Traumenschar
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Re: Traumenschar
7. Changement d'opposant.
« Alors tu es vraiment un Dieu, maintenant ?
-Je suis Ydja. Je suis le peuple Atlante. Je suis tout être vivant en ces lieux.
-Dingue, ça.
-Est-ce que tu te rappelles ce qu’il y avait dans la Sphère ?
-La Sphère était le catalyseur, et j’incarne dorénavant cette puissance.
-Dingue, ça. Il cause même comme un Dieu, maintenant. Avec des énigmes et tout !
-Tais-toi un peu, Viper ! J’essaye de comprendre ce qui lui est arrivé. J’espère qu’il n’est pas possédé.
-C’est sûr qu’il y a de la place dans sa tête, c’est tout vide.
-Pythagore, quand nous sommes arrivés, tu étais déjà sorti. Depuis combien de temps avais-tu émergé de la Sphère ?
-Le temps n’a aucune importance. Le passé est inutile.
-Jolie Philosophie.
-Est-ce que tu as vu ou appris quelque chose d’intéressant dans la Sphère ?
-Je suis omniscient.
-En plus, il a enrichi son vocabulaire.
-Est-ce que Séphy-Roshou est passée dans ce monde ?
-…
-Hello ! Y a quelqu’un ?
-Ne le touche pas, Viper ! On ne sait jamais quelles pourraient être ses réactions. Il n’est pas dans son état normal.
-Ça c’est sûr. Mais je le préfère comme ça. Plus silencieux.
-Prends-en de la graine.
-Dalisc, cette remarque n’était pas obligatoire.
-Les gars ?
-Oui ?
-Fermez-la.
-Séphy-Roshou n’est pas ici. Elle n’a jamais mis les pieds dans ce monde.
-Où est-elle ?
-Viper Dragoon !!
-Ça pourrait marcher, non ?
-Elle est dans un autre au-delà. Je ne peux en dire plus.
-Tu parles d’un omniscient.
-Autre chose, Pythagore ? Des infos, une piste ? Sinon on repart. Avec de la chance, tu retrouveras ton état normal en quittant ton enveloppe charnelle Trauménienne.
-La vie. La mort des citoyens de l’Atlantide. Un cycle perpétuel. Un cercle. L’infini. Le cercle ne peut être brisé. Il ne l’est que si la destinée n’est pas de mise…
-Je pige rien.
-Chut !
-…on ne peut forcer la destinée à se plier. Kevin Jolios a tenté de rompre la destiné. Il sera châtié. Le jugement d’Ydja va s’abattre sur lui.
-Kevin Jolios ? Qui est Kévin Jolios ?
-Le grand prêtre qui parle et officie en mon nom, et qui se sert de moi pour arriver à ses fins. Il est mauvais.
-Le grand prêtre d’Ydja ? Il a tenté quelque chose sur toi, c’est ça ?
-Dans la série Flipper le Dauphin, au moins, le petit garçon comprend tout du premier coup. Là, c’est flou, hein…
-Kevin Jolios attend son heure.
-Bon, allons-y.
-Maintenant ?
-Nous allons aller le voir immédiatement. Guillaume nous attendra encore un peu, mais cette histoire de destinée m’interpelle. J’espère qu’il n’a pas mis en péril la santé mentale de Pythagore, et si c’est le cas, il va nous aider à le remettre d’aplomb.
-On le laisse là ou pas ?
-Il vient avec nous, bien entendu. Tout le monde est prêt ?
-Allons-y !
-Non.
-Je vous accompagne. Le mouvement, même en arrière, est un signe d’avancement.
-Vivement qu’il redevienne normal, finalement. Il me gave, là. »
Les yeux dans les yeux, Pythagore/Ydja et Kevin Jolios se fixaient intensément. Mais les regards n’étaient pas les mêmes : Celui du futur ex-grand prêtre d’Ydja étaient bien loin de refléter l’assurance, et suintaient d’une peur poisseuse. DarKenshin, plongée dans les souvenirs de la discussion au retour de Pythagore, maintenait Jolios sur une chaise. Si celui-ci s’était démené comme un beau diable au départ, il avait cessé tout remue-ménage inutile.
« Laissez-moi… Je ne voulais pas… Je ne savais pas… »
Viper Dragoon regardait Pythagore, mal à l’aise. Il ne reconnaissait plus son compagnon. Il n’était plus le même, depuis son étrange passage dans la Sphère de ce monde. Et ce nouveau Pythagore ne lui plaisait que moyennement. Il était bien trop sûr de lui, bien trop sérieux et sévère.
Et ce regard était effrayant.
L’esprit du prêtre était à la limite de prendre la fuite, selon Viper Dragoon. Il éprouvait presque de la pitié pour cet homme, maintenant qu’il était face à son destin. Mais quoi qu’on en dise, Viper Dragoon ne jugeait pas Pythagore, ou Ydja, apte à procéder à de tels traitements envers quiconque.
« Pythagore, ça va peut-être aller, maintenant, non ?
-Il mérite la peur qui le submerge.
-Mais il ne mérite tout de même pas que tu l’approches de si près, tellement ton odeur est répugnante ! »
Pythagore ne releva pas la blague vaseuse. L’ancien Pythagore se serait jeté sur moi, même avec ce type de conneries, songea Viper Dragoon avec amertume. Il soupira. Le semi Dieu qui avait prit la place de son ami lui plaisait de moins en moins. DarKenshin reprit les rennes de la conversation :
« Pourquoi avez-vous tenté de le tuer ? Qu’est-il devenu exactement ?
-Il est… Il est Ydja ! ânonna le grand prêtre avec difficulté. Il est l’incarnation toute puissante d’une divinité en laquelle je ne croyais pas !
-Je crois qu’il a fondu un plomb, annonça Viper Dragoon.
-Je ne croyais pas en lui, et maintenant il va me pulvériser pour mon ignorance et mon irrespect envers lui ! Tout comme l’instigateur de toute cette mascarade ! »
Les Trois Trauméniens se regardèrent.
« Quel instigateur ? tempêta DarKenshin en soulevant littéralement Jolios de terre. Ça veut dire qu’il y a quelqu’un d’autre derrière tout ça ?
-Non… Je veux dire oui… Je ne sais pas…
-C’est précis, marmonna Viper Dragoon.
-Pythagore, pourrais-tu deviner, ou savoir, avec ta connaissance infinie, qui a dirigé le grand prêtre contre toi ? »
Les regards convergèrent vers Pythagore qui, et Viper Dragoon le vit clairement, se sentit un instant complètement perdu. Son visage passa fugitivement de sérieux à abasourdi, puis reprit son nouveau faciès fermé.
« Je n’arrive pas à voir clairement qui a préparé ce guet-apens. » dit-il simplement. Viper Dragoon sourit en revoyant pour la première fois la véritable apparence de Pythagore.
« Pas la peine d’être un Dieu pour trouver ce genre de renseignement. »
Dalisc arborait un sourire inhabituel, lui qui d’ordinaire masquait la totalité de ses émotions par une mine patibulaire de première catégorie. Il jouait avec les extrémités de sa ceinture de kimono, et les regardait tournoyer.
« Tu sais quelque chose, s’étonna Viper Dragoon.
-Petit un : Notre suspect doit forcément avoir espionné le prêtre, ou être en relation avec lui même si ce dernier ne connaît rien de son patron. En gros, il l’espionne. »
Dalisc envoya un coup de pied sauté sans élan dans l’armoire et deux appareils étranges en tombèrent. L’un des deux ressemblait à une webcam, mais un ancêtre très éloigné, quant à l’autre il s’agissait simplement d’une enceinte. Dalisc retomba dessus, réduisant en miette les deux preuves.
« Mais pourquoi tu…
-Pas besoin de ça pour retrouver le coupable, poursuivit Dalisc imperturbable. Petit deux : notre suspect doit connaître les passages secrets qu’empruntaient ses délégués, pour les suivre où qu’ils aillent et intervenir si besoin. »
Il s’écarta de l’entrée du passage où Kevin Jolios avait tenté de s’enfuir et montra le sol. Sur celui-ci, on pouvait apercevoir de multiples traces de pas entrecroisées : Celles de Jolios, reconnaissables à leur forme particulière, celles de Viper Dragoon qui avait été repêcher le sinistre individu dans les catacombes, et une troisième trace.
Des serres d’oiseau.
« Quel volatile irait se perdre dans les méandres des sous-sols d’une telle ville ? Demanda Dalisc. Petit trois : Un test de mémoire. Qui ici a assez d’argent pour se permettre une surveillance d’une telle ampleur, et qui adore les oiseaux ? »
Dalisc sourit.
« Frédéric 1er Barberousse ! » dirent à l’unisson Viper Dragoon, DarKenshin et le grand prêtre, aussi ahuri par le recoupement de Dalisc que les autres. Seul Pythagore, regardant le sol, ne dit rien. Une main se posa sur son épaule.
Celle de Viper Dragoon.
« Allons, continue de croire en toi, au moins, sinon tu disparaîtra, Petit Dieu. »
C’est impossible… Je ne peux pas entendre ce que j’entends… Non… Ce sont des illusions auditives, des hallucinations de mon esprit embrumé… Mon inconscient, qui s’évertue à créer des fantasmes de voix pour m’embrouiller et me contraindre à les écouter… Ces voix… Des voix familières… Mais qui n’ont jamais existées…
Je suis réel.
Elles non.
[pOUrqUOI nOUs IgnOrEr ?]
Parce que vous n’êtes pas vraiment elles ! Vous n’êtes pas vraiment là ! Vous ne pouvez pas me parler ainsi, dans ma tête ! Ici, c’est la réalité ! Ce n’est pas un
[cOntE ?]
Ce n’est pas un conte, non. Ce n’est pas une histoire. Ces jeunes filles, elles, faisaient partie d’une histoire, d’une mystification inventée de toute pièce par des jeunes à l’imagination fertile…
[tOI ?]
Oui moi. Nous, même, si on inclue tout ceux qui ont contribué à développer puis maintenir ce délire, et… Mais qu’est-ce je fabrique ?! Je me parle ! À moi ! Il n’y a personne !
[sI, nOUs sOmmEs là, cOmmE nOUs l’AvOns tOUjOUrs ÉtÉ…]
Vous n’êtes pas réelles. Vous n’êtes pas réelles !
[cOmmEnt tE pArlErIOns-nOUs sI nOUs n’ExIstIOns pAs ? rÉflÉchIs Un pEU, vOYOns, trAUmÉnIEn.]
Ne m’appelez pas ainsi… Nous ne sommes pas sur Traumen… Nous sommes vivants, ici. Nous sommes humains. Nous sommes
[dEs trAUmÉnIEns. dEs trAUmÉnIEns pOUr lE rEstE dE vOtrE vIE.]
Non…
[OOOOhh sI. C’Est d’AIllEUrs pOUr çA qUE tU pEUx nOUs EntEndrE, nOUs cOmprEndrE, Et nOUs AImER pOUr cE qUE nOUs sOmmEs…]
Et vous êtes quoi exactement ?
[tOn clAn dE fAn-gIrl, cElUI qUI t’A AImÉ Et sOUtEnU sUr trAUmEn Et qUI tE sErA dÉvOUÉ À jAmAIs…]
…
[tU rEstEs scEptIqUE ?]
Je ne sais pas quoi penser… Tant de choses étranges nous sont arrivés, ces derniers temps, et je…
[tU nE sAIs plUs ExActEmEnt qUOI fAIrE, nI À qUI tE fIEr ?]
Et je devrais me fier à une voix qui résonne dans ma tête, c’est ça ? Je devrais faire confiance à une bande de délurées névrotiques qui, dans une époque révolue, me vouaient un culte sans bornes ? Même si tout ceci appartenait au monde virtuel, et que nous ne sommes plus dans ce monde mais dans la réalité ?
LA RÉALITÉ !!
[DrAgOnnOIr AgIt cOntrE vOtrE IntÉrÊt.]
Et alors ? Même s’il lui prenait l’envie de nous doubler, qu’est-ce que je pourrais y faire ? Il a des informations que nous ignorons, mais je ne vais pas aller jusqu’à me battre contre lui juste pour les obtenir ! Il fait…
…ce qu’il croit bon de faire.
[sEUl dAns sOn cOIn ? En vOUs mEttAnt À l’ÉcArt ?]
Il n’est pas seul, il est avec Q-Po et Arkh.
[Et EUx sOnt dIgnEs dE cOnfIAncE, c’Est cElA ?]
…
[tU sAIs qUE nOUs AvOns rAIsOn, Et qUE nOUs nE dÉsIrOns qUE tOn bOnhEUr, cOmmE À l’ÉpOqUE dE fEU trAUmEn…]
Ils complotent contre nous, vous croyez ?
[Ils nE fOnt qUE çA… Et Il n’Y A qU’Un sEUl mOYEn d’Y rEmÉdIEr…]
Je dois prendre le contrôle de la situation. Je dois devenir le nouveau dirigeant de l’équipe de sauvetage de mon amie, Séphy-Roshou. Je dois détrôner DragonNoir et prendre sa place de leader…
[tOI sEUl pEUt Y ArrIvEr, lOrd sAtAnA…]
« Alors tu es vraiment un Dieu, maintenant ?
-Je suis Ydja. Je suis le peuple Atlante. Je suis tout être vivant en ces lieux.
-Dingue, ça.
-Est-ce que tu te rappelles ce qu’il y avait dans la Sphère ?
-La Sphère était le catalyseur, et j’incarne dorénavant cette puissance.
-Dingue, ça. Il cause même comme un Dieu, maintenant. Avec des énigmes et tout !
-Tais-toi un peu, Viper ! J’essaye de comprendre ce qui lui est arrivé. J’espère qu’il n’est pas possédé.
-C’est sûr qu’il y a de la place dans sa tête, c’est tout vide.
-Pythagore, quand nous sommes arrivés, tu étais déjà sorti. Depuis combien de temps avais-tu émergé de la Sphère ?
-Le temps n’a aucune importance. Le passé est inutile.
-Jolie Philosophie.
-Est-ce que tu as vu ou appris quelque chose d’intéressant dans la Sphère ?
-Je suis omniscient.
-En plus, il a enrichi son vocabulaire.
-Est-ce que Séphy-Roshou est passée dans ce monde ?
-…
-Hello ! Y a quelqu’un ?
-Ne le touche pas, Viper ! On ne sait jamais quelles pourraient être ses réactions. Il n’est pas dans son état normal.
-Ça c’est sûr. Mais je le préfère comme ça. Plus silencieux.
-Prends-en de la graine.
-Dalisc, cette remarque n’était pas obligatoire.
-Les gars ?
-Oui ?
-Fermez-la.
-Séphy-Roshou n’est pas ici. Elle n’a jamais mis les pieds dans ce monde.
-Où est-elle ?
-Viper Dragoon !!
-Ça pourrait marcher, non ?
-Elle est dans un autre au-delà. Je ne peux en dire plus.
-Tu parles d’un omniscient.
-Autre chose, Pythagore ? Des infos, une piste ? Sinon on repart. Avec de la chance, tu retrouveras ton état normal en quittant ton enveloppe charnelle Trauménienne.
-La vie. La mort des citoyens de l’Atlantide. Un cycle perpétuel. Un cercle. L’infini. Le cercle ne peut être brisé. Il ne l’est que si la destinée n’est pas de mise…
-Je pige rien.
-Chut !
-…on ne peut forcer la destinée à se plier. Kevin Jolios a tenté de rompre la destiné. Il sera châtié. Le jugement d’Ydja va s’abattre sur lui.
-Kevin Jolios ? Qui est Kévin Jolios ?
-Le grand prêtre qui parle et officie en mon nom, et qui se sert de moi pour arriver à ses fins. Il est mauvais.
-Le grand prêtre d’Ydja ? Il a tenté quelque chose sur toi, c’est ça ?
-Dans la série Flipper le Dauphin, au moins, le petit garçon comprend tout du premier coup. Là, c’est flou, hein…
-Kevin Jolios attend son heure.
-Bon, allons-y.
-Maintenant ?
-Nous allons aller le voir immédiatement. Guillaume nous attendra encore un peu, mais cette histoire de destinée m’interpelle. J’espère qu’il n’a pas mis en péril la santé mentale de Pythagore, et si c’est le cas, il va nous aider à le remettre d’aplomb.
-On le laisse là ou pas ?
-Il vient avec nous, bien entendu. Tout le monde est prêt ?
-Allons-y !
-Non.
-Je vous accompagne. Le mouvement, même en arrière, est un signe d’avancement.
-Vivement qu’il redevienne normal, finalement. Il me gave, là. »
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Les yeux dans les yeux, Pythagore/Ydja et Kevin Jolios se fixaient intensément. Mais les regards n’étaient pas les mêmes : Celui du futur ex-grand prêtre d’Ydja étaient bien loin de refléter l’assurance, et suintaient d’une peur poisseuse. DarKenshin, plongée dans les souvenirs de la discussion au retour de Pythagore, maintenait Jolios sur une chaise. Si celui-ci s’était démené comme un beau diable au départ, il avait cessé tout remue-ménage inutile.
« Laissez-moi… Je ne voulais pas… Je ne savais pas… »
Viper Dragoon regardait Pythagore, mal à l’aise. Il ne reconnaissait plus son compagnon. Il n’était plus le même, depuis son étrange passage dans la Sphère de ce monde. Et ce nouveau Pythagore ne lui plaisait que moyennement. Il était bien trop sûr de lui, bien trop sérieux et sévère.
Et ce regard était effrayant.
L’esprit du prêtre était à la limite de prendre la fuite, selon Viper Dragoon. Il éprouvait presque de la pitié pour cet homme, maintenant qu’il était face à son destin. Mais quoi qu’on en dise, Viper Dragoon ne jugeait pas Pythagore, ou Ydja, apte à procéder à de tels traitements envers quiconque.
« Pythagore, ça va peut-être aller, maintenant, non ?
-Il mérite la peur qui le submerge.
-Mais il ne mérite tout de même pas que tu l’approches de si près, tellement ton odeur est répugnante ! »
Pythagore ne releva pas la blague vaseuse. L’ancien Pythagore se serait jeté sur moi, même avec ce type de conneries, songea Viper Dragoon avec amertume. Il soupira. Le semi Dieu qui avait prit la place de son ami lui plaisait de moins en moins. DarKenshin reprit les rennes de la conversation :
« Pourquoi avez-vous tenté de le tuer ? Qu’est-il devenu exactement ?
-Il est… Il est Ydja ! ânonna le grand prêtre avec difficulté. Il est l’incarnation toute puissante d’une divinité en laquelle je ne croyais pas !
-Je crois qu’il a fondu un plomb, annonça Viper Dragoon.
-Je ne croyais pas en lui, et maintenant il va me pulvériser pour mon ignorance et mon irrespect envers lui ! Tout comme l’instigateur de toute cette mascarade ! »
Les Trois Trauméniens se regardèrent.
« Quel instigateur ? tempêta DarKenshin en soulevant littéralement Jolios de terre. Ça veut dire qu’il y a quelqu’un d’autre derrière tout ça ?
-Non… Je veux dire oui… Je ne sais pas…
-C’est précis, marmonna Viper Dragoon.
-Pythagore, pourrais-tu deviner, ou savoir, avec ta connaissance infinie, qui a dirigé le grand prêtre contre toi ? »
Les regards convergèrent vers Pythagore qui, et Viper Dragoon le vit clairement, se sentit un instant complètement perdu. Son visage passa fugitivement de sérieux à abasourdi, puis reprit son nouveau faciès fermé.
« Je n’arrive pas à voir clairement qui a préparé ce guet-apens. » dit-il simplement. Viper Dragoon sourit en revoyant pour la première fois la véritable apparence de Pythagore.
« Pas la peine d’être un Dieu pour trouver ce genre de renseignement. »
Dalisc arborait un sourire inhabituel, lui qui d’ordinaire masquait la totalité de ses émotions par une mine patibulaire de première catégorie. Il jouait avec les extrémités de sa ceinture de kimono, et les regardait tournoyer.
« Tu sais quelque chose, s’étonna Viper Dragoon.
-Petit un : Notre suspect doit forcément avoir espionné le prêtre, ou être en relation avec lui même si ce dernier ne connaît rien de son patron. En gros, il l’espionne. »
Dalisc envoya un coup de pied sauté sans élan dans l’armoire et deux appareils étranges en tombèrent. L’un des deux ressemblait à une webcam, mais un ancêtre très éloigné, quant à l’autre il s’agissait simplement d’une enceinte. Dalisc retomba dessus, réduisant en miette les deux preuves.
« Mais pourquoi tu…
-Pas besoin de ça pour retrouver le coupable, poursuivit Dalisc imperturbable. Petit deux : notre suspect doit connaître les passages secrets qu’empruntaient ses délégués, pour les suivre où qu’ils aillent et intervenir si besoin. »
Il s’écarta de l’entrée du passage où Kevin Jolios avait tenté de s’enfuir et montra le sol. Sur celui-ci, on pouvait apercevoir de multiples traces de pas entrecroisées : Celles de Jolios, reconnaissables à leur forme particulière, celles de Viper Dragoon qui avait été repêcher le sinistre individu dans les catacombes, et une troisième trace.
Des serres d’oiseau.
« Quel volatile irait se perdre dans les méandres des sous-sols d’une telle ville ? Demanda Dalisc. Petit trois : Un test de mémoire. Qui ici a assez d’argent pour se permettre une surveillance d’une telle ampleur, et qui adore les oiseaux ? »
Dalisc sourit.
« Frédéric 1er Barberousse ! » dirent à l’unisson Viper Dragoon, DarKenshin et le grand prêtre, aussi ahuri par le recoupement de Dalisc que les autres. Seul Pythagore, regardant le sol, ne dit rien. Une main se posa sur son épaule.
Celle de Viper Dragoon.
« Allons, continue de croire en toi, au moins, sinon tu disparaîtra, Petit Dieu. »
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C’est impossible… Je ne peux pas entendre ce que j’entends… Non… Ce sont des illusions auditives, des hallucinations de mon esprit embrumé… Mon inconscient, qui s’évertue à créer des fantasmes de voix pour m’embrouiller et me contraindre à les écouter… Ces voix… Des voix familières… Mais qui n’ont jamais existées…
Je suis réel.
Elles non.
[pOUrqUOI nOUs IgnOrEr ?]
Parce que vous n’êtes pas vraiment elles ! Vous n’êtes pas vraiment là ! Vous ne pouvez pas me parler ainsi, dans ma tête ! Ici, c’est la réalité ! Ce n’est pas un
[cOntE ?]
Ce n’est pas un conte, non. Ce n’est pas une histoire. Ces jeunes filles, elles, faisaient partie d’une histoire, d’une mystification inventée de toute pièce par des jeunes à l’imagination fertile…
[tOI ?]
Oui moi. Nous, même, si on inclue tout ceux qui ont contribué à développer puis maintenir ce délire, et… Mais qu’est-ce je fabrique ?! Je me parle ! À moi ! Il n’y a personne !
[sI, nOUs sOmmEs là, cOmmE nOUs l’AvOns tOUjOUrs ÉtÉ…]
Vous n’êtes pas réelles. Vous n’êtes pas réelles !
[cOmmEnt tE pArlErIOns-nOUs sI nOUs n’ExIstIOns pAs ? rÉflÉchIs Un pEU, vOYOns, trAUmÉnIEn.]
Ne m’appelez pas ainsi… Nous ne sommes pas sur Traumen… Nous sommes vivants, ici. Nous sommes humains. Nous sommes
[dEs trAUmÉnIEns. dEs trAUmÉnIEns pOUr lE rEstE dE vOtrE vIE.]
Non…
[OOOOhh sI. C’Est d’AIllEUrs pOUr çA qUE tU pEUx nOUs EntEndrE, nOUs cOmprEndrE, Et nOUs AImER pOUr cE qUE nOUs sOmmEs…]
Et vous êtes quoi exactement ?
[tOn clAn dE fAn-gIrl, cElUI qUI t’A AImÉ Et sOUtEnU sUr trAUmEn Et qUI tE sErA dÉvOUÉ À jAmAIs…]
…
[tU rEstEs scEptIqUE ?]
Je ne sais pas quoi penser… Tant de choses étranges nous sont arrivés, ces derniers temps, et je…
[tU nE sAIs plUs ExActEmEnt qUOI fAIrE, nI À qUI tE fIEr ?]
Et je devrais me fier à une voix qui résonne dans ma tête, c’est ça ? Je devrais faire confiance à une bande de délurées névrotiques qui, dans une époque révolue, me vouaient un culte sans bornes ? Même si tout ceci appartenait au monde virtuel, et que nous ne sommes plus dans ce monde mais dans la réalité ?
LA RÉALITÉ !!
[DrAgOnnOIr AgIt cOntrE vOtrE IntÉrÊt.]
Et alors ? Même s’il lui prenait l’envie de nous doubler, qu’est-ce que je pourrais y faire ? Il a des informations que nous ignorons, mais je ne vais pas aller jusqu’à me battre contre lui juste pour les obtenir ! Il fait…
…ce qu’il croit bon de faire.
[sEUl dAns sOn cOIn ? En vOUs mEttAnt À l’ÉcArt ?]
Il n’est pas seul, il est avec Q-Po et Arkh.
[Et EUx sOnt dIgnEs dE cOnfIAncE, c’Est cElA ?]
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[tU sAIs qUE nOUs AvOns rAIsOn, Et qUE nOUs nE dÉsIrOns qUE tOn bOnhEUr, cOmmE À l’ÉpOqUE dE fEU trAUmEn…]
Ils complotent contre nous, vous croyez ?
[Ils nE fOnt qUE çA… Et Il n’Y A qU’Un sEUl mOYEn d’Y rEmÉdIEr…]
Je dois prendre le contrôle de la situation. Je dois devenir le nouveau dirigeant de l’équipe de sauvetage de mon amie, Séphy-Roshou. Je dois détrôner DragonNoir et prendre sa place de leader…
[tOI sEUl pEUt Y ArrIvEr, lOrd sAtAnA…]
Mr.Magnum- Enorme floodeur
- Nombre de messages : 2475
Age : 42
Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
Une porte close, telle l’esprit complètement hermétique qui se trouvait derrière.
Hurlement.
Une porte close, scellée par une énorme clef d’un trousseau qui pend encore au trou de la serrure d’acier. Aucune trace de rouille, ni d’usure par le temps. La porte, la serrure et la clef. Toutes les trois servent fréquemment.
Halètement.
Rien à voir de plus qu’une porte close, de ce coté-ci. Seuls les bruits qui en émanaient pouvaient faire comprendre que ce qui était intéressant se trouvait de l’autre coté de cette entrée. De l’extérieur, rien à voir. Mais à l’intérieur…
…la douleur.
Un nouveau morceau d’étoffe retomba sur le sol, avec ses congénères. Il retrouva ainsi un autre bout de manche, ainsi que diverses loques brûlées ou imbibés de sang. Un pied en pantoufle, qui dénotait nettement ave l’ambiance de torture et de lamentations qui régnait dans la pièce, écrasa les frusques qui jonchaient le sol.
Un nouveau cri fusa, accompagné d’un autre. Plus féminin.
« Arrête ! »
Du sang coula le long du pied qui touchait à peine le sol. Un pied nu, sale, face aux deux pantoufles. Celles-ci étaient surmontées d’une robe de chambre couleur lie-de-vin, brodée d’or. Elle semblait assez coûteuse. Et elle l’était vraisemblablement.
Au dessus des deux pieds nus (l’autre étant simplement caché par la robe de chambre luxueuse), il n’y avait rien d’autre que des mollets, puis des cuisses. Tachées. Balafrées. Ensanglantées. L’une des cuisses était même encore perforée par une longue aiguille qui la traversait de part en part.
« Arrête papa !! »
Les pantoufles se détournèrent des pieds torturés et firent face à Judith, qui était au sol dans sa jolie nuisette. Enchaînée avec de lourds anneaux de fer rouillés. Elle aussi était pieds nus, car elle avait été tirée du lit sans avoir eu le temps de mettre ses pantoufles. Elle avait été tellement choquée de voir son père dans un tel état de fureur, puis étonné de voir le visage de Guillaume dans le rôle de son visiteur nocturne, que ses pantoufles avaient été reléguées loin, loin dans son esprit.
Les pantoufles richement décorées furent recouvertes de la robe de chambre. Elle traîna sur le sol, se salissant, mais Frédéric Barberousse n’en avait cure. Il approcha sa main du visage de sa fille pour lui caresser la joue, mais elle se détourna : sa main bourrue était maculée de sang séché.
« Tu sais ce que je pense des personnes assez malignes pour s’introduire chez moi alors qu’elles n’ont pas été invité… dit-il d’une voix calme.
-Je… Je l’ai invité ! C’est moi qui lui ai dit de ven… »
La claque résonna dans la pièce et le silence se fit. On discernait sans mal la trace des doigts sur le visage de Judith, à la fois par la rougeur du coup et par les traces de sang que Barberousse y avait laissé. Judith baissa la tête et se mit à sangloter.
« Laiche-la… »
Barberousse pivota sur ses pantoufles et se releva. Il fixait Guillaume de son regard de fou. Le même regard qu’il avait eu en entrant dans la chambre, avec le corbeau, et en l’envoyant valser contre le mur. La bougie était retombée sur Guillaume, et ce dernier avait cru que la douleur du choc était la plus grande qu’il n’avait jamais subi.
Mais c’était sans compter sur la séance de torture qui avait suivit.
« Qu’est-ce que tu as dit, le môme ?
-Laiche-la tranquille… » Guillaume se mit à tousser, découvrant sa mâchoire où manquaient de nombreuses dents. Il cracha un caillot de sang sur le sol, manquant de peu la pantoufle de son tortionnaire.
« Tu veux que je la laisse tranquille ? répéta Barberousse avec la patience et la voix qu’on applique face à un enfant attardé. Mais tout ceci est de ta faute ! De ta seule et unique faute ! Tu n’as qu’à t’en prendre qu’à toi ! »
Sa main effleura le torse dénudé et lacéré de Guillaume, et s’arrêta sur une partie à vif, juste sous le mamelon. La chair rose brillait, et Barberousse enfonça avec délectation ses doigts sous la peau. Guillaume rejeta sa tête en arrière, se cogna contre le mur où il était attaché et hurla. Le hurlement fut interrompu par un violent coup du plat de la main sur sa gorge, puis Frédéric 1er Barberousse lui attrapa les joues d’une seule main.
« Ce n’est pas à elle que je vais m’en prendre, mais à toi, mon Guillaume. Crois-le où non, mais ce n’est pas la première fois… »
Le trousseau de clefs tinta, derrière lui. Un corbeau, placé sur une des poutres du plafond, croassa de mécontentement. Ou bien était-ce un avertissement ? Dans tout les cas, Barberousse se tourna vers la porte au moment où un pied la traversait, la réduisant en miettes sans mal. Des échardes de bois retombèrent autour de Barberousse.
Le pied qui avait défoncé la porte resta en place. Un pied nu. Puis il décrivit un arc de cercle, toujours en hauteur, et alla rejoindre son complice de toujours au sol.
« Désolé, nous sommes en retard. »
Derrière Dalisc, qui venait de briser la porte, Viper Dragoon agita la main en souriant. Mais ce qui fit le plus peur à Barberousse, ce ne fut pas la force de Dalisc, ni la joie de Viper Dragoon, ni même de revoir Pythagore en vie.
C’étaient les yeux de DarKenshin qui le firent reculer.
Frédéric 1er dit Frédéric Barberousse fut élu roi d'Allemagne le 4 mars 1152 en succédant à son oncle Conrad III, et couronné empereur romain germanique en 1155, sur la Terre Originelle.
Fils de Frédéric de Hohenstaufen, duc de Souabe, et de Judith de Bavière, de la dynastie rivale Welfs, Frédéric est issu d'une des principales familles d'Allemagne, faisant de lui un choix acceptable pour les princes électeurs. En 1147 il épouse Adélaïde de Vohbourg, divorcés en 1153. En 1156 il épouse Béatrice de Bourgogne. Ils eurent cinq enfants : Frédéric duc de Souabe, Henri VI, Othon, Conrad, également duc de Souabe et Philippe 1er de Souabe.
Il mena plusieurs expéditions en Italie entre 1154 et 1177.
Au cours de la première, il fut couronné empereur à Rome par le pape Adrien IV, après avoir pris le contrôle de la commune Romaine qui aspirait à renouer avec le modèle républicain antique. Arnaud de Brescia, autorité spirituelle qui déniait au pape tout droit de gouverner la ville fut supplicié.
A l'été 1158, il entreprend une expédition plus conséquente. Après un mois de siège il impose des conditions sévères à Milan défaite. En novembre 1158, il réunit à Roncaglia une assemblée de juristes et de représentants des Cités italiennes afin de clarifier la situation des droits régaliens relevant de l'Empereur. Le Nord et le Centre de la péninsule s'étaient en effet émancipés de la tutelle impériale depuis le règne de Conrad III.
En 1162, dans un contexte de schisme pontifical, devant l'insoumission persistante de Milan, celle ci est à nouveau assiégée et détruite avec le concours de cités voisines opprimées par les Milanais. Les Villes alliées à Milan se virent imposées des conditions strictes (Brescia, Plaisance...)
Cela ne désarme pas les oppositions et dés 1164 la Ligue de Vérone, puis en 1167 la Ligue Lombarde ruine la politique impériale en Italie.
En 1166-1167 Frédéric Barberousse cible Rome après avoir pris Ancône où l'empire byzantin avait repris pied. Recouronné par l'antipape Pascal III, son armée est décimée par une épidémie. Il ne revient qu'en 1174 avec une armée bien moins forte, et après l'échec des négociations de Montebello en 1175, il est défait à la bataille de Legnano par la ligue.
Revers politique plus grave que la défaite militaire, il céda aux exigences papales d'Alexandre III mais parvint à le désolidariser de la cause des cités lombardes. Frédéric embarqua pour la troisième croisade (1189) avec Philippe Auguste et Richard 1er d'Angleterre.
Il se noya en traversant la rivière Saleph en Cilicie dans le sud est de l'Anatolie.
Frédéric est le sujet d'une légende de héros endormi, qui dit qu'il n'est pas mort, mais endormi avec ses chevaliers dans une cave dans les montagnes de Kyffhäuser en Thuringe, en Allemagne, et que lorsque les corbeaux cesseront de voler autour de la montagne il se réveillera et rétablira l'Allemagne dans son ancienne grandeur. En accord avec l'histoire sa barbe rousse a poussé à travers la table auprès de laquelle il est assis. Ses yeux sont à demi clos dans son sommeil, mais de temps en temps il lève la main et envoie un garçon voir si les corbeaux ont cessé de voler.
La salle était petite, et il n’y avait en apparence aucun moyen de s’enfuir. Mais avec un adversaire comme Barberousse, qui avait réussi à tromper le grand prêtre d’Ydja et une bonne partie de la communauté, il fallait se méfier. Il connaissait les passages secrets de la ville, et sa demeure devait en être truffée.
Et c’était de plus un habile manipulateur.
« Oh ! Les élus d’Ydja ! Que venez-vous faire dans mon humble demeure ? »
Mais selon DarKenshin, ces quelques mots censés les apaiser sonnaient des plus faux. Elle se borna donc à le regarder sans ciller. Barberousse n’en fut que plus mal à l’aise. Il parut soudainement se rendre compte de l’énormité de la scène.
Il se trouvait souillé de sang, un sang qui n’était de plus pas le siens, avec sa fille enchaînée dans un coin de la pièce et un jeune homme violenté attaché dans un autre. Les apparence ne jouaient évidemment pas en sa faveur, mais il espéra encore un instant pouvoir faire vaciller le jugement qui se montait dans l’esprit des Trauméniens.
« Je suis dans mon droit, dit-il simplement. Cet homme s’est introduit chez moi en pleine nuit et je l’ai découvert dans la chambre de ma fille. Il ne…
-Est-ce là une raison pour le torturer ? trancha DarKenshin.
-Il ne… commença Barberousse.
-C’est à vous que je pose la question, Frédéric 1er dit Barberousse, reprit DarKenshin.
-Et j’espère pour vous que vous ne l’avez pas tué. » ajouta Viper Dragoon dont la gaieté s’était mué en colère sourde lorsqu’il avait vu l’état de Guillaume.
Je ne pourrais pas les convaincre, en conclut rapidement Barberousse. Mais au fond de lui-même, il souriait. Il y avait bien longtemps qu’il s’était rangé de toutes ces activités surréalistes, et il était grand temps de leur montrer que Barberousse n’était pas un homme comme les autres. Oh non…
Il lui fallait juste un peu de temps pour retrouver ses acquis.
« Ne pensez-vous pas plutôt que ça serait à Ydja de juger ? »
Barberousse leva la main vers Pythagore, qui recula.
Il n’avait cessé de gamberger depuis la démonstration de Dalisc, chez le grand prêtre. Ce dernier avait découvert et mis en relation tant de choses, si simplement, alors que lui… Il n’avait pas été capable de grand-chose. Pourtant, il était bien un Dieu, non ? Ou un demi-Dieu, au moins ! C’est ce qu’avait dit le grand prêtre en l’emmenant à la Sphère.
Qu’il allait être la réincarnation d’Ydja.
Des bribes de souvenirs lui revinrent en mémoire. La conversation qui
n’avait pas eu lieu
s’était tenu dans la Sphère. La conversation avec
lui-même
le Dieu Ydja qui lui avait embrouillé l’esprit. De quoi avaient-ils parlé ? La mémoire exacte lui manquait, mais il se rappelait de plein de détails : La chaleur du lieu où il se trouvait, le calme ambiant.
Pythagore réfléchissait.
Il ne voyait pas ses compagnons combattre Barberousse, qui avait finalement réussit à éveiller ses pouvoirs latents. Il ne voyait pas Dalisc étranglé par la barbe de Barberousse qui proliférait sans cesse. Il n’entendait pas Judith hurler de terreur, ni Viper Dragoon lui crier dessus pour qu’il intervienne. Il ne sentait pas les milliers d’ailes de corbeaux qui affluaient sous les ordres de leur maître pour becqueter les intrus.
Pythagore était plongé dans ses pensées.
« Qui êtes-vous ? »
Et toi, qui es-tu ?
« Êtes-vous celui que tout le monde ici appelle Ydja ? »
Crois-tu que je le suis ?
« Vous répondez toujours par d’autres questions ? »
Sembles-tu vouloir sans cesse m’en poser ?
« Écoutez, monsieur… Ou madame. C’est vrai, en fait : Votre voix pourrait appartenir aux deux sexes, je n’arrive pas à discerner les intonations ! »
Est-ce dérangeant ? Préfèrerais-tu que je sois un homme ? Ou une femme ?
« Je ne sais pas. Comme vous voulez. Mais qu’est-ce que c’est que cette conversation ? Qui êtes-vous à la fin ? »
Je ne suis qu’une idée.
« Une idée ? »
C’est cela.
« Mais une idée n’a pas de vie ! Une idée, c’est… c’est de l’imaginaire ! De l’abstrait ! »
Il suffit de lui insuffler la vie. Il suffit d’y croire.
« Et pouf, comme ça l’idée peut vivre, et parler ? »
N’en suis-je pas la preuve vivante ?
« On tourne en rond, là. »
Le rond est l’infini. L’infini est la vie.
« La Sphère où je suis entré, c’est donc… »
Tu as compris.
« On peut donc considérer que vous êtes Ydja. Ou l’idée d’Ydja, n’est-ce pas ? »
On peut.
« Je peux vous demander un service, alors ? J’ai besoin de ressortir de cette Sphère vivant dans cinq ou six jours. Je ne sais déjà plus combien de temps j’y ai passé. »
Tu es pourtant mort, non ?
« Oui, bien sûr, mais… Je veux dire, en ressortir dans la même vie que celle-ci. Ou la même mort, si vous préférez. »
Il te suffit d’y croire, et l’idée de rester en vie vivra à son tour.
« Je ne comprends pas… Si je meurs de faim, ou autre, je n’ai pas le choix ! »
Tu peux choisir d’avoir faim.
« Mais bien sûr que non ! Ou je peux avoir soif ! Six jours sans boire, je dois forcément mourir de déshydratation, même plongé dans une Sphère de liquide… …étrange !
Sans vous offenser, bien sûr. »
Pas de mal.
« Alors vous pouvez me sauver ? »
Toi seul le peux.
« Mais c’est important ! Je suis là pour sauver quelqu’un ! Je ne dois pas mourir ! Enfin… Pas re-mourir, sinon mes amis qui m’attendent vont perdre leur temps précieux en même temps que le mien ! Aidez-moi ! »
Si tu crois que je suis Ydja, alors je le serais. Si tu crois que je suis un délire de ton imagination, alors je le serais.
Si tu crois que le temps passe lentement, il s’allongera. Si tu crois qu’il passe vite, il accélérera.
Si tu crois en ta survie, tu survivras. Si tu crois mourir, tu mourras.
Si tu penses être l’élu, alors…
Hurlement.
Une porte close, scellée par une énorme clef d’un trousseau qui pend encore au trou de la serrure d’acier. Aucune trace de rouille, ni d’usure par le temps. La porte, la serrure et la clef. Toutes les trois servent fréquemment.
Halètement.
Rien à voir de plus qu’une porte close, de ce coté-ci. Seuls les bruits qui en émanaient pouvaient faire comprendre que ce qui était intéressant se trouvait de l’autre coté de cette entrée. De l’extérieur, rien à voir. Mais à l’intérieur…
…la douleur.
Un nouveau morceau d’étoffe retomba sur le sol, avec ses congénères. Il retrouva ainsi un autre bout de manche, ainsi que diverses loques brûlées ou imbibés de sang. Un pied en pantoufle, qui dénotait nettement ave l’ambiance de torture et de lamentations qui régnait dans la pièce, écrasa les frusques qui jonchaient le sol.
Un nouveau cri fusa, accompagné d’un autre. Plus féminin.
« Arrête ! »
Du sang coula le long du pied qui touchait à peine le sol. Un pied nu, sale, face aux deux pantoufles. Celles-ci étaient surmontées d’une robe de chambre couleur lie-de-vin, brodée d’or. Elle semblait assez coûteuse. Et elle l’était vraisemblablement.
Au dessus des deux pieds nus (l’autre étant simplement caché par la robe de chambre luxueuse), il n’y avait rien d’autre que des mollets, puis des cuisses. Tachées. Balafrées. Ensanglantées. L’une des cuisses était même encore perforée par une longue aiguille qui la traversait de part en part.
« Arrête papa !! »
Les pantoufles se détournèrent des pieds torturés et firent face à Judith, qui était au sol dans sa jolie nuisette. Enchaînée avec de lourds anneaux de fer rouillés. Elle aussi était pieds nus, car elle avait été tirée du lit sans avoir eu le temps de mettre ses pantoufles. Elle avait été tellement choquée de voir son père dans un tel état de fureur, puis étonné de voir le visage de Guillaume dans le rôle de son visiteur nocturne, que ses pantoufles avaient été reléguées loin, loin dans son esprit.
Les pantoufles richement décorées furent recouvertes de la robe de chambre. Elle traîna sur le sol, se salissant, mais Frédéric Barberousse n’en avait cure. Il approcha sa main du visage de sa fille pour lui caresser la joue, mais elle se détourna : sa main bourrue était maculée de sang séché.
« Tu sais ce que je pense des personnes assez malignes pour s’introduire chez moi alors qu’elles n’ont pas été invité… dit-il d’une voix calme.
-Je… Je l’ai invité ! C’est moi qui lui ai dit de ven… »
La claque résonna dans la pièce et le silence se fit. On discernait sans mal la trace des doigts sur le visage de Judith, à la fois par la rougeur du coup et par les traces de sang que Barberousse y avait laissé. Judith baissa la tête et se mit à sangloter.
« Laiche-la… »
Barberousse pivota sur ses pantoufles et se releva. Il fixait Guillaume de son regard de fou. Le même regard qu’il avait eu en entrant dans la chambre, avec le corbeau, et en l’envoyant valser contre le mur. La bougie était retombée sur Guillaume, et ce dernier avait cru que la douleur du choc était la plus grande qu’il n’avait jamais subi.
Mais c’était sans compter sur la séance de torture qui avait suivit.
« Qu’est-ce que tu as dit, le môme ?
-Laiche-la tranquille… » Guillaume se mit à tousser, découvrant sa mâchoire où manquaient de nombreuses dents. Il cracha un caillot de sang sur le sol, manquant de peu la pantoufle de son tortionnaire.
« Tu veux que je la laisse tranquille ? répéta Barberousse avec la patience et la voix qu’on applique face à un enfant attardé. Mais tout ceci est de ta faute ! De ta seule et unique faute ! Tu n’as qu’à t’en prendre qu’à toi ! »
Sa main effleura le torse dénudé et lacéré de Guillaume, et s’arrêta sur une partie à vif, juste sous le mamelon. La chair rose brillait, et Barberousse enfonça avec délectation ses doigts sous la peau. Guillaume rejeta sa tête en arrière, se cogna contre le mur où il était attaché et hurla. Le hurlement fut interrompu par un violent coup du plat de la main sur sa gorge, puis Frédéric 1er Barberousse lui attrapa les joues d’une seule main.
« Ce n’est pas à elle que je vais m’en prendre, mais à toi, mon Guillaume. Crois-le où non, mais ce n’est pas la première fois… »
Le trousseau de clefs tinta, derrière lui. Un corbeau, placé sur une des poutres du plafond, croassa de mécontentement. Ou bien était-ce un avertissement ? Dans tout les cas, Barberousse se tourna vers la porte au moment où un pied la traversait, la réduisant en miettes sans mal. Des échardes de bois retombèrent autour de Barberousse.
Le pied qui avait défoncé la porte resta en place. Un pied nu. Puis il décrivit un arc de cercle, toujours en hauteur, et alla rejoindre son complice de toujours au sol.
« Désolé, nous sommes en retard. »
Derrière Dalisc, qui venait de briser la porte, Viper Dragoon agita la main en souriant. Mais ce qui fit le plus peur à Barberousse, ce ne fut pas la force de Dalisc, ni la joie de Viper Dragoon, ni même de revoir Pythagore en vie.
C’étaient les yeux de DarKenshin qui le firent reculer.
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Frédéric 1er dit Frédéric Barberousse fut élu roi d'Allemagne le 4 mars 1152 en succédant à son oncle Conrad III, et couronné empereur romain germanique en 1155, sur la Terre Originelle.
Fils de Frédéric de Hohenstaufen, duc de Souabe, et de Judith de Bavière, de la dynastie rivale Welfs, Frédéric est issu d'une des principales familles d'Allemagne, faisant de lui un choix acceptable pour les princes électeurs. En 1147 il épouse Adélaïde de Vohbourg, divorcés en 1153. En 1156 il épouse Béatrice de Bourgogne. Ils eurent cinq enfants : Frédéric duc de Souabe, Henri VI, Othon, Conrad, également duc de Souabe et Philippe 1er de Souabe.
Il mena plusieurs expéditions en Italie entre 1154 et 1177.
Au cours de la première, il fut couronné empereur à Rome par le pape Adrien IV, après avoir pris le contrôle de la commune Romaine qui aspirait à renouer avec le modèle républicain antique. Arnaud de Brescia, autorité spirituelle qui déniait au pape tout droit de gouverner la ville fut supplicié.
A l'été 1158, il entreprend une expédition plus conséquente. Après un mois de siège il impose des conditions sévères à Milan défaite. En novembre 1158, il réunit à Roncaglia une assemblée de juristes et de représentants des Cités italiennes afin de clarifier la situation des droits régaliens relevant de l'Empereur. Le Nord et le Centre de la péninsule s'étaient en effet émancipés de la tutelle impériale depuis le règne de Conrad III.
En 1162, dans un contexte de schisme pontifical, devant l'insoumission persistante de Milan, celle ci est à nouveau assiégée et détruite avec le concours de cités voisines opprimées par les Milanais. Les Villes alliées à Milan se virent imposées des conditions strictes (Brescia, Plaisance...)
Cela ne désarme pas les oppositions et dés 1164 la Ligue de Vérone, puis en 1167 la Ligue Lombarde ruine la politique impériale en Italie.
En 1166-1167 Frédéric Barberousse cible Rome après avoir pris Ancône où l'empire byzantin avait repris pied. Recouronné par l'antipape Pascal III, son armée est décimée par une épidémie. Il ne revient qu'en 1174 avec une armée bien moins forte, et après l'échec des négociations de Montebello en 1175, il est défait à la bataille de Legnano par la ligue.
Revers politique plus grave que la défaite militaire, il céda aux exigences papales d'Alexandre III mais parvint à le désolidariser de la cause des cités lombardes. Frédéric embarqua pour la troisième croisade (1189) avec Philippe Auguste et Richard 1er d'Angleterre.
Il se noya en traversant la rivière Saleph en Cilicie dans le sud est de l'Anatolie.
Frédéric est le sujet d'une légende de héros endormi, qui dit qu'il n'est pas mort, mais endormi avec ses chevaliers dans une cave dans les montagnes de Kyffhäuser en Thuringe, en Allemagne, et que lorsque les corbeaux cesseront de voler autour de la montagne il se réveillera et rétablira l'Allemagne dans son ancienne grandeur. En accord avec l'histoire sa barbe rousse a poussé à travers la table auprès de laquelle il est assis. Ses yeux sont à demi clos dans son sommeil, mais de temps en temps il lève la main et envoie un garçon voir si les corbeaux ont cessé de voler.
-extrait de Winkipédia, encyclopédie en ligne.
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La salle était petite, et il n’y avait en apparence aucun moyen de s’enfuir. Mais avec un adversaire comme Barberousse, qui avait réussi à tromper le grand prêtre d’Ydja et une bonne partie de la communauté, il fallait se méfier. Il connaissait les passages secrets de la ville, et sa demeure devait en être truffée.
Et c’était de plus un habile manipulateur.
« Oh ! Les élus d’Ydja ! Que venez-vous faire dans mon humble demeure ? »
Mais selon DarKenshin, ces quelques mots censés les apaiser sonnaient des plus faux. Elle se borna donc à le regarder sans ciller. Barberousse n’en fut que plus mal à l’aise. Il parut soudainement se rendre compte de l’énormité de la scène.
Il se trouvait souillé de sang, un sang qui n’était de plus pas le siens, avec sa fille enchaînée dans un coin de la pièce et un jeune homme violenté attaché dans un autre. Les apparence ne jouaient évidemment pas en sa faveur, mais il espéra encore un instant pouvoir faire vaciller le jugement qui se montait dans l’esprit des Trauméniens.
« Je suis dans mon droit, dit-il simplement. Cet homme s’est introduit chez moi en pleine nuit et je l’ai découvert dans la chambre de ma fille. Il ne…
-Est-ce là une raison pour le torturer ? trancha DarKenshin.
-Il ne… commença Barberousse.
-C’est à vous que je pose la question, Frédéric 1er dit Barberousse, reprit DarKenshin.
-Et j’espère pour vous que vous ne l’avez pas tué. » ajouta Viper Dragoon dont la gaieté s’était mué en colère sourde lorsqu’il avait vu l’état de Guillaume.
Je ne pourrais pas les convaincre, en conclut rapidement Barberousse. Mais au fond de lui-même, il souriait. Il y avait bien longtemps qu’il s’était rangé de toutes ces activités surréalistes, et il était grand temps de leur montrer que Barberousse n’était pas un homme comme les autres. Oh non…
Il lui fallait juste un peu de temps pour retrouver ses acquis.
« Ne pensez-vous pas plutôt que ça serait à Ydja de juger ? »
Barberousse leva la main vers Pythagore, qui recula.
Il n’avait cessé de gamberger depuis la démonstration de Dalisc, chez le grand prêtre. Ce dernier avait découvert et mis en relation tant de choses, si simplement, alors que lui… Il n’avait pas été capable de grand-chose. Pourtant, il était bien un Dieu, non ? Ou un demi-Dieu, au moins ! C’est ce qu’avait dit le grand prêtre en l’emmenant à la Sphère.
Qu’il allait être la réincarnation d’Ydja.
Des bribes de souvenirs lui revinrent en mémoire. La conversation qui
n’avait pas eu lieu
s’était tenu dans la Sphère. La conversation avec
lui-même
le Dieu Ydja qui lui avait embrouillé l’esprit. De quoi avaient-ils parlé ? La mémoire exacte lui manquait, mais il se rappelait de plein de détails : La chaleur du lieu où il se trouvait, le calme ambiant.
Pythagore réfléchissait.
Il ne voyait pas ses compagnons combattre Barberousse, qui avait finalement réussit à éveiller ses pouvoirs latents. Il ne voyait pas Dalisc étranglé par la barbe de Barberousse qui proliférait sans cesse. Il n’entendait pas Judith hurler de terreur, ni Viper Dragoon lui crier dessus pour qu’il intervienne. Il ne sentait pas les milliers d’ailes de corbeaux qui affluaient sous les ordres de leur maître pour becqueter les intrus.
Pythagore était plongé dans ses pensées.
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« Qui êtes-vous ? »
Et toi, qui es-tu ?
« Êtes-vous celui que tout le monde ici appelle Ydja ? »
Crois-tu que je le suis ?
« Vous répondez toujours par d’autres questions ? »
Sembles-tu vouloir sans cesse m’en poser ?
« Écoutez, monsieur… Ou madame. C’est vrai, en fait : Votre voix pourrait appartenir aux deux sexes, je n’arrive pas à discerner les intonations ! »
Est-ce dérangeant ? Préfèrerais-tu que je sois un homme ? Ou une femme ?
« Je ne sais pas. Comme vous voulez. Mais qu’est-ce que c’est que cette conversation ? Qui êtes-vous à la fin ? »
Je ne suis qu’une idée.
« Une idée ? »
C’est cela.
« Mais une idée n’a pas de vie ! Une idée, c’est… c’est de l’imaginaire ! De l’abstrait ! »
Il suffit de lui insuffler la vie. Il suffit d’y croire.
« Et pouf, comme ça l’idée peut vivre, et parler ? »
N’en suis-je pas la preuve vivante ?
« On tourne en rond, là. »
Le rond est l’infini. L’infini est la vie.
« La Sphère où je suis entré, c’est donc… »
Tu as compris.
« On peut donc considérer que vous êtes Ydja. Ou l’idée d’Ydja, n’est-ce pas ? »
On peut.
« Je peux vous demander un service, alors ? J’ai besoin de ressortir de cette Sphère vivant dans cinq ou six jours. Je ne sais déjà plus combien de temps j’y ai passé. »
Tu es pourtant mort, non ?
« Oui, bien sûr, mais… Je veux dire, en ressortir dans la même vie que celle-ci. Ou la même mort, si vous préférez. »
Il te suffit d’y croire, et l’idée de rester en vie vivra à son tour.
« Je ne comprends pas… Si je meurs de faim, ou autre, je n’ai pas le choix ! »
Tu peux choisir d’avoir faim.
« Mais bien sûr que non ! Ou je peux avoir soif ! Six jours sans boire, je dois forcément mourir de déshydratation, même plongé dans une Sphère de liquide… …étrange !
Sans vous offenser, bien sûr. »
Pas de mal.
« Alors vous pouvez me sauver ? »
Toi seul le peux.
« Mais c’est important ! Je suis là pour sauver quelqu’un ! Je ne dois pas mourir ! Enfin… Pas re-mourir, sinon mes amis qui m’attendent vont perdre leur temps précieux en même temps que le mien ! Aidez-moi ! »
Si tu crois que je suis Ydja, alors je le serais. Si tu crois que je suis un délire de ton imagination, alors je le serais.
Si tu crois que le temps passe lentement, il s’allongera. Si tu crois qu’il passe vite, il accélérera.
Si tu crois en ta survie, tu survivras. Si tu crois mourir, tu mourras.
Si tu penses être l’élu, alors…
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
8. Départ calme, arrivée mouvementée.
Avant. Bien avant.
Guillaume entretenait une liaison avec Judith, la servante d’un noble dont la puissance et la notoriété était en pleine ascension. Il l’avait vu pour la première fois alors qu’elle devait faire les courses pour son maître, et il l’avait accosté. Ils avaient papoté de choses et d’autres, et ils s’étaient revus.
De nombreuses fois.
Elle avait fait le mur pour aller le retrouver, le soir, chez lui, et passer la nuit avec celui- qu’elle aimait. Le coup de foudre, comme on dit. Des semaines, des mois s’étaient écoulés. Leur liaison devait rester secrète. Si on apprenait qu’une des domestiques d’un puissant seigneur de la Cité Atlante fricotait avec un homme de la basse société, le résultat aurait pu être terrible. Et pour elle, et pour son maître.
Frédéric 1er Barberousse finit malheureusement par s’en apercevoir.
Il s’évertuait d’ores et déjà à prendre le contrôle de l’Atlantide, dans cette ancienne vie, pas exactement de la même façon, mais le but était le même : Dominer cette cité, cet au-delà, par l’intermédiaire d’un prêtre qui serait à sa merci. Son plan allait presque aboutir, lorsqu’il découvrit les deux amants dans la chambre de la servante.
Barberousse avait pour réputation d’être un homme violent. Il battait souvent ses serviteurs, sans raison réellement valable. Il était craint et respecté par ceux-ci, mais la moindre bourde leur valait moult dommages physiques. Judith n’était pas dans le lot. Non qu’elle n’avait jamais commis de maladresses, mais Barberousse se montrait étrangement clément envers elle.
Jusqu’au jour où il la découvrit en compagnie de Guillaume, dans sa chambre à coucher. Il se mit dans une colère noire, et réduisit le mobilier à néant. Puis il s’attaqua à Guillaume, mais Judith s’interposa, ce qui calma Barberousse. Ils parvinrent à un accord : Judith devenait la servante attitrée de Barberousse, et Guillaume pouvait repartir sain et sauf. Guillaume voulait refuser, mais Barberousse était fort et Judith le savait.
Elle accepta.
Les mois défilèrent, mais les sentiments entre les deux amants restaient les mêmes, malgré le fait qu’ils ne se voyaient plus. Guillaume l’avait pourtant approché de nombreuses fois en s’introduisant dans la demeure de Frédéric 1er dit Barberousse sans se faire remarquer, mais c’était un jeu plutôt dangereux.
Le rang de Judith avait effectivement changé : Elle ne s’occupait plus du tout des mêmes taches, et était devenue une sorte d’esclave de Barberousse. Elle exécutait le moindre de ses ordres, et il l’avait même plusieurs fois obligé à s’offrir à lui physiquement. Et il s’était également mit à la battre.
Un jour qu’elle avait simplement renversé la bouteille d’eau de vie qu’il lui avait demandé, il lui avait fracassé la nuque sur le rebord de sa table de chevet et elle en était morte sur le coup. Il était resté de longues heures dans sa chambre à la contempler. D’un certain coté, il l’avait aimé.
Son corps fut enterré sans cérémonies dans son propre jardin.
Guillaume n’eut vent de cette affaire que très tard. La rumeur parvint un jour à ses oreilles, propagée par les autres valets de Barberousse, et des idées de vengeances jaillirent en lui. Il se mit en tête de monter une opération de représailles et la mit en route le plus tôt possible. Deux jours plus tard, il se rendait chez lui.
Il le trouva dans son bureau, en pleine conversation avec Kevin Jolios. Un Kevin Jolios jeune, et pas encore rentré dans les ordres d’Ydja. Guillaume ne connaissait pas Kevin Jolios, et ne s’intéressait que de très loin à la religion, mais il saisit rapidement les tenants et les aboutissants de la conversation qu’il parvint à entendre.
Les deux hommes parlaient de domination. Les deux hommes parlaient de suprématie. Les deux hommes parlaient de l’avènement d’un faux Dieu, un faux Ydja, un pantin qu’ils manipuleraient dans l’ombre et à qui le peuple de la Cité Atlante vouerait un culte sans bornes. Les deux hommes parlaient de conquête, de pouvoir, de règne sans fin à travers les cycles des vies.
Guillaume avait toujours eu pour optique sa propre personne. Amoureux, il avait élargit ce champ personnel à Judith, désirant tout autant la protéger que se protéger lui-même. Ce n’était pas un héros, ni un rédempteur bravant le destin pour sauver la veuve et l’orphelin. C’était simplement Guillaume Spelvis, citoyen, a qui on avait retiré son amour et qui bouillait de se venger. Alors si, en plus, il pouvait éviter une mésaventure à la cité…
Sans plus attendre de détails, il entra dans le bureau l’arme au poing.
La barbe rousse serra son emprise sur la gorge de Viper Dragoon. Mais celui-ci était plus fort que ne l’avait prévu son adversaire. La puissance de Barberousse était conséquente, mais celle du Trauménien l’était bien plus. Mais Frédéric 1er dit Barberousse l’ignorait, et ceux-ci savaient pertinemment que leur avantage résidait dans la surprise.
Seul Pythagore restait en retrait. Il pensait. Il songeait. Il réfléchissait. Son... …homologue lui avait parlé. Son esprit, peut-être, ou bien était-ce réellement une divinité qui avait eu une conversation avec lui. Il ne savait pas. Mais ce à quoi il cogitait concernait autant Ydja (ou ce qui lui avait semblé être Ydja) que ce qu’il se passait avec ses compagnons.
Si tu crois que je suis Ydja, alors je le serais. Si tu crois que je suis un délire de ton imagination, alors je le serais.
Il se repassa mentalement la conversation. Il sentait que la solution se trouvait dans les quelques mots échangés avec le Dieu. Ou avec son subconscient. Devant lui, Dalisc combattait les corbeaux à coups de poings et de pieds. Les cadavres des volatiles s’étalaient à ses pieds, mais il en venait toujours plus. Et Dalisc commençait à fatiguer.
Si tu crois que le temps passe lentement, il s’allongera. Si tu crois qu’il passe vite, il accélérera.
La barbe de leur ennemi envoya DarKenshin au tapis. Elle grogna de douleur, puis envoya un DragSlave vers Barberousse, qui fut arrêté par une myriade de corbeaux qui perdirent la vie. D’autres semblèrent apparaître de nulle part.
Si tu crois en ta survie, tu survivras. Si tu crois mourir, tu mourras.
Pythagore entrevit une idée. Une seconde, une seule seconde, il comprit comment faisait Barberousse pour contrôler sa barbe et ses oiseaux, comment retourner la situation à leur avantage, comment être sûr que Séphy-Roshou n’était pas passé par cet au-delà. Il frôla même la méthode que DragonNoir cherchait à mettre au point. L’espace d’un instant, Pythagore détenait tout. Mais cette seconde de gloire s’envola.
Si tu penses être l’élu, alors…
« …alors je le serais. » termina Pythagore à voix haute, sans même s’en apercevoir. Il leva une main devant ses yeux. Il rayonnait. Pas seulement de puissance, mais il rayonnait comme un véritable divinité telle qu’on les représente : illuminé par la lumière sacrée.
Il venait de saisir le concept.
« L’imagination… » répéta une nouvelle fois DarKenshin. Pythagore approuva vivement. Elle songea qu’après tout, pourquoi pas ? Si on prenait en compte le fait qu’ils s’étaient suicidés pour venir dans un monde où des âmes s’entretuent pour obtenir le pouvoir, la maxime ‘je pense donc je suis’ ne passe pas pour saugrenue.
« Et c’est Ydja qui t’a appris ça ? demanda-t-elle.
-Ça fait trois fois que tu me poses la question, répondit Pythagore un rien lassé. C’est l’entité dans la Sphère qui m’a donné cette indication, mais je ne sais pas exactement ce qu’il y avait dedans. Je suppose que c’est ce que ce peuple appelle Ydja, mais en réalité il s’agit simplement de ce qu’on pense qu’il y a dedans. »
DarKenshin regarda Pythagore avec des yeux où l’incompréhension se faisait grandissante. Il soupira.
« Si tu crois en un Dieu unique, alors c’était Lui dans cette Sphère. Si tu penses qu’il s’agit d’Allah, alors c’est Lui qui y était. Si tu estimes qu’il s’agit juste d’une âme égarée, alors il ne sera qu’une âme égarée. » Il fit une pause. « Ça pourrait même être Superman si tu y crois suffisamment !
-Encore l’imagination ?
-Exactement. »
DarKenshin se retourna et regarda la salle complètement dévastée. L’ancienne annexe de torture de Barberousse était complètement éventrée et un pan du plafond s’était écroulé. Sur le sol, des dizaines de corbeaux morts faisaient un tapis de plumes noires tachées de sang : Celui des corbeaux, celui de Guillaume, mais aussi de Barberousse.
« L’imagination… » songea DarKenshin en revoyant les images du combat qui venait de se dérouler. Elle revoyait Pythagore auréolé d’une lumière immaculé qui mettait à mal sans effort Barberousse, qui arrachait sa barbe, qui faisait s’évaporer les corbeau, et qui les sauvait tous d’une mort ici, ce qui aurait signifié un cycle de réincarnations sans fin.
Elle regarda à ses pieds le corps sans vie de Barberousse. Sa barbe avait reprit une taille normale, et son visage tellement congestionné par la haine était redevenu un faciès calme et presque amical. D’ici peu, le cadavre serait enterré et un autre Barberousse ressurgirait ailleurs dans la cité.
« L’imagination, hein… »
Avant. Bien avant.
Guillaume entretenait une liaison avec Judith, la servante d’un noble dont la puissance et la notoriété était en pleine ascension. Il l’avait vu pour la première fois alors qu’elle devait faire les courses pour son maître, et il l’avait accosté. Ils avaient papoté de choses et d’autres, et ils s’étaient revus.
De nombreuses fois.
Elle avait fait le mur pour aller le retrouver, le soir, chez lui, et passer la nuit avec celui- qu’elle aimait. Le coup de foudre, comme on dit. Des semaines, des mois s’étaient écoulés. Leur liaison devait rester secrète. Si on apprenait qu’une des domestiques d’un puissant seigneur de la Cité Atlante fricotait avec un homme de la basse société, le résultat aurait pu être terrible. Et pour elle, et pour son maître.
Frédéric 1er Barberousse finit malheureusement par s’en apercevoir.
Il s’évertuait d’ores et déjà à prendre le contrôle de l’Atlantide, dans cette ancienne vie, pas exactement de la même façon, mais le but était le même : Dominer cette cité, cet au-delà, par l’intermédiaire d’un prêtre qui serait à sa merci. Son plan allait presque aboutir, lorsqu’il découvrit les deux amants dans la chambre de la servante.
Barberousse avait pour réputation d’être un homme violent. Il battait souvent ses serviteurs, sans raison réellement valable. Il était craint et respecté par ceux-ci, mais la moindre bourde leur valait moult dommages physiques. Judith n’était pas dans le lot. Non qu’elle n’avait jamais commis de maladresses, mais Barberousse se montrait étrangement clément envers elle.
Jusqu’au jour où il la découvrit en compagnie de Guillaume, dans sa chambre à coucher. Il se mit dans une colère noire, et réduisit le mobilier à néant. Puis il s’attaqua à Guillaume, mais Judith s’interposa, ce qui calma Barberousse. Ils parvinrent à un accord : Judith devenait la servante attitrée de Barberousse, et Guillaume pouvait repartir sain et sauf. Guillaume voulait refuser, mais Barberousse était fort et Judith le savait.
Elle accepta.
Les mois défilèrent, mais les sentiments entre les deux amants restaient les mêmes, malgré le fait qu’ils ne se voyaient plus. Guillaume l’avait pourtant approché de nombreuses fois en s’introduisant dans la demeure de Frédéric 1er dit Barberousse sans se faire remarquer, mais c’était un jeu plutôt dangereux.
Le rang de Judith avait effectivement changé : Elle ne s’occupait plus du tout des mêmes taches, et était devenue une sorte d’esclave de Barberousse. Elle exécutait le moindre de ses ordres, et il l’avait même plusieurs fois obligé à s’offrir à lui physiquement. Et il s’était également mit à la battre.
Un jour qu’elle avait simplement renversé la bouteille d’eau de vie qu’il lui avait demandé, il lui avait fracassé la nuque sur le rebord de sa table de chevet et elle en était morte sur le coup. Il était resté de longues heures dans sa chambre à la contempler. D’un certain coté, il l’avait aimé.
Son corps fut enterré sans cérémonies dans son propre jardin.
Guillaume n’eut vent de cette affaire que très tard. La rumeur parvint un jour à ses oreilles, propagée par les autres valets de Barberousse, et des idées de vengeances jaillirent en lui. Il se mit en tête de monter une opération de représailles et la mit en route le plus tôt possible. Deux jours plus tard, il se rendait chez lui.
Il le trouva dans son bureau, en pleine conversation avec Kevin Jolios. Un Kevin Jolios jeune, et pas encore rentré dans les ordres d’Ydja. Guillaume ne connaissait pas Kevin Jolios, et ne s’intéressait que de très loin à la religion, mais il saisit rapidement les tenants et les aboutissants de la conversation qu’il parvint à entendre.
Les deux hommes parlaient de domination. Les deux hommes parlaient de suprématie. Les deux hommes parlaient de l’avènement d’un faux Dieu, un faux Ydja, un pantin qu’ils manipuleraient dans l’ombre et à qui le peuple de la Cité Atlante vouerait un culte sans bornes. Les deux hommes parlaient de conquête, de pouvoir, de règne sans fin à travers les cycles des vies.
Guillaume avait toujours eu pour optique sa propre personne. Amoureux, il avait élargit ce champ personnel à Judith, désirant tout autant la protéger que se protéger lui-même. Ce n’était pas un héros, ni un rédempteur bravant le destin pour sauver la veuve et l’orphelin. C’était simplement Guillaume Spelvis, citoyen, a qui on avait retiré son amour et qui bouillait de se venger. Alors si, en plus, il pouvait éviter une mésaventure à la cité…
Sans plus attendre de détails, il entra dans le bureau l’arme au poing.
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La barbe rousse serra son emprise sur la gorge de Viper Dragoon. Mais celui-ci était plus fort que ne l’avait prévu son adversaire. La puissance de Barberousse était conséquente, mais celle du Trauménien l’était bien plus. Mais Frédéric 1er dit Barberousse l’ignorait, et ceux-ci savaient pertinemment que leur avantage résidait dans la surprise.
Seul Pythagore restait en retrait. Il pensait. Il songeait. Il réfléchissait. Son... …homologue lui avait parlé. Son esprit, peut-être, ou bien était-ce réellement une divinité qui avait eu une conversation avec lui. Il ne savait pas. Mais ce à quoi il cogitait concernait autant Ydja (ou ce qui lui avait semblé être Ydja) que ce qu’il se passait avec ses compagnons.
Si tu crois que je suis Ydja, alors je le serais. Si tu crois que je suis un délire de ton imagination, alors je le serais.
Il se repassa mentalement la conversation. Il sentait que la solution se trouvait dans les quelques mots échangés avec le Dieu. Ou avec son subconscient. Devant lui, Dalisc combattait les corbeaux à coups de poings et de pieds. Les cadavres des volatiles s’étalaient à ses pieds, mais il en venait toujours plus. Et Dalisc commençait à fatiguer.
Si tu crois que le temps passe lentement, il s’allongera. Si tu crois qu’il passe vite, il accélérera.
La barbe de leur ennemi envoya DarKenshin au tapis. Elle grogna de douleur, puis envoya un DragSlave vers Barberousse, qui fut arrêté par une myriade de corbeaux qui perdirent la vie. D’autres semblèrent apparaître de nulle part.
Si tu crois en ta survie, tu survivras. Si tu crois mourir, tu mourras.
Pythagore entrevit une idée. Une seconde, une seule seconde, il comprit comment faisait Barberousse pour contrôler sa barbe et ses oiseaux, comment retourner la situation à leur avantage, comment être sûr que Séphy-Roshou n’était pas passé par cet au-delà. Il frôla même la méthode que DragonNoir cherchait à mettre au point. L’espace d’un instant, Pythagore détenait tout. Mais cette seconde de gloire s’envola.
Si tu penses être l’élu, alors…
« …alors je le serais. » termina Pythagore à voix haute, sans même s’en apercevoir. Il leva une main devant ses yeux. Il rayonnait. Pas seulement de puissance, mais il rayonnait comme un véritable divinité telle qu’on les représente : illuminé par la lumière sacrée.
Il venait de saisir le concept.
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« L’imagination… » répéta une nouvelle fois DarKenshin. Pythagore approuva vivement. Elle songea qu’après tout, pourquoi pas ? Si on prenait en compte le fait qu’ils s’étaient suicidés pour venir dans un monde où des âmes s’entretuent pour obtenir le pouvoir, la maxime ‘je pense donc je suis’ ne passe pas pour saugrenue.
« Et c’est Ydja qui t’a appris ça ? demanda-t-elle.
-Ça fait trois fois que tu me poses la question, répondit Pythagore un rien lassé. C’est l’entité dans la Sphère qui m’a donné cette indication, mais je ne sais pas exactement ce qu’il y avait dedans. Je suppose que c’est ce que ce peuple appelle Ydja, mais en réalité il s’agit simplement de ce qu’on pense qu’il y a dedans. »
DarKenshin regarda Pythagore avec des yeux où l’incompréhension se faisait grandissante. Il soupira.
« Si tu crois en un Dieu unique, alors c’était Lui dans cette Sphère. Si tu penses qu’il s’agit d’Allah, alors c’est Lui qui y était. Si tu estimes qu’il s’agit juste d’une âme égarée, alors il ne sera qu’une âme égarée. » Il fit une pause. « Ça pourrait même être Superman si tu y crois suffisamment !
-Encore l’imagination ?
-Exactement. »
DarKenshin se retourna et regarda la salle complètement dévastée. L’ancienne annexe de torture de Barberousse était complètement éventrée et un pan du plafond s’était écroulé. Sur le sol, des dizaines de corbeaux morts faisaient un tapis de plumes noires tachées de sang : Celui des corbeaux, celui de Guillaume, mais aussi de Barberousse.
« L’imagination… » songea DarKenshin en revoyant les images du combat qui venait de se dérouler. Elle revoyait Pythagore auréolé d’une lumière immaculé qui mettait à mal sans effort Barberousse, qui arrachait sa barbe, qui faisait s’évaporer les corbeau, et qui les sauvait tous d’une mort ici, ce qui aurait signifié un cycle de réincarnations sans fin.
Elle regarda à ses pieds le corps sans vie de Barberousse. Sa barbe avait reprit une taille normale, et son visage tellement congestionné par la haine était redevenu un faciès calme et presque amical. D’ici peu, le cadavre serait enterré et un autre Barberousse ressurgirait ailleurs dans la cité.
« L’imagination, hein… »
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
Judith embrassa Guillaume sur le front et sortit de la chambre à tâtons. Ses blessures n’étaient pas graves à proprement parler, mais elles étaient nombreuses. Elle les avait nettoyées avec soin et avait pansé ses plaies. Et peu à peu, des bribes de souvenirs lui étaient revenus. Ils s’étaient connus avant. Ils avaient été amants. Ils s’étaient aimés.
Elle avait pleuré en le soignant, et il avait eu un court accès de conscience où il l’avait consolé en l’étreignant faiblement.
« Je ne te reproche rien, lui avait-il dit. Tu n’es pas responsable. Pour se venger de moi, il a fait en sorte de t’adopter alors que tu n’étais qu’une enfant. Je n’ai à en vouloir qu’à moi-même : Je ne t’ai pas retrouvé assez vite pour te préserver. »
Il s’était endormi ensuite, une larme coulant lentement sur sa joue. Une larme de regret, mais aussi de joie d’être enfin dans les bras de celle qu’il avait tant chéri dans une vie passée, et qu’il retrouvait enfin.
« Est-ce qu’il va bien ? »
Judith se retourna vers Viper Dragoon qui avait attendu dans le couloir. Elle laissa sa main glisser sur le bois de la porte, les yeux dans le vide, et répondit :
« Il s’en sortira. Mais son corps est lacéré de part en part, et il a perdu du sang. Beaucoup. Il lui faut un maximum de repos.
-Bien sûr. »
Viper Dragoon regarda la porte avec tristesse. Il s’en voulait de ne pas être arrivé plus tôt et éviter toutes ses souffrance à celui qui les avait accueilli les bras ouverts lors de leur arrivée dans ce monde. Il soupira lentement, perdu dans ses pensées. Puis il sentit qu’on le prenait par le bras : Judith l’entraînait vers le salon.
« Ne vous en faites pas, je prendrais soin de lui, maintenant qu’il est avec moi ! »
Elle le gratifia d’un sourire joyeux, et Viper Dragoon lui en fit un en retour. Il avait espéré pouvoir le voir de nouveau en bonne santé d’ici à ce qu’ils repartent pour la vraie Terre, mais il était rassuré de le savoir entre les mains d’une fille telle que Judith.
Barberousse était peut-être un monstre, mais il l’avait bien éduquée. Et on ne change pas un cœur comme celui de Judith.
Dalisc entra dans le salon et regarda ses trois compagnons, avant de secouer la tête négativement. Viper Dragoon frappa du poing sur la table, mécontent.
« Tout ça pour rien, dit DarKenshin.
-Tu es sûr d’avoir tout épluché ? »
Dalisc s’assit à table à coté de Pythagore, en face de DarKenshin et Viper Dragoon. Judith trônait en bout de table, mais elle écoutait aussi attentivement la réponse :
« Ce type avait une mine de renseignements assez conséquente. Des dossiers par milliers, des rapports, des fiches. Il y a une salle annexe avec ses archives, elle est immense. Mais, comble de bonheur, tout est classé, donc la recherche ne m’a pas prit tant de temps que ça, au final.
-Et il n’y avait rien sur Séphy-Roshou ?
-Rien du tout, répondit-il catégoriquement. J’ai examiné tous les relevés dans les deux mois qui ont suivit sa mort, et il n’y a pas d’apparitions suspectes dans l’Atlantide, ni de désastres marquant. Connaissant Séphy-Roshou, elle est tout autant capable d’emprunter un faux nom pour se montrer discrète et de réduire tout un quartier en miette dans la même matinée, alors… »
Les Trauméniens rirent de bon cœur, tout en sachant pertinemment que Dalisc disait la vérité. DarKenshin se leva et engloba du regard ses trois compagnons.
« Et bien nous n’avons plus rien à faire ici. Nous allons repartir et informer les autres que cette piste-là était elle aussi un cul-de-sac.
-Au moins, nous n’aurons pas été ennuyés par Mistrophera ! ajouta gaiement Viper Dragoon. Il ne nous aura pas mis de bâtons dans les roues, ha ha ! »
Il posa un pied sur la table, mit ses poings sur ses hanches et prit la pose. Pythagore donna un léger coup de pied dans la table et Viper Dragoon s’écroula dans un cri de surprise, puis de douleur. Tandis qu’ils recommencèrent à se chamailler, DarKenshin rejoignit Judith.
« Est-ce que ça va aller pour vous deux ?
-Ne vous en faites pas, je suis largement capable de m’en sortir toute seule maintenant. Nous avons des serviteurs et tous seront heureux de savoir que leur maître est partit en rendez-vous ailleurs durant quelque temps. »
Elle sourit.
« Nous allons mettre son cadavre avec les autres dans la crypte et attendre qu’il revienne à la vie, tout simplement.
-Ne va-t-il pas chercher à se venger une fois de nouveau dans la Cité ? »
Judith prit une expression inquiète et haussa les épaules. Elle ne pouvait rien y faire, de toute façon, et elle ne désirait pas passer sa vie à traquer son ancien père d’adoption.
« Il ne saura pas ce qu’il s’est passé, intervint Dalisc. J’ai parcouru ses journaux, et il est noté à chaque début de vie qu’il lui faut relire ses anciens carnets pour se rappeler. Il ne saura pas ce que Guillaume lui a fait, ni que nous sommes venus l’arrêter, sauf s’il lit ses journaux.
-Alors nous brûlerons ce passé et nous recréerons un nouveau Barberousse. Nous le retrouverons et nous en ferons quelqu’un de bien.
-Quelqu’un à votre image en somme… »
Les regards convergèrent sur Guillaume qui se tenait, pantelant, sur le pas de la porte. Il était toujours mal en point mais il avait reprit des couleurs. Judith se précipita pour le soutenir et il passa un bras autour de ses épaules.
« Je voulais vous voir une dernière fois avant que vous ne repartiez. »
Viper Dragoon lâcha Pythagore et alla serrer la main de Guillaume. Celui-ci sourit faiblement, mais sincèrement.
« Je savais bien que vous n’étiez pas comme les autres. Vous n’êtes peut-être pas des Dieu, mais vous en avez le pouvoir.
-Le pouvoir de l’imagination. » dit Pythagore en regardant DarKenshin, qui hocha la tête. Même s’ils n’avaient pas réussit à trouver Séphy-Roshou, ils avaient tout de même une information à partager avec les autres.
« Tous à vos pilules ! hurla Viper Dragoon en levant la sienne à bout de bras.
-J’espère que vous retrouverez votre amie ! cria Judith en agitant la main.
-Et vous, soyez heureux ! leur répondit DarKenshin. Vous êtes prêts ?
-Oui !! » répondirent Pythagore et Viper Dragoon. Dalisc, lui, répondit non, mais il prit la pilule tout de même.
Et, dans un éclat de lumière, ils disparurent.
Le couvercle s’ouvrit sur un monde éblouissant, et DarKenshin plissa les yeux pour tenter de voir quelque chose. Puis deux mains vinrent l’attraper sous les aisselles et la tirer au dehors, au clair, au chaud. Elle inspira longuement, libérant ses poumons encore froids. Les images qu’elle entrevoyait au travers de ses yeux pas encore habitués à la luminosité ambiante n’étaient que silhouettes et représentations floues de la réalité.
Elle ne reconnut donc pas Gorgon_Roo qui l’aidait à marcher jusqu’à la porte. Il l’adossa à un meuble, la cala le plus confortablement qu’il pu, et alla s’occuper d’un autre congélateur qui remuait faiblement. DarKenshin émit un gémissement.
« Ne parle pas, pas tout de suite, lui dit Gorgon_Roo en soulevant Pythagore de la même façon qu’elle. Tes fonctions vitales reviennent à un état normal, mais il leur faut quelques minutes. Sois… …gnnh… …patiente. »
DarKenshin ferma les yeux. Elle entendit distinctement les pieds de Pythagore traîner sur la moquette de l’appartement de DragonNoir, comme les siens l’avaient faits. Gorgon_Roo posa Pythagore près d’elle et celui-ci grogna. Elle entendit un autre couvercle s’ouvrir et Viper Dragoon expira bruyamment.
« Ben merde ! éructa-t-il avant de tousser. Ça c’est fort !
-Ne parle pas, lui intima Gorgon_Roo en l’aidant à sortir.
-Pourquoi es-tu seul ici ? » demanda DarKenshin en ouvrant les yeux un peu plus à chaque secondes. Elle avait remarqué l’absence de tous les autres Trauméniens, contraste saisissant par rapport à l’arrivée des autres groupes qui étaient accueillis avec hurlements, chants et pleins d’autres bruits divers.
« Il se passe quelque chose. » répondit évasivement Gorgon_Roo en asseyant Viper Dragoon près des deux autres. Il se releva et regarda le dernier congélateur qui restait inerte. Il se tourna vers DarKenshin.
« Ne me dîtes pas que vous l’avez perdu là-bas ? Pas encore un, non…
-Non. »
Dalisc émergea lentement de l’appareil et tomba en avant, rattrapé de justesse par DarKenshin et Gorgon_Roo. Les quatre Trauméniens étaient revenus. Un coup sourd retentit de l’autre coté du mur, accompagné d’un hurlement étouffé. Les Trauméniens regardèrent dans la direction du bruit, et Gorgon_Roo fit une grimace. Il attrapa la main de DarKenshin et la serra dans les sienne.
« Maintenant, il faut me faire confiance. Suivez-moi sans discuter.
-Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda DarKenshin.
-Ça serait trop long à vous expliquer. »
La voix de DragonNoir, plus puissante et plus claire que d’ordinaire, résonna à travers le mur : « Ne m’oblige pas à m’en servir à nouveau, Satana ! ». Des hués de désapprobations lui répondirent, et les Trauméniens fraîchement ressuscités entendirent les échos d’un nouvel affrontement. Gorgon_Roo serra la main de DarKenshin un peu plus fort.
« Je t’en supplie, viens avec moi. Je vous explique… non ! »
Gorgon_Roo tenta d’attraper la jambe de Viper Dragoon qui s’était levé et allait vers la porte. Il avait récupéré rapidement et rétorqua sèchement :
« Il est hors de question que je laisse qui que ce soit faire du mal à mes compagnons de Traumen et que je reste à rien faire, Gorgon.
-Ce n’est pas ça ! répondit l’intéressé en se relevant. Il s’agit de… »
Viper Dragoon ouvrit la porte. Il aperçut les deux troupes face à face. Il aperçut DragonNoir dont l’accoutrement était à moitié virtuel. Il aperçut Satana qui brillait de rage. Il aperçut TheMaker inconscient adossé au mur. Il aperçut les dégâts sur les meubles dans le couloir. Il aperçut la haine entre les membres de Traumen.
Et il entendit Gorgon_Roo lui dire :
« Il y a une guerre civile qui se joue ici… »
Et, dans le silence tout relatif qui précède les gigantesques et meurtrières batailles, trois coups se répétèrent à la porte d’entrée.
Serge Thourn reprenait son souffle après avoir grimpé les étages et attendit qu’on lui ouvre, accompagné de Sylvain Detroit.
FIN DE L’ÉPISODE 7 : NOYADE EN EAUX TROUBLES.
Elle avait pleuré en le soignant, et il avait eu un court accès de conscience où il l’avait consolé en l’étreignant faiblement.
« Je ne te reproche rien, lui avait-il dit. Tu n’es pas responsable. Pour se venger de moi, il a fait en sorte de t’adopter alors que tu n’étais qu’une enfant. Je n’ai à en vouloir qu’à moi-même : Je ne t’ai pas retrouvé assez vite pour te préserver. »
Il s’était endormi ensuite, une larme coulant lentement sur sa joue. Une larme de regret, mais aussi de joie d’être enfin dans les bras de celle qu’il avait tant chéri dans une vie passée, et qu’il retrouvait enfin.
« Est-ce qu’il va bien ? »
Judith se retourna vers Viper Dragoon qui avait attendu dans le couloir. Elle laissa sa main glisser sur le bois de la porte, les yeux dans le vide, et répondit :
« Il s’en sortira. Mais son corps est lacéré de part en part, et il a perdu du sang. Beaucoup. Il lui faut un maximum de repos.
-Bien sûr. »
Viper Dragoon regarda la porte avec tristesse. Il s’en voulait de ne pas être arrivé plus tôt et éviter toutes ses souffrance à celui qui les avait accueilli les bras ouverts lors de leur arrivée dans ce monde. Il soupira lentement, perdu dans ses pensées. Puis il sentit qu’on le prenait par le bras : Judith l’entraînait vers le salon.
« Ne vous en faites pas, je prendrais soin de lui, maintenant qu’il est avec moi ! »
Elle le gratifia d’un sourire joyeux, et Viper Dragoon lui en fit un en retour. Il avait espéré pouvoir le voir de nouveau en bonne santé d’ici à ce qu’ils repartent pour la vraie Terre, mais il était rassuré de le savoir entre les mains d’une fille telle que Judith.
Barberousse était peut-être un monstre, mais il l’avait bien éduquée. Et on ne change pas un cœur comme celui de Judith.
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Dalisc entra dans le salon et regarda ses trois compagnons, avant de secouer la tête négativement. Viper Dragoon frappa du poing sur la table, mécontent.
« Tout ça pour rien, dit DarKenshin.
-Tu es sûr d’avoir tout épluché ? »
Dalisc s’assit à table à coté de Pythagore, en face de DarKenshin et Viper Dragoon. Judith trônait en bout de table, mais elle écoutait aussi attentivement la réponse :
« Ce type avait une mine de renseignements assez conséquente. Des dossiers par milliers, des rapports, des fiches. Il y a une salle annexe avec ses archives, elle est immense. Mais, comble de bonheur, tout est classé, donc la recherche ne m’a pas prit tant de temps que ça, au final.
-Et il n’y avait rien sur Séphy-Roshou ?
-Rien du tout, répondit-il catégoriquement. J’ai examiné tous les relevés dans les deux mois qui ont suivit sa mort, et il n’y a pas d’apparitions suspectes dans l’Atlantide, ni de désastres marquant. Connaissant Séphy-Roshou, elle est tout autant capable d’emprunter un faux nom pour se montrer discrète et de réduire tout un quartier en miette dans la même matinée, alors… »
Les Trauméniens rirent de bon cœur, tout en sachant pertinemment que Dalisc disait la vérité. DarKenshin se leva et engloba du regard ses trois compagnons.
« Et bien nous n’avons plus rien à faire ici. Nous allons repartir et informer les autres que cette piste-là était elle aussi un cul-de-sac.
-Au moins, nous n’aurons pas été ennuyés par Mistrophera ! ajouta gaiement Viper Dragoon. Il ne nous aura pas mis de bâtons dans les roues, ha ha ! »
Il posa un pied sur la table, mit ses poings sur ses hanches et prit la pose. Pythagore donna un léger coup de pied dans la table et Viper Dragoon s’écroula dans un cri de surprise, puis de douleur. Tandis qu’ils recommencèrent à se chamailler, DarKenshin rejoignit Judith.
« Est-ce que ça va aller pour vous deux ?
-Ne vous en faites pas, je suis largement capable de m’en sortir toute seule maintenant. Nous avons des serviteurs et tous seront heureux de savoir que leur maître est partit en rendez-vous ailleurs durant quelque temps. »
Elle sourit.
« Nous allons mettre son cadavre avec les autres dans la crypte et attendre qu’il revienne à la vie, tout simplement.
-Ne va-t-il pas chercher à se venger une fois de nouveau dans la Cité ? »
Judith prit une expression inquiète et haussa les épaules. Elle ne pouvait rien y faire, de toute façon, et elle ne désirait pas passer sa vie à traquer son ancien père d’adoption.
« Il ne saura pas ce qu’il s’est passé, intervint Dalisc. J’ai parcouru ses journaux, et il est noté à chaque début de vie qu’il lui faut relire ses anciens carnets pour se rappeler. Il ne saura pas ce que Guillaume lui a fait, ni que nous sommes venus l’arrêter, sauf s’il lit ses journaux.
-Alors nous brûlerons ce passé et nous recréerons un nouveau Barberousse. Nous le retrouverons et nous en ferons quelqu’un de bien.
-Quelqu’un à votre image en somme… »
Les regards convergèrent sur Guillaume qui se tenait, pantelant, sur le pas de la porte. Il était toujours mal en point mais il avait reprit des couleurs. Judith se précipita pour le soutenir et il passa un bras autour de ses épaules.
« Je voulais vous voir une dernière fois avant que vous ne repartiez. »
Viper Dragoon lâcha Pythagore et alla serrer la main de Guillaume. Celui-ci sourit faiblement, mais sincèrement.
« Je savais bien que vous n’étiez pas comme les autres. Vous n’êtes peut-être pas des Dieu, mais vous en avez le pouvoir.
-Le pouvoir de l’imagination. » dit Pythagore en regardant DarKenshin, qui hocha la tête. Même s’ils n’avaient pas réussit à trouver Séphy-Roshou, ils avaient tout de même une information à partager avec les autres.
« Tous à vos pilules ! hurla Viper Dragoon en levant la sienne à bout de bras.
-J’espère que vous retrouverez votre amie ! cria Judith en agitant la main.
-Et vous, soyez heureux ! leur répondit DarKenshin. Vous êtes prêts ?
-Oui !! » répondirent Pythagore et Viper Dragoon. Dalisc, lui, répondit non, mais il prit la pilule tout de même.
Et, dans un éclat de lumière, ils disparurent.
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Le couvercle s’ouvrit sur un monde éblouissant, et DarKenshin plissa les yeux pour tenter de voir quelque chose. Puis deux mains vinrent l’attraper sous les aisselles et la tirer au dehors, au clair, au chaud. Elle inspira longuement, libérant ses poumons encore froids. Les images qu’elle entrevoyait au travers de ses yeux pas encore habitués à la luminosité ambiante n’étaient que silhouettes et représentations floues de la réalité.
Elle ne reconnut donc pas Gorgon_Roo qui l’aidait à marcher jusqu’à la porte. Il l’adossa à un meuble, la cala le plus confortablement qu’il pu, et alla s’occuper d’un autre congélateur qui remuait faiblement. DarKenshin émit un gémissement.
« Ne parle pas, pas tout de suite, lui dit Gorgon_Roo en soulevant Pythagore de la même façon qu’elle. Tes fonctions vitales reviennent à un état normal, mais il leur faut quelques minutes. Sois… …gnnh… …patiente. »
DarKenshin ferma les yeux. Elle entendit distinctement les pieds de Pythagore traîner sur la moquette de l’appartement de DragonNoir, comme les siens l’avaient faits. Gorgon_Roo posa Pythagore près d’elle et celui-ci grogna. Elle entendit un autre couvercle s’ouvrir et Viper Dragoon expira bruyamment.
« Ben merde ! éructa-t-il avant de tousser. Ça c’est fort !
-Ne parle pas, lui intima Gorgon_Roo en l’aidant à sortir.
-Pourquoi es-tu seul ici ? » demanda DarKenshin en ouvrant les yeux un peu plus à chaque secondes. Elle avait remarqué l’absence de tous les autres Trauméniens, contraste saisissant par rapport à l’arrivée des autres groupes qui étaient accueillis avec hurlements, chants et pleins d’autres bruits divers.
« Il se passe quelque chose. » répondit évasivement Gorgon_Roo en asseyant Viper Dragoon près des deux autres. Il se releva et regarda le dernier congélateur qui restait inerte. Il se tourna vers DarKenshin.
« Ne me dîtes pas que vous l’avez perdu là-bas ? Pas encore un, non…
-Non. »
Dalisc émergea lentement de l’appareil et tomba en avant, rattrapé de justesse par DarKenshin et Gorgon_Roo. Les quatre Trauméniens étaient revenus. Un coup sourd retentit de l’autre coté du mur, accompagné d’un hurlement étouffé. Les Trauméniens regardèrent dans la direction du bruit, et Gorgon_Roo fit une grimace. Il attrapa la main de DarKenshin et la serra dans les sienne.
« Maintenant, il faut me faire confiance. Suivez-moi sans discuter.
-Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda DarKenshin.
-Ça serait trop long à vous expliquer. »
La voix de DragonNoir, plus puissante et plus claire que d’ordinaire, résonna à travers le mur : « Ne m’oblige pas à m’en servir à nouveau, Satana ! ». Des hués de désapprobations lui répondirent, et les Trauméniens fraîchement ressuscités entendirent les échos d’un nouvel affrontement. Gorgon_Roo serra la main de DarKenshin un peu plus fort.
« Je t’en supplie, viens avec moi. Je vous explique… non ! »
Gorgon_Roo tenta d’attraper la jambe de Viper Dragoon qui s’était levé et allait vers la porte. Il avait récupéré rapidement et rétorqua sèchement :
« Il est hors de question que je laisse qui que ce soit faire du mal à mes compagnons de Traumen et que je reste à rien faire, Gorgon.
-Ce n’est pas ça ! répondit l’intéressé en se relevant. Il s’agit de… »
Viper Dragoon ouvrit la porte. Il aperçut les deux troupes face à face. Il aperçut DragonNoir dont l’accoutrement était à moitié virtuel. Il aperçut Satana qui brillait de rage. Il aperçut TheMaker inconscient adossé au mur. Il aperçut les dégâts sur les meubles dans le couloir. Il aperçut la haine entre les membres de Traumen.
Et il entendit Gorgon_Roo lui dire :
« Il y a une guerre civile qui se joue ici… »
Et, dans le silence tout relatif qui précède les gigantesques et meurtrières batailles, trois coups se répétèrent à la porte d’entrée.
*
* *
* *
Serge Thourn reprenait son souffle après avoir grimpé les étages et attendit qu’on lui ouvre, accompagné de Sylvain Detroit.
FIN DE L’ÉPISODE 7 : NOYADE EN EAUX TROUBLES.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
TRAUMENSCHAR
ÉPISODE 8 :
MYTHOLOGIE ROMAINE
ET GRECQUE.
1. Séparations.
« N’empêche, des volcans, il y en a aussi en France.
-Ferme-la, Night-Beast. » dit une voix sévère derrière lui.
Night-Beast croisa les bras et regarda par le hublot : L’aile blanche de l’avion survolait une épaisse couche de nuages, mais il devinait qu’en dessous, la France et ses habitants défilaient. À ses cotés, Wee-Ree-Cat se cramponnait aux accoudoirs et son teint rappelait étrangement la couleur de l’avion.
« Malade ? demanda Nigh-Beast.
-Ugh… » La réponse de Wee-Ree-Cat était sans équivoque. Ses doigts se mirent à tapoter nerveusement les repose-bras, signe qu’il préférait se taire de peur que toute ouverture buccale provoque une remontée de petit déjeuner. Il gémit encore faiblement une ou deux fois, puis ferma les yeux.
« C’est toi qui le saoule, Night-Beast, dit à nouveau la voix d’homme derrière lui.
-Oh, Aran, si tu pouvais être un peu plus chou, répondit Night-Beast. Parle-moi un peu plus comme si j’étais ton fils et non un étranger !
-Je préfère encore égorger un lapin plutôt que te parler aimablement !
-Déjà, si ça t’arrivait de parler aimablement tout court !
-Hé, vous deux, ça suffit ! »
Aran et Night-Beast se turent, et Nina se recala dans son siège. Durant quelques minutes, les seuls bruits du groupe furent des gargouillements de l’estomac de Wee-Ree-Cat, qui semblait hésiter entre monter, descendre ou exploser littéralement.
« Combien de temps jusqu’à la Sicile ?
-Un peu plus de deux heures, répondit Aran. C’est un direct.
-C’est super rapide, deux heures !
-Gnnh…
-…oui, mais pour certain, c’est encore trop long. »
Aran Valentine prit la main de Nina et se pencha vers elle. Depuis leur départ précipité de chez DragonNoir, ils n’avaient pas eu le temps de parler de tout ce qui allait leur arriver, ni de tout ce qu’il s’était passé depuis le retour des Trauméniens défunts et leur départ.
« Qu’y a-t-il ?
-C’est nous, dit Aran. Le type qui nous suivait dans Paris, nous n’avons pas réussis à la semer. C’est lui qui a débarqué avec le commissaire.
-Tu crois ? répondit Nina en se rongeant un ongle. Donc ce qui s’est passé dans l’appartement de DragonNoir, ça serait de notre faute ? »
Aran ne répondit pas. En réalité, il se fichait de ce qu’il s’était passé chez DragonNoir, et encore plus de ce qu’il avait pu arriver à DragonNoir lui-même. Mais ce qui s’était passé avant l’arrivée du policier et ce qu’il avait peut-être vu, ça c’était important.
« Moi j’espère juste que tu ne lui as pas cassé la mâchoire, ajouta Night-Beast d’un faux air navré en se retournant vers eux.
-Qui t’a dit d’écouter, toi ? rétorqua Aran.
-Pas de ma faute si vous parlez trop fort, répondit l’adolescent en lui faisant un clin d’œil. Tu penses que c’est le même commissaire que Draco avait reçu chez lui ? Celui qui était à la recherche de Magnum ? »
La question était suffisamment pertinente pour que le silence qui la suivit soit empli de réflexions diverses : Night-Beast se demandait vraiment si les deux policiers étaient une seule et même personne, Nina se demandait se qu’il s’était passé une fois leur départ de chez DragonNoir, Aran se demandait si cette nouvelle expédition n’était pas une hérésie, et Wee-Ree-Cat se demandait quel était le meilleur endroit pour vomir entre le sac prévu à cet effet ou les genoux de son voisin.
Il avait une préférence pour les genoux.
« Dans tout les cas, reprit finalement Aran, je pense que nous avons bien fait de nous échapper. Si nous étions…
-Nous avons fuis, comme des lâches, ouais !
-Night-Beast, tu sais pertinemment que c’était la meilleure chose à faire. Imagine que tous les autres Trauméniens aient été mis en taule, qui pourrait aller sauver Séphy-Roshou, ainsi que les autres ?
-Et qui va aller les libérer, si nous y restons ? »
Nouveau silence, cette fois-ci lourd de reproches. Nina caressa la main de son compagnon, qui regardait par le hublot. Il se remémorait leurs derniers moments à Paris…
« Tu ne fais pas le poids, Satana ! » avait menacé DragonNoir en levant la main. En face de lui, Lord Satana lui avait renvoyé un sourire goguenard. Le sourire d’un homme qui savait qu’il avait la raison à ses cotés, et qui n’en démordra pas. Derrière Lord Satana se trouvaient Fab, TheMaker, RazaëlAurélie et Final Séraphin. En face, tout les autres Trauméniens s’étaient attroupés derrière le trio de tête, à savoir DragonNoir, Q-Po et Arkh.
« Arrête de vouloir tout gouverner à toi seul.
-Mais quand ai-je dit que je prenais la charge des opérations ? rétorqua DragonNoir. Je n’ai jamais eu l’intention de…
-Alors pourquoi t’es-tu entraîné dans le secret afin d’obtenir ces pouvoirs ? »
DragonNoir avait serré les dents et avait reprit sa forme normale. Personne n’avait d’ailleurs remarqué sa métamorphose, mais pour un œil acéré, de subtiles différences auraient été repérables : Le DragonNoir Trauménien était plus féminin que jamais, et la ligne de démarcation entre le mâle et la femelle était inexistante chez le personnage virtuel.
Mais aucune des personnes présentes n’avait vu la différence. Ils l’avaient remarqué seulement lorsque DragonNoir était redevenu ‘humain’ et que son allure avait reprit une nette tendance masculine. Seul Arkh et Q-Po, qui l’avait déjà vu sous les deux formes, avaient distingué le vrai de l’imaginaire.
En quelques jours seulement, DragonNoir avait maîtrisé une partie de ses capacités imaginaires avec brio, et ne comptait pas s’arrêter là.
« Vous voyez, avait jubilé Lord Satana en montrant du doigt son ancien collègue. Il s’entraîne en secret pour ensuite pouvoir nous distiller les informations qu’il veut, et simplement celles qu’il veut !
-C’est complètement faux, avait commencé DragonNoir.
-Ce qui est faux, c’est ce que tu nous fait croire depuis qu’Hitomi est morte ! » avait crié TheMaker. Tous s’étaient tournés vers lui. Il avait eu les larmes aux yeux.
« Tu t’es servi de ses connaissances pour tous nous asservir, nous dominer ! Mais Hitomi m’a bien dit qu’il nous faut nous unir et non garder les informations importantes pour certains et laisser les autres dans l’ignorance !
-Alors pourquoi ces groupes ? avait calmement demandé Q-Po. Est-ce ce n’est pas vous qui scindez les Trauméniens en inventant ce genre de querelles ? »
TheMaker n’avait alors rien trouvé à redire, et Lord Satana, voyant la situation tourner à son désavantage, avait profité de l’apathie générale pour changer de tactique. Il avait reculé d’un pas et s’était concentré. Puis, avec une rapidité défiant les capacités humaines, il avait envoyé une lame d’énergie vers DragonNoir. La force avait été telle que l’attaque en était devenue invisible.
Immédiatement, DragonNoir s’était changé et il avait réussi tant bien que mal à renvoyer la lame d’énergie. Ses bras étaient auréolés d’une lumière diffuse, signe qu’il avait utilisé de nombreuses ressources en repoussant l’attaque. Celle-ci alla se ficher dans le sol, réduisant en miettes deux pieds d’armoires qui chutèrent avec fracas. Un hurlement étouffé se fit entendre des décombres.
« Oh merde… » avait dit LeKanar, derrière DragonNoir. Au sol gisait TheMaker, qui avait reçu une partie de l’armoire sur le pied. Pas de sang, mais son genou faisait un angle qui méprisait toute notion d’anatomie. DragonNoir, le poing levé, n’avait pas vu le corps inconscient de TheMaker et avait lancé avec puissance :
« Ne m’oblige pas à m’en servir à nouveau, Satana !
-Non mais vous l’entendez ? »
Le petit groupe de Trauméniens avait commencé à huer DragonNoir. RazaëlAurélie, autrefois une de ses amies fidèles, avait même osé lui lancer un dossier posé sur une chaise. Il l’avait éviter sans même bouger : le dossier s’était arrêté en plein vol et était tombé au sol. Angie avait alors montré Lord Satana et l’avait accusé :
« C’est lui qui est la cause de tout ça ! DragonNoir n’a fait que se défendre ! Regardez-le, lui aussi a des pouvoirs ! »
Lord Satana s’était effectivement mis à luire légèrement, tout comme l’apparence virtuelle de DragonNoir qui brillait légèrement. La tension avait été à son comble, à ce moment là, et Aran Valentine avait même cru qu’ils allaient vraiment en venir aux mains. Et il était sûr que si cela s’était produit, DragonNoir aurait gagné, au péril de vies humaines.
C’était à ce moment précis que Viper Dragoon, tout juste revenu de l’Atlantide, avait ouvert la porte et les avait dévisagé, complètement hébété. Derrière lui, Gorgon_Roo avait baissé la tête et lui avait dit :
« Il y a une guerre civile qui se joue ici… »
Viper Dragoon avait regardé DragonNoir, qui avait reprit son apparence humaine. Lord Satana avait également cessé de brillé et avait soupirer. Et, alors que DragonNoir s’apprêtait à expliquer à Viper Dragoon le pourquoi du comment…
ÉPISODE 8 :
MYTHOLOGIE ROMAINE
ET GRECQUE.
1. Séparations.
« N’empêche, des volcans, il y en a aussi en France.
-Ferme-la, Night-Beast. » dit une voix sévère derrière lui.
Night-Beast croisa les bras et regarda par le hublot : L’aile blanche de l’avion survolait une épaisse couche de nuages, mais il devinait qu’en dessous, la France et ses habitants défilaient. À ses cotés, Wee-Ree-Cat se cramponnait aux accoudoirs et son teint rappelait étrangement la couleur de l’avion.
« Malade ? demanda Nigh-Beast.
-Ugh… » La réponse de Wee-Ree-Cat était sans équivoque. Ses doigts se mirent à tapoter nerveusement les repose-bras, signe qu’il préférait se taire de peur que toute ouverture buccale provoque une remontée de petit déjeuner. Il gémit encore faiblement une ou deux fois, puis ferma les yeux.
« C’est toi qui le saoule, Night-Beast, dit à nouveau la voix d’homme derrière lui.
-Oh, Aran, si tu pouvais être un peu plus chou, répondit Night-Beast. Parle-moi un peu plus comme si j’étais ton fils et non un étranger !
-Je préfère encore égorger un lapin plutôt que te parler aimablement !
-Déjà, si ça t’arrivait de parler aimablement tout court !
-Hé, vous deux, ça suffit ! »
Aran et Night-Beast se turent, et Nina se recala dans son siège. Durant quelques minutes, les seuls bruits du groupe furent des gargouillements de l’estomac de Wee-Ree-Cat, qui semblait hésiter entre monter, descendre ou exploser littéralement.
« Combien de temps jusqu’à la Sicile ?
-Un peu plus de deux heures, répondit Aran. C’est un direct.
-C’est super rapide, deux heures !
-Gnnh…
-…oui, mais pour certain, c’est encore trop long. »
Aran Valentine prit la main de Nina et se pencha vers elle. Depuis leur départ précipité de chez DragonNoir, ils n’avaient pas eu le temps de parler de tout ce qui allait leur arriver, ni de tout ce qu’il s’était passé depuis le retour des Trauméniens défunts et leur départ.
« Qu’y a-t-il ?
-C’est nous, dit Aran. Le type qui nous suivait dans Paris, nous n’avons pas réussis à la semer. C’est lui qui a débarqué avec le commissaire.
-Tu crois ? répondit Nina en se rongeant un ongle. Donc ce qui s’est passé dans l’appartement de DragonNoir, ça serait de notre faute ? »
Aran ne répondit pas. En réalité, il se fichait de ce qu’il s’était passé chez DragonNoir, et encore plus de ce qu’il avait pu arriver à DragonNoir lui-même. Mais ce qui s’était passé avant l’arrivée du policier et ce qu’il avait peut-être vu, ça c’était important.
« Moi j’espère juste que tu ne lui as pas cassé la mâchoire, ajouta Night-Beast d’un faux air navré en se retournant vers eux.
-Qui t’a dit d’écouter, toi ? rétorqua Aran.
-Pas de ma faute si vous parlez trop fort, répondit l’adolescent en lui faisant un clin d’œil. Tu penses que c’est le même commissaire que Draco avait reçu chez lui ? Celui qui était à la recherche de Magnum ? »
La question était suffisamment pertinente pour que le silence qui la suivit soit empli de réflexions diverses : Night-Beast se demandait vraiment si les deux policiers étaient une seule et même personne, Nina se demandait se qu’il s’était passé une fois leur départ de chez DragonNoir, Aran se demandait si cette nouvelle expédition n’était pas une hérésie, et Wee-Ree-Cat se demandait quel était le meilleur endroit pour vomir entre le sac prévu à cet effet ou les genoux de son voisin.
Il avait une préférence pour les genoux.
« Dans tout les cas, reprit finalement Aran, je pense que nous avons bien fait de nous échapper. Si nous étions…
-Nous avons fuis, comme des lâches, ouais !
-Night-Beast, tu sais pertinemment que c’était la meilleure chose à faire. Imagine que tous les autres Trauméniens aient été mis en taule, qui pourrait aller sauver Séphy-Roshou, ainsi que les autres ?
-Et qui va aller les libérer, si nous y restons ? »
Nouveau silence, cette fois-ci lourd de reproches. Nina caressa la main de son compagnon, qui regardait par le hublot. Il se remémorait leurs derniers moments à Paris…
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« Tu ne fais pas le poids, Satana ! » avait menacé DragonNoir en levant la main. En face de lui, Lord Satana lui avait renvoyé un sourire goguenard. Le sourire d’un homme qui savait qu’il avait la raison à ses cotés, et qui n’en démordra pas. Derrière Lord Satana se trouvaient Fab, TheMaker, RazaëlAurélie et Final Séraphin. En face, tout les autres Trauméniens s’étaient attroupés derrière le trio de tête, à savoir DragonNoir, Q-Po et Arkh.
« Arrête de vouloir tout gouverner à toi seul.
-Mais quand ai-je dit que je prenais la charge des opérations ? rétorqua DragonNoir. Je n’ai jamais eu l’intention de…
-Alors pourquoi t’es-tu entraîné dans le secret afin d’obtenir ces pouvoirs ? »
DragonNoir avait serré les dents et avait reprit sa forme normale. Personne n’avait d’ailleurs remarqué sa métamorphose, mais pour un œil acéré, de subtiles différences auraient été repérables : Le DragonNoir Trauménien était plus féminin que jamais, et la ligne de démarcation entre le mâle et la femelle était inexistante chez le personnage virtuel.
Mais aucune des personnes présentes n’avait vu la différence. Ils l’avaient remarqué seulement lorsque DragonNoir était redevenu ‘humain’ et que son allure avait reprit une nette tendance masculine. Seul Arkh et Q-Po, qui l’avait déjà vu sous les deux formes, avaient distingué le vrai de l’imaginaire.
En quelques jours seulement, DragonNoir avait maîtrisé une partie de ses capacités imaginaires avec brio, et ne comptait pas s’arrêter là.
« Vous voyez, avait jubilé Lord Satana en montrant du doigt son ancien collègue. Il s’entraîne en secret pour ensuite pouvoir nous distiller les informations qu’il veut, et simplement celles qu’il veut !
-C’est complètement faux, avait commencé DragonNoir.
-Ce qui est faux, c’est ce que tu nous fait croire depuis qu’Hitomi est morte ! » avait crié TheMaker. Tous s’étaient tournés vers lui. Il avait eu les larmes aux yeux.
« Tu t’es servi de ses connaissances pour tous nous asservir, nous dominer ! Mais Hitomi m’a bien dit qu’il nous faut nous unir et non garder les informations importantes pour certains et laisser les autres dans l’ignorance !
-Alors pourquoi ces groupes ? avait calmement demandé Q-Po. Est-ce ce n’est pas vous qui scindez les Trauméniens en inventant ce genre de querelles ? »
TheMaker n’avait alors rien trouvé à redire, et Lord Satana, voyant la situation tourner à son désavantage, avait profité de l’apathie générale pour changer de tactique. Il avait reculé d’un pas et s’était concentré. Puis, avec une rapidité défiant les capacités humaines, il avait envoyé une lame d’énergie vers DragonNoir. La force avait été telle que l’attaque en était devenue invisible.
Immédiatement, DragonNoir s’était changé et il avait réussi tant bien que mal à renvoyer la lame d’énergie. Ses bras étaient auréolés d’une lumière diffuse, signe qu’il avait utilisé de nombreuses ressources en repoussant l’attaque. Celle-ci alla se ficher dans le sol, réduisant en miettes deux pieds d’armoires qui chutèrent avec fracas. Un hurlement étouffé se fit entendre des décombres.
« Oh merde… » avait dit LeKanar, derrière DragonNoir. Au sol gisait TheMaker, qui avait reçu une partie de l’armoire sur le pied. Pas de sang, mais son genou faisait un angle qui méprisait toute notion d’anatomie. DragonNoir, le poing levé, n’avait pas vu le corps inconscient de TheMaker et avait lancé avec puissance :
« Ne m’oblige pas à m’en servir à nouveau, Satana !
-Non mais vous l’entendez ? »
Le petit groupe de Trauméniens avait commencé à huer DragonNoir. RazaëlAurélie, autrefois une de ses amies fidèles, avait même osé lui lancer un dossier posé sur une chaise. Il l’avait éviter sans même bouger : le dossier s’était arrêté en plein vol et était tombé au sol. Angie avait alors montré Lord Satana et l’avait accusé :
« C’est lui qui est la cause de tout ça ! DragonNoir n’a fait que se défendre ! Regardez-le, lui aussi a des pouvoirs ! »
Lord Satana s’était effectivement mis à luire légèrement, tout comme l’apparence virtuelle de DragonNoir qui brillait légèrement. La tension avait été à son comble, à ce moment là, et Aran Valentine avait même cru qu’ils allaient vraiment en venir aux mains. Et il était sûr que si cela s’était produit, DragonNoir aurait gagné, au péril de vies humaines.
C’était à ce moment précis que Viper Dragoon, tout juste revenu de l’Atlantide, avait ouvert la porte et les avait dévisagé, complètement hébété. Derrière lui, Gorgon_Roo avait baissé la tête et lui avait dit :
« Il y a une guerre civile qui se joue ici… »
Viper Dragoon avait regardé DragonNoir, qui avait reprit son apparence humaine. Lord Satana avait également cessé de brillé et avait soupirer. Et, alors que DragonNoir s’apprêtait à expliquer à Viper Dragoon le pourquoi du comment…
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Re: Traumenschar
« Tu crois que si le flic n’avait pas frappé à la porte à ce moment là, tout aurait pu s’arranger rien qu’en discutant ? »
DragonNoir tourna la tête vers Q-Po. Son ami était toujours aussi sérieux lorsqu’il le fallait, et savait exactement quand sortir un trait d’humour et quand il valait mieux se taire. DragonNoir hocha la tête silencieusement, puis ajouta finalement :
« Peut-être que Satana serait parti en claquant la porte, peut-être que certains auraient suivit, mais ça ne se serait pas déroulé comme ça. Nous ne serions pas SDF actuellement, en tout cas. Et il ne se serait pas passé… …ce que tu sais. »
Q-Po acquiesça à son tour, puis se tourna vers le groupe de Trauméniens qui marchaient dans les ténèbres des catacombes parisiennes. Avec le peu de lumière généré par les maigres lampes torches, ils avançaient en longeant les murs tatoués de tags en tout genre. En ajoutant à ça une odeur de renfermé et les rats, il faut avouer que l’état d’esprit des Trauméniens qui fuyaient n’était pas au top.
« Et où est-ce qu’on va aller maintenant ? râla une voix indistincte à l’arrière.
-Nous garderons profil bas quelques temps en attendant de savoir ce qu’il va ressortir de ces évènements chez DragonNoir, répondit Q-Po. Si tout fonctionne comme convenu, alors nous pourrons réintégrer l’appartement.
-Et si rien de fonctionne comme prévu ? » redemanda la voix.
Q-Po regarda DragonNoir, qui était plongé dans ses pensées. Il se demandait comment ils avaient pu en arriver là, qu’est-ce qui s’était passé pour qu’ils se retrouvent à déambuler dans les tréfonds de la capitale, quels avait été l’erreur commise pour qu’ils soient condamnés à cette fuite. Et il revoyait le plafond tomber dans un sinistre mouvement.
Il entendit vaguement Q-Po répondre :
« Alors nous aviserons, comme nous l’avons toujours fait. »
La voix qui avait râlée et semée le doute à l’arrière de la troupe ne répondit pas, et l’homme cessa de marcher. Personne n’y fit vraiment attention, dans les ténèbres environnantes, et aucun des Trauméniens ne le vit disparaître dans les ombres. Personne ne vit le sourire sur le visage de FireFly, non plus.
Et, à l’avant, DragonNoir songeait à ce qu’il venait de se passer.
Tous les Trauméniens étaient restés interdits. Les trois coups avaient semblés résonner dans le silence comme le bourdon de la cathédrale Notre-Dame. Tous avaient regardés la porte comme si elle devenue une sorte de monstre prêt à attaquer. Derrière elle, Serge Thourn avait à nouveau frappé, un peu plus fort.
« Commissaire Thourn ! Ouvrez s’il vous plaît ! »
DragonNoir avait regardé le spectacle de l’appartement à moitié dévasté : Des meubles en miettes, un blessé, et énormément d’explications à fournir. Lord Satana, en face de lui, avait eu un sourire discret en s’avançant.
« Et maintenant, chef, qu’allons-nous faire ? »
DarKenshin, Dalisc et Pythagore étaient apparus derrière Viper Dragoon et Gorgon_Roo. Les quatre ressuscités avaient contemplé avec affliction le spectacle désolant de la pièce ravagée, et de ses occupants aveuglés par la haine.
Les coups à la porte d’entrée s’étaient faits plus insistants. Ils avaient ensuite entendu distinctement Thourn demander à une autre personne s’il était sûr que les deux zigotos étaient entrés dans cet appartement.
« Sûr et certain, avait répondu Détroit dans l’escalier devant chez DragonNoir. Je les ai vu appuyer à la sonnette correspondant à cet appartement, j’en suis persuadé !
-Y a intérêt, sinon on est dans la merde. » avait répondu le commissaire. Et immédiatement après, un grand fracas avait retenti contre la porte. Serge Thourn s’était lancé dans une entreprise de démolition sans attendre.
« Il faut fuir, avait déclaré Arkh.
-Fuir ? avait répété DragonNoir. Mais tu n’y penses pas ! C’est mon appartement, celui de mes parents ! Que va-t-il se passer si… »
Nouveau coup sourd contre la porte.
« DragonNoir, il faut qu’on dégage. Nous avions déjà prévu cette possibilité, tu te rappelles ? Je crains qu’on doive se protéger également de la police, en plus de Mistrophera.
-Mais nous ne sommes pas prêts ! Les congélateurs sont encore ici, et… et…
-Nous viendrons les chercher après. » avait répondu Q-Po calmement.
Lord Satana, en face d’eux, s’était tourné vers sa bande, et avait déclaré :
« Ceux qui ne veulent plus de DragonNoir comme leader me suivent moi. Je ne serais pas un commandant, mais un camarade. Je ne vous dirigerais pas, je serais simplement à vos cotés, comme vous. »
La porte avait émit un craquement inquiétant.
« Et surtout, avait-il ajouté en se tournant vers les autres Trauméniens, je ne vous cacherai jamais rien. »
Personne n’avait bougé. Fab tenait TheMaker dans ses bras, et ce dernier haletait bruyamment. Sa jambe enflée tendait son jean, et DragonNoir l’avait montré du doigt, commençant à s’énerver :
« Que vous faut-il de plus ? D’autres blessés ? Des morts ? »
Mais ses injonctions avaient été sans réponses. La porte avait à nouveau craqué sur ses gonds, menaçant de lâcher prise face aux assauts répétés de Thourn. Lord Satana avait regardé vers la porte et avait tendu le bras. Aran Valentine s’était précipité sur lui en criant :
« Non, Satana ! »
Aran avait été rapide, mais pas assez : la porte avait cédé, et les Trauméniens avaient vu Serge Thourn basculer en avant et tomber sur elle dans un grognement de mécontentement et de douleur. Et ils avaient juste eu le temps de voir le visage de Sylvain Détroit passer par l’embrasure de la porte avant que le plafond ne s’effondre littéralement sur les deux policiers. Lord Satana avait ensuite baissé le bras.
« Tu les as… » avait commencé Aran. Q-Po s’était élancé vers Lord Satana, mais DragonNoir l’avait arrêté d’un geste de la main.
« Il nous faut déguerpir, avait-il annoncé d’une voix morte. Nous ne pouvons rester plus longtemps ici. Mettons en route le plan d’évacuation.
-Les catacombes ? avait demandé Arkh.
-Laissons les congélateurs ici, on ne peut pas les prendre. Nous reviendrons les chercher plus tard. » Il avait jeté un œil vers l’entrée de son appartement, ce qui allait devenir son ex-appartement, puis avait ajouté d’une voix plate, éteinte : « Si nous pourrons encore le faire.
-Et les autres ? » avait lancé Q-Po, désignant Lord Satana et sa bande. Ceux-ci s’étaient réunis près de l’ordinateur de DragonNoir, devant la fenêtre, autour de TheMaker qui commençait à reprendre conscience, à entendre ses gémissements de douleur. Le regard de DragonNoir s’était à nouveau attardé longuement sur la jambe distordue et gonflée de son ancien camarade.
« Laissons-les faire ce qu’ils veulent. » avait-il déclaré. DragonNoir avait l’impression que son esprit s’était détaché de lui, et que son corps voguait en mode automatique. Il semblait être maître de lui-même, mais en réalité il ne cessait de ressasser des images du plafond s’écroulant sur les deux policiers.
Encore et encore.
« On ne va tout de même pas les laisser ici ? » avait dit Aran, outré. DragonNoir, toujours en mode automatique, s’était tourné vers lui et avait hoché la tête.
« Si. Et vous, vous allez partir comme prévu vers la Sicile. L’argent est dans ma chambre, sous le matelas. Je pense qu’il y aura assez pour ce que vous allez y faire.
-Pas besoin de prévoir de budget bouffe, ouais ! » avait lâché Night-Beast en s’approchant. Aran avait fait signe à Nina et Wee-Ree-Cat d’approcher, et les deux Trauméniens s’étaient exécutés. Le Ionisateur Fou s’était ensuite joint à eux.
« Tiens, DragonNoir, le portefeuille de Mr.Magnum. Tout ce qui est récupérable est embarqué dans les sacs à dos, nous sommes prêts à partir. »
DragonNoir avait donné l’argent du voyage, pour les billets d’avions et pour se rendre au volcan, puis il leur avait souhaité bonne chance, ainsi que Q-Po. Arkh, en retrait, était en train de coordonner le départ. Aran Valentine avait mené le groupe vers les décombre de la sortie, puis s’était arrêté et était retourné vers DragonNoir.
Une fois devant lui, il l’avait dévisagé quelques secondes, puis il lui avait envoyé son poing dans la figure. Night-Beast, derrière lui, avait étouffé un « Yeah ! » et avait reçu une gifle de Nina. Aran avait soupiré :
« C’est au cas où je ne revienne pas de là-bas, au moins je n’aurais pas de regrets. »
Puis ils étaient sortit de l’appartement dévasté en marchant sur les gravas. DragonNoir s’était relevé en se massant la joue, puis avait ordonné l’évacuation des lieux. Il était resté à regarder les Trauméniens passer sur le plafond écroulé, marchant sur deux hommes très certainement décédés, et, non pas pour la première fois depuis le début de cette aventure, il s’était demandé si tout ceci valait réellement le coup.
Le soleil écrasant du sud de l’Italie leur tapait sur le crâne. La végétation, de plus en plus rare, avait complètement disparue depuis une bonne heure à présent, tandis qu’ils continuaient à gravir l’immense volcan Etna. L’ascension ne semblait ne jamais en finir, et ils suaient à grosses gouttes malgré le peu de vêtements qu’ils portaient.
« Rien qu’un repas, papa !
-Ne m’appelle pas comme ça, nom d’un lapin !
-Papa ! Papa ! Papa ! Papa ! PAPA !!
-Je vais me le faire… »
Mais Aran Valentine était trop épuisé pour s’élancer sur Night-Beast, qui sautillait comme un cabri en dépits de la chaleur. Il se contenta de ramasser une caillasse et de lui envoyer dessus. Night-Beast le reçu sur l’épaule, et il grogna.
« Aïe-euh !
-C’est pas un peu fini, vous deux ? claironna Nina en s’interposant. Des vrais gamins !
-C’est pas moi c’est lui qu’a commencé !! » chantonna Night-Beast. Il se rapprocha de Wee-Ree-Cat, qui lui grimpait sans mot dire et ne semblait pas peiner autant que d’autres. Il fixait le sommet du volcan qui se rapprochait.
« Et toi, mon minou, ça va bien ?
-Bien mieux que dans l’avion, c’est clair.
-Difficile de faire pire, en même temps ! rigola Night-Beast.
-Une fois en haut, est-ce qu’on va être obligé de… »
Le silence s’installa entre les quatre compagnons, et ils marchèrent ainsi un moment. Puis Aran Valentine reprit la parole, étrangement moins essoufflé qu’auparavant. Il parla d’une voix calme et bien assurée. La voix d’un meneur.
« Je ne le fais pas parce que DragonNoir m’a dit de le faire, ni parce que j’en ai une envie folle, et encore moins pour doubler Mistrophera au poteau. Je le fais pour une seule et unique personne, une personne qui compte presque autant à mes yeux que Nina. »
Cette dernière, fut-il encore possible, rougit.
« Je le fait pour Séphy-Roshou. Je le fais parce qu’on a une chance de la sauver de cette façon, et que j’utiliserai la moindre chance qu’il existe pour la faire revenir. Et je sais que je ferais ça pour chacun d’entre vous. »
Ses yeux se posèrent sur Night-Beast, dont le visage souriait bêtement.
« Hmm, sauf pour lui. »
Wee-Ree-Cat, qui marchait devant tout le monde, s’écria alors :
« On est arrivé ! Nous sommes en haut de l’Etna ! Et je vous raconte pas la vue ! »
Les trois autres le rejoignirent en accélérant le pas, et admirèrent l’étendue de l’île qui se trouvait à leurs pieds. Ils pouvaient voir extrêmement loin, de ce point de vue, et ils restèrent ainsi à contempler l’horizon de nombreuses minutes. Puis leurs yeux s’abaissèrent presque tous en même temps vers le fond du cratère qui s’ouvrait devant eux.
« Ben merde alors, hoqueta Night-Beast.
-C’est haut, précisa Wee-Ree-Cat d’une voix tremblante. Je crois que j’ai le vertige.
-Un chat qui a le vertige, on aura tout vu ! » s’esclaffa Nina nerveusement. Puis, en revenant au cratère, elle cessa de rire. Aran lui enlaça la taille.
« Au moins, ça fera une mort romantique, non ? »
La tentative d’humour tomba à plat. Au fond de l’Etna semblait scintiller une ville vue de nuit et de très haut : tout était noir, sombre, mais de multiples étoiles rougeâtres naissaient et mourraient au sein de ces ténèbres. Aran se déplaça sur sa gauche et poussa un grand caillou avec le pied, et avec difficulté. Le rocher bascula dans la vide et disparu. Quelques secondes plus tard, une bouche de feu s’ouvrit en contrebas et avala goulûment la pierre.
Ils entendirent distinctement Wee-Ree-Cat déglutir.
« Bon, et bien il ne nous reste plus qu’à y aller, hein ?
-S… Sans moi, déclara d’une voix tremblante Wee-Ree-Cat. Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas ! »
Night-Beast se retourna et plissa les yeux vers l’horizon, alors qu’Aran s’approchait de Wee-Ree-Cat pour le rassurer. Ce dernier reculait du bord, s’éloignant à petit pas de sa destinée. Aran l’empoigna par le bras.
« C’est juste un mauvais moment à passer ! Je te rappelle que nous avons les pilules de Hilde pour revenir à la vie, et que…
-Mais nos corps reviennent à la vie à l’endroit où ils sont morts, non ? Donc on va se retrouver ressuscités dans le volcan, et on va mourir à nouveau, sans pilules pour revenir ! »
La remarque fit mouche, et Aran se tourna vers Nina, qui le regardait maintenant avec une appréhension grandissante. Wee-Ree-Cat recula encore d’un pas.
« Sauver Séphy-Roshou, je veux bien, mais pas si c’est pour crever moi-même.
-Sauter ou rester, il va falloir se décider rapidement, dit Night-Beast d’une voix forte. Le mec que tu as mis KO tout à l’heure, Aran, il a dû prévenir ses petits copains et ils viennent nous chercher… »
Les regards convergèrent sur le point qui grossissait à l’horizon. Un hélicoptère. Un hélicoptère qui se dirigeait droit sur eux. Et à son bord, comme l’avait deviné Night-Beast, se trouvait le gardien qui devait empêcher quiconque d’approcher l’Etna sans autorisation ni matériel nécessaire, afin d’éviter les accidents. Le même gardien que Nina avait embobiné tandis qu’Aran l’avait assommé à l’aide de sa propre matraque.
« Si on saute pas de suite, ajouta Night-Beast, on risque de passer aux infos de vingt heures, ou de retrouver DragonNoir et les autres en taule.
-Plutôt mourir que de revoir DragonNoir aussi tôt ! » déclara Aran. Puis il se tourna vers Wee-Ree-Cat et le regarda dans les yeux. Celui-ci comprit immédiatement ce que le Trauménien allait faire, et hurla. Night-Beast l’empoigna de l’autre coté et s’élança vers le vide. Nina se jeta sur Aran et l’embrassa.
« Peut-être une dernière fois… » risqua-t-elle. Aran vit qu’elle avait les larmes aux yeux, et il sentit qu’il n’était pas loin non plus de craquer. Puis ils s’élancèrent à leur tour.
Derrière eux, ils entendirent les pales de l’hélicoptère qui tournoyaient, et une faible voix d’homme qui leur criait, en italien et dans un haut parleur, de ne pas sauter. Tout ces bruits, le vent dans leur cheveux, la chaleur du cratère et les souvenirs de toute leur vie, se mélangèrent jusqu’à ce qu’ils percutent et crèvent la fine croûte au dessus de la lave de l’Etna.
DragonNoir tourna la tête vers Q-Po. Son ami était toujours aussi sérieux lorsqu’il le fallait, et savait exactement quand sortir un trait d’humour et quand il valait mieux se taire. DragonNoir hocha la tête silencieusement, puis ajouta finalement :
« Peut-être que Satana serait parti en claquant la porte, peut-être que certains auraient suivit, mais ça ne se serait pas déroulé comme ça. Nous ne serions pas SDF actuellement, en tout cas. Et il ne se serait pas passé… …ce que tu sais. »
Q-Po acquiesça à son tour, puis se tourna vers le groupe de Trauméniens qui marchaient dans les ténèbres des catacombes parisiennes. Avec le peu de lumière généré par les maigres lampes torches, ils avançaient en longeant les murs tatoués de tags en tout genre. En ajoutant à ça une odeur de renfermé et les rats, il faut avouer que l’état d’esprit des Trauméniens qui fuyaient n’était pas au top.
« Et où est-ce qu’on va aller maintenant ? râla une voix indistincte à l’arrière.
-Nous garderons profil bas quelques temps en attendant de savoir ce qu’il va ressortir de ces évènements chez DragonNoir, répondit Q-Po. Si tout fonctionne comme convenu, alors nous pourrons réintégrer l’appartement.
-Et si rien de fonctionne comme prévu ? » redemanda la voix.
Q-Po regarda DragonNoir, qui était plongé dans ses pensées. Il se demandait comment ils avaient pu en arriver là, qu’est-ce qui s’était passé pour qu’ils se retrouvent à déambuler dans les tréfonds de la capitale, quels avait été l’erreur commise pour qu’ils soient condamnés à cette fuite. Et il revoyait le plafond tomber dans un sinistre mouvement.
Il entendit vaguement Q-Po répondre :
« Alors nous aviserons, comme nous l’avons toujours fait. »
La voix qui avait râlée et semée le doute à l’arrière de la troupe ne répondit pas, et l’homme cessa de marcher. Personne n’y fit vraiment attention, dans les ténèbres environnantes, et aucun des Trauméniens ne le vit disparaître dans les ombres. Personne ne vit le sourire sur le visage de FireFly, non plus.
Et, à l’avant, DragonNoir songeait à ce qu’il venait de se passer.
*
* *
* *
Tous les Trauméniens étaient restés interdits. Les trois coups avaient semblés résonner dans le silence comme le bourdon de la cathédrale Notre-Dame. Tous avaient regardés la porte comme si elle devenue une sorte de monstre prêt à attaquer. Derrière elle, Serge Thourn avait à nouveau frappé, un peu plus fort.
« Commissaire Thourn ! Ouvrez s’il vous plaît ! »
DragonNoir avait regardé le spectacle de l’appartement à moitié dévasté : Des meubles en miettes, un blessé, et énormément d’explications à fournir. Lord Satana, en face de lui, avait eu un sourire discret en s’avançant.
« Et maintenant, chef, qu’allons-nous faire ? »
DarKenshin, Dalisc et Pythagore étaient apparus derrière Viper Dragoon et Gorgon_Roo. Les quatre ressuscités avaient contemplé avec affliction le spectacle désolant de la pièce ravagée, et de ses occupants aveuglés par la haine.
Les coups à la porte d’entrée s’étaient faits plus insistants. Ils avaient ensuite entendu distinctement Thourn demander à une autre personne s’il était sûr que les deux zigotos étaient entrés dans cet appartement.
« Sûr et certain, avait répondu Détroit dans l’escalier devant chez DragonNoir. Je les ai vu appuyer à la sonnette correspondant à cet appartement, j’en suis persuadé !
-Y a intérêt, sinon on est dans la merde. » avait répondu le commissaire. Et immédiatement après, un grand fracas avait retenti contre la porte. Serge Thourn s’était lancé dans une entreprise de démolition sans attendre.
« Il faut fuir, avait déclaré Arkh.
-Fuir ? avait répété DragonNoir. Mais tu n’y penses pas ! C’est mon appartement, celui de mes parents ! Que va-t-il se passer si… »
Nouveau coup sourd contre la porte.
« DragonNoir, il faut qu’on dégage. Nous avions déjà prévu cette possibilité, tu te rappelles ? Je crains qu’on doive se protéger également de la police, en plus de Mistrophera.
-Mais nous ne sommes pas prêts ! Les congélateurs sont encore ici, et… et…
-Nous viendrons les chercher après. » avait répondu Q-Po calmement.
Lord Satana, en face d’eux, s’était tourné vers sa bande, et avait déclaré :
« Ceux qui ne veulent plus de DragonNoir comme leader me suivent moi. Je ne serais pas un commandant, mais un camarade. Je ne vous dirigerais pas, je serais simplement à vos cotés, comme vous. »
La porte avait émit un craquement inquiétant.
« Et surtout, avait-il ajouté en se tournant vers les autres Trauméniens, je ne vous cacherai jamais rien. »
Personne n’avait bougé. Fab tenait TheMaker dans ses bras, et ce dernier haletait bruyamment. Sa jambe enflée tendait son jean, et DragonNoir l’avait montré du doigt, commençant à s’énerver :
« Que vous faut-il de plus ? D’autres blessés ? Des morts ? »
Mais ses injonctions avaient été sans réponses. La porte avait à nouveau craqué sur ses gonds, menaçant de lâcher prise face aux assauts répétés de Thourn. Lord Satana avait regardé vers la porte et avait tendu le bras. Aran Valentine s’était précipité sur lui en criant :
« Non, Satana ! »
Aran avait été rapide, mais pas assez : la porte avait cédé, et les Trauméniens avaient vu Serge Thourn basculer en avant et tomber sur elle dans un grognement de mécontentement et de douleur. Et ils avaient juste eu le temps de voir le visage de Sylvain Détroit passer par l’embrasure de la porte avant que le plafond ne s’effondre littéralement sur les deux policiers. Lord Satana avait ensuite baissé le bras.
« Tu les as… » avait commencé Aran. Q-Po s’était élancé vers Lord Satana, mais DragonNoir l’avait arrêté d’un geste de la main.
« Il nous faut déguerpir, avait-il annoncé d’une voix morte. Nous ne pouvons rester plus longtemps ici. Mettons en route le plan d’évacuation.
-Les catacombes ? avait demandé Arkh.
-Laissons les congélateurs ici, on ne peut pas les prendre. Nous reviendrons les chercher plus tard. » Il avait jeté un œil vers l’entrée de son appartement, ce qui allait devenir son ex-appartement, puis avait ajouté d’une voix plate, éteinte : « Si nous pourrons encore le faire.
-Et les autres ? » avait lancé Q-Po, désignant Lord Satana et sa bande. Ceux-ci s’étaient réunis près de l’ordinateur de DragonNoir, devant la fenêtre, autour de TheMaker qui commençait à reprendre conscience, à entendre ses gémissements de douleur. Le regard de DragonNoir s’était à nouveau attardé longuement sur la jambe distordue et gonflée de son ancien camarade.
« Laissons-les faire ce qu’ils veulent. » avait-il déclaré. DragonNoir avait l’impression que son esprit s’était détaché de lui, et que son corps voguait en mode automatique. Il semblait être maître de lui-même, mais en réalité il ne cessait de ressasser des images du plafond s’écroulant sur les deux policiers.
Encore et encore.
« On ne va tout de même pas les laisser ici ? » avait dit Aran, outré. DragonNoir, toujours en mode automatique, s’était tourné vers lui et avait hoché la tête.
« Si. Et vous, vous allez partir comme prévu vers la Sicile. L’argent est dans ma chambre, sous le matelas. Je pense qu’il y aura assez pour ce que vous allez y faire.
-Pas besoin de prévoir de budget bouffe, ouais ! » avait lâché Night-Beast en s’approchant. Aran avait fait signe à Nina et Wee-Ree-Cat d’approcher, et les deux Trauméniens s’étaient exécutés. Le Ionisateur Fou s’était ensuite joint à eux.
« Tiens, DragonNoir, le portefeuille de Mr.Magnum. Tout ce qui est récupérable est embarqué dans les sacs à dos, nous sommes prêts à partir. »
DragonNoir avait donné l’argent du voyage, pour les billets d’avions et pour se rendre au volcan, puis il leur avait souhaité bonne chance, ainsi que Q-Po. Arkh, en retrait, était en train de coordonner le départ. Aran Valentine avait mené le groupe vers les décombre de la sortie, puis s’était arrêté et était retourné vers DragonNoir.
Une fois devant lui, il l’avait dévisagé quelques secondes, puis il lui avait envoyé son poing dans la figure. Night-Beast, derrière lui, avait étouffé un « Yeah ! » et avait reçu une gifle de Nina. Aran avait soupiré :
« C’est au cas où je ne revienne pas de là-bas, au moins je n’aurais pas de regrets. »
Puis ils étaient sortit de l’appartement dévasté en marchant sur les gravas. DragonNoir s’était relevé en se massant la joue, puis avait ordonné l’évacuation des lieux. Il était resté à regarder les Trauméniens passer sur le plafond écroulé, marchant sur deux hommes très certainement décédés, et, non pas pour la première fois depuis le début de cette aventure, il s’était demandé si tout ceci valait réellement le coup.
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Le soleil écrasant du sud de l’Italie leur tapait sur le crâne. La végétation, de plus en plus rare, avait complètement disparue depuis une bonne heure à présent, tandis qu’ils continuaient à gravir l’immense volcan Etna. L’ascension ne semblait ne jamais en finir, et ils suaient à grosses gouttes malgré le peu de vêtements qu’ils portaient.
« Rien qu’un repas, papa !
-Ne m’appelle pas comme ça, nom d’un lapin !
-Papa ! Papa ! Papa ! Papa ! PAPA !!
-Je vais me le faire… »
Mais Aran Valentine était trop épuisé pour s’élancer sur Night-Beast, qui sautillait comme un cabri en dépits de la chaleur. Il se contenta de ramasser une caillasse et de lui envoyer dessus. Night-Beast le reçu sur l’épaule, et il grogna.
« Aïe-euh !
-C’est pas un peu fini, vous deux ? claironna Nina en s’interposant. Des vrais gamins !
-C’est pas moi c’est lui qu’a commencé !! » chantonna Night-Beast. Il se rapprocha de Wee-Ree-Cat, qui lui grimpait sans mot dire et ne semblait pas peiner autant que d’autres. Il fixait le sommet du volcan qui se rapprochait.
« Et toi, mon minou, ça va bien ?
-Bien mieux que dans l’avion, c’est clair.
-Difficile de faire pire, en même temps ! rigola Night-Beast.
-Une fois en haut, est-ce qu’on va être obligé de… »
Le silence s’installa entre les quatre compagnons, et ils marchèrent ainsi un moment. Puis Aran Valentine reprit la parole, étrangement moins essoufflé qu’auparavant. Il parla d’une voix calme et bien assurée. La voix d’un meneur.
« Je ne le fais pas parce que DragonNoir m’a dit de le faire, ni parce que j’en ai une envie folle, et encore moins pour doubler Mistrophera au poteau. Je le fais pour une seule et unique personne, une personne qui compte presque autant à mes yeux que Nina. »
Cette dernière, fut-il encore possible, rougit.
« Je le fait pour Séphy-Roshou. Je le fais parce qu’on a une chance de la sauver de cette façon, et que j’utiliserai la moindre chance qu’il existe pour la faire revenir. Et je sais que je ferais ça pour chacun d’entre vous. »
Ses yeux se posèrent sur Night-Beast, dont le visage souriait bêtement.
« Hmm, sauf pour lui. »
Wee-Ree-Cat, qui marchait devant tout le monde, s’écria alors :
« On est arrivé ! Nous sommes en haut de l’Etna ! Et je vous raconte pas la vue ! »
Les trois autres le rejoignirent en accélérant le pas, et admirèrent l’étendue de l’île qui se trouvait à leurs pieds. Ils pouvaient voir extrêmement loin, de ce point de vue, et ils restèrent ainsi à contempler l’horizon de nombreuses minutes. Puis leurs yeux s’abaissèrent presque tous en même temps vers le fond du cratère qui s’ouvrait devant eux.
« Ben merde alors, hoqueta Night-Beast.
-C’est haut, précisa Wee-Ree-Cat d’une voix tremblante. Je crois que j’ai le vertige.
-Un chat qui a le vertige, on aura tout vu ! » s’esclaffa Nina nerveusement. Puis, en revenant au cratère, elle cessa de rire. Aran lui enlaça la taille.
« Au moins, ça fera une mort romantique, non ? »
La tentative d’humour tomba à plat. Au fond de l’Etna semblait scintiller une ville vue de nuit et de très haut : tout était noir, sombre, mais de multiples étoiles rougeâtres naissaient et mourraient au sein de ces ténèbres. Aran se déplaça sur sa gauche et poussa un grand caillou avec le pied, et avec difficulté. Le rocher bascula dans la vide et disparu. Quelques secondes plus tard, une bouche de feu s’ouvrit en contrebas et avala goulûment la pierre.
Ils entendirent distinctement Wee-Ree-Cat déglutir.
« Bon, et bien il ne nous reste plus qu’à y aller, hein ?
-S… Sans moi, déclara d’une voix tremblante Wee-Ree-Cat. Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas ! »
Night-Beast se retourna et plissa les yeux vers l’horizon, alors qu’Aran s’approchait de Wee-Ree-Cat pour le rassurer. Ce dernier reculait du bord, s’éloignant à petit pas de sa destinée. Aran l’empoigna par le bras.
« C’est juste un mauvais moment à passer ! Je te rappelle que nous avons les pilules de Hilde pour revenir à la vie, et que…
-Mais nos corps reviennent à la vie à l’endroit où ils sont morts, non ? Donc on va se retrouver ressuscités dans le volcan, et on va mourir à nouveau, sans pilules pour revenir ! »
La remarque fit mouche, et Aran se tourna vers Nina, qui le regardait maintenant avec une appréhension grandissante. Wee-Ree-Cat recula encore d’un pas.
« Sauver Séphy-Roshou, je veux bien, mais pas si c’est pour crever moi-même.
-Sauter ou rester, il va falloir se décider rapidement, dit Night-Beast d’une voix forte. Le mec que tu as mis KO tout à l’heure, Aran, il a dû prévenir ses petits copains et ils viennent nous chercher… »
Les regards convergèrent sur le point qui grossissait à l’horizon. Un hélicoptère. Un hélicoptère qui se dirigeait droit sur eux. Et à son bord, comme l’avait deviné Night-Beast, se trouvait le gardien qui devait empêcher quiconque d’approcher l’Etna sans autorisation ni matériel nécessaire, afin d’éviter les accidents. Le même gardien que Nina avait embobiné tandis qu’Aran l’avait assommé à l’aide de sa propre matraque.
« Si on saute pas de suite, ajouta Night-Beast, on risque de passer aux infos de vingt heures, ou de retrouver DragonNoir et les autres en taule.
-Plutôt mourir que de revoir DragonNoir aussi tôt ! » déclara Aran. Puis il se tourna vers Wee-Ree-Cat et le regarda dans les yeux. Celui-ci comprit immédiatement ce que le Trauménien allait faire, et hurla. Night-Beast l’empoigna de l’autre coté et s’élança vers le vide. Nina se jeta sur Aran et l’embrassa.
« Peut-être une dernière fois… » risqua-t-elle. Aran vit qu’elle avait les larmes aux yeux, et il sentit qu’il n’était pas loin non plus de craquer. Puis ils s’élancèrent à leur tour.
Derrière eux, ils entendirent les pales de l’hélicoptère qui tournoyaient, et une faible voix d’homme qui leur criait, en italien et dans un haut parleur, de ne pas sauter. Tout ces bruits, le vent dans leur cheveux, la chaleur du cratère et les souvenirs de toute leur vie, se mélangèrent jusqu’à ce qu’ils percutent et crèvent la fine croûte au dessus de la lave de l’Etna.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
2. Un accueil chaleureux.
Un bras émergea des décombres et tâtonna à l’aveuglette quelques instants. La poussière soulevée par l’explosion du plafond était retombée, et les doigts engourdis de Serge Thourn ne firent qu’essuyer la fine couche blanche. Il parvint enfin à trouver une prise et poussa de toutes ses forces le pan de placoplâtre qui pesait sur son torse. Une fois dégagé, il inspira durant une dizaine de minutes à longues goulées.
« Bordel de merde, qu’est-ce qui s’est passé ? »
Puis, dans un éclair, il songea à Detroit qui s’était penché vers lui dans l’intention de le relever, juste avant qu’il ne perde conscience. C’était la dernière image qu’il avait vue. Des bribes d’anciens souvenirs surgirent en lui, alors qu’il sortait péniblement des décombres : son ancien partenaire mort, son sang qui coulait sur la moquette de son appartement, Thourn versant des larmes pour celui qu’il avait considéré comme son fils, et…
…cet homme. Celui qu’il avait cherché durant des années, et dont il avait une fois encore retrouvé la piste. Celui qui avait été François Petit, qui avait été Kurt Magnum, qui avait été l’Agent Hadès, qui avait finalement prit le nom de Mr.Magnum. Et Thourn sentait que cet ultime rencontre scellerait enfin toutes ces années d’attente, et qu’il saurait. Qu’il comprendrait. Qu’il vengerait Justin et donnerait paix à son âme.
Un grognement le fit sortir de sa rêverie. Justin était mort, et il ne pouvait rien y faire, mais Sylvain Detroit, son nouvel acolyte, était manifestement encore en vie. Il se rua sur les décombres et arracha les débris les uns des autres, pour finir par apercevoir le visage ensanglanté de son coéquipier.
« Justin ! dit-il dans un souffle avant de se reprendre. Sylvain ! Sylvain, réveille-toi ! »
Il le sortit avec peine, ayant en tête des images de profanation de sépulture. Sylvain avait le visage comme recouvert de chaux, mais en même temps maculé d’un sang épais et collé à ses joues. Thourn ignorait combien de temps ils avaient passé là-dessous, mais il savait qu’il n’était pas trop tard : Detroit respirait encore, et ses blessures paraissaient légères.
« Sylvain, merde ! » brailla-t-il en lui envoyant une gifle. Celui-ci ouvrit les yeux et hurla, avec un retard certain : « Attention, le plafond !!
-T’es à la bourre. » grommela le commissaire en soufflant intérieurement. Malgré le non professionnalisme de Detroit, malgré son inexpérience, et même malgré son passé de journaliste, Serge Thourn avait fini par s’habituer à endurer sa présence, même s’il lui arrivait de souhaiter le voir ailleurs plutôt qu’avec lui. Mais en ce moment, Thourn était content de le voir s’essuyer la figure en marmonnant des excuses.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé, commissaire ?
-Alors ça, si je pouvais le savoir. » répondit Thourn en faisant quelques pas mal assurés. Ses jambes étaient encore engourdies par le séjour prolongé sous le plafond, et ses vêtements étaient pleins de poussière blanche. On aurait cru qu’il s’était jeté dans un bac de farine, ou de drogue. Un cisaillement au genou lui arracha un début de cri, qu’il réfréna.
« Commissaire ?
-C’est rien, un petit bobo. »
Il se baissa et regarda son pantalon déchiré au genou, qui laissait entrapercevoir une jambe tachée de sang. Un morceaux de bois était planté dans le bas de la cuisse, mais pas très profondément. Thourn l’ôta en serrant les dents, puis jeta le morceau derrière lui. Il inspecta la pièce : rien d’autre ne semblait être tombé, mis à part ce morceau précis du plafond. À croire que cette chute était quasiment intentionnelle.
Il leva les yeux vers l’endroit où le plafond avait déserté sa place, mais ne remarqua pas aux premiers abords de traces d’un quelconque piège, ni d’explosifs. Mais pourquoi le plafond avait-il cédé exactement au moment où il était entré ? L’espace entre la chambranle de la porte défoncée et le plafond était trop grand, il ne pouvait donc pas y avoir de relation. Et un plafond ne tombait pas intentionnellement sur des intrus.
« Vieille baraque moisie, dit Detroit en époussetant ses vêtements. On a vraiment joué de malchance.
-Je ne crois pas à la malchance. » répondit Thourn en penchant la tête de coté. Il regardait le bord du plafond resté accroché en hauteur. Son regard s’empara de toute la surface qui semblait avoir fondue, mais il ne comprenait pas comment, ni pourquoi.
« Vous n’auriez peut-être pas dû enfoncer la porte, remarquez.
-Rien à voir, Just… » Il se retint à nouveau. Pourquoi songea-t-il à lui en de pareils moments ? Il se rattrapa rapidement : « …juste une coïncidence. Regarde ! Entre la porte et le plafond, y a au moins un mètre. Et rien n’est fissuré.
-Ah oui, exact. Mais alors comment ça a pu arriver ?
-Peut-être de la même façon que ce meuble est tombé ? »
Serge Thourn faisait maintenant dos à la porte et au plafond éboulé, et s’était avancé dans le couloir. Il regardait avec attention une armoire qui gisait sur le flanc. Un des pied, ou de ce qu’il en restait semblait fondu. Comme le plafond. Mais le bois ne fondait pas, d’ordinaire. Il s’agenouilla et toucha le pied fondu de l’armoire, s’assurant que c’était bel et bien du bois et non une très bonne imitation en plastique.
Et il s’agissait bien de bois.
« En tout cas, s’il y a eu quelqu’un ici, ils ont profité de la chute du plafond pour s’enfuir. On est seuls.
-Dis plutôt qu’ils ont fait tomber le plafond sur nos tronches pour pouvoir foutre le camp sans problème, Detroit ! Si tu veux mon avis, c’est plutôt ce qu’il s’est passé !
-Mais, rétorqua Sylvain, comment ont-ils pu faire pour…
-On ne sait peut-être pas encore comment, mais on sait pourquoi maintenant. »
Thourn entendit une fenêtre claquer à l’autre bout de l’appartement, et se releva brusquement. Un peu trop brusquement peut-être, car il sentit son genou lui lancer un message de douleur assez intense. Mais Thourn se contenta de grogner et fonça vers l’endroit d’où était venu le bruit de fenêtre. Au bout du couloir, il s’arrêta. La fenêtre claqua à nouveau, et Detroit arriva derrière lui, légèrement essoufflé.
« Commissaire, on ne devrait peut-être pas courir partout après ce qu’il nous est arr…
-Ferme-la ! » répondit le commissaire en bousculant Detroit pour repartir dans l’autre sens. Il tourna à sa droite et pénétra dans ce qui devait être la cuisine. Devant lui, la fenêtre se mit à claquer à nouveau, à la faveur d’un léger vent qui venait de la cour de l’immeuble. Thourn ouvrit la fenêtre et se pencha. Personne.
Il soupira et s’assit sur une chaise.
« Encore trop tard… »
Il se passa une main sur la figure et se sentit soudainement fatigué. La route depuis Brest, puis son arrivée mouvementée dans l’appartement, tout ceci menaçait de lui filer le tournis. Il n’était plus de toute première jeunesse, et il le sentait précisément dans ces moments-là. Il entendit Detroit lui crier quelque chose de l’autre coté de l’appartement.
« Qu’est-ce qu’il y a, encore ? râla-t-il en se relevant avec peine et en se dirigeant vers l’entrée. Tu as trouvé quelque chose ?
-Des congélateurs ! Plein ! »
Qu’est-ce que j’en ai à foutre, de congélateurs ? songea Thourn en rejoignant son collègue dans le salon. Mais ce qu’il vit le surprit. Il s’attendait à en voir deux, peut-être même trois et à la limite quatre, mais il découvrit en réalité plus d’une dizaine de ces engins, tous en parfait état. Il s’avança et en ouvrit un au hasard. Il était vide.
« Vide aussi, ainsi que celui-là, dit Detroit en se dirigeant vers un autre congélateur.
-M’est avis qu’ils sont tous vide, mais pourquoi entreposer tous ces congélos dans un appartement, et plus précisément dans un salon ? »
Thourn se baissa et dénicha une étiquette. Sur celle-ci était marqué au stylo, d’une écriture manuscrite penchée, le mot DarKenshin. Thourn se retourna et vit que sur une autre était noté Hilde. Et que la plupart des appareils portaient un nom. Quatre d’entre eux étaient même en route et ronronnaient furieusement.
« Tu as vu les noms sur les étiquettes ? demanda Thourn.
-Oui. Il y en a plein, mais je ne sais pas ce que ça signifie.
-Sur les quatre congélateurs qui sont en marche, les noms sont DarKenshin, Dalisc, Pythagore et Viper Dragoon. Ça te dit quelque chose ?
-Rien. On dirait des noms de héros, ou de méchants, dans des bandes dessinées. Pythagore, c’était pas un inventeur, ou un truc comme ça ?
-Ah on voit bien que tu étais dans la presse à scandale et pas dans le journalisme intello, toi. Mais bref. Je me demande si ces noms ont un rapport avec celui-ci… »
Il extirpa de sa poche le morceau de papier fripé qui portait la mention À ma très chère Séphy-Roshou, nous te retrouverons. Séphy-Roshou. Ce nom, ou ce surnom, collait assez bien avec ceux qu’on trouvait ça et là sur les congélateurs. Tout comme celui de Mr.Magnum. Serge Thourn eut un flash, et une idée lui vint soudainement, comme seules savent le faire les idées surprises :
« Des pseudonymes, dit-il à voix haute. Ce sont des pseudonymes !
-Des pseudo-quoi ? répéta Detroit, inquiet.
-Des pseudonymes, abruti ! Des sobriquets, des surnoms, des fausses identités imaginées par des adolescent qui… »
Un second éclair de génie s’ajouta au premier, aveuglant presque le commissaire qui se sentit vaciller. Le choc, peut-être la douleur aussi, tout cela contribua à le faire tituber jusqu’au mur le plus proche pour s’y adosser. Et, tandis qu’il glissait lentement dos au mur pour s’asseoir à même le sol, alors que ses pensées s’agitaient en tout sens en se souvenant de l’entrevue avec le frère de celui qui se faisait appeler Mr.Magnum, il susurra pour lui-même :
« …qui traînent sur des forums sur Internet… »
Un hurlement sourd fit sursauter les quatre Trauméniens, qui émergèrent d’un sommeil sans rêves. Wee-Ree-Cat se releva le premier et s’ébroua tel un chat. Des cliquetis d’une armure en ferraille résonnèrent. Il s’arrêta de lui-même et regarda autour de lui. Il vit Aran qui détaillait du regard sa nouvelle tenue, intégralement noire, ainsi que sa longue cape qu’il arborait fièrement. Étant donné son sourire, on pouvait être tenté de croire qu’il était satisfait de son passage de vie à trépas.
Wee-Ree-Cat tourna la tête vers Night-Beast qui, contre toute attente, n’avait pas changé tant que ça. Aran avait parié, dans l’avion, que celui-ci se métamorphoserait en rappeur, ou en jeune des citées sensibles. Mais Night-Beast était resté Night-Beast. Mais alors que son coté obsédé était resté enfoui de son vivant, une fois en Trauménien, il ne se retenait plus : Entre le moment où le hurlement les avait réveillé et cet instant précis, il s’était d’ores et déjà dirigé vers Nina avec une rapidité stupéfiante et entreprenait de regarder avec avidité sa nouvelle apparence virtuelle.
Et celle-ci était effectivement assez agréable à contempler. Autant la Nina réelle était craquante, autant son enveloppe Trauménienne aurait fait fondre un iceberg en antarctique en quelques minutes. Un fin pelage beige strié de marron avait poussé sur tout son corps, accompagné d’une queue qui ondulait derrière elle. Ses cheveux noirs bouclés avaient laissé leur place à une coupe plus courte, presque au carrée, de cheveux roux. De longues oreilles de chat étaient également apparues de chaque coté de son visage félin.
Elle griffa Night-Beast, qui évita la patte de Nina et sautilla un peu plus loin. Wee-Ree-Cat regarda un moment les trois autres Trauméniens. Apparemment, ils avaient réussis à changer de forme, ce qui signifiait qu’ils étaient bels et bien morts. Wee-Ree-Cat revit brièvement les derniers instants de sa vie, l’Etna, le saut et… …et plus rien. Il soupira, provoquant de nouveaux cliquetis de ferraille. Il ouvrit les yeux, et s’examina alors pour la première fois en tant que nouveau mort.
« Ah mais pourquoi est-ce que je ressemble à Guidon des Samouraï Pizza Cats, merde ! » Mais avant qu’il ait eu le temps de râler à nouveau, le même hurlement sourd qui les avait sortit de leur sommeil résonna. Nina frissonna.
« Qu’est-ce que c’est que ce truc ? demanda Night-Beast, en s’intéressant pour la première fois à autre chose que ce qu’il y avait éventuellement sous la jupe de Nina. Aran Valentine haussa les épaules, épiant le bord de la falaise où ils se trouvaient.
Le décor n’avait pas énormément changé entre le fond du cratère de l’Etna, qu’ils avaient entraperçut avant de mourir, et le lieu où ils se trouvaient, où qu’ils soient. La chaleur était toujours présente, ainsi que l’obscurité ambiante entrecoupée d’éclats de lumières rougeâtres. De la lave, ou du feu, peut-être, se dit Aran en avançant prudemment. En tout cas, nous sommes morts et transformés en Trauméniens, ça c’est sûr !
« Aran, enfant de salaud, tu m’as poussé ! cria Wee-Ree-Cat.
-Et alors, tu as eu mal ? »
Wee-Ree-Cat se passa une main courtaude sur son visage de chat. La vision de chat noir engoncé dans une armure bleutée pouvait faire rire, mais le voir soudainement s’énerver et se jeter sur le grand blond habillé en noir fit éclater Night-Beast de rire.
« J’en suis mort, Aran, c’est tout de même pas rien ! Je suis mort pour sauver une fille que… que je n’apprécie pas plus que ça, en plus.
-Pourquoi tu es venu, alors ?
-J’ai jamais été en Sicile. »
Wee-Ree-Cat croisa les bras – du mieux qu’il put – et ferma les yeux, gardant une image des trois visages Trauméniens amusés qui le regardaient. Il remua comiquement des moustaches et releva le menton.
« De toute façon, j’en ai assez maintenant. Je me barre. Je prends la pilule de Hilde et je me casse. Si ça avait été elle, je ne dis pas, mais Séphy-Roshou, je n’en ai rien à cirer ! »
Les yeux clos, il ne vit pas les trois Trauméniens changer de tête en regardant derrière leur compagnon, puis en levant peu à peu les yeux. Il sentit simplement de légers coups de vents dans son dos.
« En plus, je ressemble à rien comme ça. Si encore j’avais été changé en beau brun ténébreux, mais même pas ! Je suis Guidon ! »
Un grognement derrière lui, aussi bas qu’un grondement de tonnerre, lui fit ouvrir les yeux. Il regarda quelques secondes les faces apeurées de ses compagnons.
« Quoi encore ? Vous allez me dire que je suis bien plus beau comme ça plutôt qu’en vrai ? Je m’en tape, je me casse ! » Il fit demi-tour en terminant sa phrase, rageur : « Et vous ne me retiendrez paaargh ! »
Il se retrouva nez à nez avec une tête de dragon. Son regard s’adapta, et il remarqua que neuf autres têtes de dragons s’agitaient autour de celle qui le fixait avec ardeur. Puis son regard changea encore et il vit que les têtes étaient rattachées à deux mains, elles-mêmes au bout de deux bras, tenus par un torse de singe – tête de singe comprise – avec des ailes d’aigle. Wee-Ree-Cat recula d’un pas, la mâchoire pendante, et remarqua que cette abomination avait en outre de multiples tentacules lui servant de membres antérieurs.
Et là, à ce moment précis, Wee-Ree-Cat oublia toutes ses rancoeurs et hurla, rapidement couvert par le rugissement du monstre qui volait devant lui.
Un bras émergea des décombres et tâtonna à l’aveuglette quelques instants. La poussière soulevée par l’explosion du plafond était retombée, et les doigts engourdis de Serge Thourn ne firent qu’essuyer la fine couche blanche. Il parvint enfin à trouver une prise et poussa de toutes ses forces le pan de placoplâtre qui pesait sur son torse. Une fois dégagé, il inspira durant une dizaine de minutes à longues goulées.
« Bordel de merde, qu’est-ce qui s’est passé ? »
Puis, dans un éclair, il songea à Detroit qui s’était penché vers lui dans l’intention de le relever, juste avant qu’il ne perde conscience. C’était la dernière image qu’il avait vue. Des bribes d’anciens souvenirs surgirent en lui, alors qu’il sortait péniblement des décombres : son ancien partenaire mort, son sang qui coulait sur la moquette de son appartement, Thourn versant des larmes pour celui qu’il avait considéré comme son fils, et…
…cet homme. Celui qu’il avait cherché durant des années, et dont il avait une fois encore retrouvé la piste. Celui qui avait été François Petit, qui avait été Kurt Magnum, qui avait été l’Agent Hadès, qui avait finalement prit le nom de Mr.Magnum. Et Thourn sentait que cet ultime rencontre scellerait enfin toutes ces années d’attente, et qu’il saurait. Qu’il comprendrait. Qu’il vengerait Justin et donnerait paix à son âme.
Un grognement le fit sortir de sa rêverie. Justin était mort, et il ne pouvait rien y faire, mais Sylvain Detroit, son nouvel acolyte, était manifestement encore en vie. Il se rua sur les décombres et arracha les débris les uns des autres, pour finir par apercevoir le visage ensanglanté de son coéquipier.
« Justin ! dit-il dans un souffle avant de se reprendre. Sylvain ! Sylvain, réveille-toi ! »
Il le sortit avec peine, ayant en tête des images de profanation de sépulture. Sylvain avait le visage comme recouvert de chaux, mais en même temps maculé d’un sang épais et collé à ses joues. Thourn ignorait combien de temps ils avaient passé là-dessous, mais il savait qu’il n’était pas trop tard : Detroit respirait encore, et ses blessures paraissaient légères.
« Sylvain, merde ! » brailla-t-il en lui envoyant une gifle. Celui-ci ouvrit les yeux et hurla, avec un retard certain : « Attention, le plafond !!
-T’es à la bourre. » grommela le commissaire en soufflant intérieurement. Malgré le non professionnalisme de Detroit, malgré son inexpérience, et même malgré son passé de journaliste, Serge Thourn avait fini par s’habituer à endurer sa présence, même s’il lui arrivait de souhaiter le voir ailleurs plutôt qu’avec lui. Mais en ce moment, Thourn était content de le voir s’essuyer la figure en marmonnant des excuses.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé, commissaire ?
-Alors ça, si je pouvais le savoir. » répondit Thourn en faisant quelques pas mal assurés. Ses jambes étaient encore engourdies par le séjour prolongé sous le plafond, et ses vêtements étaient pleins de poussière blanche. On aurait cru qu’il s’était jeté dans un bac de farine, ou de drogue. Un cisaillement au genou lui arracha un début de cri, qu’il réfréna.
« Commissaire ?
-C’est rien, un petit bobo. »
Il se baissa et regarda son pantalon déchiré au genou, qui laissait entrapercevoir une jambe tachée de sang. Un morceaux de bois était planté dans le bas de la cuisse, mais pas très profondément. Thourn l’ôta en serrant les dents, puis jeta le morceau derrière lui. Il inspecta la pièce : rien d’autre ne semblait être tombé, mis à part ce morceau précis du plafond. À croire que cette chute était quasiment intentionnelle.
Il leva les yeux vers l’endroit où le plafond avait déserté sa place, mais ne remarqua pas aux premiers abords de traces d’un quelconque piège, ni d’explosifs. Mais pourquoi le plafond avait-il cédé exactement au moment où il était entré ? L’espace entre la chambranle de la porte défoncée et le plafond était trop grand, il ne pouvait donc pas y avoir de relation. Et un plafond ne tombait pas intentionnellement sur des intrus.
« Vieille baraque moisie, dit Detroit en époussetant ses vêtements. On a vraiment joué de malchance.
-Je ne crois pas à la malchance. » répondit Thourn en penchant la tête de coté. Il regardait le bord du plafond resté accroché en hauteur. Son regard s’empara de toute la surface qui semblait avoir fondue, mais il ne comprenait pas comment, ni pourquoi.
« Vous n’auriez peut-être pas dû enfoncer la porte, remarquez.
-Rien à voir, Just… » Il se retint à nouveau. Pourquoi songea-t-il à lui en de pareils moments ? Il se rattrapa rapidement : « …juste une coïncidence. Regarde ! Entre la porte et le plafond, y a au moins un mètre. Et rien n’est fissuré.
-Ah oui, exact. Mais alors comment ça a pu arriver ?
-Peut-être de la même façon que ce meuble est tombé ? »
Serge Thourn faisait maintenant dos à la porte et au plafond éboulé, et s’était avancé dans le couloir. Il regardait avec attention une armoire qui gisait sur le flanc. Un des pied, ou de ce qu’il en restait semblait fondu. Comme le plafond. Mais le bois ne fondait pas, d’ordinaire. Il s’agenouilla et toucha le pied fondu de l’armoire, s’assurant que c’était bel et bien du bois et non une très bonne imitation en plastique.
Et il s’agissait bien de bois.
« En tout cas, s’il y a eu quelqu’un ici, ils ont profité de la chute du plafond pour s’enfuir. On est seuls.
-Dis plutôt qu’ils ont fait tomber le plafond sur nos tronches pour pouvoir foutre le camp sans problème, Detroit ! Si tu veux mon avis, c’est plutôt ce qu’il s’est passé !
-Mais, rétorqua Sylvain, comment ont-ils pu faire pour…
-On ne sait peut-être pas encore comment, mais on sait pourquoi maintenant. »
Thourn entendit une fenêtre claquer à l’autre bout de l’appartement, et se releva brusquement. Un peu trop brusquement peut-être, car il sentit son genou lui lancer un message de douleur assez intense. Mais Thourn se contenta de grogner et fonça vers l’endroit d’où était venu le bruit de fenêtre. Au bout du couloir, il s’arrêta. La fenêtre claqua à nouveau, et Detroit arriva derrière lui, légèrement essoufflé.
« Commissaire, on ne devrait peut-être pas courir partout après ce qu’il nous est arr…
-Ferme-la ! » répondit le commissaire en bousculant Detroit pour repartir dans l’autre sens. Il tourna à sa droite et pénétra dans ce qui devait être la cuisine. Devant lui, la fenêtre se mit à claquer à nouveau, à la faveur d’un léger vent qui venait de la cour de l’immeuble. Thourn ouvrit la fenêtre et se pencha. Personne.
Il soupira et s’assit sur une chaise.
« Encore trop tard… »
Il se passa une main sur la figure et se sentit soudainement fatigué. La route depuis Brest, puis son arrivée mouvementée dans l’appartement, tout ceci menaçait de lui filer le tournis. Il n’était plus de toute première jeunesse, et il le sentait précisément dans ces moments-là. Il entendit Detroit lui crier quelque chose de l’autre coté de l’appartement.
« Qu’est-ce qu’il y a, encore ? râla-t-il en se relevant avec peine et en se dirigeant vers l’entrée. Tu as trouvé quelque chose ?
-Des congélateurs ! Plein ! »
Qu’est-ce que j’en ai à foutre, de congélateurs ? songea Thourn en rejoignant son collègue dans le salon. Mais ce qu’il vit le surprit. Il s’attendait à en voir deux, peut-être même trois et à la limite quatre, mais il découvrit en réalité plus d’une dizaine de ces engins, tous en parfait état. Il s’avança et en ouvrit un au hasard. Il était vide.
« Vide aussi, ainsi que celui-là, dit Detroit en se dirigeant vers un autre congélateur.
-M’est avis qu’ils sont tous vide, mais pourquoi entreposer tous ces congélos dans un appartement, et plus précisément dans un salon ? »
Thourn se baissa et dénicha une étiquette. Sur celle-ci était marqué au stylo, d’une écriture manuscrite penchée, le mot DarKenshin. Thourn se retourna et vit que sur une autre était noté Hilde. Et que la plupart des appareils portaient un nom. Quatre d’entre eux étaient même en route et ronronnaient furieusement.
« Tu as vu les noms sur les étiquettes ? demanda Thourn.
-Oui. Il y en a plein, mais je ne sais pas ce que ça signifie.
-Sur les quatre congélateurs qui sont en marche, les noms sont DarKenshin, Dalisc, Pythagore et Viper Dragoon. Ça te dit quelque chose ?
-Rien. On dirait des noms de héros, ou de méchants, dans des bandes dessinées. Pythagore, c’était pas un inventeur, ou un truc comme ça ?
-Ah on voit bien que tu étais dans la presse à scandale et pas dans le journalisme intello, toi. Mais bref. Je me demande si ces noms ont un rapport avec celui-ci… »
Il extirpa de sa poche le morceau de papier fripé qui portait la mention À ma très chère Séphy-Roshou, nous te retrouverons. Séphy-Roshou. Ce nom, ou ce surnom, collait assez bien avec ceux qu’on trouvait ça et là sur les congélateurs. Tout comme celui de Mr.Magnum. Serge Thourn eut un flash, et une idée lui vint soudainement, comme seules savent le faire les idées surprises :
« Des pseudonymes, dit-il à voix haute. Ce sont des pseudonymes !
-Des pseudo-quoi ? répéta Detroit, inquiet.
-Des pseudonymes, abruti ! Des sobriquets, des surnoms, des fausses identités imaginées par des adolescent qui… »
Un second éclair de génie s’ajouta au premier, aveuglant presque le commissaire qui se sentit vaciller. Le choc, peut-être la douleur aussi, tout cela contribua à le faire tituber jusqu’au mur le plus proche pour s’y adosser. Et, tandis qu’il glissait lentement dos au mur pour s’asseoir à même le sol, alors que ses pensées s’agitaient en tout sens en se souvenant de l’entrevue avec le frère de celui qui se faisait appeler Mr.Magnum, il susurra pour lui-même :
« …qui traînent sur des forums sur Internet… »
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Un hurlement sourd fit sursauter les quatre Trauméniens, qui émergèrent d’un sommeil sans rêves. Wee-Ree-Cat se releva le premier et s’ébroua tel un chat. Des cliquetis d’une armure en ferraille résonnèrent. Il s’arrêta de lui-même et regarda autour de lui. Il vit Aran qui détaillait du regard sa nouvelle tenue, intégralement noire, ainsi que sa longue cape qu’il arborait fièrement. Étant donné son sourire, on pouvait être tenté de croire qu’il était satisfait de son passage de vie à trépas.
Wee-Ree-Cat tourna la tête vers Night-Beast qui, contre toute attente, n’avait pas changé tant que ça. Aran avait parié, dans l’avion, que celui-ci se métamorphoserait en rappeur, ou en jeune des citées sensibles. Mais Night-Beast était resté Night-Beast. Mais alors que son coté obsédé était resté enfoui de son vivant, une fois en Trauménien, il ne se retenait plus : Entre le moment où le hurlement les avait réveillé et cet instant précis, il s’était d’ores et déjà dirigé vers Nina avec une rapidité stupéfiante et entreprenait de regarder avec avidité sa nouvelle apparence virtuelle.
Et celle-ci était effectivement assez agréable à contempler. Autant la Nina réelle était craquante, autant son enveloppe Trauménienne aurait fait fondre un iceberg en antarctique en quelques minutes. Un fin pelage beige strié de marron avait poussé sur tout son corps, accompagné d’une queue qui ondulait derrière elle. Ses cheveux noirs bouclés avaient laissé leur place à une coupe plus courte, presque au carrée, de cheveux roux. De longues oreilles de chat étaient également apparues de chaque coté de son visage félin.
Elle griffa Night-Beast, qui évita la patte de Nina et sautilla un peu plus loin. Wee-Ree-Cat regarda un moment les trois autres Trauméniens. Apparemment, ils avaient réussis à changer de forme, ce qui signifiait qu’ils étaient bels et bien morts. Wee-Ree-Cat revit brièvement les derniers instants de sa vie, l’Etna, le saut et… …et plus rien. Il soupira, provoquant de nouveaux cliquetis de ferraille. Il ouvrit les yeux, et s’examina alors pour la première fois en tant que nouveau mort.
« Ah mais pourquoi est-ce que je ressemble à Guidon des Samouraï Pizza Cats, merde ! » Mais avant qu’il ait eu le temps de râler à nouveau, le même hurlement sourd qui les avait sortit de leur sommeil résonna. Nina frissonna.
« Qu’est-ce que c’est que ce truc ? demanda Night-Beast, en s’intéressant pour la première fois à autre chose que ce qu’il y avait éventuellement sous la jupe de Nina. Aran Valentine haussa les épaules, épiant le bord de la falaise où ils se trouvaient.
Le décor n’avait pas énormément changé entre le fond du cratère de l’Etna, qu’ils avaient entraperçut avant de mourir, et le lieu où ils se trouvaient, où qu’ils soient. La chaleur était toujours présente, ainsi que l’obscurité ambiante entrecoupée d’éclats de lumières rougeâtres. De la lave, ou du feu, peut-être, se dit Aran en avançant prudemment. En tout cas, nous sommes morts et transformés en Trauméniens, ça c’est sûr !
« Aran, enfant de salaud, tu m’as poussé ! cria Wee-Ree-Cat.
-Et alors, tu as eu mal ? »
Wee-Ree-Cat se passa une main courtaude sur son visage de chat. La vision de chat noir engoncé dans une armure bleutée pouvait faire rire, mais le voir soudainement s’énerver et se jeter sur le grand blond habillé en noir fit éclater Night-Beast de rire.
« J’en suis mort, Aran, c’est tout de même pas rien ! Je suis mort pour sauver une fille que… que je n’apprécie pas plus que ça, en plus.
-Pourquoi tu es venu, alors ?
-J’ai jamais été en Sicile. »
Wee-Ree-Cat croisa les bras – du mieux qu’il put – et ferma les yeux, gardant une image des trois visages Trauméniens amusés qui le regardaient. Il remua comiquement des moustaches et releva le menton.
« De toute façon, j’en ai assez maintenant. Je me barre. Je prends la pilule de Hilde et je me casse. Si ça avait été elle, je ne dis pas, mais Séphy-Roshou, je n’en ai rien à cirer ! »
Les yeux clos, il ne vit pas les trois Trauméniens changer de tête en regardant derrière leur compagnon, puis en levant peu à peu les yeux. Il sentit simplement de légers coups de vents dans son dos.
« En plus, je ressemble à rien comme ça. Si encore j’avais été changé en beau brun ténébreux, mais même pas ! Je suis Guidon ! »
Un grognement derrière lui, aussi bas qu’un grondement de tonnerre, lui fit ouvrir les yeux. Il regarda quelques secondes les faces apeurées de ses compagnons.
« Quoi encore ? Vous allez me dire que je suis bien plus beau comme ça plutôt qu’en vrai ? Je m’en tape, je me casse ! » Il fit demi-tour en terminant sa phrase, rageur : « Et vous ne me retiendrez paaargh ! »
Il se retrouva nez à nez avec une tête de dragon. Son regard s’adapta, et il remarqua que neuf autres têtes de dragons s’agitaient autour de celle qui le fixait avec ardeur. Puis son regard changea encore et il vit que les têtes étaient rattachées à deux mains, elles-mêmes au bout de deux bras, tenus par un torse de singe – tête de singe comprise – avec des ailes d’aigle. Wee-Ree-Cat recula d’un pas, la mâchoire pendante, et remarqua que cette abomination avait en outre de multiples tentacules lui servant de membres antérieurs.
Et là, à ce moment précis, Wee-Ree-Cat oublia toutes ses rancoeurs et hurla, rapidement couvert par le rugissement du monstre qui volait devant lui.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
« Il est toujours inconscient, Satana !
-Normal, il souffre trop, son esprit s’est déconnecté pour évincer la douleur. »
Fab se pencha de nouveau sur le genou de TheMaker, qui avait viré au bleu violacé, et dont le diamètre dépassait celui de sa cuisse. Ils l’avaient mit dans le lit de Lord Satana à peine arrivés chez lui, puis avait retirés précautionneusement son jean qui menaçait de craquer. Ce fut au moment de tirer sur la toile que TheMaker hurla le plus fort, avant de sombrer dans l’inconscience.
« On devrait appeler les urgences, ou le Samu, ou les pompiers. Ou bien l’emmener à l’hosto pour…
-…pour qu’ils nous posent des questions gênantes ? termina Lord Satana avec un ton méprisant. Bonne idée ! Et qu’allons-nous leur dire, à ces gens ? Qu’un ami à nous, chez qui sont morts deux policiers, a lancé une onde d’énergie sur une armoire et qu’elle a chût sur TheMaker ? Puis que nous nous sommes échappés en volant par la fenêtre de la cuisine, et que tout ceci n’est qu’un vulgaire accident ? »
Les trois autres Trauméniens regardèrent Lord Satana avec une once de soumission. Il le remarqua et sourit intérieurement. Mais il n’était pas encore temps pour lui de se lancer, alors il souffla lentement, les yeux fermés, et prit un visage conciliant. Il posa une main sur l’épaule de Fab, à sa gauche, une autre sur celle de Final Séraphin à sa droite, et regarda RazaëlAurélie dans les yeux.
« Ne vous en faite pas. Rappelez-vous ce que je vous ai promis : Nous sommes tous égaux, pas de chef ni de leader ! Je vais essayer quelque chose avec mes pouvoirs nouvellement acquis, et si ça ne fonctionne pas, alors nous irons à l’hôpital. Je ne le laisserai pas dans cet état, ni aucun… »
Il serra l’épaule de Fab.
« …d’entre… »
Il tapota celle de Final Séraphin.
« …vous. »
Il appuya son front sur celui de RazaëlAurélie. Ils restèrent ainsi quelques secondes, puis se séparèrent. Tous se sentaient mieux, plus calmes, moins apeurés par le futur. Lord Satana les fit sortir de la chambre, et referma la porte. Il se tourna vers TheMaker et soupira. Un soupir de fatigue, le soupir d’un comédien qui vient de terminer sa représentation, le sourire d’un clown qui peut enfin cesser de sourire bêtement.
Il s’assit aux cotés de TheMaker.
« Enfin seuls… » dit-il à voix haute.
[nOn, tU n’Est pAs sEUl, Et tU nE lE sErAs plUs jAmAIs]
Vous pouvez faire quelque chose ?
[tOI sEUl Y pEUt qUElqUE chOsE, lOrd sAtAnA]
Je… Je ne suis pas sûr d’y arriver… Je ne me suis pas encore entraîné assez pour un cas de figure aussi…
[InÉvItAblE ? cEttE OppOsItIOn À drAgOnnOIr ÉtAIt nÉcÉssAIrE… vItAlE, mÊmE… tU As bIEn vU lE rEgArd dE tA trOUpE, nOn ? l’EspOIr rEflEUrIssAIt dAns lEUrs YEUx…]
Mais je ne…
[tOI sEUl Y pEUt qUElqUE chOsE]
Lord Satana se pencha sur TheMaker et, sans réfléchir, posa ses mains sur la jambe enflée du Trauménien évanoui.
Je… je ne suis pas sûr d’y parvenir…
[Il tE sUffIt d’Y crOIrE… tOUt Est pOssIblE sI tU Y crOIs]
Une lumière blanche sembla sortir des paumes de Lord Satana. Celui-ci, légèrement surprit, eut pour réflexe de soulever ses mains.
[n’AI pAs pEUr, cE n’Est qUE tOn pOUvOIr qUI s’ÉvEIllE]
Lord Satana se concentra, comme lorsqu’il voulait prendre son apparence virtuelle. Il fixa son esprit sur ses mains, sur le pouvoir qu’il y sentait, et sur le genou de TheMaker.
Je… Je ne vais…
[tU pEUx lE fAIrE]
Je peux…
L’intensité de la lumière vacilla, puis augmenta soudainement. De l’autre coté de la porte, les Trauméniens virent un flash lumineux, comme celui d’un simple appareil photo, et ils se précipitèrent dans la chambre. Ils ouvrirent la porte avec fracas et ce qu’ils trouvèrent les figea sur place.
TheMaker était debout, face à eux, et semblait revenir d’un rêve, tandis que Lord Satana était affalé sur le lit et semblait épuisé.
Aran virevolta sur un pied, évitant de justesse deux têtes de dragons qui fendirent l’air et se plantèrent dans le sol. Sa faux trancha les deux cous qui se tortillèrent au sol avant de s’évaporer en des milliers de mouches furibondes. Aran les chassa d’un geste las de la main, tout en regardant la monstruosité volante se débattre avec sa propre douleur.
« Aran, hurla Nina derrière lui. Dépêche-toi !
-Je vais en finir avec ce truc, dit-il d’une voix forte. On n’est pas mort pour reculer à la première créature qu’on croisera.
-Ton arrogance te perdra, beau blond ! » lui lança Night-Beast avant de prendre Nina par la main. « Laisse-le combattre s’il en a envie, après tout. Et nous, on se barre.
-Mais…
-Pas de main, insista Night-Beast. Et on ferait mieux de rattraper Wee avant qu’il ne se paume dans un coin ! »
Le monstre mugit et s’élança sur Aran, qui bondit au dessus de lui pour éviter le coup. Mais la créature remonta d’un coup d’aile et se retrouva face à Aran. Ce dernier put voir une ombre de sourire sur le visage grimaçant du singe ailé.
« Merde, dit-il.
-Aran !! » Hurla Nina, échappant à la poigne de Night-Beast. Elle fit simplement deux pas et croisa le corps de son compagnon qui s’écrasa presque à ses pieds. La monstruosité rugit en signe de victoire. Nina se jeta à genoux et secoua Aran, qui hoqueta de douleur.
« Aran ! Aran tu es en vie ?!
-On ne peut pas exactement dire ça, ajouta Night-Beast en levant les yeux au ciel.
-Je… kof… Je ne suis pas encore habitué à ce nouveau corps… »
Nina le serra tout contre elle. Night-Beast regarda vers le monstre, qui était en vol stationnaire à quelques mètres d’eux seulement. Et il vit les deux moignons sanguinolents, où s’étaient trouvées les têtes de dragons tranchées par Aran, se mettre à bouillonner. Et, dans un hurlement bestial, les deux gueules de reptiles repoussèrent en chœur. Il vit même l’une d’entre elle claquer des dents, comme pour tester si sa mâchoire fonctionnait correctement, avant de regarder dans leur direction et de gronder.
« Euh, les tourtereaux, sans vouloir vous presser, je crois qu’on va avoir quelques menus problèmes si on se bouge pas d’ici une à deux secondes.
-Mais qu’est-ce que c’est que ce monde de merde !! »
Tous se tournèrent, créature simiesque ailée comprise, vers Wee-Ree-Cat qui courait à fond de train vers les Trauméniens. Il venait d’apparaître au détour d’une sombre galerie et semblait terrorisé. Plus terrorisé encore que lorsqu’il avait détalé face à la première créature. Et la raison de cette seconde frayeur déboula juste après lui. Nina hurla.
Un homme d’une stature imposante armé d’un immense marteau galopait à sa poursuite. Il cavalait à une vitesse hallucinante malgré une jambe de bois et son âge manifestement avancé. Mais ce qui était réellement terrifiant chez lui, car son apparence se révélait être simplement celle d’un humain standard, c’était la rage folle qui illuminait ses yeux.
Les Trauméniens restèrent pétrifiés lorsqu’il leur arriva dessus, mais au lieu de plonger son marteau sur eux, il sauta sur la créature ailée et s’accrocha à un de ses bras. Les Trauméniens pivotèrent lentement leurs têtes vers le combat entre l’homme et la bête. Celui-ci assenait de vastes coups de son arme sur l’épaule de la créature, qui hurlait. Entre deux de ces cris, les Trauméniens entendirent l’homme la sermonner :
« Je t’avais pourtant dit de rester sagement dans ton coin, saloperie de bestiole ! »
Le monstre beugla de douleur, mais finit par tournoyer sur lui-même et l’homme tomba sur le dos dans un immense fracas qui secoua tout autour d’eux. Aran regardait le combat avec de grands yeux éberlués.
« Si je dois me farcir l’homme après, je me rend d’office, je fais pas le poids.
-T’inquiète pas, c’est peut-être lui qui va te farcir une fois le combat terminé… »
Nina envoya un coup sur la tête de Night-Beast, tandis que l’homme s’était relevé et qu’il fonçait sur la chose avec rage. Il élança son marteau dans les tentacules du monstre, qui s’avéraient être en réalité des serpents, et en broya une bonne demi-douzaine. La créature gémit et trois de ses dragons crachèrent de jets de flammes sur lui. Il esquiva avec une agilité surprenante et lança son arme sur son assaillant avec force.
Les Trauméniens fermèrent les yeux et grimacèrent lorsqu’ils entendirent le craquement de l’aile défoncée, et la monstruosité tomber sur le sol. Lorsqu’ils les rouvrirent, ils virent l’inconnu arrimer solidement la créature à l’aide de chaînes dont un maillon faisait facilement la taille d’un adolescent, disons Night-Beast pour exemple. Quand il eut terminé d’attacher la chose, il se tourna vers les Trauméniens.
« Désolé pour l’accueil, dit-il avec gène. Je n’aurais pas dû le mettre en liberté, mais c’est plus pratique de nettoyer son antre lorsqu’il est absent, voyez ! »
L’homme s’approcha d’eux, puis passa une de ses mains devant le regard abasourdi de Wee-Ree-Cat, qui sursauta. Aran déglutit, puis osa finalement prendre la parole, révélant à voix haute les pensées de tout le groupe :
« Ce… Ce monstre, est-il…
-…mort ? Oh non ! Malheureusement, ce genre de bête légendaire, ça ne meurt pas si facilement. Il faudrait bien plus encore d’une foudre de Zeus pour le tuer ! »
Et il éclata d’un rire gras et retentissant. Les Trauméniens se regardèrent entre eux, perplexes, ne sachant exactement si cet homme était plus ou moins dangereux que la bête précédente. Était-ce comme dans certaine série d’animation japonaise, ou plus l’ennemi avait l’air inoffensif, plus il était cruel et dangereux ?
« C’est moi qui suit chargé de sa garde, en réalité, reprit l’inconnu. Mais comme personne ne vient dans le coin, parfois, je le laisse vaquer ça et là, le temps de nettoyer son chez lui, comme je vous l’ai dit. Je suppose qu’il a vu en vous une occasion de se faire un supplément de dîner ! »
Aran espéra que l’homme ne se remette pas à rire de cette plaisanterie foireuse, et l’homme ne le fit pas. Il se contenta de sourire, puis de tendre la main :
« Au fait, j’ai oublié de me présenter, je suis Héphaïstos. Ou Vulcain, selon en quoi vous croyez. De toute façon, tout le monde m’appelle le Boiteux, alors.
-Le forgeron des Dieux ? s’étonna Wee-Ree-Cat. Celui qui fabrique les foudres de Zeus, l’armure d’Achille, le trident de Poséidon, les flèches d’Artémis et d’Apollon, le…
-Oui, éclata de rire le Dieu. Tout ça !
-Comment sait-il tout ça sur lui ? » demanda Aran à voix basse. Nina haussa les épaules. Derrière le Dieu, la créature poussa un rugissement bestial avant de secouer les chaînes brutalement, tentant de se dégager. Héphaïstos se tourna vers le monstre.
« Calme-toi Typhon ! Je vais te dégager, mais seulement quand ces quatre-là seront partis d’ici ! D’ailleurs, leur demanda-t-il, qu’est-ce qu’il vous a prit de mourir dans un volcan ? C’est un suicide collectif ?
-On peut dire ça comme ça… » gromella Wee-Ree-Cat en regardant Aran méchamment. Ils étaient remis de leurs émotions, et avaient trouvés un allié, et pas des moindre. Un Dieu de l’Olympe. Aran Valentine commença alors à lui expliquer les raisons qui les avaient tous conduits à se jeter dans un volcan.
« Tout ça pour sauver une amie, s’étonna Héphaïstos à la fin du récit. Eh bien, humains, vous êtes bien courageux !
-Certains n’ont pas eu le choix, murmura Wee-Ree-Cat en talonnant le tibia d’Aran. Mais je ne vais pas rester ici plus longtemps ! Je suis ravi de vous avoir rencontré, monsieur le Dieu, mais j’ai la Sicile à visiter ! Sur ce, ciao ! »
Wee-Ree-Cat sortit la pilule et ouvrit la bouche pour la manger, mais Nina l’arrêta en lui saisissant le poignet. Wee-Ree-Cat ferma la bouche et dévisagea Nina.
« C’est toi qui va m’en empêcher, après ton copain ?
-Tu fais ce que tu veux, Wee… Mais n’oublie pas qu’il reste le problème des corps… »
Wee-Ree-Cat se remémora les derniers instants aux abords du volcan. Il avait demandé à Aran comment ils allaient ressusciter, puis l’hélicoptère avait déboulé, et ils avaient sauté, et ce problème, sa question, était restée en suspend. Contrairement à leurs corps qui avaient certainement été avalés par de la lave en fusion, ou s’étaient retrouvés étalés en de nombreuses flaques grumeleuse au fond du cratère.
Il baissa les bras d’un air dépité. Night-Beast sourit.
« En tout cas, reprit Héphaïstos qui n’avait rien saisi de la conversation qui venait de se dérouler et qui ne désirait rien en savoir, je n’ai pas vu votre amie dans les parages, ça non !
-Où pourrait-on commencer les recherches ? » se demanda Aran à voix haute. S’ils se trouvaient réellement dans l’au-delà de la Mythologie Grecque, ou Romaine, alors celle-ci était vaste à en crever, et il leurs faudrait une vie ou deux pour en faire le tour. Restaient deux solutions : Trouver rapidement quelqu’un qui l’avait vu ou une trace de son éventuel passage, ou bien trouver quelqu’un qui savait tout sur tout, passé, présent et futur compris dans le prix de groupe. Il réfléchit, et Héphaïstos le prit de court :
« Je vais vous emmener sur le mont Olympe, là où sièges les autres Dieux. S’il y a bien des personnes capables de vous renseigner, ce sont eux ! Nous partirons dès que j’aurais terminé de nettoyer les saloperies de Typhon. »
Il leur jeta un œil amusé.
« Si ça vous dit de m’aider… »
Et Wee-Ree-Cat s’écroula dans un bringuebalement sonore.
-Normal, il souffre trop, son esprit s’est déconnecté pour évincer la douleur. »
Fab se pencha de nouveau sur le genou de TheMaker, qui avait viré au bleu violacé, et dont le diamètre dépassait celui de sa cuisse. Ils l’avaient mit dans le lit de Lord Satana à peine arrivés chez lui, puis avait retirés précautionneusement son jean qui menaçait de craquer. Ce fut au moment de tirer sur la toile que TheMaker hurla le plus fort, avant de sombrer dans l’inconscience.
« On devrait appeler les urgences, ou le Samu, ou les pompiers. Ou bien l’emmener à l’hosto pour…
-…pour qu’ils nous posent des questions gênantes ? termina Lord Satana avec un ton méprisant. Bonne idée ! Et qu’allons-nous leur dire, à ces gens ? Qu’un ami à nous, chez qui sont morts deux policiers, a lancé une onde d’énergie sur une armoire et qu’elle a chût sur TheMaker ? Puis que nous nous sommes échappés en volant par la fenêtre de la cuisine, et que tout ceci n’est qu’un vulgaire accident ? »
Les trois autres Trauméniens regardèrent Lord Satana avec une once de soumission. Il le remarqua et sourit intérieurement. Mais il n’était pas encore temps pour lui de se lancer, alors il souffla lentement, les yeux fermés, et prit un visage conciliant. Il posa une main sur l’épaule de Fab, à sa gauche, une autre sur celle de Final Séraphin à sa droite, et regarda RazaëlAurélie dans les yeux.
« Ne vous en faite pas. Rappelez-vous ce que je vous ai promis : Nous sommes tous égaux, pas de chef ni de leader ! Je vais essayer quelque chose avec mes pouvoirs nouvellement acquis, et si ça ne fonctionne pas, alors nous irons à l’hôpital. Je ne le laisserai pas dans cet état, ni aucun… »
Il serra l’épaule de Fab.
« …d’entre… »
Il tapota celle de Final Séraphin.
« …vous. »
Il appuya son front sur celui de RazaëlAurélie. Ils restèrent ainsi quelques secondes, puis se séparèrent. Tous se sentaient mieux, plus calmes, moins apeurés par le futur. Lord Satana les fit sortir de la chambre, et referma la porte. Il se tourna vers TheMaker et soupira. Un soupir de fatigue, le soupir d’un comédien qui vient de terminer sa représentation, le sourire d’un clown qui peut enfin cesser de sourire bêtement.
Il s’assit aux cotés de TheMaker.
« Enfin seuls… » dit-il à voix haute.
[nOn, tU n’Est pAs sEUl, Et tU nE lE sErAs plUs jAmAIs]
Vous pouvez faire quelque chose ?
[tOI sEUl Y pEUt qUElqUE chOsE, lOrd sAtAnA]
Je… Je ne suis pas sûr d’y arriver… Je ne me suis pas encore entraîné assez pour un cas de figure aussi…
[InÉvItAblE ? cEttE OppOsItIOn À drAgOnnOIr ÉtAIt nÉcÉssAIrE… vItAlE, mÊmE… tU As bIEn vU lE rEgArd dE tA trOUpE, nOn ? l’EspOIr rEflEUrIssAIt dAns lEUrs YEUx…]
Mais je ne…
[tOI sEUl Y pEUt qUElqUE chOsE]
Lord Satana se pencha sur TheMaker et, sans réfléchir, posa ses mains sur la jambe enflée du Trauménien évanoui.
Je… je ne suis pas sûr d’y parvenir…
[Il tE sUffIt d’Y crOIrE… tOUt Est pOssIblE sI tU Y crOIs]
Une lumière blanche sembla sortir des paumes de Lord Satana. Celui-ci, légèrement surprit, eut pour réflexe de soulever ses mains.
[n’AI pAs pEUr, cE n’Est qUE tOn pOUvOIr qUI s’ÉvEIllE]
Lord Satana se concentra, comme lorsqu’il voulait prendre son apparence virtuelle. Il fixa son esprit sur ses mains, sur le pouvoir qu’il y sentait, et sur le genou de TheMaker.
Je… Je ne vais…
[tU pEUx lE fAIrE]
Je peux…
L’intensité de la lumière vacilla, puis augmenta soudainement. De l’autre coté de la porte, les Trauméniens virent un flash lumineux, comme celui d’un simple appareil photo, et ils se précipitèrent dans la chambre. Ils ouvrirent la porte avec fracas et ce qu’ils trouvèrent les figea sur place.
TheMaker était debout, face à eux, et semblait revenir d’un rêve, tandis que Lord Satana était affalé sur le lit et semblait épuisé.
*
* *
* *
Aran virevolta sur un pied, évitant de justesse deux têtes de dragons qui fendirent l’air et se plantèrent dans le sol. Sa faux trancha les deux cous qui se tortillèrent au sol avant de s’évaporer en des milliers de mouches furibondes. Aran les chassa d’un geste las de la main, tout en regardant la monstruosité volante se débattre avec sa propre douleur.
« Aran, hurla Nina derrière lui. Dépêche-toi !
-Je vais en finir avec ce truc, dit-il d’une voix forte. On n’est pas mort pour reculer à la première créature qu’on croisera.
-Ton arrogance te perdra, beau blond ! » lui lança Night-Beast avant de prendre Nina par la main. « Laisse-le combattre s’il en a envie, après tout. Et nous, on se barre.
-Mais…
-Pas de main, insista Night-Beast. Et on ferait mieux de rattraper Wee avant qu’il ne se paume dans un coin ! »
Le monstre mugit et s’élança sur Aran, qui bondit au dessus de lui pour éviter le coup. Mais la créature remonta d’un coup d’aile et se retrouva face à Aran. Ce dernier put voir une ombre de sourire sur le visage grimaçant du singe ailé.
« Merde, dit-il.
-Aran !! » Hurla Nina, échappant à la poigne de Night-Beast. Elle fit simplement deux pas et croisa le corps de son compagnon qui s’écrasa presque à ses pieds. La monstruosité rugit en signe de victoire. Nina se jeta à genoux et secoua Aran, qui hoqueta de douleur.
« Aran ! Aran tu es en vie ?!
-On ne peut pas exactement dire ça, ajouta Night-Beast en levant les yeux au ciel.
-Je… kof… Je ne suis pas encore habitué à ce nouveau corps… »
Nina le serra tout contre elle. Night-Beast regarda vers le monstre, qui était en vol stationnaire à quelques mètres d’eux seulement. Et il vit les deux moignons sanguinolents, où s’étaient trouvées les têtes de dragons tranchées par Aran, se mettre à bouillonner. Et, dans un hurlement bestial, les deux gueules de reptiles repoussèrent en chœur. Il vit même l’une d’entre elle claquer des dents, comme pour tester si sa mâchoire fonctionnait correctement, avant de regarder dans leur direction et de gronder.
« Euh, les tourtereaux, sans vouloir vous presser, je crois qu’on va avoir quelques menus problèmes si on se bouge pas d’ici une à deux secondes.
-Mais qu’est-ce que c’est que ce monde de merde !! »
Tous se tournèrent, créature simiesque ailée comprise, vers Wee-Ree-Cat qui courait à fond de train vers les Trauméniens. Il venait d’apparaître au détour d’une sombre galerie et semblait terrorisé. Plus terrorisé encore que lorsqu’il avait détalé face à la première créature. Et la raison de cette seconde frayeur déboula juste après lui. Nina hurla.
Un homme d’une stature imposante armé d’un immense marteau galopait à sa poursuite. Il cavalait à une vitesse hallucinante malgré une jambe de bois et son âge manifestement avancé. Mais ce qui était réellement terrifiant chez lui, car son apparence se révélait être simplement celle d’un humain standard, c’était la rage folle qui illuminait ses yeux.
Les Trauméniens restèrent pétrifiés lorsqu’il leur arriva dessus, mais au lieu de plonger son marteau sur eux, il sauta sur la créature ailée et s’accrocha à un de ses bras. Les Trauméniens pivotèrent lentement leurs têtes vers le combat entre l’homme et la bête. Celui-ci assenait de vastes coups de son arme sur l’épaule de la créature, qui hurlait. Entre deux de ces cris, les Trauméniens entendirent l’homme la sermonner :
« Je t’avais pourtant dit de rester sagement dans ton coin, saloperie de bestiole ! »
Le monstre beugla de douleur, mais finit par tournoyer sur lui-même et l’homme tomba sur le dos dans un immense fracas qui secoua tout autour d’eux. Aran regardait le combat avec de grands yeux éberlués.
« Si je dois me farcir l’homme après, je me rend d’office, je fais pas le poids.
-T’inquiète pas, c’est peut-être lui qui va te farcir une fois le combat terminé… »
Nina envoya un coup sur la tête de Night-Beast, tandis que l’homme s’était relevé et qu’il fonçait sur la chose avec rage. Il élança son marteau dans les tentacules du monstre, qui s’avéraient être en réalité des serpents, et en broya une bonne demi-douzaine. La créature gémit et trois de ses dragons crachèrent de jets de flammes sur lui. Il esquiva avec une agilité surprenante et lança son arme sur son assaillant avec force.
Les Trauméniens fermèrent les yeux et grimacèrent lorsqu’ils entendirent le craquement de l’aile défoncée, et la monstruosité tomber sur le sol. Lorsqu’ils les rouvrirent, ils virent l’inconnu arrimer solidement la créature à l’aide de chaînes dont un maillon faisait facilement la taille d’un adolescent, disons Night-Beast pour exemple. Quand il eut terminé d’attacher la chose, il se tourna vers les Trauméniens.
« Désolé pour l’accueil, dit-il avec gène. Je n’aurais pas dû le mettre en liberté, mais c’est plus pratique de nettoyer son antre lorsqu’il est absent, voyez ! »
L’homme s’approcha d’eux, puis passa une de ses mains devant le regard abasourdi de Wee-Ree-Cat, qui sursauta. Aran déglutit, puis osa finalement prendre la parole, révélant à voix haute les pensées de tout le groupe :
« Ce… Ce monstre, est-il…
-…mort ? Oh non ! Malheureusement, ce genre de bête légendaire, ça ne meurt pas si facilement. Il faudrait bien plus encore d’une foudre de Zeus pour le tuer ! »
Et il éclata d’un rire gras et retentissant. Les Trauméniens se regardèrent entre eux, perplexes, ne sachant exactement si cet homme était plus ou moins dangereux que la bête précédente. Était-ce comme dans certaine série d’animation japonaise, ou plus l’ennemi avait l’air inoffensif, plus il était cruel et dangereux ?
« C’est moi qui suit chargé de sa garde, en réalité, reprit l’inconnu. Mais comme personne ne vient dans le coin, parfois, je le laisse vaquer ça et là, le temps de nettoyer son chez lui, comme je vous l’ai dit. Je suppose qu’il a vu en vous une occasion de se faire un supplément de dîner ! »
Aran espéra que l’homme ne se remette pas à rire de cette plaisanterie foireuse, et l’homme ne le fit pas. Il se contenta de sourire, puis de tendre la main :
« Au fait, j’ai oublié de me présenter, je suis Héphaïstos. Ou Vulcain, selon en quoi vous croyez. De toute façon, tout le monde m’appelle le Boiteux, alors.
-Le forgeron des Dieux ? s’étonna Wee-Ree-Cat. Celui qui fabrique les foudres de Zeus, l’armure d’Achille, le trident de Poséidon, les flèches d’Artémis et d’Apollon, le…
-Oui, éclata de rire le Dieu. Tout ça !
-Comment sait-il tout ça sur lui ? » demanda Aran à voix basse. Nina haussa les épaules. Derrière le Dieu, la créature poussa un rugissement bestial avant de secouer les chaînes brutalement, tentant de se dégager. Héphaïstos se tourna vers le monstre.
« Calme-toi Typhon ! Je vais te dégager, mais seulement quand ces quatre-là seront partis d’ici ! D’ailleurs, leur demanda-t-il, qu’est-ce qu’il vous a prit de mourir dans un volcan ? C’est un suicide collectif ?
-On peut dire ça comme ça… » gromella Wee-Ree-Cat en regardant Aran méchamment. Ils étaient remis de leurs émotions, et avaient trouvés un allié, et pas des moindre. Un Dieu de l’Olympe. Aran Valentine commença alors à lui expliquer les raisons qui les avaient tous conduits à se jeter dans un volcan.
« Tout ça pour sauver une amie, s’étonna Héphaïstos à la fin du récit. Eh bien, humains, vous êtes bien courageux !
-Certains n’ont pas eu le choix, murmura Wee-Ree-Cat en talonnant le tibia d’Aran. Mais je ne vais pas rester ici plus longtemps ! Je suis ravi de vous avoir rencontré, monsieur le Dieu, mais j’ai la Sicile à visiter ! Sur ce, ciao ! »
Wee-Ree-Cat sortit la pilule et ouvrit la bouche pour la manger, mais Nina l’arrêta en lui saisissant le poignet. Wee-Ree-Cat ferma la bouche et dévisagea Nina.
« C’est toi qui va m’en empêcher, après ton copain ?
-Tu fais ce que tu veux, Wee… Mais n’oublie pas qu’il reste le problème des corps… »
Wee-Ree-Cat se remémora les derniers instants aux abords du volcan. Il avait demandé à Aran comment ils allaient ressusciter, puis l’hélicoptère avait déboulé, et ils avaient sauté, et ce problème, sa question, était restée en suspend. Contrairement à leurs corps qui avaient certainement été avalés par de la lave en fusion, ou s’étaient retrouvés étalés en de nombreuses flaques grumeleuse au fond du cratère.
Il baissa les bras d’un air dépité. Night-Beast sourit.
« En tout cas, reprit Héphaïstos qui n’avait rien saisi de la conversation qui venait de se dérouler et qui ne désirait rien en savoir, je n’ai pas vu votre amie dans les parages, ça non !
-Où pourrait-on commencer les recherches ? » se demanda Aran à voix haute. S’ils se trouvaient réellement dans l’au-delà de la Mythologie Grecque, ou Romaine, alors celle-ci était vaste à en crever, et il leurs faudrait une vie ou deux pour en faire le tour. Restaient deux solutions : Trouver rapidement quelqu’un qui l’avait vu ou une trace de son éventuel passage, ou bien trouver quelqu’un qui savait tout sur tout, passé, présent et futur compris dans le prix de groupe. Il réfléchit, et Héphaïstos le prit de court :
« Je vais vous emmener sur le mont Olympe, là où sièges les autres Dieux. S’il y a bien des personnes capables de vous renseigner, ce sont eux ! Nous partirons dès que j’aurais terminé de nettoyer les saloperies de Typhon. »
Il leur jeta un œil amusé.
« Si ça vous dit de m’aider… »
Et Wee-Ree-Cat s’écroula dans un bringuebalement sonore.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
3. L’Olympe.
Le dédale des catacombes parisiennes était impressionnant par son ampleur et sa complexité. Et même avec un plan préalablement imprimé et de nombreuses fois consulté, il était fréquent de connaître, ne serait-ce qu’un instant, le même sort que feu Philibert Aspairt, qui s’était perdu dans les catacombes le 3 novembre 1793 et qui n’a été retrouvé que onze ans plus tard, bien évidemment décédé.
« Donc, on est perdu, en conclut le Ionisateur Fou.
-Mais non, le rassura Q-Po en retournant une nouvelle fois la carte. Voyons, nous sommes arrivés de là et…
-Tu la tiens à l’envers.
-Oh ? Ah. Oui. Pardon. »
Il la remit à l’endroit et l’examina de près. Le Ionisateur Fou soupira, puis jeta un œil à la bande des Trauméniens exilés qui se reposaient dans la Salle du Chandelier. Ils semblaient tous harassés et démotivés. Il était loin, le temps où tous riaient aux éclats en célébrant le retour des premiers voyageurs de l’au-delà.
Dans un coin gisaient piteusement les sacs où reposaient les corps des Trauméniens qui n’étaient pas revenus. Les sacs avaient été doublés à la hâte avec d’autres isothermes remplis de glace, mais le réchauffement des corps posait toujours un problème assez urgent. Les porteurs, près des sacs, profitaient de la halte pour reprendre des forces.
« Il va falloir faire quelque chose pour les cadavres, DragonNoir, dit Laekh Traumen en se massant les bras. Ils vont finir par se réchauffer, et pourrir.
-Nous irons chercher les congélateurs lorsque nous serons arrivés à notre nouvelle base. Nous attendrons la nuit et j’irai en compagnie de Q-Po et Arkh. À nous trois, nous les transporterons grâce à nos nouveaux dons jusqu’ici. »
Ils se turent, laissant passer un groupe de trois jeunes filles qui gloussaient. Le Ionisateur Fou remonta ses lunettes d’un air perplexe.
« En espérant que vous ne rencontriez personne. Sinon, je peux tenter de modifier ma calculette chérie en lui incluant un programme de réfraction neuronale, comme dans Men In Black, et…
-Ça ira, LIF, lui répondit aussi gentiment qu’il le put DragonNoir.
-Ah, j’ai trouvé ! »
Q-Po étendit la carte sur un mur relativement sec et posa son doigt sur la salle où ils se trouvaient. Les autres Trauméniens se rapprochèrent en traînant la patte.
« Nous sommes passé par la Salle du Drapeau, une galerie EDF, nous avons longé l’Avenue du Maine et nous sommes remontés sur le chemin du Pilier Penché, vous vous rappelez ? »
Tous hochèrent la tête silencieusement.
« C’est ensuite que nous nous sommes trompés…
-Hum, dirent deux ou trois Trauméniens dans le fond.
-Oui, euh, que je me suis trompé, admit Q-Po. Au lieu de prendre le Carrefour de l’Octogone, nous avons continué au Nord, et nous avons atterri ici. Mais là, je sais où aller ! On va continuer tout droit jusqu’à la Diagonale du Nord, et la suivre jusqu’au Carrefour des Morts. Ensuite… ensuite…
-Ensuite on sera de nouveau perdu, hein ? » railla Jamic.
Alors que Q-Po déterminait le trajet qu’il restait à parcourir, Arkh attira DragonNoir à l’écart. Une fois hors de la salle, il le plaça de telle façon qu’il puisse voir l’ensemble des Trauméniens qui siégeaient dans la Salle du Chandelier.
« Tu les vois, là ? lui demanda-t-il.
-Oui… Oui, je les vois, mais qu’est-ce que tu veux me montrer ? demanda DragonNoir.
-Je veux te montrer les troupes qui nous restent, par rapport à celle dont nous disposions au départ. Je veux te montrer l’ardeur qui nous reste, par rapport à celui qui nous animait au départ. Je veux te montrer que les Trauméniens sont fatigués, et que leur moral est au plus bas. Et plus que tout, DragonNoir… »
Arkh se tourna vers DragonNoir et plongea ses yeux dans les sien. DragonNoir n’avait jamais remarqué à quel point ce dernier pouvait être mature dans certaines circonstances. Il suivit les conseils de son compagnon et regarda les visages usés par la fatigue et les diverses pertes, par une mission qu’ils n’auraient peut-être pas cru si difficile de prime abord.
Il vit la peur dans certains regards, la peur de l’inconnu, de la Mort, mais aussi de cet ennemi qui avait trouvé une incarnation bien plus terrifiante dans la réalité que sur Traumen. Il vit la colère, la colère de s’être laisser entraîner dans un jeu dont ils ne maîtrisaient pas toutes les règles. En revanche…
En revanche il ne vit presque plus de traces de la détermination première qui avait attisé les passions, les premiers temps de cette grande aventure. Il est temps que tout ceci se termine, disaient certains faciès éreinté. Je veux retrouver ma vie banale d’avant, disaient d’autres. Les Trauméniens n’avaient pas besoin d’exprimer à haute voix leurs pensées, celles-ci se lisaient sans peine sur leurs visages.
C’est ceci qu’Arkh avait voulu lui montrer, et il comprenait. Il comprenait d’autant plus que lui aussi était fatigué, lui aussi avait peur et était en colère. Il en voulait à Séphy-Roshou de s’être laisser mourir si facilement, il en voulait à Mr.Magnum d’avoir osé inventer une méthode aussi tarabustée pour aller la secourir, il en voulait à Mistrophera de leur mettre des bâtons dans les roues, il en voulait à Séphira Strife de ne pas être revenue du monde des morts…
…et plus que tout, il s’en voulait à lui-même, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir comment réussir à relancer cette équipe qui, longtemps auparavant, avait fonctionné du feu de Dieu. Il s’en voulait de baisser les bras après tout ce qu’ils avait vécus.
« …nous sommes en train de perdre la bataille. » acheva enfin Arkh. Il retourna auprès des autres Trauméniens, laissant DragonNoir à ses sombres pensées. Et celui-ci, dans la pénombre des catacombes parisiennes, retenait à grande peine son envie de fuir à toute jambes ce spectacle désolant.
Mistrophera éclata de rire. Ça ne Lui était pas arrivé depuis une éternité, et Il savoura cet instant avec délice. Dès qu’Il sentait Son envie de rire se tarir, Il regardait rapidement Son moniteur principal, et repartait de plus belle. Sur cet écran de contrôle, noyé parmi des dizaines d’autres qui remplissaient tout un mur de cette salle sans cesse dans une semi pénombre, on pouvait distinguer une silhouette avachie contre un mur.
Cette silhouette semblait au bord du gouffre. C’était un homme fluet, à première vue, et dont le moral ne semblait pas vraiment à un niveau très élevé. Peut-être même pleurait-il, accablé par son sort, seul dans un recoin des catacombes de Paris, à milles lieux de Lui. Mais Mistrophera le voyait, pourtant, et Il prenait un plaisir magistral à observer sa déconfiture.
« Incroyable, finit-Il par dire entre deux hoquets. Je le croyais plus fort que ça. Par écrit, il a une verve acérée, mais dès qu’il s’agit de travaux pratiques, DragonNoir n’est qu’une loque sans intérêt aucun ! »
Il détourna Ses yeux de Ses écrans pour les poser sur Ses généraux. Radamenthe, Pasteqman et IL se tenaient devant Lui, immobiles. Lord FireFly était toujours en mission, et il n’avait pu être présent, mais Mistrophera ne s’en souciait pas. Ce dernier avait fort à faire là où il était, et sa présence n’était pas indispensable.
Les trois Trauméniens renégats, si on pouvait les appeler ainsi, étaient sous leurs formes virtuelles. Leurs apparences n’étaient pas tellement différentes de leur enveloppe charnelle terrienne, mis à part IL dont l’allure générale était bien plus svelte et élancé. De plus, IL préférait rester sous sa forme virtuelle, car sa nervosité face à Mistrophera était bien moins développée qu’en tant que simple humain.
« Bien, dit-Il. Les Trauméniens sont dispersés, et ce de plus en plus. Tout ceci grâce à Moi et à Mon sens de l’organisation. Certains sont sous Mon contrôle, mais il en reste bien d’autres. Et c’est maintenant que cela va se jouer. Dorénavant, il nous faut capturer un maximum de Trauméniens pour tous les réunir dans leur nouveau chez eux. »
Acquiescement chez les généraux. IL leva tout de même la main, curieux.
« Que nous vaut l’honneur d’une prise de parole, IL ?
-Je me demandais… Comment allons-nous faire avec le groupe principal ? Celui de DragonNoir ? Ils nous connaissent maintenant, et ils ne se laisseront plus manipuler…
-Mais il n’y a pas besoin de s’occuper d’eux, IL : Nous allons tout simplement attendre qu’ils nous envoient d’autres cobayes, qu’ils se tuent eux-mêmes, et nous les cueillerons lorsqu’ils seront bien mûrs, comme les autres. »
IL recula d’un pas. Les autres restèrent muets. Mistrophera les regarda un moment, admirant Son armée comme on admire des chiens bien dressés. Tout se déroulait comme Il l’avait prévu et, dans un sens, ça Le dérangeait. Il n’aimait pas que tout fonctionne, Il préférait qu’il y ait des accrocs, des problèmes. Des imprévus.
« Voilà ce que nous allons faire, reprit-Il. IL, tu vas aller rechercher Séphy-Roshou. Je te laisse mener tes recherches à ta guise, et c’est un privilège, crois-Moi, après ton échec cuisant. Radamenthe, tu vas aller voir Albert Fish et Loki pour les ramener ici. Il faut que Je leur parle. Ensuite, J’aurais une autre mission pour toi. »
Sans attendre plus, les deux Trauméniens concernés s’inclinèrent et se retirèrent. Pasteqman resta seul face à Mistrophera. Celui-ci sourit, et son général fit de même.
« Lord FireFly devrait être arrivé avec Youfie, et l’avoir enfermé avec les autres. J’irai leur rendre visite après, à Magnum, Fury, Squall, K-Ro, Erwan, Haschatan, qui doivent se demander ce qu’ils font ici. Enfin… Seuls cinq d’entre eux se le demande, en vérité.
-Vous voulez que j’aille libérer le traître ? »
Mistrophera se retourna vers ses écrans, et en alluma un. Celui de la cellule où était prisonnier le tout premier groupe de Trauméniens décédés. Il les regarda un à un, et s’attarda sur Fury, en fronçant les sourcils. Celui-ci se frottait la tête.
Le dédale des catacombes parisiennes était impressionnant par son ampleur et sa complexité. Et même avec un plan préalablement imprimé et de nombreuses fois consulté, il était fréquent de connaître, ne serait-ce qu’un instant, le même sort que feu Philibert Aspairt, qui s’était perdu dans les catacombes le 3 novembre 1793 et qui n’a été retrouvé que onze ans plus tard, bien évidemment décédé.
« Donc, on est perdu, en conclut le Ionisateur Fou.
-Mais non, le rassura Q-Po en retournant une nouvelle fois la carte. Voyons, nous sommes arrivés de là et…
-Tu la tiens à l’envers.
-Oh ? Ah. Oui. Pardon. »
Il la remit à l’endroit et l’examina de près. Le Ionisateur Fou soupira, puis jeta un œil à la bande des Trauméniens exilés qui se reposaient dans la Salle du Chandelier. Ils semblaient tous harassés et démotivés. Il était loin, le temps où tous riaient aux éclats en célébrant le retour des premiers voyageurs de l’au-delà.
Dans un coin gisaient piteusement les sacs où reposaient les corps des Trauméniens qui n’étaient pas revenus. Les sacs avaient été doublés à la hâte avec d’autres isothermes remplis de glace, mais le réchauffement des corps posait toujours un problème assez urgent. Les porteurs, près des sacs, profitaient de la halte pour reprendre des forces.
« Il va falloir faire quelque chose pour les cadavres, DragonNoir, dit Laekh Traumen en se massant les bras. Ils vont finir par se réchauffer, et pourrir.
-Nous irons chercher les congélateurs lorsque nous serons arrivés à notre nouvelle base. Nous attendrons la nuit et j’irai en compagnie de Q-Po et Arkh. À nous trois, nous les transporterons grâce à nos nouveaux dons jusqu’ici. »
Ils se turent, laissant passer un groupe de trois jeunes filles qui gloussaient. Le Ionisateur Fou remonta ses lunettes d’un air perplexe.
« En espérant que vous ne rencontriez personne. Sinon, je peux tenter de modifier ma calculette chérie en lui incluant un programme de réfraction neuronale, comme dans Men In Black, et…
-Ça ira, LIF, lui répondit aussi gentiment qu’il le put DragonNoir.
-Ah, j’ai trouvé ! »
Q-Po étendit la carte sur un mur relativement sec et posa son doigt sur la salle où ils se trouvaient. Les autres Trauméniens se rapprochèrent en traînant la patte.
« Nous sommes passé par la Salle du Drapeau, une galerie EDF, nous avons longé l’Avenue du Maine et nous sommes remontés sur le chemin du Pilier Penché, vous vous rappelez ? »
Tous hochèrent la tête silencieusement.
« C’est ensuite que nous nous sommes trompés…
-Hum, dirent deux ou trois Trauméniens dans le fond.
-Oui, euh, que je me suis trompé, admit Q-Po. Au lieu de prendre le Carrefour de l’Octogone, nous avons continué au Nord, et nous avons atterri ici. Mais là, je sais où aller ! On va continuer tout droit jusqu’à la Diagonale du Nord, et la suivre jusqu’au Carrefour des Morts. Ensuite… ensuite…
-Ensuite on sera de nouveau perdu, hein ? » railla Jamic.
Alors que Q-Po déterminait le trajet qu’il restait à parcourir, Arkh attira DragonNoir à l’écart. Une fois hors de la salle, il le plaça de telle façon qu’il puisse voir l’ensemble des Trauméniens qui siégeaient dans la Salle du Chandelier.
« Tu les vois, là ? lui demanda-t-il.
-Oui… Oui, je les vois, mais qu’est-ce que tu veux me montrer ? demanda DragonNoir.
-Je veux te montrer les troupes qui nous restent, par rapport à celle dont nous disposions au départ. Je veux te montrer l’ardeur qui nous reste, par rapport à celui qui nous animait au départ. Je veux te montrer que les Trauméniens sont fatigués, et que leur moral est au plus bas. Et plus que tout, DragonNoir… »
Arkh se tourna vers DragonNoir et plongea ses yeux dans les sien. DragonNoir n’avait jamais remarqué à quel point ce dernier pouvait être mature dans certaines circonstances. Il suivit les conseils de son compagnon et regarda les visages usés par la fatigue et les diverses pertes, par une mission qu’ils n’auraient peut-être pas cru si difficile de prime abord.
Il vit la peur dans certains regards, la peur de l’inconnu, de la Mort, mais aussi de cet ennemi qui avait trouvé une incarnation bien plus terrifiante dans la réalité que sur Traumen. Il vit la colère, la colère de s’être laisser entraîner dans un jeu dont ils ne maîtrisaient pas toutes les règles. En revanche…
En revanche il ne vit presque plus de traces de la détermination première qui avait attisé les passions, les premiers temps de cette grande aventure. Il est temps que tout ceci se termine, disaient certains faciès éreinté. Je veux retrouver ma vie banale d’avant, disaient d’autres. Les Trauméniens n’avaient pas besoin d’exprimer à haute voix leurs pensées, celles-ci se lisaient sans peine sur leurs visages.
C’est ceci qu’Arkh avait voulu lui montrer, et il comprenait. Il comprenait d’autant plus que lui aussi était fatigué, lui aussi avait peur et était en colère. Il en voulait à Séphy-Roshou de s’être laisser mourir si facilement, il en voulait à Mr.Magnum d’avoir osé inventer une méthode aussi tarabustée pour aller la secourir, il en voulait à Mistrophera de leur mettre des bâtons dans les roues, il en voulait à Séphira Strife de ne pas être revenue du monde des morts…
…et plus que tout, il s’en voulait à lui-même, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir comment réussir à relancer cette équipe qui, longtemps auparavant, avait fonctionné du feu de Dieu. Il s’en voulait de baisser les bras après tout ce qu’ils avait vécus.
« …nous sommes en train de perdre la bataille. » acheva enfin Arkh. Il retourna auprès des autres Trauméniens, laissant DragonNoir à ses sombres pensées. Et celui-ci, dans la pénombre des catacombes parisiennes, retenait à grande peine son envie de fuir à toute jambes ce spectacle désolant.
*
* *
* *
Mistrophera éclata de rire. Ça ne Lui était pas arrivé depuis une éternité, et Il savoura cet instant avec délice. Dès qu’Il sentait Son envie de rire se tarir, Il regardait rapidement Son moniteur principal, et repartait de plus belle. Sur cet écran de contrôle, noyé parmi des dizaines d’autres qui remplissaient tout un mur de cette salle sans cesse dans une semi pénombre, on pouvait distinguer une silhouette avachie contre un mur.
Cette silhouette semblait au bord du gouffre. C’était un homme fluet, à première vue, et dont le moral ne semblait pas vraiment à un niveau très élevé. Peut-être même pleurait-il, accablé par son sort, seul dans un recoin des catacombes de Paris, à milles lieux de Lui. Mais Mistrophera le voyait, pourtant, et Il prenait un plaisir magistral à observer sa déconfiture.
« Incroyable, finit-Il par dire entre deux hoquets. Je le croyais plus fort que ça. Par écrit, il a une verve acérée, mais dès qu’il s’agit de travaux pratiques, DragonNoir n’est qu’une loque sans intérêt aucun ! »
Il détourna Ses yeux de Ses écrans pour les poser sur Ses généraux. Radamenthe, Pasteqman et IL se tenaient devant Lui, immobiles. Lord FireFly était toujours en mission, et il n’avait pu être présent, mais Mistrophera ne s’en souciait pas. Ce dernier avait fort à faire là où il était, et sa présence n’était pas indispensable.
Les trois Trauméniens renégats, si on pouvait les appeler ainsi, étaient sous leurs formes virtuelles. Leurs apparences n’étaient pas tellement différentes de leur enveloppe charnelle terrienne, mis à part IL dont l’allure générale était bien plus svelte et élancé. De plus, IL préférait rester sous sa forme virtuelle, car sa nervosité face à Mistrophera était bien moins développée qu’en tant que simple humain.
« Bien, dit-Il. Les Trauméniens sont dispersés, et ce de plus en plus. Tout ceci grâce à Moi et à Mon sens de l’organisation. Certains sont sous Mon contrôle, mais il en reste bien d’autres. Et c’est maintenant que cela va se jouer. Dorénavant, il nous faut capturer un maximum de Trauméniens pour tous les réunir dans leur nouveau chez eux. »
Acquiescement chez les généraux. IL leva tout de même la main, curieux.
« Que nous vaut l’honneur d’une prise de parole, IL ?
-Je me demandais… Comment allons-nous faire avec le groupe principal ? Celui de DragonNoir ? Ils nous connaissent maintenant, et ils ne se laisseront plus manipuler…
-Mais il n’y a pas besoin de s’occuper d’eux, IL : Nous allons tout simplement attendre qu’ils nous envoient d’autres cobayes, qu’ils se tuent eux-mêmes, et nous les cueillerons lorsqu’ils seront bien mûrs, comme les autres. »
IL recula d’un pas. Les autres restèrent muets. Mistrophera les regarda un moment, admirant Son armée comme on admire des chiens bien dressés. Tout se déroulait comme Il l’avait prévu et, dans un sens, ça Le dérangeait. Il n’aimait pas que tout fonctionne, Il préférait qu’il y ait des accrocs, des problèmes. Des imprévus.
« Voilà ce que nous allons faire, reprit-Il. IL, tu vas aller rechercher Séphy-Roshou. Je te laisse mener tes recherches à ta guise, et c’est un privilège, crois-Moi, après ton échec cuisant. Radamenthe, tu vas aller voir Albert Fish et Loki pour les ramener ici. Il faut que Je leur parle. Ensuite, J’aurais une autre mission pour toi. »
Sans attendre plus, les deux Trauméniens concernés s’inclinèrent et se retirèrent. Pasteqman resta seul face à Mistrophera. Celui-ci sourit, et son général fit de même.
« Lord FireFly devrait être arrivé avec Youfie, et l’avoir enfermé avec les autres. J’irai leur rendre visite après, à Magnum, Fury, Squall, K-Ro, Erwan, Haschatan, qui doivent se demander ce qu’ils font ici. Enfin… Seuls cinq d’entre eux se le demande, en vérité.
-Vous voulez que j’aille libérer le traître ? »
Mistrophera se retourna vers ses écrans, et en alluma un. Celui de la cellule où était prisonnier le tout premier groupe de Trauméniens décédés. Il les regarda un à un, et s’attarda sur Fury, en fronçant les sourcils. Celui-ci se frottait la tête.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
« Encore des migraines ? » demanda Erwan Linvorge à un Fury qui, adossé aux barreaux de la cellule, avait les yeux fermés et serrait les dents. Depuis qu’ils étaient arrivés ici, la voix n’avait cessé de lui torturer l’esprit. Il parvint tout de même à articuler faiblement :
« Ça va… »
Tu te mens encore, éructa mentalement la voix du lutin. Toi et tes compagnons êtes morts, et vos âmes sont perdues à jamais !
« Comment cet endroit peut-il exister ? » s’étonna Squall. Il passa une main sur le mur, bel et bien réel. Depuis leur incarcération, il avait examiné tout ce qu’il avait pu, sans trouver la moindre faille. Cet endroit, aussi irréel qu’il aurait dû être, était aussi matériel qu’eux-mêmes. Il n’en revenait pas.
« On se trouve peut-être là où tous les Trauméniens vont lorsqu’il meurent ? hasarda Haschatan. Ce qui n’explique pas pourquoi on a été emprisonné…
-Ni les horreurs qu’on a rencontré en arrivant ici, ajouta Erwan.
-Je continue à dire qu’on devrait tenter de s’échapper ! »
Ils se tournèrent tous vers K-Ro, qui continuait à tenter de limer les barreaux avec Kefka. Celui-ci se contentait de geindre faiblement, après avoir passé des heures à hurler à la mort. Squall se passa une main sur la figure.
« K-Ro, on t’a déjà dit que…
-Mais il ne sent plus rien ! Il ne crie même plus !
-Il est à la limite de l’inconscience, là, remarqua Erwan.
-Au moins, il ne se débat plus, et on ne perd plus de temps !
-Il pourrait nous être encore utile ! En plus, il bave sur les barreaux plutôt qu’autre chose, là… » dit Haschatan. K-Ro reposa Kefka par terre, et le gifla violemment. Ce dernier sembla émerger de cet état second que son cerveau lui avait imposé pour survivre.
« Gnié ? gémit-il.
-Pourquoi tu baves sur les barreaux ?! s’égosilla K-Ro. Il faut que tu les ronges avec tes dents, ou à l’usure, mais si tu baves dessus, ça glissera et tu ne les entailleras pas ! »
Squall baissa les bras. Puis il entendit un bruit inidentifiable venant du couloir d’où eux-mêmes étaient arrivés. Il se jeta contre le mur et invita tout le monde à faire de même.
« Faites attention, on ne sait pas qui va arriver.
-Peut-être est-ce l’un des nôtres venu nous chercher ? dit K-Ro en essuyant distraitement les lèvres de Kefka avec un chiffon sale. Il faudrait peut-être le prévenir que les cellules sont piégées, non ? »
Squall regarda Erwan, qui haussa les épaules. Après tout, s’ils étaient emprisonnés et non morts – une seconde fois – c’est que celui qui avait édifié ce bâtiment les voulait en vie, et ils ne risquaient donc rien à…
« Faites attention à ne pas entrer dans les cellules, hurla Squall. Elles se referment automatiquement !
-Inutile. » dit simplement Mr.Magnum. Il savait exactement qui venait, il l’avait déjà vu. Erwan regarda son ami, puis se retourna vers le couloir qui s’étendait derrière les barreaux. Fury y était toujours accolé, en se tenant la tête. Les pas se rapprochèrent, bientôt accompagnés d’une ombre qui se découpait sur les murs bleutés de l’édifice. L’ombre semblait porter un sac dans ses bras.
Fury jeta un œil derrière lui, vit l’ombre et la voix s’accapara immédiatement de son imagination pour formuler les pires pensées : Et voilà, on t’apporte le corps décomposé de ta petite amie, et elle sera votre repas pour les semaines à venir, jusqu’à ce que vous mourriez à nouveau, encore et encore. Fury essuya les gouttes de sueur sur son front.
« Eh bien, dit la voix, quel accueil ! Vous prenez bien soin de vos ravisseurs, c’est sympa ! Je ne m’attendais pas à ça. »
Ils virent Lord FireFly s’arrêter devant leur cellule, un sac de toile dans les bras et le sourire aux lèvres. Il posa son sac à ses pieds, et mit ses mains sur ses hanches, tel un inspecteur devant une classe d’élèves.
« Pardon pour l’attente, mais j’ai été retardé. »
Il poussa distraitement du pied le sac en toile, qui remua.
« Lord FireFly ! s’écria Erwan en fonçant sur les barreaux. Alors c’était bien toi que Magnum avait vu chez les Dames Blanches !
-Tout à fait. Mais qu’il m’ai vu ou non n’a rien changé : Vous êtes tout de même tombé dans le piège qu’Il vous avait tendu.
-Qui donc ? demanda Squall avec humeur. Je déteste qu’on me manipule ! »
Il s’élança, Gunblade en avant, sur les barreaux entre lui et Lord FireFly. Comme il s’y était attendu, les tiges de métal résistèrent à son assaut, mais Squall redressa son arme et fit feu sur le Trauménien. Celui-ci leva la main et un filet de feu l’enveloppa. Les balles ricochèrent et terminèrent leurs courses dans les murs autour de Lord FireFly. L’une d’elles frôla le sac et fit un trou dans le sol.
« Oh là, modéro-mégalo, ricana Lord FireFly en faisant disparaître sa protection enflammée. Tu risques de toucher votre précieuse invitée ! »
Sans attendre de réponse, il ouvrit un panneau dans le mur et appuya sur un bouton. Deux barreaux s’enfoncèrent dans le sol en quelques secondes. Fury vit avant tout le monde la brèche et, étant le plus près, prit appui sur son pied pour faire une roulade vers l’extérieur. Lord FireFly se baissa pour attraper le sac.
« Non non, gentil toutou, on reste bien sage ! »
Il appuya le dernier mot en lançant le sac en toile sur Fury, qui le reçu de plein fouet et qui roula à l’intérieur de la cellule dans un cri de douleur étouffé, accompagné d’un autre gémissement venant du sac en question. Lord FireFly effleura de nouveau le bouton, et les deux barres réapparurent comme par magie.
« Allez, les gars ! À bientôt ! Je dois préparer Sa venue ! »
Et il s’en alla le pas léger, en gloussant doucement. Squall aida Fury à se relever, mais ce dernier le repoussa avec rage.
« C’est bon, je vais bien ! »
Non tu ne vas pas bien, depuis qu’elle n’est plus là. Tu ne vas pas bien, et tu n’iras plus jamais bien, tout ça parce que tu l’as laiss…
« Ta gueule, putain ! »
Tous se turent, et regardèrent Fury, les larmes aux yeux, s’accroupir au même endroit qu’auparavant et mettre sa tête entre ses mains. Le sac remua encore, et Erwan l’ouvrit fébrilement. Derrière lui, K-Ro s’approcha, affamée :
« C’est du chocolat ?
-Mon Dieu non, s’exclama Erwan en ouvrant le sac. C’est…
-…Youfie ! »
Squall se rua sur elle et la hissa hors du sac, qu’il jeta dans un coin. Il l’allongea sur le sol et lui tapota les joues. Elle était blanche comme un linge et gémissait de temps à autre. Malgré les tentatives de Squall, elle ne se réveilla pas.
« Dieu sait ce que lui a fait FireFly.
-Il ne perd rien pour attendre, ce salaud…
-Squall, dit Haschatan, on croirait une mauvaise série B.
-Pff, c’est même pas du chocolat. »
Erwan se releva et regarda le groupe. Squall et Haschatan étaient penchés sur Youfie, inconsciente. Fury était prostré dans un coin et semblait souffrir atrocement. K-Ro et Kefka étaient tout deux silencieux de l’autre coté de la cellule, ce qui était relativement inquiétant. Et Mr.Magnum était dos au mur, dans le fond, et semblait réfléchir. Erwan soupira.
Le seul espoir de s’enfuir est de compter sur les Trauméniens restants.
Aran se tourna vers Nina et lui décocha un sourire ravi. Cette dernière lui rendit et leurs mains se serrèrent. Ils avaient tout les deux l’impression d’être comme les amis de Peter Pan en route vers le Pays Imaginaire, sauf qu’ils volaient aux cotés du Dieu Hermès et que ce n’étaient pas les enfants perdus qu’il allaient rencontrer, mais les Dieux de l’Olympe. Néanmoins, imagination aidant, il continuaient à sourire en voyant le paysage défiler à des kilomètres sous eux.
Derrière eux, NightBeast tentaient de multiples pirouettes et autres chorégraphies aériennes, notant mentalement celles qui lui procuraient le plus de sensations. Il essayait la triple vrille en piqué lorsque Wee-Ree-Cat se mit à hurler à nouveau, obligeant NightBeast à se boucher les oreilles en ronchonnant, et aux deux tourtereaux à sortir de leur rêverie.
Héphaïstos, après avoir terminé sa corvée avec Typhon, avait appelé Hermès, le messager des Dieux, pour qu’il vienne à sa forge et conduise les Trauméniens à l’Olympe. Aran avait expliqué à Hermès leur but en venant ici, brièvement, et le Dieu avait accepté de les mener au palais des divinités. Il les avait néanmoins prévenu que les Dieux n’étaient pas faciles à manipuler, et qu’il auraient certainement énormément de difficultés à obtenir les renseignements qu’ils désiraient :
« J’espère que vous êtes prêts à tout pour savoir si votre amie est passée ici, avait-il même ajouté.
-Nous avons été jusqu’à mourir pour elle. » avait simplement répondu Aran. Et devant les regards décidés des Trauméniens – Wee-Ree-Cat mis à part, étant donné qu’il ne cessait de ronchonner dans son coin – Hermès leur avait finalement fait signe d’approcher. Il avait agité son caducée devant eux et s’était tout simplement élevé dans les airs, en leur indiquant de faire de même. Aran, Nina et NightBeast s’était envolé sans trop de mal, mais Wee-Ree-Cat avait encore dû se faire remarquer :
« J’y arrive pas ! avait-il beuglé plein de mauvaise foi.
-C’est pourtant simple, avait rétorqué NightBeast en tourbillonnant sur lui-même. Il suffit d’y croire…
-Ferme-la, toi ! Je ne peux pas, alors on insiste pas et je vous attend sagement avec le gros dingue et le monstre, ok ?
-Hors de question, avait tranché Aran. Si on commence à se séparer, nous n’y arriverons pas. Fais un effort et décolle, nom d’un chien.
-Miaou. » avait craché Wee-Ree-Cat. Mais il avait finalement fallu l’intervention d’Hermès pour que le groupe prenne son essor. Le Dieu avait employé la manière forte : Après avoir porté le Trauménien au dehors du cratère, il l’avait tout simplement lâché. Wee-Ree-Cat avait hurlé, hurlé encore et encore, puis avait finalement réussis à ralentir, puis se stabiliser. Il avait crié encore un bon moment avant de s’arrêter.
Mais là, il venait de recommencer.
« Qu’est-ce qu’il y a, le matou ? demanda NightBeast.
-J’ai le vertige, merde ! Je supporte pas la hauteur, tout ça !
-Ferme les yeux, répondit NightBeast avec un clin d’œil. Et profites-en pour fermer ta bouche. »
Wee-Ree-Cat envoya un coup de griffe vers NightBeast, mais l’adolescent était déjà loin et se bidonnait avec application. Mais au moins, Wee-Ree-Cat cessa de hurler. Quelques minutes plus tard, Hermès leur annonça qu’ils étaient en vue de l’Olympe, et qu’il fallaient qu’il amorcent leur descente.
« Tout d’abord, commença Hermès, laissez-moi vous introduire…
-Bigu ! gloussa NightBeast derrière lui.
-…auprès des Dieux. Ne dites rien, je vous présenterais et leur expliquerais. Ils ont la sale manie de tout embrouiller, et de se jouer des mortels. »
Les Trauméniens et Hermès se posèrent aux pieds d’un immense escalier au sommet duquel se tenait le plus grand et le plus luxueux palais qui n’ait certainement jamais existé. Nina se retourna mais le sol où reposaient les marches ne s’étendait pas à plus de cent mètres autour d’eux. Ils se trouvaient sur une sorte d’îlot volant qui surplombait une vaste étendue de plaine. Était-ce la Terre des hommes, ou autre chose ? Elle l’ignorait.
« Et vous, finit par demander Nina, est-ce que vous ne risquez pas de vous jouer de nous ? »
Le Dieu sourit et répondit calmement « Qui sait ? », avant de monter les marches.
Le temps s’écoula rapidement jusqu’à ce que Hermès réapparaisse en haut de marches. Il était tellement haut qu’il dû leur faire signe de venir, car crier n’aurait même servit à rien. Mais avant que les Trauméniens se mettent à escalader les premières marches, une superbe femme apparut à leur cotés.
Elle était d’une beauté sans pareil, surpassant même celle des Dieux – le peu que les Trauméniens en avaient vu. Son corps parfait n’était voilé que du strict minimum, à savoir une simple toge moirée à demi transparente qui faisait bien plus que laisser entrevoir la physionomie avantageuse de la femme. Et elle souriait, le plus beau sourire de la création très certainement, adressé aux quatre humains qui n’osaient plus remuer d’un pouce, subjugués par tant de magnificence. Même Nina, pas particulièrement attirée par la gente féminine, se sentit troublée par cette apparition.
« Bienvenus, illustres humains aux cœurs courageux… » dit-elle. Sa voix était mélodieuse et insufflait à ceux qui l’entendaient un sentiment de bonheur et d’amour sans fin. Wee-Ree-Cat soupira de concert avec NightBeast.
« Votre quête est noble et sans nulle autre pareille, je suis impressionnée de découvrir après ces milliers d’années passés à contempler vos frasques, des humains qui ont un tel sens du devoir et du don de soi.
-Ça, le don de soi, tu connais… N’est-ce pas Aphrodite ?
-Je me passerais de tes réflexions, Mercure, rétorqua la déesse de l’amour.
-Je n’aime pas qu’on m’appelle ainsi.
-Je sais. »
Les Trauméniens, toujours immobiles, regardaient avec un peu d’appréhension la tension qui grimpait en flèche entre les deux êtres divins, redoutant le moment de l’explosion. Mais il n’en fut rien : Aphrodite finit par disparaître de la même façon qu’elle était venue et Hermès les conduisit sans un mot jusqu’en haut des marches.
Une immense porte de marbre noir, de cinq ou six mètres de hauteur au bas mot, les séparait encore des Olympiens, et Hermès leur recommanda une dernière fois, avant de pénétrer dans le domaine des Dieux :
« N’oubliez surtout pas que ces personnages ne sont pas de votre coté : S’il peuvent vous mettre des bâtons dans les roues, ils le feront dans le simple but de se divertir. Nous sommes apparus il y a des milliers d’années, et les moyens de se divertir se font rares…
-Mais alors pourquoi vous nous aidez, vous ? demanda Nina.
-Que vous ayez confiance en moi ou non, je ne fais qu’énoncer une vérité immuable. Les Dieux sont ainsi faits, mais pour ma part, je préfère égayer ma longue vie en vous aidant. Si vous êtes méfiants à mon égard, je ne vous en voudrais pas, au contraire : C’est cette paranoïa qui est nécessaire lorsqu’on entre au palais de l’Olympe. »
Hermès poussa ainsi la porte, sur ces quelques mots, et les Trauméniens entrèrent dans la demeure des Dieux.
« Ça va… »
Tu te mens encore, éructa mentalement la voix du lutin. Toi et tes compagnons êtes morts, et vos âmes sont perdues à jamais !
« Comment cet endroit peut-il exister ? » s’étonna Squall. Il passa une main sur le mur, bel et bien réel. Depuis leur incarcération, il avait examiné tout ce qu’il avait pu, sans trouver la moindre faille. Cet endroit, aussi irréel qu’il aurait dû être, était aussi matériel qu’eux-mêmes. Il n’en revenait pas.
« On se trouve peut-être là où tous les Trauméniens vont lorsqu’il meurent ? hasarda Haschatan. Ce qui n’explique pas pourquoi on a été emprisonné…
-Ni les horreurs qu’on a rencontré en arrivant ici, ajouta Erwan.
-Je continue à dire qu’on devrait tenter de s’échapper ! »
Ils se tournèrent tous vers K-Ro, qui continuait à tenter de limer les barreaux avec Kefka. Celui-ci se contentait de geindre faiblement, après avoir passé des heures à hurler à la mort. Squall se passa une main sur la figure.
« K-Ro, on t’a déjà dit que…
-Mais il ne sent plus rien ! Il ne crie même plus !
-Il est à la limite de l’inconscience, là, remarqua Erwan.
-Au moins, il ne se débat plus, et on ne perd plus de temps !
-Il pourrait nous être encore utile ! En plus, il bave sur les barreaux plutôt qu’autre chose, là… » dit Haschatan. K-Ro reposa Kefka par terre, et le gifla violemment. Ce dernier sembla émerger de cet état second que son cerveau lui avait imposé pour survivre.
« Gnié ? gémit-il.
-Pourquoi tu baves sur les barreaux ?! s’égosilla K-Ro. Il faut que tu les ronges avec tes dents, ou à l’usure, mais si tu baves dessus, ça glissera et tu ne les entailleras pas ! »
Squall baissa les bras. Puis il entendit un bruit inidentifiable venant du couloir d’où eux-mêmes étaient arrivés. Il se jeta contre le mur et invita tout le monde à faire de même.
« Faites attention, on ne sait pas qui va arriver.
-Peut-être est-ce l’un des nôtres venu nous chercher ? dit K-Ro en essuyant distraitement les lèvres de Kefka avec un chiffon sale. Il faudrait peut-être le prévenir que les cellules sont piégées, non ? »
Squall regarda Erwan, qui haussa les épaules. Après tout, s’ils étaient emprisonnés et non morts – une seconde fois – c’est que celui qui avait édifié ce bâtiment les voulait en vie, et ils ne risquaient donc rien à…
« Faites attention à ne pas entrer dans les cellules, hurla Squall. Elles se referment automatiquement !
-Inutile. » dit simplement Mr.Magnum. Il savait exactement qui venait, il l’avait déjà vu. Erwan regarda son ami, puis se retourna vers le couloir qui s’étendait derrière les barreaux. Fury y était toujours accolé, en se tenant la tête. Les pas se rapprochèrent, bientôt accompagnés d’une ombre qui se découpait sur les murs bleutés de l’édifice. L’ombre semblait porter un sac dans ses bras.
Fury jeta un œil derrière lui, vit l’ombre et la voix s’accapara immédiatement de son imagination pour formuler les pires pensées : Et voilà, on t’apporte le corps décomposé de ta petite amie, et elle sera votre repas pour les semaines à venir, jusqu’à ce que vous mourriez à nouveau, encore et encore. Fury essuya les gouttes de sueur sur son front.
« Eh bien, dit la voix, quel accueil ! Vous prenez bien soin de vos ravisseurs, c’est sympa ! Je ne m’attendais pas à ça. »
Ils virent Lord FireFly s’arrêter devant leur cellule, un sac de toile dans les bras et le sourire aux lèvres. Il posa son sac à ses pieds, et mit ses mains sur ses hanches, tel un inspecteur devant une classe d’élèves.
« Pardon pour l’attente, mais j’ai été retardé. »
Il poussa distraitement du pied le sac en toile, qui remua.
« Lord FireFly ! s’écria Erwan en fonçant sur les barreaux. Alors c’était bien toi que Magnum avait vu chez les Dames Blanches !
-Tout à fait. Mais qu’il m’ai vu ou non n’a rien changé : Vous êtes tout de même tombé dans le piège qu’Il vous avait tendu.
-Qui donc ? demanda Squall avec humeur. Je déteste qu’on me manipule ! »
Il s’élança, Gunblade en avant, sur les barreaux entre lui et Lord FireFly. Comme il s’y était attendu, les tiges de métal résistèrent à son assaut, mais Squall redressa son arme et fit feu sur le Trauménien. Celui-ci leva la main et un filet de feu l’enveloppa. Les balles ricochèrent et terminèrent leurs courses dans les murs autour de Lord FireFly. L’une d’elles frôla le sac et fit un trou dans le sol.
« Oh là, modéro-mégalo, ricana Lord FireFly en faisant disparaître sa protection enflammée. Tu risques de toucher votre précieuse invitée ! »
Sans attendre de réponse, il ouvrit un panneau dans le mur et appuya sur un bouton. Deux barreaux s’enfoncèrent dans le sol en quelques secondes. Fury vit avant tout le monde la brèche et, étant le plus près, prit appui sur son pied pour faire une roulade vers l’extérieur. Lord FireFly se baissa pour attraper le sac.
« Non non, gentil toutou, on reste bien sage ! »
Il appuya le dernier mot en lançant le sac en toile sur Fury, qui le reçu de plein fouet et qui roula à l’intérieur de la cellule dans un cri de douleur étouffé, accompagné d’un autre gémissement venant du sac en question. Lord FireFly effleura de nouveau le bouton, et les deux barres réapparurent comme par magie.
« Allez, les gars ! À bientôt ! Je dois préparer Sa venue ! »
Et il s’en alla le pas léger, en gloussant doucement. Squall aida Fury à se relever, mais ce dernier le repoussa avec rage.
« C’est bon, je vais bien ! »
Non tu ne vas pas bien, depuis qu’elle n’est plus là. Tu ne vas pas bien, et tu n’iras plus jamais bien, tout ça parce que tu l’as laiss…
« Ta gueule, putain ! »
Tous se turent, et regardèrent Fury, les larmes aux yeux, s’accroupir au même endroit qu’auparavant et mettre sa tête entre ses mains. Le sac remua encore, et Erwan l’ouvrit fébrilement. Derrière lui, K-Ro s’approcha, affamée :
« C’est du chocolat ?
-Mon Dieu non, s’exclama Erwan en ouvrant le sac. C’est…
-…Youfie ! »
Squall se rua sur elle et la hissa hors du sac, qu’il jeta dans un coin. Il l’allongea sur le sol et lui tapota les joues. Elle était blanche comme un linge et gémissait de temps à autre. Malgré les tentatives de Squall, elle ne se réveilla pas.
« Dieu sait ce que lui a fait FireFly.
-Il ne perd rien pour attendre, ce salaud…
-Squall, dit Haschatan, on croirait une mauvaise série B.
-Pff, c’est même pas du chocolat. »
Erwan se releva et regarda le groupe. Squall et Haschatan étaient penchés sur Youfie, inconsciente. Fury était prostré dans un coin et semblait souffrir atrocement. K-Ro et Kefka étaient tout deux silencieux de l’autre coté de la cellule, ce qui était relativement inquiétant. Et Mr.Magnum était dos au mur, dans le fond, et semblait réfléchir. Erwan soupira.
Le seul espoir de s’enfuir est de compter sur les Trauméniens restants.
*
* *
* *
Aran se tourna vers Nina et lui décocha un sourire ravi. Cette dernière lui rendit et leurs mains se serrèrent. Ils avaient tout les deux l’impression d’être comme les amis de Peter Pan en route vers le Pays Imaginaire, sauf qu’ils volaient aux cotés du Dieu Hermès et que ce n’étaient pas les enfants perdus qu’il allaient rencontrer, mais les Dieux de l’Olympe. Néanmoins, imagination aidant, il continuaient à sourire en voyant le paysage défiler à des kilomètres sous eux.
Derrière eux, NightBeast tentaient de multiples pirouettes et autres chorégraphies aériennes, notant mentalement celles qui lui procuraient le plus de sensations. Il essayait la triple vrille en piqué lorsque Wee-Ree-Cat se mit à hurler à nouveau, obligeant NightBeast à se boucher les oreilles en ronchonnant, et aux deux tourtereaux à sortir de leur rêverie.
Héphaïstos, après avoir terminé sa corvée avec Typhon, avait appelé Hermès, le messager des Dieux, pour qu’il vienne à sa forge et conduise les Trauméniens à l’Olympe. Aran avait expliqué à Hermès leur but en venant ici, brièvement, et le Dieu avait accepté de les mener au palais des divinités. Il les avait néanmoins prévenu que les Dieux n’étaient pas faciles à manipuler, et qu’il auraient certainement énormément de difficultés à obtenir les renseignements qu’ils désiraient :
« J’espère que vous êtes prêts à tout pour savoir si votre amie est passée ici, avait-il même ajouté.
-Nous avons été jusqu’à mourir pour elle. » avait simplement répondu Aran. Et devant les regards décidés des Trauméniens – Wee-Ree-Cat mis à part, étant donné qu’il ne cessait de ronchonner dans son coin – Hermès leur avait finalement fait signe d’approcher. Il avait agité son caducée devant eux et s’était tout simplement élevé dans les airs, en leur indiquant de faire de même. Aran, Nina et NightBeast s’était envolé sans trop de mal, mais Wee-Ree-Cat avait encore dû se faire remarquer :
« J’y arrive pas ! avait-il beuglé plein de mauvaise foi.
-C’est pourtant simple, avait rétorqué NightBeast en tourbillonnant sur lui-même. Il suffit d’y croire…
-Ferme-la, toi ! Je ne peux pas, alors on insiste pas et je vous attend sagement avec le gros dingue et le monstre, ok ?
-Hors de question, avait tranché Aran. Si on commence à se séparer, nous n’y arriverons pas. Fais un effort et décolle, nom d’un chien.
-Miaou. » avait craché Wee-Ree-Cat. Mais il avait finalement fallu l’intervention d’Hermès pour que le groupe prenne son essor. Le Dieu avait employé la manière forte : Après avoir porté le Trauménien au dehors du cratère, il l’avait tout simplement lâché. Wee-Ree-Cat avait hurlé, hurlé encore et encore, puis avait finalement réussis à ralentir, puis se stabiliser. Il avait crié encore un bon moment avant de s’arrêter.
Mais là, il venait de recommencer.
« Qu’est-ce qu’il y a, le matou ? demanda NightBeast.
-J’ai le vertige, merde ! Je supporte pas la hauteur, tout ça !
-Ferme les yeux, répondit NightBeast avec un clin d’œil. Et profites-en pour fermer ta bouche. »
Wee-Ree-Cat envoya un coup de griffe vers NightBeast, mais l’adolescent était déjà loin et se bidonnait avec application. Mais au moins, Wee-Ree-Cat cessa de hurler. Quelques minutes plus tard, Hermès leur annonça qu’ils étaient en vue de l’Olympe, et qu’il fallaient qu’il amorcent leur descente.
« Tout d’abord, commença Hermès, laissez-moi vous introduire…
-Bigu ! gloussa NightBeast derrière lui.
-…auprès des Dieux. Ne dites rien, je vous présenterais et leur expliquerais. Ils ont la sale manie de tout embrouiller, et de se jouer des mortels. »
Les Trauméniens et Hermès se posèrent aux pieds d’un immense escalier au sommet duquel se tenait le plus grand et le plus luxueux palais qui n’ait certainement jamais existé. Nina se retourna mais le sol où reposaient les marches ne s’étendait pas à plus de cent mètres autour d’eux. Ils se trouvaient sur une sorte d’îlot volant qui surplombait une vaste étendue de plaine. Était-ce la Terre des hommes, ou autre chose ? Elle l’ignorait.
« Et vous, finit par demander Nina, est-ce que vous ne risquez pas de vous jouer de nous ? »
Le Dieu sourit et répondit calmement « Qui sait ? », avant de monter les marches.
Le temps s’écoula rapidement jusqu’à ce que Hermès réapparaisse en haut de marches. Il était tellement haut qu’il dû leur faire signe de venir, car crier n’aurait même servit à rien. Mais avant que les Trauméniens se mettent à escalader les premières marches, une superbe femme apparut à leur cotés.
Elle était d’une beauté sans pareil, surpassant même celle des Dieux – le peu que les Trauméniens en avaient vu. Son corps parfait n’était voilé que du strict minimum, à savoir une simple toge moirée à demi transparente qui faisait bien plus que laisser entrevoir la physionomie avantageuse de la femme. Et elle souriait, le plus beau sourire de la création très certainement, adressé aux quatre humains qui n’osaient plus remuer d’un pouce, subjugués par tant de magnificence. Même Nina, pas particulièrement attirée par la gente féminine, se sentit troublée par cette apparition.
« Bienvenus, illustres humains aux cœurs courageux… » dit-elle. Sa voix était mélodieuse et insufflait à ceux qui l’entendaient un sentiment de bonheur et d’amour sans fin. Wee-Ree-Cat soupira de concert avec NightBeast.
« Votre quête est noble et sans nulle autre pareille, je suis impressionnée de découvrir après ces milliers d’années passés à contempler vos frasques, des humains qui ont un tel sens du devoir et du don de soi.
-Ça, le don de soi, tu connais… N’est-ce pas Aphrodite ?
-Je me passerais de tes réflexions, Mercure, rétorqua la déesse de l’amour.
-Je n’aime pas qu’on m’appelle ainsi.
-Je sais. »
Les Trauméniens, toujours immobiles, regardaient avec un peu d’appréhension la tension qui grimpait en flèche entre les deux êtres divins, redoutant le moment de l’explosion. Mais il n’en fut rien : Aphrodite finit par disparaître de la même façon qu’elle était venue et Hermès les conduisit sans un mot jusqu’en haut des marches.
Une immense porte de marbre noir, de cinq ou six mètres de hauteur au bas mot, les séparait encore des Olympiens, et Hermès leur recommanda une dernière fois, avant de pénétrer dans le domaine des Dieux :
« N’oubliez surtout pas que ces personnages ne sont pas de votre coté : S’il peuvent vous mettre des bâtons dans les roues, ils le feront dans le simple but de se divertir. Nous sommes apparus il y a des milliers d’années, et les moyens de se divertir se font rares…
-Mais alors pourquoi vous nous aidez, vous ? demanda Nina.
-Que vous ayez confiance en moi ou non, je ne fais qu’énoncer une vérité immuable. Les Dieux sont ainsi faits, mais pour ma part, je préfère égayer ma longue vie en vous aidant. Si vous êtes méfiants à mon égard, je ne vous en voudrais pas, au contraire : C’est cette paranoïa qui est nécessaire lorsqu’on entre au palais de l’Olympe. »
Hermès poussa ainsi la porte, sur ces quelques mots, et les Trauméniens entrèrent dans la demeure des Dieux.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
4. Première épreuve : Athéna.
Le rire tonitruant de Bacchus, dont les vapeurs d’alcool s’étendaient encore plus loin que sa bouche encore pleine de restes de nourriture à peine mâchée, résonna dans la demeure des Dieux. Résonna ‘encore une fois’ devrait-on dire, étant donné que ce Dieu n’arrêtait pas de rire dès qu’une occasion se présentait, et même lorsqu’il n’y avait rien de drôle. Il faisait un peu penser aux rires enregistrés qu’on trouve dans les sitcoms et qui se mettent en route dès que Lola hausse les épaules ou que Justine refait ses lacets.
Zeus lança un regard noir à Bacchus, qui s’essuya les yeux et termina son verre qui ne cessait de se remplir tout seul. Puis il se tourna vers NightBeast et fronça les sourcils, tel un père réprobateur, avant de reprendre la parole :
« Comme je viens de vous le dire avant cette interruption : Pourquoi devrions-nous vous aider à retrouver votre amie ?
-Si vous ne voulez pas, on se débrouillera sans vous, c’est tout… »
Nina envoya son coude dans les cotes de son compagnon, qui roula des yeux. Si on ne peut plus dire la vérité, alors, songea-t-il. Zeus frotta sa barbe immaculée pensivement, un sourire se dessinant sous son visage de marbre. À ses cotés, les autres divinités trônaient, toutes rassemblées pour l’occasion. Des humains qui viennent de leur propre chef rencontrer les Dieux pour leur soumettre une requête, c’était un bon moyen de se distraire, et aucun d’entre eux n’avait voulu manquer à l’appel.
Zeus, au centre, présidait l’assemblée. À sa droite siégeaient Héra, la Déesse du Mariage, Arès, le Dieu de la Guerre, et Poséidon, le Dieu des Mers et des Océans. De l’autre coté se tenaient Artémis, la Déesse de la Chasse, et Athéna, la Déesse de la Sagesse, accompagné de Déméter, la déesse de l’Agriculture, et de Bacchus, le Dieu de la Vigne et du Vin. Hestia était aux pieds du maître des Dieux, semblant attendre patiemment quelque chose. Derrière eux se trouvaient également Apollon et Aphrodite, respectivement Dieu des Arts et Déesse de l’Amour. Aran remarqua qu’Apollon semblait quelque peu mal en point.
« Ce que veux dire mon ami, ô grand Zeus, c’est que nous sommes vraiment déterminés à retrouver notre amie, reprit Nina en faisant un pas en avant. Et nous serions honorés que vous nous prêtiez main forte dans cette tâche.
-Tsss, lèche-bottes, chuchota Wee-Ree-Cat.
-Et qu’est-ce que cela nous apporterait ? répondit Zeus en haussant un sourcil.
-Nous vous en serions infiniment reco… »
Nina se retrouva tirée en arrière par Hermès, qui secoua la tête. Les Trauméniens se réunirent autour du Dieu, le seul qui manquait au panthéon de l’Olympe avec Héphaïstos, et il leur dit :
« Vous n’obtiendrez rien sans leur donner quelque chose en échange.
-Mais c’est justement ce que je leur disais, commença Nina.
-Ça ne leur suffira pas. Ils sont pervers, je vous l’ai dit, et ils ne vous aideront pas s’ils n’obtiennent pas quelque chose de plus intéressant en retour. De plus intéressant, pour eux.
-Mais nous n’avons rien à leur donner, répondit Aran en perdant patience. Nous aurions peut-être dû apporter de quoi les contenter, c’est ça ? Des pierres précieuses et autres conneries de ce genre ?
-On n’a qu’à se barrer, et puis voilà, râla encore Wee-Ree-Cat.
-Ils peuvent créer tout ceci, rétorqua le Dieu messager. Ils n’ont que faire de ces richesses. Ce qui les intéresse se situe bien au-delà de ces choses bassement matérielles. Ils ne veulent qu’une chose de vous :
-…Que vous nous distrayiez. » termina le maître des Dieux en se levant. Les autres Dieux s’écartèrent pour laisser passer Zeus, qui s’approcha des Trauméniens. De près, son allure était encore plus imposante que lorsqu’il était assis majestueusement sur son trône. Son regard passa sur Aran, Nina et Wee-Ree-Cat, qui étaient forcés de lever les yeux pour pouvoir apercevoir son visage. Nina se rendit soudainement compte d’un détail, et jeta un œil vers NightBeast qui s’était, subrepticement, éloigné du groupe et s’approchait dangereusement d’Aphrodite. Ce dernier dut sentir le regard appuyé de sa ‘mère’ et il les rejoignit sans un mot, un sourire niais greffé sur son faciès.
« Nous savons si cette Séphy-Roshou est passée ou non dans le royaume des Dieux. Mais nous ne vous le dirons qu’après une épreuve bien spéciale.
-Bah voyons, maugréa Wee-Ree-Cat. On se croirait dans un mauvais Rpg…
-Après douze épreuves, même, reprit Arès avec un sourire. Vous serez nos nouveaux Hercules et vous aurez de nouveaux travaux à abattre pour parvenir à vos fins.
-Mais nous sommes généreux, ajouta Déméter, et vous pourrez les passer ensemble, tous les quatre.
-Et si nous refusons ? »
Tout les Dieux se tournèrent vers Aran Valentine, qui fixait d’un regard sévère le maître des Dieux. Hermès, derrière lui, n’osa même pas lui dire de baisser les yeux. Seule Aphrodite plissa les yeux et eut un léger sourire. Ce garçon lui plaisait.
« Vous n’avez pas le choix, humains, clama finalement Zeus d’une voix lourde. Vous n’avez aucun moyen de repartir d’ici, dorénavant.
-Ah ouais ? » grogna Wee-Ree-Cat en sortant les griffes. Aran Valentine fut immédiatement à ses cotés, sa longue faux dans les mains. Nina voulu s’interposer, mais NightBeast l’en empêcha en la retenant par le bras.
« Laisse, il faut qu’ils le fassent, sinon ils ne seront pas contents. »
Les autres Dieux, amusés, se reculèrent comme les deux Trauméniens restés à l’écart. Zeus, impassible, écarta les bras pour les inviter à attaquer en premier. Aran et Wee-Ree-Cat se regardèrent l’un l’autre une seconde, et s’élancèrent de concert sur le maître des Dieux en hurlant.
« Aïe-euh !
-Je suis désolée, monsieur, mais il faut désinfecter. Le morceau de bois a laissé des écharpes, et il y a de la poussière de plâtre sur…
-Oui, je sais encore où est-ce que je suis tombé, merci ! »
L’infirmière fronça les sourcils et se tut, interdite. Le commissaire Thourn soupira. Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que tout le monde sache tout mieux que lui ? Évidemment qu’il y avait des échardes dans sa blessure, vu que c’était un morceau de bois qui l’avait faite. Il se frotta la tempe alors que l’infirmière lui faisait son bandage, et sursauta lorsque la porte de la petite salle s’ouvrit avec fracas.
« Mais aïe-euh, merde !
-Je… j’ai sursautée !
-Commissaire ! hurla Détroit en s’asseyant de l’autre coté de Serge Thourn. Je crois que j’ai compris ce que vous vouliez dire avec les pseudonymes, tout à l’heure !
-Et il t’a fallu tout ce temps ? C’est de pire en pire…
-J’ai demandé aux policiers de relever tous ces pseudonymes, après que nous soyons partis, et j’ai la liste, là !
-Donne-moi ça.
-Arrêtez de remuer, ça fait deux fois que je dois refaire ce bandage ! »
Serge Thourn avala la réplique cinglante sur l’incapacité du personnel hospitalier d’ici et se concentra sur la liste. La dizaine de pseudonymes était courte et ils semblaient tous complètement inintelligibles pour le commissaire. DragonNoir, Q-Po, DarKenshin, Pythagore, Viper Dragoon, Dalisc, Arkh, Séphira Strife, Hilde… Ça n’avait aucun sens. Il eut beau tourner en tout sens ces pseudonymes, aucun ne lui faisait écho d’une manière significative. Il rangea le feuillet dans sa poche et demanda à Détroit s’il avait trouvé d’autres choses intéressantes :
« Je suis parti en même temps que vous, commissaire, répondit le jeune homme. Je n’ai pas pu trouver autre chose et je…
-Mais pas toi, évidemment ! Je parle des policiers qui sont venus après !
-Oh ! Non, ils n’ont rien trouvés pour le moment, mais ils commencent tout juste à dépiauter les papiers du propriétaire de l’appartement, un avocat apparemment… Ils n’ont pas finis, ça je peux vous le dire…
-Ils ont jusqu’à ce soir.
-Mais c’est impossible, commissaire ! Ils n’y arriveront jamais ! »
Serge Thourn regarda Sylvain de haut en bas, puis ajouta d’un ton mielleux :
« Tu n’as rien eu de casse dans l’accident ?
-Oh non, commissaire ! Rien du tout ! Coup de bol, hein ?
-Ouais, comme ça tu vas pouvoir aller filer un coup de main à l’appartement. Allez, magne-toi ! »
Sylvain Détroit resta une seconde de trop à réfléchir sur le sens des paroles du commissaire, ce qui lui valu une gifle sur le haut du crâne, puis il partit sans demander son reste. Thourn se passa une main sur la figure, puis se leva. Sa jambe résista au niveau de la cuisse et il manqua de s’étaler sur le carrelage.
« Mais vous avez pas encore fini, vous ?
-Non, et je dois recommencer, maintenant que vous venez de tirer dessus comme un fou ! Asseyez-vous ! »
Le commissaire Serge Thourn, cinquante ans passés, serra les dents et fit un grand sourire à l’infirmière avant de s’approcher d’elle. Celle-ci ouvrit de grands yeux lorsqu’il prit la paire de ciseaux sur la desserte et qu’il découpa la bande qui dépassait encore de son bandage. Il replia rapidement le morceau découpé à l’intérieur et reposa l’outil sur les genoux de l’infirmière avant de la remercier.
« Mais vous ne pouvez pas…
-Je peux, et je le fais. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, mais j’ai autre chose à faire que d’attendre que vous ayez terminé. Bonne soirée ! »
Le commissaire Thourn sortit de la salle en claudiquant. Depuis quand fallait-il trois heures pour faire un simple bandage ? Depuis quand est-ce qu’il fallait désinfecter toute la jambe lorsqu’on avait un petit bobo ? Depuis quand les hôpitaux avaient cette odeur horrible ? Depuis toujours. Seulement là, il n’avait pas la patience d’attendre gentiment que sa momification partielle soit achevé. Il avait peu de route à faire jusqu’au domicile qu’il avait visité au début de son enquête, mais il lui fallait y arriver le plus rapidement possible.
Son irruption dans l’appartement n’était certainement pas passée inaperçue, et si jamais ce qu’il avait dans la tête était vrai – à savoir la relation qui était établie entre ces pseudonymes et certains forums dont avait parlé le frère de son principal suspect – il fallait à tout prix qu’il retourne à Linas pour l’interroger à nouveau.
« Et si jamais celui-ci n’est plus présent, ça ne fera que l’accuser encore plu… Hé ! »
Le commissaire évita de peu la collision avec les deux hommes baraqués qui lui barraient littéralement le passage. L’un des deux colosses leva devant lui sa carte stipulant qu’il faisait partie de la police des polices, et lui dit d’un ton doux mais menaçant :
« Est-ce que nous pourrions vous parler quelques minutes, commissaire Thourn ? »
Le rire tonitruant de Bacchus, dont les vapeurs d’alcool s’étendaient encore plus loin que sa bouche encore pleine de restes de nourriture à peine mâchée, résonna dans la demeure des Dieux. Résonna ‘encore une fois’ devrait-on dire, étant donné que ce Dieu n’arrêtait pas de rire dès qu’une occasion se présentait, et même lorsqu’il n’y avait rien de drôle. Il faisait un peu penser aux rires enregistrés qu’on trouve dans les sitcoms et qui se mettent en route dès que Lola hausse les épaules ou que Justine refait ses lacets.
Zeus lança un regard noir à Bacchus, qui s’essuya les yeux et termina son verre qui ne cessait de se remplir tout seul. Puis il se tourna vers NightBeast et fronça les sourcils, tel un père réprobateur, avant de reprendre la parole :
« Comme je viens de vous le dire avant cette interruption : Pourquoi devrions-nous vous aider à retrouver votre amie ?
-Si vous ne voulez pas, on se débrouillera sans vous, c’est tout… »
Nina envoya son coude dans les cotes de son compagnon, qui roula des yeux. Si on ne peut plus dire la vérité, alors, songea-t-il. Zeus frotta sa barbe immaculée pensivement, un sourire se dessinant sous son visage de marbre. À ses cotés, les autres divinités trônaient, toutes rassemblées pour l’occasion. Des humains qui viennent de leur propre chef rencontrer les Dieux pour leur soumettre une requête, c’était un bon moyen de se distraire, et aucun d’entre eux n’avait voulu manquer à l’appel.
Zeus, au centre, présidait l’assemblée. À sa droite siégeaient Héra, la Déesse du Mariage, Arès, le Dieu de la Guerre, et Poséidon, le Dieu des Mers et des Océans. De l’autre coté se tenaient Artémis, la Déesse de la Chasse, et Athéna, la Déesse de la Sagesse, accompagné de Déméter, la déesse de l’Agriculture, et de Bacchus, le Dieu de la Vigne et du Vin. Hestia était aux pieds du maître des Dieux, semblant attendre patiemment quelque chose. Derrière eux se trouvaient également Apollon et Aphrodite, respectivement Dieu des Arts et Déesse de l’Amour. Aran remarqua qu’Apollon semblait quelque peu mal en point.
« Ce que veux dire mon ami, ô grand Zeus, c’est que nous sommes vraiment déterminés à retrouver notre amie, reprit Nina en faisant un pas en avant. Et nous serions honorés que vous nous prêtiez main forte dans cette tâche.
-Tsss, lèche-bottes, chuchota Wee-Ree-Cat.
-Et qu’est-ce que cela nous apporterait ? répondit Zeus en haussant un sourcil.
-Nous vous en serions infiniment reco… »
Nina se retrouva tirée en arrière par Hermès, qui secoua la tête. Les Trauméniens se réunirent autour du Dieu, le seul qui manquait au panthéon de l’Olympe avec Héphaïstos, et il leur dit :
« Vous n’obtiendrez rien sans leur donner quelque chose en échange.
-Mais c’est justement ce que je leur disais, commença Nina.
-Ça ne leur suffira pas. Ils sont pervers, je vous l’ai dit, et ils ne vous aideront pas s’ils n’obtiennent pas quelque chose de plus intéressant en retour. De plus intéressant, pour eux.
-Mais nous n’avons rien à leur donner, répondit Aran en perdant patience. Nous aurions peut-être dû apporter de quoi les contenter, c’est ça ? Des pierres précieuses et autres conneries de ce genre ?
-On n’a qu’à se barrer, et puis voilà, râla encore Wee-Ree-Cat.
-Ils peuvent créer tout ceci, rétorqua le Dieu messager. Ils n’ont que faire de ces richesses. Ce qui les intéresse se situe bien au-delà de ces choses bassement matérielles. Ils ne veulent qu’une chose de vous :
-…Que vous nous distrayiez. » termina le maître des Dieux en se levant. Les autres Dieux s’écartèrent pour laisser passer Zeus, qui s’approcha des Trauméniens. De près, son allure était encore plus imposante que lorsqu’il était assis majestueusement sur son trône. Son regard passa sur Aran, Nina et Wee-Ree-Cat, qui étaient forcés de lever les yeux pour pouvoir apercevoir son visage. Nina se rendit soudainement compte d’un détail, et jeta un œil vers NightBeast qui s’était, subrepticement, éloigné du groupe et s’approchait dangereusement d’Aphrodite. Ce dernier dut sentir le regard appuyé de sa ‘mère’ et il les rejoignit sans un mot, un sourire niais greffé sur son faciès.
« Nous savons si cette Séphy-Roshou est passée ou non dans le royaume des Dieux. Mais nous ne vous le dirons qu’après une épreuve bien spéciale.
-Bah voyons, maugréa Wee-Ree-Cat. On se croirait dans un mauvais Rpg…
-Après douze épreuves, même, reprit Arès avec un sourire. Vous serez nos nouveaux Hercules et vous aurez de nouveaux travaux à abattre pour parvenir à vos fins.
-Mais nous sommes généreux, ajouta Déméter, et vous pourrez les passer ensemble, tous les quatre.
-Et si nous refusons ? »
Tout les Dieux se tournèrent vers Aran Valentine, qui fixait d’un regard sévère le maître des Dieux. Hermès, derrière lui, n’osa même pas lui dire de baisser les yeux. Seule Aphrodite plissa les yeux et eut un léger sourire. Ce garçon lui plaisait.
« Vous n’avez pas le choix, humains, clama finalement Zeus d’une voix lourde. Vous n’avez aucun moyen de repartir d’ici, dorénavant.
-Ah ouais ? » grogna Wee-Ree-Cat en sortant les griffes. Aran Valentine fut immédiatement à ses cotés, sa longue faux dans les mains. Nina voulu s’interposer, mais NightBeast l’en empêcha en la retenant par le bras.
« Laisse, il faut qu’ils le fassent, sinon ils ne seront pas contents. »
Les autres Dieux, amusés, se reculèrent comme les deux Trauméniens restés à l’écart. Zeus, impassible, écarta les bras pour les inviter à attaquer en premier. Aran et Wee-Ree-Cat se regardèrent l’un l’autre une seconde, et s’élancèrent de concert sur le maître des Dieux en hurlant.
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« Aïe-euh !
-Je suis désolée, monsieur, mais il faut désinfecter. Le morceau de bois a laissé des écharpes, et il y a de la poussière de plâtre sur…
-Oui, je sais encore où est-ce que je suis tombé, merci ! »
L’infirmière fronça les sourcils et se tut, interdite. Le commissaire Thourn soupira. Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que tout le monde sache tout mieux que lui ? Évidemment qu’il y avait des échardes dans sa blessure, vu que c’était un morceau de bois qui l’avait faite. Il se frotta la tempe alors que l’infirmière lui faisait son bandage, et sursauta lorsque la porte de la petite salle s’ouvrit avec fracas.
« Mais aïe-euh, merde !
-Je… j’ai sursautée !
-Commissaire ! hurla Détroit en s’asseyant de l’autre coté de Serge Thourn. Je crois que j’ai compris ce que vous vouliez dire avec les pseudonymes, tout à l’heure !
-Et il t’a fallu tout ce temps ? C’est de pire en pire…
-J’ai demandé aux policiers de relever tous ces pseudonymes, après que nous soyons partis, et j’ai la liste, là !
-Donne-moi ça.
-Arrêtez de remuer, ça fait deux fois que je dois refaire ce bandage ! »
Serge Thourn avala la réplique cinglante sur l’incapacité du personnel hospitalier d’ici et se concentra sur la liste. La dizaine de pseudonymes était courte et ils semblaient tous complètement inintelligibles pour le commissaire. DragonNoir, Q-Po, DarKenshin, Pythagore, Viper Dragoon, Dalisc, Arkh, Séphira Strife, Hilde… Ça n’avait aucun sens. Il eut beau tourner en tout sens ces pseudonymes, aucun ne lui faisait écho d’une manière significative. Il rangea le feuillet dans sa poche et demanda à Détroit s’il avait trouvé d’autres choses intéressantes :
« Je suis parti en même temps que vous, commissaire, répondit le jeune homme. Je n’ai pas pu trouver autre chose et je…
-Mais pas toi, évidemment ! Je parle des policiers qui sont venus après !
-Oh ! Non, ils n’ont rien trouvés pour le moment, mais ils commencent tout juste à dépiauter les papiers du propriétaire de l’appartement, un avocat apparemment… Ils n’ont pas finis, ça je peux vous le dire…
-Ils ont jusqu’à ce soir.
-Mais c’est impossible, commissaire ! Ils n’y arriveront jamais ! »
Serge Thourn regarda Sylvain de haut en bas, puis ajouta d’un ton mielleux :
« Tu n’as rien eu de casse dans l’accident ?
-Oh non, commissaire ! Rien du tout ! Coup de bol, hein ?
-Ouais, comme ça tu vas pouvoir aller filer un coup de main à l’appartement. Allez, magne-toi ! »
Sylvain Détroit resta une seconde de trop à réfléchir sur le sens des paroles du commissaire, ce qui lui valu une gifle sur le haut du crâne, puis il partit sans demander son reste. Thourn se passa une main sur la figure, puis se leva. Sa jambe résista au niveau de la cuisse et il manqua de s’étaler sur le carrelage.
« Mais vous avez pas encore fini, vous ?
-Non, et je dois recommencer, maintenant que vous venez de tirer dessus comme un fou ! Asseyez-vous ! »
Le commissaire Serge Thourn, cinquante ans passés, serra les dents et fit un grand sourire à l’infirmière avant de s’approcher d’elle. Celle-ci ouvrit de grands yeux lorsqu’il prit la paire de ciseaux sur la desserte et qu’il découpa la bande qui dépassait encore de son bandage. Il replia rapidement le morceau découpé à l’intérieur et reposa l’outil sur les genoux de l’infirmière avant de la remercier.
« Mais vous ne pouvez pas…
-Je peux, et je le fais. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, mais j’ai autre chose à faire que d’attendre que vous ayez terminé. Bonne soirée ! »
Le commissaire Thourn sortit de la salle en claudiquant. Depuis quand fallait-il trois heures pour faire un simple bandage ? Depuis quand est-ce qu’il fallait désinfecter toute la jambe lorsqu’on avait un petit bobo ? Depuis quand les hôpitaux avaient cette odeur horrible ? Depuis toujours. Seulement là, il n’avait pas la patience d’attendre gentiment que sa momification partielle soit achevé. Il avait peu de route à faire jusqu’au domicile qu’il avait visité au début de son enquête, mais il lui fallait y arriver le plus rapidement possible.
Son irruption dans l’appartement n’était certainement pas passée inaperçue, et si jamais ce qu’il avait dans la tête était vrai – à savoir la relation qui était établie entre ces pseudonymes et certains forums dont avait parlé le frère de son principal suspect – il fallait à tout prix qu’il retourne à Linas pour l’interroger à nouveau.
« Et si jamais celui-ci n’est plus présent, ça ne fera que l’accuser encore plu… Hé ! »
Le commissaire évita de peu la collision avec les deux hommes baraqués qui lui barraient littéralement le passage. L’un des deux colosses leva devant lui sa carte stipulant qu’il faisait partie de la police des polices, et lui dit d’un ton doux mais menaçant :
« Est-ce que nous pourrions vous parler quelques minutes, commissaire Thourn ? »
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
Nina soupira en essuyant une nouvelle fois le sang sur la lèvre enflée de son petit ami, qui grimaça. Aran fixait droit dans les yeux le maître des Dieux, qui lui souriait fièrement. Un peu plus loin, Wee-Ree-Cat repoussa une énième fois NightBeast qui tentait de faire la même chose. La nymphe qui avait apporté une coupe d’eau et le linge se retira sans un bruit, alors que les Trauméniens se réunissaient de nouveau face aux Dieux.
« Alors, tonna Zeus avec un sourire en coin, acceptez-vous notre offre ou décidez vous de vous mesurer à moi une nouvelle fois ? »
Aran Valentine soupira. Il avait en horreur de se soumettre, même si la partie était perdue d’avance. Il ferma les yeux une seconde, et se concentra pour faire apparaître de nouveau son arme. Même s’il devait se battre pour le restant de ses jours, il se…
« Nous acceptons. » dit Nina avant que qui que ce soit ne puisse bouger. Aran la regarda, stupéfait, alors que NightBeast pouffait sous cape.
« Très bien, clama Zeus en reprenant un peu de son sérieux. Alors que ces épreuves commencent immédiatement !
-Ne me dites pas que vous avez déjà réfléchit aux sujets des épreuves ? demanda NightBeast, pensant qu’ils allaient peut-être pouvoir se reposer un jour ou deux.
-Bien sûr que si, humain, minauda Aphrodite. Nous sommes des Dieux !
-Athéna, reprit Zeus. Conduis les humains à ta chambre.
-Très bien, suivez-moi. »
La déesse Athéna, superbe dans sa toge blanche immaculée et coiffée d’un polos, précédait les Trauméniens qui lui emboîtaient le pas à vive allure. Pendant qu’ils traversaient une partie du palais pour rejoindre la chambre de la déesse, Aran demanda à voix basse à Nina pourquoi elle avait acceptée si rapidement.
« Si tu m’avais laissé récupérer un peu, j’aurais pu…
-…recommencer à te faire casser la figure ? termina-t-elle. C’était inutile, Aran, ils sont bien plus forts que nous, même avec nos tout nouveaux dons.
-Papa s’est fait laminer-euh ! Papa s’est fait laminer-euuuh !!
-J’ai accepté pour pouvoir retrouver Séphy-Roshou plus vite, expliqua Nina. Nous avons suffisamment perdu de temps avec tout ça. Vous oubliez que nous sommes ici pour elle, et non pour nous battre avec des Dieux !
-Ouais, bah j’ai pas demandé à venir, moi, je vous rappelle. »
Athéna finit par s’arrêter devant une immense porte, qui s’ouvrit toute seule à son approche. Elle pénétra dans sa chambre, et les quatre Trauméniens la suivirent. Les autres Dieux étaient déjà là, et les attendaient.
« Ils pouvaient pas faire comme eux et nous éviter de marcher pendant deux heures ? grogna Wee-Ree-Cat.
-Si vous êtes déjà fatigués par ce trajet, ricana Bacchus, alors il est inutile que nous poursuivions ces douze travaux.
-Non, c’est bon, allons-y ! » se hâta de récupérer Nina, en lançant un regard noir à Wee-Ree-Cat qui lui tira la langue en feulant (exercice pas forcément évident, d’ailleurs).
« Parfait, clama alors le maître des Dieux. Je déclare la première épreuve des douze nouveaux travaux commencée. »
Athéna se dirigea vers un immense métier à tisser et s’y installa. Il invita, sans un mot, les Trauméniens à rejoindre le second appareil qui trônait majestueusement de l’autre coté de la chambre, et ceux-ci s’exécutèrent. Le métier à tisser était un peu trop grand pour les Trauméniens, mais il n’était pas aussi impressionnant que celui qu’aurait utilisé Zeus. La taille de la déesse Athéna surpassait légèrement celle d’un humain moyen, mais elle n’était pas aussi grande que le maître des Dieux.
« Vous allez faire une broderie, dit Zeus. Une broderie dont le sujet est libre, et que nous jugerons une fois terminée. Si vous parvenez à faire une meilleure broderie qu’Athéna, alors vous pourrez passer à l’épreuve suivante. Il n’y a évidemment pas de limite de temps, vous pourrez ainsi nous divertir sans fin. »
Les Dieux partirent d’un immense rire guttural avant de s’évaporer, littéralement, sous les yeux des Trauméniens. Au même instant, les portes de la chambre se fermèrent sur eux, les cloîtrant dans la chambre de la déesse. Celle-ci avait déjà commencé à tisser sa toile, toujours sans un mot.
« Faire une broderie, grogna Wee-Ree-Cat. Pff, tu parles d’une épreuve.
-Est-ce que quelqu’un sait se servir de ce truc ? demanda Aran.
-Pas moi, répondit immédiatement NightBeast en examinant rapidement l’engin. Nina ?
-Non plus.
-Pourtant, c’est un truc de femmes, la broderie… »
NightBeast se frotta la joue – et Nina la main – tandis qu’Aran s’approcha d’Athéna pour la regarder faire. La déesse maniait l’outil à la perfection, avec une dextérité et une précision sans pareille. Les autres le rejoignirent, sauf Wee-Ree-Cat qui préféra faire le tour de la chambre, et ils regardèrent la déesse broder pendant un bon moment, tentant d’apprendre la technique.
« Je pense que j’ai compris. » dit finalement Nina au bout d’une heure. Elle se dirigea vers l’autre métier à tisser et s’installa. Aran vint avec elle et l’aida à se lancer. La jeune femme maniait la navette, l’outil qui permettait de passer le fil à tisser dans les trames tendues, et commençait son ouvrage lentement, mais sûrement. Aran l’assistait sans savoir exactement quoi faire pour l’aider, mais contrairement aux autres, il était avec elle. Wee-Ree-Cat s’était mis dans un recoin de la pièce et roupillait, tandis que NightBeast était restée aux cotés d’Athéna, regardant plus la déesse que son ouvrage.
Ils s’attelèrent malgré tout à la tache du mieux qu’ils purent. Le métier à tisser grinçait, de plus en plus rapidement, du coté des Trauméniens. Nina prenait de l’assurance et bientôt, elle eut achevé une frise assez réussie. Elle poursuivit son ouvrage en prenant de l’assurance, tandis qu’Aran examinait la porte de sortie. Il tenta de l’ouvrir, sans résultat. Ils étaient donc bel et bien coincés ici, jusqu’à ce qu’ils trouvent une façon de battre Athéna. Celle-ci, justement, terminait sa broderie.
Autant le début de la broderie de Nina était splendide, autant les Trauméniens furent littéralement éblouis par l’ouvrage de la déesse de la sagesse. Le travail d’Athéna était remarquable de finesse, de beauté et de régularité. Les scènes de la vie des Dieux s’enchaînaient admirablement, formant une sorte d’immense représentation fidèle et détaillée du quotidien divin. On se serait presque attendu à voir la tapisserie s’animer.
« Je crois que le choix sera facile. » ricana Bacchus.
Les Trauméniens se retournèrent sur les Dieux qui étaient réapparus dans la pièce. Ceux-ci arboraient tous, sans exception, un visage réjouit. Ils savaient pertinemment que de simples humains ne réussiraient jamais, même après des millénaires d’entraînement, à égaler les dons de la déesse. Les Dieux emportèrent l’ouvrage d’Athéna et leur demandèrent de recommencer, s’ils désiraient toujours poursuivre leur quête.
« Nous n’abandonnerons pas, clama Aran Valentine. Ce n’est pas parce que nous sommes désavantagés que nous laisserons tomber. Nous réussirons cette épreuve, et les autres également, et nous repartirons de votre royaume avec les informations que nous sommes venus chercher.
-Très bien parlé, humain, reprit Zeus. Nous attendrons votre prochaine broderie avec… …impatience. »
Les Dieux disparurent de nouveau. NightBeast rejoignit Nina et Aran autour du second métier à tisser, et ils regardèrent Athéna qui s’était déjà remit à l’ouvrage. Aran pesta.
« On a aucune chance.
-Mais où est passé ton engouement de tout à l’heure, papounet ?
-Je m’y remet, déclara Nina. J’ai bien assimilé la technique de base, mais il faut que je comprenne comment elle fait pour mettre autant de détails dans sa broderie. Il est hors de question que nous passions le reste de notre éternité dans la chambre de cette déesse.
-Ça ne me dérangerais pas, moi, ricana NightBeast. Dans la chambre de cette jolie nénette, c’est intéressant…
-Où est Wee ? »
Nina et NightBeast se tournèrent vers Aran, qui regardait les alentours. Dans le recoin où il s’était allongé en boule, Wee-Ree-Cat avait disparu.
[tU vOIs qUE tU pEUx lE fAIrE, sAtAnA]
…
[rEstEr mUEt nE nOUs dOnnErAs pAs tOrt, tU sAIs]
Que m’avez-vous fait ?
[mAIs rIEn, rIEn dU tOUt, lOrd sAtAnA. cE pOUvOIr, tU l’AvAIs En tOI dÈs lE dÉpArt, dEpUIs tA nAIssAncE. nOUs n’AvOns fAIt qUE t’AIdEr À l’ExplOItEr]
Mais je n’ai jamais, jamais eu connaissance de ces dons. Je n’ai aucunement été le témoin de phénomènes mystiques provenant de ces dons durant des années… Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ?
[prEndrE cOnscIEncE d’UnE chOsE Est bIEn sOUvEnt lA mEIllEUrE fAçOn dE l’ApprIvOIsEr]
Qui êtes-vous ?
[nOUs tE l’AvOns dÉjÀ dIt : nOUs sOmmEs tEs fAn-gIrls qUI…]
Qui êtes vous vraiment ?
[nOUs sOmmEs tEs fAn-gIrls…]
ARRÊTEZ ÇA !! Nous savons pertinemment, vous et moi, que ce n’est pas possible. Je suis prêt à croire à cette affluence subite de paranormal dans ma vie, mais vous n’existez pas. Vous n’étiez pas des êtres de chair et de sang derrière un écran, mais le pur produit de mon imagination, et… et…
[tU cOmmEncEs À cOmprEndrE]
Je vous ai… …créées ?
[dE tOUtEs pIÈcEs]
Et si je décide de vous faire réintégrer le néant dont vous n’auriez jamais dû émerger ?
On ne répond plus, n’est-ce pas ? Hein ? Pourquoi ne poursuivez-vous pas à me prodiguer vos fameux conseils ?
Vous avez peur ? Peur de ce que je pourrais faire ?
Vous êtes réellement en colère, n’est-ce pas ? À moins que je vous ai fait disparaître réellement, ha ha ha !
Répondez-moi si vous êtes encore là !
Vous m’entendez ? Je sais que vous êtes encore là ! Revenez ! REVENEZ !!!
[nOUs vOIlÀ, lOrd sAtAnA]
Mais où étiez-vous donc passées ?
[dAns lE nÉAnt dOnt nOUs n’AUrIOns jAmAIs dÛ sOrtIr]
I… Impossible…
[tU dEvrAIs sAvOIr mAIntEnAnt qUE rIEn n’Est rÉElEmEnt ImpOssIblE]
Alors pourquoi vous ne m’obéissez pas lorsque je vous intime de vous taire ?
[pArcE qU’AU fOnd dE tOI, tU nE lE vEUx pAs vrAImEnt]
Inimaginable. J’ai généré des êtres dans mon esprit. C’est peut-être une forme de schizophrénie ? Ou bien je suis tout simplement entrain de perdre la tête ? Ce qui expliquerait le fait d’avoir prit le commandement d’un groupe que je ne sais pas où mener…
[tU lE sAUrAs lE mOmEnt vEnU, nE pErd pAs cOnfIAncE]
Quand ? Comment le saurais-je ?
[nOUs tE mOntrErOns lE chEmIn, cOmmE tOUt À l’hEUrE]
« Qu’est-ce que c’est que ce délire ? » chuchota Wee-Ree-Cat après avoir longuement baillé et s’être frotté les yeux. Il s’était endormi dans un coin de la chambre de l’autre déesse, là, et maintenant qu’il s’éveillait, il était dans un autre endroit qui lui était inconnu. Il s’était alors étiré avant de se planquer aussi silencieusement qu’un chat sous un immense guéridon. Il n’y avait aucun Dieu en vue, mais on n’était jamais trop prudent.
« Pourquoi je me retrouve là, moi ? »
Ce qu’ignorait Wee-Ree-Cat, c’était que les Dieux étaient apparus de nouveau dans la chambre de la déesse, très près de lui. Et lorsqu’ils s’étaient de nouveau évanouis dans les airs, ils l’avaient emportés par mégarde avec eux, sans s’en rendre compte. Une fois réapparus dans un autre endroit du palais, ils s’étaient séparés, laissant là le Trauménien endormi, qui s’était réveillé un peu désorienté.
« Voyons voir, murmura Wee-Ree-Cat à lui-même : Les autres étaient en train d’essayer de faire une broderie plus belle que celle de la déesse, quand je me suis endormi. Je me rappelle aussi qu’on ne pouvait pas sortir de la chambre, car la porte était hermétiquement close. Mais moi, je suis dehors. Je pourrais peut-être en profiter pour me barrer tranquillement ? »
Mais au fond de lui, Wee-Ree-Cat ne désirait pas plus que ça laisser les trois autres Trauméniens aux prises avec les Dieux, et comme il était relativement rancunier – trait de caractère accentué par les sentiments félins que son corps Trauméniens lui conférait – il décida de mettre à profit cet avantage pour visiter le palais et essayer de trouver quelque chose qui pourrait être utile.
Quittant sa cachette, il fonça sous un autre meuble immense, et écouta. Son ouïe avait également été amplifiée par son changement d’apparence, et il n’entendit personne approcher. Parcourant rapidement le couloir sans embûche, il poussa la porte doucement pour pénétrer dans un autre couloir, immense, et lui aussi vide. Mais il reconnu le passage dans lequel il se trouvait pour l’avoir déjà emprunté, du moins en partie. Il se souvenait qu’en prenant l seconde porte sur sa gauche, il se retrouverait dans un grand hall où il lui faudrait prendre la porte d’en face pour retomber sur le couloir où se trouvait la porte de la chambre d’Athéna.
Wee-Ree-Cat se rua sur la porte et l’ouvrit, puis s’arrêta en pleine action. Quel pourrait être l’intérêt de retourner dans la chambre d’Athéna alors qu’il n’avait rien déniché de susceptible de les aider ? C’était ridicule. Il referma la porte derrière lui et, depuis le grand hall, examina les alentours. Ses moustaches se mirent soudainement à vibrer, alors qu’il entendit le bruits de pas. Les pupilles dilatées, il courut jusqu’au banc le plus proche et tenta de s’y cacher un maximum.
Et il tendit l’oreille.
« …vraiment ? Tant que ça ? dit une voix de femme.
-Oui, tant que ça, répondit une voix d’homme légèrement tendue. Et si quelqu’un doit la retrouver, alors ça sera moi, pour ce qu’elle m’a fait subir !
-Oh, voyons, dit la femme d’une voix mielleuse. Tu vas me faire croire que tu t’es laissée faire sans rien dire ?
-Non, au départ, c’était même agréable, mais dès qu’elle eut commencée à avoir le dessus, elle… »
Les voix sortir du hall, et l’écho des dernières paroles de l’homme restèrent suspendues quelques instants. Wee-Ree-Cat n’avait pas pu voir les personnes qui avaient parlées, mais il se doutait que c’était des Dieux. De toute façon, il n’y avait que ça, dans ce palais. Il risqua un oeil pour sortir de sa cachette et, ne voyant personne, se mit à courir vers la porte qui menait au couloir suivant. Il la referma le plus rapidement possible et se retourna vers… …l’obscurité.
« Hein ? »
Soit son sens de l’orientation l’avait trompé, soit il s’était trompé de porte dans l’affolement de sa fuite. Curieux, tel un chat, il plissa les yeux pour habituer rapidement ses pupilles à l’obscurité. Décidément, songea-t-il, être à moitié chat n’a pas que des désavantages. Bientôt, il arriva à distinguer les détails de la pièce où il se trouvait. Une petite pièce sans bougie ni éventuelle lumière, même éteinte. Les meubles étaient peu nombreux et, manifestement, anciens. Des toiles d’araignées étaient étalées partout au plafond, sur les chaises et sur les murs. Même au sol.
Wee-Ree-Cat leva la jambe en grimaçant, soulevant une toile collante de sa semelle.
« Mais où est-ce que je suis tombé... »
Un bruit lui fit dresser le poil alors qu’il allait sortir de la pièce. Immobile, il se retourna lentement vers la source du froissement qu’il venait d’entendre, et vit quatre yeux rouges qui brillaient dans un coin du plafond. Des yeux qui le regardaient.
Des yeux d’une araignée géante.
« Alors, tonna Zeus avec un sourire en coin, acceptez-vous notre offre ou décidez vous de vous mesurer à moi une nouvelle fois ? »
Aran Valentine soupira. Il avait en horreur de se soumettre, même si la partie était perdue d’avance. Il ferma les yeux une seconde, et se concentra pour faire apparaître de nouveau son arme. Même s’il devait se battre pour le restant de ses jours, il se…
« Nous acceptons. » dit Nina avant que qui que ce soit ne puisse bouger. Aran la regarda, stupéfait, alors que NightBeast pouffait sous cape.
« Très bien, clama Zeus en reprenant un peu de son sérieux. Alors que ces épreuves commencent immédiatement !
-Ne me dites pas que vous avez déjà réfléchit aux sujets des épreuves ? demanda NightBeast, pensant qu’ils allaient peut-être pouvoir se reposer un jour ou deux.
-Bien sûr que si, humain, minauda Aphrodite. Nous sommes des Dieux !
-Athéna, reprit Zeus. Conduis les humains à ta chambre.
-Très bien, suivez-moi. »
La déesse Athéna, superbe dans sa toge blanche immaculée et coiffée d’un polos, précédait les Trauméniens qui lui emboîtaient le pas à vive allure. Pendant qu’ils traversaient une partie du palais pour rejoindre la chambre de la déesse, Aran demanda à voix basse à Nina pourquoi elle avait acceptée si rapidement.
« Si tu m’avais laissé récupérer un peu, j’aurais pu…
-…recommencer à te faire casser la figure ? termina-t-elle. C’était inutile, Aran, ils sont bien plus forts que nous, même avec nos tout nouveaux dons.
-Papa s’est fait laminer-euh ! Papa s’est fait laminer-euuuh !!
-J’ai accepté pour pouvoir retrouver Séphy-Roshou plus vite, expliqua Nina. Nous avons suffisamment perdu de temps avec tout ça. Vous oubliez que nous sommes ici pour elle, et non pour nous battre avec des Dieux !
-Ouais, bah j’ai pas demandé à venir, moi, je vous rappelle. »
Athéna finit par s’arrêter devant une immense porte, qui s’ouvrit toute seule à son approche. Elle pénétra dans sa chambre, et les quatre Trauméniens la suivirent. Les autres Dieux étaient déjà là, et les attendaient.
« Ils pouvaient pas faire comme eux et nous éviter de marcher pendant deux heures ? grogna Wee-Ree-Cat.
-Si vous êtes déjà fatigués par ce trajet, ricana Bacchus, alors il est inutile que nous poursuivions ces douze travaux.
-Non, c’est bon, allons-y ! » se hâta de récupérer Nina, en lançant un regard noir à Wee-Ree-Cat qui lui tira la langue en feulant (exercice pas forcément évident, d’ailleurs).
« Parfait, clama alors le maître des Dieux. Je déclare la première épreuve des douze nouveaux travaux commencée. »
Athéna se dirigea vers un immense métier à tisser et s’y installa. Il invita, sans un mot, les Trauméniens à rejoindre le second appareil qui trônait majestueusement de l’autre coté de la chambre, et ceux-ci s’exécutèrent. Le métier à tisser était un peu trop grand pour les Trauméniens, mais il n’était pas aussi impressionnant que celui qu’aurait utilisé Zeus. La taille de la déesse Athéna surpassait légèrement celle d’un humain moyen, mais elle n’était pas aussi grande que le maître des Dieux.
« Vous allez faire une broderie, dit Zeus. Une broderie dont le sujet est libre, et que nous jugerons une fois terminée. Si vous parvenez à faire une meilleure broderie qu’Athéna, alors vous pourrez passer à l’épreuve suivante. Il n’y a évidemment pas de limite de temps, vous pourrez ainsi nous divertir sans fin. »
Les Dieux partirent d’un immense rire guttural avant de s’évaporer, littéralement, sous les yeux des Trauméniens. Au même instant, les portes de la chambre se fermèrent sur eux, les cloîtrant dans la chambre de la déesse. Celle-ci avait déjà commencé à tisser sa toile, toujours sans un mot.
« Faire une broderie, grogna Wee-Ree-Cat. Pff, tu parles d’une épreuve.
-Est-ce que quelqu’un sait se servir de ce truc ? demanda Aran.
-Pas moi, répondit immédiatement NightBeast en examinant rapidement l’engin. Nina ?
-Non plus.
-Pourtant, c’est un truc de femmes, la broderie… »
NightBeast se frotta la joue – et Nina la main – tandis qu’Aran s’approcha d’Athéna pour la regarder faire. La déesse maniait l’outil à la perfection, avec une dextérité et une précision sans pareille. Les autres le rejoignirent, sauf Wee-Ree-Cat qui préféra faire le tour de la chambre, et ils regardèrent la déesse broder pendant un bon moment, tentant d’apprendre la technique.
« Je pense que j’ai compris. » dit finalement Nina au bout d’une heure. Elle se dirigea vers l’autre métier à tisser et s’installa. Aran vint avec elle et l’aida à se lancer. La jeune femme maniait la navette, l’outil qui permettait de passer le fil à tisser dans les trames tendues, et commençait son ouvrage lentement, mais sûrement. Aran l’assistait sans savoir exactement quoi faire pour l’aider, mais contrairement aux autres, il était avec elle. Wee-Ree-Cat s’était mis dans un recoin de la pièce et roupillait, tandis que NightBeast était restée aux cotés d’Athéna, regardant plus la déesse que son ouvrage.
Ils s’attelèrent malgré tout à la tache du mieux qu’ils purent. Le métier à tisser grinçait, de plus en plus rapidement, du coté des Trauméniens. Nina prenait de l’assurance et bientôt, elle eut achevé une frise assez réussie. Elle poursuivit son ouvrage en prenant de l’assurance, tandis qu’Aran examinait la porte de sortie. Il tenta de l’ouvrir, sans résultat. Ils étaient donc bel et bien coincés ici, jusqu’à ce qu’ils trouvent une façon de battre Athéna. Celle-ci, justement, terminait sa broderie.
Autant le début de la broderie de Nina était splendide, autant les Trauméniens furent littéralement éblouis par l’ouvrage de la déesse de la sagesse. Le travail d’Athéna était remarquable de finesse, de beauté et de régularité. Les scènes de la vie des Dieux s’enchaînaient admirablement, formant une sorte d’immense représentation fidèle et détaillée du quotidien divin. On se serait presque attendu à voir la tapisserie s’animer.
« Je crois que le choix sera facile. » ricana Bacchus.
Les Trauméniens se retournèrent sur les Dieux qui étaient réapparus dans la pièce. Ceux-ci arboraient tous, sans exception, un visage réjouit. Ils savaient pertinemment que de simples humains ne réussiraient jamais, même après des millénaires d’entraînement, à égaler les dons de la déesse. Les Dieux emportèrent l’ouvrage d’Athéna et leur demandèrent de recommencer, s’ils désiraient toujours poursuivre leur quête.
« Nous n’abandonnerons pas, clama Aran Valentine. Ce n’est pas parce que nous sommes désavantagés que nous laisserons tomber. Nous réussirons cette épreuve, et les autres également, et nous repartirons de votre royaume avec les informations que nous sommes venus chercher.
-Très bien parlé, humain, reprit Zeus. Nous attendrons votre prochaine broderie avec… …impatience. »
Les Dieux disparurent de nouveau. NightBeast rejoignit Nina et Aran autour du second métier à tisser, et ils regardèrent Athéna qui s’était déjà remit à l’ouvrage. Aran pesta.
« On a aucune chance.
-Mais où est passé ton engouement de tout à l’heure, papounet ?
-Je m’y remet, déclara Nina. J’ai bien assimilé la technique de base, mais il faut que je comprenne comment elle fait pour mettre autant de détails dans sa broderie. Il est hors de question que nous passions le reste de notre éternité dans la chambre de cette déesse.
-Ça ne me dérangerais pas, moi, ricana NightBeast. Dans la chambre de cette jolie nénette, c’est intéressant…
-Où est Wee ? »
Nina et NightBeast se tournèrent vers Aran, qui regardait les alentours. Dans le recoin où il s’était allongé en boule, Wee-Ree-Cat avait disparu.
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[tU vOIs qUE tU pEUx lE fAIrE, sAtAnA]
…
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Que m’avez-vous fait ?
[mAIs rIEn, rIEn dU tOUt, lOrd sAtAnA. cE pOUvOIr, tU l’AvAIs En tOI dÈs lE dÉpArt, dEpUIs tA nAIssAncE. nOUs n’AvOns fAIt qUE t’AIdEr À l’ExplOItEr]
Mais je n’ai jamais, jamais eu connaissance de ces dons. Je n’ai aucunement été le témoin de phénomènes mystiques provenant de ces dons durant des années… Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ?
[prEndrE cOnscIEncE d’UnE chOsE Est bIEn sOUvEnt lA mEIllEUrE fAçOn dE l’ApprIvOIsEr]
Qui êtes-vous ?
[nOUs tE l’AvOns dÉjÀ dIt : nOUs sOmmEs tEs fAn-gIrls qUI…]
Qui êtes vous vraiment ?
[nOUs sOmmEs tEs fAn-gIrls…]
ARRÊTEZ ÇA !! Nous savons pertinemment, vous et moi, que ce n’est pas possible. Je suis prêt à croire à cette affluence subite de paranormal dans ma vie, mais vous n’existez pas. Vous n’étiez pas des êtres de chair et de sang derrière un écran, mais le pur produit de mon imagination, et… et…
[tU cOmmEncEs À cOmprEndrE]
Je vous ai… …créées ?
[dE tOUtEs pIÈcEs]
Et si je décide de vous faire réintégrer le néant dont vous n’auriez jamais dû émerger ?
On ne répond plus, n’est-ce pas ? Hein ? Pourquoi ne poursuivez-vous pas à me prodiguer vos fameux conseils ?
Vous avez peur ? Peur de ce que je pourrais faire ?
Vous êtes réellement en colère, n’est-ce pas ? À moins que je vous ai fait disparaître réellement, ha ha ha !
Répondez-moi si vous êtes encore là !
Vous m’entendez ? Je sais que vous êtes encore là ! Revenez ! REVENEZ !!!
[nOUs vOIlÀ, lOrd sAtAnA]
Mais où étiez-vous donc passées ?
[dAns lE nÉAnt dOnt nOUs n’AUrIOns jAmAIs dÛ sOrtIr]
I… Impossible…
[tU dEvrAIs sAvOIr mAIntEnAnt qUE rIEn n’Est rÉElEmEnt ImpOssIblE]
Alors pourquoi vous ne m’obéissez pas lorsque je vous intime de vous taire ?
[pArcE qU’AU fOnd dE tOI, tU nE lE vEUx pAs vrAImEnt]
Inimaginable. J’ai généré des êtres dans mon esprit. C’est peut-être une forme de schizophrénie ? Ou bien je suis tout simplement entrain de perdre la tête ? Ce qui expliquerait le fait d’avoir prit le commandement d’un groupe que je ne sais pas où mener…
[tU lE sAUrAs lE mOmEnt vEnU, nE pErd pAs cOnfIAncE]
Quand ? Comment le saurais-je ?
[nOUs tE mOntrErOns lE chEmIn, cOmmE tOUt À l’hEUrE]
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« Qu’est-ce que c’est que ce délire ? » chuchota Wee-Ree-Cat après avoir longuement baillé et s’être frotté les yeux. Il s’était endormi dans un coin de la chambre de l’autre déesse, là, et maintenant qu’il s’éveillait, il était dans un autre endroit qui lui était inconnu. Il s’était alors étiré avant de se planquer aussi silencieusement qu’un chat sous un immense guéridon. Il n’y avait aucun Dieu en vue, mais on n’était jamais trop prudent.
« Pourquoi je me retrouve là, moi ? »
Ce qu’ignorait Wee-Ree-Cat, c’était que les Dieux étaient apparus de nouveau dans la chambre de la déesse, très près de lui. Et lorsqu’ils s’étaient de nouveau évanouis dans les airs, ils l’avaient emportés par mégarde avec eux, sans s’en rendre compte. Une fois réapparus dans un autre endroit du palais, ils s’étaient séparés, laissant là le Trauménien endormi, qui s’était réveillé un peu désorienté.
« Voyons voir, murmura Wee-Ree-Cat à lui-même : Les autres étaient en train d’essayer de faire une broderie plus belle que celle de la déesse, quand je me suis endormi. Je me rappelle aussi qu’on ne pouvait pas sortir de la chambre, car la porte était hermétiquement close. Mais moi, je suis dehors. Je pourrais peut-être en profiter pour me barrer tranquillement ? »
Mais au fond de lui, Wee-Ree-Cat ne désirait pas plus que ça laisser les trois autres Trauméniens aux prises avec les Dieux, et comme il était relativement rancunier – trait de caractère accentué par les sentiments félins que son corps Trauméniens lui conférait – il décida de mettre à profit cet avantage pour visiter le palais et essayer de trouver quelque chose qui pourrait être utile.
Quittant sa cachette, il fonça sous un autre meuble immense, et écouta. Son ouïe avait également été amplifiée par son changement d’apparence, et il n’entendit personne approcher. Parcourant rapidement le couloir sans embûche, il poussa la porte doucement pour pénétrer dans un autre couloir, immense, et lui aussi vide. Mais il reconnu le passage dans lequel il se trouvait pour l’avoir déjà emprunté, du moins en partie. Il se souvenait qu’en prenant l seconde porte sur sa gauche, il se retrouverait dans un grand hall où il lui faudrait prendre la porte d’en face pour retomber sur le couloir où se trouvait la porte de la chambre d’Athéna.
Wee-Ree-Cat se rua sur la porte et l’ouvrit, puis s’arrêta en pleine action. Quel pourrait être l’intérêt de retourner dans la chambre d’Athéna alors qu’il n’avait rien déniché de susceptible de les aider ? C’était ridicule. Il referma la porte derrière lui et, depuis le grand hall, examina les alentours. Ses moustaches se mirent soudainement à vibrer, alors qu’il entendit le bruits de pas. Les pupilles dilatées, il courut jusqu’au banc le plus proche et tenta de s’y cacher un maximum.
Et il tendit l’oreille.
« …vraiment ? Tant que ça ? dit une voix de femme.
-Oui, tant que ça, répondit une voix d’homme légèrement tendue. Et si quelqu’un doit la retrouver, alors ça sera moi, pour ce qu’elle m’a fait subir !
-Oh, voyons, dit la femme d’une voix mielleuse. Tu vas me faire croire que tu t’es laissée faire sans rien dire ?
-Non, au départ, c’était même agréable, mais dès qu’elle eut commencée à avoir le dessus, elle… »
Les voix sortir du hall, et l’écho des dernières paroles de l’homme restèrent suspendues quelques instants. Wee-Ree-Cat n’avait pas pu voir les personnes qui avaient parlées, mais il se doutait que c’était des Dieux. De toute façon, il n’y avait que ça, dans ce palais. Il risqua un oeil pour sortir de sa cachette et, ne voyant personne, se mit à courir vers la porte qui menait au couloir suivant. Il la referma le plus rapidement possible et se retourna vers… …l’obscurité.
« Hein ? »
Soit son sens de l’orientation l’avait trompé, soit il s’était trompé de porte dans l’affolement de sa fuite. Curieux, tel un chat, il plissa les yeux pour habituer rapidement ses pupilles à l’obscurité. Décidément, songea-t-il, être à moitié chat n’a pas que des désavantages. Bientôt, il arriva à distinguer les détails de la pièce où il se trouvait. Une petite pièce sans bougie ni éventuelle lumière, même éteinte. Les meubles étaient peu nombreux et, manifestement, anciens. Des toiles d’araignées étaient étalées partout au plafond, sur les chaises et sur les murs. Même au sol.
Wee-Ree-Cat leva la jambe en grimaçant, soulevant une toile collante de sa semelle.
« Mais où est-ce que je suis tombé... »
Un bruit lui fit dresser le poil alors qu’il allait sortir de la pièce. Immobile, il se retourna lentement vers la source du froissement qu’il venait d’entendre, et vit quatre yeux rouges qui brillaient dans un coin du plafond. Des yeux qui le regardaient.
Des yeux d’une araignée géante.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
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Re: Traumenschar
« Vous vous améliorez, humains. » consentit Zeus en examinant la troisième broderie faite par Nina. Il l’exposa aux coté de la nouvelle broderie créée par Athéna, lumineuse, et les trois Trauméniens comprirent immédiatement que ce n’était encore pas pour cette fois. Ils avaient pourtant mis tout leur cœur pour faire ce portrait de Séphy-Roshou, assez ressemblant soit dit en passant, mais il ne semblait pas faire l’effet escompté aux Dieux. Le seul qui semblait avoir eu une réaction sensible était Apollon qui était resté de longues secondes subjugué par la beauté glaciale qui se dégageait du portrait tissé.
Les Dieux disparurent à nouveau, accompagnés du rire de Bacchus. Aran frappa du poing contre le mur.
« Si je le tiens entre mes mains un jours, ce Dieu qui se marre, je l’égorge.
-Agaçant, hein ? ajouta NightBeast. J’ai encore beaucoup à apprendre…
-Je n’en peux plus… »
Nina s’assit à même le sol, et soupira longuement. Elle avait passé plus de temps que d’ordinaire sur cette ultime ouvrage, mais le résultat avait été encore une fois nul. Devaient-ils donc rester définitivement ici ? Elle se passa une main sur la figure, découragée, alors qu’Aran vint lui masser les épaules.
« Courage, nous allons bien réussir…
-Tu le penses vraiment ? répondit Nina en levant les yeux vers lui.
-Nan, il ment pour te rassurer, voyons ! » ricana NightBeast avant d’éviter une baffe de son papa virtuel. Il s’éloigna en sautillant vers Athéna et continua d’admirer ses formes qu’il devinait sous la toge.
« Nous n’y arriverons jamais, Aran. Elle est trop douée. Nous pourrions y passer des siècles que nous n’égalerons jamais son talent…
-Mais il le faut, pourtant. Je vais m’y mettre, et tu vas m’expliquer. Une fois que nous maîtriserons la technique, nous…
-Oui ? insista la jeune femme. Nous quoi ? Nous ferons des toiles et des toiles, à n’en plus finir, et celles de cette déesse seront toujours plus belles ! Toujours !
-Nous trouverons bien un moyen, tenta de raisonner Aran.
-Nous devrions défoncer cette porte et essayer de trouver des informations nous-même, comme le groupe de Gorgon_Roo, Hilde et LIF. »
Elle avait consciemment omit de nommé Radamenthe, le traître, dans l’équipe. Mais le souvenir des trois autres voyageurs lui rappela la disparition d’Hilde, et celle de leur propre compagnon, Wee-Ree-Cat. Elle sentit les larmes de l’impuissance commencer à luire sous ses yeux, et se retint pour ne pas éclater en sanglots.
« Athéna remarquera notre absence si nous parvenions à nous enfuir de sa chambre, rétorqua Aran. Et si elle est aussi forte que Zeus…
-Aucun problème de ce coté là, hurla NightBeast. Elle ne remarque rien du tout tant qu’elle tisse ! »
Aran et Nina levèrent les yeux sur NightBeast qui était accroché à la toge de la déesse et qui s’amusait à la soulever pour regarder en dessous. Il grimpa même sur sa cuisse et sautilla pour attirer son attention. Mais Athéna, imperturbable, ne semblait même pas remarquer l’humain qui dansait sur sa jambe. NightBeast poussa même le vice jusqu’à baisser son pantalon pour lui montrer ses fesses, avant de redescendre en riant.
« Vous avez vu ? Elle ne voit rien du tout, on pourrait tous s’entretuer qu’elle ne bougerait pas d’un poil. »
Les deux autres Trauméniens échangèrent un regard, puis s’élancèrent d’un commun accord vers la porte, prêts à la réduire en poussière. Mais ils durent freiner avant de lancer leur assaut, car celle-ci s’ouvrit en laissant passer un Wee-Ree-Cat hors d’haleine, en nage, qui se jeta aux pieds de Nina en haletant.
« Wee !! s’exclamèrent en chœur les Trauméniens en retrouvant leur compagnon.
-Putain, je l’ai échappé belle, moi. » lâcha-t-il en se redressant. Devant lui, Aran, Nina et NightBeast reculèrent. Leurs yeux fixaient quelque chose de plus grand et de plus gros que Wee-Ree-Cat, qui poursuivait :
« C’est qu’elle a failli me voir, et là j’étais cuit.
-Euh, Wee ? » risqua NightBeast en levant encore les yeux. La porte derrière lui se ferma doucement dans un léger ‘clac’, alors que la chose se rapprochait de Wee-Ree-Cat par derrière. Celui-ci s’essuya le front.
« Qu’est-ce que vous avez ? Vous n’êtes pas content de me revoir ?
-Si, répondit Nina en se forçant à sourire. Mais tu aurais pu revenir seul, ça aurait été…
-…mieux ! termina Aran. Wee !! Derrière toi !! »
Wee-Ree-Cat se retourna et vit l’araignée. Aran, sa faux d’ores et déjà à la main, fonça sur elle en la brandissant, mais il fut arrêté par son compagnon avant d’avoir porté son attaque. Wee-Ree-Cat lui bloqua le bras et les deux Trauméniens tombèrent au sol devant l’araignée géante.
« Arrête, Aran, ce n’est pas une ennemie !
-Et qu’est-ce que c’est alors ? » répondit Aran en roulant sur lui-même pour se remettre d’aplomb. Sans même qu’il ne s’en rende compte, ses aptitudes et ses réflexes étaient décuplés depuis son passage dans l’au-delà des Olympiens.
« Je m’appelle Arachné, répondit la principale intéressée. Et je peux vous aider. »
Wee-Ree-Cat et Arachné leur expliquèrent les circonstances de leur rencontre, pur fruit du hasard, ainsi que les explications concernant son apparence peu commune. En effet, bien longtemps avant l’arrivée des Trauméniens dans ce monde, Arachné était une jeune fille de Lydie, province de l’empire romain, qui voulu rivaliser de son talent de tisseuse avec la déesse Athéna. Mais lors de l’affrontement, Arachné eut la mauvaise idée de tisser des scènes de la vie des Dieux qui ne leur convinrent pas, et en guise de châtiment, elle fut changée en araignée pour tisser sa toile indéfiniment.
« Elle m’a dit qu’elle acceptait de tisser la broderie pour nous, reprit Wee-Ree-Cat. Mais à une condition.
-Laquelle, demanda Aran, méfiant.
-Qu’on la fasse sortir du palais et qu’on l’emmène avec nous. »
Aran réfléchit quelques secondes. Il ignorait s’ils devraient sortir du palais ou non, dans leurs épreuves à venir. Et si Arachné comptait sur leur soutient une fois les douze travaux achevés et leur renseignement obtenu, elle allait être déçue, car ils repartiraient avec leurs pilules en la laissant choir. D’un autre coté, elle seule arriverait à broder assez bien pour qu’ils puissent espérer passer l’épreuve.
« Si jamais les Dieux te découvrent avec nous, c’en est terminé de toi, je suppose, dit Aran d’un ton neutre.
-Oui, répondit Arachné. Mais je peux me cacher, devenir aussi petite qu’une véritable araignée et me cacher sur vous.
-Si tu penses vouloir risquer le tout pour le tout en nous aidant, alors allons-y, conclut finalement le Trauménien. Mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
-Je suis coincée ici depuis plus de quinze milles ans, à tisser des toiles sans fin. Je veux un peu d’action, dussé-je y perdre ma piètre vie. »
Aran hocha la tête, puis fit disparaître sa faux. Wee-Ree-Cat conduisit Arachné jusqu’au métier à tisser, et celle-ci se mit à l’ouvrage, sous les indications de Nina qui lui représentait verbalement le modèle. La broderie prit rapidement forme, sous les regards émerveillés des Trauméniens qui voyaient enfin une issue à cette épreuve qui n’avait que trop durée. Athéna avait achevé la sienne, mais elle ne sembla pas se rendre compte de l’invité surprise dans le camp adverse, tant et si bien que lorsque leur ouvrage fut achevé, Arachné rapetissa et se glissa dans la fourrure de Wee-Ree-Cat, qui protesta, bien entendu.
« Tu peux pas te mettre ailleurs ? Je hais les araignées !
-Chut, Wee ! rétorqua Nina. Ils sont là. »
Les Dieux, en effets, étaient apparus quelques secondes après que la seconde broderie fut achevée. Zeus avança sa main immense vers l’ouvrage d’Athéna, le représentant entrain de donner naissance à chacun de ses fils et filles, dans une aura de splendeur indescriptible. Le maître des Dieux, ravi, sourit à la déesse avant de se tourner vers les Trauméniens. Ceux-ci virent le changement dans le regard de Zeus lorsqu’il prit leur broderie pour l’examiner. Un murmure général accompagna l’observation de la toile, puis une question :
« Qu’est-ce que cela est censé représenter ?
-Une bataille, répondit Nina en s’avançant. La bataille entre les humains et un Dieu mauvais, qui n’a de cesse que de leur faire du mal par toutes les façons possibles et imaginables. Une grande bataille qui ne signa pas la fin du Dieu mauvais, mais la première tentative des humains de réagir face à lui.
-Hmm, je vois. »
Zeus était légèrement surprit s’entendre parler de ce Dieu si mauvais, alors que chacun savait que tous les Dieux étaient mauvais, d’un certain coté. Ils étaient manipulateurs, calculateurs, égoïstes, arrogants et souvent bien plus méchant que les monstres qu’ils sont censés combattre. Mais entendre parler d’un Dieu mauvais, sans autre qualité que représenter le Mal, il en était quelque peu étonné.
Mais la jeune humaine avait raison, et plus il regardait la représentation de ce Dieu mauvais, plus il sentait l’aura de Mal qui rayonnait autour de lui. Il était entouré de quatre autres Dieux mauvais, mais mineurs, qui combattait un groupe d’individus manifestement dépassés, mais qui continuaient à combattre sans lâcher prise. Et autant le Mal tournoyait autour des quatre Dieux, autant Zeus pouvait percevoir le courage t la bravoure qui animait les humains combattant le Mal.
Cette toile, songea-t-il. Elle a une âme.
« J’ignore comment une telle avancée dans votre art de broder est possible, mais je dois me rendre à l’évidence : Vous avez remporté la première épreuve, humains. »
Cris de joie du groupe de Trauméniens, sauf Wee-Ree-Cat qui préféra faire un pas de coté. NightBeast embrassa Nina et sauta dans les bras d’Aran avant que celui-ci ne puisse lui coller la baffe qu’il avait préparée.
« Suivez-nous jusqu’à votre seconde épreuve. »
Zeus et le groupe de Dieux ouvrit la porte et s’en allèrent dans le couloir. Athéna avait retrouvé sa place auprès de Zeus, et les deux broderies flottaient devant elles. Un peu plus loin dans le couloir, elle s’arrêta et se tourna vers le mur. Elle leva les bras et les deux broderies allèrent se coller contre deux cadres vides, sur le mur. Les cadres scintillèrent une seconde et retrouvèrent leur apparence d’origine.
C’est ainsi qu’on raconte que la représentation de la bataille entre les Trauménien et Mistrophera trône toujours majestueusement dans les couloirs du palais des Dieux.
Les Dieux disparurent à nouveau, accompagnés du rire de Bacchus. Aran frappa du poing contre le mur.
« Si je le tiens entre mes mains un jours, ce Dieu qui se marre, je l’égorge.
-Agaçant, hein ? ajouta NightBeast. J’ai encore beaucoup à apprendre…
-Je n’en peux plus… »
Nina s’assit à même le sol, et soupira longuement. Elle avait passé plus de temps que d’ordinaire sur cette ultime ouvrage, mais le résultat avait été encore une fois nul. Devaient-ils donc rester définitivement ici ? Elle se passa une main sur la figure, découragée, alors qu’Aran vint lui masser les épaules.
« Courage, nous allons bien réussir…
-Tu le penses vraiment ? répondit Nina en levant les yeux vers lui.
-Nan, il ment pour te rassurer, voyons ! » ricana NightBeast avant d’éviter une baffe de son papa virtuel. Il s’éloigna en sautillant vers Athéna et continua d’admirer ses formes qu’il devinait sous la toge.
« Nous n’y arriverons jamais, Aran. Elle est trop douée. Nous pourrions y passer des siècles que nous n’égalerons jamais son talent…
-Mais il le faut, pourtant. Je vais m’y mettre, et tu vas m’expliquer. Une fois que nous maîtriserons la technique, nous…
-Oui ? insista la jeune femme. Nous quoi ? Nous ferons des toiles et des toiles, à n’en plus finir, et celles de cette déesse seront toujours plus belles ! Toujours !
-Nous trouverons bien un moyen, tenta de raisonner Aran.
-Nous devrions défoncer cette porte et essayer de trouver des informations nous-même, comme le groupe de Gorgon_Roo, Hilde et LIF. »
Elle avait consciemment omit de nommé Radamenthe, le traître, dans l’équipe. Mais le souvenir des trois autres voyageurs lui rappela la disparition d’Hilde, et celle de leur propre compagnon, Wee-Ree-Cat. Elle sentit les larmes de l’impuissance commencer à luire sous ses yeux, et se retint pour ne pas éclater en sanglots.
« Athéna remarquera notre absence si nous parvenions à nous enfuir de sa chambre, rétorqua Aran. Et si elle est aussi forte que Zeus…
-Aucun problème de ce coté là, hurla NightBeast. Elle ne remarque rien du tout tant qu’elle tisse ! »
Aran et Nina levèrent les yeux sur NightBeast qui était accroché à la toge de la déesse et qui s’amusait à la soulever pour regarder en dessous. Il grimpa même sur sa cuisse et sautilla pour attirer son attention. Mais Athéna, imperturbable, ne semblait même pas remarquer l’humain qui dansait sur sa jambe. NightBeast poussa même le vice jusqu’à baisser son pantalon pour lui montrer ses fesses, avant de redescendre en riant.
« Vous avez vu ? Elle ne voit rien du tout, on pourrait tous s’entretuer qu’elle ne bougerait pas d’un poil. »
Les deux autres Trauméniens échangèrent un regard, puis s’élancèrent d’un commun accord vers la porte, prêts à la réduire en poussière. Mais ils durent freiner avant de lancer leur assaut, car celle-ci s’ouvrit en laissant passer un Wee-Ree-Cat hors d’haleine, en nage, qui se jeta aux pieds de Nina en haletant.
« Wee !! s’exclamèrent en chœur les Trauméniens en retrouvant leur compagnon.
-Putain, je l’ai échappé belle, moi. » lâcha-t-il en se redressant. Devant lui, Aran, Nina et NightBeast reculèrent. Leurs yeux fixaient quelque chose de plus grand et de plus gros que Wee-Ree-Cat, qui poursuivait :
« C’est qu’elle a failli me voir, et là j’étais cuit.
-Euh, Wee ? » risqua NightBeast en levant encore les yeux. La porte derrière lui se ferma doucement dans un léger ‘clac’, alors que la chose se rapprochait de Wee-Ree-Cat par derrière. Celui-ci s’essuya le front.
« Qu’est-ce que vous avez ? Vous n’êtes pas content de me revoir ?
-Si, répondit Nina en se forçant à sourire. Mais tu aurais pu revenir seul, ça aurait été…
-…mieux ! termina Aran. Wee !! Derrière toi !! »
Wee-Ree-Cat se retourna et vit l’araignée. Aran, sa faux d’ores et déjà à la main, fonça sur elle en la brandissant, mais il fut arrêté par son compagnon avant d’avoir porté son attaque. Wee-Ree-Cat lui bloqua le bras et les deux Trauméniens tombèrent au sol devant l’araignée géante.
« Arrête, Aran, ce n’est pas une ennemie !
-Et qu’est-ce que c’est alors ? » répondit Aran en roulant sur lui-même pour se remettre d’aplomb. Sans même qu’il ne s’en rende compte, ses aptitudes et ses réflexes étaient décuplés depuis son passage dans l’au-delà des Olympiens.
« Je m’appelle Arachné, répondit la principale intéressée. Et je peux vous aider. »
Wee-Ree-Cat et Arachné leur expliquèrent les circonstances de leur rencontre, pur fruit du hasard, ainsi que les explications concernant son apparence peu commune. En effet, bien longtemps avant l’arrivée des Trauméniens dans ce monde, Arachné était une jeune fille de Lydie, province de l’empire romain, qui voulu rivaliser de son talent de tisseuse avec la déesse Athéna. Mais lors de l’affrontement, Arachné eut la mauvaise idée de tisser des scènes de la vie des Dieux qui ne leur convinrent pas, et en guise de châtiment, elle fut changée en araignée pour tisser sa toile indéfiniment.
« Elle m’a dit qu’elle acceptait de tisser la broderie pour nous, reprit Wee-Ree-Cat. Mais à une condition.
-Laquelle, demanda Aran, méfiant.
-Qu’on la fasse sortir du palais et qu’on l’emmène avec nous. »
Aran réfléchit quelques secondes. Il ignorait s’ils devraient sortir du palais ou non, dans leurs épreuves à venir. Et si Arachné comptait sur leur soutient une fois les douze travaux achevés et leur renseignement obtenu, elle allait être déçue, car ils repartiraient avec leurs pilules en la laissant choir. D’un autre coté, elle seule arriverait à broder assez bien pour qu’ils puissent espérer passer l’épreuve.
« Si jamais les Dieux te découvrent avec nous, c’en est terminé de toi, je suppose, dit Aran d’un ton neutre.
-Oui, répondit Arachné. Mais je peux me cacher, devenir aussi petite qu’une véritable araignée et me cacher sur vous.
-Si tu penses vouloir risquer le tout pour le tout en nous aidant, alors allons-y, conclut finalement le Trauménien. Mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
-Je suis coincée ici depuis plus de quinze milles ans, à tisser des toiles sans fin. Je veux un peu d’action, dussé-je y perdre ma piètre vie. »
Aran hocha la tête, puis fit disparaître sa faux. Wee-Ree-Cat conduisit Arachné jusqu’au métier à tisser, et celle-ci se mit à l’ouvrage, sous les indications de Nina qui lui représentait verbalement le modèle. La broderie prit rapidement forme, sous les regards émerveillés des Trauméniens qui voyaient enfin une issue à cette épreuve qui n’avait que trop durée. Athéna avait achevé la sienne, mais elle ne sembla pas se rendre compte de l’invité surprise dans le camp adverse, tant et si bien que lorsque leur ouvrage fut achevé, Arachné rapetissa et se glissa dans la fourrure de Wee-Ree-Cat, qui protesta, bien entendu.
« Tu peux pas te mettre ailleurs ? Je hais les araignées !
-Chut, Wee ! rétorqua Nina. Ils sont là. »
Les Dieux, en effets, étaient apparus quelques secondes après que la seconde broderie fut achevée. Zeus avança sa main immense vers l’ouvrage d’Athéna, le représentant entrain de donner naissance à chacun de ses fils et filles, dans une aura de splendeur indescriptible. Le maître des Dieux, ravi, sourit à la déesse avant de se tourner vers les Trauméniens. Ceux-ci virent le changement dans le regard de Zeus lorsqu’il prit leur broderie pour l’examiner. Un murmure général accompagna l’observation de la toile, puis une question :
« Qu’est-ce que cela est censé représenter ?
-Une bataille, répondit Nina en s’avançant. La bataille entre les humains et un Dieu mauvais, qui n’a de cesse que de leur faire du mal par toutes les façons possibles et imaginables. Une grande bataille qui ne signa pas la fin du Dieu mauvais, mais la première tentative des humains de réagir face à lui.
-Hmm, je vois. »
Zeus était légèrement surprit s’entendre parler de ce Dieu si mauvais, alors que chacun savait que tous les Dieux étaient mauvais, d’un certain coté. Ils étaient manipulateurs, calculateurs, égoïstes, arrogants et souvent bien plus méchant que les monstres qu’ils sont censés combattre. Mais entendre parler d’un Dieu mauvais, sans autre qualité que représenter le Mal, il en était quelque peu étonné.
Mais la jeune humaine avait raison, et plus il regardait la représentation de ce Dieu mauvais, plus il sentait l’aura de Mal qui rayonnait autour de lui. Il était entouré de quatre autres Dieux mauvais, mais mineurs, qui combattait un groupe d’individus manifestement dépassés, mais qui continuaient à combattre sans lâcher prise. Et autant le Mal tournoyait autour des quatre Dieux, autant Zeus pouvait percevoir le courage t la bravoure qui animait les humains combattant le Mal.
Cette toile, songea-t-il. Elle a une âme.
« J’ignore comment une telle avancée dans votre art de broder est possible, mais je dois me rendre à l’évidence : Vous avez remporté la première épreuve, humains. »
Cris de joie du groupe de Trauméniens, sauf Wee-Ree-Cat qui préféra faire un pas de coté. NightBeast embrassa Nina et sauta dans les bras d’Aran avant que celui-ci ne puisse lui coller la baffe qu’il avait préparée.
« Suivez-nous jusqu’à votre seconde épreuve. »
Zeus et le groupe de Dieux ouvrit la porte et s’en allèrent dans le couloir. Athéna avait retrouvé sa place auprès de Zeus, et les deux broderies flottaient devant elles. Un peu plus loin dans le couloir, elle s’arrêta et se tourna vers le mur. Elle leva les bras et les deux broderies allèrent se coller contre deux cadres vides, sur le mur. Les cadres scintillèrent une seconde et retrouvèrent leur apparence d’origine.
C’est ainsi qu’on raconte que la représentation de la bataille entre les Trauménien et Mistrophera trône toujours majestueusement dans les couloirs du palais des Dieux.
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Re: Traumenschar
5. Seconde épreuve : La Chasse d’Artémis.
« Chers tous,
après bien des hypocrisies et basses techniques de crépages de chignon qui ont crée une ambiance autant détestable sur ce lieu que je destinais avant tout à la détente, mais aussi parmi les (deux des) modérateurs qui au lieu de m'en parler face à face ont préféré jouer les innocents et se tirer dans les pattes avec témoins autres que moi (et l'un d'eux -que je ne citerai pas- voulait aussi recourir à du terrorisme pour pouvoir faire ce qu'il voulait sur un lieu qui appartient à UNE AUTRE qui PAYE pour héberger ce PUTAIN DE FORUM), j'ai décidé pour le bien de tous (et surtout pour ma tranquilité à moi) de supprimer ce forum demain soir (samedi).
Dans quelques temps, je supprimerai aussi la ShinRa Corp, afin d'en créer un neuf, petit, sans AUCUNE particularité qui fassent autant d'émules, de dégâts et d'idioties sans nom. Ce site me servira seulement à héberger mes oeuvres, et sera donc d'un intérêt moindre - mais la tranquilité n'a pas de prix.
Adieu à tous, il y a eu de mauvais moments, mais je me souviendrai surtout des bons. »
Angie valida le message et se déconnecta du forum. Elle regarda sa montre, et constata qu’elle n’avait passé qu’une petite demi-heure sur l’ordinateur. Elle ferma sa session et se leva. Elle alla régler son temps de connexion et le patron du Cyber-Cube, ou était-ce un simple employé, la salua. Elle y répondit d’un petit signe de tête. À l’extérieur, elle rejoignit Laekh qui avait fait le guet durant toute la séance. Il avait fréquemment regardé la photocopie du dessin effectué par DarKenshin, un portrait robot du commissaire qui était entré chez DragonNoir juste avant l’accident.
« Tu l’as vu ? demanda-t-elle.
-Non. Ni lui, ni l’autre qui était avec lui.
-Et est-ce que tu l’as vu… …Lui ? »
Laekh frissonna rien qu’à l’évocation de Son nom. À chaque fois qu’ils En parlaient, les Trauméniens ne pouvaient s’empêcher de ressentir une sorte de malaise, une sorte de nausée intérieure. Comme si une partie de Son être était dans chacun d’eux et prenait un malin plaisir à les torturer dès que possible.
« Non plus, non, répondit finalement Laekh.
-Viens. »
Angie lui prit le bras et ils s’éloignèrent du cybercafé.
L’idée était venue de Draco, qui les avait appelé alors qu’ils étaient dans les catacombes et qu’ils fuyaient l’appartement de DragonNoir. Ils étaient dans la salle du Chandelier, se préparant à repartir après une courte halte, quand le portable de DragonNoir avait retenti. Il avait décroché, étonné que son mobile puisse capter le réseau dans les souterrains parisiens, et avait parlé quelques minutes à son interlocuteur. Une fois la conversation achevée, il avait expliqué aux autres Trauméniens l’idée que venait d’avoir Draco :
« Le Commissaire qui a débarqué chez moi était certainement le même que celui qui avait été jusqu’au domicile de Draco et Magnum pour poser quelques questions. D’après Draco, il n’est pas à exclure que celui-ci suive la piste des forums et d’Internet pour tenter de retrouver Magnum. Étant donné que nous tous, ici présents, sommes impliqués dans cette affaire maintenant, et que nous sommes également tous des membres plus ou moins actifs de Traumen, il vient de me soumettre l’idée de mettre le forum en fermeture temporaire. »
Ils avaient rapidement délibérés, même si certains trouvaient les chances que ce commissaire ne puisse les retrouver grâce à Traumen minimes. Angie avait finalement mit un terme aux discussions en annonçant à tous qu’elle avait, de toute façon, l’intention de mettre à mort Traumen dans les jours ou les semaines à venir. Sans plus d’explications, qui auraient été inutiles, elle se proposa spontanément pour s’occuper de la fin du forum, qui se déroulerait en deux étapes.
« Tu le fermeras quand, définitivement ? demanda Laekh en traversant la rue Edgar Quinet pour se diriger vers le cimetière du Montparnasse.
-On y retournera demain ou après-demain, au plus tard.
-N’est-ce pas dangereux de faire deux fois le trajet pour…
-Je pense, l’interrompit-elle, que si j’avais fermé le forum du jour au lendemain sans plus d’explication, et que ce commissaire le surveillait, il se serait posé des questions. Là, il s’en posera peut-être, sûrement même, mais ça aura l’air d’une mort plus… naturelle. »
Laekh hocha la tête silencieusement. Il regarda un moment Angie, ne sachant si la fermeture de Traumen était pour elle un coup dur de plus, ou un soulagement. La communauté, même si elle n’était plus aussi soudée qu’avant, avait réservé encore quelques belles surprises ces derniers temps, avant que Séphy-Roshou ne disparaisse. Angie se tourna vers lui et lui sourit.
« T’en fais pas. »
Ils pénétrèrent dans le cimetière et suivirent le chemin qu’ils avaient fait à l’aller jusqu’au petit chemin qui menait aux catacombes. Le passage n’avait rien de particulièrement secret, mais il restait tout de même en retrait par rapport aux sentiers du cimetière. Ils s’engouffrèrent dans l’escalier du Nord, comme indiqué sur le plan, et rejoignirent en quelques minutes la salle du Chandelier, où les attendaient toujours les autres Trauméniens. Ce fut Viper Dragoon qui les vit le premier et qui se rua à leur rencontre.
« Vous l’avez fait ? Vous l’avez vraiment fait ? pleurnicha-t-il en se triturant les mains.
-Oui, VD, répondit Angie en roulant des yeux. Tu ne vas pas recommencer, tout de même ? C’était nécessaire, même sans ce policier.
-Oooh… »
Viper Dragoon baissa les bras et s’en retourna avec les autres. Angie laissa Laekh et alla voir DragonNoir, Q-Po et Arkh qui consultaient toujours le plan. Elle les informa qu’elle ressortirait dès que possible dans les jours à venir pour clore définitivement la Shinra Corp.
« La Shinra Corp, ce n’est peut-être pas utile, Angie, dit DragonNoir. Seul Traumen pouvait être gênant, mais il n’y a aucune information sur la plupart d’entre nous sur le site de la Shinra. Efface juste le forum en faisant une sauvegarde, et…
-Non, pas de sauvegarde, répondit-elle plutôt froidement. J’allais l’effacer de toute façon, je vous l’ai dit. Ce forum étai devenu… …autre chose. Une chose que je ne voulais pas, que je ne désirais plus.
-Que tu ne contrôlais plus non plus, ajouta Arkh.
-Tout à fait. La communauté, elle existe encore, même si elle est éclatée, mais le forum doit fermer ses portes avant de sombrer encore plus bas.
-Très bien. » dit DragonNoir, un tantinet déçu. Il retourna au plan des catacombes pour suivre une énième fois le chemin qu’ils voulaient parcourir. Ils s’étaient tout les trois mis d’accord pour s’arrêter un moment dans l’Abri FFI, ou Abri de Denfer, un ancien pc de la résistance de 1944 qui pourrait leur servir de nouveau quartier général. Il y avait d’autres cachettes en cas de pépins, mais DragonNoir espérait que Mistrophera ne les découvrirait pas dans cet endroit de sitôt. Et le commissaire non plus.
« Qu’en dis-tu, Angie ? dit-il en lui soumettant l’idée.
-J’en dis que ce n’est pas moi le chef des opérations, DragonNoir.
-Je n’ai jamais demandé non plus à l’être.
-Pourtant, tu l’es. »
Le silence qui suivit persista un instant de trop. Mais ni DragonNoir ni Angie ne voulaient que les choses ne s’enveniment dans le groupe déjà restreint qui composait les forces Trauméniennes. Il consentit donc à acquiescer à une idée qui ne lui plaisait pourtant pas, et alla dans la salle où les autres attendaient le moment du départ.
« Trauméniens, il est temps d’y aller. »
Arrivés devant une immense étendue d’eau, les Dieux, suivis des Trauméniens, s’arrêtèrent d’un commun accord silencieux. Pour être exact, les Dieux s’arrêtèrent, mais les quatre humains durent marcher encore quelques minutes pour arriver à hauteur de leurs supérieurs temporaires. Ils regardèrent tour à tour l’océan qui s’étendait devant eux, les Dieux et eux-mêmes. Ils se demandaient ce qu’ils faisaient là, en fait.
« S’ils me demandent de nager, je prends la pilule, dit aussitôt Wee-Ree-Cat.
-Je pense pas qu’on soit là pour boire tout ça… » ricana NightBeast. Puis, fronçant soudain les sourcils et se tournant vers Zeus, il ajouta : « …si ?
-Non, humain, répondit le maître des Dieux. Si vous êtes là, ça n’est pas pour boire toute cette eau. Vous êtes ici pour passer votre seconde épreuve, et vous mesurer à Poséidon. »
Dès qu’il eut prononcé le nom du Dieu, celui-ci sauta dans l’eau avec une rapidité fulgurante, éclaboussant tout autour de lui. Wee-Ree-Cat se dégagea en arrière en feulant. Poséidon exécuta plusieurs acrobaties dans l’eau, avant de remonter devant les Trauméniens et les siens.
« Voici Watha, mon dauphin le plus rapide. Votre seconde épreuve sera de le battre à la course. Si l’un d’entre vous, un seul, arrive à atteindre la fin du parcours avant lui, alors nous considèrerons que vous avez remporté votre épreuve. »
Les Trauméniens se regardèrent, avec un soupçon d’espoir. Cette épreuve semblait bien moins difficile que l’autre, et au moins ils n’auraient pas à apprendre à nager avant de se lancer dans la course.
« Et si nous n’y parvenons pas ? demanda Aran.
-Vous recommencerez, encore et encore. » répondit Zeus.
Il se recula, ainsi que les autres Dieux, pour mieux assister au spectacle qui allait suivre. Les Trauméniens regardèrent Poséidon qui laissa sa place à Watha. Le dauphin décrivit un arc de cercle en sautant par-dessus la surface de l’eau, avant d’inviter les humains à le rejoindre par un mouvement de son bec.
« Bon, allons-y, décréta Aran avant de plonger.
-Moi j’y vais pas, grogna encore Wee-Ree-Cat en croisant les bras. Je suis un chat, et tout le monde sait que les chats ont une sainte horreur de l’eau.
-Ça ne me gène pas, moi, dit Nina en se jetant à son tour à l’eau. En plus, elle est à température idéale.
-Regardez-moi !!! »
Ils se tournèrent vers NightBeast qui, en dépit de son apparence qui ne semblait pas avoir tellement changé vis-à-vis de son enveloppe charnelle humaine, possédait maintenant un don manifeste pour le sprint nautique : Celui-ci allait et venait à une rapidité défiant toute concurrence. L’espoir des Trauméniens s’en retrouvait encore un cran au dessus. Ce n’était qu’une épreuve parmi tant d’autres, certes, mais grâce à NightBeast, ça serait une épreuve vite remportée.
« Bah voilà, s’exclama Wee-Ree-Cat ravi, plus besoin de moi. Je reste au sec. »
Aran finit par lâcher l’affaire. En plus, d’un certain coté, Wee-Ree-Cat n’avait pas tort, étant donné qu’ils étaient assurés de gagner grâce à NightBeast. Ils se tournèrent vers Zeus, qui leva son immense main vers le large. Ils virent un immense rocher rond sortir de l’eau à l’est, puis deux ruines de colonnes à l’ouest. Zeus baissa sa main et leur dit :
« Le parcours est le suivant : Vous devez passer entre les deux colonnes puis vous diriger vers ce rocher en forme de dôme. Une fois que vous aurez fait le tour de celui-ci, repassez entre les deux colonnes et revenez ici. La première équipe qui touchera la berge devant nous sera déclarée vainqueur. Êtes-vous prêts ? »
Les Trauméniens se mirent en position, NightBeast à l’écart pour ne pas être gêné. Watha, le dauphin, était aussi paré au départ.
« Allez-y ! » clama le maître des Dieux.
Le dauphin se propulsa à toute allure dès le départ, prenant une avance confortable sur Aran et Nina qui, malgré leurs toutes nouvelles aptitudes, ne pouvaient concourir avec le dauphin le plus rapide du Dieu des mers. Watha s’autorisa même quelques cabrioles aquatiques, histoire de narguer les Trauméniens à la dérive, et sans perdre l’avance qu’il possédait sur ses concurrents.
Mais il se rendit soudainement compte que quelque chose, ou plutôt quelqu’un, le rattrapait à vive allure derrière lui. Sans prendre le temps de se retourner, le dauphin accéléra pour tenter de maintenir la distance entre lui et son concurrent, qui n’était autre que NightBeast, bien évidemment, lancé à toute vitesse. Watha eut beau se démener pour conserver son avance, une fois qu’il eut passé les colonnes, il fut rattrapé par NightBeast qui le dépassa comme une flèche.
« Youhou, I’m the king of the world! »
Mais NightBeast avait oublié un détail, qui avait son importance. Le dauphin bifurqua et fonça droit sur le rocher rond à l’est, alors que NightBeast, incapable de prendre le virage dut s’arrêter pour changer sa trajectoire. Il perdit du temps en accélérant de nouveau, mais rattrapa tout de même le dauphin avant que ce denier n’atteigne la pierre ronde. Seulement ici encore, le même problème se posa à lui, et il fut à nouveau obligé de s’arrêter pour nager normalement pendant qu’il contournait le rocher.
« Merde, jura Aran en passant les deux colonnes. Il est trop rapide.
-Il n’arrive pas à tourner ? demanda Nina alors qu’elle le suivait.
-Il va vite, mais seulement en ligne droite. Dans les virages, c’est pire que nous… »
Ils virent le dauphin qui avait déjà fait le tour et qui fonçait droit vers la victoire. Il croisa les Trauméniens au moment où NightBeast réapparaissait de l’autre coté du rocher et reprenait son accélération fulgurante. Mais le dauphin avait d’ores et déjà passé les deux colonnes, et il fonçait vers la victoire. NightBeast ralentit à hauteur d’Aran et Nina, puis pesta en frappant l’eau du plat de la main.
« Pas moyen de prendre le virage, ragea-t-il. J’avais l’impression de conduire un trente-huit tonnes !
-Tu as déjà conduit un trente-huit tonnes ? demanda Nina.
-Non, répondit NightBeast avec un sourire. Mais ça doit être comme ça.
-Rentrons à la berge. » dit finalement Aran.
Une fois qu’ils eurent rejoint les Dieux, ceux-ci les applaudirent avec ferveur, mais aussi beaucoup de mépris. Leurs sourires étaient ceux des vainqueurs dont la victoire est simple et tellement évidente qu’ils ne daignent même pas être heureux. Aran résista à nouveau à l’envie de casser la mâchoire à ces Dieux arrogants et supérieurs.
« Eh bien, jolie course. Surtout toi, petit.
-Merci, répondit NightBeast en essayant de ne pas être impressionné par la taille de Zeus et par sa stature.
-Il va vous falloir encore de l’entraînement pour parvenir à battre ce dauphin.
-De l’entraînement ou un gouvernail, railla Wee-Ree-Cat en souriant.
-Toi, ça va, sale bête ! » cracha Aran. S’il ne pouvait pas mettre à mal un Dieu ou deux, au moins il pourrait passer ses nerfs sur l’animal qui leur servait de compagnon.
« Un gouvernail ? répéta Nina.
-Ouais, c’est un truc qui permet de diriger les bat…
-Je sais ce que c’est, NB ! Mais l’idée n’est pas si idiote. Est-ce que tu te sens capable de nous traîner tout en nageant ?
-Euh, et bien, hésita NightBeast. Je pense que oui.
-Alors j’ai une idée. »
« Chers tous,
après bien des hypocrisies et basses techniques de crépages de chignon qui ont crée une ambiance autant détestable sur ce lieu que je destinais avant tout à la détente, mais aussi parmi les (deux des) modérateurs qui au lieu de m'en parler face à face ont préféré jouer les innocents et se tirer dans les pattes avec témoins autres que moi (et l'un d'eux -que je ne citerai pas- voulait aussi recourir à du terrorisme pour pouvoir faire ce qu'il voulait sur un lieu qui appartient à UNE AUTRE qui PAYE pour héberger ce PUTAIN DE FORUM), j'ai décidé pour le bien de tous (et surtout pour ma tranquilité à moi) de supprimer ce forum demain soir (samedi).
Dans quelques temps, je supprimerai aussi la ShinRa Corp, afin d'en créer un neuf, petit, sans AUCUNE particularité qui fassent autant d'émules, de dégâts et d'idioties sans nom. Ce site me servira seulement à héberger mes oeuvres, et sera donc d'un intérêt moindre - mais la tranquilité n'a pas de prix.
Adieu à tous, il y a eu de mauvais moments, mais je me souviendrai surtout des bons. »
Angie valida le message et se déconnecta du forum. Elle regarda sa montre, et constata qu’elle n’avait passé qu’une petite demi-heure sur l’ordinateur. Elle ferma sa session et se leva. Elle alla régler son temps de connexion et le patron du Cyber-Cube, ou était-ce un simple employé, la salua. Elle y répondit d’un petit signe de tête. À l’extérieur, elle rejoignit Laekh qui avait fait le guet durant toute la séance. Il avait fréquemment regardé la photocopie du dessin effectué par DarKenshin, un portrait robot du commissaire qui était entré chez DragonNoir juste avant l’accident.
« Tu l’as vu ? demanda-t-elle.
-Non. Ni lui, ni l’autre qui était avec lui.
-Et est-ce que tu l’as vu… …Lui ? »
Laekh frissonna rien qu’à l’évocation de Son nom. À chaque fois qu’ils En parlaient, les Trauméniens ne pouvaient s’empêcher de ressentir une sorte de malaise, une sorte de nausée intérieure. Comme si une partie de Son être était dans chacun d’eux et prenait un malin plaisir à les torturer dès que possible.
« Non plus, non, répondit finalement Laekh.
-Viens. »
Angie lui prit le bras et ils s’éloignèrent du cybercafé.
L’idée était venue de Draco, qui les avait appelé alors qu’ils étaient dans les catacombes et qu’ils fuyaient l’appartement de DragonNoir. Ils étaient dans la salle du Chandelier, se préparant à repartir après une courte halte, quand le portable de DragonNoir avait retenti. Il avait décroché, étonné que son mobile puisse capter le réseau dans les souterrains parisiens, et avait parlé quelques minutes à son interlocuteur. Une fois la conversation achevée, il avait expliqué aux autres Trauméniens l’idée que venait d’avoir Draco :
« Le Commissaire qui a débarqué chez moi était certainement le même que celui qui avait été jusqu’au domicile de Draco et Magnum pour poser quelques questions. D’après Draco, il n’est pas à exclure que celui-ci suive la piste des forums et d’Internet pour tenter de retrouver Magnum. Étant donné que nous tous, ici présents, sommes impliqués dans cette affaire maintenant, et que nous sommes également tous des membres plus ou moins actifs de Traumen, il vient de me soumettre l’idée de mettre le forum en fermeture temporaire. »
Ils avaient rapidement délibérés, même si certains trouvaient les chances que ce commissaire ne puisse les retrouver grâce à Traumen minimes. Angie avait finalement mit un terme aux discussions en annonçant à tous qu’elle avait, de toute façon, l’intention de mettre à mort Traumen dans les jours ou les semaines à venir. Sans plus d’explications, qui auraient été inutiles, elle se proposa spontanément pour s’occuper de la fin du forum, qui se déroulerait en deux étapes.
« Tu le fermeras quand, définitivement ? demanda Laekh en traversant la rue Edgar Quinet pour se diriger vers le cimetière du Montparnasse.
-On y retournera demain ou après-demain, au plus tard.
-N’est-ce pas dangereux de faire deux fois le trajet pour…
-Je pense, l’interrompit-elle, que si j’avais fermé le forum du jour au lendemain sans plus d’explication, et que ce commissaire le surveillait, il se serait posé des questions. Là, il s’en posera peut-être, sûrement même, mais ça aura l’air d’une mort plus… naturelle. »
Laekh hocha la tête silencieusement. Il regarda un moment Angie, ne sachant si la fermeture de Traumen était pour elle un coup dur de plus, ou un soulagement. La communauté, même si elle n’était plus aussi soudée qu’avant, avait réservé encore quelques belles surprises ces derniers temps, avant que Séphy-Roshou ne disparaisse. Angie se tourna vers lui et lui sourit.
« T’en fais pas. »
Ils pénétrèrent dans le cimetière et suivirent le chemin qu’ils avaient fait à l’aller jusqu’au petit chemin qui menait aux catacombes. Le passage n’avait rien de particulièrement secret, mais il restait tout de même en retrait par rapport aux sentiers du cimetière. Ils s’engouffrèrent dans l’escalier du Nord, comme indiqué sur le plan, et rejoignirent en quelques minutes la salle du Chandelier, où les attendaient toujours les autres Trauméniens. Ce fut Viper Dragoon qui les vit le premier et qui se rua à leur rencontre.
« Vous l’avez fait ? Vous l’avez vraiment fait ? pleurnicha-t-il en se triturant les mains.
-Oui, VD, répondit Angie en roulant des yeux. Tu ne vas pas recommencer, tout de même ? C’était nécessaire, même sans ce policier.
-Oooh… »
Viper Dragoon baissa les bras et s’en retourna avec les autres. Angie laissa Laekh et alla voir DragonNoir, Q-Po et Arkh qui consultaient toujours le plan. Elle les informa qu’elle ressortirait dès que possible dans les jours à venir pour clore définitivement la Shinra Corp.
« La Shinra Corp, ce n’est peut-être pas utile, Angie, dit DragonNoir. Seul Traumen pouvait être gênant, mais il n’y a aucune information sur la plupart d’entre nous sur le site de la Shinra. Efface juste le forum en faisant une sauvegarde, et…
-Non, pas de sauvegarde, répondit-elle plutôt froidement. J’allais l’effacer de toute façon, je vous l’ai dit. Ce forum étai devenu… …autre chose. Une chose que je ne voulais pas, que je ne désirais plus.
-Que tu ne contrôlais plus non plus, ajouta Arkh.
-Tout à fait. La communauté, elle existe encore, même si elle est éclatée, mais le forum doit fermer ses portes avant de sombrer encore plus bas.
-Très bien. » dit DragonNoir, un tantinet déçu. Il retourna au plan des catacombes pour suivre une énième fois le chemin qu’ils voulaient parcourir. Ils s’étaient tout les trois mis d’accord pour s’arrêter un moment dans l’Abri FFI, ou Abri de Denfer, un ancien pc de la résistance de 1944 qui pourrait leur servir de nouveau quartier général. Il y avait d’autres cachettes en cas de pépins, mais DragonNoir espérait que Mistrophera ne les découvrirait pas dans cet endroit de sitôt. Et le commissaire non plus.
« Qu’en dis-tu, Angie ? dit-il en lui soumettant l’idée.
-J’en dis que ce n’est pas moi le chef des opérations, DragonNoir.
-Je n’ai jamais demandé non plus à l’être.
-Pourtant, tu l’es. »
Le silence qui suivit persista un instant de trop. Mais ni DragonNoir ni Angie ne voulaient que les choses ne s’enveniment dans le groupe déjà restreint qui composait les forces Trauméniennes. Il consentit donc à acquiescer à une idée qui ne lui plaisait pourtant pas, et alla dans la salle où les autres attendaient le moment du départ.
« Trauméniens, il est temps d’y aller. »
*
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Arrivés devant une immense étendue d’eau, les Dieux, suivis des Trauméniens, s’arrêtèrent d’un commun accord silencieux. Pour être exact, les Dieux s’arrêtèrent, mais les quatre humains durent marcher encore quelques minutes pour arriver à hauteur de leurs supérieurs temporaires. Ils regardèrent tour à tour l’océan qui s’étendait devant eux, les Dieux et eux-mêmes. Ils se demandaient ce qu’ils faisaient là, en fait.
« S’ils me demandent de nager, je prends la pilule, dit aussitôt Wee-Ree-Cat.
-Je pense pas qu’on soit là pour boire tout ça… » ricana NightBeast. Puis, fronçant soudain les sourcils et se tournant vers Zeus, il ajouta : « …si ?
-Non, humain, répondit le maître des Dieux. Si vous êtes là, ça n’est pas pour boire toute cette eau. Vous êtes ici pour passer votre seconde épreuve, et vous mesurer à Poséidon. »
Dès qu’il eut prononcé le nom du Dieu, celui-ci sauta dans l’eau avec une rapidité fulgurante, éclaboussant tout autour de lui. Wee-Ree-Cat se dégagea en arrière en feulant. Poséidon exécuta plusieurs acrobaties dans l’eau, avant de remonter devant les Trauméniens et les siens.
« Voici Watha, mon dauphin le plus rapide. Votre seconde épreuve sera de le battre à la course. Si l’un d’entre vous, un seul, arrive à atteindre la fin du parcours avant lui, alors nous considèrerons que vous avez remporté votre épreuve. »
Les Trauméniens se regardèrent, avec un soupçon d’espoir. Cette épreuve semblait bien moins difficile que l’autre, et au moins ils n’auraient pas à apprendre à nager avant de se lancer dans la course.
« Et si nous n’y parvenons pas ? demanda Aran.
-Vous recommencerez, encore et encore. » répondit Zeus.
Il se recula, ainsi que les autres Dieux, pour mieux assister au spectacle qui allait suivre. Les Trauméniens regardèrent Poséidon qui laissa sa place à Watha. Le dauphin décrivit un arc de cercle en sautant par-dessus la surface de l’eau, avant d’inviter les humains à le rejoindre par un mouvement de son bec.
« Bon, allons-y, décréta Aran avant de plonger.
-Moi j’y vais pas, grogna encore Wee-Ree-Cat en croisant les bras. Je suis un chat, et tout le monde sait que les chats ont une sainte horreur de l’eau.
-Ça ne me gène pas, moi, dit Nina en se jetant à son tour à l’eau. En plus, elle est à température idéale.
-Regardez-moi !!! »
Ils se tournèrent vers NightBeast qui, en dépit de son apparence qui ne semblait pas avoir tellement changé vis-à-vis de son enveloppe charnelle humaine, possédait maintenant un don manifeste pour le sprint nautique : Celui-ci allait et venait à une rapidité défiant toute concurrence. L’espoir des Trauméniens s’en retrouvait encore un cran au dessus. Ce n’était qu’une épreuve parmi tant d’autres, certes, mais grâce à NightBeast, ça serait une épreuve vite remportée.
« Bah voilà, s’exclama Wee-Ree-Cat ravi, plus besoin de moi. Je reste au sec. »
Aran finit par lâcher l’affaire. En plus, d’un certain coté, Wee-Ree-Cat n’avait pas tort, étant donné qu’ils étaient assurés de gagner grâce à NightBeast. Ils se tournèrent vers Zeus, qui leva son immense main vers le large. Ils virent un immense rocher rond sortir de l’eau à l’est, puis deux ruines de colonnes à l’ouest. Zeus baissa sa main et leur dit :
« Le parcours est le suivant : Vous devez passer entre les deux colonnes puis vous diriger vers ce rocher en forme de dôme. Une fois que vous aurez fait le tour de celui-ci, repassez entre les deux colonnes et revenez ici. La première équipe qui touchera la berge devant nous sera déclarée vainqueur. Êtes-vous prêts ? »
Les Trauméniens se mirent en position, NightBeast à l’écart pour ne pas être gêné. Watha, le dauphin, était aussi paré au départ.
« Allez-y ! » clama le maître des Dieux.
Le dauphin se propulsa à toute allure dès le départ, prenant une avance confortable sur Aran et Nina qui, malgré leurs toutes nouvelles aptitudes, ne pouvaient concourir avec le dauphin le plus rapide du Dieu des mers. Watha s’autorisa même quelques cabrioles aquatiques, histoire de narguer les Trauméniens à la dérive, et sans perdre l’avance qu’il possédait sur ses concurrents.
Mais il se rendit soudainement compte que quelque chose, ou plutôt quelqu’un, le rattrapait à vive allure derrière lui. Sans prendre le temps de se retourner, le dauphin accéléra pour tenter de maintenir la distance entre lui et son concurrent, qui n’était autre que NightBeast, bien évidemment, lancé à toute vitesse. Watha eut beau se démener pour conserver son avance, une fois qu’il eut passé les colonnes, il fut rattrapé par NightBeast qui le dépassa comme une flèche.
« Youhou, I’m the king of the world! »
Mais NightBeast avait oublié un détail, qui avait son importance. Le dauphin bifurqua et fonça droit sur le rocher rond à l’est, alors que NightBeast, incapable de prendre le virage dut s’arrêter pour changer sa trajectoire. Il perdit du temps en accélérant de nouveau, mais rattrapa tout de même le dauphin avant que ce denier n’atteigne la pierre ronde. Seulement ici encore, le même problème se posa à lui, et il fut à nouveau obligé de s’arrêter pour nager normalement pendant qu’il contournait le rocher.
« Merde, jura Aran en passant les deux colonnes. Il est trop rapide.
-Il n’arrive pas à tourner ? demanda Nina alors qu’elle le suivait.
-Il va vite, mais seulement en ligne droite. Dans les virages, c’est pire que nous… »
Ils virent le dauphin qui avait déjà fait le tour et qui fonçait droit vers la victoire. Il croisa les Trauméniens au moment où NightBeast réapparaissait de l’autre coté du rocher et reprenait son accélération fulgurante. Mais le dauphin avait d’ores et déjà passé les deux colonnes, et il fonçait vers la victoire. NightBeast ralentit à hauteur d’Aran et Nina, puis pesta en frappant l’eau du plat de la main.
« Pas moyen de prendre le virage, ragea-t-il. J’avais l’impression de conduire un trente-huit tonnes !
-Tu as déjà conduit un trente-huit tonnes ? demanda Nina.
-Non, répondit NightBeast avec un sourire. Mais ça doit être comme ça.
-Rentrons à la berge. » dit finalement Aran.
Une fois qu’ils eurent rejoint les Dieux, ceux-ci les applaudirent avec ferveur, mais aussi beaucoup de mépris. Leurs sourires étaient ceux des vainqueurs dont la victoire est simple et tellement évidente qu’ils ne daignent même pas être heureux. Aran résista à nouveau à l’envie de casser la mâchoire à ces Dieux arrogants et supérieurs.
« Eh bien, jolie course. Surtout toi, petit.
-Merci, répondit NightBeast en essayant de ne pas être impressionné par la taille de Zeus et par sa stature.
-Il va vous falloir encore de l’entraînement pour parvenir à battre ce dauphin.
-De l’entraînement ou un gouvernail, railla Wee-Ree-Cat en souriant.
-Toi, ça va, sale bête ! » cracha Aran. S’il ne pouvait pas mettre à mal un Dieu ou deux, au moins il pourrait passer ses nerfs sur l’animal qui leur servait de compagnon.
« Un gouvernail ? répéta Nina.
-Ouais, c’est un truc qui permet de diriger les bat…
-Je sais ce que c’est, NB ! Mais l’idée n’est pas si idiote. Est-ce que tu te sens capable de nous traîner tout en nageant ?
-Euh, et bien, hésita NightBeast. Je pense que oui.
-Alors j’ai une idée. »
Mr.Magnum- Enorme floodeur
- Nombre de messages : 2475
Age : 42
Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
« …et c’est ainsi qu’il m’a piégée. » termina Youfie. Elle ne se rappelait plus exactement ce qu’il s’était passé après qu’elle ait été droguée dans la tente, et elle s’était réveillée dans les bras de Squall, avec les regards des autres Trauméniens posés sur elle.
« Tu penses qu’il l’avait emmené au camp des hommes, celui du monde de Myat’Ala ? De Mathilde ? demanda Erwan.
-C’est possible, répondit Squall. Impossible de le savoir, mais c’était certainement le plus pratique étant donné qu’il l’a enlevé alors qu’elle allait avoir un accident, tout comme nous. C’était le moyen le plus court pour arriver ici.
-Où sommes-nous, justement ? » demanda la jeune fille.
Le silence qui suivit était à couper au couteau, et Youfie hésita presque à s’excuser. Ils étaient tous si sérieux, et ils avaient l’air si fatigués. Eux qu’elle avait connus plein de vie sur le forum, ils semblaient… éteints. Comme morts. Elle vit Fury, toujours dans un coin de la cellule, qui se balançait d’avant en arrière, et Mr.Magnum qui le regardait comme on regarde une bête sauvage sur le point d’attaquer.
« Tu ne l’as pas vu de l’extérieur, répondit finalement Squall. Mais cet endroit semble être bâti selon une architecture proche de celle utilisée par Angie sur son site.
-Angie ? Tu veux dire Angie, la Angie ?
-Oui. » Il semblait hésiter. Pourtant, qu’y avait-il de mal à dire la vérité, surtout à Youfie qui était une vieille de la veille. Il déglutit.
« Il semblerait que nous soyons dans la tour Shinra. »
Puis, devant les yeux agrandis de Youfie, il ajouta :
« Dans la Shinra Corp. »
Personne n’avait osé le dire auparavant, certainement par superstition, par peur de voir cet endroit qu’ils avaient tant fréquentés de leur vivant disparaître de la même façon qu’il était apparu : Par magie. Pourtant c’était bien là le sentiment des sept Trauméniens présents dans cette cellule, un sentiment d’être emprisonné chez soi. Squall se frotta la nuque.
« Nous l’avons vu de l’extérieur, brièvement, poursuivit Erwan au grand bonheur de Squall. Mais même moi qui n’aie pas passé autant de temps sur Traumen, j’ai reconnu la tour de la Shinra Corp. C’est une représentation fidèle.
-Ça alors… » lâcha Youfie.
Elle n’en revenait pas. Elle était partie pour sauver Squall et les autres Trauméniens d’une mort dont ils ne pouvaient pas revenir, et elle se retrouvait maintenant coincée dans la Shinra Corp, un site auquel elle avait longuement participé et… Elle interrompit le cours de ses pensées, se remémorant un détail. Que venait-elle de penser, déjà ? Qu’elle était venue pour…
« Oh non ! » cria-t-elle soudainement en se relevant. Squall se leva également et la regarda entrain de se fouiller. Ses vêtements étaient devenus ceux de l’héroïne du jeu Final Fantasy VII dont elle s’était inspirée pour son pseudo, ce qui veut dire qu’il n’y avait pas grand-chose à fouiller, mais elle crut tout de même bon d’essayer plusieurs fois de chercher aux mêmes endroits, pour être sûre.
« Non non non non non !!
-Youfie, qu’est-ce qu’il y a ?
-Elles ne sont plus là ! »
Elle retourna les poches de son mini short, ôta la protection rigide de son bras, se secoua en tout sens, mais rien n’y faisait. Elle se passa une main tremblante sur sa figure. K-Ro s’approcha de Mr.Magnum et lui demanda si elle était en manque de chocolat, elle aussi.
« Qu’est-ce qu’il se passe, Youfie ? demanda Squall en la tenant par les épaules. Ne t’agites pas ainsi, on ne sait jamais, tu es peut-être encore trop faible pour…
-Nous sommes morts ! hurla-t-elle.
-Ouais, depuis un moment, gloussa Haschatan.
-J’avais le moyen de vous faire revenir ! »
Là, l’attention des Trauméniens fut subitement ravivé. Tous rivèrent leurs yeux sur Youfie, qui commença à pleurer. Seul Fury, dans son coin, se frottait nerveusement la tête comme pour l’empêcher d’exploser.
« Je suis venue là pour vous les apporter… Des… Des pilules, sanglota Youfie en tombant à genoux. Hilde les as fabriqués, et j’en avais sept avec moi pour que nous… nous rentrions tous… Et je ne les ai plus !! »
Ses sanglots se muèrent en pleurs, de véritables pleurs de désespoir, tout comme celui, épais, qui s’empara peu à peu des Trauméniens emprisonnés pour l’éternité.
« Plus vite !!
-Mais je fais ce que je peux, hein ! Papa me laboure le dos avec ses gros pieds !
-Tais-toi et nage ! »
NightBeast donnait le maximum de lui-même, mais il était forcé de reconnaître que nager seul était plus agréable qu’avec une fille et un mec sur son dos. Enfin, si ça n’avait été que la fille, encore. Mais Aran était vraiment lourd, parfois.
Sur son dos, Nina dirigeait du mieux qu’elle pouvait NightBeast pour que celui-ci puisse prendre les virages plus facilement. Quant à Aran, il utilisait son immense faux pour servir de gouvernail, comme Nina en avait eu l’idée, et lui aussi cherchait à diriger au maximum le hors-bord nommé NightBeast.
Watha, le dauphin, était encore devant eux, mais la distance qui les séparait s’amenuisait petit à petit. C’était déjà la troisième tentative d’utiliser NightBeast comme propulseur commun. La première avait lamentablement échoué à cause de Nina qui avait eut le malheur de mettre ses jambes autour de NightBeast pour s’accrocher – ce qui avait valu à ce dernier un ralentissement de vitesse dut à la résistance de l’eau face à une partie de son anatomie qui aurait pu, elle aussi, servir de gouvernail s’il avait pu la diriger.
La seconde tentative avait finit dans une colonne, alors que Aran s’était trompé dans l’orientation de sa faux et avait failli trancher la jambe de NightBeast. Quant à la troisième, pour l’instant tout se passait bien, mais le dauphin conservait son avance.
« Il faut qu’on lâche du lest, décréta Aran.
-Bah casse-toi et laisse Nina diriger le gouvernail !
- Elle n’est pas assez forte.
-Mais elle est plus légère.
-On essayera ça au prochain tour si on rate celui-ci, les gars ! » trancha Nina en tirant sur l’épaule gauche pour faire tourner NightBeast. Ils virèrent sans trop de mal, mais perdaient toujours du terrain face au dauphin, bien plus à l’aise qu’eux dans l’eau, son élément. Ils foncèrent dans son sillage, NightBeast puisant dans ses dernières ressources pour essayer de le rattraper, mais le dauphin était décidément trop rapide. Dès qu’ils sentaient qu’ils gagnaient du terrain, le dauphin semblait prendre encore plus de vitesse.
Il passa entre les colonnes en sautant et rejoignit la berge des Dieux en quelques minutes à peine. Les Trauméniens ne prient même pas la peine de se dépêcher de rentrer. Aran et Nina se glissèrent dans l’eau, tandis que NightBeast reprenait son souffle.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Nina. On essaye sans toi ?
-Tu vas réussir à manier ma faux ?
-Je ne sais pas.
-Je ne suis… pas sûr… que ce soit… la bonne… solution… »
Ils regardèrent NightBeast avec dans leur regard l’interrogation classique du ‘Et toi, tu proposes quoi de mieux, comme idée ?’ Celui-ci haussa les épaules en réponse muette. Ils arrivèrent à mi-chemin de la côte lorsque Nina eut une nouvelle idée.
« Encore ?
-Si c’est pour me prendre une deuxième fois pour un triporteur, c’est pas la peine !
-Non non, répondit Nina. Au contraire, ça sera plus simple, bien plus simple. Et ça peut marcher. Qu’a dit Zeus avant de lancer le départ de la toute première course ?
-Que si l’un de nous arrivait à toucher la berge en premier, on aurait gagné ?
-Il n’a pas parlé d’équipe ? »
Le silence se fit alors que tous réfléchissaient.
Et Nina leur exposa son plan.
Le petit pochon sauta, et retomba.
Mistrophera regarda le moniteur de la cellule où Ses invités étaient reclus, et attendit patiemment que le moment arrive.
Le petit pochon sauta, et retomba.
Il vit la jeune fille se lever et chercher quelque chose sur elle-même. Il monta le volume de l’écran et Son sourire se fit plus large.
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Non non non non non !! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Elles ne sont plus là ! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
Il ferma les yeux et Se cala plus confortablement sur Son immense fauteuil, tel un mélomane appréciant une mélodie unique.
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Nous sommes morts ! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
« J’avais le moyen de vous faire revenir ! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
Mistrophera leva ses mains en rythme avec les paroles tremblotantes de Youfie qui pleurait, puis se leva pour le final.
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Et je ne les ai plus !! »
Le petit pochon sauta, et retomba une dernière fois.
« Ah, soupira-t-Il en se rasseyant et en coupant le son. N’est-ce pas merveilleux de pouvoir profiter d’une telle musique emplie de tristesse et de regret ? »
Pasteqman hocha la tête, le pochon dans la main. Mistrophera regarda son acolyte un instant, puis tendit Sa main. Pasteqman posa le pochon dans Sa paume et se recula. Faisant de la place sur Son bureau, Il déversa les sept pilules devant lui, avant de les compter, tout sourire. Sept. Autant de pilules que de Trauméniens.
Intéressant, songea-t-Il. Ainsi ils sont tout de même assez puissants pour créer ce genre d’artefact. Et Moi qui ne pensais pas qu’ils en auraient l’idée. Comme quoi, tout le monde peut faire des erreurs.
Il rangea précieusement les pilules dans le sac, et ouvrit un tiroir pour les placer dedans. Bientôt, Il en aurait d’autres. Des centaines, des milliers d’autres. Mais pour ça, il allait falloir réussir à la convaincre d’en fabriquer de nouvelles, pour Lui. Ça n’allait pas être chose aisée, connaissant le caractère de la Trauménienne…
…mais Il avait un don pour amadouer les femmes.
Même s’il s’agissait d’Hilde.
Les Trauméniens se tenaient de nouveau près de la berge, prêt à partir au signal de Zeus. Mais contrairement aux autres fois, ils avaient un plan en tête. Un plan plus évolué que se servir de NightBeast comme d’une planche à voile, ou de tuer le dauphin comme l’avait suggéré Wee-Ree-Cat à un moment.
« C’est parti ! » tonna Zeus.
Et ils s’élancèrent une nouvelle fois.
Mais cette fois-ci, a lieu de tous foncer vers la première étape, ils se séparèrent en deux groupes : Aran partit en direction du rocher rond, tandis que Nina était tractée par NightBeast et poursuivait le dauphin. À terre, les Dieux se demandaient à quoi ces humains pouvaient bien jouer. Sauf Zeus, qui se caressait la barbe.
Le dauphin n’arrivait pas à distancer Nina et NightBeast, effectivement plus légers dès lors qu’Aran ne faisait plus partie de l’embarcation. Ils arrivèrent donc aussi rapidement que lui aux deux colonnes et les passèrent en ralentissant. Le dauphin, lui filait déjà jusqu’au rocher rond à toute allure, sentant que quelque chose se préparait. Aran, lui, nageait à toute vitesse et entama le tour du rocher, puisant dans ses ultimes forces pour essayer de se maintenir à vive allure. Le dauphin le dépassa néanmoins en cours de route, et se rua sur les deux colonnes.
Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit NightBeast et Nina, qui n’avaient pas bougés de là où il les avait dépassé. Nina regarda Aran, qui leva le pouce. La jeune femme se retourna alors et passa entre les deux colonnes à toute vitesse, avant de claquer la main de NightBeast pour passer le relais. Ils ne l’entendirent pas, mais un chœur d’étonnement jaillit du groupe des Dieux, sur la berge. Wee-Ree-Cat soupira.
NightBeast regarda le dauphin et leva un majeur provocant, avant de se lancer vers la berge. Selon Nina, ce plan pouvait fonctionner dans les esprits tordus des Dieux : ils avaient passés les trois étapes, dans l’ordre, et l’équipe en elle-même était donc censée gagner si elle touchait la berge avant le dauphin. Nina se retourna pour voir à quelle distance était l’animal et étouffa un hurlement : Watha le dauphin était entrain de grandir, de grossir et bientôt, ce fut Poséidon en personne qui fonçait sur elle, bien plus rapidement que son apparence animale. Elle réussit tant bien que mal à s’écarter de la trajectoire du Dieu en colère, qui réduisit les deux colonnes en miettes en passant entre.
Il rugit en entamant son virage et accéléra encre en voyant le sillage que laissait NightBeast derrière lui. Ce dernier se retourna et ouvrit de grands yeux en voyant la montagne de muscles et de rage qui écartait littéralement l’eau pour passer, et qui le rattrapait à une vitesse phénoménale. Voici mes dernières heures arrivées, songea-t-il avant d’ajouter mentalement : Peuh, je suis déjà mort de toute façon !
C’était la dernière ligne droite, et NightBeast traçait au plus vite, mais il sentait dans son dos le Dieu des mers se rapprocher dangereusement. L’idée avait été bonne, mais ils n’avaient pas prévu que le dauphin se transformerait en monstre. Il ferma les yeux et baissa la tête, pour gagner un peu de vitesse, mais en vain. Le Dieu avança sa main, dont l’ombre passa par-dessus ses pieds, ses jambes, son dos puis sa tête et ainsi…
« Deuxième épreuve réussie ! » gronda Zeus en levant les bras.
NightBeast sortit la tête de ses épaules, et leva les yeux sur la main de Poséidon, suspendue au dessus de lui. La main n’avait pas touché la berge, encore à quelques dizaines de mètres devant eux, et forcément lui non plus. Il jeta un œil à Aran et Nina, qui étaient à mi-chemin de la berge, et qui haussèrent les épaules. Mais pourquoi le maître des Dieux avait-il décrété les Trauméniens vainqueurs, étant donné que…
« Non… »
Dubitatif, il tourna lentement la tête vers la berge.
Il vit le sourire chafouin de Wee-Ree-Cat.
Il vit son épaule et son bras baissé.
Il vit son doigt posé sur…
…la berge.
« Faut vraiment que je fasse tout, ici. » grogna le Trauménien en faisant gigoter sa moustache. NightBeast hurla de joie et sauta sur la berge. Il serra Wee-Ree-Cat dans ses bras, qui le repoussa sans ménagement.
« Arrête, t’es trempé !
-Sale chat ! se moqua NightBeast.
-Sale jeune ! » rétorqua Wee-Ree-Cat, du tac au tac.
Quand Aran et Nina posèrent pied sur la berge, Wee-Ree-Cat et NightBeast se battaient encore. Ils décidèrent de les laisser tranquilles un moment, car après tout, c’était un peu grâce à eux qu’ils avaient réussis à passer cette épreuve.
Suivante, songea Aran.
« Tu penses qu’il l’avait emmené au camp des hommes, celui du monde de Myat’Ala ? De Mathilde ? demanda Erwan.
-C’est possible, répondit Squall. Impossible de le savoir, mais c’était certainement le plus pratique étant donné qu’il l’a enlevé alors qu’elle allait avoir un accident, tout comme nous. C’était le moyen le plus court pour arriver ici.
-Où sommes-nous, justement ? » demanda la jeune fille.
Le silence qui suivit était à couper au couteau, et Youfie hésita presque à s’excuser. Ils étaient tous si sérieux, et ils avaient l’air si fatigués. Eux qu’elle avait connus plein de vie sur le forum, ils semblaient… éteints. Comme morts. Elle vit Fury, toujours dans un coin de la cellule, qui se balançait d’avant en arrière, et Mr.Magnum qui le regardait comme on regarde une bête sauvage sur le point d’attaquer.
« Tu ne l’as pas vu de l’extérieur, répondit finalement Squall. Mais cet endroit semble être bâti selon une architecture proche de celle utilisée par Angie sur son site.
-Angie ? Tu veux dire Angie, la Angie ?
-Oui. » Il semblait hésiter. Pourtant, qu’y avait-il de mal à dire la vérité, surtout à Youfie qui était une vieille de la veille. Il déglutit.
« Il semblerait que nous soyons dans la tour Shinra. »
Puis, devant les yeux agrandis de Youfie, il ajouta :
« Dans la Shinra Corp. »
Personne n’avait osé le dire auparavant, certainement par superstition, par peur de voir cet endroit qu’ils avaient tant fréquentés de leur vivant disparaître de la même façon qu’il était apparu : Par magie. Pourtant c’était bien là le sentiment des sept Trauméniens présents dans cette cellule, un sentiment d’être emprisonné chez soi. Squall se frotta la nuque.
« Nous l’avons vu de l’extérieur, brièvement, poursuivit Erwan au grand bonheur de Squall. Mais même moi qui n’aie pas passé autant de temps sur Traumen, j’ai reconnu la tour de la Shinra Corp. C’est une représentation fidèle.
-Ça alors… » lâcha Youfie.
Elle n’en revenait pas. Elle était partie pour sauver Squall et les autres Trauméniens d’une mort dont ils ne pouvaient pas revenir, et elle se retrouvait maintenant coincée dans la Shinra Corp, un site auquel elle avait longuement participé et… Elle interrompit le cours de ses pensées, se remémorant un détail. Que venait-elle de penser, déjà ? Qu’elle était venue pour…
« Oh non ! » cria-t-elle soudainement en se relevant. Squall se leva également et la regarda entrain de se fouiller. Ses vêtements étaient devenus ceux de l’héroïne du jeu Final Fantasy VII dont elle s’était inspirée pour son pseudo, ce qui veut dire qu’il n’y avait pas grand-chose à fouiller, mais elle crut tout de même bon d’essayer plusieurs fois de chercher aux mêmes endroits, pour être sûre.
« Non non non non non !!
-Youfie, qu’est-ce qu’il y a ?
-Elles ne sont plus là ! »
Elle retourna les poches de son mini short, ôta la protection rigide de son bras, se secoua en tout sens, mais rien n’y faisait. Elle se passa une main tremblante sur sa figure. K-Ro s’approcha de Mr.Magnum et lui demanda si elle était en manque de chocolat, elle aussi.
« Qu’est-ce qu’il se passe, Youfie ? demanda Squall en la tenant par les épaules. Ne t’agites pas ainsi, on ne sait jamais, tu es peut-être encore trop faible pour…
-Nous sommes morts ! hurla-t-elle.
-Ouais, depuis un moment, gloussa Haschatan.
-J’avais le moyen de vous faire revenir ! »
Là, l’attention des Trauméniens fut subitement ravivé. Tous rivèrent leurs yeux sur Youfie, qui commença à pleurer. Seul Fury, dans son coin, se frottait nerveusement la tête comme pour l’empêcher d’exploser.
« Je suis venue là pour vous les apporter… Des… Des pilules, sanglota Youfie en tombant à genoux. Hilde les as fabriqués, et j’en avais sept avec moi pour que nous… nous rentrions tous… Et je ne les ai plus !! »
Ses sanglots se muèrent en pleurs, de véritables pleurs de désespoir, tout comme celui, épais, qui s’empara peu à peu des Trauméniens emprisonnés pour l’éternité.
*
* *
* *
« Plus vite !!
-Mais je fais ce que je peux, hein ! Papa me laboure le dos avec ses gros pieds !
-Tais-toi et nage ! »
NightBeast donnait le maximum de lui-même, mais il était forcé de reconnaître que nager seul était plus agréable qu’avec une fille et un mec sur son dos. Enfin, si ça n’avait été que la fille, encore. Mais Aran était vraiment lourd, parfois.
Sur son dos, Nina dirigeait du mieux qu’elle pouvait NightBeast pour que celui-ci puisse prendre les virages plus facilement. Quant à Aran, il utilisait son immense faux pour servir de gouvernail, comme Nina en avait eu l’idée, et lui aussi cherchait à diriger au maximum le hors-bord nommé NightBeast.
Watha, le dauphin, était encore devant eux, mais la distance qui les séparait s’amenuisait petit à petit. C’était déjà la troisième tentative d’utiliser NightBeast comme propulseur commun. La première avait lamentablement échoué à cause de Nina qui avait eut le malheur de mettre ses jambes autour de NightBeast pour s’accrocher – ce qui avait valu à ce dernier un ralentissement de vitesse dut à la résistance de l’eau face à une partie de son anatomie qui aurait pu, elle aussi, servir de gouvernail s’il avait pu la diriger.
La seconde tentative avait finit dans une colonne, alors que Aran s’était trompé dans l’orientation de sa faux et avait failli trancher la jambe de NightBeast. Quant à la troisième, pour l’instant tout se passait bien, mais le dauphin conservait son avance.
« Il faut qu’on lâche du lest, décréta Aran.
-Bah casse-toi et laisse Nina diriger le gouvernail !
- Elle n’est pas assez forte.
-Mais elle est plus légère.
-On essayera ça au prochain tour si on rate celui-ci, les gars ! » trancha Nina en tirant sur l’épaule gauche pour faire tourner NightBeast. Ils virèrent sans trop de mal, mais perdaient toujours du terrain face au dauphin, bien plus à l’aise qu’eux dans l’eau, son élément. Ils foncèrent dans son sillage, NightBeast puisant dans ses dernières ressources pour essayer de le rattraper, mais le dauphin était décidément trop rapide. Dès qu’ils sentaient qu’ils gagnaient du terrain, le dauphin semblait prendre encore plus de vitesse.
Il passa entre les colonnes en sautant et rejoignit la berge des Dieux en quelques minutes à peine. Les Trauméniens ne prient même pas la peine de se dépêcher de rentrer. Aran et Nina se glissèrent dans l’eau, tandis que NightBeast reprenait son souffle.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Nina. On essaye sans toi ?
-Tu vas réussir à manier ma faux ?
-Je ne sais pas.
-Je ne suis… pas sûr… que ce soit… la bonne… solution… »
Ils regardèrent NightBeast avec dans leur regard l’interrogation classique du ‘Et toi, tu proposes quoi de mieux, comme idée ?’ Celui-ci haussa les épaules en réponse muette. Ils arrivèrent à mi-chemin de la côte lorsque Nina eut une nouvelle idée.
« Encore ?
-Si c’est pour me prendre une deuxième fois pour un triporteur, c’est pas la peine !
-Non non, répondit Nina. Au contraire, ça sera plus simple, bien plus simple. Et ça peut marcher. Qu’a dit Zeus avant de lancer le départ de la toute première course ?
-Que si l’un de nous arrivait à toucher la berge en premier, on aurait gagné ?
-Il n’a pas parlé d’équipe ? »
Le silence se fit alors que tous réfléchissaient.
Et Nina leur exposa son plan.
*
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Le petit pochon sauta, et retomba.
Mistrophera regarda le moniteur de la cellule où Ses invités étaient reclus, et attendit patiemment que le moment arrive.
Le petit pochon sauta, et retomba.
Il vit la jeune fille se lever et chercher quelque chose sur elle-même. Il monta le volume de l’écran et Son sourire se fit plus large.
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Non non non non non !! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Elles ne sont plus là ! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
Il ferma les yeux et Se cala plus confortablement sur Son immense fauteuil, tel un mélomane appréciant une mélodie unique.
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Nous sommes morts ! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
« J’avais le moyen de vous faire revenir ! »
Le petit pochon sauta, et retomba.
Mistrophera leva ses mains en rythme avec les paroles tremblotantes de Youfie qui pleurait, puis se leva pour le final.
Le petit pochon sauta, et retomba.
« Et je ne les ai plus !! »
Le petit pochon sauta, et retomba une dernière fois.
« Ah, soupira-t-Il en se rasseyant et en coupant le son. N’est-ce pas merveilleux de pouvoir profiter d’une telle musique emplie de tristesse et de regret ? »
Pasteqman hocha la tête, le pochon dans la main. Mistrophera regarda son acolyte un instant, puis tendit Sa main. Pasteqman posa le pochon dans Sa paume et se recula. Faisant de la place sur Son bureau, Il déversa les sept pilules devant lui, avant de les compter, tout sourire. Sept. Autant de pilules que de Trauméniens.
Intéressant, songea-t-Il. Ainsi ils sont tout de même assez puissants pour créer ce genre d’artefact. Et Moi qui ne pensais pas qu’ils en auraient l’idée. Comme quoi, tout le monde peut faire des erreurs.
Il rangea précieusement les pilules dans le sac, et ouvrit un tiroir pour les placer dedans. Bientôt, Il en aurait d’autres. Des centaines, des milliers d’autres. Mais pour ça, il allait falloir réussir à la convaincre d’en fabriquer de nouvelles, pour Lui. Ça n’allait pas être chose aisée, connaissant le caractère de la Trauménienne…
…mais Il avait un don pour amadouer les femmes.
Même s’il s’agissait d’Hilde.
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Les Trauméniens se tenaient de nouveau près de la berge, prêt à partir au signal de Zeus. Mais contrairement aux autres fois, ils avaient un plan en tête. Un plan plus évolué que se servir de NightBeast comme d’une planche à voile, ou de tuer le dauphin comme l’avait suggéré Wee-Ree-Cat à un moment.
« C’est parti ! » tonna Zeus.
Et ils s’élancèrent une nouvelle fois.
Mais cette fois-ci, a lieu de tous foncer vers la première étape, ils se séparèrent en deux groupes : Aran partit en direction du rocher rond, tandis que Nina était tractée par NightBeast et poursuivait le dauphin. À terre, les Dieux se demandaient à quoi ces humains pouvaient bien jouer. Sauf Zeus, qui se caressait la barbe.
Le dauphin n’arrivait pas à distancer Nina et NightBeast, effectivement plus légers dès lors qu’Aran ne faisait plus partie de l’embarcation. Ils arrivèrent donc aussi rapidement que lui aux deux colonnes et les passèrent en ralentissant. Le dauphin, lui filait déjà jusqu’au rocher rond à toute allure, sentant que quelque chose se préparait. Aran, lui, nageait à toute vitesse et entama le tour du rocher, puisant dans ses ultimes forces pour essayer de se maintenir à vive allure. Le dauphin le dépassa néanmoins en cours de route, et se rua sur les deux colonnes.
Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit NightBeast et Nina, qui n’avaient pas bougés de là où il les avait dépassé. Nina regarda Aran, qui leva le pouce. La jeune femme se retourna alors et passa entre les deux colonnes à toute vitesse, avant de claquer la main de NightBeast pour passer le relais. Ils ne l’entendirent pas, mais un chœur d’étonnement jaillit du groupe des Dieux, sur la berge. Wee-Ree-Cat soupira.
NightBeast regarda le dauphin et leva un majeur provocant, avant de se lancer vers la berge. Selon Nina, ce plan pouvait fonctionner dans les esprits tordus des Dieux : ils avaient passés les trois étapes, dans l’ordre, et l’équipe en elle-même était donc censée gagner si elle touchait la berge avant le dauphin. Nina se retourna pour voir à quelle distance était l’animal et étouffa un hurlement : Watha le dauphin était entrain de grandir, de grossir et bientôt, ce fut Poséidon en personne qui fonçait sur elle, bien plus rapidement que son apparence animale. Elle réussit tant bien que mal à s’écarter de la trajectoire du Dieu en colère, qui réduisit les deux colonnes en miettes en passant entre.
Il rugit en entamant son virage et accéléra encre en voyant le sillage que laissait NightBeast derrière lui. Ce dernier se retourna et ouvrit de grands yeux en voyant la montagne de muscles et de rage qui écartait littéralement l’eau pour passer, et qui le rattrapait à une vitesse phénoménale. Voici mes dernières heures arrivées, songea-t-il avant d’ajouter mentalement : Peuh, je suis déjà mort de toute façon !
C’était la dernière ligne droite, et NightBeast traçait au plus vite, mais il sentait dans son dos le Dieu des mers se rapprocher dangereusement. L’idée avait été bonne, mais ils n’avaient pas prévu que le dauphin se transformerait en monstre. Il ferma les yeux et baissa la tête, pour gagner un peu de vitesse, mais en vain. Le Dieu avança sa main, dont l’ombre passa par-dessus ses pieds, ses jambes, son dos puis sa tête et ainsi…
« Deuxième épreuve réussie ! » gronda Zeus en levant les bras.
NightBeast sortit la tête de ses épaules, et leva les yeux sur la main de Poséidon, suspendue au dessus de lui. La main n’avait pas touché la berge, encore à quelques dizaines de mètres devant eux, et forcément lui non plus. Il jeta un œil à Aran et Nina, qui étaient à mi-chemin de la berge, et qui haussèrent les épaules. Mais pourquoi le maître des Dieux avait-il décrété les Trauméniens vainqueurs, étant donné que…
« Non… »
Dubitatif, il tourna lentement la tête vers la berge.
Il vit le sourire chafouin de Wee-Ree-Cat.
Il vit son épaule et son bras baissé.
Il vit son doigt posé sur…
…la berge.
« Faut vraiment que je fasse tout, ici. » grogna le Trauménien en faisant gigoter sa moustache. NightBeast hurla de joie et sauta sur la berge. Il serra Wee-Ree-Cat dans ses bras, qui le repoussa sans ménagement.
« Arrête, t’es trempé !
-Sale chat ! se moqua NightBeast.
-Sale jeune ! » rétorqua Wee-Ree-Cat, du tac au tac.
Quand Aran et Nina posèrent pied sur la berge, Wee-Ree-Cat et NightBeast se battaient encore. Ils décidèrent de les laisser tranquilles un moment, car après tout, c’était un peu grâce à eux qu’ils avaient réussis à passer cette épreuve.
Suivante, songea Aran.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
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Re: Traumenschar
6. Troisième épreuve : Charybde et Scylla.
Les Dieux de l’Olympe, toujours suivis par les Trauméniens, n’eurent pas à aller bien loin après la seconde épreuve à laquelle ils avaient été soumis. En effet, leur troisième exercice avait manifestement pour lieu le milieu aquatique, lui aussi. Zeus intima aux autres Dieux de s’arrêter, d’un geste large et silencieux de la main, et il s’avança jusqu’à la jetée où flottait une petite embarcation d’une allure assez vétuste.
Les Trauméniens s’arrêtèrent également auprès des Dieux, ne sachant pas s’ils devaient poursuivre ou non. Mais Zeus les invita à le rejoindre, et ils s’avancèrent vers le maître des Dieux d’un pas relativement assuré.
« Encore une course dans l’eau ? demanda Wee-Ree-Cat à voix basse. Ils ne se renouvellent pas des masses, on dirait. Ça va être quoi la quatrième épreuve ? Du tricot dans une piscine ?
-Arrête, Wee, répondit Aran. Ils peuvent peut-être t’entendre.
-Et alors ? Ils ne vont pas me faire un deuxième tr…
-Oh, les interrompit NightBeast, on a droit à un bateau cette fois-ci ! »
Lorsqu’ils atteignirent l’immense maître des Dieux, ils attendirent que ce dernier leur annonce en quoi consistait exactement l’épreuve. Zeus baissa les yeux sur le petit groupe d’humain décidément surprenant et il leur dit :
« Voici une embarcation qui vous permettra de prendre la mer d’une manière plus confortable que lors de la dernière épreuve. Celle-ci n’est rien d’autre qu’un simple voyage entre ici, Taormina, et la Marina di Gioia Tauro, comme vous le dites dans votre monde. Ici, ces villes n’existent pas, mais vous saurez où accoster pour achever votre périple. »
Les Trauméniens s’entre-regardèrent, méfiants.
« C’est tout ? demanda finalement Aran.
-Un simple voyage d’un point A à un point B ? Et en plus vous fournissez le bateau ? C’est quoi l’arnaque ? »
Les trois autres s’écartèrent lentement mais sûrement de NightBeast.
« Il n’y a pas d’arnaque, petit d’homme, répondit le maître des Dieux en employant le mot avec précaution. La seule condition est que vous ne disposez que d’un seul et unique essai pour effectuer la traversée, sinon vous serez immédiatement renvoyés au début de votre périple…
-Ici ?
-Non. Au mont Olympe, où vous devrez recommencer les épreuves à la première. »
Aran leva les yeux au ciel, alors que Nina soupira à l’idée de tisser à nouveau une broderie contre Athéna. Et surtout, le plus important, c’était de ne pas perdre plus de temps. Ces épreuves les ralentissaient déjà assez, et ils ignoraient si le temps passait aussi vite pour les morts que pour les vivants.
« Nous avons combien de temps pour faire cette traversée, demanda Nina.
-Autant de temps que vous le désirez. Mais les dangers sont nombreux, et vous n’arriverez peut-être pas tous à les passer. »
Zeus fit un pas en arrière, se dégageant ainsi de toute question future, et les Trauméniens restèrent ainsi, face à la barque qui ondulait sur l’eau calme. Ils regardèrent à l’horizon la côte qui s’éloignait, puis l’embarcation, puis eux-mêmes. Puis Aran haussa les épaules et prit la main de Nina avant de la faire monter dans le canot. NightBeast les suivit, et ils se tournèrent vers Wee-Ree-Cat, resté sur la berge.
« Tu viens, cette fois-ci ? demanda Aran.
-J’ai le choix ?
-Tu peux prendre la pilule et rentrer… »
Wee-Ree-Cat ouvrit une partie de son armure et prit la pilule entre ses doigts. Il la fit tourner en la regardant, plongé dans ses pensées. Après tout, oui, il pourrait la prendre là, maintenant, et rentrer sur Terre, bien vivant, et reprendre sa vie, et oublier les autres Trauméniens, oublier toute ces histoires de morts, oublier Séphy-Roshou qu’il n’avait que très peu connu après tout, etc… Oui, il pourrait prendre cette pilule, et les laisser là.
Partir.
« Wee ? demanda Nina.
-Je vais venir avec vous, vous seriez capable de tour faire foirer. » grommela-t-il de mauvaise foi en sautant à bord. Pour être franc, il n’avait réellement pas envie de venir avec eux, mais il ne savait pas exactement comment se passerait le retour s’il prenait la pilule immédiatement. De deux maux, il faut choisir le moindre.
Ils naviguèrent sans encombres pendant plus deux trois heures, grâce aux rames qui étaient fournies avec l’embarcation. Aran, NightBeast et Wee-Ree-Cat se relayaient pour faire avancer la barque, alors que Nina se repérait sur la carte qui se trouvait également dedans. Le chemin n’avait effectivement pas l’air très compliqué à suivre, surtout si on se contentait de longer le rivage jusqu’à la destination.
Au bout de la quatrième heure, ils sentirent le vent qui se levait, et dans les minutes qui suivirent, ils aperçurent un immense orage qui grondait dans le lointain. Bien évidemment, celui-ci se dirigeait droit vers eux.
« Tu penses que le bateau va pouvoir résister ? demanda NightBeast en le faisant grincer. J’ai un doute, pour ma part.
-Est-ce qu’on a le choix ?
-On pourrait aller sur la plage, là, et attendre que la tempête passe ? »
Les trois Trauméniens regardèrent Wee-Ree-Cat, qui finit par lever les mains en signe de reddition :
« Bon, bon, c’était une connerie, ça va !
-Non, c’est pas bête, finit par dire Nina. Après tout, les Dieux nous ont demandé d’aller jusqu’à la Marina di Gioia Tauro, mais ils ne nous ont pas dit qu’on n’avait pas le droit de s’arrêter de temps en temps ! »
Le petit groupe approuva l’idée, mais décida tout de même de poursuivre le plus possible avant de s’arrêter. Bientôt, les vagues commencèrent à secouer l’embarcation, alors que Aran avait de plus en plus de mal à ramer. Nina lui indiqua la plage du doigt, et un puissant coup de tonnerre couvrit sa voix.
« Qu’est-ce que tu as dit ? demanda Aran.
-Je te disais de laisser tomber, on va tous finir à l’eau si on ne s’arrête pas maintenant.
-Ah non alors, cria Wee-Ree-Cat. Pas dans l’eau ! »
Ils accostèrent au moment où une pluie torrentielle se mettait à l’œuvre, et ils retournèrent la barque pour s’en faire un abri de fortune. Nina se blottit contre Aran, et NightBeast se prit une baffe en tentant de faire pareil avec Wee-Ree-Cat. Le bateau les protégeait de la pluie qui semblait avoir décidée de noyer la mer, alors que l’orage éclatait tout autour d’eux.
« Ça va durer combien de temps, tu crois ?! hurla Nina.
-Aucune idée, répondit Aran avec autant de décibels. J’espère juste que nous avons fait le bon choix !
-Comment ça ?!
-Si jamais nous n’avions pas le droit de poser pied à terre ! Il ne leur en faudrait pas plus pour qu’ils nous renvoient à la première épreuve !
-Je ne pense pas qu’ils soient tricheurs, intervint NightBeast. Mauvais joueurs, certainement, mais s’ils n’ont pas dit que nous ne pouvions pas toucher la terre ferme, alors ça n’est pas interdit !
-Espérons-le ! »
Une bonne heure passa avant qu’un rayon de soleil ne touche de nouveau le groupe de voyageurs de l’au-delà. Ils sortirent de sous la barque, courbatus et ensommeillés par ce long moment passé à ne rien faire, et s’étirèrent en regardant autour d’eux : L’orage était maintenant de l’autre coté et tonnait au loin. Un soleil bienfaisant les réchauffait et leur rendit l’ardeur que cette heure d’ennui leur avait ôtée.
« Allons-y ! » dit NightBeast.
Un sifflement leur parvint depuis les dunes et une flèche se planta dans la barque avec un bruit mat. Immédiatement, Aran armé de sa faux se plaçait en première ligne, face à tout éventuel agresseur. Il scruta les dunes et vit soudain l’homme qui venait de les prendre pour cible. Nouveau sifflement. La flèche fendit l’air mais se retrouva tranchée en deux avant de pouvoir se planter quelque part. Aran retomba sur ses jambes et fit tournoyer son arme.
« Viens voir là si tu veux te fritter ! hurla-t-il à leur assaillant. J’avais justement besoin de me dégourdir un peu les pattes ! »
La tête de l’homme réapparu, ainsi que son torse nu et musclé, au teint halé. Ses avant-bras étaient massifs et velus, et il portait un arc gigantesque et un carquois en bandouillère. Nina s’avança vers Aran et lui demanda de laisser tomber.
« Ils croit pouvoir nous abattre comme des lapins et s’en tirer sans dommages ? Hors de question, il va voir ce qu’il en coûte de s’attaquer à un Valentine. »
Aran s’élança vers l’homme toute vitesse, sa faux brandie en hauteur et prête à trancher un membre ou la tête de son adversaire. Celui-ci s’avança aussi, et les Trauméniens découvrirent avec étonnement le reste du corps de celui qui les avait attaqué : À partir du bas-ventre, son corps se muait en celui d’un cheval. Il s’agissait, selon toute vraisemblance, d’un véritable centaure.
Il tira à nouveau, et Aran évita la flèche d’un mouvement agile, et sauta sur le centaure. La faux s’abattit sur la créature, mais elle fut arrêtée par le bras puissant du centaure. Aran grogna en se dégageant et sauta à terre. Deux flèches se plantèrent dans le sable à ses pieds, et il leva la tête sur un troupeau de centaures qui s’avançaient vers lui. L’éclaireur rejoignit sa troupe et parla à celui qui devait en être le chef. Aran recula lentement.
« Retournez la barque ! » cria-t-il aux autres Trauméniens sans quitter des yeux les centaures. Ils devaient être plus de cinquante, peut-être même quatre-vingt. Le centaure éclaireur fit une courbette lorsqu’il eut terminé son récit, et le chef du troupeau leva une immense hache avant de hurler.
Le troupeau chargea.
« Qu’est-ce que tu dis, papa ? demanda NightBeast en s’avançant vers lui.
-RETOURNEZ LA BARQUE, VITE !! »
Aran s’était mis à courir et, une fois qu’il eut rejoint les autres, aida ses compagnons à remettre leur embarcation à l’endroit. Un bruit sourd accompagnait les sabots du troupeau qui foulaient le sable alors qu’ils atteignaient le haut de la dune. Nina hurla. Ils poussèrent le bateau jusque dans l’eau alors que les flèches pleuvaient tout autour d’eux. Aran en dévia quelques unes, et NightBeast se mit dans l’eau.
« Fonce ! »
Aran sauta dans la barque, tranchant et écartant les flèches de leur trajectoire, et NightBeast se mit à pousser le bateau en nageant de toutes ses forces. Ils prirent rapidement de la vitesse et la distance fut bien vite suffisante entre eux et les centaures, dont les flèches ne parvenaient plus à les atteindre. Aran s’affala dans la barque alors que Wee-Ree-Cat aidait NightBeast à remonter à bord, avec une rame pour ne pas se mouiller.
« On l’a échappé belle, dit celui-ci en s’asseyant également. Heureusement que nous n’avions pas fait un petit somme sous la barque, sinon on se serait réveiller dans les estomacs de ces bestiaux. »
Tout le monde acquiesça. Ils s’accordèrent quelques minutes de répit après ces brusques émotions, puis Wee-Ree-Cat prit les rames et se mit à faire avancer le navire.
Et ils se mirent à espérer que le reste du voyage soit, finalement, aussi ennuyeux qu’avant l’orage.
Les Dieux de l’Olympe, toujours suivis par les Trauméniens, n’eurent pas à aller bien loin après la seconde épreuve à laquelle ils avaient été soumis. En effet, leur troisième exercice avait manifestement pour lieu le milieu aquatique, lui aussi. Zeus intima aux autres Dieux de s’arrêter, d’un geste large et silencieux de la main, et il s’avança jusqu’à la jetée où flottait une petite embarcation d’une allure assez vétuste.
Les Trauméniens s’arrêtèrent également auprès des Dieux, ne sachant pas s’ils devaient poursuivre ou non. Mais Zeus les invita à le rejoindre, et ils s’avancèrent vers le maître des Dieux d’un pas relativement assuré.
« Encore une course dans l’eau ? demanda Wee-Ree-Cat à voix basse. Ils ne se renouvellent pas des masses, on dirait. Ça va être quoi la quatrième épreuve ? Du tricot dans une piscine ?
-Arrête, Wee, répondit Aran. Ils peuvent peut-être t’entendre.
-Et alors ? Ils ne vont pas me faire un deuxième tr…
-Oh, les interrompit NightBeast, on a droit à un bateau cette fois-ci ! »
Lorsqu’ils atteignirent l’immense maître des Dieux, ils attendirent que ce dernier leur annonce en quoi consistait exactement l’épreuve. Zeus baissa les yeux sur le petit groupe d’humain décidément surprenant et il leur dit :
« Voici une embarcation qui vous permettra de prendre la mer d’une manière plus confortable que lors de la dernière épreuve. Celle-ci n’est rien d’autre qu’un simple voyage entre ici, Taormina, et la Marina di Gioia Tauro, comme vous le dites dans votre monde. Ici, ces villes n’existent pas, mais vous saurez où accoster pour achever votre périple. »
Les Trauméniens s’entre-regardèrent, méfiants.
« C’est tout ? demanda finalement Aran.
-Un simple voyage d’un point A à un point B ? Et en plus vous fournissez le bateau ? C’est quoi l’arnaque ? »
Les trois autres s’écartèrent lentement mais sûrement de NightBeast.
« Il n’y a pas d’arnaque, petit d’homme, répondit le maître des Dieux en employant le mot avec précaution. La seule condition est que vous ne disposez que d’un seul et unique essai pour effectuer la traversée, sinon vous serez immédiatement renvoyés au début de votre périple…
-Ici ?
-Non. Au mont Olympe, où vous devrez recommencer les épreuves à la première. »
Aran leva les yeux au ciel, alors que Nina soupira à l’idée de tisser à nouveau une broderie contre Athéna. Et surtout, le plus important, c’était de ne pas perdre plus de temps. Ces épreuves les ralentissaient déjà assez, et ils ignoraient si le temps passait aussi vite pour les morts que pour les vivants.
« Nous avons combien de temps pour faire cette traversée, demanda Nina.
-Autant de temps que vous le désirez. Mais les dangers sont nombreux, et vous n’arriverez peut-être pas tous à les passer. »
Zeus fit un pas en arrière, se dégageant ainsi de toute question future, et les Trauméniens restèrent ainsi, face à la barque qui ondulait sur l’eau calme. Ils regardèrent à l’horizon la côte qui s’éloignait, puis l’embarcation, puis eux-mêmes. Puis Aran haussa les épaules et prit la main de Nina avant de la faire monter dans le canot. NightBeast les suivit, et ils se tournèrent vers Wee-Ree-Cat, resté sur la berge.
« Tu viens, cette fois-ci ? demanda Aran.
-J’ai le choix ?
-Tu peux prendre la pilule et rentrer… »
Wee-Ree-Cat ouvrit une partie de son armure et prit la pilule entre ses doigts. Il la fit tourner en la regardant, plongé dans ses pensées. Après tout, oui, il pourrait la prendre là, maintenant, et rentrer sur Terre, bien vivant, et reprendre sa vie, et oublier les autres Trauméniens, oublier toute ces histoires de morts, oublier Séphy-Roshou qu’il n’avait que très peu connu après tout, etc… Oui, il pourrait prendre cette pilule, et les laisser là.
Partir.
« Wee ? demanda Nina.
-Je vais venir avec vous, vous seriez capable de tour faire foirer. » grommela-t-il de mauvaise foi en sautant à bord. Pour être franc, il n’avait réellement pas envie de venir avec eux, mais il ne savait pas exactement comment se passerait le retour s’il prenait la pilule immédiatement. De deux maux, il faut choisir le moindre.
Ils naviguèrent sans encombres pendant plus deux trois heures, grâce aux rames qui étaient fournies avec l’embarcation. Aran, NightBeast et Wee-Ree-Cat se relayaient pour faire avancer la barque, alors que Nina se repérait sur la carte qui se trouvait également dedans. Le chemin n’avait effectivement pas l’air très compliqué à suivre, surtout si on se contentait de longer le rivage jusqu’à la destination.
Au bout de la quatrième heure, ils sentirent le vent qui se levait, et dans les minutes qui suivirent, ils aperçurent un immense orage qui grondait dans le lointain. Bien évidemment, celui-ci se dirigeait droit vers eux.
« Tu penses que le bateau va pouvoir résister ? demanda NightBeast en le faisant grincer. J’ai un doute, pour ma part.
-Est-ce qu’on a le choix ?
-On pourrait aller sur la plage, là, et attendre que la tempête passe ? »
Les trois Trauméniens regardèrent Wee-Ree-Cat, qui finit par lever les mains en signe de reddition :
« Bon, bon, c’était une connerie, ça va !
-Non, c’est pas bête, finit par dire Nina. Après tout, les Dieux nous ont demandé d’aller jusqu’à la Marina di Gioia Tauro, mais ils ne nous ont pas dit qu’on n’avait pas le droit de s’arrêter de temps en temps ! »
Le petit groupe approuva l’idée, mais décida tout de même de poursuivre le plus possible avant de s’arrêter. Bientôt, les vagues commencèrent à secouer l’embarcation, alors que Aran avait de plus en plus de mal à ramer. Nina lui indiqua la plage du doigt, et un puissant coup de tonnerre couvrit sa voix.
« Qu’est-ce que tu as dit ? demanda Aran.
-Je te disais de laisser tomber, on va tous finir à l’eau si on ne s’arrête pas maintenant.
-Ah non alors, cria Wee-Ree-Cat. Pas dans l’eau ! »
Ils accostèrent au moment où une pluie torrentielle se mettait à l’œuvre, et ils retournèrent la barque pour s’en faire un abri de fortune. Nina se blottit contre Aran, et NightBeast se prit une baffe en tentant de faire pareil avec Wee-Ree-Cat. Le bateau les protégeait de la pluie qui semblait avoir décidée de noyer la mer, alors que l’orage éclatait tout autour d’eux.
« Ça va durer combien de temps, tu crois ?! hurla Nina.
-Aucune idée, répondit Aran avec autant de décibels. J’espère juste que nous avons fait le bon choix !
-Comment ça ?!
-Si jamais nous n’avions pas le droit de poser pied à terre ! Il ne leur en faudrait pas plus pour qu’ils nous renvoient à la première épreuve !
-Je ne pense pas qu’ils soient tricheurs, intervint NightBeast. Mauvais joueurs, certainement, mais s’ils n’ont pas dit que nous ne pouvions pas toucher la terre ferme, alors ça n’est pas interdit !
-Espérons-le ! »
Une bonne heure passa avant qu’un rayon de soleil ne touche de nouveau le groupe de voyageurs de l’au-delà. Ils sortirent de sous la barque, courbatus et ensommeillés par ce long moment passé à ne rien faire, et s’étirèrent en regardant autour d’eux : L’orage était maintenant de l’autre coté et tonnait au loin. Un soleil bienfaisant les réchauffait et leur rendit l’ardeur que cette heure d’ennui leur avait ôtée.
« Allons-y ! » dit NightBeast.
Un sifflement leur parvint depuis les dunes et une flèche se planta dans la barque avec un bruit mat. Immédiatement, Aran armé de sa faux se plaçait en première ligne, face à tout éventuel agresseur. Il scruta les dunes et vit soudain l’homme qui venait de les prendre pour cible. Nouveau sifflement. La flèche fendit l’air mais se retrouva tranchée en deux avant de pouvoir se planter quelque part. Aran retomba sur ses jambes et fit tournoyer son arme.
« Viens voir là si tu veux te fritter ! hurla-t-il à leur assaillant. J’avais justement besoin de me dégourdir un peu les pattes ! »
La tête de l’homme réapparu, ainsi que son torse nu et musclé, au teint halé. Ses avant-bras étaient massifs et velus, et il portait un arc gigantesque et un carquois en bandouillère. Nina s’avança vers Aran et lui demanda de laisser tomber.
« Ils croit pouvoir nous abattre comme des lapins et s’en tirer sans dommages ? Hors de question, il va voir ce qu’il en coûte de s’attaquer à un Valentine. »
Aran s’élança vers l’homme toute vitesse, sa faux brandie en hauteur et prête à trancher un membre ou la tête de son adversaire. Celui-ci s’avança aussi, et les Trauméniens découvrirent avec étonnement le reste du corps de celui qui les avait attaqué : À partir du bas-ventre, son corps se muait en celui d’un cheval. Il s’agissait, selon toute vraisemblance, d’un véritable centaure.
Il tira à nouveau, et Aran évita la flèche d’un mouvement agile, et sauta sur le centaure. La faux s’abattit sur la créature, mais elle fut arrêtée par le bras puissant du centaure. Aran grogna en se dégageant et sauta à terre. Deux flèches se plantèrent dans le sable à ses pieds, et il leva la tête sur un troupeau de centaures qui s’avançaient vers lui. L’éclaireur rejoignit sa troupe et parla à celui qui devait en être le chef. Aran recula lentement.
« Retournez la barque ! » cria-t-il aux autres Trauméniens sans quitter des yeux les centaures. Ils devaient être plus de cinquante, peut-être même quatre-vingt. Le centaure éclaireur fit une courbette lorsqu’il eut terminé son récit, et le chef du troupeau leva une immense hache avant de hurler.
Le troupeau chargea.
« Qu’est-ce que tu dis, papa ? demanda NightBeast en s’avançant vers lui.
-RETOURNEZ LA BARQUE, VITE !! »
Aran s’était mis à courir et, une fois qu’il eut rejoint les autres, aida ses compagnons à remettre leur embarcation à l’endroit. Un bruit sourd accompagnait les sabots du troupeau qui foulaient le sable alors qu’ils atteignaient le haut de la dune. Nina hurla. Ils poussèrent le bateau jusque dans l’eau alors que les flèches pleuvaient tout autour d’eux. Aran en dévia quelques unes, et NightBeast se mit dans l’eau.
« Fonce ! »
Aran sauta dans la barque, tranchant et écartant les flèches de leur trajectoire, et NightBeast se mit à pousser le bateau en nageant de toutes ses forces. Ils prirent rapidement de la vitesse et la distance fut bien vite suffisante entre eux et les centaures, dont les flèches ne parvenaient plus à les atteindre. Aran s’affala dans la barque alors que Wee-Ree-Cat aidait NightBeast à remonter à bord, avec une rame pour ne pas se mouiller.
« On l’a échappé belle, dit celui-ci en s’asseyant également. Heureusement que nous n’avions pas fait un petit somme sous la barque, sinon on se serait réveiller dans les estomacs de ces bestiaux. »
Tout le monde acquiesça. Ils s’accordèrent quelques minutes de répit après ces brusques émotions, puis Wee-Ree-Cat prit les rames et se mit à faire avancer le navire.
Et ils se mirent à espérer que le reste du voyage soit, finalement, aussi ennuyeux qu’avant l’orage.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
Dans la jungle aux reflets bleutés, un loup creusait le sol. Ou plutôt non, il ramenait la terre sous lui pour enterrer quelque chose, attitude plus fidèle à un chien ou un chat qu’à un loup sauvage, et pourtant… Une fois qu’il eut terminé son ouvrage, il jeta un dernier coup d’œil au petit monticule de terre qu’il venait de rassembler, renifla quelque secondes et glapit de douleur en recevant un cailloux entre les yeux.
Rapidement, il se tourna vers la source du projectile, mais il ne fut tout de même pas assez rapide pour son adversaire, qui avait d’ores et déjà sauté vers lui et qui se retrouvait à lui tirer les poils du dos pour se maintenir en croupe. Le loup se cabra, mais la jeune fille qui tentait de le maîtriser posa un pied à terre et retourna la bête sur le dos avant de lui filer un coup de pied dans les cotes. Nouveau glapissement de surprise de la part de l’animal, qui se remit péniblement sur ses pattes et dévisagea la jeune fille.
Elle avait de longs cheveux bruns maintenus en arrière par une ficelle rudimentaire, certainement fabriquée dans la jungle depuis peu. Son jean, autrefois, avait dû comporter des jambes et avait dû être bleu clair, mais il était maintenant déchiré au niveau des cuisses et possédait plus de nuances de marrons que de bleu. Le haut de la jeune femme n’était que des restes de tissus noués autour de sa poitrine, pour plus de pudeur.
Aucun Trauménien, en la voyant, n’aurait pu reconnaître Séphira Strife.
Le loup s’élança sur elle, et Séphira exécuta un demi-tour en se décalant vers la gauche. Le loup manqua sa cible, mais le pied de la jeune femme ne manqua pas s’atterrir sur la queue du loup. Elle entendit les craquements des os, et le loup piailla pour la troisième fois. Mais il n’eut pas de temps de le faire une quatrième fois, car Séphira Strife avait déjà planté la tranche de sa main dans la nuque de l’animal, le réduisant à l’inconscience.
« Pfiou, sale loup de marde. »
Elle laissa la dépouille du loup et récupéra les fruits qu’elle avait cueillis. Elle n’aimait pas tuer les animaux, même en cas de danger. De plus, elle était morte et n’avait donc pas besoin de manger, donc aucunement besoin de tuer pour se nourrir. En revanche, pour la petite Isabelle, ce n’était pas la même chose : Elle avait conservé ce besoin – nouvellement acquis avant sa mort – de manger. Dans son esprit, elle avait faim, et elle se créait une dépendance à la nourriture qui n’existait pourtant pas. Il lui arrivait bien entendu d’oublier de manger, mais c’était rare. Durant les deux semaines qu’elles avaient vécues dans cette jungle, Isabelle n’avait pas dû manquer plus de trois repas.
Des repas à base de fruits, évidemment.
Séphira Strife examina une marque sur un tronc et se repéra grâce à elle pour retrouver leur ‘campement’. Une nouvelle fois, son regard se tourna vers la tour qui se dressait, imposante, au centre de cette jungle aussi fausse que le reste. Et une nouvelle fois, elle n’en revenait pas de voir un tel monument en ce lieu, un monument dont l’édification relevait d’un illogisme rare. Presque une impossibilité.
Et pourtant.
La Shinra Corp était belle et bien là, devant ses yeux. Une nuit, pendant que la petite dormait, elle y était allée pour vérifier qu’elle ne souffrait pas d’hallucinations. Et elle avait touché les murs de la tour, elle les avait palpés, et ils étaient définitivement bien solides. Mais qui avait bien pu faire la folie de créer cet endroit ? Était-ce Angie ? Était-ce DragonNoir ? Un autre Trauménien ?
Ou quelqu’un d’autre encore ?
Une autre marque, tourner à droite.
Séphira Strife avait passé ces deux dernières semaines, justement, à essayer de comprendre comment un tel endroit avait pu être créé, et qui pouvait le faire fonctionner, voir y habiter. Et surtout, oui surtout, qui avait bien pu vouloir l’entraîner en ce lieu. La coïncidence était à proscrire, rien qu’à cause de la présence de la Shinra Corp au beau milieu de cet endroit. Mais les raisons de son arrivée ici lui échappaient encore.
Elle s’était séparée de son groupe de compagnons, formés par les innocents morts à cause de Bathory et de l’arc qu’elle avait dérobé, lorsqu’elle avait franchi cette étrange porte gardée par les deux colosses de bronze. Et depuis, elle n’avait vu aucun signe de vie, si ce n’est des patrouilles de ces robots, justement, qui semblaient à sa recherche dans cette jungle.
Dernière marque sur le tronc, à droite encore.
Séphira Strife s’arrêta en entendant un bruit qu’elle avait apprit à redouter. Le bruit des pas des immenses robots auxquels elle venait de penser, justement. Elle grimpa rapidement dans un arbre et surveilla les alentours. D’après le son, le robot marchait dans sa direction, mais il n’allait pas assez vite pour qu’elle ait été repérée. Elle vit le visage immuable du colosse qui dépassait des arbres, et attendit patiemment qu’il disparaisse de son champ de vision. Elle espérait seulement, comme à chaque fois, que le campement n’ait pas été découvert, tout comme Isabelle.
Celle-ci l’attendait dans la petite hutte sommaire qu’elles s’étaient bâties dans les premiers temps de leur arrivée ici. Hutte qui se trouva rapidement inutile étant donné qu’il ne pleuvait jamais et qu’elles ne dormaient jamais. Mais ça rassurait la petite d’avoir un toit au-dessus de la tête. Isabelle leva son visage vers Séphira lorsque cette dernière entra dans la hutte, et elle lui décocha un sourire que la Québécoise lui rendit.
« Salut Isabelle. Rien d’intéressant durant mon absence ? »
Isabelle secoua la tête, avant d’aller aider Séphira à décharger les fruits. La petite gardait toujours le silence, malgré le temps qu’elles avaient passé ensemble. Elle n’avait pourtant pas de problème de voix étant donné que Séphira Strife l’avait déjà entendue gémir durant ses siestes. Mais Isabelle – ou quel que soit son véritable prénom – refusait encore de parler. En revanche, question appétit, aucun problème.
« Doucement, tu vas attraper des crampes d’estomac ! »
Isabelle ralentit, docile, avant de sourire à Séphira, des pépins plein les joues. Celle-ci soupira et retourna à son poste d’observation, un peu plus en hauteur. De ce point, elle dominait la plupart de la jungle, et elle pouvait voir toute la Shinra Corp. Elle n’avait malheureusement noté aucune activité primordiale ou importante, durant tout le temps qu’elle se terrait ici, comme des livraisons de nourriture ou des retrait de linge sale, par exemple.
Elle commençait même à douter que cet endroit soit habité.
Séphira voyait également les têtes des colosses qui patrouillaient dans la jungle. Elle avait noté que ceux-ci apparaissaient toujours devant la porte C de la Shinra Corp, jamais ailleurs. Mais aucune porte ne s’ouvrait, et personne ne semblait amener les immenses robots. En levant les yeux, elle pouvait voir les falaises qui dominaient toute la jungle, formant une sorte d’arène, d’enclave. Il y avait des grottes ici et là, des aspérités plus ou moins grandes, mais rien de vraiment praticable. Elle se demanda où pouvaient mener ces grottes…
Le haut de la tour comportait une myriade de fenêtre, et Séphira Strife croyait parfois y voir quelqu’un, ou de la lumière, mais sans en être particulièrement sûre. Son imagination lui jouait peut-être des tours. Mais ça ne l’empêchait pas scruter sans arrêt cette si familière et pourtant si étrange tour, dans l’espoir de découvrir quelque chose, ou quelqu’un, qui pourrait enfin apporter une solution à son problème…
À leur problème, même, car Isabelle était là elle aussi.
Comment revenir à la vie ?
Le soleil était maintenant haut dans le ciel tandis que la petite barque poursuivait sa traversée sans avoir rencontré d’autres imprévus que l’attaque des centaures, quelques heures auparavant. À bord, Nina se repérait toujours par rapport à la carte, Wee-Ree-Cat était couché en rond à ses pieds, et Aran passait la main à NightBeast pour s’occuper des rames.
« Et pourquoi je ne peux pas nager encore ? On irait plus vite !
-Mais tu risques de te fatiguer, répondit Nina à la place d’Aran. Et si jamais on a vraiment besoin d’aller vite, comme tout à l’heure, tu ne pourras plus nous sortir d’affaire.
-Mouais. »
NightBeast, pas convaincu, s’installa au poste et commença à ramer. Aran s’essuya le front en s’asseyant près de Nina, après avoir chassé Wee-Ree-Cat d’un coup de pied, et il lui demanda où ils en étaient.
« On a bien avancé. On a fait la moitié du chemin, à vue de nez.
-Parfait. »
Les centaures avaient sévèrement entamé le moral d’Aran, qui ne désirait en aucun cas retomber sur ce genre du surprise s’ils devaient à nouveau se rendre sur la terre ferme. Il aurait pu mettre à mal une de ces bêtes, peut-être deux, mais ils étaient tellement nombreux. Il se demanda si ce troupeau était le seul existant sur ces terres, où si cet au-delà en était parsemé de part en part.
Ce voyage lui portait sur le système.
« NightBeast, dit Nina. Essaye de redresser la direction vers la gauche, on s’approche de plus en plus de la rive droite.
-Mais sur le plan, nous devrons bien virer à droite pour rejoindre la Marina machin chouette, non ?
-Oui, admit Nina, mais on changera de cap une fois le détroit de Messine passé.
-Oui cap’taine ! » ricana NightBeast en ramant seulement vers la droite. Un chuintement sourd attira l’attention de Wee-Ree-Cat qui dressa subitement l’oreille. Il regarda les deux côtés de la portion de mer où ils se trouvaient : sur la gauche, un immense écueil dressé en hauteur, et sur la droit un monceau de petits rochers pointus qui sortaient de l’eau tels des dizaines de canines. Échoués parmi ces rochers, des dizaines de petites embarcations comme la leur pourrissaient. Wee-Ree-Cat sentit les poils de son dos se hérisser, alors que le bruissement recommençait.
« Vous n’entendez rien ? finit-il par demander à l’assemblée.
-Hein ? Entendre quoi ? »
Il l’entendit de nouveau.
« Là, ça. Vous n’avez rien entendu de bizarre ?
-Bizarre comme quoi ? » demanda Aran, dont la méfiance s’était accru depuis l’épisode des centaures. Wee-Ree-Cat demanda à NightBeast d’arrêter de ramer, et fit le silence. Il attendit quelques minutes et le chuintement reprit de nouveau, un peu plus fort.
« Maintenant, murmura-t-il.
-Je n’entends rien, dit Nina.
-Pareil, soupira NightBeast. On y va ?
-Attendez. »
Aran s’avança vers la tête du bateau et tendit l’oreille. Wee-Ree-Cat entendit de nouveau l’étrange bruit et frissonna. Aran hocha lentement la tête.
« Il y a quelque chose. » dit-il finalement. Au moment où NightBeast allait ouvrir la bouche pour dire que son père était sénile, un grondement retentit, provenant de la droite de l’embarcation. Wee-Ree-Cat, pupilles dilatées, regarda les petits rochers pointus qui se soulevaient au second plan alors que les premières rangées s’affaissaient dans l’eau. Bientôt, ce fut une partie de la berge qui se retrouva à la verticale aux cotés du bateau. Aran eut le premier le réflexe de sortir ses compagnons de leur ébahissement.
« On dégage ! On dégage !! »
NightBeast se mit immédiatement à ramer tandis que l’immense morceau de terre se refermait sur lui-même comme une titanesque mâchoire. Deux yeux terrifiants s’ouvrirent sur le dessus du dôme de terre, qui s’avéraient finalement être une créature géante, et se fixèrent sur eux. Un hurlement déchirant, mélange de mugissements et de gargarismes surpuissants, sortit de la gueule de la bête alors que le bruit de succion, cette fois-ci bel et bien présent, se fit soudainement entendre.
« Plus vite, hurla Aran en utilisant sa faux pour ramer.
-On recule ! cria Nina. On va droit sur la créature !! »
En effet, Charybde était une créature qui, trois fois par jours, avalait et recrachait une partie de la mer ainsi que tout ce qui avait le malheur de se trouver dans les environs. On ignorait réellement ce qu’il advenait de tout ce qu’elle avalait, mais personne n’avait eu la bonne idée de se porter volontaire pour répondre à la question. Et bien sûr, Charybde, les Trauméniens l’avaient maintenant en face d’eux.
« NightBeast, on n’a plus le choix ! Saute dans l’eau ! »
Sans même répondre, le Trauménien sauta et s’agrippa à l’arrière du navire, tandis qu’Aran prenait sa place aux rames. Ils évitèrent de peu un rocher pointu qui émergea à leur gauche grâce à Wee-Ree-Cat qui écarta l’embarcation avec sa rame. NightBeast se mit à battre des jambes avec ferveur, alors qu’ils entendaient toute l’eau que le monstre engloutissait à quelques dizaines de mètres derrière eux.
Le cri/mugissement résonna encore, mais ils gagnaient peu à peu du terrain sur la force d’attraction de la créature. Et plus ils s’éloignaient du siphon Charybde, moins le courant était fort. Une autre dent jaillit devant eux, et Aran la trancha à la base avec sa faux en deux coups. Au bout de longues minutes, ils finirent par échapper à l’emprise de Charybde et au courant d’eau qu’elle générait. Le bateau fendit les eux à toute allure, s’éloignant au maximum de la monstruosité. Ils traversèrent ainsi la distance entre les deux rives et atteignirent ainsi l’immense rocher qui était dressé en face.
Aran aida NightBeast à remonter sur le bateau. Celui-ci, éreinté, s’allongea au milieu en haletant. Wee-Ree-Cat regarda l’immense bouche qui se refermait lentement. Ils pouvaient entendre très distinctement les craquements des épaves qui se faisaient réduire en bouillie par les dents acérées de Charybde.
« C’est quoi ce monde de malades ? dit-il en secouant la tête.
-Il va falloir se méfier de tout, dorénavant, conclut Aran. Rien n’est sûr, ici, que ce soit hors de l’eau ou bien dedans. Dès que nous remarquerons quelque chose d’inhabituel, nous éviterons au maximum de nous en approcher, même si nous devons faire un long détour.
-Inhabituel… …comme ça ? » demanda NightBeast en levant son index vers l’immense rocher derrière eux. Les Trauméniens se retournèrent vers lui, et le rocher se retourna lui aussi vers eux. Et derrière ce rocher se cachait une autre créature difforme, immense, horrible et terriblement dangereuse, avec six longs cous chacun ornés d’une tête atroce, une taille dont émergeait des têtes de chiens écumantes de rages et dont le corps spongieux était terminés par douze pieds ignobles.
Les six visages souriants, avec chacun trois rangées de dents, se penchèrent vers l’embarcations et se mirent à hurler.
Rapidement, il se tourna vers la source du projectile, mais il ne fut tout de même pas assez rapide pour son adversaire, qui avait d’ores et déjà sauté vers lui et qui se retrouvait à lui tirer les poils du dos pour se maintenir en croupe. Le loup se cabra, mais la jeune fille qui tentait de le maîtriser posa un pied à terre et retourna la bête sur le dos avant de lui filer un coup de pied dans les cotes. Nouveau glapissement de surprise de la part de l’animal, qui se remit péniblement sur ses pattes et dévisagea la jeune fille.
Elle avait de longs cheveux bruns maintenus en arrière par une ficelle rudimentaire, certainement fabriquée dans la jungle depuis peu. Son jean, autrefois, avait dû comporter des jambes et avait dû être bleu clair, mais il était maintenant déchiré au niveau des cuisses et possédait plus de nuances de marrons que de bleu. Le haut de la jeune femme n’était que des restes de tissus noués autour de sa poitrine, pour plus de pudeur.
Aucun Trauménien, en la voyant, n’aurait pu reconnaître Séphira Strife.
Le loup s’élança sur elle, et Séphira exécuta un demi-tour en se décalant vers la gauche. Le loup manqua sa cible, mais le pied de la jeune femme ne manqua pas s’atterrir sur la queue du loup. Elle entendit les craquements des os, et le loup piailla pour la troisième fois. Mais il n’eut pas de temps de le faire une quatrième fois, car Séphira Strife avait déjà planté la tranche de sa main dans la nuque de l’animal, le réduisant à l’inconscience.
« Pfiou, sale loup de marde. »
Elle laissa la dépouille du loup et récupéra les fruits qu’elle avait cueillis. Elle n’aimait pas tuer les animaux, même en cas de danger. De plus, elle était morte et n’avait donc pas besoin de manger, donc aucunement besoin de tuer pour se nourrir. En revanche, pour la petite Isabelle, ce n’était pas la même chose : Elle avait conservé ce besoin – nouvellement acquis avant sa mort – de manger. Dans son esprit, elle avait faim, et elle se créait une dépendance à la nourriture qui n’existait pourtant pas. Il lui arrivait bien entendu d’oublier de manger, mais c’était rare. Durant les deux semaines qu’elles avaient vécues dans cette jungle, Isabelle n’avait pas dû manquer plus de trois repas.
Des repas à base de fruits, évidemment.
Séphira Strife examina une marque sur un tronc et se repéra grâce à elle pour retrouver leur ‘campement’. Une nouvelle fois, son regard se tourna vers la tour qui se dressait, imposante, au centre de cette jungle aussi fausse que le reste. Et une nouvelle fois, elle n’en revenait pas de voir un tel monument en ce lieu, un monument dont l’édification relevait d’un illogisme rare. Presque une impossibilité.
Et pourtant.
La Shinra Corp était belle et bien là, devant ses yeux. Une nuit, pendant que la petite dormait, elle y était allée pour vérifier qu’elle ne souffrait pas d’hallucinations. Et elle avait touché les murs de la tour, elle les avait palpés, et ils étaient définitivement bien solides. Mais qui avait bien pu faire la folie de créer cet endroit ? Était-ce Angie ? Était-ce DragonNoir ? Un autre Trauménien ?
Ou quelqu’un d’autre encore ?
Une autre marque, tourner à droite.
Séphira Strife avait passé ces deux dernières semaines, justement, à essayer de comprendre comment un tel endroit avait pu être créé, et qui pouvait le faire fonctionner, voir y habiter. Et surtout, oui surtout, qui avait bien pu vouloir l’entraîner en ce lieu. La coïncidence était à proscrire, rien qu’à cause de la présence de la Shinra Corp au beau milieu de cet endroit. Mais les raisons de son arrivée ici lui échappaient encore.
Elle s’était séparée de son groupe de compagnons, formés par les innocents morts à cause de Bathory et de l’arc qu’elle avait dérobé, lorsqu’elle avait franchi cette étrange porte gardée par les deux colosses de bronze. Et depuis, elle n’avait vu aucun signe de vie, si ce n’est des patrouilles de ces robots, justement, qui semblaient à sa recherche dans cette jungle.
Dernière marque sur le tronc, à droite encore.
Séphira Strife s’arrêta en entendant un bruit qu’elle avait apprit à redouter. Le bruit des pas des immenses robots auxquels elle venait de penser, justement. Elle grimpa rapidement dans un arbre et surveilla les alentours. D’après le son, le robot marchait dans sa direction, mais il n’allait pas assez vite pour qu’elle ait été repérée. Elle vit le visage immuable du colosse qui dépassait des arbres, et attendit patiemment qu’il disparaisse de son champ de vision. Elle espérait seulement, comme à chaque fois, que le campement n’ait pas été découvert, tout comme Isabelle.
Celle-ci l’attendait dans la petite hutte sommaire qu’elles s’étaient bâties dans les premiers temps de leur arrivée ici. Hutte qui se trouva rapidement inutile étant donné qu’il ne pleuvait jamais et qu’elles ne dormaient jamais. Mais ça rassurait la petite d’avoir un toit au-dessus de la tête. Isabelle leva son visage vers Séphira lorsque cette dernière entra dans la hutte, et elle lui décocha un sourire que la Québécoise lui rendit.
« Salut Isabelle. Rien d’intéressant durant mon absence ? »
Isabelle secoua la tête, avant d’aller aider Séphira à décharger les fruits. La petite gardait toujours le silence, malgré le temps qu’elles avaient passé ensemble. Elle n’avait pourtant pas de problème de voix étant donné que Séphira Strife l’avait déjà entendue gémir durant ses siestes. Mais Isabelle – ou quel que soit son véritable prénom – refusait encore de parler. En revanche, question appétit, aucun problème.
« Doucement, tu vas attraper des crampes d’estomac ! »
Isabelle ralentit, docile, avant de sourire à Séphira, des pépins plein les joues. Celle-ci soupira et retourna à son poste d’observation, un peu plus en hauteur. De ce point, elle dominait la plupart de la jungle, et elle pouvait voir toute la Shinra Corp. Elle n’avait malheureusement noté aucune activité primordiale ou importante, durant tout le temps qu’elle se terrait ici, comme des livraisons de nourriture ou des retrait de linge sale, par exemple.
Elle commençait même à douter que cet endroit soit habité.
Séphira voyait également les têtes des colosses qui patrouillaient dans la jungle. Elle avait noté que ceux-ci apparaissaient toujours devant la porte C de la Shinra Corp, jamais ailleurs. Mais aucune porte ne s’ouvrait, et personne ne semblait amener les immenses robots. En levant les yeux, elle pouvait voir les falaises qui dominaient toute la jungle, formant une sorte d’arène, d’enclave. Il y avait des grottes ici et là, des aspérités plus ou moins grandes, mais rien de vraiment praticable. Elle se demanda où pouvaient mener ces grottes…
Le haut de la tour comportait une myriade de fenêtre, et Séphira Strife croyait parfois y voir quelqu’un, ou de la lumière, mais sans en être particulièrement sûre. Son imagination lui jouait peut-être des tours. Mais ça ne l’empêchait pas scruter sans arrêt cette si familière et pourtant si étrange tour, dans l’espoir de découvrir quelque chose, ou quelqu’un, qui pourrait enfin apporter une solution à son problème…
À leur problème, même, car Isabelle était là elle aussi.
Comment revenir à la vie ?
*
* *
* *
Le soleil était maintenant haut dans le ciel tandis que la petite barque poursuivait sa traversée sans avoir rencontré d’autres imprévus que l’attaque des centaures, quelques heures auparavant. À bord, Nina se repérait toujours par rapport à la carte, Wee-Ree-Cat était couché en rond à ses pieds, et Aran passait la main à NightBeast pour s’occuper des rames.
« Et pourquoi je ne peux pas nager encore ? On irait plus vite !
-Mais tu risques de te fatiguer, répondit Nina à la place d’Aran. Et si jamais on a vraiment besoin d’aller vite, comme tout à l’heure, tu ne pourras plus nous sortir d’affaire.
-Mouais. »
NightBeast, pas convaincu, s’installa au poste et commença à ramer. Aran s’essuya le front en s’asseyant près de Nina, après avoir chassé Wee-Ree-Cat d’un coup de pied, et il lui demanda où ils en étaient.
« On a bien avancé. On a fait la moitié du chemin, à vue de nez.
-Parfait. »
Les centaures avaient sévèrement entamé le moral d’Aran, qui ne désirait en aucun cas retomber sur ce genre du surprise s’ils devaient à nouveau se rendre sur la terre ferme. Il aurait pu mettre à mal une de ces bêtes, peut-être deux, mais ils étaient tellement nombreux. Il se demanda si ce troupeau était le seul existant sur ces terres, où si cet au-delà en était parsemé de part en part.
Ce voyage lui portait sur le système.
« NightBeast, dit Nina. Essaye de redresser la direction vers la gauche, on s’approche de plus en plus de la rive droite.
-Mais sur le plan, nous devrons bien virer à droite pour rejoindre la Marina machin chouette, non ?
-Oui, admit Nina, mais on changera de cap une fois le détroit de Messine passé.
-Oui cap’taine ! » ricana NightBeast en ramant seulement vers la droite. Un chuintement sourd attira l’attention de Wee-Ree-Cat qui dressa subitement l’oreille. Il regarda les deux côtés de la portion de mer où ils se trouvaient : sur la gauche, un immense écueil dressé en hauteur, et sur la droit un monceau de petits rochers pointus qui sortaient de l’eau tels des dizaines de canines. Échoués parmi ces rochers, des dizaines de petites embarcations comme la leur pourrissaient. Wee-Ree-Cat sentit les poils de son dos se hérisser, alors que le bruissement recommençait.
« Vous n’entendez rien ? finit-il par demander à l’assemblée.
-Hein ? Entendre quoi ? »
Il l’entendit de nouveau.
« Là, ça. Vous n’avez rien entendu de bizarre ?
-Bizarre comme quoi ? » demanda Aran, dont la méfiance s’était accru depuis l’épisode des centaures. Wee-Ree-Cat demanda à NightBeast d’arrêter de ramer, et fit le silence. Il attendit quelques minutes et le chuintement reprit de nouveau, un peu plus fort.
« Maintenant, murmura-t-il.
-Je n’entends rien, dit Nina.
-Pareil, soupira NightBeast. On y va ?
-Attendez. »
Aran s’avança vers la tête du bateau et tendit l’oreille. Wee-Ree-Cat entendit de nouveau l’étrange bruit et frissonna. Aran hocha lentement la tête.
« Il y a quelque chose. » dit-il finalement. Au moment où NightBeast allait ouvrir la bouche pour dire que son père était sénile, un grondement retentit, provenant de la droite de l’embarcation. Wee-Ree-Cat, pupilles dilatées, regarda les petits rochers pointus qui se soulevaient au second plan alors que les premières rangées s’affaissaient dans l’eau. Bientôt, ce fut une partie de la berge qui se retrouva à la verticale aux cotés du bateau. Aran eut le premier le réflexe de sortir ses compagnons de leur ébahissement.
« On dégage ! On dégage !! »
NightBeast se mit immédiatement à ramer tandis que l’immense morceau de terre se refermait sur lui-même comme une titanesque mâchoire. Deux yeux terrifiants s’ouvrirent sur le dessus du dôme de terre, qui s’avéraient finalement être une créature géante, et se fixèrent sur eux. Un hurlement déchirant, mélange de mugissements et de gargarismes surpuissants, sortit de la gueule de la bête alors que le bruit de succion, cette fois-ci bel et bien présent, se fit soudainement entendre.
« Plus vite, hurla Aran en utilisant sa faux pour ramer.
-On recule ! cria Nina. On va droit sur la créature !! »
En effet, Charybde était une créature qui, trois fois par jours, avalait et recrachait une partie de la mer ainsi que tout ce qui avait le malheur de se trouver dans les environs. On ignorait réellement ce qu’il advenait de tout ce qu’elle avalait, mais personne n’avait eu la bonne idée de se porter volontaire pour répondre à la question. Et bien sûr, Charybde, les Trauméniens l’avaient maintenant en face d’eux.
« NightBeast, on n’a plus le choix ! Saute dans l’eau ! »
Sans même répondre, le Trauménien sauta et s’agrippa à l’arrière du navire, tandis qu’Aran prenait sa place aux rames. Ils évitèrent de peu un rocher pointu qui émergea à leur gauche grâce à Wee-Ree-Cat qui écarta l’embarcation avec sa rame. NightBeast se mit à battre des jambes avec ferveur, alors qu’ils entendaient toute l’eau que le monstre engloutissait à quelques dizaines de mètres derrière eux.
Le cri/mugissement résonna encore, mais ils gagnaient peu à peu du terrain sur la force d’attraction de la créature. Et plus ils s’éloignaient du siphon Charybde, moins le courant était fort. Une autre dent jaillit devant eux, et Aran la trancha à la base avec sa faux en deux coups. Au bout de longues minutes, ils finirent par échapper à l’emprise de Charybde et au courant d’eau qu’elle générait. Le bateau fendit les eux à toute allure, s’éloignant au maximum de la monstruosité. Ils traversèrent ainsi la distance entre les deux rives et atteignirent ainsi l’immense rocher qui était dressé en face.
Aran aida NightBeast à remonter sur le bateau. Celui-ci, éreinté, s’allongea au milieu en haletant. Wee-Ree-Cat regarda l’immense bouche qui se refermait lentement. Ils pouvaient entendre très distinctement les craquements des épaves qui se faisaient réduire en bouillie par les dents acérées de Charybde.
« C’est quoi ce monde de malades ? dit-il en secouant la tête.
-Il va falloir se méfier de tout, dorénavant, conclut Aran. Rien n’est sûr, ici, que ce soit hors de l’eau ou bien dedans. Dès que nous remarquerons quelque chose d’inhabituel, nous éviterons au maximum de nous en approcher, même si nous devons faire un long détour.
-Inhabituel… …comme ça ? » demanda NightBeast en levant son index vers l’immense rocher derrière eux. Les Trauméniens se retournèrent vers lui, et le rocher se retourna lui aussi vers eux. Et derrière ce rocher se cachait une autre créature difforme, immense, horrible et terriblement dangereuse, avec six longs cous chacun ornés d’une tête atroce, une taille dont émergeait des têtes de chiens écumantes de rages et dont le corps spongieux était terminés par douze pieds ignobles.
Les six visages souriants, avec chacun trois rangées de dents, se penchèrent vers l’embarcations et se mirent à hurler.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
La salle était petite, exiguë même, surtout depuis que la quatrième personne y était entrée. Elle restait debout le long de la porte, non pas pour empêcher qui que ce soit d’entrer, mais plutôt par manque de place pour s’asseoir. Les deux autres types en civils – comprenez le genre de tenue civile basique qui vous fait passer pour tout sauf pour une personne normale – se tenaient assit sur un lit, face au commissaire Thourn qui, lui, était simplement assis sur une chaise de l’hôpital, qui sont comme chacun le sait particulièrement inconfortables.
« Bien, dit le premier. Nous pouvons commencer.
-C’est pas top tôt, rétorqua Serge Thourn en soupirant.
-Commissaire, nous nous passerons de vos commentaires, gronda le second.
-Et moi je me serais bien passé de cet interrogatoire, mais j’ai bien l’impression que j’ai pas trop le choix, n’est-ce pas messieurs ? »
Le second jeta un œil au premier policier, qui lui répondit par un mouvement de tête vers Serge Thourn. La police des polices se déplaçait rarement à plusieurs, et à plus forte raison dans un hôpital. Ils préféraient plutôt les endroits clôt, discrets et bien surveillés. Thourn imaginait aisément, d’ailleurs, que les trois policiers présents ici étaient la partie émergée de l’iceberg, et que le gros des troupes parcourait ‘innocemment’ les couloirs de l’hôpital. Et il se sentait même comme le Titanic, pour tout dire.
« Commissaire Thourn, reprit le second. La situation dans laquelle vous vous êtes mis est loin d’être aussi amusante que vous semblez le croire.
-Ah parce que je m’amuse, là, selon vous ? Vous croyez peut-être que je me suis fait cette blessure à la cuisse pour rire, c’est ça ?
-Nous ne parlons pas de ça, commissaire Thourn, intervint le premier policier. Que pouvez-vous nous dire sur l’affaire Larbaud ? »
Le commissaire se tut pour la première fois depuis qu’ils l’avaient enfermés dans cette salle, mais dès qu’il vit le sourire de triomphe sur le visage des deux policiers, il se reprit immédiatement. Le jour où Serge Thourn baissera les bras face à deux blancs-becs, dont la somme des âges n’atteindrait même pas le sien, n’était pas encore arrivé.
« Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
-Tout. Et surtout pourquoi vous vous retrouvez à enquêter sur une affaire qui vous avait été retiré, et sans en faire part officiellement.
-À moins que vous ne nous ayez dissimulé des éléments ? ajouta le second.
-Les trois agents envoyés dans votre commissariat pour récupérer Joseph Larbaud nous ont confiés que vous sembliez avoir fait preuve de mauvaise volonté pour leur livrer ce sinistre personnage.
-J’avais mes raisons, répondit simplement Thourn.
-Et quelles étaient ces raisons ? »
Serge Thourn résista à l’envie de coller son poing dans la figure du premier policier qui s’avançait de plus en plus vers la sienne. Est-ce qu’il tentait de lui faire peur ? De l’intimider ? Ce gringalet avait encore bien des choses à apprendre.
« Le suspect n’avait pas encore avoué les meurtres, ni même reconnu les faits, dit Thourn. Il n’avait même pas décrit comment ce carnage s’était déroulé. Je voulais essayer de lui faire cracher le morceau.
-L’a-t-il craché ? »
Le commissaire savait que Larbaud avait finalement décidé de plaider coupable, après les résultats des psychologues et les charges qui pesaient contre lui. Mais il avait avoué bien après son transfert du commissariat.
« Non, répondit finalement Thourn. Il a tout nié en bloc.
-Donc vous n’aviez plus l’enquête en main, après le transfert, reprit le premier policier.
-Évidemment, vu qu’ils ont préférés me la retirer. Ils pensaient peut-être que j’allais réussir à la boucler en dix jours…
-Cette affaire vous dépassait, commissaire Thourn, intervint le second. Vous n’étiez plus en mesure de vous occuper de ce quadruple meurtre.
-Et pourquoi je serais plus incapable qu’un autre ?
-Les circonstances de ce crime étaient trop anormales. »
La discussion s’arrêta un instant, alors que les trois hommes – celui debout ne comptant décidément pas – se regardaient dans le blanc des yeux. Thourn réussit à faire baisser leurs regards, avant de reprendre :
« Je pense que le sujet est donc clôt, n’est-ce pas messieurs ? Si vous voulez bien m’excuser, j’ai des choses plus importantes à faire, maintenant…
-Attendez une minute, dit le premier. Nous n’avons pas terminé !
-J’ai répondu à toutes vos questions, pourtant, dit Thourn d’une voix doucereuse en se levant. Je ne vois pas ce qui me retient ici ?
-Qu’êtes-vous aller faire à Nantes, ainsi qu’à Brest et en région parisienne, alors ? Larbaud ne sévissait que dans les environs d’Épinal, si mes souvenirs sont bons. Mais pourtant, vous semblez continuer votre enquête sans prendre en compte que cette affaire vous ait été retirée. Comme si…
-…vous saviez quelque chose que nous ignorions. »
Le commissaire éclata de rire, faisant même sursauter les patients de la chambre voisine ainsi que l’infirmière dans le couloir. C’était un rire de soulagement, le rire de quelqu’un qui se rend compte que sa bêtise a été découverte, mais que personne ne peut l’empêcher de la poursuivre. Il posa ses mains sur les épaules des deux policiers et baissa son visage à hauteurs des leurs, avant de leur dire, tout sourire :
« Je suis encore libre d’aller où je veux, messieurs. Et je ne souffre d’aucune restriction de lieux, officiellement. Je n’ai donc pas à m’expliquer de mes déplacements, ne vous en déplaise, car ceux-ci n’ont rien à voir avec cette enquête.
-Vous mentez, Thourn.
-Bien sûr que non : on m’a retiré l’enquête, je ne vois pas pourquoi je continuerai ! »
Serge Thourn se redressa et contourna le lit où les deux policiers restaient assit, interdits. Le commissaire se plaça devant le troisième homme, resté silencieux tout le long de l’entrevue, et le poussa sur le coté, gentiment mais fermement, en s’excusant. Une fois dans le couloir, Thourn expira longuement, relâchant la pression. Il pressa le pas pour sortir de cet hôpital qu’il détestait, lorsqu’une voix, celui du premier policier, se fit entendre derrière lui :
« Vous ne vous en tirerez pas comme ça, Thourn !
-C’est ça, c’est ça… »
Et il entra dans l’ascenseur, dressant le majeur à l’adresse de ses deux amis.
Une seconde tête se détacha dans une gerbe de sang et plongea dans l’eau dans un gargouillis de sons malsains. Les autres têtes de Scylla hurlèrent à l’unisson et la créature sombra de nouveau entièrement dans l’eau. Aran sauta pour éviter de se faire entraîner par l’aspiration de l’eau et nagea vers la barque. Nina se jeta sur lui dès qu’il eut posé un pied dans le bateau et lui colla une gifle.
« Tu vas te faire tuer, imbécile !
-De ce coté là, répondit le jeune homme, je crois qu’on a déjà donné. Ne t’en fais pas. »
Scylla émergea loin devant eux, leur barrant le passage pour qu’ils ne puissent pas leur échapper. Elle se mit à hurler de nouveau, donnant la chair de poule à Wee-Ree-Cat, décidément sensibles aux sons. Il regarda de l’autre coté et vit Charybde qui, après avoir recraché toute l’eau qu’elle avait avalée en réouvrant sa bouche, avait retrouvé sa position initiale de simples rochers effilés.
« Allez, dit finalement Aran. On y retourne encore une fois. Quand elle n’aura plus de tête, elle ne pourra plus nous empêcher de passer.
-On pourrait peut-être trouver une solution moins… dangereuse ? hasarda Nina. Comme passer par la terre ferme ?
-Et se retrouver face à face avec la centaine de centaures ? trancha Aran. Pas question.
-Surtout qu’on ne sait même pas si elle est incapable de nous suivre au sol, ajouta NightBeast. Remarque, ça serait marrant de voir la tête des centaures s’ils la voyaient foncer sur eux !
-Ils ne feraient pas long feu, c’est sûr. » pouffa Aran.
Wee-Ree-Cat, qui entendait la conversation sans l’écouter – ou l’inverse – posa ses yeux respectivement sur le monstre Scylla et sur Charybde, et il lui vint une idée.
« Et si on faisait en sorte que les deux bestioles se rencontrent ? »
Un silence pensant lui répondit, seulement ponctué par les clapotis de l’eau, des hurlements de Scylla et du chuintement qui reprenait du coté de Charybde.
« Tu veux dire : attirer le monstre à six-moins-deux têtes vers la chasse d’eau ?
-Ouais ?
-Je ne sais pas, ça me paraît risqué, dit NightBeast.
-Ce monstre-là est immobile, et l’autre est super lent, expliqua Wee-Ree-Cat. Avec la vitesse de NightBeast, on aura aucun mal attirer le second vers le premier, et quand le premier recommencera à aspirer toute l’eau…
…il gobera le second, termina Aran. Ouais, ça vaut le coup d’essayer. »
Ils s’élancèrent sans tarder vers Scylla. Comme l’avait dit Wee-Ree-Cat, il était facile de surpasser la créature par vitesse, même avec les rames. Scylla avait beau avoir douze pieds, elle n’avait manifestement pas apprit à nager rapidement. La barque tourna autour d’elle alors qu’Aran taillait dans le corps du monstre de profondes plaies pour l’énerver. Ce qui fonctionna plus rapidement qu’on ne l’aurait cru vu que Scylla se mit rapidement à suivre l’embarcation en tentant de la réduire en bouille avec ses têtes.
Les Trauméniens s’éloignèrent alors d’elle et, comme prévu, elle se lança à leur poursuite. Ils parvinrent à Charybde au moment où les rochers commençaient à s’enfoncer dans l’eau. Scylla lança une de ses têtes dans l’eau et celle-ci ressortit juste devant la barque. Aran sortit sa faux et lui sectionna la mâchoire inférieure, qui se détacha dans un bruit de peau déchirée assez dégoûtant. Il avait prit bien soin de ne pas décapiter une nouvelle tête de peur que la créature ne retourne à leur barrer le passage au loin. Mais Scylla semblait folle de rage et ne jouait plus la prudence : Elle voulait les tuer.
« Allez, c’est partit ! »
La mâchoire supérieure de Charybde se releva lentement, alors que le courant commençait à se faire fort dans la gorge béante de ce dernier. NightBeast sauta à l’eau et se mit à nager pour échapper au courant, alors que Scylla se retrouvait entraînée malgré elle dans la bouche de sa compagne. Elle hurla lorsqu’elle sentit les crocs de Charybde entailler la chair de son corps, et se tourna vers elle pour planter deux de ses têtes dans son palais. Un mugissement retentit, mais les Trauméniens s’éloignaient déjà.
Lorsqu’ils parvinrent à sortir du courant créé par Charybde, NightBeast remonta à bord et Aran se mit à ramer. Ils regardèrent pendant un moment la bouche de Charybde se refermer sur Scylla, puis ils préférèrent se concentrer sur la suite du voyage. Pendant encore deux bonnes heures, ils durent supporter les hurlements de douleur de Scylla ainsi que ceux de Charybde, puis ils furent suffisamment loin.
Ils ne rencontrèrent pas d’autres problèmes durant les dix heures qui constituèrent la suite et la fin de leur voyage. Seules une pauvre averse et une attaque groupée de libellules les sortirent de la monotonie de la traversée, sans quoi ils auraient tout aussi bien pu dormir tout du long. Ils se relayèrent donc aux rames, sauf Nina qui persistait au poste de cartographe du navire, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent leur destination.
Ils approchèrent de la rive et Aran sauta dans l’eau pour guider l’embarcation jusqu’à la jetée, la même qu’à leur point de départ. Lorsqu’ils eurent accostés sans mal à la Marina di Gioia Tauro, ils se rendirent compte que l’assemblée rituelle des Dieux de l’Olympe les attendaient, comme à leur habitude. Ils furent applaudit chaleureusement.
« Vous venez de réussir votre troisième épreuve, humains, dit Hermès. Bravo.
-Félicitations, ajouta Héra.
-Mais pourquoi n’avez-vous pas simplement contournés Scylla, étant donnés que vous aviez devinés que vous étiez plus rapides qu’elle ? »
Aran sourit à Bacchus, qui venait de poser la question, et dit :
« On aime le sport, c’est tout. »
« Bien, dit le premier. Nous pouvons commencer.
-C’est pas top tôt, rétorqua Serge Thourn en soupirant.
-Commissaire, nous nous passerons de vos commentaires, gronda le second.
-Et moi je me serais bien passé de cet interrogatoire, mais j’ai bien l’impression que j’ai pas trop le choix, n’est-ce pas messieurs ? »
Le second jeta un œil au premier policier, qui lui répondit par un mouvement de tête vers Serge Thourn. La police des polices se déplaçait rarement à plusieurs, et à plus forte raison dans un hôpital. Ils préféraient plutôt les endroits clôt, discrets et bien surveillés. Thourn imaginait aisément, d’ailleurs, que les trois policiers présents ici étaient la partie émergée de l’iceberg, et que le gros des troupes parcourait ‘innocemment’ les couloirs de l’hôpital. Et il se sentait même comme le Titanic, pour tout dire.
« Commissaire Thourn, reprit le second. La situation dans laquelle vous vous êtes mis est loin d’être aussi amusante que vous semblez le croire.
-Ah parce que je m’amuse, là, selon vous ? Vous croyez peut-être que je me suis fait cette blessure à la cuisse pour rire, c’est ça ?
-Nous ne parlons pas de ça, commissaire Thourn, intervint le premier policier. Que pouvez-vous nous dire sur l’affaire Larbaud ? »
Le commissaire se tut pour la première fois depuis qu’ils l’avaient enfermés dans cette salle, mais dès qu’il vit le sourire de triomphe sur le visage des deux policiers, il se reprit immédiatement. Le jour où Serge Thourn baissera les bras face à deux blancs-becs, dont la somme des âges n’atteindrait même pas le sien, n’était pas encore arrivé.
« Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
-Tout. Et surtout pourquoi vous vous retrouvez à enquêter sur une affaire qui vous avait été retiré, et sans en faire part officiellement.
-À moins que vous ne nous ayez dissimulé des éléments ? ajouta le second.
-Les trois agents envoyés dans votre commissariat pour récupérer Joseph Larbaud nous ont confiés que vous sembliez avoir fait preuve de mauvaise volonté pour leur livrer ce sinistre personnage.
-J’avais mes raisons, répondit simplement Thourn.
-Et quelles étaient ces raisons ? »
Serge Thourn résista à l’envie de coller son poing dans la figure du premier policier qui s’avançait de plus en plus vers la sienne. Est-ce qu’il tentait de lui faire peur ? De l’intimider ? Ce gringalet avait encore bien des choses à apprendre.
« Le suspect n’avait pas encore avoué les meurtres, ni même reconnu les faits, dit Thourn. Il n’avait même pas décrit comment ce carnage s’était déroulé. Je voulais essayer de lui faire cracher le morceau.
-L’a-t-il craché ? »
Le commissaire savait que Larbaud avait finalement décidé de plaider coupable, après les résultats des psychologues et les charges qui pesaient contre lui. Mais il avait avoué bien après son transfert du commissariat.
« Non, répondit finalement Thourn. Il a tout nié en bloc.
-Donc vous n’aviez plus l’enquête en main, après le transfert, reprit le premier policier.
-Évidemment, vu qu’ils ont préférés me la retirer. Ils pensaient peut-être que j’allais réussir à la boucler en dix jours…
-Cette affaire vous dépassait, commissaire Thourn, intervint le second. Vous n’étiez plus en mesure de vous occuper de ce quadruple meurtre.
-Et pourquoi je serais plus incapable qu’un autre ?
-Les circonstances de ce crime étaient trop anormales. »
La discussion s’arrêta un instant, alors que les trois hommes – celui debout ne comptant décidément pas – se regardaient dans le blanc des yeux. Thourn réussit à faire baisser leurs regards, avant de reprendre :
« Je pense que le sujet est donc clôt, n’est-ce pas messieurs ? Si vous voulez bien m’excuser, j’ai des choses plus importantes à faire, maintenant…
-Attendez une minute, dit le premier. Nous n’avons pas terminé !
-J’ai répondu à toutes vos questions, pourtant, dit Thourn d’une voix doucereuse en se levant. Je ne vois pas ce qui me retient ici ?
-Qu’êtes-vous aller faire à Nantes, ainsi qu’à Brest et en région parisienne, alors ? Larbaud ne sévissait que dans les environs d’Épinal, si mes souvenirs sont bons. Mais pourtant, vous semblez continuer votre enquête sans prendre en compte que cette affaire vous ait été retirée. Comme si…
-…vous saviez quelque chose que nous ignorions. »
Le commissaire éclata de rire, faisant même sursauter les patients de la chambre voisine ainsi que l’infirmière dans le couloir. C’était un rire de soulagement, le rire de quelqu’un qui se rend compte que sa bêtise a été découverte, mais que personne ne peut l’empêcher de la poursuivre. Il posa ses mains sur les épaules des deux policiers et baissa son visage à hauteurs des leurs, avant de leur dire, tout sourire :
« Je suis encore libre d’aller où je veux, messieurs. Et je ne souffre d’aucune restriction de lieux, officiellement. Je n’ai donc pas à m’expliquer de mes déplacements, ne vous en déplaise, car ceux-ci n’ont rien à voir avec cette enquête.
-Vous mentez, Thourn.
-Bien sûr que non : on m’a retiré l’enquête, je ne vois pas pourquoi je continuerai ! »
Serge Thourn se redressa et contourna le lit où les deux policiers restaient assit, interdits. Le commissaire se plaça devant le troisième homme, resté silencieux tout le long de l’entrevue, et le poussa sur le coté, gentiment mais fermement, en s’excusant. Une fois dans le couloir, Thourn expira longuement, relâchant la pression. Il pressa le pas pour sortir de cet hôpital qu’il détestait, lorsqu’une voix, celui du premier policier, se fit entendre derrière lui :
« Vous ne vous en tirerez pas comme ça, Thourn !
-C’est ça, c’est ça… »
Et il entra dans l’ascenseur, dressant le majeur à l’adresse de ses deux amis.
*
* *
* *
Une seconde tête se détacha dans une gerbe de sang et plongea dans l’eau dans un gargouillis de sons malsains. Les autres têtes de Scylla hurlèrent à l’unisson et la créature sombra de nouveau entièrement dans l’eau. Aran sauta pour éviter de se faire entraîner par l’aspiration de l’eau et nagea vers la barque. Nina se jeta sur lui dès qu’il eut posé un pied dans le bateau et lui colla une gifle.
« Tu vas te faire tuer, imbécile !
-De ce coté là, répondit le jeune homme, je crois qu’on a déjà donné. Ne t’en fais pas. »
Scylla émergea loin devant eux, leur barrant le passage pour qu’ils ne puissent pas leur échapper. Elle se mit à hurler de nouveau, donnant la chair de poule à Wee-Ree-Cat, décidément sensibles aux sons. Il regarda de l’autre coté et vit Charybde qui, après avoir recraché toute l’eau qu’elle avait avalée en réouvrant sa bouche, avait retrouvé sa position initiale de simples rochers effilés.
« Allez, dit finalement Aran. On y retourne encore une fois. Quand elle n’aura plus de tête, elle ne pourra plus nous empêcher de passer.
-On pourrait peut-être trouver une solution moins… dangereuse ? hasarda Nina. Comme passer par la terre ferme ?
-Et se retrouver face à face avec la centaine de centaures ? trancha Aran. Pas question.
-Surtout qu’on ne sait même pas si elle est incapable de nous suivre au sol, ajouta NightBeast. Remarque, ça serait marrant de voir la tête des centaures s’ils la voyaient foncer sur eux !
-Ils ne feraient pas long feu, c’est sûr. » pouffa Aran.
Wee-Ree-Cat, qui entendait la conversation sans l’écouter – ou l’inverse – posa ses yeux respectivement sur le monstre Scylla et sur Charybde, et il lui vint une idée.
« Et si on faisait en sorte que les deux bestioles se rencontrent ? »
Un silence pensant lui répondit, seulement ponctué par les clapotis de l’eau, des hurlements de Scylla et du chuintement qui reprenait du coté de Charybde.
« Tu veux dire : attirer le monstre à six-moins-deux têtes vers la chasse d’eau ?
-Ouais ?
-Je ne sais pas, ça me paraît risqué, dit NightBeast.
-Ce monstre-là est immobile, et l’autre est super lent, expliqua Wee-Ree-Cat. Avec la vitesse de NightBeast, on aura aucun mal attirer le second vers le premier, et quand le premier recommencera à aspirer toute l’eau…
…il gobera le second, termina Aran. Ouais, ça vaut le coup d’essayer. »
Ils s’élancèrent sans tarder vers Scylla. Comme l’avait dit Wee-Ree-Cat, il était facile de surpasser la créature par vitesse, même avec les rames. Scylla avait beau avoir douze pieds, elle n’avait manifestement pas apprit à nager rapidement. La barque tourna autour d’elle alors qu’Aran taillait dans le corps du monstre de profondes plaies pour l’énerver. Ce qui fonctionna plus rapidement qu’on ne l’aurait cru vu que Scylla se mit rapidement à suivre l’embarcation en tentant de la réduire en bouille avec ses têtes.
Les Trauméniens s’éloignèrent alors d’elle et, comme prévu, elle se lança à leur poursuite. Ils parvinrent à Charybde au moment où les rochers commençaient à s’enfoncer dans l’eau. Scylla lança une de ses têtes dans l’eau et celle-ci ressortit juste devant la barque. Aran sortit sa faux et lui sectionna la mâchoire inférieure, qui se détacha dans un bruit de peau déchirée assez dégoûtant. Il avait prit bien soin de ne pas décapiter une nouvelle tête de peur que la créature ne retourne à leur barrer le passage au loin. Mais Scylla semblait folle de rage et ne jouait plus la prudence : Elle voulait les tuer.
« Allez, c’est partit ! »
La mâchoire supérieure de Charybde se releva lentement, alors que le courant commençait à se faire fort dans la gorge béante de ce dernier. NightBeast sauta à l’eau et se mit à nager pour échapper au courant, alors que Scylla se retrouvait entraînée malgré elle dans la bouche de sa compagne. Elle hurla lorsqu’elle sentit les crocs de Charybde entailler la chair de son corps, et se tourna vers elle pour planter deux de ses têtes dans son palais. Un mugissement retentit, mais les Trauméniens s’éloignaient déjà.
Lorsqu’ils parvinrent à sortir du courant créé par Charybde, NightBeast remonta à bord et Aran se mit à ramer. Ils regardèrent pendant un moment la bouche de Charybde se refermer sur Scylla, puis ils préférèrent se concentrer sur la suite du voyage. Pendant encore deux bonnes heures, ils durent supporter les hurlements de douleur de Scylla ainsi que ceux de Charybde, puis ils furent suffisamment loin.
Ils ne rencontrèrent pas d’autres problèmes durant les dix heures qui constituèrent la suite et la fin de leur voyage. Seules une pauvre averse et une attaque groupée de libellules les sortirent de la monotonie de la traversée, sans quoi ils auraient tout aussi bien pu dormir tout du long. Ils se relayèrent donc aux rames, sauf Nina qui persistait au poste de cartographe du navire, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent leur destination.
Ils approchèrent de la rive et Aran sauta dans l’eau pour guider l’embarcation jusqu’à la jetée, la même qu’à leur point de départ. Lorsqu’ils eurent accostés sans mal à la Marina di Gioia Tauro, ils se rendirent compte que l’assemblée rituelle des Dieux de l’Olympe les attendaient, comme à leur habitude. Ils furent applaudit chaleureusement.
« Vous venez de réussir votre troisième épreuve, humains, dit Hermès. Bravo.
-Félicitations, ajouta Héra.
-Mais pourquoi n’avez-vous pas simplement contournés Scylla, étant donnés que vous aviez devinés que vous étiez plus rapides qu’elle ? »
Aran sourit à Bacchus, qui venait de poser la question, et dit :
« On aime le sport, c’est tout. »
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
7. Quatrième épreuve : Phaéton.
Lorsque les Dieux et les Trauméniens parvinrent aux abords d’un fleuve, ils s’approchèrent d’un rassemblement de peupliers qui semblaient tous avoir élus domicile autour d’une pierre. Lorsqu’ils furent plus près, ils s’aperçurent que cette pierre était en réalité une sépulture. Sur le devant, l’épitaphe sobrement gravée dans la roche annonçait quel homme était enterré ici.
Ce fut Aran qui s’approcha le plus près. Sans s’en rendre compte, il se remémorait ce lugubre enterrement qui avait donné le départ à toute cette folie. Il revoyait les visages de ceux qui étaient présents, les larmes de Fury, le regard déterminé de Mr.Magnum lorsqu’il avait lancé son idée pour la première fois, et puis…
Tout ceci.
« Ici repose Phaéton, qui conduisit le char du Soleil, dit-il gravement. Il échoua grandement mais il avait grandement osé. »
Toutes les personnes présentes, Dieux compris, marquèrent un temps de silence, comme pour honorer la mort de cet être. Et même si les Trauméniens ignoraient qui était exactement Phaéton, ils respectaient ce silence pour ce qu’elle représentait.
Et pour Séphy-Roshou.
« Votre prochaine épreuve sera à nouveau une course, humains, dit finalement le maître des Dieux en rompant le silence. Mais contrairement à la seconde épreuve qui se déroulait dans la mer, ici vous devrez vous départager dans les airs. »
Les Trauméniens levèrent les yeux. Le chemin depuis la Marina di Gioia Tauro avait été long, mais ils n’avaient pourtant pas l’impression d’avoir marché toute la nuit. Néanmoins, ils s’aperçurent que l’aube pointait à l’est, contre toute attente. Ils laissèrent Zeus poursuivre son monologue :
« Vous allez vous mesurer au Soleil en personne, pour cette épreuve. La durée sera, bien évidemment, d’une journée, où vous affronterez les mêmes épreuves que doit combattre le Soleil chaque jour durant depuis des milliers d’années. Si vous réussissez à atteindre le crépuscule avant le Soleil, alors vous serez considérés comme vainqueurs. »
Aran s’avança :
« Nous ne volons pas, dit-il sèchement. Nos pouvoirs nous ont peut-être permis de passer les trois premières épreuves, mais nous ne seront pas capable de voler pour…
-Vous aurez un char, tout comme le Soleil, l’interrompit Zeus. Le même à l’identique, pour être franc, avec les mêmes chevaux tout aussi difficile à diriger que ceux de l’astre du jour.
-Est-ce que seulement l’un de nous doit monter le char ? demanda Nina.
-Vous ne serez pas trop de quatre pour maîtriser vos montures. » répondit Aphrodite en gloussant sensuellement. Les autres Dieux approuvèrent. Aran regarda la tombe, puis demanda à Zeus quelle serait la sentence si toutefois ils venaient à échouer.
« Vous obtiendrez le même sort que Phaéton qui, après avoir voulu conduire le char du Soleil, faillit réduire le monde à néant et fut châtié pour son arrogance par une main divine… »
Zeus se pencha vers les Trauméniens et ajouta :
« …la mienne. »
Wee-Ree-Cat et NightBeast déglutirent de concert, alors qu’Aran soutenait le regard du maître des Dieux, prêt à en découdre à nouveau malgré la promesse d’une nouvelle raclée. Zeus se redressa et regarda à son tour vers l’est. Le Soleil n’était pas encore apparu, mais la lumière du jour grandissait presque à vue d’œil.
« Très bien. La course commencera au Palais du Soleil pour se terminer aux Portes du Déclin, tout à l’Ouest. Êtes-vous prêts ?
-Attendez une minute, dit NightBeast an agitant les bras. Comment voulez-vous qu’on commence cette course à temps alors que le Soleil se lève déjà, et à plusieurs milliers de kilomètres de nous ?
-Rien de plus facile… » répondit Zeus le plus calmement du monde.
Il leva ses mains et claqua ses paumes devant lui. Un immense éclair jaillit de ses doigts et aveugla les quatre voyageurs qui ne purent que fermer les yeux devant tant de lumière. Et lorsqu’ils les rouvrirent, ce fut pour découvrir le majestueux palais du Soleil.
Cet immense palais était radieux, et toute matière qui le composait, de l’or à l’ivoire en passant par de multiples joyaux, tout y reluisait et scintillait à en faire mal aux yeux des gens non habitués. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, tout étincelait, rayonnait, flamboyait. L’ombre ne semblait pas avoir sa place, en ce lieu, où la seule heure qui s’écoulait était midi.
Les Trauméniens, éblouis, ne purent distinguer qu’au prix de quelques minutes de souffrance, le char qui leur était destiné. Les montures y étaient déjà attelés et déchaînées : elle piaffaient d’impatience de prendre leur envol aux cotés de l’autre char où le Soleil se tenait déjà. Celui-ci salua cordialement ses adversaires d’un jour, non sans une pensée émue pour son défunt fils, puis se tint prêt à partir.
Car course ou non, épreuve ou non, le Soleil devait se lever.
Les quatre humains prirent donc rapidement place dans leur char commun. La remarque de Nina sur l’éventualité de monter seul dans le char fut définitivement écartée dès qu’ils furent installés. En effet, Nina avait posé la question pour deux choses : La place dans le char qui risquait d’être étroit si plusieurs personnes montaient son bord, et le désavantage certain de concourir avec le poids de quatre conducteur face à un pilote seul.
Mais les craintes de la jeune femme s’envolèrent définitivement lorsqu’ils virent la taille du char, et celle de leur adversaire, qui était presque aussi grand que Zeus en personne. Les Trauméniens saluèrent à leur tour le Soleil, avec un peu de retard, et fixèrent l’horizon, le cœur battant. Ils virent les Saisons, de magnifiques femmes très légèrement vêtues, commencer à ouvrir les portes de l’Est, et Aran leva les rennes, prêt à donner l’assaut.
Lorsque les portes furent grandes ouvertes, un bruit assourdissant se fit entendre, marquant le départ de cette fabuleuse course. Aran lança ses chevaux au triple galop, alors qu’ils s’apercevaient que le vacarme précédemment entendu n’était autre que les hennissements conjugués des chevaux qui s’élançaient dans le ciel rougeoyant.
« Woh pu… » ne réussit qu’à dire Wee-Ree-Cat avant d’être, comme les autres, propulsé à toute vitesse en hauteur. En quelques minutes à peine, ils dépassèrent les nuages les plus hauts, suivant de près le Soleil qui hurlait ses ordres aux chevaux. Les sabots ailés de leurs montures respectives foulaient les nuages, puis traversèrent l’éther sans accroc pour se retrouver dans l’espace.
NightBeast osa jeter un œil en contrebas, et se retint de hurler. Il vit Wee-Ree-Cat qui s’approchait lui aussi pour regarder, et préféra lui coller une droite. Le Trauménien se releva en se massant la mâchoire, puis se jeta sur NightBeast en hurlant, faisan tanguer le char. Nina dut mettre un terme au combat en s’interposant, de peur qu’ils ne fassent chavirer le chariot. Ils s’assirent donc chacun aux opposés du véhicule, et boudèrent.
Nina s’approcha d’Aran.
« Pas trop dur ? dit-elle en voyant perler les gouttes de transpirations sur les joues de son compagnon. Tu veux que je te reprenne ?
-Je doute que tu y parviennes… » grogna ce dernier. Nina baissa les yeux sur les bras d’Aran et vit les muscles tendus à l’extrême, qui trahissaient la traction permanente imposée par les chevaux. Elle lui caressa le bras et il lui rendit un sourire un peu forcé.
Aran tint les rennes durant deux bonnes heures, puis il passa la main à NightBeast et Wee-Ree-Cat, l’un tenant la bride à droite et l’autre à gauche. Ils se chamaillèrent peut-être vingt secondes, au tout début, avant de se rendre compte que le simple fait de tenir les rennes était déjà un exercice bien trop ardu pour qu’ils poursuivent leur querelle. Aran s’assit un instant dans u coin de la nacelle.
« É-rein-tant, soupira-t-il en essuyant la transpiration de son front. Et ce mec fait ça tous les jours depuis des centaines d’années. Il doit être super balèze.
-Tu ne comptes tout de même pas te battre avec lui aussi, gronda Nina.
-Oh non, répondit Aran en ouvrant de grands yeux. Aucune chance. Par contre, on a des chances de la battre à la course, ça sera ma consolation.
-Tu crois ?
-Regarde ! »
Il lui montra le char du Soleil, plus près d’eux maintenant qu’à leur départ.
« On gagne du terrain sur lui, expliqua-t-il. Je pense que malgré qu’on soit quatre à bord de ce char, on doit être moins lourd que lui. D’ici le milieu de l’après-midi, je pense qu’on l’aura dépassé. Il suffit de ne pas laisser les chevaux galoper à leur guise et dévier de la route.
-Alors repose-toi, tu en as assez fait. Je prendrai le tour suivant.
-Pas seule, dit immédiatement Aran.
-Tu sais, moi aussi j’ai des forces décuplées par mon moi Trauménien.
-Oui, mais je ne pense pas que… » Il s’interrompit, regardant Nina qui fronçait les sourcils, et se pressa d’ajouter : « On essayera, mais si tu ne peux pas tenir bien longtemps, alors je te reprendrai.
-Mouais. » marmonna Nina avant de coller un baiser, le premier depuis des lustres songea Aran, sur les lèvres de celui-ci. Elle se leva et alla voir les deux autres Trauméniens qui ne s’en sortaient pas si mal, s’ils coopéraient.
Bientôt, nous serons aux cotés des étoiles, puis nous n’aurons plus qu’à descendre, et le tour sera joué, pensa-t-il en sombrant peut à peu dans une somnolence réparatrice.
La dernière chose qu’il vit fut la constellation du scorpion.
DragonNoir reconsidéra Le Ionisateur Fou avec des yeux ronds.
Le groupe de Trauménien venait de passer le grand Carrefour des Morts, et ils avaient bifurqués sur l’Allée de Gentilly. DragonNoir, Arkh et Q-Po restaient en tête du groupe à marquer précisément les étapes de leur avancée. Ils ne voulaient en aucun cas se perdre dans ces catacombes, ce qui achèverait le moral des Trauméniens restant. D’ailleurs, un peu plus tôt, Arkh avait confié à DragonNoir qu’il revenait sur ses positions.
« Tu sais, je pense que je me suis trompé, avait-il dit.
-Comment ça ?
-Tu sais, quand j’ai dit que les autres commençaient à perdre confiance. En fait, ils n’ont pas perdu leur foi en cette quête, ni en eux-mêmes. Nous sommes les Traumenschars, les troupes de Traumen, les troupes du rêve, et ils le savent. Ils n’ont pas oubliés pourquoi ils sont là, et justement, malgré tout ce qu’il s’est passé… »
Arkh s’était alors tourné vers le groupe qui les suivait en silence.
« …ils sont toujours là. »
Mais là n’était pas la question, à ce moment précis. DragonNoir avait été attiré un peu en arrière par Le Ionisateur Fou, qui lui avait demandé s’il pouvait faire partie de la prochaine équipe de voyageur. C’est à ce moment précis que DragonNoir l’avait regardé en haussant les sourcils, étonné par l’attitude du Ionisateur Fou.
« Tu veux y retourner ?
-Oui, DragonNoir, répondit immédiatement le jeune homme en remontant ses lunettes. Le prochain groupe de voyageurs de l’au-delà, je veux en être.
-Tu sais que tu dois bien être le seul ici à vouloir y retourner ? »
En effet, de tous les Trauméniens ayant déjà été morts et revenus à la vie, le Ionisateur Fou était pour le moment le seul à s’être proposé de nouveau pour un voyage. DragonNoir reconsidéra sa proposition un moment avant de répondre :
« Tu sais, nous aurons aussi besoin de toi ici. Le prochain voyage ne se fera que dans quelques semaines, de toute façon, sauf si Aran, Nina, NightBeast et Wee-Ree-Cat ne rentrent vraiment tôt.
-Quand ? demanda le Ionisateur Fou.
-Début novembre, pour la Fête des Morts au Mexique. »
Les deux Trauméniens se turent un moment, marchant en silence comme le reste de la troupe. DragonNoir avait pourtant déjà planifié les prochains voyageurs, mais si le Ionisateur Fou désirait tellement partir avec eux, il en tiendrait compte à ce moment.
« Nous allons également manquer de pilules, avoua finalement DragonNoir.
-Combien en reste-t-il ?
-Assez pour quelques voyages, encore, mais si nous ne retrouvons pas Séphy-Roshou d’ici-là, les voyages ne seront que des allers sans retour.
-Ou si nous retrouvons Hilde. » ajouta le Ionisateur Fou. Puis il s’arrêta et se tourna vers DragonNoir : « Je vais aller la chercher !
-Hors de question ! »
Le Ionisateur Fou recula devant la véhémence de DragonNoir. Les sourcils froncés et les dents serrés, faciès inhabituel pour le jeune homme, DragonNoir se passa une main sur le visage avant de s’excuser pour son emportement.
« Je ne veux pas que tu finisses comme Youfie, s’expliqua-t-il. Elle a disparue avec sept pilules pour essayer de faire revenir le premier groupe de voyageurs, mais nous n’avons toujours pas de nouvelles. Il est probable qu’elle se soit faite avoir par Mistrophera, elle aussi.
-Mais nous n’en sommes pas sûr ! »
DragonNoir regarda le Ionisateur Fou avec incompréhension.
« Même si le facteur temps est différent lorsque les gens meurent, ça fait très longtemps que le groupe de Magnum est parti avec Fury, Erwan, K-Ro et les autres. Ils ont peut-être eu à se déplacer dans cet au-delà, et Youfie ne les as peut-être pas encore retrouvé, tout simplement…
-Peut-être, répéta DragonNoir avec méfiance.
-Mon explication en vaut une autre. »
DragonNoir soupira. Il capitula en disant au Ionisateur Fou qu’il examinerait sa requête avec Arkh et Q-Po lorsqu’ils devront préparer le prochain départ. Pour le moment, il avait d’autres choses à préparer, comme le rapatriement des corps du dernier groupe de voyageurs, ainsi que la récupérations de certaines affaires qu’il avait laissées à son appartement.
Les jours qui viennent vont être chargés, pensa-t-il.
Lorsque les Dieux et les Trauméniens parvinrent aux abords d’un fleuve, ils s’approchèrent d’un rassemblement de peupliers qui semblaient tous avoir élus domicile autour d’une pierre. Lorsqu’ils furent plus près, ils s’aperçurent que cette pierre était en réalité une sépulture. Sur le devant, l’épitaphe sobrement gravée dans la roche annonçait quel homme était enterré ici.
Ce fut Aran qui s’approcha le plus près. Sans s’en rendre compte, il se remémorait ce lugubre enterrement qui avait donné le départ à toute cette folie. Il revoyait les visages de ceux qui étaient présents, les larmes de Fury, le regard déterminé de Mr.Magnum lorsqu’il avait lancé son idée pour la première fois, et puis…
Tout ceci.
« Ici repose Phaéton, qui conduisit le char du Soleil, dit-il gravement. Il échoua grandement mais il avait grandement osé. »
Toutes les personnes présentes, Dieux compris, marquèrent un temps de silence, comme pour honorer la mort de cet être. Et même si les Trauméniens ignoraient qui était exactement Phaéton, ils respectaient ce silence pour ce qu’elle représentait.
Et pour Séphy-Roshou.
« Votre prochaine épreuve sera à nouveau une course, humains, dit finalement le maître des Dieux en rompant le silence. Mais contrairement à la seconde épreuve qui se déroulait dans la mer, ici vous devrez vous départager dans les airs. »
Les Trauméniens levèrent les yeux. Le chemin depuis la Marina di Gioia Tauro avait été long, mais ils n’avaient pourtant pas l’impression d’avoir marché toute la nuit. Néanmoins, ils s’aperçurent que l’aube pointait à l’est, contre toute attente. Ils laissèrent Zeus poursuivre son monologue :
« Vous allez vous mesurer au Soleil en personne, pour cette épreuve. La durée sera, bien évidemment, d’une journée, où vous affronterez les mêmes épreuves que doit combattre le Soleil chaque jour durant depuis des milliers d’années. Si vous réussissez à atteindre le crépuscule avant le Soleil, alors vous serez considérés comme vainqueurs. »
Aran s’avança :
« Nous ne volons pas, dit-il sèchement. Nos pouvoirs nous ont peut-être permis de passer les trois premières épreuves, mais nous ne seront pas capable de voler pour…
-Vous aurez un char, tout comme le Soleil, l’interrompit Zeus. Le même à l’identique, pour être franc, avec les mêmes chevaux tout aussi difficile à diriger que ceux de l’astre du jour.
-Est-ce que seulement l’un de nous doit monter le char ? demanda Nina.
-Vous ne serez pas trop de quatre pour maîtriser vos montures. » répondit Aphrodite en gloussant sensuellement. Les autres Dieux approuvèrent. Aran regarda la tombe, puis demanda à Zeus quelle serait la sentence si toutefois ils venaient à échouer.
« Vous obtiendrez le même sort que Phaéton qui, après avoir voulu conduire le char du Soleil, faillit réduire le monde à néant et fut châtié pour son arrogance par une main divine… »
Zeus se pencha vers les Trauméniens et ajouta :
« …la mienne. »
Wee-Ree-Cat et NightBeast déglutirent de concert, alors qu’Aran soutenait le regard du maître des Dieux, prêt à en découdre à nouveau malgré la promesse d’une nouvelle raclée. Zeus se redressa et regarda à son tour vers l’est. Le Soleil n’était pas encore apparu, mais la lumière du jour grandissait presque à vue d’œil.
« Très bien. La course commencera au Palais du Soleil pour se terminer aux Portes du Déclin, tout à l’Ouest. Êtes-vous prêts ?
-Attendez une minute, dit NightBeast an agitant les bras. Comment voulez-vous qu’on commence cette course à temps alors que le Soleil se lève déjà, et à plusieurs milliers de kilomètres de nous ?
-Rien de plus facile… » répondit Zeus le plus calmement du monde.
Il leva ses mains et claqua ses paumes devant lui. Un immense éclair jaillit de ses doigts et aveugla les quatre voyageurs qui ne purent que fermer les yeux devant tant de lumière. Et lorsqu’ils les rouvrirent, ce fut pour découvrir le majestueux palais du Soleil.
Cet immense palais était radieux, et toute matière qui le composait, de l’or à l’ivoire en passant par de multiples joyaux, tout y reluisait et scintillait à en faire mal aux yeux des gens non habitués. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, tout étincelait, rayonnait, flamboyait. L’ombre ne semblait pas avoir sa place, en ce lieu, où la seule heure qui s’écoulait était midi.
Les Trauméniens, éblouis, ne purent distinguer qu’au prix de quelques minutes de souffrance, le char qui leur était destiné. Les montures y étaient déjà attelés et déchaînées : elle piaffaient d’impatience de prendre leur envol aux cotés de l’autre char où le Soleil se tenait déjà. Celui-ci salua cordialement ses adversaires d’un jour, non sans une pensée émue pour son défunt fils, puis se tint prêt à partir.
Car course ou non, épreuve ou non, le Soleil devait se lever.
Les quatre humains prirent donc rapidement place dans leur char commun. La remarque de Nina sur l’éventualité de monter seul dans le char fut définitivement écartée dès qu’ils furent installés. En effet, Nina avait posé la question pour deux choses : La place dans le char qui risquait d’être étroit si plusieurs personnes montaient son bord, et le désavantage certain de concourir avec le poids de quatre conducteur face à un pilote seul.
Mais les craintes de la jeune femme s’envolèrent définitivement lorsqu’ils virent la taille du char, et celle de leur adversaire, qui était presque aussi grand que Zeus en personne. Les Trauméniens saluèrent à leur tour le Soleil, avec un peu de retard, et fixèrent l’horizon, le cœur battant. Ils virent les Saisons, de magnifiques femmes très légèrement vêtues, commencer à ouvrir les portes de l’Est, et Aran leva les rennes, prêt à donner l’assaut.
Lorsque les portes furent grandes ouvertes, un bruit assourdissant se fit entendre, marquant le départ de cette fabuleuse course. Aran lança ses chevaux au triple galop, alors qu’ils s’apercevaient que le vacarme précédemment entendu n’était autre que les hennissements conjugués des chevaux qui s’élançaient dans le ciel rougeoyant.
« Woh pu… » ne réussit qu’à dire Wee-Ree-Cat avant d’être, comme les autres, propulsé à toute vitesse en hauteur. En quelques minutes à peine, ils dépassèrent les nuages les plus hauts, suivant de près le Soleil qui hurlait ses ordres aux chevaux. Les sabots ailés de leurs montures respectives foulaient les nuages, puis traversèrent l’éther sans accroc pour se retrouver dans l’espace.
NightBeast osa jeter un œil en contrebas, et se retint de hurler. Il vit Wee-Ree-Cat qui s’approchait lui aussi pour regarder, et préféra lui coller une droite. Le Trauménien se releva en se massant la mâchoire, puis se jeta sur NightBeast en hurlant, faisan tanguer le char. Nina dut mettre un terme au combat en s’interposant, de peur qu’ils ne fassent chavirer le chariot. Ils s’assirent donc chacun aux opposés du véhicule, et boudèrent.
Nina s’approcha d’Aran.
« Pas trop dur ? dit-elle en voyant perler les gouttes de transpirations sur les joues de son compagnon. Tu veux que je te reprenne ?
-Je doute que tu y parviennes… » grogna ce dernier. Nina baissa les yeux sur les bras d’Aran et vit les muscles tendus à l’extrême, qui trahissaient la traction permanente imposée par les chevaux. Elle lui caressa le bras et il lui rendit un sourire un peu forcé.
Aran tint les rennes durant deux bonnes heures, puis il passa la main à NightBeast et Wee-Ree-Cat, l’un tenant la bride à droite et l’autre à gauche. Ils se chamaillèrent peut-être vingt secondes, au tout début, avant de se rendre compte que le simple fait de tenir les rennes était déjà un exercice bien trop ardu pour qu’ils poursuivent leur querelle. Aran s’assit un instant dans u coin de la nacelle.
« É-rein-tant, soupira-t-il en essuyant la transpiration de son front. Et ce mec fait ça tous les jours depuis des centaines d’années. Il doit être super balèze.
-Tu ne comptes tout de même pas te battre avec lui aussi, gronda Nina.
-Oh non, répondit Aran en ouvrant de grands yeux. Aucune chance. Par contre, on a des chances de la battre à la course, ça sera ma consolation.
-Tu crois ?
-Regarde ! »
Il lui montra le char du Soleil, plus près d’eux maintenant qu’à leur départ.
« On gagne du terrain sur lui, expliqua-t-il. Je pense que malgré qu’on soit quatre à bord de ce char, on doit être moins lourd que lui. D’ici le milieu de l’après-midi, je pense qu’on l’aura dépassé. Il suffit de ne pas laisser les chevaux galoper à leur guise et dévier de la route.
-Alors repose-toi, tu en as assez fait. Je prendrai le tour suivant.
-Pas seule, dit immédiatement Aran.
-Tu sais, moi aussi j’ai des forces décuplées par mon moi Trauménien.
-Oui, mais je ne pense pas que… » Il s’interrompit, regardant Nina qui fronçait les sourcils, et se pressa d’ajouter : « On essayera, mais si tu ne peux pas tenir bien longtemps, alors je te reprendrai.
-Mouais. » marmonna Nina avant de coller un baiser, le premier depuis des lustres songea Aran, sur les lèvres de celui-ci. Elle se leva et alla voir les deux autres Trauméniens qui ne s’en sortaient pas si mal, s’ils coopéraient.
Bientôt, nous serons aux cotés des étoiles, puis nous n’aurons plus qu’à descendre, et le tour sera joué, pensa-t-il en sombrant peut à peu dans une somnolence réparatrice.
La dernière chose qu’il vit fut la constellation du scorpion.
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DragonNoir reconsidéra Le Ionisateur Fou avec des yeux ronds.
Le groupe de Trauménien venait de passer le grand Carrefour des Morts, et ils avaient bifurqués sur l’Allée de Gentilly. DragonNoir, Arkh et Q-Po restaient en tête du groupe à marquer précisément les étapes de leur avancée. Ils ne voulaient en aucun cas se perdre dans ces catacombes, ce qui achèverait le moral des Trauméniens restant. D’ailleurs, un peu plus tôt, Arkh avait confié à DragonNoir qu’il revenait sur ses positions.
« Tu sais, je pense que je me suis trompé, avait-il dit.
-Comment ça ?
-Tu sais, quand j’ai dit que les autres commençaient à perdre confiance. En fait, ils n’ont pas perdu leur foi en cette quête, ni en eux-mêmes. Nous sommes les Traumenschars, les troupes de Traumen, les troupes du rêve, et ils le savent. Ils n’ont pas oubliés pourquoi ils sont là, et justement, malgré tout ce qu’il s’est passé… »
Arkh s’était alors tourné vers le groupe qui les suivait en silence.
« …ils sont toujours là. »
Mais là n’était pas la question, à ce moment précis. DragonNoir avait été attiré un peu en arrière par Le Ionisateur Fou, qui lui avait demandé s’il pouvait faire partie de la prochaine équipe de voyageur. C’est à ce moment précis que DragonNoir l’avait regardé en haussant les sourcils, étonné par l’attitude du Ionisateur Fou.
« Tu veux y retourner ?
-Oui, DragonNoir, répondit immédiatement le jeune homme en remontant ses lunettes. Le prochain groupe de voyageurs de l’au-delà, je veux en être.
-Tu sais que tu dois bien être le seul ici à vouloir y retourner ? »
En effet, de tous les Trauméniens ayant déjà été morts et revenus à la vie, le Ionisateur Fou était pour le moment le seul à s’être proposé de nouveau pour un voyage. DragonNoir reconsidéra sa proposition un moment avant de répondre :
« Tu sais, nous aurons aussi besoin de toi ici. Le prochain voyage ne se fera que dans quelques semaines, de toute façon, sauf si Aran, Nina, NightBeast et Wee-Ree-Cat ne rentrent vraiment tôt.
-Quand ? demanda le Ionisateur Fou.
-Début novembre, pour la Fête des Morts au Mexique. »
Les deux Trauméniens se turent un moment, marchant en silence comme le reste de la troupe. DragonNoir avait pourtant déjà planifié les prochains voyageurs, mais si le Ionisateur Fou désirait tellement partir avec eux, il en tiendrait compte à ce moment.
« Nous allons également manquer de pilules, avoua finalement DragonNoir.
-Combien en reste-t-il ?
-Assez pour quelques voyages, encore, mais si nous ne retrouvons pas Séphy-Roshou d’ici-là, les voyages ne seront que des allers sans retour.
-Ou si nous retrouvons Hilde. » ajouta le Ionisateur Fou. Puis il s’arrêta et se tourna vers DragonNoir : « Je vais aller la chercher !
-Hors de question ! »
Le Ionisateur Fou recula devant la véhémence de DragonNoir. Les sourcils froncés et les dents serrés, faciès inhabituel pour le jeune homme, DragonNoir se passa une main sur le visage avant de s’excuser pour son emportement.
« Je ne veux pas que tu finisses comme Youfie, s’expliqua-t-il. Elle a disparue avec sept pilules pour essayer de faire revenir le premier groupe de voyageurs, mais nous n’avons toujours pas de nouvelles. Il est probable qu’elle se soit faite avoir par Mistrophera, elle aussi.
-Mais nous n’en sommes pas sûr ! »
DragonNoir regarda le Ionisateur Fou avec incompréhension.
« Même si le facteur temps est différent lorsque les gens meurent, ça fait très longtemps que le groupe de Magnum est parti avec Fury, Erwan, K-Ro et les autres. Ils ont peut-être eu à se déplacer dans cet au-delà, et Youfie ne les as peut-être pas encore retrouvé, tout simplement…
-Peut-être, répéta DragonNoir avec méfiance.
-Mon explication en vaut une autre. »
DragonNoir soupira. Il capitula en disant au Ionisateur Fou qu’il examinerait sa requête avec Arkh et Q-Po lorsqu’ils devront préparer le prochain départ. Pour le moment, il avait d’autres choses à préparer, comme le rapatriement des corps du dernier groupe de voyageurs, ainsi que la récupérations de certaines affaires qu’il avait laissées à son appartement.
Les jours qui viennent vont être chargés, pensa-t-il.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
La première chose que vit Aran en se réveillant fut la constellation du scorpion qui leur fonçait droit dessus, sa queue en avant et prête à mettre en pièce le char. Il se releva immédiatement, sa faux en main, et découvrit Nina qui peinait à tenir les rennes, tandis que NightBeast et Wee-Ree-Cat étaient aux prises avec une sorte de taureau géant.
La lame de la faux siffla vers une des cornes de la constellation du taureau et la trancha. Mais, contrairement à ce qui était prévu à la base de cette attaque, la corne ne se sépara même pas du reste du taureau, ne faisant que passer à travers. NightBeast évita de peu un nouveau cop de cornes, puis lança son poing entre les deux yeux de la bête. Le poing passa au travers du front du taureau, qui se dégagea tout de même du char pour prendre de l’élan et les charger à nouveau. Nina hurla.
Aran dévia sans savoir exactement comment la queue du scorpion qui s’abattait sur le char, et la constellation rugit en se remettant en place pour une nouvelle attaque. Wee-Ree-Cat se rendit rapidement auprès de Nina pour la soulager alors que NightBeast se calait auprès de son père adoptif pour lui prêter main forte.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé, demanda Aran.
-Les constellations nous ont attaquées dès qu’on a atteint le firmament, répondit NightBeast. Regarde là-bas : Le Soleil se bat contre le Cancer. »
Aran jeta un rapide coup d’œil, et vit effectivement la constellation du cancer qui tentait de mettre à mal le char du Soleil. Les pinces de la constellation happaient le vide alors que le Soleil, armé d’une grande lance lumineuse, repoussait ses attaques sans mal. Aran étudia quelques secondes les parades du Soleil, avant de comprendre, juste à temps : Le Scorpion lançait sa nouvelle attaque.
« Les étoiles ! Vise les étoiles !
-Hein ? »
La queue du scorpion s’enfonça à l’arrière du char en en brisant une partie qui s’envola à toute vitesse dans le sillage de l’attelage. Aran fonça sur la constellation et frappa de sa faux sur la queue. Mais il manqua l’étoile qu’il avait visée et ce fut NightBeast qui réussit tant bien que mal à l’atteindre d’un violent coup de pied. L’étoile se disloqua sous l’impact et la queue du scorpion en fit de même. Aran ramena sa faux en arrière et l’abattit sur une autre étoile de la constellation, qui finit par battre en retraite.
« Yeah, hurla NightBeast.
-Attend, ce n’est pas fini. »
Le Taureau revenait à la charge, accompagné du Lion et du Capricorne. Aran se tourna vers Nina et Wee-Ree-Cat, qui réussissait avec peine à tenir les chevaux sur le trajet.
« Vous pouvez tenir le coup encore quelques minutes ?
-Est-ce qu’on a le choix ?! beugla Wee-Ree-Cat.
-Araaaan !! »
Le cri de Nina accéléra les choses : Aran se rua sur le Taureau et lui fendit le crâne en deux, mais sans toucher une seule étoile vitale. NightBeast, quant à lui, s’élança sur le Capricorne et attrapa l’étoile d’une de ses cornes en hurlant :
« Saint Seiyaaaaa !! »
Il flanqua un coup dans le dos du Capricorne, qui mugit alors qu’une de ses étoiles volait en éclats. Mais l’adolescent reçu un coup de corne en pleine poitrine qui le fit retourner sur le char sans ménagement. Aran fit tournoyer sa faux à l’intérieur du Taureau, qui s’écroula sur lui-même, plusieurs de ses étoiles touchées. Aran sauta alors sur le Capricorne, qui avait prit pied sur le char et menaçait de le renverser, et lui fracassa l’étoile à la base de con cou. La tête de la constellation se détacha lentement et Aran poussa le reste du pied avant de courir vers Nina pour lui reprendre les rennes des mains.
« Aran, je…
-Va voir NightBeast, je crois qu’il est blessé ! »
Nina resta une seconde à regarder son compagnon, puis alla voir NightBeast. Fort heureusement, celui-ci n’avait rien de très sérieux, si ce n’est de magnifiques maux de ventre digne d’une soirée « flageolets au coca ». Aran, de son coté, évaluait la distance qui les séparait encore du char du soleil.
« Il n’a rien, dit Nina.
-Je vais mourir ! geignit NightBeast.
-Trop tard pour ça, NB.
-Nous n’avons pas perdu de terrain, finit par dire Aran. Nous n’en avons pas gagné, mais lui aussi a manifestement été retardé. »
Le Cancer et le Lion s’étaient attaqués à lui pendant que les Trauméniens combattaient de leur coté, et ils l’avaient retardés également. Aran secoua les rennes pour augmenter la cadence du galop des chevaux, alors qu’ils amorçaient la longue descente vers l’arrivée.
Si la chance était avec eux, alors ils le rattraperaient encore à temps.
Une fois réunis, le petit groupe composé de RazaëlAurélie, TheMaker, Final Séraphin, Fab et, bien sûr, Lord Satana, s’assit autour de la table du salon de ce dernier. La table était ronde, ce qui facilitait grandement les rapports d’égal à égal que voulais instaurer Lord Satana dans son groupe. Néanmoins, et parce qu’il se sentait pour le moment responsable de tout le monde, il prit la parole en premier :
« Mes amis, je pense qu’il est maintenant temps de faire le point, après tout ce qu’il s’est passé durant ces derniers jours. Sans rentrer dans les détails, nous avons pu assister à l’impuissance de DragonNoir en tant que leader des Trauméniens, d’une attaque massive de plusieurs membres renégats dirigés par un Troll, d’une rébellion de nous cinq contre l’autorité autoproclamée de la trinité DragonNoir/Q-Po/Arkh ainsi que la visite surprise et la mort de deux policiers. Je pense avoir été concis ? »
Murmures approbateurs des autres membres.
« Très bien, poursuivit-il. Est-ce que quelqu’un peut me rappeler, maintenant, pourquoi nous sommes tous ici et séparés des autres Trauméniens ?
-Parce que nous ne voulons plus être dirigés par des incompétents ? hasarda Fab.
-Parce qu’on ne veut plus être tenus à l’écart des grandes décisions ! dit RazaëlAurélie avec humeur. Marre qu’on décide pour moi.
-Tout à fait, tout à fait, acquiesça Lord Satana dans un sourire. Mais nous sommes là aussi pour retrouver Séphy-Roshou, ce qui est notre priorité. »
Silence.
RazaëlAurélie se leva et commença à vouloir sortir de la pièce. Lord Satana la regarda faire, sans intervenir, ce qui la fit encore plus enrager. Elle qui était déjà sensible au niveau de ses émotions, elle ne se fit pas prier pour hurler son indignation :
« Si c’était pour nous pondre les mêmes conneries que DN, c’était pas la peine de foutre tout ce bordel !
-Raza… commença Lord Satana.
-Non, si c’est ton ego qui t’a poussé à vouloir faire ton propre petit groupe de voyageurs, alors ça sera sans moi !
-Le fait qu’on se soit séparé des autres n’empêche pas que nous gardions à l’esprit ce but, ce pour quoi nous nous sommes tant investis : Retrouver Séphy-Roshou. Seulement nous ferons ça d’une façon plus efficace. »
RazaëlAurélie s’arrêta devant la porte du salon, hésitante. Elle finit par se tourner vers Lord Satana et lui demanda d’un ton toujours aussi rude :
« Et qu’est-ce que tu vas faire de si différent de DragonNoir ?
-C’est pour en discuter que nous sommes là. »
Presque à regrets, RazaëlAurélie capitula et retourna à sa place, auprès des autres qui étaient restés silencieux tout le long de la discussion houleuse.
« Est-ce que quelqu’un d’autre à des réclamations de cet ordre à formuler ? » demanda Lord Satana avec sérieux. Personne ne répondit.
« Très bien, alors. Vous voyez, je suis avant tout à votre écoute, et il faut que vous soyez tous à l’écoute des autres. Ce n’est pas en se séparant tous que nous parviendrons à quelque chose, mais ensemble. L’idée de Magnum était intéressante, mais irréalisable si nous sommes trop nombreux. Même DragonNoir l’avait compris, et c’est pourquoi il n’envoyait que des petits groupes lors des voyages. »
Il regarda RazaëlAurélie en ajoutant :
« Ce qui me différencie le plus de DragonNoir, c’est que je ne suis pas votre leader. Vous n’avez pas à vous référer à moi, mais à nous tous. Nous sommes tous sur un même pied d’égalité, et voilà ce qu’il faut pour parvenir à nos fins.
-Mais toi, tu as tout de même des capacités que nous ne possédons pas, nota TheMaker. Tu as soigné ma jambe, et tu t’es opposé à DragonNoir. Nous n’aurions pas pu…
-Mais vous allez pouvoir, l’interrompit Lord Satana. J’avais prévu de vous… entraîner au maniement de ces pouvoirs latents qui sommeillent en chacun de vous. Il suffit de savoir comment s’en servir, et vous serez aussi experts que je le suis. »
Fab et TheMaker se mirent à discuter d’une façon animée, manifestement ravis de la tournure que prenait l’aventure. RazaëlAurélie dévisagea encore un moment Lord Satana, comme si elle essayait de déceler le mensonge dans ses paroles, puis elle hocha doucement la tête en signe de reddition. Final Séraphin, silencieux comme à l’accoutumée, se pencha discrètement vers Lord Satana.
« Combien de temps cela prendra pour que nous obtenions des pouvoirs tels que les tiens ou ceux de DragonNoir ?
-Je n’en sais rien, répondit franchement Lord Satana. Je pense que cela ne dépend que de votre volonté à y parvenir.
-Hmm…
-Tu y vois des objections ? Ou peut-être que tu as d’autres idées à nous soumettre ? N’oublie pas que chacune de nos idées à nous cinq sont dignes d’être entendues. »
Les discussions cessèrent et les visages se tournèrent vers Final Séraphin, qui prit donc la parole d’une voix calme et posée :
« Peut-être que tu as prévu d’y venir par la suite, mais je me demandais si nous allions seulement nous contenter de développer nos pouvoirs.
-Ou bien ? » demanda Lord Satana.
Final Séraphin reprit sa respiration, puis ajouta :
« Ou bien si nous allions, nous aussi, de notre coté, voyager dans quelques royaumes des morts. »
Le hurlement de Wee-Ree-Cat fut entendu de tout l’univers, voir peut-être même de plusieurs au-delà adjacents à celui-ci. NightBeast eut beau tenter de l’assommer, Nina de le rassurer et Aran de le tabasser, rien n’y fit : le Trauménien sujet au vertige avait eu le malheur de regarder par-dessus bord, contrairement aux conseils prodigués par NightBeast. Et, comme Aran était aux rennes du char, que l’arrivée était en vue et qu’ils accéléraient pour distancer un maximum le Soleil qu’ils venaient de dépasser, Wee-Ree-Cat ne distingua rien d’autre que l’immense sol se rapprochant de lui à une vitesse…
…vertigineuse.
« Mais tenez-le, bon sang ! hurla Aran.
-Facile à dire, ça ! rétorqua NightBeast qui se prenait des coups de coudes en cadence avec les battements du cœur du Trauménien, à savoir très très rapidement.
-J’arrive bien à tenir ces quatre chevaux à moi seul !
-Ouais, dit Nina à son tour, mais là, c’est un chat en furie ! »
La remarque donna à réfléchir à Aran, qui se reconcentra sur le pilotage du char. Il serait déplaisant de verser alors qu’ils allaient bientôt arriver à destination. Il osa se retourner et vit le char du Soleil, toujours à quelques mètres derrière lui. Il n’arrivait pas à le distancer, malgré les coups de rennes redoublés et le fait qu’ils aient perdu du poids grâce – ou à cause – de la constellation du Scorpion.
Mais s’ils étaient parvenus à dépasser le Soleil pendant la descente jusqu’au crépuscule, ils n’arrivaient pas à le semer : Il se trouvait toujours à quelques mètres derrière eux, semblant attendre le moment propice pour lancer son attelage. Aran n’aimait pas le regard qu’il lançait aux Trauméniens. Un regard qui semblait dire : Vous allez voir ce que vous allez voir.
Aran se retourna vers ses chevaux, priant mentalement pour qu’ils parviennent à accélérer encore. Il remarqua que ceux-ci avaient la bave aux lèvres et les yeux injectés de sang. Il se retourna encore vers le char du Soleil et y vit avec effroi que ses chevaux à lui semblaient essoufflés, mais pas sur le point de rendre l’âme comme les siens. Remarquant le regard apeuré de son adversaire, le Soleil eut un sourire narquois.
« Aran, tout va bien ? Tu es tout pâle… »
Le Trauménien baissa les yeux sur Nina, puis revint aux chevaux. Tout était perdu. Il fit claquer les rennes une dernière fois, tout en sachant très bien que, d’ici quelques minutes, le char du Soleil les dépasserait et ils recevraient le châtiment divin de la foudre de Zeus qui mettrait un terme à leurs existences respectives.
« Aran, regarde ! »
Du coin de l’œil, il vit NightBeast et Nina qui se dirigeait vers l’arrière du char, certainement pour voir le Soleil qui les doublait. À moins que ça ne soit déjà la foudre qui fonçait droit sur eux pour les réduire au néant ? Aran n’avait jamais été pessimiste, mais en revanche il savait lorsqu’il était vaincu. Et là, il l’était.
Ils l’étaient tous, même.
« Aran, viens voir ! »
Quel intérêt ? Il savait déjà le spectacle du triomphe du Soleil qui s’offrait à leurs yeux, et il n’avait aucune envie de voir ça. Il maintint les rennes contre lui, dans la même position, pour maintenir le cap vers la destination, tout en guettant à sa droite le char du Soleil qui allait d’un instant à l’autre prendre la place du leader, la place de tête, sa place.
« Aran !! »
Il se retourna tout de même, face à l’insistance du cri de Nina, et ouvrit de grands yeux en voyant la distance qu’il était parvenu à gagner sur le Soleil. Il leva les yeux sur le visage de son adversaire, qui souriait toujours, mais d’une autre façon. Son sourire était plus serein, plus paisible, et une voix dans leur tête se mit soudain à parler :
Je n’ai pas pu sauver mon fils de ses idéaux, mais j’ai le pouvoir de vous sauver, vous, en vous laissant gagner. Votre cause est noble, comme l’était celle de Phaéton. J’espère simplement que vous ne vous brûlerez pas à la vérité, tout comme lui.
Le Soleil leva sa main en guise d’adieu et le char ralentit, tout comme celui des Trauméniens. Aran reprit place à l’avant du char, légèrement éberlué par le final de cette course qu’il avait cru perdue jusqu’au dernier moment. Le char atterrit sans une secousse, doucement, devant tous les Dieux à nouveau réunis. Les Portes de l’Est se refermèrent sans un bruit derrière eux, alors que le Soleil les rejoignait.
« Soleil, dit Zeus. Pourquoi les avoir laissé gagner ?
-Parce que c’est mon choix de les laisser poursuivre leur quête. Je ne voulais pas être celui qui, à nouveau, arrêterait quelqu’un qui a un but bien précis, même si ce but est complètement insensé.
-Je n’ai pas eu le choix, Soleil. Ton fils allait réduire le monde en une boule de feu.
-On a toujours le choix. » répondit simplement le Soleil, avant de s’excuser et de rentrer dans son palais. Les Trauméniens, Wee-Ree-Cat le premier, retrouvaient le sol avec un plaisir non dissimulé. Après avoir réussi à empêcher Wee-Ree-Cat d’embrasser sans arrêt l’herbe et la terre, ils se présentèrent devant les Dieux. Zeus, manifestement à contrecœur, dit alors :
« Vous venez de réussir votre quatrième épreuve, humains. Félicitations. »
Les applaudissements furent rares, menacés par l’œil noir de Zeus. Les Dieux se remirent donc une nouvelle fois en route, silencieux, et suivit par les Trauméniens. Seul Aran resta un peu en retrait, et s’avança pour la seconde fois de la journée vers le rassemblement de peupliers qui entouraient la tombe de Phaéton. Il se plaça devant la pierre et relut l’épitaphe à voix haute :
« Ici repose Phaéton, qui conduisit le char du Soleil. Il échoua grandement mais il avait grandement osé. »
Il baissa la tête en signe de respect, et ajouta :
« Merci Phaéton. »
Puis il se mit à courir pour rattraper les autres.
La lame de la faux siffla vers une des cornes de la constellation du taureau et la trancha. Mais, contrairement à ce qui était prévu à la base de cette attaque, la corne ne se sépara même pas du reste du taureau, ne faisant que passer à travers. NightBeast évita de peu un nouveau cop de cornes, puis lança son poing entre les deux yeux de la bête. Le poing passa au travers du front du taureau, qui se dégagea tout de même du char pour prendre de l’élan et les charger à nouveau. Nina hurla.
Aran dévia sans savoir exactement comment la queue du scorpion qui s’abattait sur le char, et la constellation rugit en se remettant en place pour une nouvelle attaque. Wee-Ree-Cat se rendit rapidement auprès de Nina pour la soulager alors que NightBeast se calait auprès de son père adoptif pour lui prêter main forte.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé, demanda Aran.
-Les constellations nous ont attaquées dès qu’on a atteint le firmament, répondit NightBeast. Regarde là-bas : Le Soleil se bat contre le Cancer. »
Aran jeta un rapide coup d’œil, et vit effectivement la constellation du cancer qui tentait de mettre à mal le char du Soleil. Les pinces de la constellation happaient le vide alors que le Soleil, armé d’une grande lance lumineuse, repoussait ses attaques sans mal. Aran étudia quelques secondes les parades du Soleil, avant de comprendre, juste à temps : Le Scorpion lançait sa nouvelle attaque.
« Les étoiles ! Vise les étoiles !
-Hein ? »
La queue du scorpion s’enfonça à l’arrière du char en en brisant une partie qui s’envola à toute vitesse dans le sillage de l’attelage. Aran fonça sur la constellation et frappa de sa faux sur la queue. Mais il manqua l’étoile qu’il avait visée et ce fut NightBeast qui réussit tant bien que mal à l’atteindre d’un violent coup de pied. L’étoile se disloqua sous l’impact et la queue du scorpion en fit de même. Aran ramena sa faux en arrière et l’abattit sur une autre étoile de la constellation, qui finit par battre en retraite.
« Yeah, hurla NightBeast.
-Attend, ce n’est pas fini. »
Le Taureau revenait à la charge, accompagné du Lion et du Capricorne. Aran se tourna vers Nina et Wee-Ree-Cat, qui réussissait avec peine à tenir les chevaux sur le trajet.
« Vous pouvez tenir le coup encore quelques minutes ?
-Est-ce qu’on a le choix ?! beugla Wee-Ree-Cat.
-Araaaan !! »
Le cri de Nina accéléra les choses : Aran se rua sur le Taureau et lui fendit le crâne en deux, mais sans toucher une seule étoile vitale. NightBeast, quant à lui, s’élança sur le Capricorne et attrapa l’étoile d’une de ses cornes en hurlant :
« Saint Seiyaaaaa !! »
Il flanqua un coup dans le dos du Capricorne, qui mugit alors qu’une de ses étoiles volait en éclats. Mais l’adolescent reçu un coup de corne en pleine poitrine qui le fit retourner sur le char sans ménagement. Aran fit tournoyer sa faux à l’intérieur du Taureau, qui s’écroula sur lui-même, plusieurs de ses étoiles touchées. Aran sauta alors sur le Capricorne, qui avait prit pied sur le char et menaçait de le renverser, et lui fracassa l’étoile à la base de con cou. La tête de la constellation se détacha lentement et Aran poussa le reste du pied avant de courir vers Nina pour lui reprendre les rennes des mains.
« Aran, je…
-Va voir NightBeast, je crois qu’il est blessé ! »
Nina resta une seconde à regarder son compagnon, puis alla voir NightBeast. Fort heureusement, celui-ci n’avait rien de très sérieux, si ce n’est de magnifiques maux de ventre digne d’une soirée « flageolets au coca ». Aran, de son coté, évaluait la distance qui les séparait encore du char du soleil.
« Il n’a rien, dit Nina.
-Je vais mourir ! geignit NightBeast.
-Trop tard pour ça, NB.
-Nous n’avons pas perdu de terrain, finit par dire Aran. Nous n’en avons pas gagné, mais lui aussi a manifestement été retardé. »
Le Cancer et le Lion s’étaient attaqués à lui pendant que les Trauméniens combattaient de leur coté, et ils l’avaient retardés également. Aran secoua les rennes pour augmenter la cadence du galop des chevaux, alors qu’ils amorçaient la longue descente vers l’arrivée.
Si la chance était avec eux, alors ils le rattraperaient encore à temps.
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Une fois réunis, le petit groupe composé de RazaëlAurélie, TheMaker, Final Séraphin, Fab et, bien sûr, Lord Satana, s’assit autour de la table du salon de ce dernier. La table était ronde, ce qui facilitait grandement les rapports d’égal à égal que voulais instaurer Lord Satana dans son groupe. Néanmoins, et parce qu’il se sentait pour le moment responsable de tout le monde, il prit la parole en premier :
« Mes amis, je pense qu’il est maintenant temps de faire le point, après tout ce qu’il s’est passé durant ces derniers jours. Sans rentrer dans les détails, nous avons pu assister à l’impuissance de DragonNoir en tant que leader des Trauméniens, d’une attaque massive de plusieurs membres renégats dirigés par un Troll, d’une rébellion de nous cinq contre l’autorité autoproclamée de la trinité DragonNoir/Q-Po/Arkh ainsi que la visite surprise et la mort de deux policiers. Je pense avoir été concis ? »
Murmures approbateurs des autres membres.
« Très bien, poursuivit-il. Est-ce que quelqu’un peut me rappeler, maintenant, pourquoi nous sommes tous ici et séparés des autres Trauméniens ?
-Parce que nous ne voulons plus être dirigés par des incompétents ? hasarda Fab.
-Parce qu’on ne veut plus être tenus à l’écart des grandes décisions ! dit RazaëlAurélie avec humeur. Marre qu’on décide pour moi.
-Tout à fait, tout à fait, acquiesça Lord Satana dans un sourire. Mais nous sommes là aussi pour retrouver Séphy-Roshou, ce qui est notre priorité. »
Silence.
RazaëlAurélie se leva et commença à vouloir sortir de la pièce. Lord Satana la regarda faire, sans intervenir, ce qui la fit encore plus enrager. Elle qui était déjà sensible au niveau de ses émotions, elle ne se fit pas prier pour hurler son indignation :
« Si c’était pour nous pondre les mêmes conneries que DN, c’était pas la peine de foutre tout ce bordel !
-Raza… commença Lord Satana.
-Non, si c’est ton ego qui t’a poussé à vouloir faire ton propre petit groupe de voyageurs, alors ça sera sans moi !
-Le fait qu’on se soit séparé des autres n’empêche pas que nous gardions à l’esprit ce but, ce pour quoi nous nous sommes tant investis : Retrouver Séphy-Roshou. Seulement nous ferons ça d’une façon plus efficace. »
RazaëlAurélie s’arrêta devant la porte du salon, hésitante. Elle finit par se tourner vers Lord Satana et lui demanda d’un ton toujours aussi rude :
« Et qu’est-ce que tu vas faire de si différent de DragonNoir ?
-C’est pour en discuter que nous sommes là. »
Presque à regrets, RazaëlAurélie capitula et retourna à sa place, auprès des autres qui étaient restés silencieux tout le long de la discussion houleuse.
« Est-ce que quelqu’un d’autre à des réclamations de cet ordre à formuler ? » demanda Lord Satana avec sérieux. Personne ne répondit.
« Très bien, alors. Vous voyez, je suis avant tout à votre écoute, et il faut que vous soyez tous à l’écoute des autres. Ce n’est pas en se séparant tous que nous parviendrons à quelque chose, mais ensemble. L’idée de Magnum était intéressante, mais irréalisable si nous sommes trop nombreux. Même DragonNoir l’avait compris, et c’est pourquoi il n’envoyait que des petits groupes lors des voyages. »
Il regarda RazaëlAurélie en ajoutant :
« Ce qui me différencie le plus de DragonNoir, c’est que je ne suis pas votre leader. Vous n’avez pas à vous référer à moi, mais à nous tous. Nous sommes tous sur un même pied d’égalité, et voilà ce qu’il faut pour parvenir à nos fins.
-Mais toi, tu as tout de même des capacités que nous ne possédons pas, nota TheMaker. Tu as soigné ma jambe, et tu t’es opposé à DragonNoir. Nous n’aurions pas pu…
-Mais vous allez pouvoir, l’interrompit Lord Satana. J’avais prévu de vous… entraîner au maniement de ces pouvoirs latents qui sommeillent en chacun de vous. Il suffit de savoir comment s’en servir, et vous serez aussi experts que je le suis. »
Fab et TheMaker se mirent à discuter d’une façon animée, manifestement ravis de la tournure que prenait l’aventure. RazaëlAurélie dévisagea encore un moment Lord Satana, comme si elle essayait de déceler le mensonge dans ses paroles, puis elle hocha doucement la tête en signe de reddition. Final Séraphin, silencieux comme à l’accoutumée, se pencha discrètement vers Lord Satana.
« Combien de temps cela prendra pour que nous obtenions des pouvoirs tels que les tiens ou ceux de DragonNoir ?
-Je n’en sais rien, répondit franchement Lord Satana. Je pense que cela ne dépend que de votre volonté à y parvenir.
-Hmm…
-Tu y vois des objections ? Ou peut-être que tu as d’autres idées à nous soumettre ? N’oublie pas que chacune de nos idées à nous cinq sont dignes d’être entendues. »
Les discussions cessèrent et les visages se tournèrent vers Final Séraphin, qui prit donc la parole d’une voix calme et posée :
« Peut-être que tu as prévu d’y venir par la suite, mais je me demandais si nous allions seulement nous contenter de développer nos pouvoirs.
-Ou bien ? » demanda Lord Satana.
Final Séraphin reprit sa respiration, puis ajouta :
« Ou bien si nous allions, nous aussi, de notre coté, voyager dans quelques royaumes des morts. »
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Le hurlement de Wee-Ree-Cat fut entendu de tout l’univers, voir peut-être même de plusieurs au-delà adjacents à celui-ci. NightBeast eut beau tenter de l’assommer, Nina de le rassurer et Aran de le tabasser, rien n’y fit : le Trauménien sujet au vertige avait eu le malheur de regarder par-dessus bord, contrairement aux conseils prodigués par NightBeast. Et, comme Aran était aux rennes du char, que l’arrivée était en vue et qu’ils accéléraient pour distancer un maximum le Soleil qu’ils venaient de dépasser, Wee-Ree-Cat ne distingua rien d’autre que l’immense sol se rapprochant de lui à une vitesse…
…vertigineuse.
« Mais tenez-le, bon sang ! hurla Aran.
-Facile à dire, ça ! rétorqua NightBeast qui se prenait des coups de coudes en cadence avec les battements du cœur du Trauménien, à savoir très très rapidement.
-J’arrive bien à tenir ces quatre chevaux à moi seul !
-Ouais, dit Nina à son tour, mais là, c’est un chat en furie ! »
La remarque donna à réfléchir à Aran, qui se reconcentra sur le pilotage du char. Il serait déplaisant de verser alors qu’ils allaient bientôt arriver à destination. Il osa se retourner et vit le char du Soleil, toujours à quelques mètres derrière lui. Il n’arrivait pas à le distancer, malgré les coups de rennes redoublés et le fait qu’ils aient perdu du poids grâce – ou à cause – de la constellation du Scorpion.
Mais s’ils étaient parvenus à dépasser le Soleil pendant la descente jusqu’au crépuscule, ils n’arrivaient pas à le semer : Il se trouvait toujours à quelques mètres derrière eux, semblant attendre le moment propice pour lancer son attelage. Aran n’aimait pas le regard qu’il lançait aux Trauméniens. Un regard qui semblait dire : Vous allez voir ce que vous allez voir.
Aran se retourna vers ses chevaux, priant mentalement pour qu’ils parviennent à accélérer encore. Il remarqua que ceux-ci avaient la bave aux lèvres et les yeux injectés de sang. Il se retourna encore vers le char du Soleil et y vit avec effroi que ses chevaux à lui semblaient essoufflés, mais pas sur le point de rendre l’âme comme les siens. Remarquant le regard apeuré de son adversaire, le Soleil eut un sourire narquois.
« Aran, tout va bien ? Tu es tout pâle… »
Le Trauménien baissa les yeux sur Nina, puis revint aux chevaux. Tout était perdu. Il fit claquer les rennes une dernière fois, tout en sachant très bien que, d’ici quelques minutes, le char du Soleil les dépasserait et ils recevraient le châtiment divin de la foudre de Zeus qui mettrait un terme à leurs existences respectives.
« Aran, regarde ! »
Du coin de l’œil, il vit NightBeast et Nina qui se dirigeait vers l’arrière du char, certainement pour voir le Soleil qui les doublait. À moins que ça ne soit déjà la foudre qui fonçait droit sur eux pour les réduire au néant ? Aran n’avait jamais été pessimiste, mais en revanche il savait lorsqu’il était vaincu. Et là, il l’était.
Ils l’étaient tous, même.
« Aran, viens voir ! »
Quel intérêt ? Il savait déjà le spectacle du triomphe du Soleil qui s’offrait à leurs yeux, et il n’avait aucune envie de voir ça. Il maintint les rennes contre lui, dans la même position, pour maintenir le cap vers la destination, tout en guettant à sa droite le char du Soleil qui allait d’un instant à l’autre prendre la place du leader, la place de tête, sa place.
« Aran !! »
Il se retourna tout de même, face à l’insistance du cri de Nina, et ouvrit de grands yeux en voyant la distance qu’il était parvenu à gagner sur le Soleil. Il leva les yeux sur le visage de son adversaire, qui souriait toujours, mais d’une autre façon. Son sourire était plus serein, plus paisible, et une voix dans leur tête se mit soudain à parler :
Je n’ai pas pu sauver mon fils de ses idéaux, mais j’ai le pouvoir de vous sauver, vous, en vous laissant gagner. Votre cause est noble, comme l’était celle de Phaéton. J’espère simplement que vous ne vous brûlerez pas à la vérité, tout comme lui.
Le Soleil leva sa main en guise d’adieu et le char ralentit, tout comme celui des Trauméniens. Aran reprit place à l’avant du char, légèrement éberlué par le final de cette course qu’il avait cru perdue jusqu’au dernier moment. Le char atterrit sans une secousse, doucement, devant tous les Dieux à nouveau réunis. Les Portes de l’Est se refermèrent sans un bruit derrière eux, alors que le Soleil les rejoignait.
« Soleil, dit Zeus. Pourquoi les avoir laissé gagner ?
-Parce que c’est mon choix de les laisser poursuivre leur quête. Je ne voulais pas être celui qui, à nouveau, arrêterait quelqu’un qui a un but bien précis, même si ce but est complètement insensé.
-Je n’ai pas eu le choix, Soleil. Ton fils allait réduire le monde en une boule de feu.
-On a toujours le choix. » répondit simplement le Soleil, avant de s’excuser et de rentrer dans son palais. Les Trauméniens, Wee-Ree-Cat le premier, retrouvaient le sol avec un plaisir non dissimulé. Après avoir réussi à empêcher Wee-Ree-Cat d’embrasser sans arrêt l’herbe et la terre, ils se présentèrent devant les Dieux. Zeus, manifestement à contrecœur, dit alors :
« Vous venez de réussir votre quatrième épreuve, humains. Félicitations. »
Les applaudissements furent rares, menacés par l’œil noir de Zeus. Les Dieux se remirent donc une nouvelle fois en route, silencieux, et suivit par les Trauméniens. Seul Aran resta un peu en retrait, et s’avança pour la seconde fois de la journée vers le rassemblement de peupliers qui entouraient la tombe de Phaéton. Il se plaça devant la pierre et relut l’épitaphe à voix haute :
« Ici repose Phaéton, qui conduisit le char du Soleil. Il échoua grandement mais il avait grandement osé. »
Il baissa la tête en signe de respect, et ajouta :
« Merci Phaéton. »
Puis il se mit à courir pour rattraper les autres.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
8. Cinquième épreuve : Sisyphe.
Sylvain Détroit descendit quatre à quatre les escaliers et passa les deux portes de sécurité de l’appartement. Les deux policiers de faction dans la rue le regardèrent passer en courant et ralentir au coin de la rue en regardant à droite et à gauche. Puis une voiture pila devant lui, manquant la jambe de Détroit de quelques centimètres à peine. Les deux policiers firent quelques pas pour le rejoindre, puis s’arrêtèrent lorsqu’ils s’aperçurent que c’était le commissaire Thourn qui sortait du véhicule.
« Commissaire, s’indigna Détroit. Vous avez failli m’écraser !
-Comme quoi même les meilleurs font parfois des erreurs. » répondit Serge Thourn en sortant de la voiture. Un automobiliste passa en trombe en frôlant Thourn et en klaxonnant.
« Ça m’a vraiment pas manqué, la capitale, ils conduisent tous comme des cons.
-Vous avez exercé ici, commissaire ?
-Ouais. Y a longtemps. Quoi de neuf dans l’appartement de l’avocat ?
-Nous n’avons rien trouvé d’autre. Le mari nous a raconté qu’une dizaine de jeunes s’étaient réunis depuis quelques semaines ici, mais il n’a pas pu nous dire ce qu’ils faisaient. Il nous a dit que ces réunions n’étaient rien d’autres que des réunions de forums internet.
-De forums, exactement ! » s’exclama le commissaire en frappant du poing sur le capot de sa voiture. L’explication de l’avocat confirmait ses idées. Une autre voiture passa en klaxonnant près de la sienne car il était toujours mal garé.
« Rien d’autre ?
-La liste des pseudonymes que je vous ai donné tout à l’heure, ainsi que quelques ajouts.
-Donne.
-Il y a aussi, poursuivit Détroit, ces congélateurs étranges. Ils sont en route, mais ils sont tous vides. Il y en avait d’autres, vides eux aussi, mais à l’arrêt. Ils sont neufs, on a retrouvé les factures, et ils ont tous moins de quatre mois.
-Recherche quel événement coïnciderait avec l’achat des congélos, sur les deux semaines précédant la date d’achat par exemple.
-Dans le coin ?
-Non, sur toute la France. Récupère-moi un maximum de journaux de ces deux semaines et commence à les éplucher. »
Détroit fit la grimace, mais Thourn l’ignora sciemment.
« L’appartement est sous surveillance ?
-Oui commissaire.
-Bien. Tu vas aller me quadriller la capitale pour essayer de me retrouves les gamins. Ils n’ont pas dû s’enfuir bien loin, et un groupe d’une douzaine de mômes comme eux ne devrait pas passer inaperçu.
-Mais… Mais commissaire ! objecta Sylvain Détroit. Vous m’avez dit de vous récupérer deux semaines de journaux et de les consulter !
-Et alors ? C’est pas déjà fait ? »
Le commissaire rentra dans sa voiture et démarra. Une troisième voiture passa et pila juste à son niveau. À l’intérieur, les policiers qui avaient interrogé Thourn ouvrirent la vitre coté passager, et l’un deux flanqua un coup sur le rétroviseur qui tomba au sol. Le conducteur dit alors :
« Pensez à surveiller vos arrières, commissaire. »
Puis ils redémarrèrent en faisant crisser les pneus. Le commissaire sortit à nouveau de sa voiture et les regarda s’éloigner, tremblant de colère.
« Commissaire ? demanda Détroit, inquiet. Tout va bien ? Qui étaient ces mecs ?
-Rien d’intéressant, Sylvain. » Il remonta dans sa voiture, passa la première et sortit sous le nez d’une autre voiture qui klaxonna. Sylvain Détroit le suivit un instant des yeux.
« Depuis quand il m’appelle par mon prénom ? » nota-t-il à voix haute.
Lorsqu’ils arrivèrent aux portes de l’Enfer, les Trauméniens ne purent réprimer un frisson. En effet, même de l’extérieur, les lieux étaient sinistres, voir même malsains. Il y régnait une atmosphère d’âmes souillées, de sang coagulé et de… de chien malfaisant. Oui, ça sentait le chien. NightBeast, d’ailleurs, ne se fit pas prier pour le faire remarquer à voix haute.
« C’est Cerbère, répondit Hadès. Le gardien des Enfers. Ou plutôt un des gardiens. »
Les Trauméniens regardèrent le seul Dieu resté à leurs cotés pour l’épreuve suivante, les autres ayant préféré rester à l’écart de ce lieu qu’ils maudissaient par-dessus tout. Sans autres explications, ils avaient laissé les Trauméniens et Hadès se rendre en Enfer et étaient, eux, retournés au Mont Olympe pour surveiller le déroulement de l’épreuve.
« Quels sont les autres ? demanda Aran.
-Charon, qui nous permettra de passer le Styx, et les trois juges que nous rencontrerons une fois à l’intérieur. Mais ce ne sont pas des gardiens à proprement parler, étant donné que je suis là, avec vous.
-Nous allons devoir les affronter ? »
Hadès baissa les yeux sur NightBeast, qui sourit faiblement.
« Non, humain. Mais vous en saurez bien assez lorsque nous aurons atteint le Tartare.
-Comme le steak ? »
Nina fila une taloche à NightBeast, qui éclata de rire. Il se tut lorsqu’ils arrivèrent près d’une longue silhouette vêtue de noir qui se tenait patiemment immobile sur une embarcation qui ressemblait fort à celle que les Trauméniens avaient utilisée lors de leur épreuve contre Poséidon. Peut-être un peu plus grande.
« Prenez, Charon. » dit Hadès avec sérieux.
Il tendit sa main vers le Passeur qui reçut les cinq oboles sans un mot, avant de reculer jusqu’à l’autre extrémité de la barque. Hadès monta dedans et invita les Trauméniens à faire de même. Une fois les cinq personnes dans l’embarcation, Charon commença à les faire avancer avec son interminable perche.
Une main saisit Nina à l’épaule, et elle se retourna pour voir une âme errante qui tentait de grimper à bord ou l’attirer sur la berge. Derrière elle, d’autres âmes se rapprochaient en gémissant. Hadès leur avait expliqué en arrivant que le rivage extérieur de l’Enfer était destiné aux âmes dont les cadavres n’avaient pas été enterrés. Ils devaient ainsi errer une centaine d’années avant de pouvoir, enfin, passer le Styx.
Mais certains cherchaient à passer outre les règles, comme partout.
Une faux trancha le bras du défunt qui tomba à l’eau. Nina se réfugia dans les bras d’Aran qui brandit son arme devant lui, pour la protéger. Mais les âmes damnées avançaient toujours, certaines plongeant même dans l’eau pour s’accrocher à la barque, et ce fut Charon qui dut intervenir. Il marcha jusqu’à l’arrière du navire et leva sa main. Aussitôt, les âmes s’arrêtèrent et repartirent sur la berge, toujours en gémissant.
« Ça va ? demanda Aran à Nina alors que Charon regagnait sa place.
-Oui… Merci. »
Vers le milieu du gigantesque fleuve des morts, ils commencèrent à les entendre grogner. L’odeur d’animal sauvage se fit également bien plus présente, bien plus forte. Ils distinguaient avec peine, sur la rive, une masse noire qui semblait remuer. Mais difficile de se faire encore une idée précise de la taille et de la nature de cette ombre, même si tout le monde savait qu’il s’agissait certainement de Cerbère.
Charon fit accoster doucement la barque, alors que la créature s’approchait en reniflant. La puanteur qui s’en dégageait était presque insupportable pour les Trauméniens, mais ne semblait pas gêner Hadès ni Charon. Ils descendirent de la barque, Nina regrettant presque les âmes qui cherchaient à la garder sur l’autre rive, et s’approchèrent du chien. Celui-ci, loin d’être énorme comme dans certaines représentations vidéo ludiques, faisait tout de même la taille d’un cheval.
Un cheval avec trois têtes.
« Voici pour toi, Cerbère. »
Hadès posa sur le sol cinq gâteaux de miel, un rituel identique à celui de l’obole avec Charon, qui permettait aux morts enterrés selon les règles d’entrer en enfer. Cerbère s’approcha encore, renifla les gâteaux puis les dévora goulûment. Une fois son en-cas achevé, il jeta un triple regard mauvais aux cinq personnes qui se dressaient devant lui, puis s’écarta.
« Merci. » dit Hadès en avançant.
Après avoir traversé un marais, les Trauméniens et Hadès se retrouvèrent dans une plaine jonchée de petites pierres qui semblaient remuer lorsqu’ils les frôlaient. La tentation était trop grande pour NightBeast qui ne résista pas à en prendre une par terre pour l’envoyer sur Cerbère, ni vu ni connu. Mais au lieu de faire sa blague stupide, il se mit à hurler.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Aran en se retournant sa faux à la main.
-Les… Les pierres ! » s’égosilla NightBeast en se jetant sur Wee-Ree-Cat. Ce dernier lâcha son compagnon qui s’écrasa sur le sol sans grâce, et regarda autours de lui. Il retint à son tour un cri.
Les pierres, ou plutôt ce que les Trauméniens avaient pris pour des pierres, étaient en réalité des dos d’enfants, de tout petits bébés. Ils se tenaient sur le ventre, quasiment immobiles, et se balançaient de gauche à droite à leur passage de façon morbide. Nina se serra contre Aran.
« Ce sont les enfants morts nés, leur expliqua Hadès. Toutes les âmes de ces petites créatures sont réunies ici, dans la première plaine. »
Sans un mot de plus, les Trauméniens poursuivirent leur route, n’osant maintenant plus effleurer ces milliers de bébés qui recouvraient le sol. Dès qu’ils eurent passé ce champ, ils reprirent enfin une respiration normale. Mais ils distinguèrent bien vite d’autres âmes qui habitaient dans cette nouvelle parcelle : Des hommes et des femmes qui se lamentaient. Aran se tourna vers Hadès.
« Il s’agit des innocents qui ont été condamnés à morts, ainsi que les personnes tuées sans le vouloir, la seconde partie de la plaine des Asphodèles.
-La plaine des Asphodèles ? répéta Nina.
-Oui, il s’agit de la plaine où la majorité des morts demeurent pour l’éternité. Elle est divisée en plusieurs parties selon la façon dont les individus meurent. »
Les Trauméniens se regardèrent.
« Ça me rappelle quelque chose, dit NightBeast.
-C’est exactement comme partout ailleurs, réfléchit Aran. Cet enfer est comme tous les au-delà qui nous sont accessibles en fonction de notre mort. C’est comme une représentation miniature de tous les mondes existants. »
Ils passèrent à la parcelle suivante, comprenant des âmes errantes qui se flagellaient et tordaient de douleur. Hadès leur dit que ces âmes étaient celles des suicidés, et qu’elles souffraient d’avoir écourté leur vie pour une autre sensiblement identique après la mort. Ils traversèrent ensuite une plaine remplie de personnes qui se lamentaient et pleuraient.
« C’est le Champ des Larmes. Ce sont les personnes qui sont pleurées par les membres de leur famille ou leurs amis. Eux aussi, en retour, pleurent leurs proches restés en vie.
-Intéressant, sourit NightBeast en repensant à son départ. C’est ici que j’aurais fini, alors, si j’étais dans le trip mythologie grecque.
-Qu’est-ce que tu racontes ? demanda Wee-Ree-Cat.
-Rien, rien. »
Le groupe passa ensuite dans la section suivante, qui se révéla bien plus bruyante que les autres. En effet, dans celle-ci, d’innombrables guerriers combattaient les uns contre les autres. Hadès écarta les bras, et la masse grouillante de combattants s’écarta de concert. Alors que le groupe passait, le Dieu des Enfers leur expliqua :
« La dernière section de la plaine des Asphodèles : le Champ des Guerriers.
-Il n’y en a pas d’autres ? demanda Aran.
-Si, des centaines d’autres qui se situent aux bordures de l’Enfer. Une pour chacune des morts différentes. Mais les autres façons de décéder sont tellement insignifiantes que la parcelle qui leur est réservée est ridicule.
-Des petits mondes.
-Qu’est-ce que tu dis Wee ? » demanda Aran.
Wee-Ree-Cat fronça alors les sourcils, prenant un air sérieux qui ne lui allait pas, et dit :
« Et si tous les au-delà, tout les mondes que nous visitons, étaient comme cet Enfer ? S’il existait des passages entre ces territoires ? Des sortes de portes qui mèneraient d’un endroit à un autre, sans forcément mourir.
-Comme cet endroit, oui, approuva Aran. Si on pouvait être sûr que cette affirmation était exacte, nous pourrions trouver un moyen plus facile pour voyager de mondes en mondes, et sans forcément devoir mourir au préalable.
-Ça serait formidable !
-Mais ça voudrait dire qu’il existerait une infinité de portes qui conduiraient à une infinité d’autres mondes, qui eux-mêmes nous ouvriraient des portes sur des millions d’autres, développa Nina. Et il serait impossible de savoir à l’avance où on va tomber…
-Sauf si une personne sait où mènent ces portes. »
Aran, Nina et Wee-Ree-Cat se regardèrent et s’exclamèrent en même temps :
« Mistrophera. »
Derrière eux, Hadès, qui ne comprenait pas les récentes élucubrations des quatre humains, toussa pour leur rappeler sa présence, avant d’ajouter :
« Sans vouloir vous déranger, nous voilà arriver au Tartare, terme de notre petite promenade de santé. »
Les Trauméniens se retournèrent vers l’immense muraille d’airain qui les surplombait. Derrière, on pouvait en deviner un autre rempart, puis un troisième qui semblait plus interdire l’intérieur de sortir plutôt que l’extérieur de rentrer. Une immense tour de fer s’élevait dans l’enceinte et dominait toute la zone. Hadès les mena à l’entrée du Tartare où trois hommes normaux, bien qu’un peu plus grands que la moyenne, semblaient les attendre.
« Les Juges ?
-Oui, répondit Hadès à Nina. De gauche à droite : Minos, Eaque et Rhadamanthe. »
Les Trauméniens tressaillirent lorsqu’ils entendirent le nom du dernier Juge, mais ils s’aperçurent rapidement qu’il ne s’agissait pas du traître qui avait rallié la cause de Mistrophera. Les trois Juges s’avancèrent à leur tour vers les nouveaux arrivants et baissèrent les yeux sur les Trauméniens.
« Sont-ce là des héros que vous nous apportez, Hadès ? interrogea celui qui se nommait Eaque.
-Ils n’ont pas l’air bien dangereux, souligna Minos.
-Vous non plus.
-Aran !!
-En tout cas, ricana Rhadamanthe, ils n’ont pas l’air impressionnés. »
Hadès salua les Juges et leur expliqua :
« Ces quatre humains ont demandé une requête aux Dieux de l’Olympe et Zeus leur a soumis douze épreuves à accomplir pour obtenir une réponse.
-Oh, ironisa Rhadamanthe. Ça sent un peu le déjà-vu, non ?
Sylvain Détroit descendit quatre à quatre les escaliers et passa les deux portes de sécurité de l’appartement. Les deux policiers de faction dans la rue le regardèrent passer en courant et ralentir au coin de la rue en regardant à droite et à gauche. Puis une voiture pila devant lui, manquant la jambe de Détroit de quelques centimètres à peine. Les deux policiers firent quelques pas pour le rejoindre, puis s’arrêtèrent lorsqu’ils s’aperçurent que c’était le commissaire Thourn qui sortait du véhicule.
« Commissaire, s’indigna Détroit. Vous avez failli m’écraser !
-Comme quoi même les meilleurs font parfois des erreurs. » répondit Serge Thourn en sortant de la voiture. Un automobiliste passa en trombe en frôlant Thourn et en klaxonnant.
« Ça m’a vraiment pas manqué, la capitale, ils conduisent tous comme des cons.
-Vous avez exercé ici, commissaire ?
-Ouais. Y a longtemps. Quoi de neuf dans l’appartement de l’avocat ?
-Nous n’avons rien trouvé d’autre. Le mari nous a raconté qu’une dizaine de jeunes s’étaient réunis depuis quelques semaines ici, mais il n’a pas pu nous dire ce qu’ils faisaient. Il nous a dit que ces réunions n’étaient rien d’autres que des réunions de forums internet.
-De forums, exactement ! » s’exclama le commissaire en frappant du poing sur le capot de sa voiture. L’explication de l’avocat confirmait ses idées. Une autre voiture passa en klaxonnant près de la sienne car il était toujours mal garé.
« Rien d’autre ?
-La liste des pseudonymes que je vous ai donné tout à l’heure, ainsi que quelques ajouts.
-Donne.
-Il y a aussi, poursuivit Détroit, ces congélateurs étranges. Ils sont en route, mais ils sont tous vides. Il y en avait d’autres, vides eux aussi, mais à l’arrêt. Ils sont neufs, on a retrouvé les factures, et ils ont tous moins de quatre mois.
-Recherche quel événement coïnciderait avec l’achat des congélos, sur les deux semaines précédant la date d’achat par exemple.
-Dans le coin ?
-Non, sur toute la France. Récupère-moi un maximum de journaux de ces deux semaines et commence à les éplucher. »
Détroit fit la grimace, mais Thourn l’ignora sciemment.
« L’appartement est sous surveillance ?
-Oui commissaire.
-Bien. Tu vas aller me quadriller la capitale pour essayer de me retrouves les gamins. Ils n’ont pas dû s’enfuir bien loin, et un groupe d’une douzaine de mômes comme eux ne devrait pas passer inaperçu.
-Mais… Mais commissaire ! objecta Sylvain Détroit. Vous m’avez dit de vous récupérer deux semaines de journaux et de les consulter !
-Et alors ? C’est pas déjà fait ? »
Le commissaire rentra dans sa voiture et démarra. Une troisième voiture passa et pila juste à son niveau. À l’intérieur, les policiers qui avaient interrogé Thourn ouvrirent la vitre coté passager, et l’un deux flanqua un coup sur le rétroviseur qui tomba au sol. Le conducteur dit alors :
« Pensez à surveiller vos arrières, commissaire. »
Puis ils redémarrèrent en faisant crisser les pneus. Le commissaire sortit à nouveau de sa voiture et les regarda s’éloigner, tremblant de colère.
« Commissaire ? demanda Détroit, inquiet. Tout va bien ? Qui étaient ces mecs ?
-Rien d’intéressant, Sylvain. » Il remonta dans sa voiture, passa la première et sortit sous le nez d’une autre voiture qui klaxonna. Sylvain Détroit le suivit un instant des yeux.
« Depuis quand il m’appelle par mon prénom ? » nota-t-il à voix haute.
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Lorsqu’ils arrivèrent aux portes de l’Enfer, les Trauméniens ne purent réprimer un frisson. En effet, même de l’extérieur, les lieux étaient sinistres, voir même malsains. Il y régnait une atmosphère d’âmes souillées, de sang coagulé et de… de chien malfaisant. Oui, ça sentait le chien. NightBeast, d’ailleurs, ne se fit pas prier pour le faire remarquer à voix haute.
« C’est Cerbère, répondit Hadès. Le gardien des Enfers. Ou plutôt un des gardiens. »
Les Trauméniens regardèrent le seul Dieu resté à leurs cotés pour l’épreuve suivante, les autres ayant préféré rester à l’écart de ce lieu qu’ils maudissaient par-dessus tout. Sans autres explications, ils avaient laissé les Trauméniens et Hadès se rendre en Enfer et étaient, eux, retournés au Mont Olympe pour surveiller le déroulement de l’épreuve.
« Quels sont les autres ? demanda Aran.
-Charon, qui nous permettra de passer le Styx, et les trois juges que nous rencontrerons une fois à l’intérieur. Mais ce ne sont pas des gardiens à proprement parler, étant donné que je suis là, avec vous.
-Nous allons devoir les affronter ? »
Hadès baissa les yeux sur NightBeast, qui sourit faiblement.
« Non, humain. Mais vous en saurez bien assez lorsque nous aurons atteint le Tartare.
-Comme le steak ? »
Nina fila une taloche à NightBeast, qui éclata de rire. Il se tut lorsqu’ils arrivèrent près d’une longue silhouette vêtue de noir qui se tenait patiemment immobile sur une embarcation qui ressemblait fort à celle que les Trauméniens avaient utilisée lors de leur épreuve contre Poséidon. Peut-être un peu plus grande.
« Prenez, Charon. » dit Hadès avec sérieux.
Il tendit sa main vers le Passeur qui reçut les cinq oboles sans un mot, avant de reculer jusqu’à l’autre extrémité de la barque. Hadès monta dedans et invita les Trauméniens à faire de même. Une fois les cinq personnes dans l’embarcation, Charon commença à les faire avancer avec son interminable perche.
Une main saisit Nina à l’épaule, et elle se retourna pour voir une âme errante qui tentait de grimper à bord ou l’attirer sur la berge. Derrière elle, d’autres âmes se rapprochaient en gémissant. Hadès leur avait expliqué en arrivant que le rivage extérieur de l’Enfer était destiné aux âmes dont les cadavres n’avaient pas été enterrés. Ils devaient ainsi errer une centaine d’années avant de pouvoir, enfin, passer le Styx.
Mais certains cherchaient à passer outre les règles, comme partout.
Une faux trancha le bras du défunt qui tomba à l’eau. Nina se réfugia dans les bras d’Aran qui brandit son arme devant lui, pour la protéger. Mais les âmes damnées avançaient toujours, certaines plongeant même dans l’eau pour s’accrocher à la barque, et ce fut Charon qui dut intervenir. Il marcha jusqu’à l’arrière du navire et leva sa main. Aussitôt, les âmes s’arrêtèrent et repartirent sur la berge, toujours en gémissant.
« Ça va ? demanda Aran à Nina alors que Charon regagnait sa place.
-Oui… Merci. »
Vers le milieu du gigantesque fleuve des morts, ils commencèrent à les entendre grogner. L’odeur d’animal sauvage se fit également bien plus présente, bien plus forte. Ils distinguaient avec peine, sur la rive, une masse noire qui semblait remuer. Mais difficile de se faire encore une idée précise de la taille et de la nature de cette ombre, même si tout le monde savait qu’il s’agissait certainement de Cerbère.
Charon fit accoster doucement la barque, alors que la créature s’approchait en reniflant. La puanteur qui s’en dégageait était presque insupportable pour les Trauméniens, mais ne semblait pas gêner Hadès ni Charon. Ils descendirent de la barque, Nina regrettant presque les âmes qui cherchaient à la garder sur l’autre rive, et s’approchèrent du chien. Celui-ci, loin d’être énorme comme dans certaines représentations vidéo ludiques, faisait tout de même la taille d’un cheval.
Un cheval avec trois têtes.
« Voici pour toi, Cerbère. »
Hadès posa sur le sol cinq gâteaux de miel, un rituel identique à celui de l’obole avec Charon, qui permettait aux morts enterrés selon les règles d’entrer en enfer. Cerbère s’approcha encore, renifla les gâteaux puis les dévora goulûment. Une fois son en-cas achevé, il jeta un triple regard mauvais aux cinq personnes qui se dressaient devant lui, puis s’écarta.
« Merci. » dit Hadès en avançant.
Après avoir traversé un marais, les Trauméniens et Hadès se retrouvèrent dans une plaine jonchée de petites pierres qui semblaient remuer lorsqu’ils les frôlaient. La tentation était trop grande pour NightBeast qui ne résista pas à en prendre une par terre pour l’envoyer sur Cerbère, ni vu ni connu. Mais au lieu de faire sa blague stupide, il se mit à hurler.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Aran en se retournant sa faux à la main.
-Les… Les pierres ! » s’égosilla NightBeast en se jetant sur Wee-Ree-Cat. Ce dernier lâcha son compagnon qui s’écrasa sur le sol sans grâce, et regarda autours de lui. Il retint à son tour un cri.
Les pierres, ou plutôt ce que les Trauméniens avaient pris pour des pierres, étaient en réalité des dos d’enfants, de tout petits bébés. Ils se tenaient sur le ventre, quasiment immobiles, et se balançaient de gauche à droite à leur passage de façon morbide. Nina se serra contre Aran.
« Ce sont les enfants morts nés, leur expliqua Hadès. Toutes les âmes de ces petites créatures sont réunies ici, dans la première plaine. »
Sans un mot de plus, les Trauméniens poursuivirent leur route, n’osant maintenant plus effleurer ces milliers de bébés qui recouvraient le sol. Dès qu’ils eurent passé ce champ, ils reprirent enfin une respiration normale. Mais ils distinguèrent bien vite d’autres âmes qui habitaient dans cette nouvelle parcelle : Des hommes et des femmes qui se lamentaient. Aran se tourna vers Hadès.
« Il s’agit des innocents qui ont été condamnés à morts, ainsi que les personnes tuées sans le vouloir, la seconde partie de la plaine des Asphodèles.
-La plaine des Asphodèles ? répéta Nina.
-Oui, il s’agit de la plaine où la majorité des morts demeurent pour l’éternité. Elle est divisée en plusieurs parties selon la façon dont les individus meurent. »
Les Trauméniens se regardèrent.
« Ça me rappelle quelque chose, dit NightBeast.
-C’est exactement comme partout ailleurs, réfléchit Aran. Cet enfer est comme tous les au-delà qui nous sont accessibles en fonction de notre mort. C’est comme une représentation miniature de tous les mondes existants. »
Ils passèrent à la parcelle suivante, comprenant des âmes errantes qui se flagellaient et tordaient de douleur. Hadès leur dit que ces âmes étaient celles des suicidés, et qu’elles souffraient d’avoir écourté leur vie pour une autre sensiblement identique après la mort. Ils traversèrent ensuite une plaine remplie de personnes qui se lamentaient et pleuraient.
« C’est le Champ des Larmes. Ce sont les personnes qui sont pleurées par les membres de leur famille ou leurs amis. Eux aussi, en retour, pleurent leurs proches restés en vie.
-Intéressant, sourit NightBeast en repensant à son départ. C’est ici que j’aurais fini, alors, si j’étais dans le trip mythologie grecque.
-Qu’est-ce que tu racontes ? demanda Wee-Ree-Cat.
-Rien, rien. »
Le groupe passa ensuite dans la section suivante, qui se révéla bien plus bruyante que les autres. En effet, dans celle-ci, d’innombrables guerriers combattaient les uns contre les autres. Hadès écarta les bras, et la masse grouillante de combattants s’écarta de concert. Alors que le groupe passait, le Dieu des Enfers leur expliqua :
« La dernière section de la plaine des Asphodèles : le Champ des Guerriers.
-Il n’y en a pas d’autres ? demanda Aran.
-Si, des centaines d’autres qui se situent aux bordures de l’Enfer. Une pour chacune des morts différentes. Mais les autres façons de décéder sont tellement insignifiantes que la parcelle qui leur est réservée est ridicule.
-Des petits mondes.
-Qu’est-ce que tu dis Wee ? » demanda Aran.
Wee-Ree-Cat fronça alors les sourcils, prenant un air sérieux qui ne lui allait pas, et dit :
« Et si tous les au-delà, tout les mondes que nous visitons, étaient comme cet Enfer ? S’il existait des passages entre ces territoires ? Des sortes de portes qui mèneraient d’un endroit à un autre, sans forcément mourir.
-Comme cet endroit, oui, approuva Aran. Si on pouvait être sûr que cette affirmation était exacte, nous pourrions trouver un moyen plus facile pour voyager de mondes en mondes, et sans forcément devoir mourir au préalable.
-Ça serait formidable !
-Mais ça voudrait dire qu’il existerait une infinité de portes qui conduiraient à une infinité d’autres mondes, qui eux-mêmes nous ouvriraient des portes sur des millions d’autres, développa Nina. Et il serait impossible de savoir à l’avance où on va tomber…
-Sauf si une personne sait où mènent ces portes. »
Aran, Nina et Wee-Ree-Cat se regardèrent et s’exclamèrent en même temps :
« Mistrophera. »
Derrière eux, Hadès, qui ne comprenait pas les récentes élucubrations des quatre humains, toussa pour leur rappeler sa présence, avant d’ajouter :
« Sans vouloir vous déranger, nous voilà arriver au Tartare, terme de notre petite promenade de santé. »
Les Trauméniens se retournèrent vers l’immense muraille d’airain qui les surplombait. Derrière, on pouvait en deviner un autre rempart, puis un troisième qui semblait plus interdire l’intérieur de sortir plutôt que l’extérieur de rentrer. Une immense tour de fer s’élevait dans l’enceinte et dominait toute la zone. Hadès les mena à l’entrée du Tartare où trois hommes normaux, bien qu’un peu plus grands que la moyenne, semblaient les attendre.
« Les Juges ?
-Oui, répondit Hadès à Nina. De gauche à droite : Minos, Eaque et Rhadamanthe. »
Les Trauméniens tressaillirent lorsqu’ils entendirent le nom du dernier Juge, mais ils s’aperçurent rapidement qu’il ne s’agissait pas du traître qui avait rallié la cause de Mistrophera. Les trois Juges s’avancèrent à leur tour vers les nouveaux arrivants et baissèrent les yeux sur les Trauméniens.
« Sont-ce là des héros que vous nous apportez, Hadès ? interrogea celui qui se nommait Eaque.
-Ils n’ont pas l’air bien dangereux, souligna Minos.
-Vous non plus.
-Aran !!
-En tout cas, ricana Rhadamanthe, ils n’ont pas l’air impressionnés. »
Hadès salua les Juges et leur expliqua :
« Ces quatre humains ont demandé une requête aux Dieux de l’Olympe et Zeus leur a soumis douze épreuves à accomplir pour obtenir une réponse.
-Oh, ironisa Rhadamanthe. Ça sent un peu le déjà-vu, non ?
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
-Et ils ont péris et se sont rebellés, n’est-ce pas ? » conclut un peu trop hâtivement Eaque avec un sourire. Mais celui-ci disparu de sa figure lorsque Hadès leur expliqua que les Trauméniens avaient réussi les quatre premières épreuves avec brio.
« Eh bien, bravo, les félicita Minos. Votre cinquième épreuve ne devrait pas vous être trop difficile, alors.
-Sauf si vous devez nous battre, pouffa Rhadamanthe.
-Il ne s’agit pas de ça. Conduisez-nous à Sisyphe. »
Les Juges se turent et, sans attendre, les firent entrer dans le Tartare, l’endroit le plus profond de l’Enfer. Ils passèrent entre deux superbes colonnes de diamant et entendirent les portes se refermer derrière eux. Les trois Juges les précédaient dans l’immense cratère qui descendait encore, de plus en plus profond, et qui était peu peuplé par rapport à ce qu’ils venaient de traverser.
Ils virent des femmes remplir un tonneau sans fond, un homme se faire dévorer le foie par deux vautours, un autre qui tournait sur une roue enflammée. Ces visions de torture, d’horreur manifeste, étaient odieuses pour les quatre Trauméniens qui se demandaient également à quelle sauce ils allaient être mangés. Ils arrivèrent finalement près d’une colline où un homme assez costaud les attendait.
« Voici Sisyphe, le présenta Minos. Il a été condamné à rouler cet immense rocher jusqu’en haut de cette colline pour, ensuite, le laisser retomber de l’autre coté. Mais il n’y est encore jamais parvenu.
-Zeus, continua Hadès, m’a demandé de vous conduire jusqu’à lui pour que, à votre tour, vous tentiez de monter cette pierre. »
Les Trauméniens restèrent silencieux.
« Si vous parvenez à atteindre le haut de cette colline avec elle, alors vous aurez réussi cette épreuve.
-Et… commença Aran. Et c’est tout ?
-C’est tout.
-Et je serais libre, alors ? » demanda Sisyphe.
Les Juges regardèrent Hadès, qui haussa les épaules.
« Il ne te restera qu’à la faire basculer.
-Alors je vais les aider ! »
Les Trauméniens le regardèrent se mettre à pousser la pierre en grognant et gémissant, ses muscles bandés à l’extrême et son dos ruisselant rapidement de sueur. Ils restèrent interdit un petit moment, puis Aran déclara :
« Ça va être une partie de plaisir, cette épreuve ! »
La porte s’ouvrit avant même que Radamenthe n’ait pu y toquer, et la lueur des moniteurs éclaira son visage, ainsi que ceux de ses deux invités, d’une lumière irrégulière. Radamenthe s’avança, suivit des deux convoqués, jusque devant Son bureau. Comme à Son habitude, Mistrophera regardait les écrans de la Shinra Corp, surveillant tout de Son soixante-dixième étage réservé.
Radamenthe jeta un œil à la baie vitrée qui donnait sur l’immense jungle entourant la tour de la Shinra Corp. Plus loin, les falaises constellées de cavernes bordaient le tout, donnant à l’ensemble l’aspect d’une gigantesque arène. Il détourna les yeux et revint sur le fauteuil de Mistrophera, qui se tournait doucement vers lui.
« Je Vous les ai ramenés, Albert Fish et Loki, le dieu nordique.
-Parfait. » dit-Il.
Les deux susnommés s’avancèrent devant Mistrophera. Ils regardaient tout autour d’eux comme de grand enfants émerveillés par tant de nouveauté. Leurs yeux allaient et venaient sur le bureau, la moquette, les écrans, la baie vitrée, et ils emmagasinaient un maximum d’images de tout ce qu’ils pouvaient réussir à discerner.
Radamenthe recula d’un pas, et sursauta lorsqu’il se rendit compte que Pasteqman était juste à coté de lui, immobile et silencieux. Il ne Le quitte jamais d’une semelle, ce fayot, songea Radamenthe. Pasteqman tourna au même moment sa tête vers lui et sourit lentement. Radamenthe frissonna et s’interdit de penser à nouveau, au moins tant que celui-ci serait dans les parages.
« Bon travail, Radamenthe. Pasteqman, emmène-les dans la salle de réunion, j’irai leur parler après. »
Pasteqman hocha la tête et lança un dernier regard à Radamenthe avant de guider les deux hommes vers une petite porte, dans un coin sombre du bureau. Une fois que les trois hommes eurent quitté la salle, Mistrophera Se tourna vers Radamenthe et lui adressa un sourire qui sonnait faux.
Un sourire de mauvais augure.
« Je vois que tu n’as eu aucune difficulté pour me les ramener, dit-Il finalement.
-Aucune. En réalité, ils étaient même assez contents de quitter leurs enfers respectifs pour m’accompagner jusqu’à Vous.
-Alors tout est parfait. »
Radamenthe savait pertinemment où Il voulait en venir, et les longs silences qu’Il instaurait entre Ses phrases étaient autant de menaces qui résonnaient aux oreilles du Trauménien renégat. Il s’empêcha mentalement de penser à son échec, et s’obligea à chantonner dans sa tête la Marseillaise.
Au bout de quelques minutes, Mistrophera hocha la tête et dit :
« Très bien, tu peux disposer. »
Radamenthe souffla discrètement et le remercia avant de faire demi-tour. Il traversa la courte distance du bureau à la porte sans faire de bruits, ses pas amortis par la moquette épaisse, et posa la main sur la poignée. Il hurla.
« C’est brûlant ! »
Prit de panique, Radamenthe se retourna vers Mistrophera et il vit Celui-ci tendre la main vers lui, tout en fredonnant :
« …l’étendard sanglant est levé… »
Radamenthe sentit son cœur s’arrêter de battre, ainsi que tous ses muscles se tétaniser. Il vit la moquette onduler sous lui alors qu’il se mettait à avancer vers Mistrophera sans que ses jambes ne bougent.
« ...qui viennent jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes… »
Une main géante et invisible sembla le serrer et sa respiration fut coupée. Radamenthe sentit ses yeux s’exorbiter lentement et sa langue gonfler dans sa bouche. La pression sur son corps était terrible, et il avait l’impression qu’il allait exploser d’un instant à l’autre.
« …formez vos bataillons, marchons, marchons… »
Radamenthe accéléra et percuta le bureau où il s’étala de tout son long. La pression se fit insupportable une seconde, puis se relâcha. Radamenthe toussa en reprenant sa respiration et sentit un goût de sang dans sa bouche.
« …qu’un sang impur… »
Il releva la tête et cracha de minces filets de sang sur le bureau de Mistrophera.
« …abreuve nos sillons. »
La tête de Radamenthe retomba dans son propre sang, alors que Mistrophera se rasseyait et croisait les bras.
« Superbe chanson, très héroïque, très engagée, n’est-ce pas ? »
Pas de réponse.
« Tu pensais vraiment que tu arriverais à masquer tes pensées pour que Je ne puisse pas découvrir ton échec tout de suite ? Je ne suis pas sénile, tu sais, Je Me souviens parfaitement t’avoir confié une autre mission, une autre personne à faire revenir. Une personne, Ma foi, bien plus importante et intéressante que ces deux stupides cancrelats puants. »
Le corps inerte sur Son bureau remua un peu, et un gargouillis inintelligible Lui répondit. Mistrophera soupira.
« Où est Hilde ? »
Sans qu’Il ne bouge un seul doigt, la tête de Radamenthe se releva comme si elle avait été tirée en arrière. D’ailleurs, les cheveux du Trauménien étaient tirés en arrière, et soutenaient la tête à la bonne hauteur. Mistrophera plongea Ses yeux dans ceux, amorphes, de son sous-fifre blessé.
« Elle… commença Radamenthe avec peine. Elle n’a pas voulu… Elle a résisté… Elle est forte… C’est une ancienne…
-Oui, une des plus ancienne de Traumen. Vous vous êtes battus ?
-Elle m’a battue à plat de couture. Je n’ai… je n’ai rien pu faire. »
Mistrophera relâcha la tête de Radamenthe qui s’effondra sur le bureau dans un bruit mat. Il Se passa une main sur la figure, puis fit craquer ses phalanges. Pasteqman revint à ce moment là, et se tint de nouveau immobile face au bureau.
« Envoie-le à l’infirmerie, je m’occuperai de ce qu’il doit faire quand il sera en état. »
Et en attendant, songea-t-Il, Je dois trouver une solution pour qu’elle nous rejoigne ici.
De gré ou de force.
Zeus, se frottant la barbe, regardait par delà les nuages avec sa vue divine, évidemment accompagné des autres Dieux qui ne voulaient pas manquer un seul instant de ces quatre humains qui cherchaient à tout prix un misérable renseignement. De si haut, ils voyaient avec précision le Tartare, ainsi que la colline où les quatre Trauméniens, aidés par Sisyphe, remontaient péniblement le monumental rocher.
« Cette épreuve n’est-elle pas un peu trop simple, Zeus ? demanda Héra.
-Elle l’est, c’est certain, confirma Bacchus. Ils y parviennent manifestement sans trop de mal, regardez.
-Ce rocher est pourtant bien assez lourd, conclut Zeus. Ils sont forts, voilà tout.
-Je pourrais envoyer des flèches pour en blesser quelques uns ? proposa Artémis.
-Non, trancha le maître des Dieux. Qu’ils soient puissants ne doit pas nous obliger à changer les règles. Après tout, ils n’en sont qu’au début de leur périple, ils n’ont pas encore fait la moitié de leur quête.
-Et puis après tout, que risquons-nous à perdre ? »
Les Dieux, offusqués, regardèrent tous Hermès qui souriait.
« Qu’y a-t-il ? Ils ne désirent qu’une simple information, et non pas l’immortalité ou votre place à tous, n’est-ce pas ? Je pense que, dès qu’ils auront leur piste, ils s’en iront et nous n’entendrons plus jamais parler d’eux.
-Tu sembles bien certain qu’ils sortent victorieux, menaça Arès.
-Quel mal à ça ?
-Messieurs ! »
Le tonnerre gronda et les Dieux se turent. Leurs regards se tournèrent à nouveau vers le Tartare, où le Rocher gravissait enfin les dernières mètres jusqu’au sommet. Vu de l’Olympe, l’ascension avait été effectivement simple et rapide, mais vu de près, ça en avait été tout autrement, surtout lorsqu’on voyait un Aran en nage qui grognait à chaque effort, une Nina qui transpirait également en apportant son aide du mieux qu’elle pouvait, un NightBeast qui criait à chacune des secousses qu’il réussissait à imprimer au rocher et un Wee-Ree-Cat qui poussait également le plus fort possible et posait des cales pour éviter à la pierre de retomber.
Tout ce petit monde vit enfin le haut de la colline arriver, après de nombreuses heures de lutte contre la gravitation. Sisyphe, trop heureux d’enfin parvenir à se sortir de cette torture infernale, regagna assez de courage pour pousser une dernière fois, aidé par Aran et NightBeast. La pierre bascula lentement et se planta en haut de la colline.
Ils soupirent d’un commun accord.
« À nouveau, humains, mes félicitations. »
Les Trauméniens levèrent la tête vers Hadès, qui se trouvait d’ores et déjà sur la pierre. Il souriait et applaudissait les quatre humains épuisés à ses pieds.
« On a gagné ? haleta NightBeast.
-Parfaitement. Votre prochaine épreuve vous attend.
-Et moi je suis libre ! » s’égosilla Sisyphe en se levant. Il leva un bras rageur vers Zeus et hurla sa joie d’être enfin parvenu à se sortir de cette épreuve impossible. Ensuite, il se jeta aux pieds des Trauméniens pour les remercier.
« Je ne sais pas comment, ni pourquoi vous êtes là, mais grâce à vous… grâce à vous…
-…tu n’as pas encore réussi, Sisyphe. »
Le pauvre hère se tourna lentement vers Hadès qui se trouvait maintenant aux cotés du rocher. Le Dieux de l’Enfer souriait à nouveau, mais d’une manière bien plus cruelle que lorsqu’il félicitait les Trauméniens.
« Non…
-Non !! » reprirent en cœur Aran et Nina en se levant.
Et pourtant, Hadès poussa sans mal la pierre sur le versant que les cinq êtres venaient de remonter à la sueur de leur front. Tout en hurlant et en pleurant, Sisyphe se rua sur elle, et tenta de l’arrêter avant qu’elle n’ait dévalée toute la pente. Sous le regard horrifié des Trauméniens, il se fit écraser par le rocher qui, pris de vitesse, l’entraîna avec lui en bas de la pente, avant de s’immobiliser de lui-même à l’endroit où il retombait à chaque fois.
Aran se tourna vers Hadès, l’arme au poing :
« Pourquoi avez-vous fait ça ?! Il ne méritait pas que vous lui…
-Il méritait ce châtiment, rugit Hadès d’une voix forte. Et si vous désirez que cette peine devienne aussi la vôtre, alors continuez ainsi, humains ! »
Aran fit lentement disparaître sa faux, les mains tremblante de rage et d’impuissance. Nina le rejoignit et tenta de le calmer, alors qu’Hadès s’éloignait sans un regard en arrière, les incitant à le suivre jusqu’à la prochaine épreuve. NightBeast s’élança à la suite du Dieu, ainsi que Wee-Ree-Cat qui ne pu s’empêcher de jeter un œil à Sisyphe, en bas. Aran et Nina firent de même, puis partirent avec regrets.
Ils ne virent pas les larmes de Sisyphe.
Lorsque Draco entendit sa mère l’appeler et lui demander de descendre rapidement, quelque chose dans le ton de sa voix confirmait l’impression que le Trauménien avait eue pendant toute la journée.
Et il ne fut pas surpris de découvrir le commissaire Serge Thourn en bas des escaliers.
« Eh bien, bravo, les félicita Minos. Votre cinquième épreuve ne devrait pas vous être trop difficile, alors.
-Sauf si vous devez nous battre, pouffa Rhadamanthe.
-Il ne s’agit pas de ça. Conduisez-nous à Sisyphe. »
Les Juges se turent et, sans attendre, les firent entrer dans le Tartare, l’endroit le plus profond de l’Enfer. Ils passèrent entre deux superbes colonnes de diamant et entendirent les portes se refermer derrière eux. Les trois Juges les précédaient dans l’immense cratère qui descendait encore, de plus en plus profond, et qui était peu peuplé par rapport à ce qu’ils venaient de traverser.
Ils virent des femmes remplir un tonneau sans fond, un homme se faire dévorer le foie par deux vautours, un autre qui tournait sur une roue enflammée. Ces visions de torture, d’horreur manifeste, étaient odieuses pour les quatre Trauméniens qui se demandaient également à quelle sauce ils allaient être mangés. Ils arrivèrent finalement près d’une colline où un homme assez costaud les attendait.
« Voici Sisyphe, le présenta Minos. Il a été condamné à rouler cet immense rocher jusqu’en haut de cette colline pour, ensuite, le laisser retomber de l’autre coté. Mais il n’y est encore jamais parvenu.
-Zeus, continua Hadès, m’a demandé de vous conduire jusqu’à lui pour que, à votre tour, vous tentiez de monter cette pierre. »
Les Trauméniens restèrent silencieux.
« Si vous parvenez à atteindre le haut de cette colline avec elle, alors vous aurez réussi cette épreuve.
-Et… commença Aran. Et c’est tout ?
-C’est tout.
-Et je serais libre, alors ? » demanda Sisyphe.
Les Juges regardèrent Hadès, qui haussa les épaules.
« Il ne te restera qu’à la faire basculer.
-Alors je vais les aider ! »
Les Trauméniens le regardèrent se mettre à pousser la pierre en grognant et gémissant, ses muscles bandés à l’extrême et son dos ruisselant rapidement de sueur. Ils restèrent interdit un petit moment, puis Aran déclara :
« Ça va être une partie de plaisir, cette épreuve ! »
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La porte s’ouvrit avant même que Radamenthe n’ait pu y toquer, et la lueur des moniteurs éclaira son visage, ainsi que ceux de ses deux invités, d’une lumière irrégulière. Radamenthe s’avança, suivit des deux convoqués, jusque devant Son bureau. Comme à Son habitude, Mistrophera regardait les écrans de la Shinra Corp, surveillant tout de Son soixante-dixième étage réservé.
Radamenthe jeta un œil à la baie vitrée qui donnait sur l’immense jungle entourant la tour de la Shinra Corp. Plus loin, les falaises constellées de cavernes bordaient le tout, donnant à l’ensemble l’aspect d’une gigantesque arène. Il détourna les yeux et revint sur le fauteuil de Mistrophera, qui se tournait doucement vers lui.
« Je Vous les ai ramenés, Albert Fish et Loki, le dieu nordique.
-Parfait. » dit-Il.
Les deux susnommés s’avancèrent devant Mistrophera. Ils regardaient tout autour d’eux comme de grand enfants émerveillés par tant de nouveauté. Leurs yeux allaient et venaient sur le bureau, la moquette, les écrans, la baie vitrée, et ils emmagasinaient un maximum d’images de tout ce qu’ils pouvaient réussir à discerner.
Radamenthe recula d’un pas, et sursauta lorsqu’il se rendit compte que Pasteqman était juste à coté de lui, immobile et silencieux. Il ne Le quitte jamais d’une semelle, ce fayot, songea Radamenthe. Pasteqman tourna au même moment sa tête vers lui et sourit lentement. Radamenthe frissonna et s’interdit de penser à nouveau, au moins tant que celui-ci serait dans les parages.
« Bon travail, Radamenthe. Pasteqman, emmène-les dans la salle de réunion, j’irai leur parler après. »
Pasteqman hocha la tête et lança un dernier regard à Radamenthe avant de guider les deux hommes vers une petite porte, dans un coin sombre du bureau. Une fois que les trois hommes eurent quitté la salle, Mistrophera Se tourna vers Radamenthe et lui adressa un sourire qui sonnait faux.
Un sourire de mauvais augure.
« Je vois que tu n’as eu aucune difficulté pour me les ramener, dit-Il finalement.
-Aucune. En réalité, ils étaient même assez contents de quitter leurs enfers respectifs pour m’accompagner jusqu’à Vous.
-Alors tout est parfait. »
Radamenthe savait pertinemment où Il voulait en venir, et les longs silences qu’Il instaurait entre Ses phrases étaient autant de menaces qui résonnaient aux oreilles du Trauménien renégat. Il s’empêcha mentalement de penser à son échec, et s’obligea à chantonner dans sa tête la Marseillaise.
Au bout de quelques minutes, Mistrophera hocha la tête et dit :
« Très bien, tu peux disposer. »
Radamenthe souffla discrètement et le remercia avant de faire demi-tour. Il traversa la courte distance du bureau à la porte sans faire de bruits, ses pas amortis par la moquette épaisse, et posa la main sur la poignée. Il hurla.
« C’est brûlant ! »
Prit de panique, Radamenthe se retourna vers Mistrophera et il vit Celui-ci tendre la main vers lui, tout en fredonnant :
« …l’étendard sanglant est levé… »
Radamenthe sentit son cœur s’arrêter de battre, ainsi que tous ses muscles se tétaniser. Il vit la moquette onduler sous lui alors qu’il se mettait à avancer vers Mistrophera sans que ses jambes ne bougent.
« ...qui viennent jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes… »
Une main géante et invisible sembla le serrer et sa respiration fut coupée. Radamenthe sentit ses yeux s’exorbiter lentement et sa langue gonfler dans sa bouche. La pression sur son corps était terrible, et il avait l’impression qu’il allait exploser d’un instant à l’autre.
« …formez vos bataillons, marchons, marchons… »
Radamenthe accéléra et percuta le bureau où il s’étala de tout son long. La pression se fit insupportable une seconde, puis se relâcha. Radamenthe toussa en reprenant sa respiration et sentit un goût de sang dans sa bouche.
« …qu’un sang impur… »
Il releva la tête et cracha de minces filets de sang sur le bureau de Mistrophera.
« …abreuve nos sillons. »
La tête de Radamenthe retomba dans son propre sang, alors que Mistrophera se rasseyait et croisait les bras.
« Superbe chanson, très héroïque, très engagée, n’est-ce pas ? »
Pas de réponse.
« Tu pensais vraiment que tu arriverais à masquer tes pensées pour que Je ne puisse pas découvrir ton échec tout de suite ? Je ne suis pas sénile, tu sais, Je Me souviens parfaitement t’avoir confié une autre mission, une autre personne à faire revenir. Une personne, Ma foi, bien plus importante et intéressante que ces deux stupides cancrelats puants. »
Le corps inerte sur Son bureau remua un peu, et un gargouillis inintelligible Lui répondit. Mistrophera soupira.
« Où est Hilde ? »
Sans qu’Il ne bouge un seul doigt, la tête de Radamenthe se releva comme si elle avait été tirée en arrière. D’ailleurs, les cheveux du Trauménien étaient tirés en arrière, et soutenaient la tête à la bonne hauteur. Mistrophera plongea Ses yeux dans ceux, amorphes, de son sous-fifre blessé.
« Elle… commença Radamenthe avec peine. Elle n’a pas voulu… Elle a résisté… Elle est forte… C’est une ancienne…
-Oui, une des plus ancienne de Traumen. Vous vous êtes battus ?
-Elle m’a battue à plat de couture. Je n’ai… je n’ai rien pu faire. »
Mistrophera relâcha la tête de Radamenthe qui s’effondra sur le bureau dans un bruit mat. Il Se passa une main sur la figure, puis fit craquer ses phalanges. Pasteqman revint à ce moment là, et se tint de nouveau immobile face au bureau.
« Envoie-le à l’infirmerie, je m’occuperai de ce qu’il doit faire quand il sera en état. »
Et en attendant, songea-t-Il, Je dois trouver une solution pour qu’elle nous rejoigne ici.
De gré ou de force.
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Zeus, se frottant la barbe, regardait par delà les nuages avec sa vue divine, évidemment accompagné des autres Dieux qui ne voulaient pas manquer un seul instant de ces quatre humains qui cherchaient à tout prix un misérable renseignement. De si haut, ils voyaient avec précision le Tartare, ainsi que la colline où les quatre Trauméniens, aidés par Sisyphe, remontaient péniblement le monumental rocher.
« Cette épreuve n’est-elle pas un peu trop simple, Zeus ? demanda Héra.
-Elle l’est, c’est certain, confirma Bacchus. Ils y parviennent manifestement sans trop de mal, regardez.
-Ce rocher est pourtant bien assez lourd, conclut Zeus. Ils sont forts, voilà tout.
-Je pourrais envoyer des flèches pour en blesser quelques uns ? proposa Artémis.
-Non, trancha le maître des Dieux. Qu’ils soient puissants ne doit pas nous obliger à changer les règles. Après tout, ils n’en sont qu’au début de leur périple, ils n’ont pas encore fait la moitié de leur quête.
-Et puis après tout, que risquons-nous à perdre ? »
Les Dieux, offusqués, regardèrent tous Hermès qui souriait.
« Qu’y a-t-il ? Ils ne désirent qu’une simple information, et non pas l’immortalité ou votre place à tous, n’est-ce pas ? Je pense que, dès qu’ils auront leur piste, ils s’en iront et nous n’entendrons plus jamais parler d’eux.
-Tu sembles bien certain qu’ils sortent victorieux, menaça Arès.
-Quel mal à ça ?
-Messieurs ! »
Le tonnerre gronda et les Dieux se turent. Leurs regards se tournèrent à nouveau vers le Tartare, où le Rocher gravissait enfin les dernières mètres jusqu’au sommet. Vu de l’Olympe, l’ascension avait été effectivement simple et rapide, mais vu de près, ça en avait été tout autrement, surtout lorsqu’on voyait un Aran en nage qui grognait à chaque effort, une Nina qui transpirait également en apportant son aide du mieux qu’elle pouvait, un NightBeast qui criait à chacune des secousses qu’il réussissait à imprimer au rocher et un Wee-Ree-Cat qui poussait également le plus fort possible et posait des cales pour éviter à la pierre de retomber.
Tout ce petit monde vit enfin le haut de la colline arriver, après de nombreuses heures de lutte contre la gravitation. Sisyphe, trop heureux d’enfin parvenir à se sortir de cette torture infernale, regagna assez de courage pour pousser une dernière fois, aidé par Aran et NightBeast. La pierre bascula lentement et se planta en haut de la colline.
Ils soupirent d’un commun accord.
« À nouveau, humains, mes félicitations. »
Les Trauméniens levèrent la tête vers Hadès, qui se trouvait d’ores et déjà sur la pierre. Il souriait et applaudissait les quatre humains épuisés à ses pieds.
« On a gagné ? haleta NightBeast.
-Parfaitement. Votre prochaine épreuve vous attend.
-Et moi je suis libre ! » s’égosilla Sisyphe en se levant. Il leva un bras rageur vers Zeus et hurla sa joie d’être enfin parvenu à se sortir de cette épreuve impossible. Ensuite, il se jeta aux pieds des Trauméniens pour les remercier.
« Je ne sais pas comment, ni pourquoi vous êtes là, mais grâce à vous… grâce à vous…
-…tu n’as pas encore réussi, Sisyphe. »
Le pauvre hère se tourna lentement vers Hadès qui se trouvait maintenant aux cotés du rocher. Le Dieux de l’Enfer souriait à nouveau, mais d’une manière bien plus cruelle que lorsqu’il félicitait les Trauméniens.
« Non…
-Non !! » reprirent en cœur Aran et Nina en se levant.
Et pourtant, Hadès poussa sans mal la pierre sur le versant que les cinq êtres venaient de remonter à la sueur de leur front. Tout en hurlant et en pleurant, Sisyphe se rua sur elle, et tenta de l’arrêter avant qu’elle n’ait dévalée toute la pente. Sous le regard horrifié des Trauméniens, il se fit écraser par le rocher qui, pris de vitesse, l’entraîna avec lui en bas de la pente, avant de s’immobiliser de lui-même à l’endroit où il retombait à chaque fois.
Aran se tourna vers Hadès, l’arme au poing :
« Pourquoi avez-vous fait ça ?! Il ne méritait pas que vous lui…
-Il méritait ce châtiment, rugit Hadès d’une voix forte. Et si vous désirez que cette peine devienne aussi la vôtre, alors continuez ainsi, humains ! »
Aran fit lentement disparaître sa faux, les mains tremblante de rage et d’impuissance. Nina le rejoignit et tenta de le calmer, alors qu’Hadès s’éloignait sans un regard en arrière, les incitant à le suivre jusqu’à la prochaine épreuve. NightBeast s’élança à la suite du Dieu, ainsi que Wee-Ree-Cat qui ne pu s’empêcher de jeter un œil à Sisyphe, en bas. Aran et Nina firent de même, puis partirent avec regrets.
Ils ne virent pas les larmes de Sisyphe.
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Lorsque Draco entendit sa mère l’appeler et lui demander de descendre rapidement, quelque chose dans le ton de sa voix confirmait l’impression que le Trauménien avait eue pendant toute la journée.
Et il ne fut pas surpris de découvrir le commissaire Serge Thourn en bas des escaliers.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Re: Traumenschar
9. Sixième épreuve : Le supplice de Tantale.
Nina regarda la pelote de laine qui traversa son champ de vision en roulant, laissant derrière elle un fil de laine rouge et épais, et surtout tellement attirant pour la jeune femme. Ses instincts de chat, tellement pratique en d’autres situations, se révélaient ici un véritable supplice alors qu’elle devait gérer cette nouvelle épreuve seule.
Seule, oui, séparée des autres Trauméniens dès le début de la sixième épreuve qui leur était présentée. Nina se rappelait parfaitement les paroles d’Arès qui leur avait présenté Tantale, condamné à la faim éternelle, à ne jamais pouvoir boire l’eau du ruisseau qui pénétrait dans la terre lorsqu’il avançait les lèvres, et à voir les fruits poussés par le vent dès qu’il approchait la main pour les attraper.
« Votre prochaine épreuve, avait dit le Dieu, consiste à résister à vos faiblesse. Vous serez chacun seuls face à vos défauts, et vous devrez les combattre. Si vous parvenez à résister jusqu’au lever du soleil, l’épreuve sera réussie. »
Une nouvelle pelote de laine – ou était-ce la même peut-être ? – passa devant ses yeux, et elle réprima un frisson d’angoisse à l’idée de ne pas sauter dessus. Elle ferma les yeux et essaya de penser aux autres Trauméniens qui devaient, eux aussi, combattre leurs propres faiblesses.
« Je me demande ce que c’est, dit-elle à voix haute. Bon, pour NightBeast, ça va être des femmes, mais pour Aran et Wee, je ne sais pas trop. »
Un bouchon, maintenu par une fine ficelle, apparu en se gigotant devant ses yeux. Par réflexe, elle lança sa main toute griffe dehors pour envoyer valser le bouchon (et pour qu’il revienne, et pour qu’elle le renvoie, et qu’il revienne à toute vitesse et tourne tourne et encore encore tourne bouchon ficelle) puis se ravisa au dernier moment.
Elle recula lentement, tentant de maîtriser son cœur qui battait la chamade, puis se retourna et rentra en collision avec quelque chose. Quelque chose qui était en réalité quelqu’un : Nina étouffa un cri de surprise lorsqu’elle vit Aran s’avancer vers elle.
« L’épreuve est terminée… » dit Aran en ouvrant les bras. Trop heureuse, Nina se jeta sur lui et se lova confortablement contre son torse. La main d’Aran lui passa dans ses cheveux, alors qu’il lui murmurait :
« Nous avons réussis…
-Pourtant, dit-elle finalement, le soleil ne s’est pas encore levé ?
-Quelle importance ? »
Nina leva les yeux sur son compagnon, puis se dégagea lentement de ses bras avant de dire d’une voix calme mais sévère :
« Tu n’es pas Aran. »
Le faux Aran Valentine sourit alors, et écarta de nouveau les bras. Ses mains s’ouvrirent et des bouchons chutèrent de sa paume, rattachés à chacun de ses doigts par une ficelle. Des pelotes de laines partirent en étoile de ses pieds, et il dit d’un ton chargé de menaces :
« Quelle importance ? »
Et Nina se mit à espérer que cette épreuve s’achève bien vite.
« Incroyable… »
L’immense robot était apparu devant Séphira Strife comme par magie. L’instant d’avant, il n’y avait que cette immense porte avec un gros C de peint dessus, et l’instant d’après, le colosse était là et entamait sa ronde funèbre. Si cette apparition aurait rendu muet d’étonnement n’importe qui, la Trauménienne, elle, resta de marbre. Ou plutôt non, elle osa même s’énerver :
« Maudit bâtard de colosse de marde ! » grogna-t-elle en se mettant un peu plus à couvert. Elle laissa passer le robot géant qui s’enfonça rapidement dans la jungle environnante, et guetta à nouveau. Durant les jours et les nuits qu’elle avait passée éveillée à inspecter les allers et venues des immenses automates, elle avait noté que ceux-ci n’étaient jamais plus de six, et qu’ils entraient et sortaient assez régulièrement de la tour.
Elle patienta donc quelques minutes et, comme prévu, un autre robot arriva et se plaça au même endroit. Séphira Strife s’approcha au maximum pour pouvoir observer le mieux possible la façon dont le robot allait s’en aller, mais elle fut une nouvelle fois déçue lorsque celui-ci se volatilisa devant la porte géante.
« C’est pas vrai… » soupira-t-elle.
Elle jeta un œil sur la tour pour vérifier qu’aucune caméra de sécurité ne pouvait l’épier, et s’approcha de l’édifice. Elle regarda les traces qu’avait laissé le dernier robot qui venait de disparaître, mais ne réussit pas à dénicher une quelconque trappe ou passage vers l’intérieur de la tour, voir même jusqu’à un ‘ailleurs’. Elle passa sa main sur le mur lisse sans avoir plus de chances, et finit par retourner dans les fourrées.
Un nouveau robot apparu et partit dans une autre direction. Elle décida de rebrousser chemin jusqu’au campement, pour vérifier qu’Isabelle allait bien et éviter de se faire repérer. Puis une idée soudaine lui vint à l’esprit, alors qu’elle butait sur une pierre en repartant. Elle fronça les sourcils en la ramassant, puis retourna à son poste d’observation. Elle se plaça cette fois-ci un peu plus en hauteur et attendit de nouveau qu’un robot ne revienne de sa ronde.
Lorsque celui-ci s’immobilisa, elle lança le caillou entre les jambes du robot. Le caillou vola, le robot disparut et le caillou ne retomba jamais. Séphira Strife sourit en redescendant de son arbre, et en rentrant dans la jungle.
Lorsqu’elle atteignit son camp, son plan était prêt.
La main de la jeune femme se glissa sur le ventre du jeune garçon, qui gloussa. Nina aurait été contente, d’un certain coté, de savoir qu’elle avait eu raison pour l’épreuve de NightBeast : Trois jeunes femmes absolument délicieuses, toutes les trois connues du Trauméniens, se tenaient près de lui et l’enlaçaient, le caressaient, le tripotait ça et là. NightBeast était aux anges, sans mauvais jeu de mot.
« Laisse-toi aller, dit l’une d’entre-elle.
-Oui, poursuivit une autre. Oublie tes soucis, tes problèmes…
-…tes amis…
-…ta mission, tout ! Maintenant, tu es avec nous.
-Entre de bonnes mains. »
L’une d’entre elles, de mains, se glissa dans le pantalon du jeune homme qui finit par l’attraper au poignet en secouant la tête.
« Désolé, mais je pense que tu n’es pas mon type de femme. »
Il se dégagea d’un mouvement de rein des trois femmes qui, surprises, le regardèrent reculer en souriant. L’une d’elle se leva et s’avança vers le jeune homme, immédiatement suivie des deux autres.
« Écoutez les filles, j’ai une épreuve à réussir, alors je sais que je suis un modèle de beauté pour vous, mais bon… Retenez-vous, quoi !
-Il est à moi ! » lança la plus proche en se mettant à courir vers NightBeast. Pris au dépourvu, celui-ci ne pu qu’esquiver au dernier moment avant de se rendre compte que les deux autres femmes lui sautaient dessus à leur tour. Il se glissa entre elle sans savoir exactement comment il avait fait, et sans vouloir le savoir tant que sa fuite avait fonctionnée, puis il se retourna vers elle, qui reprenaient leurs mouvements de prédatrices.
Ou de femelles en chaleur, plutôt.
« Bon, vu que je suis irrésistible, on va faire un deal : je vous file mon numéro et on se voit après l’épreuve, hein ? »
Une des femmes grogna.
« C’est que je suis pressé, moi ! gémit le Trauménien au bord du désespoir.
-Nous avons tout notre temps, nous. » répondirent en chœur les trois femmes en se rapprochant de lui à toute vitesse. NightBeast eut juste le temps de prier pour que cette épreuve s’achève rapidement avant de disparaître sous l’assaut conjugué de ses adversaires.
La grosse chauve-souris qui battait des ailes pour s’échapper finit par abandonner et s’écroula ventre contre sol dans un cri lugubre. L’homme qui était sur la monstrueuse créature, qui devait bien mesurer une vingtaine de mètres d’envergure, sauta sur le crâne de sa victime et planta son bras tout entier dans l’œil fermé de la chauve-souris, à travers la paupière, et sans le moindre effort.
« Alors, alors, on essayait de faire la maligne ? »
La chauve-souris eut un soubresaut et battit des ailes, soulevant les longs cheveux rouges de l’homme ainsi que son manteau. Le corps de la bête commença à se soulever, mais l’homme la tenait par le nerf optique et, par un mouvement brusque du poignet, tira dessus et fit hurler la chose. Celle-ci couina et retomba au sol en faisant trembler les immeubles défraîchis tout autour. L’homme sourit de plus belle.
« Bon, est-ce que tu vas essayer de moins gigoter, au moins, maintenant ? »
Un couinement rauque, menaçant, lui répondit.
« Je suppose que c’est un non ? »
Il tira d’un coup sur l’œil de la créature qui sortit de l’orbite, entraînant avec elle le nerf optique et des litres de sang qui s’écoulèrent de la plaie. La créature tenta de se redresser, mais l’inconnu avait déjà reprit une prise sur le nez de sa proie. Il planta son regard meurtrier dans l’unique œil de la chauve-souris.
« J’ai a-do-ré le petit vol au dessus de votre ville de merde, tout à l’heure. Mais maintenant, il va falloir répondre à ma question et cesser de piailler à tout va, hmmm ? »
La créature ouvrit la bouche, et une voix éraillée lui répondit enfin :
« Je… Je ne sais pas…
-Tu ne sais pas quoi, reprit l’homme en caressant le nez humide de la chauve-souris. Tu ne sais pas où elle se trouve, ou bien tu ne sais pas si tu vas te montrer coopératif ? »
Sa main passa sur l’un des immenses naseaux du monstre, et caressa l’intérieur doucement, gentiment.
« Où se trouve Séphy-Roshou ? demanda pour la énième fois l’homme.
-Je ne sais pas ! Elle n’est ici, j’en suis sûre !
-Sûre ? Sûre et certaine ? »
La créature agita sa tête dans un oui paniqué, alors que la main de l’homme passait d’une narine à l’autre, hésitante sur laquelle choisir.
« Bon, très bien. »
Il relâcha sa prise et s’éloigna. La chauve-souris se redressa et tituba, alors que l’homme se reculait un peu. Il se passa une main dans les cheveux tout en soupirant. Elle n’est pas ici non plus, alors, pensa-t-il. Où est-ce que je vais pouvoir aller la chercher, maintenant ? Il leva les yeux sur la créature qui commençait à battre des ailes pour fuir son terrible bourreau.
« Tu n’est qu’un immonde individu ! siffla la créature en prenant de l’altitude. J’espère ne plus jamais avoir à te revoir !
-Sauf s’il existe un au-delà pour ceux que j’ai tué, alors tu n’aurais pas ce plaisir. »
L’homme disparu et la chauve-souris ne vit que trop tard le sourire ignoble qu’il arborait lorsqu’il lança son pied dans son globe oculaire restant, l’aveuglant complètement. Elle battit des ailes frénétiquement pour s’éloigner de l’homme, dont elle percevait encore la présence grâce à ses ultrasons, mais la douleur dans son crâne la fit percuter un immeuble. La créature s’écroula, à moitié assommée, et des débris de plâtre lui tombèrent dessus.
L’homme s’avança calmement vers elle et croisa les bras en secouant la tête. Puis il leva sa main et dit la dernière phrase qu’entendit la chauve-souris avant de basculer dans les ténèbres les plus complètes :
« De toute façon, j’aime pas l’au-delà des suicidés. »
IL fracassa le crâne de la chauve-souris du plat de la main et s’en retourna vers la porte qui l’avait mené ici. Les recherches étaient loin d’être terminées.
Nina regarda la pelote de laine qui traversa son champ de vision en roulant, laissant derrière elle un fil de laine rouge et épais, et surtout tellement attirant pour la jeune femme. Ses instincts de chat, tellement pratique en d’autres situations, se révélaient ici un véritable supplice alors qu’elle devait gérer cette nouvelle épreuve seule.
Seule, oui, séparée des autres Trauméniens dès le début de la sixième épreuve qui leur était présentée. Nina se rappelait parfaitement les paroles d’Arès qui leur avait présenté Tantale, condamné à la faim éternelle, à ne jamais pouvoir boire l’eau du ruisseau qui pénétrait dans la terre lorsqu’il avançait les lèvres, et à voir les fruits poussés par le vent dès qu’il approchait la main pour les attraper.
« Votre prochaine épreuve, avait dit le Dieu, consiste à résister à vos faiblesse. Vous serez chacun seuls face à vos défauts, et vous devrez les combattre. Si vous parvenez à résister jusqu’au lever du soleil, l’épreuve sera réussie. »
Une nouvelle pelote de laine – ou était-ce la même peut-être ? – passa devant ses yeux, et elle réprima un frisson d’angoisse à l’idée de ne pas sauter dessus. Elle ferma les yeux et essaya de penser aux autres Trauméniens qui devaient, eux aussi, combattre leurs propres faiblesses.
« Je me demande ce que c’est, dit-elle à voix haute. Bon, pour NightBeast, ça va être des femmes, mais pour Aran et Wee, je ne sais pas trop. »
Un bouchon, maintenu par une fine ficelle, apparu en se gigotant devant ses yeux. Par réflexe, elle lança sa main toute griffe dehors pour envoyer valser le bouchon (et pour qu’il revienne, et pour qu’elle le renvoie, et qu’il revienne à toute vitesse et tourne tourne et encore encore tourne bouchon ficelle) puis se ravisa au dernier moment.
Elle recula lentement, tentant de maîtriser son cœur qui battait la chamade, puis se retourna et rentra en collision avec quelque chose. Quelque chose qui était en réalité quelqu’un : Nina étouffa un cri de surprise lorsqu’elle vit Aran s’avancer vers elle.
« L’épreuve est terminée… » dit Aran en ouvrant les bras. Trop heureuse, Nina se jeta sur lui et se lova confortablement contre son torse. La main d’Aran lui passa dans ses cheveux, alors qu’il lui murmurait :
« Nous avons réussis…
-Pourtant, dit-elle finalement, le soleil ne s’est pas encore levé ?
-Quelle importance ? »
Nina leva les yeux sur son compagnon, puis se dégagea lentement de ses bras avant de dire d’une voix calme mais sévère :
« Tu n’es pas Aran. »
Le faux Aran Valentine sourit alors, et écarta de nouveau les bras. Ses mains s’ouvrirent et des bouchons chutèrent de sa paume, rattachés à chacun de ses doigts par une ficelle. Des pelotes de laines partirent en étoile de ses pieds, et il dit d’un ton chargé de menaces :
« Quelle importance ? »
Et Nina se mit à espérer que cette épreuve s’achève bien vite.
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« Incroyable… »
L’immense robot était apparu devant Séphira Strife comme par magie. L’instant d’avant, il n’y avait que cette immense porte avec un gros C de peint dessus, et l’instant d’après, le colosse était là et entamait sa ronde funèbre. Si cette apparition aurait rendu muet d’étonnement n’importe qui, la Trauménienne, elle, resta de marbre. Ou plutôt non, elle osa même s’énerver :
« Maudit bâtard de colosse de marde ! » grogna-t-elle en se mettant un peu plus à couvert. Elle laissa passer le robot géant qui s’enfonça rapidement dans la jungle environnante, et guetta à nouveau. Durant les jours et les nuits qu’elle avait passée éveillée à inspecter les allers et venues des immenses automates, elle avait noté que ceux-ci n’étaient jamais plus de six, et qu’ils entraient et sortaient assez régulièrement de la tour.
Elle patienta donc quelques minutes et, comme prévu, un autre robot arriva et se plaça au même endroit. Séphira Strife s’approcha au maximum pour pouvoir observer le mieux possible la façon dont le robot allait s’en aller, mais elle fut une nouvelle fois déçue lorsque celui-ci se volatilisa devant la porte géante.
« C’est pas vrai… » soupira-t-elle.
Elle jeta un œil sur la tour pour vérifier qu’aucune caméra de sécurité ne pouvait l’épier, et s’approcha de l’édifice. Elle regarda les traces qu’avait laissé le dernier robot qui venait de disparaître, mais ne réussit pas à dénicher une quelconque trappe ou passage vers l’intérieur de la tour, voir même jusqu’à un ‘ailleurs’. Elle passa sa main sur le mur lisse sans avoir plus de chances, et finit par retourner dans les fourrées.
Un nouveau robot apparu et partit dans une autre direction. Elle décida de rebrousser chemin jusqu’au campement, pour vérifier qu’Isabelle allait bien et éviter de se faire repérer. Puis une idée soudaine lui vint à l’esprit, alors qu’elle butait sur une pierre en repartant. Elle fronça les sourcils en la ramassant, puis retourna à son poste d’observation. Elle se plaça cette fois-ci un peu plus en hauteur et attendit de nouveau qu’un robot ne revienne de sa ronde.
Lorsque celui-ci s’immobilisa, elle lança le caillou entre les jambes du robot. Le caillou vola, le robot disparut et le caillou ne retomba jamais. Séphira Strife sourit en redescendant de son arbre, et en rentrant dans la jungle.
Lorsqu’elle atteignit son camp, son plan était prêt.
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La main de la jeune femme se glissa sur le ventre du jeune garçon, qui gloussa. Nina aurait été contente, d’un certain coté, de savoir qu’elle avait eu raison pour l’épreuve de NightBeast : Trois jeunes femmes absolument délicieuses, toutes les trois connues du Trauméniens, se tenaient près de lui et l’enlaçaient, le caressaient, le tripotait ça et là. NightBeast était aux anges, sans mauvais jeu de mot.
« Laisse-toi aller, dit l’une d’entre-elle.
-Oui, poursuivit une autre. Oublie tes soucis, tes problèmes…
-…tes amis…
-…ta mission, tout ! Maintenant, tu es avec nous.
-Entre de bonnes mains. »
L’une d’entre elles, de mains, se glissa dans le pantalon du jeune homme qui finit par l’attraper au poignet en secouant la tête.
« Désolé, mais je pense que tu n’es pas mon type de femme. »
Il se dégagea d’un mouvement de rein des trois femmes qui, surprises, le regardèrent reculer en souriant. L’une d’elle se leva et s’avança vers le jeune homme, immédiatement suivie des deux autres.
« Écoutez les filles, j’ai une épreuve à réussir, alors je sais que je suis un modèle de beauté pour vous, mais bon… Retenez-vous, quoi !
-Il est à moi ! » lança la plus proche en se mettant à courir vers NightBeast. Pris au dépourvu, celui-ci ne pu qu’esquiver au dernier moment avant de se rendre compte que les deux autres femmes lui sautaient dessus à leur tour. Il se glissa entre elle sans savoir exactement comment il avait fait, et sans vouloir le savoir tant que sa fuite avait fonctionnée, puis il se retourna vers elle, qui reprenaient leurs mouvements de prédatrices.
Ou de femelles en chaleur, plutôt.
« Bon, vu que je suis irrésistible, on va faire un deal : je vous file mon numéro et on se voit après l’épreuve, hein ? »
Une des femmes grogna.
« C’est que je suis pressé, moi ! gémit le Trauménien au bord du désespoir.
-Nous avons tout notre temps, nous. » répondirent en chœur les trois femmes en se rapprochant de lui à toute vitesse. NightBeast eut juste le temps de prier pour que cette épreuve s’achève rapidement avant de disparaître sous l’assaut conjugué de ses adversaires.
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La grosse chauve-souris qui battait des ailes pour s’échapper finit par abandonner et s’écroula ventre contre sol dans un cri lugubre. L’homme qui était sur la monstrueuse créature, qui devait bien mesurer une vingtaine de mètres d’envergure, sauta sur le crâne de sa victime et planta son bras tout entier dans l’œil fermé de la chauve-souris, à travers la paupière, et sans le moindre effort.
« Alors, alors, on essayait de faire la maligne ? »
La chauve-souris eut un soubresaut et battit des ailes, soulevant les longs cheveux rouges de l’homme ainsi que son manteau. Le corps de la bête commença à se soulever, mais l’homme la tenait par le nerf optique et, par un mouvement brusque du poignet, tira dessus et fit hurler la chose. Celle-ci couina et retomba au sol en faisant trembler les immeubles défraîchis tout autour. L’homme sourit de plus belle.
« Bon, est-ce que tu vas essayer de moins gigoter, au moins, maintenant ? »
Un couinement rauque, menaçant, lui répondit.
« Je suppose que c’est un non ? »
Il tira d’un coup sur l’œil de la créature qui sortit de l’orbite, entraînant avec elle le nerf optique et des litres de sang qui s’écoulèrent de la plaie. La créature tenta de se redresser, mais l’inconnu avait déjà reprit une prise sur le nez de sa proie. Il planta son regard meurtrier dans l’unique œil de la chauve-souris.
« J’ai a-do-ré le petit vol au dessus de votre ville de merde, tout à l’heure. Mais maintenant, il va falloir répondre à ma question et cesser de piailler à tout va, hmmm ? »
La créature ouvrit la bouche, et une voix éraillée lui répondit enfin :
« Je… Je ne sais pas…
-Tu ne sais pas quoi, reprit l’homme en caressant le nez humide de la chauve-souris. Tu ne sais pas où elle se trouve, ou bien tu ne sais pas si tu vas te montrer coopératif ? »
Sa main passa sur l’un des immenses naseaux du monstre, et caressa l’intérieur doucement, gentiment.
« Où se trouve Séphy-Roshou ? demanda pour la énième fois l’homme.
-Je ne sais pas ! Elle n’est ici, j’en suis sûre !
-Sûre ? Sûre et certaine ? »
La créature agita sa tête dans un oui paniqué, alors que la main de l’homme passait d’une narine à l’autre, hésitante sur laquelle choisir.
« Bon, très bien. »
Il relâcha sa prise et s’éloigna. La chauve-souris se redressa et tituba, alors que l’homme se reculait un peu. Il se passa une main dans les cheveux tout en soupirant. Elle n’est pas ici non plus, alors, pensa-t-il. Où est-ce que je vais pouvoir aller la chercher, maintenant ? Il leva les yeux sur la créature qui commençait à battre des ailes pour fuir son terrible bourreau.
« Tu n’est qu’un immonde individu ! siffla la créature en prenant de l’altitude. J’espère ne plus jamais avoir à te revoir !
-Sauf s’il existe un au-delà pour ceux que j’ai tué, alors tu n’aurais pas ce plaisir. »
L’homme disparu et la chauve-souris ne vit que trop tard le sourire ignoble qu’il arborait lorsqu’il lança son pied dans son globe oculaire restant, l’aveuglant complètement. Elle battit des ailes frénétiquement pour s’éloigner de l’homme, dont elle percevait encore la présence grâce à ses ultrasons, mais la douleur dans son crâne la fit percuter un immeuble. La créature s’écroula, à moitié assommée, et des débris de plâtre lui tombèrent dessus.
L’homme s’avança calmement vers elle et croisa les bras en secouant la tête. Puis il leva sa main et dit la dernière phrase qu’entendit la chauve-souris avant de basculer dans les ténèbres les plus complètes :
« De toute façon, j’aime pas l’au-delà des suicidés. »
IL fracassa le crâne de la chauve-souris du plat de la main et s’en retourna vers la porte qui l’avait mené ici. Les recherches étaient loin d’être terminées.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
Devant le trou béant qui s’offrait à ses yeux, Wee-Ree-Cat se tenait, debout, résistant à l’attirance qui le poussait à se tenir face à son hésitation. Son regard tentait de rester sur le bord du gouffre, mais il ne cessait de revenir au fond du précipice sui se tenait devant lui. Et au fond de cette gueule béante prête à le happer se trouvait une flaque. Et au fond de cette flaque des reflétait un monde.
La Terre.
Personne n’avait dit à Wee-Ree-Cat qu’il s’agissait le la Terre, du monde des vivants, de son monde. Personne ne lui avait expliqué qu’en sautant dans cette petite mare il repasserait de l’autre coté de la mort et se retrouverait comme avant son départ avec les autres : Vivant et surtout bien plus insouciant qu’actuellement.
Et pourtant, même s’il n’était pas censé le savoir, il savait tout ça.
« Ah, je déteste ce genre de truc. »
Il s’assit et posa sa tête sur sa main. Son autre main tapotait en rythme sur sa cuisse, et le Trauménien se demandait ce qu’il devait faire. Le chois était à la fois simple et impliquait pourtant tellement de choses, tellement de gens… Il se voyait pourtant déjà sautant dans l’eau, retrouvant son enveloppe charnelle originelle, retrouvant sa vie d’avant, sans tout ce micmac paranormal auquel il ne croyait qu’à moitié.
Mais d’un autre coté, il y avait Aran, Nina et l’autre truffe de NightBeast qui, eux, réussiraient certainement l’épreuve. Et même s’il ne se souciaient pas vraiment de toute cette histoire de sauvetage et de missions, il s’en serait voulu si les autres avaient dû rester ici pour l’éternité par sa faute.
L’éternité, ça peut être long, parfois.
Il prit un petit caillou qu’il lança dans la mare. Le caillou plongea et fit onduler la surface de l’eau avant de disparaître. Bien évidemment, il ne vit pas ce minuscule bout de roche foncer vers la Terre et se dissoudre dans l’atmosphère, mais comme tout le reste concernant cet étrange endroit : Il savait que c’était ce qui était arrivé à la pierre.
« Il faut que je m’éloigne d’ici. »
Wee-Ree-Cat se leva et tourna le dos à la porte de sortie. Après quelques secondes d’hésitation, il se mit à marcher droit devant lui, poings serrés, et essayant de penser à autre chose que sa vie en tant qu’être vivant, à ses anciens problèmes et à son envie irrépressible de faire demi-tour et de sauter à pieds joints dans la mare.
« Je ne dois pas penser à ça, je dois penser aux autres, je ne peux pas agir en égoïste même si j’en ai envie, je ne peux pas, je ne… »
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se rendit compte qu’il avait inconsciemment fait demi-tour, que son pied se levait au dessus de la mare et qu’il penchait inexorablement vers la Terre.
Et il hurla.
Les pleurs de Youfie avaient fini par se tarir d’eux-mêmes, alors que le groupe tentait désespérément de trouer un moyen de sortir d’ici. K-Ro avait délaissé la lime/Kefka pour un tenter de le faire passer entre les barreaux, Haschatan tentait lui aussi de se faufiler entre les espaces malheureusement trop courts, Erwan frappait la serrure avec son arme pour le moment sans grands résultats, Squall s’occupait de Youfie tout en réfléchissant, Mr.Magnum restait dans son coin à ruminer une manière de s’enfuir et Fury se tenait la tête, comme d’habitude en proie à de violentes migraines.
La voix dans son crâne se faisait de plus en plus forte depuis qu’ils se retrouvaient enfermés dans cette cellule. Et plus le temps passait, plus elle devenait insistante, répétant sans arrêt les mêmes mots, les mêmes phrases :
Séphy-Roshou est morte, tu es mort, elle est perdue, tu es perdu, tout est perdu, vous êtes perdus, Traumen n’existe plus, vous êtes tous morts, vous n’existez plus, vous ne pouvez plus rien faire, vous ne pouvez plus rien voir, vous ne pouvez plus comprendre, tu ne peux plus comprendre, tu ne peux plus rien faire, tu ne peux plus rien voir, tu ne peux plus la voir, tu ne peux plus la sauver, tu ne peux pas la sauver, tu n’as jamais pu la sauver, c’est de ta faute, ta faute, elle est morte, et c’est de ta faute…
Les paroles de ce lutin s’emmêlaient dans sa tête, et il venait à se demander, dans les périodes les plus creuses de ses crises, s’il n’allait pas tout simplement devenir fou. Fury se passa une main dans les cheveux, essuyant la sueur qui dégouttait de son front brûlant sans arrêt, et se frotta les temps dans l’espoir vain de faire disparaître, ou au moins d’amenuiser quelque peu, la douleur qui lui vrillait le cerveau.
« N’y a-t-il donc aucun moyen de sortir d’ici ? soupira Erwan, exténué. Vous vous rendez compte ? La Shinra Corp, le chez-nous de notre communauté, existe, et nous en sommes les prisonniers !
-Calme-toi, Erwan, dit Mr.Magnum. Ça ne sert à rien de…
-Oh pardon, votre majesté Magnum premier du nom. J’avais oublié que vous étiez-là à ressasser vos pensées depuis des lustres sans agir ! Excusez-moi d’essayer de nous sortir d’ici sans passer trois plombes à réfléchir !!
-Erwan, commença Squall en se levant.
-Non, c’est lui qui nous a tous embarqué là-dedans, je vous le rappelle ! s’emporta le jeune homme. C’est à cause de lui que nous sommes tous là, dans cette cellule moisie, à attendre que notre supplice prenne fin ! Mais que je suis bête ! Il ne prendra jamais fin vu que NOUS SOMMES DÉJÀ MORTS !! »
Erwan se jeta sur les barreaux et les frappa avec ses poings. Haschatan et Squall lui attrapèrent les bras, alors qu’il se débattait pour échapper à leur emprise et les insultait de tous les noms. K-Ro et Kefka reculèrent dans le fond de la cellule.
« Mais lâchez-moi ! Au lieu d’utiliser votre force pour me retenir, vous feriez mieux d’essayer de sortir vous aussi !
-On n’y arrivera pas comme ça, Erwan.
-Parce que tu as une meilleur idée, modérateur ? »
Squall détourna les yeux. Erwan se calma, et se dégagea de ses deux surveillants en grognant, avant de se coller le visage contre les barreaux froids. En lui, la tourmente grondait encore, mais une part de son esprit lui demandait pourquoi il avait agit comme ça envers ses compagnons qui étaient, en fin de compte, dans la même situation de lui. Après quelques minutes de silence gêné, Erwan dit d’une voix basse :
« Je ne sais pas ce qu’il m’a prit… Pardonnez-moi… »
Haschatan lui posa une main sur l’épaule, compatissant, et reprit ses tentatives pour se sortir d’ici. Youfie, même si elle était la dernière arrivée, ne voulait pas se sentir exclue et alla voir Squall.
« Ça va, demanda-t-elle.
-Ouais. Non, en fait, pas trop. Je ne sais pas, il… Erwan a peut-être raison, en fin de compte. On est coincé ici, et nous ne faisons rien d’autre qu’attendre, alors que Lord FireFly et ses complices, s’il en a, sont peut-être entrain de capturer d’autres Trauméniens pour les mener ici…
-Je pense qu’il a d’autres complices. » dit Youfie.
Les yeux des six autres Trauméniens se tournèrent vers elle en même temps, même si avec un ralenti approprié nous aurions pu découvrir que Fury fut le premier à se tourner vers elle et Mr.Magnum le dernier, étant donné qu’il ne daigna même pas leva les yeux.
« Comment ça ?
-Il a évoqué un… supérieur, durant mon enlèvement. Quelqu’un qu’il tenait en respect, apparemment. Et puis, d’un événement qui s’était passé chez DragonNoir, mais après mon départ, et comme lui était la plupart du temps avec moi, j’imagine que ce n’était pas de son seul fait. Donc qu’il n’agit pas seul. »
Elle hésita à leur donner la suite et fin de son raisonnement, puis haussa les épaules et décida de poursuivre jusqu’au bout :
« Je pense même qu’il a bien plus de complices que nous le pouvons le penser.
-Comment ça ? demanda Erwan en s’approchant.
-Je pense qu’il y a des traîtres au sein même des Trauméniens. »
Au même instant, Fury se mit à hurler en se tordant de douleur.
La faux virevolta une nouvelle fois dans les airs et se planta dans le sol. Puis se fut au tour d’Aran de virevolter et d’atterrir près de son arme dans un grognement sourd. Il rouvrit un œil, juste à temps pour voir un pied se diriger droit vers lui, et roula sur le coté pour l’éviter. La jeune femme se réceptionna sans trop de mal et bifurqua vers Aran, mais celui-ci était déjà debout. Seul hic : Son arme était maintenant derrière son adversaire, hors de portée.
« Pas mal, pas mal, dit la jeune femme aux cheveux violets. Tu te défends bien, je trouve, pour un homme.
-Tu te défends pas mal non plus, pour une création de mon esprit. »
Lady Oméga éclata de rire, un rire aigu et méprisant dont son inventeur faisait les frais pour la première fois. Aran lui sourit, mâchoire crispée, puis fonça droit sur elle. Oméga évita les coups avec facilité, esquivant sans néanmoins céder du terrain. Le Trauménien sauta sur le coté, feintant sur la gauche, mais Lady Oméga ne fut pas dupe et le stoppa en plein saut d’un coup de genoux dans le ventre.
« Ho ho ho ho, tu ne pensais pas m’avoir avec une ruse aussi minable, si ?
-Si. »
Aran attrapa la cheville d’Oméga et banda ses muscles en la tirant au sol. La jeune femme s’écroula dans un cri alors qu’Aran se relevait déjà et récupérait son arme. Lady Oméga pesta en se retournant mais s’arrêta net lorsque la lame de la faux vint lui chatouiller la gorge. Elle planta son regard vairon dans celui, bleu, de son créateur :
« Tu vas me tuer, Aran Valentine ? »
Le Trauménien fronça les sourcils, puis lui répondit calmement :
« Ouaip. »
La lame de la faux virevolta tout comme le corps d’Aran, qui se rétablit, dos à Lady Oméga. Le regard de la jeune femme s’embua et un collier de sang se forma autour de sa gorge, avant que sa tête ne retombe, inerte, sur le sol. Aran, sans se retourner, examina les alentours qui étaient aussi vides que l’esprit d’une huître amorphe, puis se mit à avancer. Tout à bien un début et une fin, alors il finira bien par atterrir quelque part. Il repense aux dernières paroles de Lady Oméga, la création de son esprit, qui semblait avoir douté jusqu’à la fin de sa capacité à la tuer.
« Elle croyait peut-être que j’allais avoir pitié ? ricana Aran en accélérant la cadence. Ce n’est pas après avoir passé tant d’épreuves que je vais céder. Rien ne me fera reculer.
-Aran ! »
Le Trauménien se retourna et vit Nina courir vers lui, manifestement heureuse de le retrouver. Une sensation de soulagement l’envahi alors qu’il s’avança vers elle. Elle lui sauta au cou et ils s’enlacèrent rapidement. Aran la reposa à terre et lui sourit. À deux, réussir cette épreuve allait être plus facile.
« On y va ? » dit-il à la jeune femme.
À deux, plus rien ne les fera reculer.
« Oh oui. » répondit Nina en sortant une petite dague dans son dos.
« Voilà, tout est fermé. » dit Angie.
Viper Dragoon se jeta par terre en criant comme si on lui ôtait ses testicules – ou bien qu’on les lui découpait en tranches, au choix – alors que DragonNoir hochait la tête silencieusement, respectant la décision de l’administratrice. Et en fin de compte, il n’était pas triste de cette fermeture, car il savait maintenant, grâce à Arkh et aux autres Trauméniens qui étaient toujours là, avec lui, que Traumen existerait toujours tant que l’un d’eux y croirait. Il sourit à cette pensée digne d’un manga bas de gamme, puis en revint à Angie.
« Ok. Vous avez pu aller jusqu’à mon appartement ?
-Oui, mais…
-Il y a des policiers partout, dit Laekh. Ils sont postés devant ton immeuble et il y a des rondes un peu partout dans le quartier. Mais je ne pense pas qu’ils possèdent notre signalement, les deux qui sont entrés dans l’appartement n’ont pas dû pouvoir nous voir…
-Ou alors ils sont morts. » trancha Q-Po, qui devint le centre d’attraction de tous les yeux qui avaient entendu sa phrase. Il sourit faiblement et ajouta : «Eh, c’était une simple blague, bande de rabat-joie !
-Comment peux-tu être si sûr qu’ils ne savent pas à quoi nous ressemblons ?
-Parce que nous sommes revenus sans aucun problème, répondit simplement Laekh. Et sans nous faire suivre, je peux te l’assurer.
-Bon. »
Il toussota, détestant plus que tout prendre la parole face à l’oratoire conséquent – bien que paradoxalement de plus en plus restreint – qui se tenait à son écoute, et dit d’une voix qui lui semblait forte :
« Dans quelques minutes, nous atteindrons enfin notre point de chute, l’Abri de Denfer, où nous pourrons cesser notre fuite dans les catacombes. Nous nous installerons dans cette salle jusqu’à ce que nous puissions récupérer nos quartiers dans mon appartement.
-Et si nous ne pouvons pas ? demanda Halvorc.
-Alors nous resterons ici jusqu’à ce que nous ayons réussis à récupérer Séphy-Roshou.
-Et si nous ne la récupérons pas ? » demanda à nouveau Halvorc.
DragonNoir regarda Halvorc avec humeur, avant d’ajouter avec une assurance communicative :
« Nous la retrouverons, Hal, et tu es le seul à en douter. »
Halvorc se tut et DragonNoir put reprendre ses explications :
« Une fois installé ici, nous serons, je l’espère, à l’abri de la police et de Mistrophera, du moins pour un temps. Nous avons prévu d’autres cachettes dans l’éventualité où celle-ci serait découverte, mais nous n’en parlerons que si le besoin s’en fait sentir. En revanche, pour ce qui est du besoin, j’aurais besoin de volontaires… »
Le Ionisateur Fou s’élança.
« …pour récupérer les congélateurs qui doivent se trouver encore dans mon appartement. »
Le Ionisateur Fou reprit sa place, déçu.
« Je téléphonerai à mon père sous peu et lui demanderait si ceux-ci se trouvent toujours chez nous, et il nous faudra les récupérer rapidement. Mon appartement est surveillé, et nous tenterons d’agir pendant la nuit.
-Et comment allons-nous faire pour soulever ces congélateurs ? questionna Pythagore. Si nous nous déplaçons tous en groupe, nous allons nous faire repérer…
-C’est pourquoi nous n’irons qu’à trois ou quatre, maximum.
-Mais ça va nous prendre un temps fou ! »
DragonNoir regarda Arkh et Q-Po, qui hochèrent la tête au même instant.
« Pas si nous trois, nous parvenons à entrer chez moi. » dit-il avec un sourire.
La Terre.
Personne n’avait dit à Wee-Ree-Cat qu’il s’agissait le la Terre, du monde des vivants, de son monde. Personne ne lui avait expliqué qu’en sautant dans cette petite mare il repasserait de l’autre coté de la mort et se retrouverait comme avant son départ avec les autres : Vivant et surtout bien plus insouciant qu’actuellement.
Et pourtant, même s’il n’était pas censé le savoir, il savait tout ça.
« Ah, je déteste ce genre de truc. »
Il s’assit et posa sa tête sur sa main. Son autre main tapotait en rythme sur sa cuisse, et le Trauménien se demandait ce qu’il devait faire. Le chois était à la fois simple et impliquait pourtant tellement de choses, tellement de gens… Il se voyait pourtant déjà sautant dans l’eau, retrouvant son enveloppe charnelle originelle, retrouvant sa vie d’avant, sans tout ce micmac paranormal auquel il ne croyait qu’à moitié.
Mais d’un autre coté, il y avait Aran, Nina et l’autre truffe de NightBeast qui, eux, réussiraient certainement l’épreuve. Et même s’il ne se souciaient pas vraiment de toute cette histoire de sauvetage et de missions, il s’en serait voulu si les autres avaient dû rester ici pour l’éternité par sa faute.
L’éternité, ça peut être long, parfois.
Il prit un petit caillou qu’il lança dans la mare. Le caillou plongea et fit onduler la surface de l’eau avant de disparaître. Bien évidemment, il ne vit pas ce minuscule bout de roche foncer vers la Terre et se dissoudre dans l’atmosphère, mais comme tout le reste concernant cet étrange endroit : Il savait que c’était ce qui était arrivé à la pierre.
« Il faut que je m’éloigne d’ici. »
Wee-Ree-Cat se leva et tourna le dos à la porte de sortie. Après quelques secondes d’hésitation, il se mit à marcher droit devant lui, poings serrés, et essayant de penser à autre chose que sa vie en tant qu’être vivant, à ses anciens problèmes et à son envie irrépressible de faire demi-tour et de sauter à pieds joints dans la mare.
« Je ne dois pas penser à ça, je dois penser aux autres, je ne peux pas agir en égoïste même si j’en ai envie, je ne peux pas, je ne… »
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se rendit compte qu’il avait inconsciemment fait demi-tour, que son pied se levait au dessus de la mare et qu’il penchait inexorablement vers la Terre.
Et il hurla.
*
* *
* *
Les pleurs de Youfie avaient fini par se tarir d’eux-mêmes, alors que le groupe tentait désespérément de trouer un moyen de sortir d’ici. K-Ro avait délaissé la lime/Kefka pour un tenter de le faire passer entre les barreaux, Haschatan tentait lui aussi de se faufiler entre les espaces malheureusement trop courts, Erwan frappait la serrure avec son arme pour le moment sans grands résultats, Squall s’occupait de Youfie tout en réfléchissant, Mr.Magnum restait dans son coin à ruminer une manière de s’enfuir et Fury se tenait la tête, comme d’habitude en proie à de violentes migraines.
La voix dans son crâne se faisait de plus en plus forte depuis qu’ils se retrouvaient enfermés dans cette cellule. Et plus le temps passait, plus elle devenait insistante, répétant sans arrêt les mêmes mots, les mêmes phrases :
Séphy-Roshou est morte, tu es mort, elle est perdue, tu es perdu, tout est perdu, vous êtes perdus, Traumen n’existe plus, vous êtes tous morts, vous n’existez plus, vous ne pouvez plus rien faire, vous ne pouvez plus rien voir, vous ne pouvez plus comprendre, tu ne peux plus comprendre, tu ne peux plus rien faire, tu ne peux plus rien voir, tu ne peux plus la voir, tu ne peux plus la sauver, tu ne peux pas la sauver, tu n’as jamais pu la sauver, c’est de ta faute, ta faute, elle est morte, et c’est de ta faute…
Les paroles de ce lutin s’emmêlaient dans sa tête, et il venait à se demander, dans les périodes les plus creuses de ses crises, s’il n’allait pas tout simplement devenir fou. Fury se passa une main dans les cheveux, essuyant la sueur qui dégouttait de son front brûlant sans arrêt, et se frotta les temps dans l’espoir vain de faire disparaître, ou au moins d’amenuiser quelque peu, la douleur qui lui vrillait le cerveau.
« N’y a-t-il donc aucun moyen de sortir d’ici ? soupira Erwan, exténué. Vous vous rendez compte ? La Shinra Corp, le chez-nous de notre communauté, existe, et nous en sommes les prisonniers !
-Calme-toi, Erwan, dit Mr.Magnum. Ça ne sert à rien de…
-Oh pardon, votre majesté Magnum premier du nom. J’avais oublié que vous étiez-là à ressasser vos pensées depuis des lustres sans agir ! Excusez-moi d’essayer de nous sortir d’ici sans passer trois plombes à réfléchir !!
-Erwan, commença Squall en se levant.
-Non, c’est lui qui nous a tous embarqué là-dedans, je vous le rappelle ! s’emporta le jeune homme. C’est à cause de lui que nous sommes tous là, dans cette cellule moisie, à attendre que notre supplice prenne fin ! Mais que je suis bête ! Il ne prendra jamais fin vu que NOUS SOMMES DÉJÀ MORTS !! »
Erwan se jeta sur les barreaux et les frappa avec ses poings. Haschatan et Squall lui attrapèrent les bras, alors qu’il se débattait pour échapper à leur emprise et les insultait de tous les noms. K-Ro et Kefka reculèrent dans le fond de la cellule.
« Mais lâchez-moi ! Au lieu d’utiliser votre force pour me retenir, vous feriez mieux d’essayer de sortir vous aussi !
-On n’y arrivera pas comme ça, Erwan.
-Parce que tu as une meilleur idée, modérateur ? »
Squall détourna les yeux. Erwan se calma, et se dégagea de ses deux surveillants en grognant, avant de se coller le visage contre les barreaux froids. En lui, la tourmente grondait encore, mais une part de son esprit lui demandait pourquoi il avait agit comme ça envers ses compagnons qui étaient, en fin de compte, dans la même situation de lui. Après quelques minutes de silence gêné, Erwan dit d’une voix basse :
« Je ne sais pas ce qu’il m’a prit… Pardonnez-moi… »
Haschatan lui posa une main sur l’épaule, compatissant, et reprit ses tentatives pour se sortir d’ici. Youfie, même si elle était la dernière arrivée, ne voulait pas se sentir exclue et alla voir Squall.
« Ça va, demanda-t-elle.
-Ouais. Non, en fait, pas trop. Je ne sais pas, il… Erwan a peut-être raison, en fin de compte. On est coincé ici, et nous ne faisons rien d’autre qu’attendre, alors que Lord FireFly et ses complices, s’il en a, sont peut-être entrain de capturer d’autres Trauméniens pour les mener ici…
-Je pense qu’il a d’autres complices. » dit Youfie.
Les yeux des six autres Trauméniens se tournèrent vers elle en même temps, même si avec un ralenti approprié nous aurions pu découvrir que Fury fut le premier à se tourner vers elle et Mr.Magnum le dernier, étant donné qu’il ne daigna même pas leva les yeux.
« Comment ça ?
-Il a évoqué un… supérieur, durant mon enlèvement. Quelqu’un qu’il tenait en respect, apparemment. Et puis, d’un événement qui s’était passé chez DragonNoir, mais après mon départ, et comme lui était la plupart du temps avec moi, j’imagine que ce n’était pas de son seul fait. Donc qu’il n’agit pas seul. »
Elle hésita à leur donner la suite et fin de son raisonnement, puis haussa les épaules et décida de poursuivre jusqu’au bout :
« Je pense même qu’il a bien plus de complices que nous le pouvons le penser.
-Comment ça ? demanda Erwan en s’approchant.
-Je pense qu’il y a des traîtres au sein même des Trauméniens. »
Au même instant, Fury se mit à hurler en se tordant de douleur.
*
* *
* *
La faux virevolta une nouvelle fois dans les airs et se planta dans le sol. Puis se fut au tour d’Aran de virevolter et d’atterrir près de son arme dans un grognement sourd. Il rouvrit un œil, juste à temps pour voir un pied se diriger droit vers lui, et roula sur le coté pour l’éviter. La jeune femme se réceptionna sans trop de mal et bifurqua vers Aran, mais celui-ci était déjà debout. Seul hic : Son arme était maintenant derrière son adversaire, hors de portée.
« Pas mal, pas mal, dit la jeune femme aux cheveux violets. Tu te défends bien, je trouve, pour un homme.
-Tu te défends pas mal non plus, pour une création de mon esprit. »
Lady Oméga éclata de rire, un rire aigu et méprisant dont son inventeur faisait les frais pour la première fois. Aran lui sourit, mâchoire crispée, puis fonça droit sur elle. Oméga évita les coups avec facilité, esquivant sans néanmoins céder du terrain. Le Trauménien sauta sur le coté, feintant sur la gauche, mais Lady Oméga ne fut pas dupe et le stoppa en plein saut d’un coup de genoux dans le ventre.
« Ho ho ho ho, tu ne pensais pas m’avoir avec une ruse aussi minable, si ?
-Si. »
Aran attrapa la cheville d’Oméga et banda ses muscles en la tirant au sol. La jeune femme s’écroula dans un cri alors qu’Aran se relevait déjà et récupérait son arme. Lady Oméga pesta en se retournant mais s’arrêta net lorsque la lame de la faux vint lui chatouiller la gorge. Elle planta son regard vairon dans celui, bleu, de son créateur :
« Tu vas me tuer, Aran Valentine ? »
Le Trauménien fronça les sourcils, puis lui répondit calmement :
« Ouaip. »
La lame de la faux virevolta tout comme le corps d’Aran, qui se rétablit, dos à Lady Oméga. Le regard de la jeune femme s’embua et un collier de sang se forma autour de sa gorge, avant que sa tête ne retombe, inerte, sur le sol. Aran, sans se retourner, examina les alentours qui étaient aussi vides que l’esprit d’une huître amorphe, puis se mit à avancer. Tout à bien un début et une fin, alors il finira bien par atterrir quelque part. Il repense aux dernières paroles de Lady Oméga, la création de son esprit, qui semblait avoir douté jusqu’à la fin de sa capacité à la tuer.
« Elle croyait peut-être que j’allais avoir pitié ? ricana Aran en accélérant la cadence. Ce n’est pas après avoir passé tant d’épreuves que je vais céder. Rien ne me fera reculer.
-Aran ! »
Le Trauménien se retourna et vit Nina courir vers lui, manifestement heureuse de le retrouver. Une sensation de soulagement l’envahi alors qu’il s’avança vers elle. Elle lui sauta au cou et ils s’enlacèrent rapidement. Aran la reposa à terre et lui sourit. À deux, réussir cette épreuve allait être plus facile.
« On y va ? » dit-il à la jeune femme.
À deux, plus rien ne les fera reculer.
« Oh oui. » répondit Nina en sortant une petite dague dans son dos.
*
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« Voilà, tout est fermé. » dit Angie.
Viper Dragoon se jeta par terre en criant comme si on lui ôtait ses testicules – ou bien qu’on les lui découpait en tranches, au choix – alors que DragonNoir hochait la tête silencieusement, respectant la décision de l’administratrice. Et en fin de compte, il n’était pas triste de cette fermeture, car il savait maintenant, grâce à Arkh et aux autres Trauméniens qui étaient toujours là, avec lui, que Traumen existerait toujours tant que l’un d’eux y croirait. Il sourit à cette pensée digne d’un manga bas de gamme, puis en revint à Angie.
« Ok. Vous avez pu aller jusqu’à mon appartement ?
-Oui, mais…
-Il y a des policiers partout, dit Laekh. Ils sont postés devant ton immeuble et il y a des rondes un peu partout dans le quartier. Mais je ne pense pas qu’ils possèdent notre signalement, les deux qui sont entrés dans l’appartement n’ont pas dû pouvoir nous voir…
-Ou alors ils sont morts. » trancha Q-Po, qui devint le centre d’attraction de tous les yeux qui avaient entendu sa phrase. Il sourit faiblement et ajouta : «Eh, c’était une simple blague, bande de rabat-joie !
-Comment peux-tu être si sûr qu’ils ne savent pas à quoi nous ressemblons ?
-Parce que nous sommes revenus sans aucun problème, répondit simplement Laekh. Et sans nous faire suivre, je peux te l’assurer.
-Bon. »
Il toussota, détestant plus que tout prendre la parole face à l’oratoire conséquent – bien que paradoxalement de plus en plus restreint – qui se tenait à son écoute, et dit d’une voix qui lui semblait forte :
« Dans quelques minutes, nous atteindrons enfin notre point de chute, l’Abri de Denfer, où nous pourrons cesser notre fuite dans les catacombes. Nous nous installerons dans cette salle jusqu’à ce que nous puissions récupérer nos quartiers dans mon appartement.
-Et si nous ne pouvons pas ? demanda Halvorc.
-Alors nous resterons ici jusqu’à ce que nous ayons réussis à récupérer Séphy-Roshou.
-Et si nous ne la récupérons pas ? » demanda à nouveau Halvorc.
DragonNoir regarda Halvorc avec humeur, avant d’ajouter avec une assurance communicative :
« Nous la retrouverons, Hal, et tu es le seul à en douter. »
Halvorc se tut et DragonNoir put reprendre ses explications :
« Une fois installé ici, nous serons, je l’espère, à l’abri de la police et de Mistrophera, du moins pour un temps. Nous avons prévu d’autres cachettes dans l’éventualité où celle-ci serait découverte, mais nous n’en parlerons que si le besoin s’en fait sentir. En revanche, pour ce qui est du besoin, j’aurais besoin de volontaires… »
Le Ionisateur Fou s’élança.
« …pour récupérer les congélateurs qui doivent se trouver encore dans mon appartement. »
Le Ionisateur Fou reprit sa place, déçu.
« Je téléphonerai à mon père sous peu et lui demanderait si ceux-ci se trouvent toujours chez nous, et il nous faudra les récupérer rapidement. Mon appartement est surveillé, et nous tenterons d’agir pendant la nuit.
-Et comment allons-nous faire pour soulever ces congélateurs ? questionna Pythagore. Si nous nous déplaçons tous en groupe, nous allons nous faire repérer…
-C’est pourquoi nous n’irons qu’à trois ou quatre, maximum.
-Mais ça va nous prendre un temps fou ! »
DragonNoir regarda Arkh et Q-Po, qui hochèrent la tête au même instant.
« Pas si nous trois, nous parvenons à entrer chez moi. » dit-il avec un sourire.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
Re: Traumenschar
Haletante, Nina posa genoux à terre. Ça faisait plusieurs heures qu’elle marchait sans rien voir à l’horizon que le sol uniformément plat, d’une couleur fade et unie qui se séparait du ciel simplement par la ligne plus foncée de l’horizon. La pénombre commençait à lui faire mal aux yeux. Elle se retourna et vit la piste de sang qu’elle laissait derrière elle. Son combat contre le faux Aran lui avait causé nombre de blessures physique, mais également morales. Elle avait été contrainte, en larmes, de tuer son bien aimé en l’égorgeant. Et même si elle savait, au plus profond d’elle-même, que cet avatar n’était pas réellement l’homme qu’elle aimait, son geste lui revenait sans cesse à l’esprit.
Nina sentit une nouvelle vague de tristesse lui retourner l’estomac et lui bloquer la gorge, alors que de nombreuses larmes décidément intarissables se mettait à couler sur ses joues crasseuses. Elle plia ses jambes malgré elle et tomba à genoux sur le sol rugueux, s’écorchant sans même ressentir la douleur. Mais, serrant les poings, harassée, elle se releva pourtant et reprit sa marche forcée.
« Si je m’arrête, alors autant abandonner tout de suite… » dit-elle à voix haute sans que personne d’autre ne puisse l’entendre. Du sang dégoûta de la balafre à son bras et laissa une marque en forme de croissant sur le sol. Elle la regarda, presque hébétée, et elle s’aperçut que la tache se mettait à grandir. Nina recula vivement et commença à entendre un hurlement, comme si quelqu’un criait loin, très loin, mais se rapprochait à toute vitesse. Méfiante, elle sortit ses griffes malgré le fait que le hurlement, de plus en plus fort et strident, ressemblait plus à un cri d’horreur qu’à un hurlement d’assaut. Elle fixa la mare et, soudain, une immense silhouette humaine en sortit, comme projetée, alors que le cri perçait dans la réalité.
« NON JE NE VEUX PAS REPARTIR JE VEUX RESTER DANS CE MONDE !! »
La créature maculée de sang effectua un bref arc de cercle dans les airs et retomba dans la mare de sang assez brutalement, le passage par lequel elle était arrivée s’étant manifestement refermé. Nina, ses doigts griffus en avant, lutta pour discerner le qui ou le quoi qui se trouvait devant elle. L’humanoïde dégoulinant de sang s’ébroua et leva les yeux sur elle. Son regard, terrifié, se changea en une expression de soulagement alors qu’il se leva et se ruait sur elle.
« Nina !! »
La Trauménienne le repoussa d’un coup de pied avant de faire un bond en arrière. Elle avait déjà été trompée une fois, et ce Wee-Ree-Cat était peut-être lui aussi un clone, ou une illusion comme celle qui l’avait mise dans cet état. Elle préférait donc, forcément, se méfier. Wee-Ree-Cat se releva une seconde fois, regardant Nina avec étonnement. Il avait passé une partie de la nuit à résister face à la tentation de rentrer sur Terre, seul, désespéré, et maintenant qu’il retrouvait un, ou plutôt une, de ses compagnon, elle l’envoyait valser ? Wee-Ree-Cat n’avait pas eu à faire à des sosies malfaisants, contrairement à Nina, et il ne comprenait donc pas sa réaction.
« Nina ?! C’est moi, Wee !
-Comment je peux en être sûre ? rétorqua-t-elle férocement.
-Euh, hésita le chat. Parce que je te le dis ? »
Nina secoua la tête, on ne peut plus sur la défensive. Elle se rappela d’Aran, leur étreinte et finalement son attaque. Les ripostes, les échanges de coups, et finalement sa mort… Elle secoua à nouveau la tête.
« Non ! Tu n’es pas réel !
-Ah ça c’est la meilleur ! » grommela Wee-Ree-Cat. Son instinct de râleur reprenant le dessus, il croisa les bras et commença à brailler : « Je suis tout à fait réel, hein, madâme, autant que tout cet au-delà de merde dans lequel tout le monde m’a envoyé de force ! Alors si on commence à jouer à qui est vrai et qui ne l’est pas, alors autant tout lâcher tout de suite, hein ! Plein le cul de toute cette histoire ! C’est pas poss… »
Il ne put achever sa phrase : Nina lui avait sauté dessus et ils roulait tout deux à terre. Nina éclata de rire en le pressant contre elle.
« Wee !! C’est bien toi ! Il n’y a que toi pour gueuler comme ça !
-Hé hé… euh, ouais, certainement… »
Ils se relevèrent et se regardèrent, avant d’éclater de rire et de se raconter mutuellement leurs précédentes mésaventures. Tout deux étaient soulagés de s’être retrouvés, même s’ils avaient faillis se taper dessus dans un premier temps. Mais la question qu’ils se posaient, maintenant, était bien évidemment : Où se trouvaient Night-Beast et Aran ? Et la réponse ne tarda pas à venir lorsque Nina aperçut un point à l’horizon, contrastant tout naturellement avec le vide du décor.
Et, sans savoir exactement pourquoi, elle sut tout d’un coup que c’était Night-Beast. Enjoignant à Wee-Ree-Cat de la suivre, elle s’élança vers son compagnon à toute allure – du moins le maximum que lui laissait courir ses jambes fatiguées – et ils rejoignirent rapidement le Trauménien essoufflé et couvert de traces de rouge à lèvre.
« NB, c’est bien toi, dit Wee-Ree-Cat en lui collant une claque dans le dos juste à l’endroit où le jeune homme avec des griffures.
-Arrête, ne me touche pas ! s’écria son camarade en reculant. J’ai décidé de ne plus jamais me laisser toucher par quelqu’un, même s’il s’agit de Miss Monde ! »
Night-Beast frissonna en repensant aux dernières heures qu’il venait de passer aux prises avec une dizaine de nymphomanes toutes plus folles et mortelles les unes que les autres. Il se demandait encore, d’ailleurs, comment il était parvenu à en réchapper. Les trois Trauméniens se remirent alors en route pendant que le dernier arrivé racontait aux deux autres son épreuve. Ils marchaient toujours tout droit, ne rencontrant rien d’autre qu’un sol toujours uniformément plat et gris, associé au ciel qui s’éclaircissait, seul signe d’une aube approchante. Au bout de longues minutes de marche, Nina secoua la tête, désespérée :
« Vous pensez qu’Aran n’a pas survécu à son épreuve personnelle ? »
Night-Beast et Wee-Ree-Cat se regardèrent rapidement, puis le plus jeune haussa les épaules. Nina, exténuée et démoralisée lorsqu’elle avait rencontrée Wee-Ree-Cat, avait retrouvé l’espoir et le courage de poursuivre une fois ses compagnons à ses cotés. Mais l’absence d’Aran, de plus en plus forte, faisait ressurgir en elle toujours les mêmes images de sa propre main mettant fin aux jours de son aimé.
« On peut pas savoir, Nina, finit par dire Wee-Ree-Cat. Tu sais, il peut être arrivé n’importe quoi à Aran : Chacune de nos épreuves étaient différentes, adaptées en fonction de nos peurs…
-…et de nos désirs, compléta Night-Beast.
-Aran a certainement été confronté à un clone de toi, reprit Wee-Ree-Cat. Il a juste eu… …un peu plus de mal, peut-être ?
-Ou bien il a perdu… »
Le silence revint s’installer confortablement entre les trois Trauméniens. Nina était maintenant au bord des larmes, même s’il y avait toujours un espoir pour qu’Aran soit encore en ce monde, ou bien qu’il ait réussi à prendre la pilule de Hilde avant de perdre complètement son combat. Ou alors avait-il été enlevé par Mistrophera ou un de ses sbires ? Ou est-ce que sa mort dans cet au-delà l’avait conduit dans un monde encore différent ? Les solutions étaient bien plus nombreuses que les problèmes, et Nina s’embrouillait l’esprit en les tournant dans son crâne. Elle finit par s’arrêter complètement :
« On doit faire demi-tour, déclara-t-elle.
-Quoi ?
-Qu’est-ce que tu dis ? ajouta Night-Beast en se rapprochant d’elle.
-On va aller chercher Aran, dit-elle en relevant les yeux vers lui. Je ne peux pas le laisser en arrière. On doit le retrouver avant de terminer cette épreuve.
-Mais, Nina, commença Night-Beast, il est impossible de revenir en arrière ! Du moins, aussi simplement… Nous sommes tous apparus comme ça, sans explications rationnelles ! Ça serait comme si tu voulais aller dans une pièce qui n’a ni entrées, ni même d’existence réelle.
-On peut tout de même tenter quelque chose ! s’écria-t-elle. Je ne peux pas partir sans avoir au moins essayer de le retrouver, ça serait comme… comme si… » Les larmes, si longtemps retenues, coulèrent sur ses joues. « …comme si je l’abandonnais !
-Nina ! »
Les trois Trauméniens se retournèrent en entendant ce cri, pourtant lointain, mais d’une puissance et d’une émotion telle qu’il était impossible de ne pas reconnaître la voix de son propriétaire : ils virent Aran, dans le même état physique et, peut-être, psychologique que Nina, courir vers eux en claudiquant. Ce fut Nina, à bout de nerf, qui réalisa la première et qui se mit également à courir pour le rejoindre, laissant enfin libre cours à ses larmes et à son soulagement.
Elle lui sauta au cou et ils s’enlacèrent, Nina sanglotant sur son épaule et Aran lui caressant tendrement le dos, comme pour s’assurer qu’elle était bien là, qu’elle était bien réelle. Night-Beast et Wee-Ree-Cat les rejoignirent quelques minutes plus tard, détournant tout deux les yeux lorsque les deux tourtereaux se bécotaient avec passion. Au prix d’une longue attente et de quelques soupirs, Aran et Nina se séparèrent enfin et le dernier arrivant leur expliqua à son tour son épreuve.
« …ensuite, termina Aran, je vous ai aperçu au loin, et j’ai couru pour vous rattraper. Ensuite, eh bien, vous savez ce qu’il s’est passé…
-Oui oui, on sait, grogna Wee-Ree-Cat. Ne recommencez pas surtout.
-Le soleil est bientôt levé, annonça Nina qui avait retrouvé le sourire. L’épreuve est donc bientôt terminée, non ?
-C’est ce que les Dieux ont dit, oui.
-Avançons alors. »
Ils ne marchèrent pas longtemps avant de voir apparaître ici et là des touffes de verdures, qui contrastaient avec le gris uni qui composait le seul décor que les Trauméniens avaient rencontrés depuis des heures. Il s’agissait simplement de buissons, mais la seule vision de plantes dans ces contrées désolée réussit à égayer l’esprit des quatre humains. Puis vint la terre, moelleuse et odorante, rapidement accompagnée d’herbe et d’autres fleurs, couleurs magnifiques aux yeux des âmes isolées. Le ciel se teinta ensuite d’un bleu orangé d’aurore, et les nuages apparurent. Les arbres vinrent parachever le tout, ainsi que les pépiements des oiseaux qui s’éveillaient le plus naturellement du monde.
L’épreuve arrivait à sa fin.
« C’est, et de loin, la pire épreuve qu’il m’ait été donnée de traverser, dit Nina.
-Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié.
-Nous en sommes à la numéro combien, alors ? demanda Night-Beast.
-A la moitié, le renseigna Aran. C’était la sixième épreuve. Espérons simplement que l’Olympe ne s’amuse pas simplement avec nous, et qu’ils ont quelque chose à nous donner en échange. Au moins quelques informations intéressantes… »
Ils croisèrent deux faons et une biche qui broutaient paisiblement. Les animaux relevèrent la tête vers eux lorsqu’ils passèrent, puis ils reprirent leur activité comme si de rien était. Wee-Ree-Cat soupira :
« Tu penses qu’ils seraient assez mesquins pour nous faire subir tout ça alors qu’ils ne savent rien sur Séphy-Roshou ? »
Les trois autres Trauméniens regardèrent Wee-Ree-Cat et leurs regards lui donnèrent la réponse. Il roula des yeux.
« Espérons que nous ne perdons pas notre temps, finit par dire Aran. C’est tout ce que nous pouvons faire : espé… »
Il s’interrompit et écarquilla les yeux, fixant droit devant lui. Nina, qui le regardait, tourna son visage dans la même direction et ouvrit elle aussi grand les yeux. Wee-Ree-Cat, qui râlait encore contre les Dieux de l’Olympe, finit par regarder à son tour devant le silence et l’ait abasourdi de ses deux compagnons. Et il adopta à son tour la même mine déconcertée, suivit de près par Night-Beast, bon dernier à apercevoir et reconnaître la silhouette qui se dressait devant eux.
« Eh bien, il paraît que vous êtes à la recherche de quelqu’un ? » demanda voluptueusement Séphy-Roshou en souriant.
Nina sentit une nouvelle vague de tristesse lui retourner l’estomac et lui bloquer la gorge, alors que de nombreuses larmes décidément intarissables se mettait à couler sur ses joues crasseuses. Elle plia ses jambes malgré elle et tomba à genoux sur le sol rugueux, s’écorchant sans même ressentir la douleur. Mais, serrant les poings, harassée, elle se releva pourtant et reprit sa marche forcée.
« Si je m’arrête, alors autant abandonner tout de suite… » dit-elle à voix haute sans que personne d’autre ne puisse l’entendre. Du sang dégoûta de la balafre à son bras et laissa une marque en forme de croissant sur le sol. Elle la regarda, presque hébétée, et elle s’aperçut que la tache se mettait à grandir. Nina recula vivement et commença à entendre un hurlement, comme si quelqu’un criait loin, très loin, mais se rapprochait à toute vitesse. Méfiante, elle sortit ses griffes malgré le fait que le hurlement, de plus en plus fort et strident, ressemblait plus à un cri d’horreur qu’à un hurlement d’assaut. Elle fixa la mare et, soudain, une immense silhouette humaine en sortit, comme projetée, alors que le cri perçait dans la réalité.
« NON JE NE VEUX PAS REPARTIR JE VEUX RESTER DANS CE MONDE !! »
La créature maculée de sang effectua un bref arc de cercle dans les airs et retomba dans la mare de sang assez brutalement, le passage par lequel elle était arrivée s’étant manifestement refermé. Nina, ses doigts griffus en avant, lutta pour discerner le qui ou le quoi qui se trouvait devant elle. L’humanoïde dégoulinant de sang s’ébroua et leva les yeux sur elle. Son regard, terrifié, se changea en une expression de soulagement alors qu’il se leva et se ruait sur elle.
« Nina !! »
La Trauménienne le repoussa d’un coup de pied avant de faire un bond en arrière. Elle avait déjà été trompée une fois, et ce Wee-Ree-Cat était peut-être lui aussi un clone, ou une illusion comme celle qui l’avait mise dans cet état. Elle préférait donc, forcément, se méfier. Wee-Ree-Cat se releva une seconde fois, regardant Nina avec étonnement. Il avait passé une partie de la nuit à résister face à la tentation de rentrer sur Terre, seul, désespéré, et maintenant qu’il retrouvait un, ou plutôt une, de ses compagnon, elle l’envoyait valser ? Wee-Ree-Cat n’avait pas eu à faire à des sosies malfaisants, contrairement à Nina, et il ne comprenait donc pas sa réaction.
« Nina ?! C’est moi, Wee !
-Comment je peux en être sûre ? rétorqua-t-elle férocement.
-Euh, hésita le chat. Parce que je te le dis ? »
Nina secoua la tête, on ne peut plus sur la défensive. Elle se rappela d’Aran, leur étreinte et finalement son attaque. Les ripostes, les échanges de coups, et finalement sa mort… Elle secoua à nouveau la tête.
« Non ! Tu n’es pas réel !
-Ah ça c’est la meilleur ! » grommela Wee-Ree-Cat. Son instinct de râleur reprenant le dessus, il croisa les bras et commença à brailler : « Je suis tout à fait réel, hein, madâme, autant que tout cet au-delà de merde dans lequel tout le monde m’a envoyé de force ! Alors si on commence à jouer à qui est vrai et qui ne l’est pas, alors autant tout lâcher tout de suite, hein ! Plein le cul de toute cette histoire ! C’est pas poss… »
Il ne put achever sa phrase : Nina lui avait sauté dessus et ils roulait tout deux à terre. Nina éclata de rire en le pressant contre elle.
« Wee !! C’est bien toi ! Il n’y a que toi pour gueuler comme ça !
-Hé hé… euh, ouais, certainement… »
Ils se relevèrent et se regardèrent, avant d’éclater de rire et de se raconter mutuellement leurs précédentes mésaventures. Tout deux étaient soulagés de s’être retrouvés, même s’ils avaient faillis se taper dessus dans un premier temps. Mais la question qu’ils se posaient, maintenant, était bien évidemment : Où se trouvaient Night-Beast et Aran ? Et la réponse ne tarda pas à venir lorsque Nina aperçut un point à l’horizon, contrastant tout naturellement avec le vide du décor.
Et, sans savoir exactement pourquoi, elle sut tout d’un coup que c’était Night-Beast. Enjoignant à Wee-Ree-Cat de la suivre, elle s’élança vers son compagnon à toute allure – du moins le maximum que lui laissait courir ses jambes fatiguées – et ils rejoignirent rapidement le Trauménien essoufflé et couvert de traces de rouge à lèvre.
« NB, c’est bien toi, dit Wee-Ree-Cat en lui collant une claque dans le dos juste à l’endroit où le jeune homme avec des griffures.
-Arrête, ne me touche pas ! s’écria son camarade en reculant. J’ai décidé de ne plus jamais me laisser toucher par quelqu’un, même s’il s’agit de Miss Monde ! »
Night-Beast frissonna en repensant aux dernières heures qu’il venait de passer aux prises avec une dizaine de nymphomanes toutes plus folles et mortelles les unes que les autres. Il se demandait encore, d’ailleurs, comment il était parvenu à en réchapper. Les trois Trauméniens se remirent alors en route pendant que le dernier arrivé racontait aux deux autres son épreuve. Ils marchaient toujours tout droit, ne rencontrant rien d’autre qu’un sol toujours uniformément plat et gris, associé au ciel qui s’éclaircissait, seul signe d’une aube approchante. Au bout de longues minutes de marche, Nina secoua la tête, désespérée :
« Vous pensez qu’Aran n’a pas survécu à son épreuve personnelle ? »
Night-Beast et Wee-Ree-Cat se regardèrent rapidement, puis le plus jeune haussa les épaules. Nina, exténuée et démoralisée lorsqu’elle avait rencontrée Wee-Ree-Cat, avait retrouvé l’espoir et le courage de poursuivre une fois ses compagnons à ses cotés. Mais l’absence d’Aran, de plus en plus forte, faisait ressurgir en elle toujours les mêmes images de sa propre main mettant fin aux jours de son aimé.
« On peut pas savoir, Nina, finit par dire Wee-Ree-Cat. Tu sais, il peut être arrivé n’importe quoi à Aran : Chacune de nos épreuves étaient différentes, adaptées en fonction de nos peurs…
-…et de nos désirs, compléta Night-Beast.
-Aran a certainement été confronté à un clone de toi, reprit Wee-Ree-Cat. Il a juste eu… …un peu plus de mal, peut-être ?
-Ou bien il a perdu… »
Le silence revint s’installer confortablement entre les trois Trauméniens. Nina était maintenant au bord des larmes, même s’il y avait toujours un espoir pour qu’Aran soit encore en ce monde, ou bien qu’il ait réussi à prendre la pilule de Hilde avant de perdre complètement son combat. Ou alors avait-il été enlevé par Mistrophera ou un de ses sbires ? Ou est-ce que sa mort dans cet au-delà l’avait conduit dans un monde encore différent ? Les solutions étaient bien plus nombreuses que les problèmes, et Nina s’embrouillait l’esprit en les tournant dans son crâne. Elle finit par s’arrêter complètement :
« On doit faire demi-tour, déclara-t-elle.
-Quoi ?
-Qu’est-ce que tu dis ? ajouta Night-Beast en se rapprochant d’elle.
-On va aller chercher Aran, dit-elle en relevant les yeux vers lui. Je ne peux pas le laisser en arrière. On doit le retrouver avant de terminer cette épreuve.
-Mais, Nina, commença Night-Beast, il est impossible de revenir en arrière ! Du moins, aussi simplement… Nous sommes tous apparus comme ça, sans explications rationnelles ! Ça serait comme si tu voulais aller dans une pièce qui n’a ni entrées, ni même d’existence réelle.
-On peut tout de même tenter quelque chose ! s’écria-t-elle. Je ne peux pas partir sans avoir au moins essayer de le retrouver, ça serait comme… comme si… » Les larmes, si longtemps retenues, coulèrent sur ses joues. « …comme si je l’abandonnais !
-Nina ! »
Les trois Trauméniens se retournèrent en entendant ce cri, pourtant lointain, mais d’une puissance et d’une émotion telle qu’il était impossible de ne pas reconnaître la voix de son propriétaire : ils virent Aran, dans le même état physique et, peut-être, psychologique que Nina, courir vers eux en claudiquant. Ce fut Nina, à bout de nerf, qui réalisa la première et qui se mit également à courir pour le rejoindre, laissant enfin libre cours à ses larmes et à son soulagement.
Elle lui sauta au cou et ils s’enlacèrent, Nina sanglotant sur son épaule et Aran lui caressant tendrement le dos, comme pour s’assurer qu’elle était bien là, qu’elle était bien réelle. Night-Beast et Wee-Ree-Cat les rejoignirent quelques minutes plus tard, détournant tout deux les yeux lorsque les deux tourtereaux se bécotaient avec passion. Au prix d’une longue attente et de quelques soupirs, Aran et Nina se séparèrent enfin et le dernier arrivant leur expliqua à son tour son épreuve.
« …ensuite, termina Aran, je vous ai aperçu au loin, et j’ai couru pour vous rattraper. Ensuite, eh bien, vous savez ce qu’il s’est passé…
-Oui oui, on sait, grogna Wee-Ree-Cat. Ne recommencez pas surtout.
-Le soleil est bientôt levé, annonça Nina qui avait retrouvé le sourire. L’épreuve est donc bientôt terminée, non ?
-C’est ce que les Dieux ont dit, oui.
-Avançons alors. »
Ils ne marchèrent pas longtemps avant de voir apparaître ici et là des touffes de verdures, qui contrastaient avec le gris uni qui composait le seul décor que les Trauméniens avaient rencontrés depuis des heures. Il s’agissait simplement de buissons, mais la seule vision de plantes dans ces contrées désolée réussit à égayer l’esprit des quatre humains. Puis vint la terre, moelleuse et odorante, rapidement accompagnée d’herbe et d’autres fleurs, couleurs magnifiques aux yeux des âmes isolées. Le ciel se teinta ensuite d’un bleu orangé d’aurore, et les nuages apparurent. Les arbres vinrent parachever le tout, ainsi que les pépiements des oiseaux qui s’éveillaient le plus naturellement du monde.
L’épreuve arrivait à sa fin.
« C’est, et de loin, la pire épreuve qu’il m’ait été donnée de traverser, dit Nina.
-Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié.
-Nous en sommes à la numéro combien, alors ? demanda Night-Beast.
-A la moitié, le renseigna Aran. C’était la sixième épreuve. Espérons simplement que l’Olympe ne s’amuse pas simplement avec nous, et qu’ils ont quelque chose à nous donner en échange. Au moins quelques informations intéressantes… »
Ils croisèrent deux faons et une biche qui broutaient paisiblement. Les animaux relevèrent la tête vers eux lorsqu’ils passèrent, puis ils reprirent leur activité comme si de rien était. Wee-Ree-Cat soupira :
« Tu penses qu’ils seraient assez mesquins pour nous faire subir tout ça alors qu’ils ne savent rien sur Séphy-Roshou ? »
Les trois autres Trauméniens regardèrent Wee-Ree-Cat et leurs regards lui donnèrent la réponse. Il roula des yeux.
« Espérons que nous ne perdons pas notre temps, finit par dire Aran. C’est tout ce que nous pouvons faire : espé… »
Il s’interrompit et écarquilla les yeux, fixant droit devant lui. Nina, qui le regardait, tourna son visage dans la même direction et ouvrit elle aussi grand les yeux. Wee-Ree-Cat, qui râlait encore contre les Dieux de l’Olympe, finit par regarder à son tour devant le silence et l’ait abasourdi de ses deux compagnons. Et il adopta à son tour la même mine déconcertée, suivit de près par Night-Beast, bon dernier à apercevoir et reconnaître la silhouette qui se dressait devant eux.
« Eh bien, il paraît que vous êtes à la recherche de quelqu’un ? » demanda voluptueusement Séphy-Roshou en souriant.
Mr.Magnum- Enorme floodeur
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Localisation : Dans les limbes torturées d'un esprit dérangé.
Date d'inscription : 18/01/2005
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