains entre les siennes et entreprit de la frictionner, pris d’un élan soudain et spontané d’aider la jeune fille. Elle retira sa main, le regardant d’un air épouvanté.
« Qu’est-ce que t’as ? lui lança-t-elle.
-C’est plutôt à moi de te poser la question. C’est toi qui es pâle comme si tu avais pris froid, rétorqua-t-il aussi sec. »
C’était cette marque, elle en était certaine. Sur sa poitrine, à cet endroit, la peau la brûlait, doucement, mais de manière permanente. Elle avait peur de ce qu’elle verrait, la prochaine fois qu’elle serait seule dans cette salle de bain. Elle avait peur de ces gens qu’ils devraient forcément rencontrer une nouvelle fois. Elle avait peur de savoir ce qu’il s’était réellement passé devant le café. Et puis… elle avait aussi peur de l’individu qui se croyait proche d’elle au point d’utiliser n’importe quel prétexte pour avoir un contact tactile avec elle. Heureusement, son pouvoir d’empathie était assez limité pour ne pas la forcer à subir les phobies et les désirs de Dur Estel à chaque fois qu’il tentait de la toucher.
« Et il ressemblait à quoi alors ?
-Il avait un chapeau conique, un genre de truc asiatique, et des sandales moches, décrit Klenval. Et un de ces airs de monstre assassin ! J’aurais jamais créé un perso aussi peu esthétique, commenta-t-il.
-Faut pas exagérer… rétorqua lentement Popolman.
-Je suppose que c’est ton personnage, reprit Klenval d’un ton méprisant.
-Ouais, répondit son interlocuteur sans relever de la malveillance gratuite qu’avait manifesté Klenval. Ouais, c’est mon Ermite Crâbe. J’avoue que je ne m’y attendais pas. Pas du tout.
-Il est effroyable, murmura Ma dans un souffle. Ses yeux… ses dents… ce regard… »
Dur Estel faisait tourner le manche de son sabre dans sa main. Il repensa, songeur, à sa rencontre avec Naori. Dans son imagination, il superposa le visage d’Angel Aeris à celui de sa sœur virtuelle. Elles ne se ressemblaient pas. Naori avait dans son regard une lueur folle étrange. Qui la rendait irréelle. Il lui préféra sa sœur réelle, elle, au moins, était digne de son intérêt, et n’avait pas l’intelligence d’un poulpe démembré.
« Et toi, Flo ? A quoi il ressemblait ? C’était quelqu’un de connu ? »
Elle se retourna vers Klenval, qui la regardait avec avidité. Il semblait impatient de connaître la description de son alter-ego. Et il paraissait aussi certain du fait qu’elle avait rencontré le personnage issu de son imagination.
« Oui. Je ne m’y attendais pas non plus, répondit-elle lentement.
-C’était qui ? demanda Dur-Estel, persuadé de son côté, qu’il était le concerné.
-Stefen. »
Ma ouvrit des yeux ronds. Klenval et Dur-Estel se regardèrent de biais, avant de retourner leur attention vers Angel Aeris.
« Qui ? fit Klenval en plissant les yeux.
-Stefen. L’elfe qui accompagne mon perso virtuel.
-Mais qu’est-ce qu’il fout là-lui ? s’exclama Klenval, déçu.
-On dirait que ce ne sont pas seulement nos alter-ego qui sont venus, déclara Dur-Estel avec son ton qui se voulait sérieux mais qui n’en donnait franchement pas l’air. Cela confirme ce que disait Florence ce matin, que ce n’était pas son double virtuel qui était là.
-Qu’est-ce que tu en sais toi ? lui lança Popolman, acerbe.
-J’ai rencontré ta sœur, Flo. Naori. »
Elle ne répondit pas. Elle baissa les yeux. Elle avait toujours plus peur, à mesure qu’elle découvrait l’ampleur de cette force inconnue qui avait pris le pas sur leur destinée.
« Elle s’est enfuie après s’être présentée. J’ai dû lui faire peur. »
Mensonges et vérités. Vérités et mensonges. Qui croire ? Comment paraître cohérent ? Fallait-il lui faire confiance désormais ? Il parlait avec tant d’assurance. Il ne paraissait plus le même qu’il y avait quelques jours. Elle se tourna vers Ma, qui décrit l’utilisation de son pouvoir et sa maîtrise du feu. Dur-Estel remarqua que le récit du couple ne fit que perdre davantage ses couleurs à la jeune femme. Elle pâlissait alors que Ma racontait la manière dont elle avait pu matérialiser une puis plusieurs boules d’énergie. Popolman remarqua sa main étrangement froide alors qu’il l’aidait à se relever et qu’ils prenaient congé.
« Tout de même, ça m’inquiète, leurs pouvoirs ont l’air d’être relativement importants… fit pensivement Popolman.
-Bah, on dirait que Mathilde développe aussi des pouvoirs offensifs. Apparemment nos pleins-pouvoirs sont des pouvoirs offensifs qu’on pourrait manipuler avec nos armes louches, répondit Angel Aeris en haussant les épaules.
-Ta création Stefen a quand même fait péter un café. Il paraît qu’il y a des blessés, d’après les infos.
-C’est… c’est pas ma création. »
Angel Aeris détourna le regard de la télévision allumée. Un vertige. L’impression que quelque chose de grave allait se passer. Elle voulut s’éloigner.
« Flo, y a quelque chose que tu me caches ?
-Je… »
Elle se retourna et tout se passa très vite. Trop vite.
Popolman tomba à genoux sur le sol, avec une expression de souffrance pure figée sur le visage. Angel Aeris s’éloigna en faisant un pas en arrière, sans même en comprendre la raison, sans comprendre ce qu’il arrivait à Popolman. Elle recula, terrifiée par la seule expression de son ami. Il poussa un râle silencieux, ouvrit les yeux et tendit la main vers elle. Elle sentit la douleur et les images effroyables défiler devant ses yeux, et recula à nouveau.
« Flo… Flo, il faut… il faut… gémit Popolman. Je… vais pas tenir… Il faut…
-Je peux pas ! »
Il fallait qu’elle vît ces choses, elle le savait, et ne pouvait s’empêcher de reculer, de refuser la vérité. La douleur ne lui permettrait pas de se souvenir de toutes ces informations. Une peur primaire la forçait à reculer devant la vision même du pouvoir qui passait outre les capacités de son possesseur. Les yeux déformés par la douleur de l’homme la suppliaient, elle trébucha et tomba assise sur le pouf. Les doigts crispés de Popolman saisirent sa cheville droite. Elle poussa un cri de terreur. La douleur lui traversa le corps en un instant, tandis que des images défilaient dans sa tête, bouleversant ses sens et son esprit.
Le sang. Le goût de la mort. Le combat. La folle volonté de tuer. Le déversement de la haine. Le crime passionnel. La perte. La dépendance. Elle bascula en arrière, et tenta de se relever rapidement, se précipitant à quatre pattes vers la salle de bain. La marque brûlait. Les images restaient gravées dans son esprit. Les larmes coulaient le long de ses joues. Il ne fallait pas que cela arrive. Il fallait l’empêcher. Il fallait…
Elle ouvrit la porte et vit qu’il était toujours couché sur le sol, prostré ou évanoui. Elle s’agenouilla à côté de lui et pleura silencieusement, la tête appuyée contre son dos.
« Papy… Papy, réveille-toi… »
Une autre voix résonnait dans sa tête, en un écho insupportable.
Papy. Pardonne-moi. Pardonne-moi.
« Je… je vais bien. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Elle avait le regard vide. Rien de matériel, rien de physique. Elle ne percevait plus rien du monde l’entourant. A part ces cris et ces visions d’un futur pessimiste pour leur groupe. Ses pupilles fixes ne réclamaient qu’une chose. Pardonne-moi. Je t’en prie.
Dur Estel appuya sa tête contre la paume de sa main, le coude sur la table, un regard amusé à travers ses lunettes.
« Omega et un vioc nous ont attaqués ! s’exclama Ma en faisant de grands gestes. Greg a failli être tué ! »
Elle appuya ses dires en dégageant les cheveux de son compagnon pour mieux montrer les marques encore rouge vif de la poigne d’Onega. Klenval tenta de parler puis se ravisa, l’air circulant toujours douloureusement dans sa trachée. Dur Estel se tourna vers Angel Aeris, l’air légèrement inquiet, alors que Popolman racontait à son tour.
« Apparemment, Flo a rencontré un de nos ennemis, je ne l’ai pas vu personnellement, mais il a trouvé le moyen de faire exploser un café pas loin de nous. Une chance que je me sois plutôt éloigné des lieux d’embuscade comme ceux-là ! »
Dur Estel la trouva effectivement prostrée, le regard fixe, les lèvres légèrement tremblantes, blêmes. Elle semblait crever de froid alors qu’ils étaient à l’intérieur d’un fast-food où l’air ambiant résultant de cuisson de frites et les odeurs d’huile chaude étaient sensées réchauffer l’atmosphère. Il prit une de ses mains entre les siennes et entreprit de la frictionner, pris d’un élan soudain et spontané d’aider la jeune fille. Elle retira sa main, le regardant d’un air épouvanté.
« Qu’est-ce que t’as ? lui lança-t-elle.
-C’est plutôt à moi de te poser la question. C’est toi qui es pâle comme si tu avais pris froid, rétorqua-t-il aussi sec. »
C’était cette marque, elle en était certaine. Sur sa poitrine, à cet endroit, la peau la brûlait, doucement, mais de manière permanente. Elle avait peur de ce qu’elle verrait, la prochaine fois qu’elle serait seule dans cette salle de bain. Elle avait peur de ces gens qu’ils devraient forcément rencontrer une nouvelle fois. Elle avait peur de savoir ce qu’il s’était réellement passé devant le café. Et puis… elle avait aussi peur de l’individu qui se croyait proche d’elle au point d’utiliser n’importe quel prétexte pour avoir un contact tactile avec elle. Heureusement, son pouvoir d’empathie était assez limité pour ne pas la forcer à subir les phobies et les désirs de Dur Estel à chaque fois qu’il tentait de la toucher.
« Et il ressemblait à quoi alors ?
-Il avait un chapeau conique, un genre de truc asiatique, et des sandales moches, décrit Klenval. Et un de ces airs de monstre assassin ! J’aurais jamais créé un perso aussi peu esthétique, commenta-t-il.
-Faut pas exagérer… rétorqua lentement Popolman.
-Je suppose que c’est ton personnage, reprit Klenval d’un ton méprisant.
-Ouais, répondit son interlocuteur sans relever de la malveillance gratuite qu’avait manifesté Klenval. Ouais, c’est mon Ermite Crâbe. J’avoue que je ne m’y attendais pas. Pas du tout.
-Il est effroyable, murmura Ma dans un souffle. Ses yeux… ses dents… ce regard… »
Dur Estel faisait tourner le manche de son sabre dans sa main. Il repensa, songeur, à sa rencontre avec Naori. Dans son imagination, il superposa le visage d’Angel Aeris à celui de sa sœur virtuelle. Elles ne se ressemblaient pas. Naori avait dans son regard une lueur folle étrange. Qui la rendait irréelle. Il lui préféra sa sœur réelle, elle, au moins, était digne de son intérêt, et n’avait pas l’intelligence d’un poulpe démembré.
« Et toi, Flo ? A quoi il ressemblait ? C’était quelqu’un de connu ? »
Elle se retourna vers Klenval, qui la regardait avec avidité. Il semblait impatient de connaître la description de son alter-ego. Et il paraissait aussi certain du fait qu’elle avait rencontré le personnage issu de son imagination.
« Oui. Je ne m’y attendais pas non plus, répondit-elle lentement.
-C’était qui ? demanda Dur-Estel, persuadé de son côté, qu’il était le concerné.
-Stefen. »
Ma ouvrit des yeux ronds. Klenval et Dur-Estel se regardèrent de biais, avant de retourner leur attention vers Angel Aeris.
« Qui ? fit Klenval en plissant les yeux.
-Stefen. L’elfe qui accompagne mon perso virtuel.
-Mais qu’est-ce qu’il fout là-lui ? s’exclama Klenval, déçu.
-On dirait que ce ne sont pas seulement nos alter-ego qui sont venus, déclara Dur-Estel avec son ton qui se voulait sérieux mais qui n’en donnait franchement pas l’air. Cela confirme ce que disait Florence ce matin, que ce n’était pas son double virtuel qui était là.
-Qu’est-ce que tu en sais toi ? lui lança Popolman, acerbe.
-J’ai rencontré ta sœur, Flo. Naori. »
Elle ne répondit pas. Elle baissa les yeux. Elle avait toujours plus peur, à mesure qu’elle découvrait l’ampleur de cette force inconnue qui avait pris le pas sur leur destinée.
« Elle s’est enfuie après s’être présentée. J’ai dû lui faire peur. »
Mensonges et vérités. Vérités et mensonges. Qui croire ? Comment paraître cohérent ? Fallait-il lui faire confiance désormais ? Il parlait avec tant d’assurance. Il ne paraissait plus le même qu’il y avait quelques jours. Elle se tourna vers Ma, qui décrit l’utilisation de son pouvoir et sa maîtrise du feu. Dur-Estel remarqua que le récit du couple ne fit que perdre davantage ses couleurs à la jeune femme. Elle pâlissait alors que Ma racontait la manière dont elle avait pu matérialiser une puis plusieurs boules d’énergie. Popolman remarqua sa main étrangement froide alors qu’il l’aidait à se relever et qu’ils prenaient congé.
« Tout de même, ça m’inquiète, leurs pouvoirs ont l’air d’être relativement importants… fit pensivement Popolman.
-Bah, on dirait que Mathilde développe aussi des pouvoirs offensifs. Apparemment nos pleins-pouvoirs sont des pouvoirs offensifs qu’on pourrait manipuler avec nos armes louches, répondit Angel Aeris en haussant les épaules.
-Ta création Stefen a quand même fait péter un café. Il paraît qu’il y a des blessés, d’après les infos.
-C’est… c’est pas ma création. »
Angel Aeris détourna le regard de la télévision allumée. Un vertige. L’impression que quelque chose de grave allait se passer. Elle voulut s’éloigner.
« Flo, y a quelque chose que tu me caches ?
-Je… »
Elle se retourna et tout se passa très vite. Trop vite.
Popolman tomba à genoux sur le sol, avec une expression de souffrance pure figée sur le visage. Angel Aeris s’éloigna en faisant un pas en arrière, sans même en comprendre la raison, sans comprendre ce qu’il arrivait à Popolman. Elle recula, terrifiée par la seule expression de son ami. Il poussa un râle silencieux, ouvrit les yeux et tendit la main vers elle. Elle sentit la douleur et les images effroyables défiler devant ses yeux, et recula à nouveau.
« Flo… Flo, il faut… il faut… gémit Popolman. Je… vais pas tenir… Il faut…
-Je peux pas ! »
Il fallait qu’elle vît ces choses, elle le savait, et ne pouvait s’empêcher de reculer, de refuser la vérité. La douleur ne lui permettrait pas de se souvenir de toutes ces informations. Une peur primaire la forçait à reculer devant la vision même du pouvoir qui passait outre les capacités de son possesseur. Les yeux déformés par la douleur de l’homme la suppliaient, elle trébucha et tomba assise sur le pouf. Les doigts crispés de Popolman saisirent sa cheville droite. Elle poussa un cri de terreur. La douleur lui traversa le corps en un instant, tandis que des images défilaient dans sa tête, bouleversant ses sens et son esprit.
Le sang. Le goût de la mort. Le combat. La folle volonté de tuer. Le déversement de la haine. Le crime passionnel. La perte. La dépendance. Elle bascula en arrière, et tenta de se relever rapidement, se précipitant à quatre pattes vers la salle de bain. La marque brûlait. Les images restaient gravées dans son esprit. Les larmes coulaient le long de ses joues. Il ne fallait pas que cela arrive. Il fallait l’empêcher. Il fallait…
Elle ouvrit la porte et vit qu’il était toujours couché sur le sol, prostré ou évanoui. Elle s’agenouilla à côté de lui et pleura silencieusement, la tête appuyée contre son dos.
« Papy… Papy, réveille-toi… »
Une autre voix résonnait dans sa tête, en un écho insupportable.
Papy. Pardonne-moi. Pardonne-moi.
« Je… je vais bien. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Elle avait le regard vide. Rien de matériel, rien de physique. Elle ne percevait plus rien du monde l’entourant. A part ces cris et ces visions d’un futur pessimiste pour leur groupe. Ses pupilles fixes ne réclamaient qu’une chose. Pardonne-moi. Je t’en prie.
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Bon c'est quand que j'apparais et que je les tuent tous ? *aire innocent*
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Quand Magnum acceptera de te sortir de Traumenschar ^o^
(Et quand on ne lit pas, on ne tue pas les gens !)
(Et quand on ne lit pas, on ne tue pas les gens !)
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Sixième jour : Dérapage
« Tu pensais vraiment pouvoir m’arrêter ?
-Je t’ai eu !
-Tu penses faire le poids face à moi.
-ça suffit on s’en va.
-Mais tu rêves !
-Je pensais qu’on la retrouverait !
-Tu penseras aussi me vaincre, quand le temps sera venu.
-Tu pars, et si tu ne réussis pas…
-Tout cela ne sera qu’un pitoyable… »
« Rêve ! »
Il était temps que cela s’arrête. Elle se leva. Les couvertures glissèrent sur le sol, sans un bruit. Il faisait froid. Popolman s’était encore une fois levé au milieu de la nuit. Quoique. Il devait être cinq heures. Etait-ce vraiment le milieu de la nuit ? Elle le retrouva dans le salon. Concentré sur un cercle tracé au sel sur la table. Elle s’appuya dans l’encadrement de la porte. L’invocation dura bien cinq minutes. Du moins c’est le temps qu’elle avait attendu avant de se voir accorder de l’attention par Popolman.
« Qu’est-ce que tu fais là ? lança-t-il d’un ton bourru.
-J’ai été réveillée… Et toi, tu fais quoi ?
-Je… J’essaie de re-contacter notre type de l’autre monde.
-Seul ?
-Ouais. Avec nos nouveaux pleins-pouvoirs, je devais pouvoir canaliser assez d’énergie pour ça.
-ça ne donne rien… objecta la jeune fille.
-Arrête de critiquer et viens plutôt m’aider, rétorqua Popolman. »
Elle s’assit sur la chaise laissée vide à côté de lui. Elle regarda fixement les lignes de sel qui traçaient des arabesques inconnues sur le bois verni. C’était… du sel… « Tu te rappelles de ces sceaux ? ». Du sel, plus gros que la normale. A part cela, c’était un sel comme un autre. Pourquoi se servait-on de ce minéral là plutôt qu’un autre d’ailleurs ? Elle n’aimait pas les cristaux en général. Et puis ce genre d’invocations non plus. Elle se sentait mal pendant que Popolman faisait ses incantations. Elle fut interrompue dans ses pensées par celui-ci, lorsqu’il la saisit par le poignet.
« J… Rémi…
-Chut ! »
Tiens, cette fois il faisait une langue morte, peut être du grec ou encore une langue religieuse. Il maîtrisait bien, pour une personne qui prétendait ne rien y connaître aux langues anciennes. Angel Aeris tiqua alors qu’une lumière autre que celle qui venait de l’éclairage intérieur se refléta sur le bois de la table.
« Cette fois-ci vous êtes deux… intéressant… vos pouvoirs se développent très vite… »
C’était bien la même voix. Une entité inconnue et immatérielle avait donc bel et bien pris le pas sur leurs vies, de la pire des manières possibles et imaginables de tous les scénarios imaginés par Popolman, et Dieu seul savait combien son esprit sinueux avait pu en créer. Angel Aeris fronça les sourcils lorsqu’elle fut interrompue par son ami, alors qu’elle voulait prendre la parole.
« Je vois qu’avec l’énergie de deux personnes, vous ne pouvez vous montrer à nous, déclara Popolman. Nous n’entendons que votre voix.
-C'est-à-dire que notre amie ici présente n’a peut être pas suffisamment d’énergie spirituelle. L’autre potentielle medium aurait peut être pu.
-Bien. Revenons à des choses plus sérieuses. Nous avons rencontré aujourd’hui certaines de nos incarnations maléfiques, comme vous dites. Comment utiliser nos pleins pouvoirs ? Nous n’avons pas pu les arrêter au moment propice, car nous n’avions pas de quoi nous le permettre. Où sont-ils ? Qu’est-ce qu’on en fait de ces pouvoirs ?
-Ne se sont-ils pas déjà manifestés ? répliqua leur interlocuteur, apparemment plus surpris qu’eux.
-A part nos pouvoirs de base et quelques pouvoirs offensifs montrés par une personne du groupe, rien, répondit Popolman d’un ton neutre.
-Ceci est imprévu…
-Comment ça, imprévu ? intervint Angel Aeris d’une voix accusatrice.
-Je veux dire que vous devriez maîtriser les pouvoirs de votre imagination.
-Hein ? s’exclama Popolman.
-Il… il le faut… La… Ils vont…
-Répétez votre phrase ! Nous n’entendons plus !
-La f… jour… Ment… »
La voix se fit plus faible, puis s’éteignit, ne laissant plus que le silence régner dans le salon dans une atmosphère de vide glacial. Angel Aeris se dégagea brutalement de la poigne de Popolman et repoussa la table d’un geste brusque, renversant du sel par terre.
« Qu’est-ce qui te pr… commença Popolman.
-Tu aurais dû me laisser lui parler ! Maintenant on ne sait rien de plus, et je ne sais même pas où sont ceux qui ont disparu dans le Royaume des Morts !
-Ce type savait pas grand-chose de toute manière, répondit Popolman en gardant un calme apparent.
-Bien sûr qu’il sait ! Il nous l’a montré la dernière fois ! clama Angel Aeris en tapant du poing sur la table. Bien sûr qu’on aurait pu lui demander ! Mais non, il a fallu que tu causes de tes énergies et tout !
-Tu te calmes tout de suite, ou tu sors d’ici, rétorqua Popolman. Et tu me ramasses ce sel par terre, je te rappelle que tu n’es pas souveraine dans cet endroit ! »
Angel Aeris le scruta d’un regard rageur et partit dans la cuisine en tapant du pied à chacun de ses pas sur le carrelage lisse, martelant sa colère par des coups qui ne plairaient sans doute pas au voisinage du bas.
« Tu pensais vraiment pouvoir m’arrêter ?
-Je t’ai eu !
-Tu penses faire le poids face à moi.
-ça suffit on s’en va.
-Mais tu rêves !
-Je pensais qu’on la retrouverait !
-Tu penseras aussi me vaincre, quand le temps sera venu.
-Tu pars, et si tu ne réussis pas…
-Tout cela ne sera qu’un pitoyable… »
« Rêve ! »
Il était temps que cela s’arrête. Elle se leva. Les couvertures glissèrent sur le sol, sans un bruit. Il faisait froid. Popolman s’était encore une fois levé au milieu de la nuit. Quoique. Il devait être cinq heures. Etait-ce vraiment le milieu de la nuit ? Elle le retrouva dans le salon. Concentré sur un cercle tracé au sel sur la table. Elle s’appuya dans l’encadrement de la porte. L’invocation dura bien cinq minutes. Du moins c’est le temps qu’elle avait attendu avant de se voir accorder de l’attention par Popolman.
« Qu’est-ce que tu fais là ? lança-t-il d’un ton bourru.
-J’ai été réveillée… Et toi, tu fais quoi ?
-Je… J’essaie de re-contacter notre type de l’autre monde.
-Seul ?
-Ouais. Avec nos nouveaux pleins-pouvoirs, je devais pouvoir canaliser assez d’énergie pour ça.
-ça ne donne rien… objecta la jeune fille.
-Arrête de critiquer et viens plutôt m’aider, rétorqua Popolman. »
Elle s’assit sur la chaise laissée vide à côté de lui. Elle regarda fixement les lignes de sel qui traçaient des arabesques inconnues sur le bois verni. C’était… du sel… « Tu te rappelles de ces sceaux ? ». Du sel, plus gros que la normale. A part cela, c’était un sel comme un autre. Pourquoi se servait-on de ce minéral là plutôt qu’un autre d’ailleurs ? Elle n’aimait pas les cristaux en général. Et puis ce genre d’invocations non plus. Elle se sentait mal pendant que Popolman faisait ses incantations. Elle fut interrompue dans ses pensées par celui-ci, lorsqu’il la saisit par le poignet.
« J… Rémi…
-Chut ! »
Tiens, cette fois il faisait une langue morte, peut être du grec ou encore une langue religieuse. Il maîtrisait bien, pour une personne qui prétendait ne rien y connaître aux langues anciennes. Angel Aeris tiqua alors qu’une lumière autre que celle qui venait de l’éclairage intérieur se refléta sur le bois de la table.
« Cette fois-ci vous êtes deux… intéressant… vos pouvoirs se développent très vite… »
C’était bien la même voix. Une entité inconnue et immatérielle avait donc bel et bien pris le pas sur leurs vies, de la pire des manières possibles et imaginables de tous les scénarios imaginés par Popolman, et Dieu seul savait combien son esprit sinueux avait pu en créer. Angel Aeris fronça les sourcils lorsqu’elle fut interrompue par son ami, alors qu’elle voulait prendre la parole.
« Je vois qu’avec l’énergie de deux personnes, vous ne pouvez vous montrer à nous, déclara Popolman. Nous n’entendons que votre voix.
-C'est-à-dire que notre amie ici présente n’a peut être pas suffisamment d’énergie spirituelle. L’autre potentielle medium aurait peut être pu.
-Bien. Revenons à des choses plus sérieuses. Nous avons rencontré aujourd’hui certaines de nos incarnations maléfiques, comme vous dites. Comment utiliser nos pleins pouvoirs ? Nous n’avons pas pu les arrêter au moment propice, car nous n’avions pas de quoi nous le permettre. Où sont-ils ? Qu’est-ce qu’on en fait de ces pouvoirs ?
-Ne se sont-ils pas déjà manifestés ? répliqua leur interlocuteur, apparemment plus surpris qu’eux.
-A part nos pouvoirs de base et quelques pouvoirs offensifs montrés par une personne du groupe, rien, répondit Popolman d’un ton neutre.
-Ceci est imprévu…
-Comment ça, imprévu ? intervint Angel Aeris d’une voix accusatrice.
-Je veux dire que vous devriez maîtriser les pouvoirs de votre imagination.
-Hein ? s’exclama Popolman.
-Il… il le faut… La… Ils vont…
-Répétez votre phrase ! Nous n’entendons plus !
-La f… jour… Ment… »
La voix se fit plus faible, puis s’éteignit, ne laissant plus que le silence régner dans le salon dans une atmosphère de vide glacial. Angel Aeris se dégagea brutalement de la poigne de Popolman et repoussa la table d’un geste brusque, renversant du sel par terre.
« Qu’est-ce qui te pr… commença Popolman.
-Tu aurais dû me laisser lui parler ! Maintenant on ne sait rien de plus, et je ne sais même pas où sont ceux qui ont disparu dans le Royaume des Morts !
-Ce type savait pas grand-chose de toute manière, répondit Popolman en gardant un calme apparent.
-Bien sûr qu’il sait ! Il nous l’a montré la dernière fois ! clama Angel Aeris en tapant du poing sur la table. Bien sûr qu’on aurait pu lui demander ! Mais non, il a fallu que tu causes de tes énergies et tout !
-Tu te calmes tout de suite, ou tu sors d’ici, rétorqua Popolman. Et tu me ramasses ce sel par terre, je te rappelle que tu n’es pas souveraine dans cet endroit ! »
Angel Aeris le scruta d’un regard rageur et partit dans la cuisine en tapant du pied à chacun de ses pas sur le carrelage lisse, martelant sa colère par des coups qui ne plairaient sans doute pas au voisinage du bas.
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« Je vais passer demander au comptoir. Quelqu’un veut un thé ? Un café ?
-Café, merci Flo. »
Elle pensa furtivement que s’il y avait bien une personne à qui elle interdisait de prononcer son nom, ce fût bien lui. Elle parvenait de moins en moins à supporter l’atmosphère oppressante de leurs réunions, cette incompréhension grandissante qu’ils ne parvenaient pas à surmonter ensemble. Pire encore, il semblait que le fait d’être en groupe permettait à certaines personnes de rejeter la faute sur des boucs émissaires nommés d’office en sa personne et celle de Popolman. Si Ma avait maintenant réussi à prouver l’existence des jusqu’alors hypothétiques pleins-pouvoirs, Klenval restait dubitatif quant à leur maîtrise, et ne rechignait pas à leur signaler explicitement que son couple se serait bien passé de ce bonus superflu et encombrant. Ma tordit les doigts entremêlés de ses deux mains, puis prit la parole.
« Je crois qu’on a oublié de vous dire quelque chose dans la panique hier…
-Quoi ? fit Popolman.
-C’était plutôt une question. Tu te souviens d’Aran Valentine ? »
Popolman se renfonça dans son fauteuil en se rappelant de la crise qu’avait piquée Angel Aeris lors du départ du groupe d’Aran. Pourquoi cela revenait-il sur le tapis dans ce moment de crise ? Pourquoi avait-il l’impression agaçante qu’ils reculaient au fur et à mesure de leur enquête ?
« Oui. On l’a vu l’autre jour. Et puis quand on a invoqué l’entité, ensemble.
-Cette fille aux cheveux mauves, Onega ou Omega je ne sais pas, elle le cherche, enfin, elle le cherche lui en particulier, poursuivit Klenval à la place de sa fiancée.
-Vraiment ? Mais… »
Popolman lança un regard furtif à Angel Aeris qui hocha la tête aussi furtivement.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Angel Aeris.
-Elle nous a demandé où il était, elle a dit qu’elle ne nous ferait rien, crut bon d’ajouter Ma.
-Est-il possible que des personnes, je veux dire, autre que nous-mêmes aient des pouvoirs venant de la même source ? dit Klenval, se posant à haute voix la question rhétorique qu’il s’était ressassée pendant la nuit. »
Popolman sortit une grande feuille de papier et l’étendit sur la table du restaurant. Il sortit un marqueur bleu à l’odeur prononcée et commença à écrire.
« Lord Satana. »
Il gribouilla le nom de manière malhabile, puis écrivit un peu plus haut sur la droite « Dragon Noir ». Au milieu de la feuille et au dessus des deux noms, il indiqua « Mr.Magnum ».
« Bien, nous avons trois protagonistes de notre affaire : Dragon Noir possède des pouvoirs, et Lord Satana commence à développer les siens. Razaël Aurélie –et en prononçant son nom, il indiqua deux initiales sous le pseudonyme de Lord Satana– nous a confirmé que la source de leurs pouvoirs, ainsi que ceux de Dragon Noir sont des choses issues de la puissance de leur imagination, une sorte de don qu’il est nécessaire de cultiver et de développer. Quant à l’instigateur de tout cela, il semblerait qu’il en sache plus long que ce qu’il a bien voulu avancer la dernière fois que je l’ai vu, mais on ne tirera plus rien de lui, il s’est perdu au pays des morts. »
Il tira une grande croix sur le pseudo de dessus, et traça une flèche entre les deux noms indiqués au départ. Puis la barra de deux traits.
« Ces deux personnes ont formé des groupes différents, mais on est sûrs d’une chose : Toutes les personnes rassemblées par eux n’ont pas de pouvoirs semblables aux nôtres. »
Il inscrivit le pseudonyme du Kanar sous le nom de Lord Satana, puis deux initiales sous le nom de Dragon Noir et referma enfin son marqueur, à la grande joie de Dur Estel, qui, pris d’une soudaine envie de se montrer d’une classe inappropriée à son rang, s’était bouché le nez.
« Or, récemment, Razaël Aurélie « RA » et Le Kanar nous ont confirmé qu’Aran « AV » n’était même pas partisan de Lord Satana. Et nous avons vu nous-mêmes Aran, qui a suivi les plans de secours de Sephy Roshou gérés par Dragon Noir. Conclusion, Aran n’a pas de pouvoir quelconque qui soit semblable aux nôtres, et si Omega le cherche, ce n’est pas pour les mêmes raisons que ceux qui nous sont liés nous cherchent. »
Popolman se laissa choir sur sa chaise dans un soupir de désarroi non contenu. Angel Aeris fixa longuement la feuille de papier, que Ma finit par saisir et chiffonner rageusement.
« Si seulement cette femme, Omega, cherchait l’un d’entre nous, que ce soit Gregory, ou je ne sais qui, ce serait plus logique… marmonna Popolman en posant le dos de sa main contre ses yeux d’un air las, s’adossant à sa chaise.
-Si on considère que ces entités virtuelles nous sont liées, si ce ne sont pas nos créations, on peut établir ces liens-ci, résuma rapidement Angel Aeris en sortant une autre feuille, plus petite. Le ninja qui accompagnait Omega ne peut être venu que pour Popolman, et Naori est venue pour moi, puisque ces deux personnages n’existaient que dans notre imagination à tous les deux. Stefen… Stefen est sans doute venu pour Ma. A ce jour, à part Ma, Stefen n’avait aucun rapport avec vos alter egos virtuels, je me trompe ? »
Dur Estel et Klenval confirmèrent d’un mouvement bref de la tête. Ma se recula au fond de sa chaise, baissant la tête. Klenval resserra son étreinte autour de son épaule.
« Omega n’est pas venue ni pour Joffrey, ni pour Gregory, murmura Ma. Elle est venue pour un type qui n’a pas de pouvoirs comme les nôtres. Je n’y comprends plus rien…
-Si seulement ce n’était qu’une question de pouvoir… gémit Popolman, la main crispée contre ses yeux. »
Angel Aeris se retourna brusquement vers son ami, ses yeux grands ouverts exprimant sa stupéfaction l’espace d’une seconde, remplacée immédiatement par une flamme de rage à l’état pure alors qu’il lâchait, avec un air défaitiste qu’elle abhorrait :
« Aran Valentine est mort. Ça fait déjà cinq jours. »
-Café, merci Flo. »
Elle pensa furtivement que s’il y avait bien une personne à qui elle interdisait de prononcer son nom, ce fût bien lui. Elle parvenait de moins en moins à supporter l’atmosphère oppressante de leurs réunions, cette incompréhension grandissante qu’ils ne parvenaient pas à surmonter ensemble. Pire encore, il semblait que le fait d’être en groupe permettait à certaines personnes de rejeter la faute sur des boucs émissaires nommés d’office en sa personne et celle de Popolman. Si Ma avait maintenant réussi à prouver l’existence des jusqu’alors hypothétiques pleins-pouvoirs, Klenval restait dubitatif quant à leur maîtrise, et ne rechignait pas à leur signaler explicitement que son couple se serait bien passé de ce bonus superflu et encombrant. Ma tordit les doigts entremêlés de ses deux mains, puis prit la parole.
« Je crois qu’on a oublié de vous dire quelque chose dans la panique hier…
-Quoi ? fit Popolman.
-C’était plutôt une question. Tu te souviens d’Aran Valentine ? »
Popolman se renfonça dans son fauteuil en se rappelant de la crise qu’avait piquée Angel Aeris lors du départ du groupe d’Aran. Pourquoi cela revenait-il sur le tapis dans ce moment de crise ? Pourquoi avait-il l’impression agaçante qu’ils reculaient au fur et à mesure de leur enquête ?
« Oui. On l’a vu l’autre jour. Et puis quand on a invoqué l’entité, ensemble.
-Cette fille aux cheveux mauves, Onega ou Omega je ne sais pas, elle le cherche, enfin, elle le cherche lui en particulier, poursuivit Klenval à la place de sa fiancée.
-Vraiment ? Mais… »
Popolman lança un regard furtif à Angel Aeris qui hocha la tête aussi furtivement.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Angel Aeris.
-Elle nous a demandé où il était, elle a dit qu’elle ne nous ferait rien, crut bon d’ajouter Ma.
-Est-il possible que des personnes, je veux dire, autre que nous-mêmes aient des pouvoirs venant de la même source ? dit Klenval, se posant à haute voix la question rhétorique qu’il s’était ressassée pendant la nuit. »
Popolman sortit une grande feuille de papier et l’étendit sur la table du restaurant. Il sortit un marqueur bleu à l’odeur prononcée et commença à écrire.
« Lord Satana. »
Il gribouilla le nom de manière malhabile, puis écrivit un peu plus haut sur la droite « Dragon Noir ». Au milieu de la feuille et au dessus des deux noms, il indiqua « Mr.Magnum ».
« Bien, nous avons trois protagonistes de notre affaire : Dragon Noir possède des pouvoirs, et Lord Satana commence à développer les siens. Razaël Aurélie –et en prononçant son nom, il indiqua deux initiales sous le pseudonyme de Lord Satana– nous a confirmé que la source de leurs pouvoirs, ainsi que ceux de Dragon Noir sont des choses issues de la puissance de leur imagination, une sorte de don qu’il est nécessaire de cultiver et de développer. Quant à l’instigateur de tout cela, il semblerait qu’il en sache plus long que ce qu’il a bien voulu avancer la dernière fois que je l’ai vu, mais on ne tirera plus rien de lui, il s’est perdu au pays des morts. »
Il tira une grande croix sur le pseudo de dessus, et traça une flèche entre les deux noms indiqués au départ. Puis la barra de deux traits.
« Ces deux personnes ont formé des groupes différents, mais on est sûrs d’une chose : Toutes les personnes rassemblées par eux n’ont pas de pouvoirs semblables aux nôtres. »
Il inscrivit le pseudonyme du Kanar sous le nom de Lord Satana, puis deux initiales sous le nom de Dragon Noir et referma enfin son marqueur, à la grande joie de Dur Estel, qui, pris d’une soudaine envie de se montrer d’une classe inappropriée à son rang, s’était bouché le nez.
« Or, récemment, Razaël Aurélie « RA » et Le Kanar nous ont confirmé qu’Aran « AV » n’était même pas partisan de Lord Satana. Et nous avons vu nous-mêmes Aran, qui a suivi les plans de secours de Sephy Roshou gérés par Dragon Noir. Conclusion, Aran n’a pas de pouvoir quelconque qui soit semblable aux nôtres, et si Omega le cherche, ce n’est pas pour les mêmes raisons que ceux qui nous sont liés nous cherchent. »
Popolman se laissa choir sur sa chaise dans un soupir de désarroi non contenu. Angel Aeris fixa longuement la feuille de papier, que Ma finit par saisir et chiffonner rageusement.
« Si seulement cette femme, Omega, cherchait l’un d’entre nous, que ce soit Gregory, ou je ne sais qui, ce serait plus logique… marmonna Popolman en posant le dos de sa main contre ses yeux d’un air las, s’adossant à sa chaise.
-Si on considère que ces entités virtuelles nous sont liées, si ce ne sont pas nos créations, on peut établir ces liens-ci, résuma rapidement Angel Aeris en sortant une autre feuille, plus petite. Le ninja qui accompagnait Omega ne peut être venu que pour Popolman, et Naori est venue pour moi, puisque ces deux personnages n’existaient que dans notre imagination à tous les deux. Stefen… Stefen est sans doute venu pour Ma. A ce jour, à part Ma, Stefen n’avait aucun rapport avec vos alter egos virtuels, je me trompe ? »
Dur Estel et Klenval confirmèrent d’un mouvement bref de la tête. Ma se recula au fond de sa chaise, baissant la tête. Klenval resserra son étreinte autour de son épaule.
« Omega n’est pas venue ni pour Joffrey, ni pour Gregory, murmura Ma. Elle est venue pour un type qui n’a pas de pouvoirs comme les nôtres. Je n’y comprends plus rien…
-Si seulement ce n’était qu’une question de pouvoir… gémit Popolman, la main crispée contre ses yeux. »
Angel Aeris se retourna brusquement vers son ami, ses yeux grands ouverts exprimant sa stupéfaction l’espace d’une seconde, remplacée immédiatement par une flamme de rage à l’état pure alors qu’il lâchait, avec un air défaitiste qu’elle abhorrait :
« Aran Valentine est mort. Ça fait déjà cinq jours. »
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« P… Pardon ? reprit Ma abasourdie, au terme d’un long silence.
-Il est parti avec un groupe de trauméniens pour chercher Sephy Roshou, reprit Popolman en ignorant la supplique visuelle d’Angel Aeris de ne pas en dire plus sur le sujet. C’est pour ça qu’on l’a vu lorsque l’entité nous a montré une vision de l’autre monde. »
Ma se tut et fixa le papier froissé avec un intérêt si soudain qu’il en parut suspect. Dur Estel reconcentra enfin son attention sur la tablée, alors qu’il était occupé à « admirer le paysage urbain » comme il aimait à se l’entendre dire depuis la veille. Klenval ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, hésitant à prendre la parole. Une larme glissa le long de la joue d’Angel Aeris, alors que ses ongles lacéraient le papier qu’elle cachait dans sa poche, puis s’enfonçant dans la chair de sa paume.
« Qui est parti avec lui ? lança Dur Estel d’un ton désinvolte.
-Joffrey ! intervint Ma, indignée par sa nonchalence.
-Hé, ils vont bien revenir de toute manière, puisque d’autres sont revenus ! se défendit immédiatement le jeune homme.
-ça ne vous regarde pas, avec qui il est parti, grogna Angel Aeris abruptement. »
Ma se rappela l’image d’Aran Valentine qu’ils avaient vue lors de leur entrevue avec l’entité qui restait à ce jour inconnue. Une image furtive, si familière, pourtant impossible à concevoir. Elle avait espéré que cette image était venue du passé ou du futur. Elle n’avait jamais imaginé un seul instant que si cette incarnation virtuelle était au pays des morts, cela était bien dû au fait que son créateur était mort.
« C’est vrai, approuva Klenval, sans conviction cependant. Où sont-ils alors maintenant ?
-Nous ne savons pas. L’autre jour vous avez vu la même chose que Flo et moi. On n’en sait pas plus sur l’endroit où ils sont, ni sur l’état dans lequel ils se trouvent. Mais il paraît fort peu probable que son incarnation virtuelle puisse le chercher, ignorant tout de sa mort, et nous trouvant avant lui. C’est statistiquement impossible, continua Popolman avec une mine défaite. »
Un serveur leur annonça la fermeture du restaurant. Il était quinze heures et Popolman n’avait pas réussi à recontacter l’entité malgré l’aide de Ma, deux heures durant la matinée. Dur Estel traîna les pieds, pour rejoindre Angel Aeris, qui se mouchait en queue du groupe sortant du restaurant. Elle tenait serré dans sa main gauche un papier, à moitié enfoncé dans la poche de son manteau. Dur Estel voulut glisser son bras sous le sien, et elle se décala rapidement sur le côté.
« Qu’est-ce que tu veux, Joffrey ? marmonna-t-elle d’un ton maussade.
-Eh bien, tu as l’air toute bouleversée parce qu’on a appris que Aran était mort. »
Elle se contenta de lui jeter un regard condescendant pour toute réponse et détourna les yeux.
« Je voulais voir si tu allais bien, continua Dur Estel.
-Je vais très bien, merci de te soucier de mon état, rétorqua-t-elle sèchement.
-Ah oui, parce que de toute manière tu n’étais plus amoureuse de lui, alors je me demandais pourquoi tu étais aussi retournée. »
Elle évita à nouveau de croiser son regard, mais il lui sembla pendant un court instant entrevoir l’esquisse d’un rictus sardonique au coin des lèvres de son interlocuteur.
« Tu sortais pas avec mon très cher ami Anthony ? reprit-il avec un ton qui confirmait la furtive vision de la jeune femme.
-Non. C’est une idée à lui. Vos problèmes ne regardent que vous, trancha-t-elle d’un ton sans réplique. »
Le groupe des trois personnes les précédant s’éloigna, comme entraîné par une force inconnue et sournoise. Elle aurait appelé cela « chance du cocu », dans une situation moins dramatique, puisqu’à ce moment donné, elle marchait à une allure anormale pour les rattraper, lui donnant la démarche étrange d’un pingouin manchot, à tel point que c’en était insupportable pour son ego. De toute manière un type comme Dur Estel ne pouvait pas être cocu pour la bonne raison qu’il ne pouvait pas être engagé avec une fille.
« Il est où, maintenant ? »
Elle s’arrêta soudainement de marcher, sa main toujours serrée sur le papier dans sa poche.
« An…th…
-Oui, il est où Anthony ? Il se cache ? Il sait que tu me vois tous les jours ?
-Il est rentré chez lui, mentit Angel Aeris.
-En enfer, oui, je comprends. »
Elle recula vivement lorsque Dur Estel la saisit par le poignet, l’obligeant à extirper le papier qu’elle ne voulait pas lâcher du même coup. Elle chercha vainement du regard les autres membres du groupe, qui avaient disparu de son champ de vision.
« Lâche moi ! cria-t-elle en réprimant ses larmes de rage.
-C’est quoi ça ? Pourquoi tu le caches comme ça dans ta poche ? »
Il en saisit un pan, alors qu’elle serrait avec force la feuille dans sa main, tentant de le faire lâcher prise avec son autre main. Il attrapa son autre poignet, la touchant à même la peau, puis continua à tirer sur la feuille d’une pression lente, constante et contrôlée.
« Donne moi ce truc, ou ça se déchirera, murmura-t-il avec le même sourire qui lui donnait un air menaçant bien qu’irréaliste. »
Une lueur d’intérêt et d’envie insatiable brillait dans ses yeux. Rien, à ce moment, n’aurait laissé présager que l’homme, une semaine auparavant, était un simple étudiant sans ami, que son entourage méprisait. Elle lutta désespérément contre le flot d’images ininterrompu qui envahissait son esprit. Le désir, la haine, le besoin de tuer brûlaient ses sens tous à la fois. Il ne fallait pas qu’elle laisse entrer les sentiments immondes de l’individu malpropre qui lui faisait face. Il ne fallait pas. Elle lâcha le papier, son esprit ne tenant plus sous les assauts de souvenirs douloureux qui ne lui appartenaient pas, et une force invisible écarta les deux combattants. Son épaule heurta le mur derrière elle, tandis que Dur Estel se retrouvait assis par terre. Sans plus de cérémonie, il défroissa le papier et commença à le parcourir avec une avidité non dissimulée par la flamme d’intérêt qui s’amplifiait au fur et à mesure dans ses pupilles. Angel Aeris tourna le visage contre le mur, ses cheveux retombant sur ses joues pour cacher les larmes de la tristesse et de la culpabilité de ne pas avoir pu cacher ce secret plus longtemps.
« Je m’en doutais, fit-il sans terminer de lire la lettre. Il est mort. Enfin une bonne nouvelle. »
Avant qu’elle n’eût le temps de s’en rendre compte, il avait sorti un briquet, brûlant un coin de la feuille encore froissée et à certains endroits, carrément illisible. Ses yeux hébétés de surprise reflétaient la flamme réelle qui réduisait en cendres la lettre.
« NON ! hurla Angel Aeris en se jetant sur lui. Non ! »
La feuille s’envola dans les airs, échappant à sa portée, alors qu’elle entendait, au lointain, comme appartenant à un autre monde, le rire triomphant de Dur Estel. Elle tendit les deux mains pour rattraper le papier, qui flottait, restant au dessus d’elle mais hors d’atteinte, brûlant lentement, les cendres tombant entre ses doigts comme autant d’éclats de rire d’une foule ignorante de sa douleur. Elle tomba à genoux, vaincue, les cendres âpres venant se mêler à ses larmes. La feuille, ou plutôt ce qu’il en restait, un amas de cendres encore retenu par des fines fibres, tomba sur ses genoux. Pourquoi ?
« Peut être que je « crains », déclara Dur Estel en guise de conclusion. Mais au moins, je suis vivant pour prendre soin de toi. On ne peut pas prétendre aimer quelqu’un et partir dans un endroit dont on est pas sûr de revenir. Je t’ai débarrassé de cette vermine. Tu me remercieras un jour, je le sais. »
Elle ne repoussa pas ses mains souillées. Il lui entoura les épaules de ses bras, avec une compassion hypocrite. Elle ne sentit même pas ses lèvres écœurantes de désir égoïste sur sa joue. Il lui sembla qu’un sang noir avait envahi ses larmes de douleur pour les contaminer d’un sentiment destructeur. Il lui sembla même que ses limites repoussaient celles de sa douleur. Il est peut être temps d’y aller, non ?
Quelques étages au dessus de leurs têtes, une jeune fille aux longs cheveux blonds tirant sur le bleu était accouchée sur le bord du toit d’un immeuble. Ses paumes collées à ses joues, elle balançait la tête en chantonnant un air plutôt gai, malgré l’absence de sourire sur son visage. Elle garda les yeux rivés sur le jeune homme aux cheveux châtains qui aidait une fille brune à se relever, puis l’entraîna en la prenant par le bras, jusqu’au bout de la rue.
« Il vaut mieux qu’on reste en groupe maintenant. Je crois que nous courrons un réel danger. »
Les lèvres teintées de violet de Naori Genoko s’étirèrent en un sourire étrange.
En refermant la porte de l’appartement alors qu’ils rentraient, Popolman ressentit une douleur fulgurante à la tête. Résistant au hurlement mental qui lui déchirait les neurones, il ferma les yeux pour cacher l’expression de sa souffrance, et au prix d’un effort inhumain, il ouvrit la bouche pour formuler une ultime requête.
« Flo. Enlève tes gants. »
Ma se retourna vers lui et comprit immédiatement. Malgré ses longs cheveux qui cachaient une partie de son visage alors qu’il s’était courbé sous le coup de la douleur, les tremblements résultant de la lutte interne entre sa raison et la paralysie douloureuse qui envahissait ses membres à mesure que le cerveau n’était plus capable de gérer toutes ses fonctions vitales en même temps, tous les signes de l’imminence d’une crise, la poussèrent à agir sans plus attendre. Elle voulut attraper la main d’Angel Aeris, qui recula à nouveau, les larmes aux yeux, elle se mordait la lèvre inférieure.
« J’peux pas… J’veux pas ! »
Klenval écarquilla les yeux de stupeur avant de l’attraper brutalement par le bras et de lui enlever son gant droit. Ma la posa sans réfléchir sur celle de Popolman. Le hurlement qui s’en suivit fut littéralement gravé dans les esprits des trois témoins.
Angel Aeris se précipita à l’intérieur de la salle de bains et claqua la porte derrière elle, s’y adossant, la main crispée sur son pull, au niveau du cœur. Elle tenta de reprendre sa respiration, ses yeux encore focalisés sur ce qu’elle avait vu. Elle était incapable de formuler des liens cohérents entre la multitude d’images qui avaient traversé son esprit, tout à la fois comme autant de projectiles martelant son crâne. Que s’était-il passé ? Qu’est-ce qu’il y avait de si important ? Du sang ? Un visage qui ne lui était pas inconnu ? L’impression désagréable d’avoir oublié quelque chose ? Elle retira son pull, puis son débardeur. La marque avait pris sa forme finale. Elle toucha du bout des doigts la tache noire qu’elle avait sur le buste. Elle fut la première surprise de sa froideur minérale et de sa dureté cristalline. Et dire que cela s’était développé en seulement une nuit. Elle avait pensé que ce n’était pas trop tard. Elle avait pensé qu’elle pouvait y faire quelque chose. Elle leva les yeux vers le miroir pour regarder l’aspect de son corps, doté de cet objet qu’elle avait créé, seule, de son imagination, et qui envahissait sa vie réelle. Une ombre immatérielle apparut à ses côtés, ce visage… familier… Elle poussa un cri de stupeur en reconnaissant les traits de la femme irréelle qui se tenait à côté d’elle. Sa première réaction fut de regarder à sa droite, mais il n’y avait personne. Naryu Genoko n’apparaissait que dans le miroir.
« Qu…
-Inutile de regarder dans le vide, je suis là, en face de toi. »
Elle se retourna vers le miroir, faisant face à son double, qui se tenait à côté de son propre reflet, dans la même position. Une véritable… sœur jumelle.
-Il est parti avec un groupe de trauméniens pour chercher Sephy Roshou, reprit Popolman en ignorant la supplique visuelle d’Angel Aeris de ne pas en dire plus sur le sujet. C’est pour ça qu’on l’a vu lorsque l’entité nous a montré une vision de l’autre monde. »
Ma se tut et fixa le papier froissé avec un intérêt si soudain qu’il en parut suspect. Dur Estel reconcentra enfin son attention sur la tablée, alors qu’il était occupé à « admirer le paysage urbain » comme il aimait à se l’entendre dire depuis la veille. Klenval ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, hésitant à prendre la parole. Une larme glissa le long de la joue d’Angel Aeris, alors que ses ongles lacéraient le papier qu’elle cachait dans sa poche, puis s’enfonçant dans la chair de sa paume.
« Qui est parti avec lui ? lança Dur Estel d’un ton désinvolte.
-Joffrey ! intervint Ma, indignée par sa nonchalence.
-Hé, ils vont bien revenir de toute manière, puisque d’autres sont revenus ! se défendit immédiatement le jeune homme.
-ça ne vous regarde pas, avec qui il est parti, grogna Angel Aeris abruptement. »
Ma se rappela l’image d’Aran Valentine qu’ils avaient vue lors de leur entrevue avec l’entité qui restait à ce jour inconnue. Une image furtive, si familière, pourtant impossible à concevoir. Elle avait espéré que cette image était venue du passé ou du futur. Elle n’avait jamais imaginé un seul instant que si cette incarnation virtuelle était au pays des morts, cela était bien dû au fait que son créateur était mort.
« C’est vrai, approuva Klenval, sans conviction cependant. Où sont-ils alors maintenant ?
-Nous ne savons pas. L’autre jour vous avez vu la même chose que Flo et moi. On n’en sait pas plus sur l’endroit où ils sont, ni sur l’état dans lequel ils se trouvent. Mais il paraît fort peu probable que son incarnation virtuelle puisse le chercher, ignorant tout de sa mort, et nous trouvant avant lui. C’est statistiquement impossible, continua Popolman avec une mine défaite. »
Un serveur leur annonça la fermeture du restaurant. Il était quinze heures et Popolman n’avait pas réussi à recontacter l’entité malgré l’aide de Ma, deux heures durant la matinée. Dur Estel traîna les pieds, pour rejoindre Angel Aeris, qui se mouchait en queue du groupe sortant du restaurant. Elle tenait serré dans sa main gauche un papier, à moitié enfoncé dans la poche de son manteau. Dur Estel voulut glisser son bras sous le sien, et elle se décala rapidement sur le côté.
« Qu’est-ce que tu veux, Joffrey ? marmonna-t-elle d’un ton maussade.
-Eh bien, tu as l’air toute bouleversée parce qu’on a appris que Aran était mort. »
Elle se contenta de lui jeter un regard condescendant pour toute réponse et détourna les yeux.
« Je voulais voir si tu allais bien, continua Dur Estel.
-Je vais très bien, merci de te soucier de mon état, rétorqua-t-elle sèchement.
-Ah oui, parce que de toute manière tu n’étais plus amoureuse de lui, alors je me demandais pourquoi tu étais aussi retournée. »
Elle évita à nouveau de croiser son regard, mais il lui sembla pendant un court instant entrevoir l’esquisse d’un rictus sardonique au coin des lèvres de son interlocuteur.
« Tu sortais pas avec mon très cher ami Anthony ? reprit-il avec un ton qui confirmait la furtive vision de la jeune femme.
-Non. C’est une idée à lui. Vos problèmes ne regardent que vous, trancha-t-elle d’un ton sans réplique. »
Le groupe des trois personnes les précédant s’éloigna, comme entraîné par une force inconnue et sournoise. Elle aurait appelé cela « chance du cocu », dans une situation moins dramatique, puisqu’à ce moment donné, elle marchait à une allure anormale pour les rattraper, lui donnant la démarche étrange d’un pingouin manchot, à tel point que c’en était insupportable pour son ego. De toute manière un type comme Dur Estel ne pouvait pas être cocu pour la bonne raison qu’il ne pouvait pas être engagé avec une fille.
« Il est où, maintenant ? »
Elle s’arrêta soudainement de marcher, sa main toujours serrée sur le papier dans sa poche.
« An…th…
-Oui, il est où Anthony ? Il se cache ? Il sait que tu me vois tous les jours ?
-Il est rentré chez lui, mentit Angel Aeris.
-En enfer, oui, je comprends. »
Elle recula vivement lorsque Dur Estel la saisit par le poignet, l’obligeant à extirper le papier qu’elle ne voulait pas lâcher du même coup. Elle chercha vainement du regard les autres membres du groupe, qui avaient disparu de son champ de vision.
« Lâche moi ! cria-t-elle en réprimant ses larmes de rage.
-C’est quoi ça ? Pourquoi tu le caches comme ça dans ta poche ? »
Il en saisit un pan, alors qu’elle serrait avec force la feuille dans sa main, tentant de le faire lâcher prise avec son autre main. Il attrapa son autre poignet, la touchant à même la peau, puis continua à tirer sur la feuille d’une pression lente, constante et contrôlée.
« Donne moi ce truc, ou ça se déchirera, murmura-t-il avec le même sourire qui lui donnait un air menaçant bien qu’irréaliste. »
Une lueur d’intérêt et d’envie insatiable brillait dans ses yeux. Rien, à ce moment, n’aurait laissé présager que l’homme, une semaine auparavant, était un simple étudiant sans ami, que son entourage méprisait. Elle lutta désespérément contre le flot d’images ininterrompu qui envahissait son esprit. Le désir, la haine, le besoin de tuer brûlaient ses sens tous à la fois. Il ne fallait pas qu’elle laisse entrer les sentiments immondes de l’individu malpropre qui lui faisait face. Il ne fallait pas. Elle lâcha le papier, son esprit ne tenant plus sous les assauts de souvenirs douloureux qui ne lui appartenaient pas, et une force invisible écarta les deux combattants. Son épaule heurta le mur derrière elle, tandis que Dur Estel se retrouvait assis par terre. Sans plus de cérémonie, il défroissa le papier et commença à le parcourir avec une avidité non dissimulée par la flamme d’intérêt qui s’amplifiait au fur et à mesure dans ses pupilles. Angel Aeris tourna le visage contre le mur, ses cheveux retombant sur ses joues pour cacher les larmes de la tristesse et de la culpabilité de ne pas avoir pu cacher ce secret plus longtemps.
« Je m’en doutais, fit-il sans terminer de lire la lettre. Il est mort. Enfin une bonne nouvelle. »
Avant qu’elle n’eût le temps de s’en rendre compte, il avait sorti un briquet, brûlant un coin de la feuille encore froissée et à certains endroits, carrément illisible. Ses yeux hébétés de surprise reflétaient la flamme réelle qui réduisait en cendres la lettre.
« NON ! hurla Angel Aeris en se jetant sur lui. Non ! »
La feuille s’envola dans les airs, échappant à sa portée, alors qu’elle entendait, au lointain, comme appartenant à un autre monde, le rire triomphant de Dur Estel. Elle tendit les deux mains pour rattraper le papier, qui flottait, restant au dessus d’elle mais hors d’atteinte, brûlant lentement, les cendres tombant entre ses doigts comme autant d’éclats de rire d’une foule ignorante de sa douleur. Elle tomba à genoux, vaincue, les cendres âpres venant se mêler à ses larmes. La feuille, ou plutôt ce qu’il en restait, un amas de cendres encore retenu par des fines fibres, tomba sur ses genoux. Pourquoi ?
« Peut être que je « crains », déclara Dur Estel en guise de conclusion. Mais au moins, je suis vivant pour prendre soin de toi. On ne peut pas prétendre aimer quelqu’un et partir dans un endroit dont on est pas sûr de revenir. Je t’ai débarrassé de cette vermine. Tu me remercieras un jour, je le sais. »
Elle ne repoussa pas ses mains souillées. Il lui entoura les épaules de ses bras, avec une compassion hypocrite. Elle ne sentit même pas ses lèvres écœurantes de désir égoïste sur sa joue. Il lui sembla qu’un sang noir avait envahi ses larmes de douleur pour les contaminer d’un sentiment destructeur. Il lui sembla même que ses limites repoussaient celles de sa douleur. Il est peut être temps d’y aller, non ?
Quelques étages au dessus de leurs têtes, une jeune fille aux longs cheveux blonds tirant sur le bleu était accouchée sur le bord du toit d’un immeuble. Ses paumes collées à ses joues, elle balançait la tête en chantonnant un air plutôt gai, malgré l’absence de sourire sur son visage. Elle garda les yeux rivés sur le jeune homme aux cheveux châtains qui aidait une fille brune à se relever, puis l’entraîna en la prenant par le bras, jusqu’au bout de la rue.
« Il vaut mieux qu’on reste en groupe maintenant. Je crois que nous courrons un réel danger. »
Les lèvres teintées de violet de Naori Genoko s’étirèrent en un sourire étrange.
En refermant la porte de l’appartement alors qu’ils rentraient, Popolman ressentit une douleur fulgurante à la tête. Résistant au hurlement mental qui lui déchirait les neurones, il ferma les yeux pour cacher l’expression de sa souffrance, et au prix d’un effort inhumain, il ouvrit la bouche pour formuler une ultime requête.
« Flo. Enlève tes gants. »
Ma se retourna vers lui et comprit immédiatement. Malgré ses longs cheveux qui cachaient une partie de son visage alors qu’il s’était courbé sous le coup de la douleur, les tremblements résultant de la lutte interne entre sa raison et la paralysie douloureuse qui envahissait ses membres à mesure que le cerveau n’était plus capable de gérer toutes ses fonctions vitales en même temps, tous les signes de l’imminence d’une crise, la poussèrent à agir sans plus attendre. Elle voulut attraper la main d’Angel Aeris, qui recula à nouveau, les larmes aux yeux, elle se mordait la lèvre inférieure.
« J’peux pas… J’veux pas ! »
Klenval écarquilla les yeux de stupeur avant de l’attraper brutalement par le bras et de lui enlever son gant droit. Ma la posa sans réfléchir sur celle de Popolman. Le hurlement qui s’en suivit fut littéralement gravé dans les esprits des trois témoins.
Angel Aeris se précipita à l’intérieur de la salle de bains et claqua la porte derrière elle, s’y adossant, la main crispée sur son pull, au niveau du cœur. Elle tenta de reprendre sa respiration, ses yeux encore focalisés sur ce qu’elle avait vu. Elle était incapable de formuler des liens cohérents entre la multitude d’images qui avaient traversé son esprit, tout à la fois comme autant de projectiles martelant son crâne. Que s’était-il passé ? Qu’est-ce qu’il y avait de si important ? Du sang ? Un visage qui ne lui était pas inconnu ? L’impression désagréable d’avoir oublié quelque chose ? Elle retira son pull, puis son débardeur. La marque avait pris sa forme finale. Elle toucha du bout des doigts la tache noire qu’elle avait sur le buste. Elle fut la première surprise de sa froideur minérale et de sa dureté cristalline. Et dire que cela s’était développé en seulement une nuit. Elle avait pensé que ce n’était pas trop tard. Elle avait pensé qu’elle pouvait y faire quelque chose. Elle leva les yeux vers le miroir pour regarder l’aspect de son corps, doté de cet objet qu’elle avait créé, seule, de son imagination, et qui envahissait sa vie réelle. Une ombre immatérielle apparut à ses côtés, ce visage… familier… Elle poussa un cri de stupeur en reconnaissant les traits de la femme irréelle qui se tenait à côté d’elle. Sa première réaction fut de regarder à sa droite, mais il n’y avait personne. Naryu Genoko n’apparaissait que dans le miroir.
« Qu…
-Inutile de regarder dans le vide, je suis là, en face de toi. »
Elle se retourna vers le miroir, faisant face à son double, qui se tenait à côté de son propre reflet, dans la même position. Une véritable… sœur jumelle.
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Naori sautilla sur le parapet en pierre du pont, les lèvres fermées laissaient échapper un air connu, qu’Onega n’arrivait pas à identifier. La jeune fille lança des cailloux aux reflets brillants du soleil, qui était toujours haut dans le ciel, se miroitant avec superbe dans le fleuve. Stefen soupira en extirpant une boîte de cigarettes de sa veste. Il en prit une, tendit le paquet à Onega, qui secoua la tête.
« Ces trucs tuent, même si on n’est pas humains, déclara-t-elle.
-Tu veux dire, même si je ne le suis pas.
-Qu’est-ce que tu insinues ? rétorqua sèchement Onega.
-Ne joue pas au plus bête avec moi. Omega fume. Peu, mais elle ne refuse pas. Omega ne s’énerve pas. Omega ne discute pas. Et fait encore moins la morale. Je t’ai repéré depuis un bout de temps, je suppose que l’Ermite Crâbe aussi. »
Le sus-nommé demeura en silence, accroupi derrière le parapet, toute expression de son visage cachée par son large chapeau de paille. La plupart des badauds passaient leurs chemins sans les regarder. Des jeunes marginaux punks sans domicile fixe, quoi d’autre ? Stefen n’attendit pas de réponse pour poursuivre.
« Tu sembles bien nous connaître, mais tes réactions face à Naori ne laissent aucun doute. Tu n’es pas Omega. »
La jeune femme se tint coite, son regard améthyste défiait son interlocuteur avec une suffisance arrogante. Celui-ci eut un léger sourire en la voyant s’approcher de la Seine.
« Je me trompe, peut être ? continua-t-il.
-Que vas-tu faire ? répliqua Onega sans se démonter.
-Moi ? Rien du tout. C’est amusant de la voir comme cela, qu’en penses-tu Crâbby ? »
L’Ermite Crâbe leur adressa un grognement pour toute réponse, s’affaissant sur le sol, il se coucha, toujours à visage couvert. Onega ne dissimula pas son sourire narquois, alors que Naori passait à son niveau, toujours en sautillant.
« Je ne pensais pas que les humains percevaient cette femme de cette manière, reprit Stefen.
-Que vas-tu faire de Naori ?
-Nous avons chacun nos raisons de retrouver ce que tu considères comme « la cible ». Les siennes ne regardent qu’elle. Je suis impatient de découvrir tout ce que tu voudrais dissimuler.
-Pourquoi travailler avec une enfant ?
-Encore une chose qu’Omega sait et que tu ignores. Montreras-tu un jour ton vrai visage ?
-Peut être… souffla Onega. Peut être. »
L’Ermite Crâbe se leva subitement. Dos courbé, la main gauche en visière sur son front, les yeux dirigés vers l’île de la Cité, il marmonna une parole inintelligible dans sa barbe. Naori sauta sur le pont, et s’approcha de lui sur la pointe des pieds. Elle avança les deux mains pour le pousser, avant d’être arrêtée au dernier moment par Stefen, à qui elle jeta un regard noir. L’Ermite Crâbe se retourna et commença à parler d’une voix anormalement claire.
« Ils sont prêts.
-Ce n’est pas ce que tu nous avais signalé tout à l’heure, répliqua Onega.
-Maintenant, ils sont prêts, répéta d’un ton monocorde l’homme.
-Ohééé c’est le médium là dedans ? s’écria Naori en toquant sur le sommet du crâne de l’Ermite Crâbe, heureusement protégé par son chapeau.
-Ils ont tous été activés, expliqua Stefen. Ça, ce n’était pas prévu. »
A l’extérieur, elle entendait les menaces de Dur Estel de défoncer la porte, et les cris de panique de Ma, qui apparemment, essayait de ramener Popolman à un état conscient. Elle se retourna vers le miroir et son avatar qui souriait, face à elle.
« T’es… t’es qui toi ? demanda Angel Aeris.
-Oh voyons. Tu deviens presque insultante.
-C’est pas possible… Qu’est-ce que tu fais là ? Na…
-Tu le sais très bien. Je te l’ai montré. Je suis morte de l’autre côté. Alors je suis venue trouver refuge là où j’étais née. Le Constituant qui est sur ta poitrine le prouve. »
La même voix. Cette gravité de ton. La voix qu’elle n’arrivait pas à nommer. Pour la bonne raison qu’elle n’avait jamais entendu sa propre voix d’un point de vue extérieur. Ses rêves. Ses visions. L’apparition de cette marque. Tout coïncidait dans ce sens. Mais quel sens, finalement ? Etait-ce l’aboutissement de sa vie ? « Tu peux fuir, mais tu ne m’échapperas pas ! » « Tu crois ? »
« J’ai tenté de te montrer ce qu’il se passait, « de l’autre côté ». Cependant, j’étais réduite à l’état de création imaginaire sans enveloppe, ni corporelle, ni même immatérielle.
-Tu… »
Elle se rappela les paroles terribles que cette même voix avait prononcées quelques jours auparavant. « Crève ! » « Quelle folie ! » « Tu ne pourras rien faire contre quelque chose que tu ignores ». Sa propre… imagination… Elle recula et s’adossa au mur carrelé.
« Tu veux me tuer ? demanda Angel Aeris d’une voix blanche.
-Moi ? Enfin, réfléchis, si je te tue, je mourrai avec toi, puisque ton imaginaire disparaîtra avec toi. Je ne suis pas folle. »
Alors pourquoi… Les pensées se mélangeaient dans l’esprit d’Angel Aeris, perdue entre les visions que Popolman venait de lui transmettre, et les révélations que lui faisait sa propre création. Sur toutes les vérités qu’elle avait toujours cherchées.
« Qu’est-ce que tu veux alors ? continua-t-elle. »
Les paroles lui revenaient par bribes. Les cris de Naori. La voix sérieuse et froide qui lui appartenait. « Tu pensais résoudre quelque chose, comme ça ? »
« T’aider. Après tout, si tu ne t’en sors pas, je ne m’en sortirai pas non plus. Je t’offre ma force. La force que tu as toujours voulu posséder. Celle que tu possèdes virtuellement.
-Je n’en ai pas besoin.
-Vraiment ? »
« Tu comprends, il est parti. » Elle revit contre son gré l’image du visage de Dur Estel, son sourire distordu de sadisme. Il n’en avait pas le droit. Quelqu’un comme lui n’avait pas le droit… Il ne pouvait se permettre de faire preuve d’un sentiment de supériorité. « Maintenant tu n’as plus… » Elle pouvait résister à cela. Vraiment… Si elle craquait maintenant, ce n’eût pas été digne d’elle.
« Ce n’est pas craquer que de se reposer sur la puissance intérieure que l’on possède. Je peux t’aider, après tout, c’était bien pour cela que tu m’avais créée, non ?
-Il n’y a pas de raison…
-De démolir Dur Estel ? reprit son double avec un sourire qu’elle se connaissait bien.
-Non ! »
Son avatar était mort. Comment cela avait-il pu être possible ? Elle lui avait donné des pouvoirs phénoménaux et seuls certains autres avatars auraient pu la tuer après un long combat. Mais pourquoi l’auraient-ils fait ? « Ta sœur est morte ! » Ou alors… c’était… un complot bien mené… « J’en crevais de te rencontrer, tu sais ? Même si… »
« Bien sûr, toujours tes principes moraux. C’est humain, je le sais. Ce n’était pas tout à fait prévu… »
« Maintenant on ne se quittera plus, comme… »
« Je ne veux pas utiliser ces pouvoirs pour tuer quelqu’un ! protesta Angel Aeris contre elle-même. Je ne veux pas !
-Tu as des scrupules ? Voyons, c’est ça qui n’est pas digne de toi, comme tu le penses si bien. »
L’ombre se rapprocha de son reflet, le miroir devenant un tableau vivant plus qu’une image imparfaite de la réalité. Elle sentit une main froide contre la sienne alors que rien ne la touchait physiquement, seulement le dos de la main de Naryu Genoko contre celle de son image, pâle de terreur. Terreur de ce qu’elle gardait en elle. Terreur atroce de ce pouvoir qui se réduisait pour le moment à la tache noire qui semblait être la marque de sa malédiction. « Tu pensais vraiment pouvoir m’arrêter ? Tu penses faire le poids face à moi. Mais tu rêves ! Tu penseras aussi me vaincre, quand le temps sera venu. »
« Ou alors… Tu es tombée amoureuse de lui… ? murmura la voix à son oreille. »
Elle se figea. L’image de Night Beast passa furtivement devant ses yeux. Son sourire moqueur. Sa manière de tout tourner en dérision avec un regard sardonique. La sincérité qu’il cachait sous un masque de moquerie. Son indifférence face à son désarroi. Les flammes qui dévoraient le papier précieux.
« Amoureuse de Joffrey ? Moi ?
-Ridicule, n’est-ce pas ? Tu te souviens, ce proverbe qui disait que « on n’est jamais mort tant que quelqu’un garde un souvenir de soi »… continua l’avatar à son oreille. Ce souvenir, il l’a détruit. Tu tenais la preuve que Night Beast était vivant tant que tu l’avais. Maintenant tu ne l’as plus. Tout est de sa faute.
-Tout… sa faute… murmura Angel Aeris en répétant les mots savamment choisis. »
Les bruits de coups contre la porte s’amplifièrent brutalement à ses oreilles, la ramenant dans la réalité. Elle était toujours enfermée dans la salle de bains. Et le prétentieux qu’il était n’avait toujours pas réussi à « défoncer la porte » comme il semblait le prétendre quelques instants auparavant.
« Oui, et Night Beast te l’avait dit. Il est dangereux. Comme les deux autres… que Night Beast t’a indiqués. C’est vrai, non ?
-Alors… alors qu’est-ce que je dois faire ? demanda Angel Aeris d’une voix brisée. »
Elle détourna ses yeux du miroir et vit apparaître l’image qui ne s’était pas matérialisée jusqu’à cet instant juste devant elle, lui barrant la route vers la porte.
« C’est simple, lorsque tu en sentiras le besoin, appelle moi, et je m’occupe du reste, déclara la femme brune avant d’avancer vers elle et de disparaître en touchant sa main. »
Elle cligna des yeux. Elle regarda ses mains, hébétée. Elle avait un médaillon doré dans la main gauche, fermé. Elle se regarda à nouveau dans le miroir, mais elle était seule. La porte s’ouvrit. Elle regarda dans le direction de Dur Estel. Celui-ci la reluqua sans aucune honte. La porte se referma brutalement sur ses doigts, restés dans l’ouverture de la porte. Un claquement sec suivi d’un cri et d’un bruit de fracas résonna dans l’appartement. Angel Aeris se rhabilla et sortit de la pièce sans toucher la porte. « Je ne suis pas seule. Et je ne le serai plus jamais. »
« Hé, Rémi ?
-H… heiinn ? geignit Popolman en ouvrant un œil. Qu’est-ce qu’il s’est passé encore ?
-Tu as dû avoir une vision. C’était très violent, tu as perdu connaissance, expliqua Ma.
-Qu… je… ouais je me rappelle. J’ai essayé de transmettre ça à Flo, puis j’ai tout oublié sous le coup de la douleur… Bordel ça fait mal… »
Ma maintint la compresse sur le front du brun tandis que Dur Estel atterrissait lourdement sur le sol, renversant une chaise. Il se frotta le crâne, désorienté, en voyant Angel Aeris sortir de la salle de bains, puis lui tendre la main pour l’aider à se relever.
« Je suis désolée, j’ai été surprise… commença-t-elle.
-Tu te fous de nous ou quoi ? Joffrey hurle depuis tout à l’heure ! s’exclama Klenval en fronçant les sourcils.
-J’étais nue, rétorqua Angel Aeris sans hausser le ton.
-C’est vrai, elle l’était, confirma Dur Estel d’une voix étrangement calme. »
Elle l’aida à se relever, avant de s’approcher de Ma et Popolman, lequel était allongé sur le canapé. Elle s’assit à côté de son amie, se penchant vers Popolman.
« Je suis désolée… Je suis désolée d’avoir fui… deux fois.
-C’est pas grave… On est humains, après tout, je peux pas t’en vouloir d’avoir peur. Et puis je suis un peu égoïste aussi d’avoir voulu transférer tout ça. »
« Pour ne pas souffrir seul » avait-il voulu ajouter, mais ne se sentant pas la force d’une telle franchise, il se ravisa et détourna les yeux. Il pensa avec culpabilité qu’il se rappelait clairement tout ce qu’il avait pu voir, et que son geste n’était justifié que par le simple fait de son égoïsme, obligeant Angel Aeris à partager sa douleur. Une étrange lueur bleue irréelle irradiait la compresse, prenant apparemment naissance entre les paumes de main de Ma.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Angel Aeris.
-Je sais pas vraiment. La Ma virtuelle n’a pas de pouvoir de guérison, vu que nous sommes des Mazokus. C’est un sort de régénération, c’est venu spontanément, décrivit lentement Ma en cherchant ses mots.
-Le plus important, interrompit Popolman en se tournant vers Angel Aeris. Qu’est-ce que je t’ai transféré ? Qu’est-ce que tu as vu ? »
Cette dernière ferma les yeux. Elle revit son reflet distordu. Son double hocha la tête. Elle chercha dans les bribes de mémoire arrachées au tissu de douleur que Popolman lui avait légué en la touchant.
« Ils vont nous attendre. Je crois que ce sera une embuscade. C’est pendant la journée. Le matin. Tôt.
-Combien sont-ils ?
-Cinq. »
Klenval et Ma sursautèrent. L’entité qui leur avait parlé prétendait qu’il y avait une incarnation virtuelle pour chaque membre de leur groupe, et qu’ils étaient censés être six. Pourquoi cinq alors ?
« Il y a deux femmes et trois hommes. L’une des deux femmes est plus vulnérable, continua Angel Aeris.
-Peut être cinq parce que le sixième qui aurait dû nous rejoindre s’est déjà fait descendre, réfléchit Klenval à haute voix.
-Laisse la parler, rétorqua Ma.
-C’est un grand parc vide. Observatoire. Chemin de l’Observatoire. »
Angel Aeris ouvrit les yeux, et les cligna plusieurs fois. Elle repéra le sourire de Dur Estel, assis à l’écart, sur une chaise à côté de la table, le regard interrogateur de Klenval, et celui, plus pessimiste, de Ma, qui baissait les yeux sur Popolman.
« On a une nuit pour se préparer, déclara celui-ci. C’est suffisant. Sortons, on va aux jardins du Luxembourg.
-T’es sûr que c’est le plus discret des endroits pour s’entraîner ? demanda Klenval d’un air peu convaincu.
-On aura tout ce qu’il nous faut. Les forces élémentaires, hormis celle du feu, que j’arrive à matérialiser sans nécessité de l’élément, approuva Ma. Je pense que c’est un bon espace. »
Angel Aeris jeta un coup d’œil discret vers le miroir du séjour, puis saisit précipitamment son bonnet pour se l’enfoncer sur la tête, se couvrant jusqu’aux yeux. Elle se retourna vers Ma, qui avait commencé à la dévisager avec un regard curieux. A ce moment précis, Angel Aeris se maudit intérieurement d’avoir été aussi rude avec son personnage, physiquement parlant.
« Prenez vos armes, commença Dur Estel d’un ton autoritaire. On n’est jamais à l’abri.
-Flo, t’es sûre que ça va ? demanda Ma d’un ton circonspect.
-Oui, je t’assure, tout va bien… »
Elle enfonça, par sécurité, le bonnet encore davantage sur son crâne, sous prétexte de couvrir ses oreilles. Elle ressentait une inquiétante douleur nerveuse au niveau des tempes, qui ne présageait rien de bon. Elle se rappela furtivement qu’elle avait fourni dernièrement des pouvoirs d’ombre à foison à son avatar, qui avait par conséquent écopé d’une déformation des nerfs sur le côté du visage. Bien que ce fût esthétique, artistiquement parlant, elle ne s’était pas douté un seul instant que cela eût pu avoir un impact aussi conséquent sur sa capacité à contrôler complètement ses gestes et son aptitude à diriger son corps par son cerveau.
« Ces trucs tuent, même si on n’est pas humains, déclara-t-elle.
-Tu veux dire, même si je ne le suis pas.
-Qu’est-ce que tu insinues ? rétorqua sèchement Onega.
-Ne joue pas au plus bête avec moi. Omega fume. Peu, mais elle ne refuse pas. Omega ne s’énerve pas. Omega ne discute pas. Et fait encore moins la morale. Je t’ai repéré depuis un bout de temps, je suppose que l’Ermite Crâbe aussi. »
Le sus-nommé demeura en silence, accroupi derrière le parapet, toute expression de son visage cachée par son large chapeau de paille. La plupart des badauds passaient leurs chemins sans les regarder. Des jeunes marginaux punks sans domicile fixe, quoi d’autre ? Stefen n’attendit pas de réponse pour poursuivre.
« Tu sembles bien nous connaître, mais tes réactions face à Naori ne laissent aucun doute. Tu n’es pas Omega. »
La jeune femme se tint coite, son regard améthyste défiait son interlocuteur avec une suffisance arrogante. Celui-ci eut un léger sourire en la voyant s’approcher de la Seine.
« Je me trompe, peut être ? continua-t-il.
-Que vas-tu faire ? répliqua Onega sans se démonter.
-Moi ? Rien du tout. C’est amusant de la voir comme cela, qu’en penses-tu Crâbby ? »
L’Ermite Crâbe leur adressa un grognement pour toute réponse, s’affaissant sur le sol, il se coucha, toujours à visage couvert. Onega ne dissimula pas son sourire narquois, alors que Naori passait à son niveau, toujours en sautillant.
« Je ne pensais pas que les humains percevaient cette femme de cette manière, reprit Stefen.
-Que vas-tu faire de Naori ?
-Nous avons chacun nos raisons de retrouver ce que tu considères comme « la cible ». Les siennes ne regardent qu’elle. Je suis impatient de découvrir tout ce que tu voudrais dissimuler.
-Pourquoi travailler avec une enfant ?
-Encore une chose qu’Omega sait et que tu ignores. Montreras-tu un jour ton vrai visage ?
-Peut être… souffla Onega. Peut être. »
L’Ermite Crâbe se leva subitement. Dos courbé, la main gauche en visière sur son front, les yeux dirigés vers l’île de la Cité, il marmonna une parole inintelligible dans sa barbe. Naori sauta sur le pont, et s’approcha de lui sur la pointe des pieds. Elle avança les deux mains pour le pousser, avant d’être arrêtée au dernier moment par Stefen, à qui elle jeta un regard noir. L’Ermite Crâbe se retourna et commença à parler d’une voix anormalement claire.
« Ils sont prêts.
-Ce n’est pas ce que tu nous avais signalé tout à l’heure, répliqua Onega.
-Maintenant, ils sont prêts, répéta d’un ton monocorde l’homme.
-Ohééé c’est le médium là dedans ? s’écria Naori en toquant sur le sommet du crâne de l’Ermite Crâbe, heureusement protégé par son chapeau.
-Ils ont tous été activés, expliqua Stefen. Ça, ce n’était pas prévu. »
A l’extérieur, elle entendait les menaces de Dur Estel de défoncer la porte, et les cris de panique de Ma, qui apparemment, essayait de ramener Popolman à un état conscient. Elle se retourna vers le miroir et son avatar qui souriait, face à elle.
« T’es… t’es qui toi ? demanda Angel Aeris.
-Oh voyons. Tu deviens presque insultante.
-C’est pas possible… Qu’est-ce que tu fais là ? Na…
-Tu le sais très bien. Je te l’ai montré. Je suis morte de l’autre côté. Alors je suis venue trouver refuge là où j’étais née. Le Constituant qui est sur ta poitrine le prouve. »
La même voix. Cette gravité de ton. La voix qu’elle n’arrivait pas à nommer. Pour la bonne raison qu’elle n’avait jamais entendu sa propre voix d’un point de vue extérieur. Ses rêves. Ses visions. L’apparition de cette marque. Tout coïncidait dans ce sens. Mais quel sens, finalement ? Etait-ce l’aboutissement de sa vie ? « Tu peux fuir, mais tu ne m’échapperas pas ! » « Tu crois ? »
« J’ai tenté de te montrer ce qu’il se passait, « de l’autre côté ». Cependant, j’étais réduite à l’état de création imaginaire sans enveloppe, ni corporelle, ni même immatérielle.
-Tu… »
Elle se rappela les paroles terribles que cette même voix avait prononcées quelques jours auparavant. « Crève ! » « Quelle folie ! » « Tu ne pourras rien faire contre quelque chose que tu ignores ». Sa propre… imagination… Elle recula et s’adossa au mur carrelé.
« Tu veux me tuer ? demanda Angel Aeris d’une voix blanche.
-Moi ? Enfin, réfléchis, si je te tue, je mourrai avec toi, puisque ton imaginaire disparaîtra avec toi. Je ne suis pas folle. »
Alors pourquoi… Les pensées se mélangeaient dans l’esprit d’Angel Aeris, perdue entre les visions que Popolman venait de lui transmettre, et les révélations que lui faisait sa propre création. Sur toutes les vérités qu’elle avait toujours cherchées.
« Qu’est-ce que tu veux alors ? continua-t-elle. »
Les paroles lui revenaient par bribes. Les cris de Naori. La voix sérieuse et froide qui lui appartenait. « Tu pensais résoudre quelque chose, comme ça ? »
« T’aider. Après tout, si tu ne t’en sors pas, je ne m’en sortirai pas non plus. Je t’offre ma force. La force que tu as toujours voulu posséder. Celle que tu possèdes virtuellement.
-Je n’en ai pas besoin.
-Vraiment ? »
« Tu comprends, il est parti. » Elle revit contre son gré l’image du visage de Dur Estel, son sourire distordu de sadisme. Il n’en avait pas le droit. Quelqu’un comme lui n’avait pas le droit… Il ne pouvait se permettre de faire preuve d’un sentiment de supériorité. « Maintenant tu n’as plus… » Elle pouvait résister à cela. Vraiment… Si elle craquait maintenant, ce n’eût pas été digne d’elle.
« Ce n’est pas craquer que de se reposer sur la puissance intérieure que l’on possède. Je peux t’aider, après tout, c’était bien pour cela que tu m’avais créée, non ?
-Il n’y a pas de raison…
-De démolir Dur Estel ? reprit son double avec un sourire qu’elle se connaissait bien.
-Non ! »
Son avatar était mort. Comment cela avait-il pu être possible ? Elle lui avait donné des pouvoirs phénoménaux et seuls certains autres avatars auraient pu la tuer après un long combat. Mais pourquoi l’auraient-ils fait ? « Ta sœur est morte ! » Ou alors… c’était… un complot bien mené… « J’en crevais de te rencontrer, tu sais ? Même si… »
« Bien sûr, toujours tes principes moraux. C’est humain, je le sais. Ce n’était pas tout à fait prévu… »
« Maintenant on ne se quittera plus, comme… »
« Je ne veux pas utiliser ces pouvoirs pour tuer quelqu’un ! protesta Angel Aeris contre elle-même. Je ne veux pas !
-Tu as des scrupules ? Voyons, c’est ça qui n’est pas digne de toi, comme tu le penses si bien. »
L’ombre se rapprocha de son reflet, le miroir devenant un tableau vivant plus qu’une image imparfaite de la réalité. Elle sentit une main froide contre la sienne alors que rien ne la touchait physiquement, seulement le dos de la main de Naryu Genoko contre celle de son image, pâle de terreur. Terreur de ce qu’elle gardait en elle. Terreur atroce de ce pouvoir qui se réduisait pour le moment à la tache noire qui semblait être la marque de sa malédiction. « Tu pensais vraiment pouvoir m’arrêter ? Tu penses faire le poids face à moi. Mais tu rêves ! Tu penseras aussi me vaincre, quand le temps sera venu. »
« Ou alors… Tu es tombée amoureuse de lui… ? murmura la voix à son oreille. »
Elle se figea. L’image de Night Beast passa furtivement devant ses yeux. Son sourire moqueur. Sa manière de tout tourner en dérision avec un regard sardonique. La sincérité qu’il cachait sous un masque de moquerie. Son indifférence face à son désarroi. Les flammes qui dévoraient le papier précieux.
« Amoureuse de Joffrey ? Moi ?
-Ridicule, n’est-ce pas ? Tu te souviens, ce proverbe qui disait que « on n’est jamais mort tant que quelqu’un garde un souvenir de soi »… continua l’avatar à son oreille. Ce souvenir, il l’a détruit. Tu tenais la preuve que Night Beast était vivant tant que tu l’avais. Maintenant tu ne l’as plus. Tout est de sa faute.
-Tout… sa faute… murmura Angel Aeris en répétant les mots savamment choisis. »
Les bruits de coups contre la porte s’amplifièrent brutalement à ses oreilles, la ramenant dans la réalité. Elle était toujours enfermée dans la salle de bains. Et le prétentieux qu’il était n’avait toujours pas réussi à « défoncer la porte » comme il semblait le prétendre quelques instants auparavant.
« Oui, et Night Beast te l’avait dit. Il est dangereux. Comme les deux autres… que Night Beast t’a indiqués. C’est vrai, non ?
-Alors… alors qu’est-ce que je dois faire ? demanda Angel Aeris d’une voix brisée. »
Elle détourna ses yeux du miroir et vit apparaître l’image qui ne s’était pas matérialisée jusqu’à cet instant juste devant elle, lui barrant la route vers la porte.
« C’est simple, lorsque tu en sentiras le besoin, appelle moi, et je m’occupe du reste, déclara la femme brune avant d’avancer vers elle et de disparaître en touchant sa main. »
Elle cligna des yeux. Elle regarda ses mains, hébétée. Elle avait un médaillon doré dans la main gauche, fermé. Elle se regarda à nouveau dans le miroir, mais elle était seule. La porte s’ouvrit. Elle regarda dans le direction de Dur Estel. Celui-ci la reluqua sans aucune honte. La porte se referma brutalement sur ses doigts, restés dans l’ouverture de la porte. Un claquement sec suivi d’un cri et d’un bruit de fracas résonna dans l’appartement. Angel Aeris se rhabilla et sortit de la pièce sans toucher la porte. « Je ne suis pas seule. Et je ne le serai plus jamais. »
« Hé, Rémi ?
-H… heiinn ? geignit Popolman en ouvrant un œil. Qu’est-ce qu’il s’est passé encore ?
-Tu as dû avoir une vision. C’était très violent, tu as perdu connaissance, expliqua Ma.
-Qu… je… ouais je me rappelle. J’ai essayé de transmettre ça à Flo, puis j’ai tout oublié sous le coup de la douleur… Bordel ça fait mal… »
Ma maintint la compresse sur le front du brun tandis que Dur Estel atterrissait lourdement sur le sol, renversant une chaise. Il se frotta le crâne, désorienté, en voyant Angel Aeris sortir de la salle de bains, puis lui tendre la main pour l’aider à se relever.
« Je suis désolée, j’ai été surprise… commença-t-elle.
-Tu te fous de nous ou quoi ? Joffrey hurle depuis tout à l’heure ! s’exclama Klenval en fronçant les sourcils.
-J’étais nue, rétorqua Angel Aeris sans hausser le ton.
-C’est vrai, elle l’était, confirma Dur Estel d’une voix étrangement calme. »
Elle l’aida à se relever, avant de s’approcher de Ma et Popolman, lequel était allongé sur le canapé. Elle s’assit à côté de son amie, se penchant vers Popolman.
« Je suis désolée… Je suis désolée d’avoir fui… deux fois.
-C’est pas grave… On est humains, après tout, je peux pas t’en vouloir d’avoir peur. Et puis je suis un peu égoïste aussi d’avoir voulu transférer tout ça. »
« Pour ne pas souffrir seul » avait-il voulu ajouter, mais ne se sentant pas la force d’une telle franchise, il se ravisa et détourna les yeux. Il pensa avec culpabilité qu’il se rappelait clairement tout ce qu’il avait pu voir, et que son geste n’était justifié que par le simple fait de son égoïsme, obligeant Angel Aeris à partager sa douleur. Une étrange lueur bleue irréelle irradiait la compresse, prenant apparemment naissance entre les paumes de main de Ma.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Angel Aeris.
-Je sais pas vraiment. La Ma virtuelle n’a pas de pouvoir de guérison, vu que nous sommes des Mazokus. C’est un sort de régénération, c’est venu spontanément, décrivit lentement Ma en cherchant ses mots.
-Le plus important, interrompit Popolman en se tournant vers Angel Aeris. Qu’est-ce que je t’ai transféré ? Qu’est-ce que tu as vu ? »
Cette dernière ferma les yeux. Elle revit son reflet distordu. Son double hocha la tête. Elle chercha dans les bribes de mémoire arrachées au tissu de douleur que Popolman lui avait légué en la touchant.
« Ils vont nous attendre. Je crois que ce sera une embuscade. C’est pendant la journée. Le matin. Tôt.
-Combien sont-ils ?
-Cinq. »
Klenval et Ma sursautèrent. L’entité qui leur avait parlé prétendait qu’il y avait une incarnation virtuelle pour chaque membre de leur groupe, et qu’ils étaient censés être six. Pourquoi cinq alors ?
« Il y a deux femmes et trois hommes. L’une des deux femmes est plus vulnérable, continua Angel Aeris.
-Peut être cinq parce que le sixième qui aurait dû nous rejoindre s’est déjà fait descendre, réfléchit Klenval à haute voix.
-Laisse la parler, rétorqua Ma.
-C’est un grand parc vide. Observatoire. Chemin de l’Observatoire. »
Angel Aeris ouvrit les yeux, et les cligna plusieurs fois. Elle repéra le sourire de Dur Estel, assis à l’écart, sur une chaise à côté de la table, le regard interrogateur de Klenval, et celui, plus pessimiste, de Ma, qui baissait les yeux sur Popolman.
« On a une nuit pour se préparer, déclara celui-ci. C’est suffisant. Sortons, on va aux jardins du Luxembourg.
-T’es sûr que c’est le plus discret des endroits pour s’entraîner ? demanda Klenval d’un air peu convaincu.
-On aura tout ce qu’il nous faut. Les forces élémentaires, hormis celle du feu, que j’arrive à matérialiser sans nécessité de l’élément, approuva Ma. Je pense que c’est un bon espace. »
Angel Aeris jeta un coup d’œil discret vers le miroir du séjour, puis saisit précipitamment son bonnet pour se l’enfoncer sur la tête, se couvrant jusqu’aux yeux. Elle se retourna vers Ma, qui avait commencé à la dévisager avec un regard curieux. A ce moment précis, Angel Aeris se maudit intérieurement d’avoir été aussi rude avec son personnage, physiquement parlant.
« Prenez vos armes, commença Dur Estel d’un ton autoritaire. On n’est jamais à l’abri.
-Flo, t’es sûre que ça va ? demanda Ma d’un ton circonspect.
-Oui, je t’assure, tout va bien… »
Elle enfonça, par sécurité, le bonnet encore davantage sur son crâne, sous prétexte de couvrir ses oreilles. Elle ressentait une inquiétante douleur nerveuse au niveau des tempes, qui ne présageait rien de bon. Elle se rappela furtivement qu’elle avait fourni dernièrement des pouvoirs d’ombre à foison à son avatar, qui avait par conséquent écopé d’une déformation des nerfs sur le côté du visage. Bien que ce fût esthétique, artistiquement parlant, elle ne s’était pas douté un seul instant que cela eût pu avoir un impact aussi conséquent sur sa capacité à contrôler complètement ses gestes et son aptitude à diriger son corps par son cerveau.
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Ma lança une boule de feu en direction de Popolman, qui l’évita aisément, étant donné qu’elle avait été projetée à un bon mètre à sa droite. Ma fronça les sourcils.
« Qu’est-ce que vous attendez ? Je vais pas vous couvrir non plus contre cinq tarés !
-Je fais ce que je peux, répliqua Popolman en secouant tant bien que mal son stylo. »
Klenval traça des gribouillages sur l’écorce d’un arbre proche, sous le regard impassible d’Angel Aeris, emmitouflée dans son écharpe et son bonnet. Une branche jaillissant soudain du côté de celle-ci, elle se baissa juste à temps pour avoir son bonnet légèrement soulevé par la vitesse de la branche qui était née spontanément du tronc de l’arbre, s’étendant à l’horizontale comme une épée d’escrime. Angel Aeris réajusta son bonnet sur sa tête.
« Fais attention, Gregory, murmura-t-elle.
-J’ai pas fait exprès, répondit celui-ci lentement. Tu m’énervais simplement à regarder sans rien faire. Mais je sais pas comment j’ai fait ça. »
Angel Aeris saisit la branche fine et la brisa entre ses doigts. Puis elle recommença à regarder Klenval qui continuait de graver des idéogrammes dans le bois. La branche suivante jaillit un poil plus bas, et la main gantée de la jeune fille cassa net le bois du dos de la main alors que son extrémité effleurait avec agressivité sa joue.
« C’est le pouvoir de la Terre. Quand tu touches un objet de l’élément Terre avec ton couteau, tu peux le manipuler avec tes émotions, commenta-t-elle.
-Si simple que ça ? demanda Klenval en levant un sourcil circonspect.
-Oui, répondit Angel Aeris froidement. »
Klenval planta son couteau dans le sol, pour voir avec satisfaction une stalagmite de goudron jaillir sous les pieds d’Angel Aeris. Elle tituba en arrière, avant de glisser et de tomber sur le sol, ses mains lui évitant de peu une douleur malencontreuse au derrière. Klenval lui lança un sourire satisfait avant de retourner vers Ma et Popolman, toujours occupés, qui n’avaient rien remarqué de la scène. Il remarqua que Popolman avait appris à lever des murs d’eau à haute pression pour éviter les boules de feu de Ma, qui commençait à maîtriser plus précisément les trajectoires et les puissances de ses flammes.
Popolman déploya une épée de glace en dégainant son stylo à une vitesse hors de mesure à l’œil nu. Le jet d’eau avait pris instantanément la bonne forme, se gelant sur le modèle conforme à l’esprit de celui qui l’avait pensée. Klenval applaudit avec ironie, alors que Dur Estel était avachi sur sa chaise d’un air nonchalant.
« Vous devriez peut être vous entraîner au lieu de vous moquer, commenta Angel Aeris assise sur une des chaises à côté des leurs.
-On peut savoir ce que tu fais ? rétorqua Dur Estel.
-J’observe. Je n’ai pas de pouvoir réellement offensif par rapport à vous. »
Alors que Klenval se levait pour aller « assister » Popolman qui s’approchait de bassin d’eau du parc pour en faire jaillir un mur de glace, Dur Estel se leva et aller se pencher au plus près d’Angel Aeris, qui ne chercha même pas à l’éviter. Elle leva les yeux, le défiant du regard. Leurs souffles se percutaient, faisaient front, sans se mêler. Il eût été trop content si ça avait été le cas.
« Pas de pouvoir offensif ?
-Pas suffisamment, rétorqua-t-elle.
-Et la porte qui a claqué ? Je ne l’ai pas rêvée ? »
Un sillon de terre se traça depuis l’endroit où Klenval avait enfoncé son couteau sur le sol jusqu’au bassin. Un nouveau jet d’eau projeté par un morceau de pierre imposant extrait à même le bassin fut arrêté par Popolman, qui renversa le jet en sens inverse d’un coup de stylo habilement lancé.
« Si, tu as rêvé, soupira Angel Aeris, en se détournant pour poser sa tête contre sa main.
-Et les traces végétales sur ton visage ?! s’exclama Dur Estel furieux en lui arrachant son bonnet. »
Les mèches de cheveux noirs retombèrent sur son visage, ne cachant que très peu les gonflements bleuâtres et la peau qui commençait à pâlir sur le côté droit de son visage, jusqu’à ses yeux. Le corps de l’homme fut projeté violemment contre un arbre, puis il s’affaissa jusqu’au sol. Lorsqu’Angel Aeris le rejoignit, il soutint son regard, un sourire goguenard aux lèvres.
« Qu’est-ce qu’ils diront, les autres, quand ils sauront que tu mens ?
-J’ai pu acquérir, comme tout le monde, un pouvoir récemment. D’ailleurs, c’est le cas. »
Elle remit en place son bonnet, puis s’éloigna pour rejoindre le groupe qui s’entraîner sans discontinuer.
« Vous ne devriez pas tant vous fatiguer. Apparemment vous êtes au point… lança-t-elle au reste du groupe, qui n’avait pas remarqué son altercation avec Dur Estel. »
Dur Estel se frotta le crâne et s’assit au pied de l’arbre, appuyant ses membres douloureux. Un inconnu aux cheveux flamboyants s’était appuyé au même arbre, considérant le groupe des quatre personnes qui lançaient des sorts à tout va. Il eut un léger sourire en voyant Dur Estel au sol, puis saisit son médaillon de métal.
« Vieux Crâbe ? C’est bon, on les tient. »
Naori Genoko ouvrit les yeux, la lumière de la lune se reflétant dans les émeraudes de ses yeux. Elle eut un grand sourire empreint de folie avant de lancer d’une voix extatique :
« H moins dix huit… »
« Qu’est-ce que vous attendez ? Je vais pas vous couvrir non plus contre cinq tarés !
-Je fais ce que je peux, répliqua Popolman en secouant tant bien que mal son stylo. »
Klenval traça des gribouillages sur l’écorce d’un arbre proche, sous le regard impassible d’Angel Aeris, emmitouflée dans son écharpe et son bonnet. Une branche jaillissant soudain du côté de celle-ci, elle se baissa juste à temps pour avoir son bonnet légèrement soulevé par la vitesse de la branche qui était née spontanément du tronc de l’arbre, s’étendant à l’horizontale comme une épée d’escrime. Angel Aeris réajusta son bonnet sur sa tête.
« Fais attention, Gregory, murmura-t-elle.
-J’ai pas fait exprès, répondit celui-ci lentement. Tu m’énervais simplement à regarder sans rien faire. Mais je sais pas comment j’ai fait ça. »
Angel Aeris saisit la branche fine et la brisa entre ses doigts. Puis elle recommença à regarder Klenval qui continuait de graver des idéogrammes dans le bois. La branche suivante jaillit un poil plus bas, et la main gantée de la jeune fille cassa net le bois du dos de la main alors que son extrémité effleurait avec agressivité sa joue.
« C’est le pouvoir de la Terre. Quand tu touches un objet de l’élément Terre avec ton couteau, tu peux le manipuler avec tes émotions, commenta-t-elle.
-Si simple que ça ? demanda Klenval en levant un sourcil circonspect.
-Oui, répondit Angel Aeris froidement. »
Klenval planta son couteau dans le sol, pour voir avec satisfaction une stalagmite de goudron jaillir sous les pieds d’Angel Aeris. Elle tituba en arrière, avant de glisser et de tomber sur le sol, ses mains lui évitant de peu une douleur malencontreuse au derrière. Klenval lui lança un sourire satisfait avant de retourner vers Ma et Popolman, toujours occupés, qui n’avaient rien remarqué de la scène. Il remarqua que Popolman avait appris à lever des murs d’eau à haute pression pour éviter les boules de feu de Ma, qui commençait à maîtriser plus précisément les trajectoires et les puissances de ses flammes.
Popolman déploya une épée de glace en dégainant son stylo à une vitesse hors de mesure à l’œil nu. Le jet d’eau avait pris instantanément la bonne forme, se gelant sur le modèle conforme à l’esprit de celui qui l’avait pensée. Klenval applaudit avec ironie, alors que Dur Estel était avachi sur sa chaise d’un air nonchalant.
« Vous devriez peut être vous entraîner au lieu de vous moquer, commenta Angel Aeris assise sur une des chaises à côté des leurs.
-On peut savoir ce que tu fais ? rétorqua Dur Estel.
-J’observe. Je n’ai pas de pouvoir réellement offensif par rapport à vous. »
Alors que Klenval se levait pour aller « assister » Popolman qui s’approchait de bassin d’eau du parc pour en faire jaillir un mur de glace, Dur Estel se leva et aller se pencher au plus près d’Angel Aeris, qui ne chercha même pas à l’éviter. Elle leva les yeux, le défiant du regard. Leurs souffles se percutaient, faisaient front, sans se mêler. Il eût été trop content si ça avait été le cas.
« Pas de pouvoir offensif ?
-Pas suffisamment, rétorqua-t-elle.
-Et la porte qui a claqué ? Je ne l’ai pas rêvée ? »
Un sillon de terre se traça depuis l’endroit où Klenval avait enfoncé son couteau sur le sol jusqu’au bassin. Un nouveau jet d’eau projeté par un morceau de pierre imposant extrait à même le bassin fut arrêté par Popolman, qui renversa le jet en sens inverse d’un coup de stylo habilement lancé.
« Si, tu as rêvé, soupira Angel Aeris, en se détournant pour poser sa tête contre sa main.
-Et les traces végétales sur ton visage ?! s’exclama Dur Estel furieux en lui arrachant son bonnet. »
Les mèches de cheveux noirs retombèrent sur son visage, ne cachant que très peu les gonflements bleuâtres et la peau qui commençait à pâlir sur le côté droit de son visage, jusqu’à ses yeux. Le corps de l’homme fut projeté violemment contre un arbre, puis il s’affaissa jusqu’au sol. Lorsqu’Angel Aeris le rejoignit, il soutint son regard, un sourire goguenard aux lèvres.
« Qu’est-ce qu’ils diront, les autres, quand ils sauront que tu mens ?
-J’ai pu acquérir, comme tout le monde, un pouvoir récemment. D’ailleurs, c’est le cas. »
Elle remit en place son bonnet, puis s’éloigna pour rejoindre le groupe qui s’entraîner sans discontinuer.
« Vous ne devriez pas tant vous fatiguer. Apparemment vous êtes au point… lança-t-elle au reste du groupe, qui n’avait pas remarqué son altercation avec Dur Estel. »
Dur Estel se frotta le crâne et s’assit au pied de l’arbre, appuyant ses membres douloureux. Un inconnu aux cheveux flamboyants s’était appuyé au même arbre, considérant le groupe des quatre personnes qui lançaient des sorts à tout va. Il eut un léger sourire en voyant Dur Estel au sol, puis saisit son médaillon de métal.
« Vieux Crâbe ? C’est bon, on les tient. »
Naori Genoko ouvrit les yeux, la lumière de la lune se reflétant dans les émeraudes de ses yeux. Elle eut un grand sourire empreint de folie avant de lancer d’une voix extatique :
« H moins dix huit… »
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