Trailer pour embêter Mr Magnum
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
(Tu veux un bisou pour compenser ?)
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« -Omoidasu ba haruka haruka
Mirai wa doko made mo kagayaiteta
Kirei na aozora no shita de
Bokura wa sukoshi dake obieteita
Natsukashii iro ni
Mado ga
Somaru… »
La jeune fille tendit la main vers le robinet marqué d’un petit point rouge et le tourna distraitement, les yeux fermés, la tête levée vers un ciel invisible depuis la salle de bains, la bouche entrouverte, tandis que des volutes vermeils commençaient à colorer la surface de l’eau. Le futur lui était apparu dans un ciel assombri de nuages menaçants. Oui cela correspondait bien… à ce qu’elle avait vu. Aurait-elle pu en soutenir la réalité malgré ce que cela lui impliquait de sacrifier ? Le ciel, gris de perle, les gouttes d’eau brillantes d’une étrange lueur à la fois inquiétante et attirante. La vapeur lui brouilla la vision, elle saisit ses lunettes recouvertes de buée, en tâtonnant sur le rebord de la baignoire. Il fallait bien qu’elle se sente présentable, même dans ce genre de situations où finalement rien n’aurait d’importance que la position dans laquelle elle était plutôt que la présence des lunettes sur son nez. Un « plop » sonore lui arracha un petit cri de rage et elle plongea sa main dans l’eau rougeâtre pour récupérer la paire de verres qui avait glissé sournoisement au fond du bain. La douleur la fit hurler mentalement tandis qu’elle pestait contre l’outil qui lui permettait d’ordinaire de lutter contre la cécité. De toute façon, elles me serviront plus bientôt. L’eau était réellement brûlante. Elle ouvrit les yeux et vit le robinet enclenché qui ne cessait de couler, seulement du côté « point rouge ». Un cri d’horreur fit trembler les murs de la pièce qui ressemblait désormais à un sauna. L’eau déborda de la baignoire.
Mirai wa doko made mo kagayaiteta
Kirei na aozora no shita de
Bokura wa sukoshi dake obieteita
Natsukashii iro ni
Mado ga
Somaru… »
La jeune fille tendit la main vers le robinet marqué d’un petit point rouge et le tourna distraitement, les yeux fermés, la tête levée vers un ciel invisible depuis la salle de bains, la bouche entrouverte, tandis que des volutes vermeils commençaient à colorer la surface de l’eau. Le futur lui était apparu dans un ciel assombri de nuages menaçants. Oui cela correspondait bien… à ce qu’elle avait vu. Aurait-elle pu en soutenir la réalité malgré ce que cela lui impliquait de sacrifier ? Le ciel, gris de perle, les gouttes d’eau brillantes d’une étrange lueur à la fois inquiétante et attirante. La vapeur lui brouilla la vision, elle saisit ses lunettes recouvertes de buée, en tâtonnant sur le rebord de la baignoire. Il fallait bien qu’elle se sente présentable, même dans ce genre de situations où finalement rien n’aurait d’importance que la position dans laquelle elle était plutôt que la présence des lunettes sur son nez. Un « plop » sonore lui arracha un petit cri de rage et elle plongea sa main dans l’eau rougeâtre pour récupérer la paire de verres qui avait glissé sournoisement au fond du bain. La douleur la fit hurler mentalement tandis qu’elle pestait contre l’outil qui lui permettait d’ordinaire de lutter contre la cécité. De toute façon, elles me serviront plus bientôt. L’eau était réellement brûlante. Elle ouvrit les yeux et vit le robinet enclenché qui ne cessait de couler, seulement du côté « point rouge ». Un cri d’horreur fit trembler les murs de la pièce qui ressemblait désormais à un sauna. L’eau déborda de la baignoire.
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Ne mors pejor qua oblivione erat ?
« -J’ai encore inondé la salle de bains ! Mince ! »
Elle attrapa une serpillière et épongea le sol trempé, en vidant la baignoire de l’eau trouble des effluves de perles de bain et de paillettes qui fondent au contact de l’eau. L’eau rougeâtre s’écoula en un gargouillement inintelligible, avalée par un trou vide et béant. Les pas de sa mère dans l’escalier la firent tressaillir et elle accéléra la cadence en tentant de cacher le tapis de bain trempé qui n’avait pas échappé au désastre.
« -Bon sang ! pesta la jeune femme. »
La porte s’ouvrit à la volée et elle se maudit de ne pas avoir tourné la clé. Elle jeta la serpillière derrière elle et serra une serviette trop courte contre sa poitrine alors que sa mère apparaissait dans l’encadrement de la porte.
« -Floflo, tu fais quoi ?
-M… moi ? répondit-elle d’un air qui se voulait détaché. Je sors du bain pourquoi ?
-J’ai entendu un bruit de chute, tu n’es pas tombée ?
-Mais non ! protesta l’adolescente.
-Et toute cette eau par terre ? Où est le tapis de bain ? continua sa mère, d’un air inquisiteur.
-Je… Rah, tu sais bien maman, quand je prend un bain, il y a toujours de l’eau partout, le tapis je l’ai mis sur le côté, expliqua-t-elle tant bien que mal en pointant du pied le tapis trempé à côté du lavabo. Parce que j’avais peur de mettre du savon dessus, ajouta-t-elle.
-Tu peux le mettre à sécher, c’est raté. »
Elle soupira de soulagement pendant que sa mère lui lançait une serviette de bain sur la tête.
« -La prochaine fois, tu seras de corvée pour laver le tapis si tu continues à inonder la salle de bains comme ça ! Je n’imagine pas ce que ça serait avec une cabine de douche ! »
Elle ne pouvait pas lui reprocher de s’énerver, cela faisait trois fois en une semaine qu’elle laissait l’eau déborder de la baignoire pendant qu’elle prenait un bain. C’était aussi la première fois qu’en une semaine elle prenait trois bains. Elle avait plutôt l’habitude des douches.
Ça devait avoir rapport. Il y avait forcément un rapport entre la mort de SR, les morts suspectes et les phénomènes étranges du moment. Qu’avait projeté Mr.Magnum après l’enterrement déjà ? Un voyage dans l’au-delà ? Elle n’y avait pas cru au début, tout bonnement parce que ça lui paraissait trop… dément. Ou peut être parce qu’elle avait eu peur. Dans tous les cas, elle n’aurait pu les suivre et participer au projet. Ses études lui tenaient trop à cœur, et elle était encore sous la responsabilité de ses parents. Elle n’aurait jamais eu le droit de sacrifier leurs efforts pour un rêve étrange sans fondement. Mais le vide des forums creusait sa solitude et son regret.
Même si elle savait qu’elle aurait refusé malgré tout d’y aller. Elle se sécha les cheveux et rejoignit l’ordinateur. La fenêtre MSN s’enclencha et elle se mit immédiatement en mode Absente. L’œil alerte, elle repéra le pseudonyme « Ermite crâbe », et fit apparaître une fenêtre clignotante en deux clics.
« -Bonjour Papy !
-Bonjour Koubio. Comment va ?
-Bien. Plus ou moins on va dire. Et toi ?
-Je connais ça. Raconte à papy ce qui ne va pas.
-J’en sais trop rien. Je crois qu’on devra parler de choses pas drôles, pour la prochaine réunion.
-C’est vrai que depuis l’enterrement, on ne se voit plus vraiment « comme avant ».
-Popo, tu sais… »
Elle lâcha le clavier, et se prit la tête entre les mains, une seconde, une minute, puis une éternité, ignorant les signaux sonores accompagnés d’un clignotement persistant de la fenêtre à l’écran. Bien sûr, Popolman non plus n’était pas parti. Magnum avait pu prendre directement une semaine de vacances, mais pour l’ « Ermite Crâbe », l’affaire n’était pas aussi simple. Et puis… Traumen-char, pouvait-il prétendre vraiment en faire partie ? N’était-ce donc pas lui qui lui avait déjà dit qu’il ne connaissait guère plus de personnes qu’elle, si ce n’était moins ?
« -Koubio ?
-Ouais. J’ai buggué.
-J’ai vu.
-Tu disais ?
-Je disais… Finalement, est-ce qu’on ne serait pas en train de refuser de faire son deuil ?
-Mais pourquoi on devrait faire son deuil alors qu’on ne sait pas pourquoi elle est morte ?
-De là à envoyer des personnes vivantes avec un risque de non retour ?
-Ne dis pas ça… »
Elle ne voulait pas voir ces noms s’afficher sur l’écran. Elle ne voulait pas, même si certaines d’entre elles l’avaient fait souffrir, même si elle gardait la rancœur toujours aussi présente dans son esprit envers l’ « autre là ». Elle aurait voulu que jamais on ne lui dise. Elle aurait voulu avoir rayé à jamais le pseudonyme d’un organisateur d’équipes qui ne méritait peut être pas sa place de son carnet d’adresses, au lieu de devoir s’en remettre à lui et voir parfois des comptes-rendus qui valaient mieux d’être cachés, au lieu d’exhiber un échec, une amertume dont on ne savait pas vraiment comment se débarrasser, du fait que l’espoir et le désarroi se mêlaient dans cette âpre constatation.
« -K-ro n’est pas revenue… »
Elle fixa longuement le pseudonyme affiché sur son écran, les lettres le composant finissant par se décomposer, puis les pixels à lui meurtrir les yeux alors que sa vision se brouillait. Elle se leva, quitta le bureau et se moucha bruyamment dans sa chambre.
« -Je sais. »
Elle s’était installée de nouveau, tenant dans une main la lanière d’un sac noir. Il n’était pas question de se mettre à avoir des remords maintenant que tout était déjà déterminé. Maintenant qu’elle voyait « ça ».
« -Ecoute, Papy, je… Je pense qu’il n’y aura pas que ça.
-Qu’est-ce que tu veux dire ? Si tu veux parler de Sephira, Hilde…
-Oui… et non. Je pense qu’il y a autre chose.
-Explique toi.
-C’est ton vieux cerveau qui ne comprend rien, Papy. »
Un émoticone de vieillard ronchon apparaissant la tempe gonflée au front, la fit sourire. Il fallait bien, par les temps qui couraient. Elle avait besoin de rire. Et elle n’était pas la seule.
« -Demain, 15h, chez …, c’est ça ?
-Oui. Je viens te chercher si tu veux, on discutera de ça. Ensemble. Peut être même avec du thé.
-C’était bien son genre, à elle.
-C’était le bon temps, hein ?
-Tu parles. Quand as tu eu pour la dernière fois des nouvelles ?
-Il y a une semaine je crois. »
« -J’ai encore inondé la salle de bains ! Mince ! »
Elle attrapa une serpillière et épongea le sol trempé, en vidant la baignoire de l’eau trouble des effluves de perles de bain et de paillettes qui fondent au contact de l’eau. L’eau rougeâtre s’écoula en un gargouillement inintelligible, avalée par un trou vide et béant. Les pas de sa mère dans l’escalier la firent tressaillir et elle accéléra la cadence en tentant de cacher le tapis de bain trempé qui n’avait pas échappé au désastre.
« -Bon sang ! pesta la jeune femme. »
La porte s’ouvrit à la volée et elle se maudit de ne pas avoir tourné la clé. Elle jeta la serpillière derrière elle et serra une serviette trop courte contre sa poitrine alors que sa mère apparaissait dans l’encadrement de la porte.
« -Floflo, tu fais quoi ?
-M… moi ? répondit-elle d’un air qui se voulait détaché. Je sors du bain pourquoi ?
-J’ai entendu un bruit de chute, tu n’es pas tombée ?
-Mais non ! protesta l’adolescente.
-Et toute cette eau par terre ? Où est le tapis de bain ? continua sa mère, d’un air inquisiteur.
-Je… Rah, tu sais bien maman, quand je prend un bain, il y a toujours de l’eau partout, le tapis je l’ai mis sur le côté, expliqua-t-elle tant bien que mal en pointant du pied le tapis trempé à côté du lavabo. Parce que j’avais peur de mettre du savon dessus, ajouta-t-elle.
-Tu peux le mettre à sécher, c’est raté. »
Elle soupira de soulagement pendant que sa mère lui lançait une serviette de bain sur la tête.
« -La prochaine fois, tu seras de corvée pour laver le tapis si tu continues à inonder la salle de bains comme ça ! Je n’imagine pas ce que ça serait avec une cabine de douche ! »
Elle ne pouvait pas lui reprocher de s’énerver, cela faisait trois fois en une semaine qu’elle laissait l’eau déborder de la baignoire pendant qu’elle prenait un bain. C’était aussi la première fois qu’en une semaine elle prenait trois bains. Elle avait plutôt l’habitude des douches.
Ça devait avoir rapport. Il y avait forcément un rapport entre la mort de SR, les morts suspectes et les phénomènes étranges du moment. Qu’avait projeté Mr.Magnum après l’enterrement déjà ? Un voyage dans l’au-delà ? Elle n’y avait pas cru au début, tout bonnement parce que ça lui paraissait trop… dément. Ou peut être parce qu’elle avait eu peur. Dans tous les cas, elle n’aurait pu les suivre et participer au projet. Ses études lui tenaient trop à cœur, et elle était encore sous la responsabilité de ses parents. Elle n’aurait jamais eu le droit de sacrifier leurs efforts pour un rêve étrange sans fondement. Mais le vide des forums creusait sa solitude et son regret.
Même si elle savait qu’elle aurait refusé malgré tout d’y aller. Elle se sécha les cheveux et rejoignit l’ordinateur. La fenêtre MSN s’enclencha et elle se mit immédiatement en mode Absente. L’œil alerte, elle repéra le pseudonyme « Ermite crâbe », et fit apparaître une fenêtre clignotante en deux clics.
« -Bonjour Papy !
-Bonjour Koubio. Comment va ?
-Bien. Plus ou moins on va dire. Et toi ?
-Je connais ça. Raconte à papy ce qui ne va pas.
-J’en sais trop rien. Je crois qu’on devra parler de choses pas drôles, pour la prochaine réunion.
-C’est vrai que depuis l’enterrement, on ne se voit plus vraiment « comme avant ».
-Popo, tu sais… »
Elle lâcha le clavier, et se prit la tête entre les mains, une seconde, une minute, puis une éternité, ignorant les signaux sonores accompagnés d’un clignotement persistant de la fenêtre à l’écran. Bien sûr, Popolman non plus n’était pas parti. Magnum avait pu prendre directement une semaine de vacances, mais pour l’ « Ermite Crâbe », l’affaire n’était pas aussi simple. Et puis… Traumen-char, pouvait-il prétendre vraiment en faire partie ? N’était-ce donc pas lui qui lui avait déjà dit qu’il ne connaissait guère plus de personnes qu’elle, si ce n’était moins ?
« -Koubio ?
-Ouais. J’ai buggué.
-J’ai vu.
-Tu disais ?
-Je disais… Finalement, est-ce qu’on ne serait pas en train de refuser de faire son deuil ?
-Mais pourquoi on devrait faire son deuil alors qu’on ne sait pas pourquoi elle est morte ?
-De là à envoyer des personnes vivantes avec un risque de non retour ?
-Ne dis pas ça… »
Elle ne voulait pas voir ces noms s’afficher sur l’écran. Elle ne voulait pas, même si certaines d’entre elles l’avaient fait souffrir, même si elle gardait la rancœur toujours aussi présente dans son esprit envers l’ « autre là ». Elle aurait voulu que jamais on ne lui dise. Elle aurait voulu avoir rayé à jamais le pseudonyme d’un organisateur d’équipes qui ne méritait peut être pas sa place de son carnet d’adresses, au lieu de devoir s’en remettre à lui et voir parfois des comptes-rendus qui valaient mieux d’être cachés, au lieu d’exhiber un échec, une amertume dont on ne savait pas vraiment comment se débarrasser, du fait que l’espoir et le désarroi se mêlaient dans cette âpre constatation.
« -K-ro n’est pas revenue… »
Elle fixa longuement le pseudonyme affiché sur son écran, les lettres le composant finissant par se décomposer, puis les pixels à lui meurtrir les yeux alors que sa vision se brouillait. Elle se leva, quitta le bureau et se moucha bruyamment dans sa chambre.
« -Je sais. »
Elle s’était installée de nouveau, tenant dans une main la lanière d’un sac noir. Il n’était pas question de se mettre à avoir des remords maintenant que tout était déjà déterminé. Maintenant qu’elle voyait « ça ».
« -Ecoute, Papy, je… Je pense qu’il n’y aura pas que ça.
-Qu’est-ce que tu veux dire ? Si tu veux parler de Sephira, Hilde…
-Oui… et non. Je pense qu’il y a autre chose.
-Explique toi.
-C’est ton vieux cerveau qui ne comprend rien, Papy. »
Un émoticone de vieillard ronchon apparaissant la tempe gonflée au front, la fit sourire. Il fallait bien, par les temps qui couraient. Elle avait besoin de rire. Et elle n’était pas la seule.
« -Demain, 15h, chez …, c’est ça ?
-Oui. Je viens te chercher si tu veux, on discutera de ça. Ensemble. Peut être même avec du thé.
-C’était bien son genre, à elle.
-C’était le bon temps, hein ?
-Tu parles. Quand as tu eu pour la dernière fois des nouvelles ?
-Il y a une semaine je crois. »
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Elle appuya son index contre sa tempe, pensive. Une semaine. Il y avait plus de deux mois qu’elle avait ressenti les premiers « signes ». Dragon Noir donnait des nouvelles qui bien que brèves étaient extrêmement précises et ciblées. Et c’est dire les efforts qu’il faisait pour renseigner le peu de personnes qui ne pouvaient pas « se donner la peine », selon ses propres mots, de rester en contact et disponible pour une éventuelle mission, même en mode vivant. Il y avait une semaine qu’il n’écrivait donc plus. Et ce n’était sans doute pas par orgueil. Quoique le connaissant, il aurait pu. Mais le rendez vous fixé pour le lendemain témoignait du fait qu’il désirait certainement leur parler de vive voix. Qui seraient les prochains à partir ?
« Pareil pour moi. Tu nous invites au resto demain soir ?
-Non.
-Pourquoi ?
-DN paiera. »
Que s’était-il passé il y a une semaine pour que son cœur martèle sa poitrine alors qu’elle repensait aux événements récents ?
« -Je vais rentrer manger avec mes cousins.
-Koubio, fais pas l’enfant. On a besoin de ce temps.
-Je crois pas être d’une importance cruciale. Il y aura du monde. Je crois même qu’Aran a déjà reçu la visite du flic.
-Dans ce cas moi non plus. Je t’inviterai bien ailleurs.
-C’est ambigu.
-Non. »
Elle réfléchit et se dit qu’elle avait demandé l’après midi et la soirée à ses parents. Après tout… Après tout elle ne les avait pas revus depuis novembre.
Pas qu’elle avait hâte de savoir ce qu’ils avaient vus, enfin, pour ceux qui étaient revenus.
Pas qu’elle avait hâte d’en revoir certains.
Pas qu’elle avait hâte de leur parler de ces choses là.
Simplement qu’elle voulait retrouver un peu d’assurance après ce qu’elle avait vu.
Simplement qu’elle voulait retrouver ceux qui, comme elle, avaient refusé pour des raisons personnelles ou parce qu’ils ne le pouvaient pas.
Simplement parce qu’il y avait une chose dont elle voulait s’assurer.
« -Tu sais, Papy…
-Ouais ?
-En fait, je crois qu’ils me manquent. Je crois que ça me fait peur, qu’ils me manquent.
-T’as un gentil p’tit cœur, koubio, c’est pour ça. »
Un gentil petit cœur. Ce n’était pas tellement approprié. Mais ça lui faisait plaisir.
« -ça ne dérange pas ta famille au moins, qu’on vienne comme ça ?
-ça ira, c’est que pour le week end. Et puis c’est pas comme si c’était le gros squatt. »
Une lumière blanche l’aveugla. Elle plissa les yeux et claqua des doigts. Oui. C’était une semaine auparavant que le cristal lévitant qui trônait dans sa chambre avait éclaté en morceaux.
Cela faisait maintenant près de trois mois que K-ro, Erwan, Fury et Mister Magnum avaient disparu dans des conditions encore cachées/indéterminées. Deux et demi pour Hilde et Sephira. Ceux qui étaient revenus de leur éprouvant voyage devaient être réellement exténués. Elle pensa notamment à Darkenshin qu’elle n’avait pas revue avant l’enterrement depuis bien deux ans. Le temps passait vite. Trop vite. Elle se sentait paradoxalement inquiète, après avoir prévenu Ma de la situation et du départ, puis du retour de celle qui avait été autrefois l’une de ses meilleures amies. Voire peut être sa sœur virtuelle. Angel Aeris n’avait jamais appris les circonstances de leur éloignement, mais elle supposait meilleur de l’ignorer. Bien qu’elle ne cessa pas d’informer Ma, qui semblait s’intéresser tout de même au problème. Notamment au retour. Reviendrait-elle ? Peut être ? Bientôt ? Dragon Noir avait assuré que ce n'était plus qu'une question de temps.
Elle savait qu’elle allait les voir. Dès demain. Réveillés depuis une semaine, ou pour certains autres, depuis plus longtemps. Comment pourrait-elle parler de ce qui lui était arrivé ? Dragon Noir n’avait pas si mal fait en les « conviant » chez lui. Parce qu’ils s’inquiétaient, tous, même ceux qui n’avaient pas voulu participer. Et le principal instigateur ayant disparu, l’organisateur se voyait chargé de cette tâche qui n’était pas des plus simples au vu de ses relations houleuses avec certains membres. Et peut être d’autre chose. Un problème qui les dépassaient et qui demeurait dans l’ombre. C’est pourquoi il avait jugé bon que ceux qui en étaient revenus en parlent. Puis ça permettrait de poser à plat la situation et d’avoir plus de cerveaux à réfléchir sur une solution, une hypothèse, une idée, un espoir. Ou peut être trouver une sortie de secours, au vu du rythme auquel les choses avançaient.
Un groupe entier de perdu. Par bonheur ils avaient trouvé le moyen quasi fiable de revenir depuis. Mais où étaient les autres, et ceux qui s’étaient perdus ? Non pas que Hilde tint une place particulièrement chère à son cœur, pas plus que Sephira à laquelle elle n’avait jamais parlé que deux fois. Mais si la situation s’aggravait, qui le voyait ? Avait-il réellement pensé aux conséquences ?
Son portable vibra et elle jeta un œil au nom du correspondant, puis décrocha avec humeur.
****
L’homme regarda sa montre d’un œil contrit. Cela faisait déjà bien un quart d’heure qu’il attendait, debout dans la rue malodorante. Il fixa rageusement un berger allemand et son propriétaire qui tournaient en rond autour de lui depuis maintenant cinq minutes. Pourquoi l’attendre là alors qu’elle aurait très bien pu lui proposer un MacDonald, un restaurant, ou la Tour Eiffel même. Saleté de message imprévu. Il donna un coup de pied dans un tas de feuilles et pesta bruyamment lorsque son orteil rencontra une brique.
« -Wouaiiïï !!
-Eh papy, toujours à t’énerver contre les murs ?
-Koubio ! s’exclama-t-il soulagé en se retournant. Tu es encore en retard !
-Tu es arrivé depuis…
-Une demi heure, s’insurgea-t-il d’un air outragé bien que calomnieux.
-C’est de ta faute alors, tu es venu trop tôt, je n’y peux rien, conclut-elle avec simplicité. »
Il grommela tandis qu’elle lui souriait malicieusement. Il restait le seul qui n’avait pas changé après tout cela. Inébranlable et fier, paternaliste et affectueux malgré l’adversité, il avait su rester un ami sur qui compter, un frère qui partage la peine en silence, ou un adulte simplement, qui avait su retenir la nostalgie d’une adolescence presque comme les autres dont il avait su, lui, tirer les leçons. Ou pas. En fin de compte quelqu’un qui savait reconnaître qu’il avait grandi et même prendre des responsabilités qui n’étaient pas siennes.
« -On les rejoint à quelle heure ? demanda-t-il pour changer de sujet.
-A quatorze heures précises, à la Défense. DN a décidé « pour problème logistique » de changer de lieu, il y a trop de monde…
-Quoi ? Et pourquoi m’as tu fait venir si tôt ? rouspéta-t-il à nouveau. Tu as une bonne raison j’espère !
-Papy, tu ne voulais pas être tout seul avec ton tout-tout-ptit Koubio préféré ? fit-elle d’un ton qui se voulait suppliant malgré le fou rire qu’il dissimulait. »
Il éclata de rire. Elle lui adressa un sourire franc et se retint de rire alors qu’il tentait de reprendre son calme. Chose qu’il réussit, à sa grande surprise, très rapidement.
« -Oui d’accord, mais sérieusement ?
-Anthony arrive à midi, déclara-t-elle d’un ton posé en évitant son regard.
-Tu parles d’un heure pour arriver, marmonna le plus âgé des deux en continuant à traîner les pieds dans les feuilles mortes. Il veut se faire inviter à manger ?
-Papy ! s’exclama-t-elle sur un ton de reproche.
-C’est vrai quoi, roh…
-Papy… pourquoi tu n’es pas parti avec eux ? »
Il se tut et elle baissa la tête se lançant dans une contemplation spirituelle du bout de ses chaussures, -qui en fait n’en étaient pas tout à fait puisque étant des bottes, mais là n’est pas le sujet même si on aurait pu confondre la méditation avec une détection de pièges type magos pour rôlistes sur sol boueux- bref, pendant que le silence gêné se prolongeait.
« -Je… commença-t-il. »
Elle croisa son regard et y lut une confusion extrême, sans doute sur les mots à choisir… Après tout ça ne pouvait pas être pire que ses raisons à elle. C’était vrai qu’il n’avait pas à s’expliquer. Elle s’en se serait presque voulu s’il n’avait pas repris la parole à ce moment. De toute manière, elle en était certaine, dans quelques jours au plus, les vérités tomberaient, telles des couperets, dans la communauté, qui n’était déjà plus tant une communauté que cela. Déchirure, disputes, colère. Peu de mots pouvaient décrire l’état « psychaotique » d’une ancienne famille désolidarisée. Elle n’aurait pas pu s’expliquer mieux à Popolman, et ne pouvait lui reprocher son hésitation. Oserait-elle ?
« -Je ne saurai pas le dire vraiment, reprit-il. A vrai dire, je tiens à mon boulot et j’ai besoin d’être disponible. C’est peut être cela la première raison. D’un autre côté, ce n’est pas seulement ça. Magnum a trouvé le temps, et j’avais les congés dispo. Ouais, mais il y avait autre chose. Quelque chose qui me retient. Ici. Peut être que je ne suis pas assez attaché à la « communauté », peut être que je m’en suis détaché, peut être… »
Angel Aeris serra brusquement la main contre son cœur et eut un rictus de douleur l’espace d’un instant. Son « papy » ne le remarqua pas.
« -La preuve que si… murmura-t-elle.
-Pardon ?
-Papy, tu sais que j’ai refusé de participer au projet. Mais là tout le monde sait pourquoi. Ce n’est pas le plus grave.
-Grave ? Pourquoi « grave » ? Quel rapport ? Tu as tes raisons et…
-Oui mais ce n’est pas le fait ou non de prendre part au projet. C’est d’y être impliqué, déclara-t-elle d’une voix tremblante.
-Tu t’y impliques ? répéta Popolman d’une voix surprise.
-Non. On nous y implique… répondit la jeune fille dans un souffle. Ce n’est pas quelque chose qui se décide, je ne sais pas, mais il se passe clairement quelque chose depuis… depuis qu’ils sont partis.
-Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu crois… qu’on serait affectés ? Mais par quoi ? Et pourquoi nous ? demanda-t-il, plus pour lui même qu’en attente d’une réponse.
-C’est ce que je veux savoir. Aujourd’hui. Cette semaine. »
Puis se tournant vers celui qu’elle appelait l’homme aux mille discours paternalistes, elle se mit à murmurer presque sans qu’aucun son ne franchit ses lèvres. Lui aussi, il aurait dû le savoir. Lui aussi, il aurait pu le remarquer. Si seulement elle ne s’était pas sentie si… seule.
« -Tu as dû le sentir toi aussi, hein ?
-Quoi ? fit-il, sursautant comme pris au dépourvu. »
Le bruit d’un fracas épouvantable le fit se retourner, il vit alors un échafaudage instable s’écrouler sur un femme qui continuait à marcher malgré le danger quasi immédiat. Son sang ne fit qu’un tour alors qu’Angel Aeris s’arrêtait net de marcher et qu’il poussait la femme quelques mètres plus haut. Un flot d’injures et de reproches jaillirent.
« -Pourquoi m’avez vous pouss… »
Un vacarme assourdissant couvrit le reste de ses paroles, et Popolman sauta sur la droite. La femme en resta muette. Les planches qui un instant plus tôt se trouvaient au dessus de sa tête formaient un tas informe, épée de Damoclès n’ayant jamais atteint son but, plâtre, débris et poussières à la gauche de l’homme.
« -Comment… »
« Pareil pour moi. Tu nous invites au resto demain soir ?
-Non.
-Pourquoi ?
-DN paiera. »
Que s’était-il passé il y a une semaine pour que son cœur martèle sa poitrine alors qu’elle repensait aux événements récents ?
« -Je vais rentrer manger avec mes cousins.
-Koubio, fais pas l’enfant. On a besoin de ce temps.
-Je crois pas être d’une importance cruciale. Il y aura du monde. Je crois même qu’Aran a déjà reçu la visite du flic.
-Dans ce cas moi non plus. Je t’inviterai bien ailleurs.
-C’est ambigu.
-Non. »
Elle réfléchit et se dit qu’elle avait demandé l’après midi et la soirée à ses parents. Après tout… Après tout elle ne les avait pas revus depuis novembre.
Pas qu’elle avait hâte de savoir ce qu’ils avaient vus, enfin, pour ceux qui étaient revenus.
Pas qu’elle avait hâte d’en revoir certains.
Pas qu’elle avait hâte de leur parler de ces choses là.
Simplement qu’elle voulait retrouver un peu d’assurance après ce qu’elle avait vu.
Simplement qu’elle voulait retrouver ceux qui, comme elle, avaient refusé pour des raisons personnelles ou parce qu’ils ne le pouvaient pas.
Simplement parce qu’il y avait une chose dont elle voulait s’assurer.
« -Tu sais, Papy…
-Ouais ?
-En fait, je crois qu’ils me manquent. Je crois que ça me fait peur, qu’ils me manquent.
-T’as un gentil p’tit cœur, koubio, c’est pour ça. »
Un gentil petit cœur. Ce n’était pas tellement approprié. Mais ça lui faisait plaisir.
« -ça ne dérange pas ta famille au moins, qu’on vienne comme ça ?
-ça ira, c’est que pour le week end. Et puis c’est pas comme si c’était le gros squatt. »
Une lumière blanche l’aveugla. Elle plissa les yeux et claqua des doigts. Oui. C’était une semaine auparavant que le cristal lévitant qui trônait dans sa chambre avait éclaté en morceaux.
Cela faisait maintenant près de trois mois que K-ro, Erwan, Fury et Mister Magnum avaient disparu dans des conditions encore cachées/indéterminées. Deux et demi pour Hilde et Sephira. Ceux qui étaient revenus de leur éprouvant voyage devaient être réellement exténués. Elle pensa notamment à Darkenshin qu’elle n’avait pas revue avant l’enterrement depuis bien deux ans. Le temps passait vite. Trop vite. Elle se sentait paradoxalement inquiète, après avoir prévenu Ma de la situation et du départ, puis du retour de celle qui avait été autrefois l’une de ses meilleures amies. Voire peut être sa sœur virtuelle. Angel Aeris n’avait jamais appris les circonstances de leur éloignement, mais elle supposait meilleur de l’ignorer. Bien qu’elle ne cessa pas d’informer Ma, qui semblait s’intéresser tout de même au problème. Notamment au retour. Reviendrait-elle ? Peut être ? Bientôt ? Dragon Noir avait assuré que ce n'était plus qu'une question de temps.
Elle savait qu’elle allait les voir. Dès demain. Réveillés depuis une semaine, ou pour certains autres, depuis plus longtemps. Comment pourrait-elle parler de ce qui lui était arrivé ? Dragon Noir n’avait pas si mal fait en les « conviant » chez lui. Parce qu’ils s’inquiétaient, tous, même ceux qui n’avaient pas voulu participer. Et le principal instigateur ayant disparu, l’organisateur se voyait chargé de cette tâche qui n’était pas des plus simples au vu de ses relations houleuses avec certains membres. Et peut être d’autre chose. Un problème qui les dépassaient et qui demeurait dans l’ombre. C’est pourquoi il avait jugé bon que ceux qui en étaient revenus en parlent. Puis ça permettrait de poser à plat la situation et d’avoir plus de cerveaux à réfléchir sur une solution, une hypothèse, une idée, un espoir. Ou peut être trouver une sortie de secours, au vu du rythme auquel les choses avançaient.
Un groupe entier de perdu. Par bonheur ils avaient trouvé le moyen quasi fiable de revenir depuis. Mais où étaient les autres, et ceux qui s’étaient perdus ? Non pas que Hilde tint une place particulièrement chère à son cœur, pas plus que Sephira à laquelle elle n’avait jamais parlé que deux fois. Mais si la situation s’aggravait, qui le voyait ? Avait-il réellement pensé aux conséquences ?
Son portable vibra et elle jeta un œil au nom du correspondant, puis décrocha avec humeur.
****
L’homme regarda sa montre d’un œil contrit. Cela faisait déjà bien un quart d’heure qu’il attendait, debout dans la rue malodorante. Il fixa rageusement un berger allemand et son propriétaire qui tournaient en rond autour de lui depuis maintenant cinq minutes. Pourquoi l’attendre là alors qu’elle aurait très bien pu lui proposer un MacDonald, un restaurant, ou la Tour Eiffel même. Saleté de message imprévu. Il donna un coup de pied dans un tas de feuilles et pesta bruyamment lorsque son orteil rencontra une brique.
« -Wouaiiïï !!
-Eh papy, toujours à t’énerver contre les murs ?
-Koubio ! s’exclama-t-il soulagé en se retournant. Tu es encore en retard !
-Tu es arrivé depuis…
-Une demi heure, s’insurgea-t-il d’un air outragé bien que calomnieux.
-C’est de ta faute alors, tu es venu trop tôt, je n’y peux rien, conclut-elle avec simplicité. »
Il grommela tandis qu’elle lui souriait malicieusement. Il restait le seul qui n’avait pas changé après tout cela. Inébranlable et fier, paternaliste et affectueux malgré l’adversité, il avait su rester un ami sur qui compter, un frère qui partage la peine en silence, ou un adulte simplement, qui avait su retenir la nostalgie d’une adolescence presque comme les autres dont il avait su, lui, tirer les leçons. Ou pas. En fin de compte quelqu’un qui savait reconnaître qu’il avait grandi et même prendre des responsabilités qui n’étaient pas siennes.
« -On les rejoint à quelle heure ? demanda-t-il pour changer de sujet.
-A quatorze heures précises, à la Défense. DN a décidé « pour problème logistique » de changer de lieu, il y a trop de monde…
-Quoi ? Et pourquoi m’as tu fait venir si tôt ? rouspéta-t-il à nouveau. Tu as une bonne raison j’espère !
-Papy, tu ne voulais pas être tout seul avec ton tout-tout-ptit Koubio préféré ? fit-elle d’un ton qui se voulait suppliant malgré le fou rire qu’il dissimulait. »
Il éclata de rire. Elle lui adressa un sourire franc et se retint de rire alors qu’il tentait de reprendre son calme. Chose qu’il réussit, à sa grande surprise, très rapidement.
« -Oui d’accord, mais sérieusement ?
-Anthony arrive à midi, déclara-t-elle d’un ton posé en évitant son regard.
-Tu parles d’un heure pour arriver, marmonna le plus âgé des deux en continuant à traîner les pieds dans les feuilles mortes. Il veut se faire inviter à manger ?
-Papy ! s’exclama-t-elle sur un ton de reproche.
-C’est vrai quoi, roh…
-Papy… pourquoi tu n’es pas parti avec eux ? »
Il se tut et elle baissa la tête se lançant dans une contemplation spirituelle du bout de ses chaussures, -qui en fait n’en étaient pas tout à fait puisque étant des bottes, mais là n’est pas le sujet même si on aurait pu confondre la méditation avec une détection de pièges type magos pour rôlistes sur sol boueux- bref, pendant que le silence gêné se prolongeait.
« -Je… commença-t-il. »
Elle croisa son regard et y lut une confusion extrême, sans doute sur les mots à choisir… Après tout ça ne pouvait pas être pire que ses raisons à elle. C’était vrai qu’il n’avait pas à s’expliquer. Elle s’en se serait presque voulu s’il n’avait pas repris la parole à ce moment. De toute manière, elle en était certaine, dans quelques jours au plus, les vérités tomberaient, telles des couperets, dans la communauté, qui n’était déjà plus tant une communauté que cela. Déchirure, disputes, colère. Peu de mots pouvaient décrire l’état « psychaotique » d’une ancienne famille désolidarisée. Elle n’aurait pas pu s’expliquer mieux à Popolman, et ne pouvait lui reprocher son hésitation. Oserait-elle ?
« -Je ne saurai pas le dire vraiment, reprit-il. A vrai dire, je tiens à mon boulot et j’ai besoin d’être disponible. C’est peut être cela la première raison. D’un autre côté, ce n’est pas seulement ça. Magnum a trouvé le temps, et j’avais les congés dispo. Ouais, mais il y avait autre chose. Quelque chose qui me retient. Ici. Peut être que je ne suis pas assez attaché à la « communauté », peut être que je m’en suis détaché, peut être… »
Angel Aeris serra brusquement la main contre son cœur et eut un rictus de douleur l’espace d’un instant. Son « papy » ne le remarqua pas.
« -La preuve que si… murmura-t-elle.
-Pardon ?
-Papy, tu sais que j’ai refusé de participer au projet. Mais là tout le monde sait pourquoi. Ce n’est pas le plus grave.
-Grave ? Pourquoi « grave » ? Quel rapport ? Tu as tes raisons et…
-Oui mais ce n’est pas le fait ou non de prendre part au projet. C’est d’y être impliqué, déclara-t-elle d’une voix tremblante.
-Tu t’y impliques ? répéta Popolman d’une voix surprise.
-Non. On nous y implique… répondit la jeune fille dans un souffle. Ce n’est pas quelque chose qui se décide, je ne sais pas, mais il se passe clairement quelque chose depuis… depuis qu’ils sont partis.
-Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu crois… qu’on serait affectés ? Mais par quoi ? Et pourquoi nous ? demanda-t-il, plus pour lui même qu’en attente d’une réponse.
-C’est ce que je veux savoir. Aujourd’hui. Cette semaine. »
Puis se tournant vers celui qu’elle appelait l’homme aux mille discours paternalistes, elle se mit à murmurer presque sans qu’aucun son ne franchit ses lèvres. Lui aussi, il aurait dû le savoir. Lui aussi, il aurait pu le remarquer. Si seulement elle ne s’était pas sentie si… seule.
« -Tu as dû le sentir toi aussi, hein ?
-Quoi ? fit-il, sursautant comme pris au dépourvu. »
Le bruit d’un fracas épouvantable le fit se retourner, il vit alors un échafaudage instable s’écrouler sur un femme qui continuait à marcher malgré le danger quasi immédiat. Son sang ne fit qu’un tour alors qu’Angel Aeris s’arrêtait net de marcher et qu’il poussait la femme quelques mètres plus haut. Un flot d’injures et de reproches jaillirent.
« -Pourquoi m’avez vous pouss… »
Un vacarme assourdissant couvrit le reste de ses paroles, et Popolman sauta sur la droite. La femme en resta muette. Les planches qui un instant plus tôt se trouvaient au dessus de sa tête formaient un tas informe, épée de Damoclès n’ayant jamais atteint son but, plâtre, débris et poussières à la gauche de l’homme.
« -Comment… »
Dernière édition par le Lun 26 Fév - 16:13, édité 1 fois
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
« -C’est lui là bas ? Ohé !! An-tho-nyyyy !! »
Popolman retint un bras impatient de l’adolescente alors qu’elle faisait un signe à Night Beast.
« -Maieuh papy ! geignit-elle. C’est pour qu’il nous voie !
-Je veux bien qu’il te voie de loin mais bon sang, arrête de gigoter comme ça sur place tu me donnes mal au crâne ! »
A peine eut-il fini sa phrase qu’un Night Beast surexcité lui tomba dans les bras en piaillant d’une voix suraigue : « Papyyyyyyy ! ». Ce à quoi il répondit d’une voix plus que lasse.
« -Si je t’avais comme petit-fils je crois que si je ne pouvais te renier je me tirerais une balle.
-Avec qui ?
-Quoi, qui ?
-Avec qui tu tirerais ? »
Popolman soupira bruyamment alors que l’adolescent se lançait maintenant dans les bras d’Angel Aeris avec l’intention ferme de, un, la toucher, et pas seulement moralement, deux, l’embrasser, et pas seulement sur la joue. Une baffe cinglante et sonnante attira le regard de quelques personnes attendant encore le train dans la gare.
« -Maieuhhh ! se plaignit Night Beast en frottant sa joue endolorie.
-Voilà maintenant tu l’as eue, rétorqua la jeune fille avec un grand sourire. »
****
Un vent glacial soufflait entre les figures d’art moderne de la Défense, pendant qu’un groupe de personnes vêtues d’une manière quelque peu hétéroclite se rassemblait au pied d’une énorme masse pierreuse dont la forme défiait les lois de l’art contemporain. Popolman s’arracha à sa contemplation du pseudo monument lorsque la voix de Dragon Noir s’éleva au dessus du brouhaha causé par les discussions entre groupes et le souffle du vent.
« -A tous, bonjour et merci. »
Un murmure familier parvint à l’oreille du Vieux Crâbe.
« -Abrège !
-Je disais, continua Dragon Noir imperturbable, que nous avons aujourd’hui pour objectif de faire le point sur ce qui a été mis en œuvre pour retrouver Sephy Roshou et ce qui est envisagé dans l’immédiat. Pour commencer, parlons de bonnes nouvelles…
-Il parle toujours trop, grommela Popolman à voix basse, au terme de dix longues minutes stériles de monologue dragonien qui oscillait entre assurance et indécision.
-Chut ! intima le plus jeune. J’essaie d’écouter ce qu’il dit.
-Comme si ça t’intéressait plus que ça, chuchota Angel Aeris en haussant les épaules, mais en gardant l’oreille attentive.
-Dalisc, Darkenshin, Pythagore, et Viper Dragoon ne sont pas encore revenus mais je ne désespère pas de les voir rentrer dans une semaine au plus. Soulblighter, et Halvorc sont revenus récemment, hélas sans Sephy Roshou, dans des circonstances plus ou moins mouvementées, du pays des morts, en bonne santé, ajouta-t-il avec une pointe d’ironie. Cependant certains d’entre eux ont eu besoin de repos, vous vous en doutez aisément, au vu de l’éprouvant retour qu’ils ont dû subir. De même pour l'Ionisateur Fou et Gorgon_Roo. Je pense donc qu’il était nécessaire de leur laisser le temps de s’en remettre. Néanmoins, Halvorc ici présent pourra témoigner, et donner d’assez bonnes conceptions de ce qui attend les prochains… »
Un toussotement indiscret interrompit la tirade, et Dragon Noir constata que sa présence était dès lors trop imposante. Après tout, il se sentait plutôt soulagé. Parler des circonstances du réveil des deux membres de l’équipe (trois ? l'amertume lui pesait encore) fraîchement ramenée lui était difficile, surtout en cachant la vérité à ceux qui devaient l’ignorer. Il s’écarta du centre du groupe et invita l'autre jeune homme à prendre sa place. Angel Aeris suivit du regard le visage auréolé d’une coiffure plutôt désordonnée de celui-ci. Puis son portable vibrant avec virulence, elle s’écarta de la foule pour répondre. Le plus âgé des trois derniers arrivés écouta distraitement le discours du revenant, traitant du monde des divinités scandinaves, quelques allusions discrètes mais retenues à une sorte de trahison. Tout en se demandant finalement pourquoi il était venu. Bien sûr, tout ce remue-ménage l’intéressait, mais que l’avait poussé jusqu’à venir à deux cents kilomètres de chez lui pour ne même pas prêter attention à ce qui était dit, voire à ne pas vouloir s’en mêler ? Et puis où était IL, dont il avait cru comprendre qu'il était revenu, au moment même où ils avaient perdu Sephira ? Pourquoi se cacher ?
« -Nous disposons de plus de moyens, en tant que morts. Des pouvoirs. Des pouvoirs semblables à ceux que nous avons virtuellement. Nous n'avons pas retrouvé la trace de Sephy Roshou. Enfin, nous avons trouvé Erzébeth Bathory, la femme avec qui elle était censé voyager dans le monde des morts. Mais elle était seule, et apparemment aussi désorientée que nous. Sephy Roshou lui a faussé compagnie, et le combat a été rude... Je pense que principalement c'est ce qu'ils auraient aimé vous raconter.
-Evidemment ces feignasses préfèrent se reposer, grommela Night Beast.
-Le monde des morts ne fonctionne pas comme le nôtre, je ne doute pas que tout le monde ici soit au courant. Mais encore plus là bas qu’ailleurs, ceux qui « descendront » devront déployer cette puissance pour survivre… pardon, pour conserver leurs âmes. Je pense que pour ma part, c’est tout ce qu’il y avait à signaler pour cette partie là… de l’univers post-mortem, ajouta-t-il après un raclement de gorge. »
Dragon Noir reprit la parole quant à la disparition d’Hilde, Sephira, et du premier groupe entier, tandis qu’Angel Aeris rejoignait son « Papy ».
« -J’ai loupé quelque chose ? chuchota-t-elle.
-Pas grand chose… »
Evidemment, si elle avait pu entendre les mots de celui qui avait fini par haïr finalement Dragon Noir, peut être même plus qu'eux mêmes, elle n'en aurait pas été si sûre.
« -Tout va bien ? Tu es blême… murmura Popolman.
-Oui, oui…
-Qui était-ce ?
-Mes parents. »
Sa voix tremblait.
« -Tu mens mal ! lança Night Beast moqueur, sans se retourner.
-Actuellement, nous détenons le moyen quasiment fiable de revenir, sous forme de cette pilule qui, aussi incroyable que ça paraisse, peut transiter entre monde vivant et mort. Elles ont été fabriquées à partir de… du néant par Hilde et nous ont été transmises, sans qu’on ne puisse encore expliquer la cause. Malheureusement bien qu’elle ait pu nous les remettre, elle ne s’est jamais réveillée, et on ignore dans quel autre plan elle a pu passer, de même pour Sephira. Grâce aux missions employées jusqu’à ce jour, il a été possible de dresser une forme de géographie du monde des morts. C’est à dire une carte d’exploration. Actuellement Sephy Roshou reste introuvable, mais avec cette idée de géographie, l’espoir mince de la retrouver est viable. Elle, comme tous ceux qui sont « perdus ». Maintenant que nous sommes sûrs de pouvoir revenir. »
Il semblait chercher ses mots. Incertitude. Incompréhension. Doute. Une carte ? De quoi ? D’où ? Comment ? N’était-ce pas là un mensonge pour mieux leur faire miroiter un espoir de plus en plus lointain ? Il l’avait signalé lui même. Pire que de ne pas l’avoir retrouvée dans des délais rapides, plusieurs personnes avaient été perdues. Pourquoi les avoir réunis, s’il ne gérait plus cette situation ?
« -Lui aussi, il ment mal, répéta Night Beast.
La jeune femme tourna un regard inquisiteur vers lui. Il ne cilla pas et continua à fixer Dragon Noir.
« -En ce qui concerne les futurs groupes qui partiront, ceux que j’ai déjà joints sauront de quoi je parle. Plus précisément dans deux jours, les concernés partiront pour l’Etna en Italie. Je leur demande donc de bien vouloir se rendre à l’aéroport à la date prévue… J’y serai pour les derniers détails, et pour vérifier si certains ne brisent pas leurs engagement, ajouta-t-il d’une voix moins assurée.
-Nous ne te devons rien. Absolument rien, s’éleva une voix dans le groupe.
-Qu’est-ce que ça veut dire ? rétorqua Dragon Noir, en toisant celui qui avait parlé.
-Oh non, soupira Popolman.
-Que nous ne te devons rien. Surtout pas à toi. Il n’y a pas à vérifier ou non, ou à faire des sous entendus désobligeants, reprit Aran Valentine.
-Il s’agit de donner les dernières recommandations, mais je peux aussi les donner dès maintenant devant tous.
-Arrête ça. Tu gères peut être les départs, mais arrête ce petit jeu.
-C’est toi qui interprètes tout, répondit Dragon Noir en haussant les épaules. Et bizarrement ça ne m’étonne pas. »
A peine eut-il fini sa phrase qu’un poing arriva de sa droite, qu’il esquiva de justesse par un réflexe inhumain, qu’Angel Aeris ne remarqua pas à l’instant même. Les lunettes du jeune homme volèrent et tombèrent sur le sol un mètre plus loin.
« -Répète le si tu l’oses ! Tu peux en parler, toi qui ne prends pas les risques ! »
Ce fut Dragon Noir qui perdit son sang froid.
« -Ouais quand on a un couple, pourquoi partir hein, pour chercher dans la mort une amie dont on ne se soucie guère… »
Aran se jeta sur lui sans mot dire et cette fois il n’en démordrait pas. Elle le savait. Elle le sentait. Ce qu’avait dit Dragon Noir n’était pas pardonnable pour lui. Les deux hommes roulèrent sur le sol, sous les yeux effarés des personnes les entourant.
« -Tu vas la fermer ?! Tu vas la fermer bon sang ? fit Aran en le saisissant par le col.
-Romain ! hurla Nina. »
Les autres membres présents réussirent à séparer les deux combattants qui en réchappèrent finalement sans un coup. Aran essuya du revers de la main ses lèvres et tourna les talons, quittant les lieux avec Nina. Angel Aeris ramassa les lunettes tombées non loin d’elle et les remit à leur propriétaire. Une image fugace traversa son esprit tandis qu’elle venait d’effleurer la peau de l’organisateur, qui marmonna un vague « merci » à son adresse et que Razael Aurélie lui dédia un regard étrangement féroce. Ne s’en rendant même pas compte, elle resta figée un moment. Ces yeux… J’ai tellement… peur…
****
« -C’est très gentil à vous de nous accueillir pour les trois jours à venir, Monsieur, fit Angel Aeris en entrant dans l’appartement.
-Ne vous en faites pas… Je suis tout disposé à avoir de la compagnie, répondit l’oncle de Popolman, un sourire aimable aux lèvres.
-ça nous permet d’être quand même plus proche de Paris, marmonna Night Beast.
-Ouais. Au fait vous aviez remarqué… il y avait moins de monde que d’habitude. Enfin que prévu, se reprit-elle.
-Peut être. Je ne sais pas, déclara Popolman.
-Si, il manquait… hm… »
Night Beast fit mine de réfléchir, se tâtant le front, puis leva son index, avec l’impression d’avoir eu une réminiscence.
« -Lord Satana, je dirais, parmi les grandes figures.
-C’est étrange, fit le plus vieux en baillant.
-Oui… répondit-elle l’esprit ailleurs. »
Quelle était cette personne ? Quelle était cette silhouette ? Pourquoi avait-elle vu… ? Ce n’était pas un rêve cette fois. Elle n’avait même pas pu retenir clairement ses traits. Seuls ces yeux restaient gravés dans son esprit, partout. Dès qu’elle fermait les siens. Cruelle illusion incompréhensible qu’elle ne pouvait pas contrôler. De nouveau.
« -Angeellll, minauda Night Beast. Tu prends un bain avec moi ?
-Dans tes rêves ! »
« -C’est sympa chez ton oncle, mais j’espère que Night Beast ne fera pas trop de siennes avant qu’on ne parte.
-Vous en faites pas, je partirai avant toi, tu auras tout le temps de t’excuser pour moi, interrompit celui-ci en entrant dans la pièce. »
La jeune fille se retourna, les yeux hagards.
« -Pardon ?
-Je pars avec Aran. Dans deux jours. Ils m’ont appelé la semaine dernière.
-Et tu ne me l’as pas dit ? hurla Angel Aeris.
-S’il te plaît Koubio… murmura Popolman. »
Incertitude…
« -Pourquoi ? cria-t-elle, en retenant des larmes de rage. Je pensais que ça ne te disait rien et –
-J’ai changé d’avis. Je n’ai pas peur, dit-il d’un ton détaché.
-Pourquoi… »
Incompréhension…
« -Je n’ai rien à perdre, je pense. Après tout c’est une expérience !
-Tu vas y aller… et tu me l’as caché ! »
Doute…
« -Tu ne me l’avais pas demandé ! répliqua-t-il.
-Tu avais accepté dès le début, avoue ! reprit-elle avec colère.
La lumière de la chambre vacilla brutalement pendant un instant puis l’éclairage redevint régulier.
« -Et alors, tu ne vas pas te mêler de mes affaires non plus, tu n’es pas ma sœur, et encore moins ma mère ! rétorqua Night Beast, les yeux brillants. J’irai dans le monde des morts, je l’ai décidé, que ça te plaise ou non !
-Ce n’est pas une question de plaisir ! Mais tu ne m’as rien dit tout ce temps-là !
-C’est pour cette raison précise que je ne l’ai pas dit. »
Il se leva et quitta la pièce en grommelant un « bnuit ». Popolman resta longtemps silencieux, hésitant entre l’exaspération et la compassion, pendant qu’Angel Aeris serrait les dents de rage et de désarroi.
« -C’est justement parce que je ne suis pas de ta famille que ça me fait mal… souffla-t-elle, effondrée sur le sol en tremblant de tous ses membres.
-Koubio… commença-t-il.
-Pardon Papy, j… j’en peux plus, bafouilla-t-elle, secouée d'un sanglot incontrôlable. »
Hésitation…
« -Tu veux rentrer ? dit-il, cédant à ses instincts fraternels.
-ça serait fuir. Je n’ai plus qu’à l’accepter maintenant. »
Elle installa le matelas sur le sol et s’y étendit. Il éteignit la lumière et le cauchemar commença.
Popolman retint un bras impatient de l’adolescente alors qu’elle faisait un signe à Night Beast.
« -Maieuh papy ! geignit-elle. C’est pour qu’il nous voie !
-Je veux bien qu’il te voie de loin mais bon sang, arrête de gigoter comme ça sur place tu me donnes mal au crâne ! »
A peine eut-il fini sa phrase qu’un Night Beast surexcité lui tomba dans les bras en piaillant d’une voix suraigue : « Papyyyyyyy ! ». Ce à quoi il répondit d’une voix plus que lasse.
« -Si je t’avais comme petit-fils je crois que si je ne pouvais te renier je me tirerais une balle.
-Avec qui ?
-Quoi, qui ?
-Avec qui tu tirerais ? »
Popolman soupira bruyamment alors que l’adolescent se lançait maintenant dans les bras d’Angel Aeris avec l’intention ferme de, un, la toucher, et pas seulement moralement, deux, l’embrasser, et pas seulement sur la joue. Une baffe cinglante et sonnante attira le regard de quelques personnes attendant encore le train dans la gare.
« -Maieuhhh ! se plaignit Night Beast en frottant sa joue endolorie.
-Voilà maintenant tu l’as eue, rétorqua la jeune fille avec un grand sourire. »
****
Un vent glacial soufflait entre les figures d’art moderne de la Défense, pendant qu’un groupe de personnes vêtues d’une manière quelque peu hétéroclite se rassemblait au pied d’une énorme masse pierreuse dont la forme défiait les lois de l’art contemporain. Popolman s’arracha à sa contemplation du pseudo monument lorsque la voix de Dragon Noir s’éleva au dessus du brouhaha causé par les discussions entre groupes et le souffle du vent.
« -A tous, bonjour et merci. »
Un murmure familier parvint à l’oreille du Vieux Crâbe.
« -Abrège !
-Je disais, continua Dragon Noir imperturbable, que nous avons aujourd’hui pour objectif de faire le point sur ce qui a été mis en œuvre pour retrouver Sephy Roshou et ce qui est envisagé dans l’immédiat. Pour commencer, parlons de bonnes nouvelles…
-Il parle toujours trop, grommela Popolman à voix basse, au terme de dix longues minutes stériles de monologue dragonien qui oscillait entre assurance et indécision.
-Chut ! intima le plus jeune. J’essaie d’écouter ce qu’il dit.
-Comme si ça t’intéressait plus que ça, chuchota Angel Aeris en haussant les épaules, mais en gardant l’oreille attentive.
-Dalisc, Darkenshin, Pythagore, et Viper Dragoon ne sont pas encore revenus mais je ne désespère pas de les voir rentrer dans une semaine au plus. Soulblighter, et Halvorc sont revenus récemment, hélas sans Sephy Roshou, dans des circonstances plus ou moins mouvementées, du pays des morts, en bonne santé, ajouta-t-il avec une pointe d’ironie. Cependant certains d’entre eux ont eu besoin de repos, vous vous en doutez aisément, au vu de l’éprouvant retour qu’ils ont dû subir. De même pour l'Ionisateur Fou et Gorgon_Roo. Je pense donc qu’il était nécessaire de leur laisser le temps de s’en remettre. Néanmoins, Halvorc ici présent pourra témoigner, et donner d’assez bonnes conceptions de ce qui attend les prochains… »
Un toussotement indiscret interrompit la tirade, et Dragon Noir constata que sa présence était dès lors trop imposante. Après tout, il se sentait plutôt soulagé. Parler des circonstances du réveil des deux membres de l’équipe (trois ? l'amertume lui pesait encore) fraîchement ramenée lui était difficile, surtout en cachant la vérité à ceux qui devaient l’ignorer. Il s’écarta du centre du groupe et invita l'autre jeune homme à prendre sa place. Angel Aeris suivit du regard le visage auréolé d’une coiffure plutôt désordonnée de celui-ci. Puis son portable vibrant avec virulence, elle s’écarta de la foule pour répondre. Le plus âgé des trois derniers arrivés écouta distraitement le discours du revenant, traitant du monde des divinités scandinaves, quelques allusions discrètes mais retenues à une sorte de trahison. Tout en se demandant finalement pourquoi il était venu. Bien sûr, tout ce remue-ménage l’intéressait, mais que l’avait poussé jusqu’à venir à deux cents kilomètres de chez lui pour ne même pas prêter attention à ce qui était dit, voire à ne pas vouloir s’en mêler ? Et puis où était IL, dont il avait cru comprendre qu'il était revenu, au moment même où ils avaient perdu Sephira ? Pourquoi se cacher ?
« -Nous disposons de plus de moyens, en tant que morts. Des pouvoirs. Des pouvoirs semblables à ceux que nous avons virtuellement. Nous n'avons pas retrouvé la trace de Sephy Roshou. Enfin, nous avons trouvé Erzébeth Bathory, la femme avec qui elle était censé voyager dans le monde des morts. Mais elle était seule, et apparemment aussi désorientée que nous. Sephy Roshou lui a faussé compagnie, et le combat a été rude... Je pense que principalement c'est ce qu'ils auraient aimé vous raconter.
-Evidemment ces feignasses préfèrent se reposer, grommela Night Beast.
-Le monde des morts ne fonctionne pas comme le nôtre, je ne doute pas que tout le monde ici soit au courant. Mais encore plus là bas qu’ailleurs, ceux qui « descendront » devront déployer cette puissance pour survivre… pardon, pour conserver leurs âmes. Je pense que pour ma part, c’est tout ce qu’il y avait à signaler pour cette partie là… de l’univers post-mortem, ajouta-t-il après un raclement de gorge. »
Dragon Noir reprit la parole quant à la disparition d’Hilde, Sephira, et du premier groupe entier, tandis qu’Angel Aeris rejoignait son « Papy ».
« -J’ai loupé quelque chose ? chuchota-t-elle.
-Pas grand chose… »
Evidemment, si elle avait pu entendre les mots de celui qui avait fini par haïr finalement Dragon Noir, peut être même plus qu'eux mêmes, elle n'en aurait pas été si sûre.
« -Tout va bien ? Tu es blême… murmura Popolman.
-Oui, oui…
-Qui était-ce ?
-Mes parents. »
Sa voix tremblait.
« -Tu mens mal ! lança Night Beast moqueur, sans se retourner.
-Actuellement, nous détenons le moyen quasiment fiable de revenir, sous forme de cette pilule qui, aussi incroyable que ça paraisse, peut transiter entre monde vivant et mort. Elles ont été fabriquées à partir de… du néant par Hilde et nous ont été transmises, sans qu’on ne puisse encore expliquer la cause. Malheureusement bien qu’elle ait pu nous les remettre, elle ne s’est jamais réveillée, et on ignore dans quel autre plan elle a pu passer, de même pour Sephira. Grâce aux missions employées jusqu’à ce jour, il a été possible de dresser une forme de géographie du monde des morts. C’est à dire une carte d’exploration. Actuellement Sephy Roshou reste introuvable, mais avec cette idée de géographie, l’espoir mince de la retrouver est viable. Elle, comme tous ceux qui sont « perdus ». Maintenant que nous sommes sûrs de pouvoir revenir. »
Il semblait chercher ses mots. Incertitude. Incompréhension. Doute. Une carte ? De quoi ? D’où ? Comment ? N’était-ce pas là un mensonge pour mieux leur faire miroiter un espoir de plus en plus lointain ? Il l’avait signalé lui même. Pire que de ne pas l’avoir retrouvée dans des délais rapides, plusieurs personnes avaient été perdues. Pourquoi les avoir réunis, s’il ne gérait plus cette situation ?
« -Lui aussi, il ment mal, répéta Night Beast.
La jeune femme tourna un regard inquisiteur vers lui. Il ne cilla pas et continua à fixer Dragon Noir.
« -En ce qui concerne les futurs groupes qui partiront, ceux que j’ai déjà joints sauront de quoi je parle. Plus précisément dans deux jours, les concernés partiront pour l’Etna en Italie. Je leur demande donc de bien vouloir se rendre à l’aéroport à la date prévue… J’y serai pour les derniers détails, et pour vérifier si certains ne brisent pas leurs engagement, ajouta-t-il d’une voix moins assurée.
-Nous ne te devons rien. Absolument rien, s’éleva une voix dans le groupe.
-Qu’est-ce que ça veut dire ? rétorqua Dragon Noir, en toisant celui qui avait parlé.
-Oh non, soupira Popolman.
-Que nous ne te devons rien. Surtout pas à toi. Il n’y a pas à vérifier ou non, ou à faire des sous entendus désobligeants, reprit Aran Valentine.
-Il s’agit de donner les dernières recommandations, mais je peux aussi les donner dès maintenant devant tous.
-Arrête ça. Tu gères peut être les départs, mais arrête ce petit jeu.
-C’est toi qui interprètes tout, répondit Dragon Noir en haussant les épaules. Et bizarrement ça ne m’étonne pas. »
A peine eut-il fini sa phrase qu’un poing arriva de sa droite, qu’il esquiva de justesse par un réflexe inhumain, qu’Angel Aeris ne remarqua pas à l’instant même. Les lunettes du jeune homme volèrent et tombèrent sur le sol un mètre plus loin.
« -Répète le si tu l’oses ! Tu peux en parler, toi qui ne prends pas les risques ! »
Ce fut Dragon Noir qui perdit son sang froid.
« -Ouais quand on a un couple, pourquoi partir hein, pour chercher dans la mort une amie dont on ne se soucie guère… »
Aran se jeta sur lui sans mot dire et cette fois il n’en démordrait pas. Elle le savait. Elle le sentait. Ce qu’avait dit Dragon Noir n’était pas pardonnable pour lui. Les deux hommes roulèrent sur le sol, sous les yeux effarés des personnes les entourant.
« -Tu vas la fermer ?! Tu vas la fermer bon sang ? fit Aran en le saisissant par le col.
-Romain ! hurla Nina. »
Les autres membres présents réussirent à séparer les deux combattants qui en réchappèrent finalement sans un coup. Aran essuya du revers de la main ses lèvres et tourna les talons, quittant les lieux avec Nina. Angel Aeris ramassa les lunettes tombées non loin d’elle et les remit à leur propriétaire. Une image fugace traversa son esprit tandis qu’elle venait d’effleurer la peau de l’organisateur, qui marmonna un vague « merci » à son adresse et que Razael Aurélie lui dédia un regard étrangement féroce. Ne s’en rendant même pas compte, elle resta figée un moment. Ces yeux… J’ai tellement… peur…
****
« -C’est très gentil à vous de nous accueillir pour les trois jours à venir, Monsieur, fit Angel Aeris en entrant dans l’appartement.
-Ne vous en faites pas… Je suis tout disposé à avoir de la compagnie, répondit l’oncle de Popolman, un sourire aimable aux lèvres.
-ça nous permet d’être quand même plus proche de Paris, marmonna Night Beast.
-Ouais. Au fait vous aviez remarqué… il y avait moins de monde que d’habitude. Enfin que prévu, se reprit-elle.
-Peut être. Je ne sais pas, déclara Popolman.
-Si, il manquait… hm… »
Night Beast fit mine de réfléchir, se tâtant le front, puis leva son index, avec l’impression d’avoir eu une réminiscence.
« -Lord Satana, je dirais, parmi les grandes figures.
-C’est étrange, fit le plus vieux en baillant.
-Oui… répondit-elle l’esprit ailleurs. »
Quelle était cette personne ? Quelle était cette silhouette ? Pourquoi avait-elle vu… ? Ce n’était pas un rêve cette fois. Elle n’avait même pas pu retenir clairement ses traits. Seuls ces yeux restaient gravés dans son esprit, partout. Dès qu’elle fermait les siens. Cruelle illusion incompréhensible qu’elle ne pouvait pas contrôler. De nouveau.
« -Angeellll, minauda Night Beast. Tu prends un bain avec moi ?
-Dans tes rêves ! »
« -C’est sympa chez ton oncle, mais j’espère que Night Beast ne fera pas trop de siennes avant qu’on ne parte.
-Vous en faites pas, je partirai avant toi, tu auras tout le temps de t’excuser pour moi, interrompit celui-ci en entrant dans la pièce. »
La jeune fille se retourna, les yeux hagards.
« -Pardon ?
-Je pars avec Aran. Dans deux jours. Ils m’ont appelé la semaine dernière.
-Et tu ne me l’as pas dit ? hurla Angel Aeris.
-S’il te plaît Koubio… murmura Popolman. »
Incertitude…
« -Pourquoi ? cria-t-elle, en retenant des larmes de rage. Je pensais que ça ne te disait rien et –
-J’ai changé d’avis. Je n’ai pas peur, dit-il d’un ton détaché.
-Pourquoi… »
Incompréhension…
« -Je n’ai rien à perdre, je pense. Après tout c’est une expérience !
-Tu vas y aller… et tu me l’as caché ! »
Doute…
« -Tu ne me l’avais pas demandé ! répliqua-t-il.
-Tu avais accepté dès le début, avoue ! reprit-elle avec colère.
La lumière de la chambre vacilla brutalement pendant un instant puis l’éclairage redevint régulier.
« -Et alors, tu ne vas pas te mêler de mes affaires non plus, tu n’es pas ma sœur, et encore moins ma mère ! rétorqua Night Beast, les yeux brillants. J’irai dans le monde des morts, je l’ai décidé, que ça te plaise ou non !
-Ce n’est pas une question de plaisir ! Mais tu ne m’as rien dit tout ce temps-là !
-C’est pour cette raison précise que je ne l’ai pas dit. »
Il se leva et quitta la pièce en grommelant un « bnuit ». Popolman resta longtemps silencieux, hésitant entre l’exaspération et la compassion, pendant qu’Angel Aeris serrait les dents de rage et de désarroi.
« -C’est justement parce que je ne suis pas de ta famille que ça me fait mal… souffla-t-elle, effondrée sur le sol en tremblant de tous ses membres.
-Koubio… commença-t-il.
-Pardon Papy, j… j’en peux plus, bafouilla-t-elle, secouée d'un sanglot incontrôlable. »
Hésitation…
« -Tu veux rentrer ? dit-il, cédant à ses instincts fraternels.
-ça serait fuir. Je n’ai plus qu’à l’accepter maintenant. »
Elle installa le matelas sur le sol et s’y étendit. Il éteignit la lumière et le cauchemar commença.
LES OUBLIES DE TRAUMENCHAR
Dernière édition par le Lun 26 Fév - 16:59, édité 3 fois
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Mince, je le rate, le lezard...
*Craquement de phalanges*
*Haussement d'épaules*
Ce n'est pas comme si je ne pouvais me ratrapper.
*Sourire en coin*
Bon, c'est pas mal, sinon. Compte tenus de tes inimités présentes et passé, je suis curieux de voir comment tu vas faire passer ça.. et la dose de vrai que tu intégreras à ce récit, si tant est que tu le continue.
(Ca fait un bail que je n'avais lus un truc en rapport avec Traumenshar.. hmm)
*Craquement de phalanges*
*Haussement d'épaules*
Ce n'est pas comme si je ne pouvais me ratrapper.
*Sourire en coin*
Bon, c'est pas mal, sinon. Compte tenus de tes inimités présentes et passé, je suis curieux de voir comment tu vas faire passer ça.. et la dose de vrai que tu intégreras à ce récit, si tant est que tu le continue.
(Ca fait un bail que je n'avais lus un truc en rapport avec Traumenshar.. hmm)
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Aran > Je ne veux pas te frustrer mais la version originale (avant que j'aie discuté avec Magnum) comprenait une baston d'où DN ressortait avec un oeil au beurre noir... Et comme ça ne collait pas à TC, il a fallu retirer ....
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Mais on s'en fout de la correspondance !
:'(
C'est juste que Magnum n'ose pas cogner DN, même virtuellement.
:'(
C'est juste que Magnum n'ose pas cogner DN, même virtuellement.
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Mais je voulais le cogner moi aussi T_T
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Je m'inscris.
Gorgon_Roo- Général
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
NB > Dans l'écrit... pas personnellement...
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Ben nous si...
K-ro- Maitre du mond..forum ^^
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Quelques corrections apportées dûes à Monsieur Cohérence.... <_<
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Episode 1 : Day 1
« Un traître ?
-Tu peux fuir, mais tu ne t’échapperas pas.
-On les a semés ?
-Je pensais à vous…
-Qu’est-ce ce que tu fiches ?!
-Rejoins moi, je t’attends. Depuis si longtemps.
-Elle est blessée, que se passe-t-il quand ça arrive ?
-Koubio ? »
Elle ouvrit les yeux, encore hagarde.
« Papy ?
-Ouais, Papy. Tu avais l’air agitée, ajouta-t-il.
-Ce n’est rien, murmura-t-elle en se massant le crâne.
-Dépêche toi, on part dans une demi-heure. Romain vient d’appeler pour ‘Tony. On va chercher les billets.
-Je ne suis pas d’accord ! tonna une voix quelque peu étouffée, derrière la porte. »
Night Beast marmonna sans retenue aucune en traînant des pieds dans les feuilles amassées au niveau du caniveau, et en donnant des coups de pieds dans les détritus humides.
« Arrête enfin, pesta Angel Aeris en brisant le silence pesant qui s’était imposé depuis qu’ils étaient sortis de la station de métro.
-J’fais ce que je veux, grogna le jeune homme en contemplant son œuvre à ses pieds, en ébauchant un sourire sardonique de ses lèvres minces. »
Il frappa soudainement dans ses mains en sautant sur le trottoir, rejoignant les deux autres qui marchaient à vive allure vers le bâtiment où habitait Dragon Noir. Deux personnes dont la silhouette leur était familière entrèrent dans leur champ de vision, arrivant d’une rue latérale. Le couple les rejoignit à la hauteur du bâtiment, tandis que Popolman avisait une voiture de police arrêtée au coin de la rue, beaucoup plus haut.
« Pourquoi vient-elle ici, maintenant ? Je le sens pas du tout, murmura-t-il à voix si basse que seule Angel Aeris tourna les yeux vers lui tandis que le plus jeune sautait avec joie dans les bras de ses « parents » pour d’émouvantes retrouvailles larmoyantes et touchantes de sincérité.
-Arrête de sautiller partout ! ordonna Aran d’une voix autoritaire.
-Mais Papaaaaaaa je ne t’ai pas vu depuis si longtemps, geignit Night Beast d’une voix criarde à en attendrir une truie vierge.
-Allons-y, proposa Nina aimablement pour couper court à la discussion qui risquait fort de tourner à la chamaillerie, au vu du comportement de son pseudo-fils.
-Attendez, où est Wee-ree-cat ?
-Il arrivera plus tard… Et puis lui, il s’en fiche pas mal de frapper Raphaël. Pas vrai ? risqua Night Beast à l’adresse de l’autre blond du groupe.
-On lui dira que vous êtes montés, déclara Angel Aeris. S’il vient.
-On vous rejoint pour déjeuner. A tout à l’heure. »
Wee-ree-cat arriva à peine une minute plus tard, et prit la direction de l’entrée sans leur prêter attention. Elle se tourna vers Popolman, qui fixait toujours l’entrée de la rue d’un regard vide, les lèvres tremblantes, les joues presque blêmes. Elle devina presque immédiatement ce qu’il s’était passé pour qu’il perdit contact direct avec la réalité au point de ne pas avoir suivi une seule parole de la conversation précédente, tandis que leurs trois amis quittaient l’entrée de l’immeuble pour s’engouffrer dans un couloir derrière la vitre blindée. Elle posa un bras prudemment sur son bras, puis secoua doucement celui-ci.
« Papy…
-Hein quoi ? heu… où est la voiture ?
-Quelle voiture ? »
Une sirène l’interrompit alors qu’elle voulait s’expliquer. Une voiture de police entra dans la rue dans un crissement de pneus violent, sans doute dû à une bifurcation aigue au niveau du coin que surveillait justement le plus vieux des deux, puis s’arrêta en pilant brusquement devant le bâtiment, alors que les pupilles de Popolman se dilataient sous l’effet de… elle crut y lire à la fois de la surprise, de la terreur, de l’incompréhension, ce qu’elle put paradoxalement assez bien décrypter, et qui provoqua un sentiment d’horreur au plus profond d’elle même. Elle réalisa dès lors enfin l’étendue du « pouvoir » qui s’était étendu sur eux, autour d’eux, bien au delà des limites mêmes de ce qu’elle avait pu s’imaginer. Elle jeta soudainement son sac entre les mains de son Papy et tira sur les lanières.
« Tire dessus ! lui glissa-t-elle à l’oreille tandis qu’il la regardait stupéfait.
-Mais…
-Ne pose pas de question et fais comme si on se disputait ! »
Il retint la lanière et elle simula des éclats de voix tandis qu’il continuait à fixer abasourdi les agents qui descendaient de la voiture. C’était clair, maintenant, il le sentait vraiment mal. L’un des agents s’arrêta à leur niveau pour leur demander ce qu’il se passait. Elle lâcha alors le sac, et sans qu’il sût pourquoi, il prit la fuite à toutes jambes, et elle feignit une poursuite.
« Rends le moi tout de suite ! A l’aide ! La police ! hurla-t-elle, à l’adresse du policier écarquillait les yeux à son tour d’étonnement et d’effarement, avant de se lancer à la poursuite du jeune homme. »
Elle jeta un regard inquiet à l’autre policier, apparemment non seulement plus gradé, mais pas plus soucieux de cette dispute entre ados, puisqu’il se dirigeait vers l’intérieur du bâtiment, sans leur prêter un regard. Et là, elle sentait que la situation allait bientôt se gâter. Elle s’arrêta dans sa course effrénée alors qu’elle apercevait au loin Popolman tourner l’angle de la rue, suivit à deux mètres près par le jeune policier. Elle chercha rapidement le nom de Night Beast sur la liste des numéros sur son portable et l’appela en priant pour que l’idiot ait pris son téléphone, et qu’il l’ait laissé allumé.
« Ecoute moi bien ‘Tony, s’il y a le moindre problème, on se rejoint sur la place, où tu sais.
-Att… »
Elle raccrocha précipitamment en voyant l’agent de l’ordre public rappliquer à grande vitesse, le visage rougi par l’effort. Il s’arrêta pour reprendre son souffle à son niveau tandis qu’elle jouait la jeune fille inquiète.
« Désolé je n’ai pas pu le rattraper, mais j’ai une urgence actuellement et…
-Oh mais vous n’êtes pas trop épuisé, Monsieur ? minauda-t-elle de sa voix la plus féminine. Je suis désolée de vous avoir fait courir comme ça je…
-Je suis pressé, coupa-t-il en se mettant à courir vers le bâtiment.
-Attendez, je voudrais vous remercier…
-Plus tard ! »
Ses yeux suivirent attentivement la trajectoire du bouton de pantalon de son interlocuteur qui avait sauté alors qu’il se pliait en deux en respirant bruyamment. Peut être qu’il était temps d’y croire… Il rougit et ramassant son bouton à la hâte, il tenta désespérément de le raccrocher, avant qu’une sonnerie peu discrète ne lui fit reprendre ses esprits, et se rua alors vers l’immeuble. Elle pesta alors qu’il s’engouffrait à son tour dans le bâtiment, puis rejoignit en courant, son Papy qui était revenu en amont de la rue. Alors qu’il lui tendait son sac, il ne la vit pas lui prendre des mains, et fut surpris par la vitesse à laquelle elle l’entraîna par le bras dans une nouvelle course, sans qu’aucun des deux ne remarqua un homme à lunettes qui les observait depuis quelques minutes déjà, sur le trottoir face à l’immeuble.
Les trois personnes qu’ils avaient quittées deux heures plus tôt les rejoignirent à l’entrée des Jardins du Luxembourg. Angel Aeris leur tendit une bouteille d’eau à chacun, s’en suivit un long silence durant lequel elle consulta Popolman des yeux, à qui elle n’avait pas encore confié son principal souci.
« Si on allait dans un endroit plus calme pour …
-On n’a pas vraiment le temps, murmura Aran.
-Que s’est-il passé alors ? reprit Popolman. Les flics, ils…
-Vous les avez vus ? demanda Aran la voix rapide.
-Oui, on a tenté de les retarder un peu… Faute de mieux.
-Il s’avère qu’ils ont débarqué chez Dragon Noir. En même temps on avait un problème, autrement plus important.
-Lord Satana…murmura Angel Aeris d’une voix blanche. »
Alors était-ce cette personne qu’elle avait entrevue la veille ?
« C’est exact. Il y a quelque chose d’étrange avec lui. Avec eux. Pas que j’en ai quelque chose à faire, mais c’est assez inquiétant. Bref, on a trouvé The Maker grièvement blessé, on a perdu des membres et… on a du laisser les congélo sur place. Par contre on a retrouvé Darkenshin, Dalisc et…
Elle réagit au pseudo de sa sœur virtuelle, ou plutôt ex-sœur virtuelle. Comme à des liens qui ne s’effaçaient et ne s’effaceraient jamais en elle.
« Où sont-ils ? demanda-t-elle.
-Qui donc ?
-Eux, là… Lord Satana, Dragon Noir et tout…
-Aucune idée. Dragon Noir avait apparemment un plan d’évacuation vers les Catacombes, mais on n’en sait pas plus. Q-po et lui disent revenir plus tard. Lord Satana a disparu dans la foulée, avec sa bande. Je… hésita Nina.
-On doit y aller, coupa Aran Valentine. Wee-ree-cat nous rejoint demain à l’aéroport, mais on se revoit bien ce soir ?
-Oui, répondit Popolman. Je pense qu’on sera plus au calme pour en parler. Non ?
-Très bien.
-Au fait, ‘Tony, commença la jeune fille une fois que le couple eût disparu dans une bouche de métro, d’où te vient cette marque sur la joue ? »
« Un traître ?
-Tu peux fuir, mais tu ne t’échapperas pas.
-On les a semés ?
-Je pensais à vous…
-Qu’est-ce ce que tu fiches ?!
-Rejoins moi, je t’attends. Depuis si longtemps.
-Elle est blessée, que se passe-t-il quand ça arrive ?
-Koubio ? »
Elle ouvrit les yeux, encore hagarde.
« Papy ?
-Ouais, Papy. Tu avais l’air agitée, ajouta-t-il.
-Ce n’est rien, murmura-t-elle en se massant le crâne.
-Dépêche toi, on part dans une demi-heure. Romain vient d’appeler pour ‘Tony. On va chercher les billets.
-Je ne suis pas d’accord ! tonna une voix quelque peu étouffée, derrière la porte. »
Night Beast marmonna sans retenue aucune en traînant des pieds dans les feuilles amassées au niveau du caniveau, et en donnant des coups de pieds dans les détritus humides.
« Arrête enfin, pesta Angel Aeris en brisant le silence pesant qui s’était imposé depuis qu’ils étaient sortis de la station de métro.
-J’fais ce que je veux, grogna le jeune homme en contemplant son œuvre à ses pieds, en ébauchant un sourire sardonique de ses lèvres minces. »
Il frappa soudainement dans ses mains en sautant sur le trottoir, rejoignant les deux autres qui marchaient à vive allure vers le bâtiment où habitait Dragon Noir. Deux personnes dont la silhouette leur était familière entrèrent dans leur champ de vision, arrivant d’une rue latérale. Le couple les rejoignit à la hauteur du bâtiment, tandis que Popolman avisait une voiture de police arrêtée au coin de la rue, beaucoup plus haut.
« Pourquoi vient-elle ici, maintenant ? Je le sens pas du tout, murmura-t-il à voix si basse que seule Angel Aeris tourna les yeux vers lui tandis que le plus jeune sautait avec joie dans les bras de ses « parents » pour d’émouvantes retrouvailles larmoyantes et touchantes de sincérité.
-Arrête de sautiller partout ! ordonna Aran d’une voix autoritaire.
-Mais Papaaaaaaa je ne t’ai pas vu depuis si longtemps, geignit Night Beast d’une voix criarde à en attendrir une truie vierge.
-Allons-y, proposa Nina aimablement pour couper court à la discussion qui risquait fort de tourner à la chamaillerie, au vu du comportement de son pseudo-fils.
-Attendez, où est Wee-ree-cat ?
-Il arrivera plus tard… Et puis lui, il s’en fiche pas mal de frapper Raphaël. Pas vrai ? risqua Night Beast à l’adresse de l’autre blond du groupe.
-On lui dira que vous êtes montés, déclara Angel Aeris. S’il vient.
-On vous rejoint pour déjeuner. A tout à l’heure. »
Wee-ree-cat arriva à peine une minute plus tard, et prit la direction de l’entrée sans leur prêter attention. Elle se tourna vers Popolman, qui fixait toujours l’entrée de la rue d’un regard vide, les lèvres tremblantes, les joues presque blêmes. Elle devina presque immédiatement ce qu’il s’était passé pour qu’il perdit contact direct avec la réalité au point de ne pas avoir suivi une seule parole de la conversation précédente, tandis que leurs trois amis quittaient l’entrée de l’immeuble pour s’engouffrer dans un couloir derrière la vitre blindée. Elle posa un bras prudemment sur son bras, puis secoua doucement celui-ci.
« Papy…
-Hein quoi ? heu… où est la voiture ?
-Quelle voiture ? »
Une sirène l’interrompit alors qu’elle voulait s’expliquer. Une voiture de police entra dans la rue dans un crissement de pneus violent, sans doute dû à une bifurcation aigue au niveau du coin que surveillait justement le plus vieux des deux, puis s’arrêta en pilant brusquement devant le bâtiment, alors que les pupilles de Popolman se dilataient sous l’effet de… elle crut y lire à la fois de la surprise, de la terreur, de l’incompréhension, ce qu’elle put paradoxalement assez bien décrypter, et qui provoqua un sentiment d’horreur au plus profond d’elle même. Elle réalisa dès lors enfin l’étendue du « pouvoir » qui s’était étendu sur eux, autour d’eux, bien au delà des limites mêmes de ce qu’elle avait pu s’imaginer. Elle jeta soudainement son sac entre les mains de son Papy et tira sur les lanières.
« Tire dessus ! lui glissa-t-elle à l’oreille tandis qu’il la regardait stupéfait.
-Mais…
-Ne pose pas de question et fais comme si on se disputait ! »
Il retint la lanière et elle simula des éclats de voix tandis qu’il continuait à fixer abasourdi les agents qui descendaient de la voiture. C’était clair, maintenant, il le sentait vraiment mal. L’un des agents s’arrêta à leur niveau pour leur demander ce qu’il se passait. Elle lâcha alors le sac, et sans qu’il sût pourquoi, il prit la fuite à toutes jambes, et elle feignit une poursuite.
« Rends le moi tout de suite ! A l’aide ! La police ! hurla-t-elle, à l’adresse du policier écarquillait les yeux à son tour d’étonnement et d’effarement, avant de se lancer à la poursuite du jeune homme. »
Elle jeta un regard inquiet à l’autre policier, apparemment non seulement plus gradé, mais pas plus soucieux de cette dispute entre ados, puisqu’il se dirigeait vers l’intérieur du bâtiment, sans leur prêter un regard. Et là, elle sentait que la situation allait bientôt se gâter. Elle s’arrêta dans sa course effrénée alors qu’elle apercevait au loin Popolman tourner l’angle de la rue, suivit à deux mètres près par le jeune policier. Elle chercha rapidement le nom de Night Beast sur la liste des numéros sur son portable et l’appela en priant pour que l’idiot ait pris son téléphone, et qu’il l’ait laissé allumé.
« Ecoute moi bien ‘Tony, s’il y a le moindre problème, on se rejoint sur la place, où tu sais.
-Att… »
Elle raccrocha précipitamment en voyant l’agent de l’ordre public rappliquer à grande vitesse, le visage rougi par l’effort. Il s’arrêta pour reprendre son souffle à son niveau tandis qu’elle jouait la jeune fille inquiète.
« Désolé je n’ai pas pu le rattraper, mais j’ai une urgence actuellement et…
-Oh mais vous n’êtes pas trop épuisé, Monsieur ? minauda-t-elle de sa voix la plus féminine. Je suis désolée de vous avoir fait courir comme ça je…
-Je suis pressé, coupa-t-il en se mettant à courir vers le bâtiment.
-Attendez, je voudrais vous remercier…
-Plus tard ! »
Ses yeux suivirent attentivement la trajectoire du bouton de pantalon de son interlocuteur qui avait sauté alors qu’il se pliait en deux en respirant bruyamment. Peut être qu’il était temps d’y croire… Il rougit et ramassant son bouton à la hâte, il tenta désespérément de le raccrocher, avant qu’une sonnerie peu discrète ne lui fit reprendre ses esprits, et se rua alors vers l’immeuble. Elle pesta alors qu’il s’engouffrait à son tour dans le bâtiment, puis rejoignit en courant, son Papy qui était revenu en amont de la rue. Alors qu’il lui tendait son sac, il ne la vit pas lui prendre des mains, et fut surpris par la vitesse à laquelle elle l’entraîna par le bras dans une nouvelle course, sans qu’aucun des deux ne remarqua un homme à lunettes qui les observait depuis quelques minutes déjà, sur le trottoir face à l’immeuble.
Les trois personnes qu’ils avaient quittées deux heures plus tôt les rejoignirent à l’entrée des Jardins du Luxembourg. Angel Aeris leur tendit une bouteille d’eau à chacun, s’en suivit un long silence durant lequel elle consulta Popolman des yeux, à qui elle n’avait pas encore confié son principal souci.
« Si on allait dans un endroit plus calme pour …
-On n’a pas vraiment le temps, murmura Aran.
-Que s’est-il passé alors ? reprit Popolman. Les flics, ils…
-Vous les avez vus ? demanda Aran la voix rapide.
-Oui, on a tenté de les retarder un peu… Faute de mieux.
-Il s’avère qu’ils ont débarqué chez Dragon Noir. En même temps on avait un problème, autrement plus important.
-Lord Satana…murmura Angel Aeris d’une voix blanche. »
Alors était-ce cette personne qu’elle avait entrevue la veille ?
« C’est exact. Il y a quelque chose d’étrange avec lui. Avec eux. Pas que j’en ai quelque chose à faire, mais c’est assez inquiétant. Bref, on a trouvé The Maker grièvement blessé, on a perdu des membres et… on a du laisser les congélo sur place. Par contre on a retrouvé Darkenshin, Dalisc et…
Elle réagit au pseudo de sa sœur virtuelle, ou plutôt ex-sœur virtuelle. Comme à des liens qui ne s’effaçaient et ne s’effaceraient jamais en elle.
« Où sont-ils ? demanda-t-elle.
-Qui donc ?
-Eux, là… Lord Satana, Dragon Noir et tout…
-Aucune idée. Dragon Noir avait apparemment un plan d’évacuation vers les Catacombes, mais on n’en sait pas plus. Q-po et lui disent revenir plus tard. Lord Satana a disparu dans la foulée, avec sa bande. Je… hésita Nina.
-On doit y aller, coupa Aran Valentine. Wee-ree-cat nous rejoint demain à l’aéroport, mais on se revoit bien ce soir ?
-Oui, répondit Popolman. Je pense qu’on sera plus au calme pour en parler. Non ?
-Très bien.
-Au fait, ‘Tony, commença la jeune fille une fois que le couple eût disparu dans une bouche de métro, d’où te vient cette marque sur la joue ? »
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
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Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Qu’avait voulu dire Aran par « il y a quelque chose d’étrange avec lui » ? Et plus elle en venait à y croire, plus elle se refusait à l’accepter. Prendre le dessus sur leurs volontés, enfreindre leurs désirs, et leurs pires ressentiments refoulés, celles-là n’étaient pas des choses qu’elle acceptait. Une force supérieure ? Elle n’y croyait pas. Mais là étaient bien les faits. Et plus elle voyait, plus elle ressentait le courant d’une rivière tortueuse l’emporter, de plus en plus vite, et avec elle Popolman qui n’avait lui non plus rien demandé. Et si leur refus avait été la clé ? Elle avait besoin de réponses, et maintenant que Dragon Noir avait disparu la tâche ne serait pas des plus aisées.
« Angeeeell… »
La voix la tira de sa torpeur. Elle se tourna vers lui, et manqua d’aller à la rencontre d’un poteau en avançant sans regarder où elle mettait les pieds.
« Tu veux aller où alors ?
-Je ne sais pas. »
Parce que passer du temps avec toi avant la fin me sera nécessaire mais pas suffisant.
« Ici ! Ici !
-Si tu veux, marmonna-t-elle, lasse.
-Il y a des jolies peluches, tu m’en payes une ?
-Plutôt mourir ! Et puis tu en ferais quoi ? Demain tu… »
Epiée. Observés. Surveillée. Ecoutés. Elle balaya d’un regard circulaire les environs, mais ne vit personne d’inquiétant. Les passants allaient et venaient, quelques touristes prenaient des photos. Aucune connaissance. Peut être ces « yeux » qui l’avaient tant troublée. Cette force supérieure ? Qui pouvait bien leur prêter autant d’attention pour qu’elle le ressente dans ses sens ?
« Anthony, arrête avec ça bon sang de Dieu !
-Maieuh je ne fais rien de mal-heu ! lança-t-il de sa voix la plus enfantine.
-Lâche ça tout de suite ! fit-elle d’un ton inquiet, alors qu’il s’amusait avec une lame fantaisie.
-Ce n’est qu’un couteau. Pas comme si j’allais me blesser ou mourir.
-Justement. Arrête, ce n’est pas drôle, reprit-elle d’un ton sérieux.
-Tu me payes une peluche alors ? S’il te plait ? siteplésiteplésiteplééééé ?
-Non ! Tu n’en as pas besoin ! »
Il ronchonna en sortant du magasin, elle s’attarda au niveau des bandes dessinées, puis saisissant une peluche « Corpse Bride », elle paya et sortit du magasin. Lui glissa discrètement dans la main. Il la regarda, surpris. Après tout, passer du temps avec lui, rire, parler d’un avenir dont elle ne savait pas s’il existerait était important pour elle, et sans doute pour elle seule. Et puis quoiqu’elle lui donnerait, il ne se rappellerait jamais d’elle que comme d’une femme comme une autre. Mort ou vif. Le garçon accrocha la peluche à son téléphone mobile et le fit osciller devant ses yeux tel un enfant ébahi par un insecte qui venait de se poser sur sa main.
« Emily ?
-Je pensais que tu l’aimais bien.
-Ouais. »
Ils marchèrent un long instant en silence, côte à côte. Son cœur battait fort. Un homme à la terrasse d’un café se leva en jetant des injures d’une voix forte et impitoyable tandis que la serveuse tentait d’éponger, confuse, le contenu du verre qui s’était répandu sur la table et la veste de l’homme, après qu’elle ait fait éclater l’objet qu’elle tenait alors assurément en main. Elle baissa les yeux et fixa le sol, en continuant d’avancer, mais la main de Night Beast la retint par le poignet. Elle rencontra son regard, lentement, et presque au ralenti, il exerça une traction sur son bras pour la rapprocher de lui. Son cœur battit la chamade dans une frénésie à en faire pâlir les anciens capitaines de galères romaines qui battaient le rythme pour les rameurs. Et se plaça soudainement devant elle, la lâchant quelques mètres derrière lui. Elle leva les yeux et vit face à eux un jeune homme à lunettes. Des cheveux châtains qu’elle crut reconnaître sans pouvoir placer un nom sur ce visage pourtant familier.
« Anthony Froissant… murmura l’inconnu avec mépris. Je savais que je finirai par te trouver. Avec…
-Anthony, tu le connais ? demanda-t-elle anxieuse. C’est un ami ? Je…
-Bien sûr, fit celui-ci avec un léger sourire, les yeux déterminés. Bien sûr, et toi aussi tu le connais. Hein, Joffrey ?
-Jo… Dur-Estel ? souffla-t-elle, une expression d’horreur sur son visage.
-Evidemment.
-Anthony, tu ne… commença-t-elle avec colère. »
Il plaça un bras sur le côté, l’empêchant de faire un pas de plus. Elle ne voulait pas que cela recommence. Pas maintenant. Et il refusait qu’elle s’interpose. Non…
« Qui aurait cru que je te trouverai aussi vite en plein centre de la capitale, hein ?
-Pourquoi es-tu là ? reprit Night Beast avec nonchalance. Tu passais pour me voir ? ajouta-t-il avec un grand sourire.
-Pas vraiment. Mais tant que tu étais ici, l’occasion était vraiment trop belle.
-Et comment le savais… »
Le blond se tourna vers la jeune fille qu’il avait écartée, et qui continuait à fixer Dur Estel avec une stupéfaction mêlée à de la crainte.
« C’était à lui que tu parlais hier, hein ? C’est bien ça ? Mais à quoi tu penses…
-Non ! C’est faux ! Je ne savais pas qu’il était ici ! répondit-elle avec terreur. Je ne sais même pas…
-Laisse tomber, Anthony, lâcha Dur Estel. Je ne connais même pas cette fille.
-Oh si, fit son interlocuteur avec un sourire sarcastique. Bien sûr que si tu la connais. Hein, Angel ? »
Il avait ouvert de grands yeux étonnés, presque pétrifié par la révélation de Night Beast, lequel s’approcha dangereusement de lui, un sourire machiavélique aux lèvres. Dur Estel jeta un regard plein de détresse à la jeune femme qui baissait obstinément les yeux, n’osant soutenir son regard. Pas après ce qu’elle avait fait.
« Flo… ptit ange ?
-Heh, plus le moment de l’appeler, je croyais que tu voulais me voir, reprit Night Beast.
-Arrêtez ! hurla-t-elle. »
Les deux garçons s’arrêtèrent net alors que Dur Estel semblait vouloir en venir aux mains. Des lames dans le cœur, des larmes dans l’âme. Elle essuya ses yeux du revers de la main et les pria encore une fois d’arrêter.
« Ecoute Joffrey, je suis vraiment désolée, mais je vous demande de vous calmer. Anthony, tu sais pourquoi. Joffrey, je… Je t’expliquerai sans doute dans les plus brefs délais.
-Mais je n’ai pas de raison d’arrêter, ça fait siiiiiii longtemps que je voulais te voir, Joff’chéri, répliqua Night Beast en formant un cœur de ses lèvres sous les yeux dégoûtés de l’autre.
-Flo… murmura Dur Estel en tentant d’ignorer les mimiques puériles du blond.
-Je sais que tu n’as pas de raison de me croire. Mais j’ose croire que si tu es là… En cette période… C’est la même raison que moi qui t’a poussé à venir.
-J’étais venu pour… parce qu’ils m’avaient dit, lâcha-t-il, l’air las.
-Je m’en doutais… Alors vous aussi, vous avez su ? fit-elle à voix basse.
-Peut être… J’attends des réponses. Je t’attends. Depuis tout ce temps.
-Désolée. On se reverra alors demain. Là où je leur ai dit.
-Je… peux quand même ? tenta-t-il, alors qu’elle entraînait un Night Beast interrogateur et réticent à l’opposée de sa direction.
-Non. Je ne peux pas vous permettre.
-Mais je m’en fiche ! hurla le plus jeune en se débattant. »
Elle n’eut même pas le temps de réagir qu’il se libérait de sa poigne et se retournant, esquiva souplement le poing adverse qui s’abattait sur son visage. Retenant le coup suivant, il susurra à son oreille les pires souvenirs qu’il aurait voulu jamais oublier. Les yeux en fureur, les joues empourprées par l’émotion, Dur Estel lui enfonça son autre poing dans le ventre, coup que Night Beast ne put éviter, mais encaissa avec un sourire presque spontané.
« Evidemment il n’y a que la force que tu connaisses pour te défendre. Dommage que ça ne soit pas ton fort non plus.
-Tu ne sais pas te défendre autrement que derrière ton écran, cracha-t-il.
-Tu ne sais pas vivre autrement.
-Parle pour toi !
-Arrêtez ! »
Pour la seconde fois. La dernière. Elle ne pouvait pas lutter. Elle. Dans n’importe lequel de ces combats, elle ne pouvait pas se battre. Mais si seulement elle pouvait…
« Bon sang, mais vous avez vu de quoi vous avez l’air ? On dirait deux chiens enragés ! Pourquoi êtes vous toujours obligés… même maintenant…
-Parce qu’il le mérite ! grogna Dur Estel.
-Parce qu’il est assez stupide pour croire tout ce qu’on lui raconte ! Tu crois aussi qu’elle est ton amie alors que…
-STOP ! »
Décidément, elle ne tirerait rien de ces deux-là tant qu’ils ne seraient pas séparés. Elle se décida à réagir de la manière « moindre mal », et tira Night Beast par le bras.
« On doit rentrer, sinon la nuit sera tombée avant qu’on y soit et Popolman va râler. Allez, choupinet. »
Il sembla comprendre la manœuvre et y voyant là un nouveau moyen de faire enrager son ennemi préféré, il la ramena contre lui, tirant la langue à un Dur Estel hébété.
« T’aurais dû voir c’te droite qu’il lui a mise ! C’était beau ! s’exclamait Night Beast en gesticulant.
-Mon cher fils, commença Nina d’une voix dangereusement suave. Je pense qu’une baffe n’est pas suffisante pour te remettre les idées en place, n’est-ce pas ? fit-elle en arborant un sourire qui ne présageait rien de bon.
-Oh bon sang, marmonna Popolman en vidant un nouveau verre de bière, sans oser regarder Night Beast qui s’était mis à courir dans la pièce, tournant indéfiniment autour d’Aran qui réfrénait difficilement des envies de meurtres, qu’il pourrait de toute manière accomplir le lendemain. Ces jeunes sont intenables de nos jours, grogna le Papy à sa petite fille virtuelle. »
Elle le regarda vider son verre.
« Et puis… J’ai aucune idée de comment il va récupérer les corps. On a beau dire qu’on peut revenir, il y aura sans doute la police de garde aux alentours, dit lentement Aran Valentine. Enfin, pas comme si ça m’inquiétait outre mesure. Cette histoire avec Raphaël. »
Incertitude.
« J’espère juste revoir Darkenshin, murmura Angel Aeris d’une toute petite voix.
-Je crois qu’il n’y avait pas tout les corps, déjà. J’ai pas vu très clair, mais trop peu de place prise pour autant de monde. Pas vraiment étonnant, reprit Aran.
-Pourquoi ? s’enquit Popolman.
-Tu sais bien, Papy, plaisanta Night Beast. Pour…
-Parce que Lord Satana a aussi récupéré des corps chez lui, l’interrompit brutalement Nina.
-Lord Satana ? »
Les yeux de Popolman s’arrondirent de surprise. Et Nina fusilla Night Beast du regard. Doute.
« Ouais, renchérit le plus jeune. »
Popolman secoua la tête, l’air peu convaincu. Que leur cachaient-ils, tous ? Pourquoi cette gêne soudain, par rapport aux corps ?
« S’est-il par hasard passé quelque chose il y a une semaine, pour que les corps soient passés de chez Déhen à chez Lord Satana ? demanda d’une voix anodine la plus petite d’entre eux.
-Rien. A part qu’on nous a appelés. »
Le ton était tranchant. Elle se leva, puis prétexta un malaise pour quitter le groupe. Des mensonges ? Incompréhension.
« Ouais par exemple le corps de Squall, tiens, marmonna Popolman machinalement.
-Quoi ? s’exclama Angel Aeris en se retournant brusquement. »
Blême. Elle était blême. Le regard presque vide. Il se précipita vers elle alors qu’elle s’écroulait, livide, sur le sol.
« Je… je ne savais pas, articula-t-elle sous le regard ahuri de son Papy.
-Je pensais qu’ils te l’auraient dit… Ou Dragon Noir l’aurait dit.
-Non… »
Elle se mordit la lèvre inférieure en tentant de se relever. Hésitation.
« Alors comme ça il était déjà parti, même avant Magnum ? Pas étonnant qu’on ne l’ait pas vu à l’enterrement.
-Je n’aurais pas pensé une seconde qu’ils te l’auraient caché. Il n’y avait pas de raison.
-Si. »
Elle lança son poing rageusement contre les draps du lit. Entre les larmes, des paroles bafouillées. Entre la colère, des bribes refoulées.
« Squall… enfoiré… »
Demain, ils partaient. Demain, elle le perdrait. Lui aussi. Comme tant de monde. Mais demain… demain, elle saurait. Et elle irait demander certains comptes à Dragon Noir. Night Beast l’interrompit dans ses pensées, en entrant dans la chambre.
« Tu sais, je pense que c’est pas bon de vous cacher tant de trucs. Même à vous.
-Comment ça, « même à vous » ? On ne compte pas, alors ?
-Non mais… Enfin… Bon, j’ai reçu la visite d’un flic, ya une semaine. C’est là que je me suis dit aussi qu’il était temps de se barrer. Ils vont tous nous filer, un jour ou l’autre. Alors… »
Il y avait une semaine, il était alors seul chez lui, on avait sonné. Et il avait refusé d’ouvrir, enfin, la première fois. La deuxième aussi. Puis la troisième. Au bout de la quarantième fois consécutive, il avait ouvert, après avoir réussi à émerger du lit, une tête d’illuminé. Un flic. Il avait encore oublié de regarder qui frappait. Il l’avait fait entrer, en râlant parce qu’il n’avait pas le temps. Alors l’autre a dit qu’il ferait vite, et lui a posé des questions au sujet de l’enterrement de Sephy Roshou. Alors il avait répondu qu’il s’en battait, ce qui n’était pas tout à fait faux.
« Vous y avez été pourtant ?
-C’était pour revoir les potes.
-Vous avez d’autres amis qui y étaient ?
-Ouais, entre autre.
-Quelles personnes ? Les avez-vous revues après ?
-Nan. A vrai dire, c’était juste une excuse pour sécher, avait-il fait sur la ton mensonger de la confession. Maintenant si vous voulez bien, j’ai pas toute la journée… »
Et là le flic avait sorti sa sacoche, et lui avait remis des bouts de papier. Apparemment des coupures de presse, rubrique faits divers. Il avait repéré des affaires de meurtres douteuses, et des morts suspectes.
« Connaissiez vous des personnes dont vous n’avez plus eu de nouvelles depuis ces dates ?
-Nope.
-Et… »
Il avait pris des photos. Ils avaient osé prendre des photos.
« Reconnaissez vous des connaissances parmi ces gens là ? »
Il avait levé un regard qui se voulait dégagé. Mais il avait été troublé et il n’avait pu le cacher.
« Je suppose qu’on ne vous a jamais appris le sens du mot « emmerder le monde »… ou encore « fouille merde ». Je vous prie de bien vouloir me laisser me raser en paix, et par la même occasion de laisser ces personnes reposer en paix. »
Et il avait coupé court à la discussion. De toute manière, le flic avait l’air de ne plus avoir de questions à poser.
Elle contempla longuement le paysage nocturne et le spectacle des lumières que lui offrait « Paris by Night ». Puis à voix basse pour ne pas réveiller son « Papy », appela cette silhouette qui lui serait familière, pour avoir un même combat à livrer. Action.
« Dur Estel, si tu veux des explications, c’est maintenant. »
« Angeeeell… »
La voix la tira de sa torpeur. Elle se tourna vers lui, et manqua d’aller à la rencontre d’un poteau en avançant sans regarder où elle mettait les pieds.
« Tu veux aller où alors ?
-Je ne sais pas. »
Parce que passer du temps avec toi avant la fin me sera nécessaire mais pas suffisant.
« Ici ! Ici !
-Si tu veux, marmonna-t-elle, lasse.
-Il y a des jolies peluches, tu m’en payes une ?
-Plutôt mourir ! Et puis tu en ferais quoi ? Demain tu… »
Epiée. Observés. Surveillée. Ecoutés. Elle balaya d’un regard circulaire les environs, mais ne vit personne d’inquiétant. Les passants allaient et venaient, quelques touristes prenaient des photos. Aucune connaissance. Peut être ces « yeux » qui l’avaient tant troublée. Cette force supérieure ? Qui pouvait bien leur prêter autant d’attention pour qu’elle le ressente dans ses sens ?
« Anthony, arrête avec ça bon sang de Dieu !
-Maieuh je ne fais rien de mal-heu ! lança-t-il de sa voix la plus enfantine.
-Lâche ça tout de suite ! fit-elle d’un ton inquiet, alors qu’il s’amusait avec une lame fantaisie.
-Ce n’est qu’un couteau. Pas comme si j’allais me blesser ou mourir.
-Justement. Arrête, ce n’est pas drôle, reprit-elle d’un ton sérieux.
-Tu me payes une peluche alors ? S’il te plait ? siteplésiteplésiteplééééé ?
-Non ! Tu n’en as pas besoin ! »
Il ronchonna en sortant du magasin, elle s’attarda au niveau des bandes dessinées, puis saisissant une peluche « Corpse Bride », elle paya et sortit du magasin. Lui glissa discrètement dans la main. Il la regarda, surpris. Après tout, passer du temps avec lui, rire, parler d’un avenir dont elle ne savait pas s’il existerait était important pour elle, et sans doute pour elle seule. Et puis quoiqu’elle lui donnerait, il ne se rappellerait jamais d’elle que comme d’une femme comme une autre. Mort ou vif. Le garçon accrocha la peluche à son téléphone mobile et le fit osciller devant ses yeux tel un enfant ébahi par un insecte qui venait de se poser sur sa main.
« Emily ?
-Je pensais que tu l’aimais bien.
-Ouais. »
Ils marchèrent un long instant en silence, côte à côte. Son cœur battait fort. Un homme à la terrasse d’un café se leva en jetant des injures d’une voix forte et impitoyable tandis que la serveuse tentait d’éponger, confuse, le contenu du verre qui s’était répandu sur la table et la veste de l’homme, après qu’elle ait fait éclater l’objet qu’elle tenait alors assurément en main. Elle baissa les yeux et fixa le sol, en continuant d’avancer, mais la main de Night Beast la retint par le poignet. Elle rencontra son regard, lentement, et presque au ralenti, il exerça une traction sur son bras pour la rapprocher de lui. Son cœur battit la chamade dans une frénésie à en faire pâlir les anciens capitaines de galères romaines qui battaient le rythme pour les rameurs. Et se plaça soudainement devant elle, la lâchant quelques mètres derrière lui. Elle leva les yeux et vit face à eux un jeune homme à lunettes. Des cheveux châtains qu’elle crut reconnaître sans pouvoir placer un nom sur ce visage pourtant familier.
« Anthony Froissant… murmura l’inconnu avec mépris. Je savais que je finirai par te trouver. Avec…
-Anthony, tu le connais ? demanda-t-elle anxieuse. C’est un ami ? Je…
-Bien sûr, fit celui-ci avec un léger sourire, les yeux déterminés. Bien sûr, et toi aussi tu le connais. Hein, Joffrey ?
-Jo… Dur-Estel ? souffla-t-elle, une expression d’horreur sur son visage.
-Evidemment.
-Anthony, tu ne… commença-t-elle avec colère. »
Il plaça un bras sur le côté, l’empêchant de faire un pas de plus. Elle ne voulait pas que cela recommence. Pas maintenant. Et il refusait qu’elle s’interpose. Non…
« Qui aurait cru que je te trouverai aussi vite en plein centre de la capitale, hein ?
-Pourquoi es-tu là ? reprit Night Beast avec nonchalance. Tu passais pour me voir ? ajouta-t-il avec un grand sourire.
-Pas vraiment. Mais tant que tu étais ici, l’occasion était vraiment trop belle.
-Et comment le savais… »
Le blond se tourna vers la jeune fille qu’il avait écartée, et qui continuait à fixer Dur Estel avec une stupéfaction mêlée à de la crainte.
« C’était à lui que tu parlais hier, hein ? C’est bien ça ? Mais à quoi tu penses…
-Non ! C’est faux ! Je ne savais pas qu’il était ici ! répondit-elle avec terreur. Je ne sais même pas…
-Laisse tomber, Anthony, lâcha Dur Estel. Je ne connais même pas cette fille.
-Oh si, fit son interlocuteur avec un sourire sarcastique. Bien sûr que si tu la connais. Hein, Angel ? »
Il avait ouvert de grands yeux étonnés, presque pétrifié par la révélation de Night Beast, lequel s’approcha dangereusement de lui, un sourire machiavélique aux lèvres. Dur Estel jeta un regard plein de détresse à la jeune femme qui baissait obstinément les yeux, n’osant soutenir son regard. Pas après ce qu’elle avait fait.
« Flo… ptit ange ?
-Heh, plus le moment de l’appeler, je croyais que tu voulais me voir, reprit Night Beast.
-Arrêtez ! hurla-t-elle. »
Les deux garçons s’arrêtèrent net alors que Dur Estel semblait vouloir en venir aux mains. Des lames dans le cœur, des larmes dans l’âme. Elle essuya ses yeux du revers de la main et les pria encore une fois d’arrêter.
« Ecoute Joffrey, je suis vraiment désolée, mais je vous demande de vous calmer. Anthony, tu sais pourquoi. Joffrey, je… Je t’expliquerai sans doute dans les plus brefs délais.
-Mais je n’ai pas de raison d’arrêter, ça fait siiiiiii longtemps que je voulais te voir, Joff’chéri, répliqua Night Beast en formant un cœur de ses lèvres sous les yeux dégoûtés de l’autre.
-Flo… murmura Dur Estel en tentant d’ignorer les mimiques puériles du blond.
-Je sais que tu n’as pas de raison de me croire. Mais j’ose croire que si tu es là… En cette période… C’est la même raison que moi qui t’a poussé à venir.
-J’étais venu pour… parce qu’ils m’avaient dit, lâcha-t-il, l’air las.
-Je m’en doutais… Alors vous aussi, vous avez su ? fit-elle à voix basse.
-Peut être… J’attends des réponses. Je t’attends. Depuis tout ce temps.
-Désolée. On se reverra alors demain. Là où je leur ai dit.
-Je… peux quand même ? tenta-t-il, alors qu’elle entraînait un Night Beast interrogateur et réticent à l’opposée de sa direction.
-Non. Je ne peux pas vous permettre.
-Mais je m’en fiche ! hurla le plus jeune en se débattant. »
Elle n’eut même pas le temps de réagir qu’il se libérait de sa poigne et se retournant, esquiva souplement le poing adverse qui s’abattait sur son visage. Retenant le coup suivant, il susurra à son oreille les pires souvenirs qu’il aurait voulu jamais oublier. Les yeux en fureur, les joues empourprées par l’émotion, Dur Estel lui enfonça son autre poing dans le ventre, coup que Night Beast ne put éviter, mais encaissa avec un sourire presque spontané.
« Evidemment il n’y a que la force que tu connaisses pour te défendre. Dommage que ça ne soit pas ton fort non plus.
-Tu ne sais pas te défendre autrement que derrière ton écran, cracha-t-il.
-Tu ne sais pas vivre autrement.
-Parle pour toi !
-Arrêtez ! »
Pour la seconde fois. La dernière. Elle ne pouvait pas lutter. Elle. Dans n’importe lequel de ces combats, elle ne pouvait pas se battre. Mais si seulement elle pouvait…
« Bon sang, mais vous avez vu de quoi vous avez l’air ? On dirait deux chiens enragés ! Pourquoi êtes vous toujours obligés… même maintenant…
-Parce qu’il le mérite ! grogna Dur Estel.
-Parce qu’il est assez stupide pour croire tout ce qu’on lui raconte ! Tu crois aussi qu’elle est ton amie alors que…
-STOP ! »
Décidément, elle ne tirerait rien de ces deux-là tant qu’ils ne seraient pas séparés. Elle se décida à réagir de la manière « moindre mal », et tira Night Beast par le bras.
« On doit rentrer, sinon la nuit sera tombée avant qu’on y soit et Popolman va râler. Allez, choupinet. »
Il sembla comprendre la manœuvre et y voyant là un nouveau moyen de faire enrager son ennemi préféré, il la ramena contre lui, tirant la langue à un Dur Estel hébété.
« T’aurais dû voir c’te droite qu’il lui a mise ! C’était beau ! s’exclamait Night Beast en gesticulant.
-Mon cher fils, commença Nina d’une voix dangereusement suave. Je pense qu’une baffe n’est pas suffisante pour te remettre les idées en place, n’est-ce pas ? fit-elle en arborant un sourire qui ne présageait rien de bon.
-Oh bon sang, marmonna Popolman en vidant un nouveau verre de bière, sans oser regarder Night Beast qui s’était mis à courir dans la pièce, tournant indéfiniment autour d’Aran qui réfrénait difficilement des envies de meurtres, qu’il pourrait de toute manière accomplir le lendemain. Ces jeunes sont intenables de nos jours, grogna le Papy à sa petite fille virtuelle. »
Elle le regarda vider son verre.
« Et puis… J’ai aucune idée de comment il va récupérer les corps. On a beau dire qu’on peut revenir, il y aura sans doute la police de garde aux alentours, dit lentement Aran Valentine. Enfin, pas comme si ça m’inquiétait outre mesure. Cette histoire avec Raphaël. »
Incertitude.
« J’espère juste revoir Darkenshin, murmura Angel Aeris d’une toute petite voix.
-Je crois qu’il n’y avait pas tout les corps, déjà. J’ai pas vu très clair, mais trop peu de place prise pour autant de monde. Pas vraiment étonnant, reprit Aran.
-Pourquoi ? s’enquit Popolman.
-Tu sais bien, Papy, plaisanta Night Beast. Pour…
-Parce que Lord Satana a aussi récupéré des corps chez lui, l’interrompit brutalement Nina.
-Lord Satana ? »
Les yeux de Popolman s’arrondirent de surprise. Et Nina fusilla Night Beast du regard. Doute.
« Ouais, renchérit le plus jeune. »
Popolman secoua la tête, l’air peu convaincu. Que leur cachaient-ils, tous ? Pourquoi cette gêne soudain, par rapport aux corps ?
« S’est-il par hasard passé quelque chose il y a une semaine, pour que les corps soient passés de chez Déhen à chez Lord Satana ? demanda d’une voix anodine la plus petite d’entre eux.
-Rien. A part qu’on nous a appelés. »
Le ton était tranchant. Elle se leva, puis prétexta un malaise pour quitter le groupe. Des mensonges ? Incompréhension.
« Ouais par exemple le corps de Squall, tiens, marmonna Popolman machinalement.
-Quoi ? s’exclama Angel Aeris en se retournant brusquement. »
Blême. Elle était blême. Le regard presque vide. Il se précipita vers elle alors qu’elle s’écroulait, livide, sur le sol.
« Je… je ne savais pas, articula-t-elle sous le regard ahuri de son Papy.
-Je pensais qu’ils te l’auraient dit… Ou Dragon Noir l’aurait dit.
-Non… »
Elle se mordit la lèvre inférieure en tentant de se relever. Hésitation.
« Alors comme ça il était déjà parti, même avant Magnum ? Pas étonnant qu’on ne l’ait pas vu à l’enterrement.
-Je n’aurais pas pensé une seconde qu’ils te l’auraient caché. Il n’y avait pas de raison.
-Si. »
Elle lança son poing rageusement contre les draps du lit. Entre les larmes, des paroles bafouillées. Entre la colère, des bribes refoulées.
« Squall… enfoiré… »
Demain, ils partaient. Demain, elle le perdrait. Lui aussi. Comme tant de monde. Mais demain… demain, elle saurait. Et elle irait demander certains comptes à Dragon Noir. Night Beast l’interrompit dans ses pensées, en entrant dans la chambre.
« Tu sais, je pense que c’est pas bon de vous cacher tant de trucs. Même à vous.
-Comment ça, « même à vous » ? On ne compte pas, alors ?
-Non mais… Enfin… Bon, j’ai reçu la visite d’un flic, ya une semaine. C’est là que je me suis dit aussi qu’il était temps de se barrer. Ils vont tous nous filer, un jour ou l’autre. Alors… »
Il y avait une semaine, il était alors seul chez lui, on avait sonné. Et il avait refusé d’ouvrir, enfin, la première fois. La deuxième aussi. Puis la troisième. Au bout de la quarantième fois consécutive, il avait ouvert, après avoir réussi à émerger du lit, une tête d’illuminé. Un flic. Il avait encore oublié de regarder qui frappait. Il l’avait fait entrer, en râlant parce qu’il n’avait pas le temps. Alors l’autre a dit qu’il ferait vite, et lui a posé des questions au sujet de l’enterrement de Sephy Roshou. Alors il avait répondu qu’il s’en battait, ce qui n’était pas tout à fait faux.
« Vous y avez été pourtant ?
-C’était pour revoir les potes.
-Vous avez d’autres amis qui y étaient ?
-Ouais, entre autre.
-Quelles personnes ? Les avez-vous revues après ?
-Nan. A vrai dire, c’était juste une excuse pour sécher, avait-il fait sur la ton mensonger de la confession. Maintenant si vous voulez bien, j’ai pas toute la journée… »
Et là le flic avait sorti sa sacoche, et lui avait remis des bouts de papier. Apparemment des coupures de presse, rubrique faits divers. Il avait repéré des affaires de meurtres douteuses, et des morts suspectes.
« Connaissiez vous des personnes dont vous n’avez plus eu de nouvelles depuis ces dates ?
-Nope.
-Et… »
Il avait pris des photos. Ils avaient osé prendre des photos.
« Reconnaissez vous des connaissances parmi ces gens là ? »
Il avait levé un regard qui se voulait dégagé. Mais il avait été troublé et il n’avait pu le cacher.
« Je suppose qu’on ne vous a jamais appris le sens du mot « emmerder le monde »… ou encore « fouille merde ». Je vous prie de bien vouloir me laisser me raser en paix, et par la même occasion de laisser ces personnes reposer en paix. »
Et il avait coupé court à la discussion. De toute manière, le flic avait l’air de ne plus avoir de questions à poser.
Elle contempla longuement le paysage nocturne et le spectacle des lumières que lui offrait « Paris by Night ». Puis à voix basse pour ne pas réveiller son « Papy », appela cette silhouette qui lui serait familière, pour avoir un même combat à livrer. Action.
« Dur Estel, si tu veux des explications, c’est maintenant. »
Dernière édition par le Jeu 1 Mar - 15:22, édité 1 fois
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
- Nombre de messages : 2309
Age : 36
Localisation : CTS
Date d'inscription : 23/02/2005
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
*Vomit en voyant le nouvel intervenant*
Tony, t'assures pas. T'aurais pu le repasser, celui-là.
Mouais, une heure moins vingt, c'est pas le meilleurs moment pour lire un récit ou intervient ce type...
Tony, t'assures pas. T'aurais pu le repasser, celui-là.
Mouais, une heure moins vingt, c'est pas le meilleurs moment pour lire un récit ou intervient ce type...
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
Je ne pouvais pas permettre à NB de tuer DE, j'ai besoin de l'elfe. Enfin pour l'instant quoi
(Par contre, permettre à Aran de tuer l'elfe...... gnihihihi)
(Par contre, permettre à Aran de tuer l'elfe...... gnihihihi)
Hysteric Fairy- Enorme floodeur
- Nombre de messages : 2309
Age : 36
Localisation : CTS
Date d'inscription : 23/02/2005
Re: Trailer pour embêter Mr Magnum
K-ro: Et moi! J'ai le droit?
AA': Toi t'es déjà morte.
K-ro: Duh...
AA': Toi t'es déjà morte.
K-ro: Duh...
K-ro- Maitre du mond..forum ^^
- Nombre de messages : 8174
Age : 39
Localisation : En train de préparer un autre plan pour la conquête du monde
Date d'inscription : 11/01/2005
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