La narmée n'à K-ro
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Traumenschar

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Message par Mr.Magnum Dim 6 Fév - 5:45

(partie 2)
Squall, Haschatan et Erwan étaient entourés de dames blanches. Un peu plus loin, K-Ro et Mr.Magnum étaient également cernées de femmes. Ils n’avaient pas été loin, et ils avaient perdus de vue le vieil homme. Haschatan l’avait vu, dans la prison, trancher la gorge de la pauvre innocente sans pouvoir faire quoi que ce soit à cause de Téquila. Et maintenant qu’ils étaient encerclés, aucune chance de le rattraper.
« Écoutez-nous, au moins !! Le prisonnier du sous-sol s’est libéré ! Celui qui a tué Mathilde il y a cinq cents ans vient de se faire la malle !
-Ce n’est pas la peine, Erwan, dit Squall. Elle ne nous écouterons pas.
-Ne me dites pas qu’il va encore falloir se battre ! ragea Haschatan. J’en ai marre, à chaque fois je me fais prendre dès le début ! »
K-Ro, un balai dans une main et un wakisashi dans l’autre, une épée japonaise à la lame relativement courte, tira la manche de Mr.Magnum, manquant de peu de lui trancher le poignet avec son arme.
« Magnum ! Je crois qu’on a oublié un petit détail, dans la prison !
-Et lequel ? demanda Mr.Magnum, sans baisser sa garde.
-Je crois que Kefka est toujours là-dessous… »
Mr.Magnum regarda K-Ro une seconde, puis haussa les épaules. Après la énième traîtrise qu’il avait fomentée, ce gnome n’avait que ce qu’il méritait. Il pouvait bien rester coincé pendant le restant de sa mort sous les gravas, Mr.Magnum n’en avait rien à faire. Il avait d’autres chats à fouetter, actuellement. Et il avait bien peur que ces chats lui soient fatals à lui et à ses compagnons. Les dames blanches ne feraient pas de prisonniers.
Squall arma sa Gunblade et se prépara à charger. S’il devait tomber, ça ne se serait pas en baissant les bras. Il se battrait jusqu’au bout. Mais le combat ne vint pas : Élodie fit son irruption dans le hall et hurla à ses congénères de fermer toutes les issues du bâtiment.
« Il y a un intrus autrement plus dangereux que ces cinq là dans l’immeuble ! Toutes à vos postes, laissez-les libres ! » Les dames blanches, sans discuter ni chercher à comprendre, abaissèrent les armes et partirent toutes à leurs positions de gardes, sans exceptions. La tension accumulée dans la pièce se relâcha d’un coup, et Haschatan soupira longuement.
« J’ai bien cru qu’on allait encore devoir se prendre des baffes, dit-il à Élodie qui approchait les mains vides.
-Pourquoi nous laisser ainsi libre de nos gestes ? questionna Squall.
-Peut-être qu’avec un peu de chances, vous nous aiderez à chercher ce parasite qui doit se terrer quelque part ici, si vous voulez bien nous pardonner… »
Élodie, qui n’avait plus sourit depuis la visite guidée de la veille, laissa tomber son masque d’autorité et de suffisance pour arborer un sourire enjôleur des plus franc. Mr.Magnum s’avança, plantant ses yeux dans ceux d’Élodie. Des jolis yeux verts.
« Voilà. C’est avec ce genre de sourire que les autres obéiront, pas avec votre tête habituelle qui ne vous ressemble pas.
-Mais j’y suis obligée. Je suis forcée d’user de mes pouvoirs pour…
-Je vous suivrais n’importe où si j’étais assuré que vous alliez me sourire comme ça pendant le voyage…
-Magnum ! dit K-Ro exaspérée. Quand tu auras finit de draguer, tu nous feras signe, hein ! »

*
* *

Mathilde dévisagea le jeune homme qui avait émergé du vide. Celui-ci, habillé d’un uniforme mauve de la tête aux pieds, retira distraitement les derniers filaments ténébreux qui ondulaient encore autour de lui, et releva la tête vers Myat’Ala avec un sourire arrogant. Un rictus, même, provenant un homme sournois et manipulateur.
Le nouvel arrivant écarta une mèche blonde de devant ses yeux qui ne cessaient de parcourir la pièce, semblant enregistrer les moindres détails. Étais-ce lui l’origine de la Voix ? Mathilde en doutait : Ce sinistre individu n’avait pas la carrure de celui qui utilisait cette Voix effrayante. Malgré tout, il restait inquiétant.
« Ah, c’est tout de même plus beau lorsqu’on est matérialisé.
-Qui êtes-vous ? demanda Myat’Ala, méfiante. Elle n’était plus aussi acide envers les hommes, mais elle avait conservé des traces de ses derniers cinq cents ans passés à les haïr.
-Vous n’avez pas besoin de le savoir. » L’inconnu marqua une courte pause, puis ajoute, l’air satisfait : « J’ai toujours rêvé de dire ça, moi !
-Alors dites-moi au moins ce que vous faites dans ma chambre ! Et comment vous y êtes arrivé ! Et aussi…
-Holà, holà, ma belle. On se calme. »
Myat’Ala serra les dents face à cette familiarité, pendant que son visiteur prenait place, sans la moindre petite once de gène, sur son lit.
« Là est tout le problème, tu sais : Tu te poses trop de questions. Et ce n’était pas vraiment prévu au programme de mon cher patron. Enfin, je dis patron, ce n’est après tout qu’un titre honorifique, rien de plus. Je ne lui dois rien. Il a simplement eu besoin de moi, et j’ai accepté. Mais nous nous éloignons du sujet, hein ? »
Mathilde ne répondit rien, attendant la suite.
« Bien, dit l’inconnu en se relevant et en arpentant la pièce, faisant froufrouter ses vêtements violets à chaque pas. Tu sais ce qu’il avait prévu, mon patron ? Que tu exécutes purement et simplement ces nouveaux venus. C’est pour ça qu’il t’a envoyé ces rêves complètements débiles toutes ces nuits.
-Pourquoi aurais-je du les…
-Ferme-la !! Ferme-la, ferme-la, FERME-LA !!! » L’homme s’était soudainement emporté, passant d’un calme olympien à une fureur noire. Ses doigts décorés de fines cordelettes rouges reliées aux manches de son sous-pull noir tressaillaient sous les impulsions d’une force invisible. Pour le moment.
Le jeune homme regarda sa main, serra le poing et les cordelettes arrêtèrent de voltiger. Il expira lentement, et remit de nouveau une mèche en place.
« Tu sais comment je m’appelle ici, dans ce type de Monde ? Littéralement, mon surnom peut se traduire en ‘feu volant’, mais toi, tu peux m’appeler Lord FireFly. C’est bien parce que c’est toi. »
Il esquissa un sourire, et lui fit un clin d’œil.

*
* *

Téquila couina à nouveau lorsque Fury l’envoya valser contre un mur. Sa tête heurta une des deux geôles et il vomit une langue de feu surpuissante dans les décombres. Fury, haletant, les muscles hypertrophiés par l’action, observa un instant l’immense bestiole dont la queue battait encore l’air. Elle claqua telle un fouet une fois ou deux, puis tomba sur le sol, inerte.
Fury était vainqueur de Téquila par K-O.
Il dégagea rapidement le passage obstrué par les débris qui menait à la sortie, puis s’arrêta, interdit. Il avait entendu un gémissement. Était-ce le vieillard ? Fury fit lentement demi-tour, aux aguets, prêtant attention au moindre bruit. La respiration caverneuse de Téquila emplissait ses oreilles, mais malgré cela il réussit à percevoir des plaintes étouffées, enfouies sous les ruines provoquées par le dragon débile.
« Quelle idée ridicule d’inventer un dragon aussi con, aussi… » maugréa Fury. À l’étage, K-Ro éternua. Il souleva sans effort un morceau de mur, et dessous se trouvait l’origine des lamentations qu’il avait entendues. Enseveli sous des monceaux d’éboulements divers se trouvait…
« Kefka ! »
Le gnome ouvrit un œil, aperçu Fury, puis referma les yeux et se remit à geindre.
« Oh… Ma jambe !! Je souffre… Laissez-moi mourir ici, je ne ferais que vous ralentir… Laissez-moi au moins voir K-Ro une dernière fois pour… »
Kefka rouvrit les yeux.
« Mais ! Où est-elle ?
-Elle est à l’étage avec Squall et le reste de la bande. D’ailleurs, je vais les rejoindre, en espérant qu’ils n’aient pas eu trop de problèmes.
-Aaahh… pleurnicha Kefka en fermant de nouveau les yeux. Je pense que je vais mourir ici, dans ce sous-sol, abandonné de tous… Laisse-moi périr…
-D’accord. »
Fury se retourna et enjamba les décombres, repartant dans l’autre sens, lorsque Kefka l’appela, paniqué : « Eh ! Eh ! Mais que fais-tu ?
-Et ben je m’en vais, ça ne se voit pas ?
-Mais tu vas donc vraiment me laisser crever ici ? » s’insurgea le gnome à K-Ro. Fury haussa les épaules, sourit, et reprit sa marche. Kefka resta un instant interdit, puis se releva sans trop de mal et couru à ses trousses, en marmonnant dans sa barbe.

*
* *

Haschatan vit arriver Fury qui se calmait peu à peu, reprenant une allure plus ou moins humaine, sans les muscles disproportionnés, avec un Kefka qui trottinait à sa suite. Les recherches se poursuivaient, et Élodie accueillait les réponses négatives avec patience, non loin du petit groupe de Trauméniens.
« Alors ? Tu t’en es sortit avec Téquila ?
-Aucun problème. Il est assommé, en bas. Mais rien de grave…
-C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour nous sortir de là ! » s’excusa K-Ro. Elle venait de ressortir d’une salle annexe où elle s’était rhabillée avec ses véritables vêtements. Mr.Magnum se pencha en avant, observant K-Ro, puis se remit droit en poussant un soupir de désespéré. K-Ro le regarda, intriguée.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
-Non, rien, je préférais la robe que tu portais avant. On voyait plus de choses qu’avec ce kimo… » Il ne pu terminer sa phrase, car un balais était nonchalamment venu s’encastrer avec force sur sa tête. Erwan, sans tenir compte du hurlement de douleur de Mr.Magnum, attrapa Squall par l’épaule.
« C’est pas tout ça, mais il va tout de même falloir repartir, Squall.
-Oui, je sais. Nous avons déjà perdu assez de temps parmi elles. Ces recherches ne nous concernent plus. Maintenant que nous sommes tous à nouveau réunis, nous allons partir.
-Mais comment repartir de cet endroit, au fait ? » demanda Haschatan. Tout le groupe se tourna vers lui. Haschatan les regarda tous un à un, puis grimaça un sourire gêné. « Je… J’ai dit une connerie ?
-Non, bien au contraire, réfléchit Squall à voix haute. En fait, tu viens de poser une question à laquelle nous n’avions pas encore réfléchi jusqu’à maintena… »
Un hurlement venant de l’étage interrompit le brouhaha des conversations ambiantes. Les dames blanches se précipitèrent vers l’escalier, et Erwan s’empara d’une d’elle par le bras. Elle lui lança un regard impatient.
« Ça vient de la chambre de Myat’Ala !! » cria-t-elle. Puis elle se dégagea, rejoignant les autres. Les six voyageurs firent de même, suivis de Kefka.
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Message par Lady Omega Dim 6 Fév - 16:54

Je suis de plus en plus mitigé par cette fiction.
Avant tout, il y a la perte de l'ambiance, rendant chaque chapitre moins attrayant que le précédent. Les premiers chapitres offraient quelques chose de poignant, avec une ambiance des plus sombre.. là, on se retrouve avec des passages pseudo-comique du plus mauvais effet.
Le mélange des genres est un exercice très difficile, et d'une manière générale, à éviter.

Ensuite, l'action est convenue, les retournement de situation devenant presque bateau.
Tes personnages donnent l'impression de ne pas avoir de ligne directrice définie. le plus flagrant exemple est Mathilde, qui après des décénies de "règne" se trouve à changer totallement d'idée tout ça parce qu'un type lui dit que "c'est pas bien ce qu'elle fait". Désolé, mais c'est d'un ridicule consommé.
D'une manière générale, les personnages pourraient être interchangeable, du fait du manque de personnalité qu'il ont. Certes, certaine spassages renforcent leurs traits, leur donnant un peu de vie, mais trop rarement, de mon opinion.

Bref, il ne suffit aps d'avoir un style plaisant pour faire un bon récit (c'est le cas typique de DragonNoir, un excellent style mais des récits sans aucune force, ou vie)
Il faut aussi faire en sorte que chaque personnages soit unique, vivant, et aps de simple faire-valoir pour l'histoire.

En somme, je me trouve déçus de ce récit tel qu'il est aujourd'hui, quand j'en attendais beaucoup à ses premiers chapitres. J'espère vivement que la barre saura être redréssée pour lui redonner de la force.
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Message par Mr.Magnum Sam 12 Fév - 20:31

(partie 1)
9. Un nouveau départ, un nouvel ennemi.
« Cesse de hurler ainsi, espèce de sale garce ! » ordonna Lord FireFly en s’approchant d’elle, les mains en avant.
Mathilde hurlait toujours, appelant à sa rescousse les autres dames blanches qui affluaient en masse à son appel. Lord FireFly grogna, se rendant soudainement compte qu’il n’arriverait plus à en tirer quoi que ce soit. Il leva une main et marmonna un charabia incompréhensible, juste au moment où la porte s’ouvrit avec fracas, libérant des dizaines de femmes qui protégèrent toutes Mathilde de son agresseur.
Elles encerclèrent rapidement leur reine, lui offrant une protection de leur corps, alors que d’autres prenaient position devant Lord FireFly. Leurs griffes étaient de nouveaux longues et effilées, et leurs visages avaient repris cet aspect bestial et affamé découvert lors de l’attaque de l’hôtel. Haschatan nota avec satisfaction que, cette fois-ci, elles n’avaient pas l’air d’en avoir après eux.
« Bon, je vois qu’il est grand temps de partir. » dit Lord FireFly, toujours un bras levé tel un grotesque salut militaire. Il avait fini de réciter sa formule, et une mince aura sombre l’entourait maintenant, s’amplifiant de plus en plus. Un sourire narquois barrait son visage, happé peu à peu par les ténèbres qui l'enveloppaient. Sa main s’agita.
« Bye bye… »
Mr.Magnum pénétra le premier sur les lieux, et il entraperçut Lord FireFly qui disparaissait dans le trou noir béant qui pulsait au milieu de la chambre. Mais il n’en vu pas assez pour le reconnaître à coup sûr. Le second Trauménien sur les lieux, Erwan, ne vit que sa main se faire avaler par la plaie obscure qui s’atténuait déjà. K-Ro, qui suivait, ne vit que la faille se refermer. Et les autres ne virent rien.
« Vous allez bien, Myat’Ala ? »
Élodie était entrain d’examiner Mathilde, inquiète au possible, tandis que cette dernière la rassurait paisiblement.
« Il n’a pas eu le temps de me faire du mal. Je ne crois pas qu’il soit venu pour ça, en fait. Pas pour moi, du moins. » Mathilde avait posé les yeux sur le groupe de Squall en disant ceci. « Est-ce que vous le connaissez ?
-Je ne l’ai pas assez vu pour me prononcer, répondit Squall. Magnum ?
-Je… Je ne sais pas… » Mr.Magnum hésita. Dois-je leur dire que je crois bien avoir reconnu l’un des notre ? Un des Trauméniens ? Un de notre équipe qui aurait manifestement trouvé un nouveau moyen de passer dans les mondes des morts ? Et quel est son but ? Est-il seul ? Est-ce que FireFly œuvre avec nous ou contre nous ?
« Magnum ? »
Mr.Magnum se retourna brusquement vers Haschatan, comme réveillé en sursaut à après un cauchemar. Il cligna des yeux, puis arbora un sourire gêné.
« Non, désolé, je n’ai rien vu de bien précis sur ce type. Il paraissait assez pâle de peau, blond, peut-être châtain, mais je ne l’ai pas reconnu. »
Mathilde acquiesça à la description, puis elle leur expliqua succinctement l’apparition subite de cet intrus, les rêves dans les semaines qui ont précédés la venue des Trauméniens parmi elles, ainsi que toute la conversation qu’elle avait eu avec Lord FireFly.
« C’est lorsqu’il m’a énoncé clairement ce qu’il voulait de moi que j’ai hurlée.
-Et que voulait-il exactement ? la questionna Erwan.
-Il m’a menacé avec son soi-disant pouvoir de contrôle du feu, avant de m’obliger à lancer mes sœurs dames blanches pour vous éliminer. J’ai refusé, et il s’est emporté. Il a concentrer une sorte d’énergie dans sa main et il a fait voler une boule de feu jusqu’à… Attendez ! Il m’a même dit son nom ! FireFly ! Lord FireFly !! »
Les six Trauméniens restèrent interdits. Aïe, songea Mr.Magnum. Remarque, je n’ai plus à me torturer pour leur cacher la vérité, comme dans la plupart des films où tout le monde cache des informations !
« Oui, c’était bien FireFly ! Maintenant que vous le dîtes, je me souviens mieux !
-Il voulait nous tuer ? répéta K-Ro en regardant Kefka.
-À certains moments, je le comprends… grommela-t-il.
-Il faut absolument rentrer, conclu Squall d’un ton sans appel. Il faut qu’on arrête FireFly avant qu’il ne fasse d’autres dégâts.
-Sans problèmes ! s’exclama Haschatan. On fait comment ? »
Silence pesant dans l’assistance.

Élodie fut la dernière à entrer dans la salle annexe au tribunal, où K-Ro avait attendu quelques heures auparavant. Mathilde trônait en bout de table, avec à sa droite Squall Fury et Erwan, et à sa gauche Mr.Magnum Haschatan et K-Ro. Élodie s’assit à la dernière place de libre, en face de sa reine.
Les autres dames blanches étaient entrain de remettre en état la prison, après de K-Ro aie pris le temps de faire disparaître Téquila, non sans un grand effort de pensées. Squall lui avait demandé pourquoi, devant l’ampleur des dégâts, elle ne l’avait pas fait disparaître plus tôt, ce à quoi elle avait répondu ne pas avoir eu assez de « possibilités de concentration efficace ». Haschatan avait ri.
Le vieillard n’avait pas été retrouvé. Selon Élodie, il avait finalement réussi à s’enfuir d’une manière ou d’une autre. Les rondes de gardes avaient été doublées, ainsi que la vigilance des troupes. Tout ce petit monde serait aux aguets pendant un long moment encore, surtout que la menace de l’assassin de Mathilde planait encore sur elles.
Tôt ou tard, ils vous décimeront jusqu’à la dernière, et nous pourrons enfin tuer Mathilde pour que ce lieu maudit disparaisse à jamais.
Tôt ou tard…

« Bien, nous voilà tous réunis, annonça Mathilde. Je pense qu’il est grand temps de mettre en commun tout ce que nous savons, dans l’intérêt à tous. Il est manifeste que ces voyageurs ne sont pas comme les autres, comme ceux que nous attrapons d’ordinaire. »
Élodie, à qui cette tirade était destinée, opina.
« Que faites-vous ici ? Qu’êtes-vous venus faire dans mon monde de tourments et de damnation pour les hommes ?
-Nous sommes venus chercher une jeune femme qui a disparue récemment, dans des circonstances pour le moins étranges. Elle a comme qui dirait tout bonnement cessé de vivre, sans raison, en dormant.
-Mais elle ne pouvait pas atterrir ici si elle est morte en dormant, expliqua patiemment Mathilde en regardant Fury qui venait de parler. Nous ne recueillons que les personnes décédées en voitures par notre faute.
-Soit les conducteurs s’arrêtent et nous montons à bord du véhicule, pour finir par l’obliger à s’envoyer dans le mur, soit ils ne s’arrêtent pas, comme vous. »
Élodie embrassa le groupe d’un geste de la main pour illustrer son propos. Squall se tourna vers Mathilde et, en la regardant fixement, lui demanda :
« Est-il possible qu’une âme vienne tout de même ici une fois décédée ?
-Comment ça ?
-Le vieillard en bas, votre meurtrier, il nous as certifié avoir rencontré une jeune fille dans sa geôle qui ressemblait à celle que… »
Élodie éclata de rire, suivit de Mathilde qui le fit plus discrètement. Squall fronça les sourcils, honteux. Il les avait berné, bien entendu…
« Si vous commencez à croire tout ce que dit cet affabulateur, gloussa Élodie, vous n’avez pas finis de voir des chimères et autres dragons ! » Elle s’interrompit elle-même, portant une main à sa bouche. Elle venait de repenser à Téquila. K-Ro sourit. Mathilde reprit son sérieux, et Élodie toussota.
« Mais comment discerner le vrai du faux ? demanda Erwan. Comment savoir s’il a dit la vérité ou non, simplement dans l’espoir de nous amadouer afin de s’échapper ? Sa description de Séphy-Roshou était tout de même assez exacte, sans que nous lui ayons dit quoi que ce soit.
-Ne croyez-vous pas que son histoire d’organisation soit vraie, alors ? »
Mathilde tressaillit. Élodie lui expliqua rapidement ce que l’ancien détenu leur avait expliqué avant de prendre la poudre d’escampette. Mathilde écouta tout sans ciller, engrangeant les informations. Une fois le court récit achevé, elle posa son visage sur ses doigts entrecroisés.
Mr.Magnum remarqua la similitude de l’attitude avec celle de Gendô Ikari, et songea à DragonNoir. DragonNoir, toujours vivant, toujours sur Terre, attendant patiemment des nouvelles d’eux tous. Il se maudit en pensées pour ne pas avoir songé à un moyen de revenir à la vie à la fin d’un voyage dans le monde des morts. Où avait-il eu la tête ? Quel était l’intérêt de retrouver une personne si pour cela il lui fallait en tuer cent ? Il repensa au film Il faut sauver le soldat Ryan.
« Séphy-Roshou est-elle notre soldat Ryan ? » murmura-t-il pour lui-même. Haschatan le regarda un instant, inquiet, puis retourna à la conversation générale sans plus y penser. Mathilde avait admis que son meurtrier avait pu dire la vérité, et elle avait enchaînée sur Lord FireFly, la Voix et ses cauchemars récents.
« À chaque fois, c’est la même chose, raconta-t-elle. Je suis debout, en pleine nuit, seule et la plupart du temps vêtue de mes habits que je portais sur Terre, avant ma mort. Je ne sais pas exactement si je suis toujours en vie ou non, mais je sais que je suis dans ce monde, car je suis près de la fosse aux mâles.
-La fossomale ? répéta Haschatan d’un seul trait.
-La fosse aux mâles, détacha lentement Élodie. Il s’agit d’un orifice situé non loin d’ici, dans la forêt où vous êtes allés vous promener seul. C’est à notre connaissance le seul et unique passage vers ce qui se trouve ‘en bas’. »
Squall et Mr.Magnum croisèrent leurs regards.
« Alors que je suis là, continua Mathilde en regardant ses mains jointes, et que tout est noir autour de moi mis à part les deux torches qui brûlent en permanence là-bas, une voix s’élève. Sa Voix à lui.
-À qui exactement ? demanda Erwan.
-Aucune idée. Je ne sais pas le moins du monde à quoi il ressemble, seulement qu’il a une Voix horrible, insupportable même. À vous faire dresser les cheveux. Ce n’était pas la voix de celui que vous avez vu dans ma chambre, ce FrayeurFlaïe…
-FireFly, grommela Squall. Lord FireFly, mais croyez-moi, il n’a vraiment rien d’un gentilhomme, d’après ce qu’on vient de voir.
-Peu importe. Ce n’est pas sa voix à lui qui me parlait pendant mes rêves. C’était la plupart du temps une Voix grave, sans timbre, sans émotion. Comme si… » Elle hésita. « Comme si cette Voix était celle du néant, de la Mort, du vide. Elle était à la fois aguichante, suave, à la fois froide et tranchante. Je ne saurais pas la décrire plus précisément. Parfois, elle prenait divers tons complètement différents, imitant la voix de mon père, de ma mère.
-Mais le message qu’elle véhiculait était toujours le même, c’est ça ? » questionna Fury, soudainement intéressé par la conversation. Il fixait Mathilde avec de l’avidité dans le regard, sans même s’en rendre compte, pendant que celle-ci hochait la tête. Une image flasha dans l’esprit de Mr.Magnum, qui l’enregistra sans y prêter attention : Fury, dans la voiture, la tête penchée sur le coté, qui semblait écouter quelqu’un.
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Message par Mr.Magnum Sam 12 Fév - 20:34

(partie 2)
« À chaque fois qu’elle me venait en rêve, c’était pour me dire qu’un groupe de voyageurs allait débarquer chez moi, et qu’il fallait à tout prix les envoyer ‘en bas’. Dès que la Voix prononçait ces mots, la fosse aux mâles rayonnait d’une lumière rouge comme l’Enfer. Souvent, elle me disait ceci et je m’éveillais, parfois en sueur, parfois hors de mon lit, parfois complètement emmêlée dans mes draps.
-Et croyez-vous qu’elle parlait de nous en particulier, cette Voix ? interrogea K-Ro. N’y a-t-il pas eu d’autres arrivants entre le début des rêves et notre arrivée ?
-Si, bien sûr, répondit Élodie qui était au courant elle aussi des songes. Mais les rêves continuaient après qu’ils aient été envoyés ‘en bas’, donc c’est qu’il ne s’agissait pas d’eux. Et nous poursuivions les recherches.
-Nous avons envoyés, pour plus de sûreté, l’intégralité de nos prises dans la fosse aux mâles. Je ne voulais pas prendre de risques face à cette ignoble Voix, et pour être franche, il me tardait de jeter les bons pour être enfin débarrassée de ses cauchemars. Et alors vous êtes arrivés…
-…et on a foutu le boxon ! s’exclama Haschatan.
-Ça, c’est le moins qu’on puisse dire. » soupira Squall. Élodie et Mathilde ne connaissaient pas l’expression, mais elles inférèrent rapidement et à juste titre l’idée générale, car elles acquiescèrent en chœur.
Mr.Magnum se chargea de raconter en détails, peut-être trop, le prologue de leur aventure, en leur expliquant que Lord FireFly était lui aussi dans leur groupe de voyageurs, mais qu’il devait partir plus tard, dans un autre voyage au cas où celui-ci ne donnerait rien.
« Donc il était aussi dans cet immeuble que vous appelez faux-rhûme, c’est ça ?
-Un forum, un lieu de discussion, mais virtuel, enfin… » Mr.Magnum se passa une main sur le visage. Comment leur expliquer le virtuel, l’Internet, et les cinq cents dernières années en quelques mots ?
« Disons qu’il faisait parti de notre groupe, et que manifestement il est passé du coté de la Voix, qui qu’elle soit. » Squall regarda sa troupe de Trauméniens. « Je ne savais pas qu’en se lançant là-dedans, on allait se retrouver avec un ennemi à abattre, en plus d’une âme à retrouver !
-Il ne manque plus que les cristaux et le méchant charismatique pour que Traumenschar devienne un Final Fantasy, dites-moi ! railla Haschatan.
-Je ne comprends rien à ce que vous dites.» les informa Élodie, ce qui décupla les rires autours de la table. Au bout de quelques minutes, lorsque le calme fut revenu, Mathilde reprit la parole et posa la question que tout le monde redoutait :
« Et maintenant, qu’allez-vous faire ? »

*
* *

DragonNoir, seul devant son écran d’ordinateur, jonglait habilement entre les forums, les téléchargements, les fenêtres de conversations multiples et les consultations de fichiers diverses qu’il effectuait simultanément, armé simplement de ses deux mains. Ses yeux allaient et venaient, infatigables malgré l’heure tardive, et ses doigts tapaient avec fièvre sur son clavier, passant avec habileté de la souris aux touches.
Sans trop approfondir, il suffisait de l’observer quelques secondes pour comprendre de DragonNoir passait de nombreuses heures de son temps sur cet ordinateur. Et cela servait actuellement non pas sa culture personnelle déjà étendue, mais à la recherche des différentes façons de mourir. Une liste non exhaustive des procédés surplombait une pile non négligeable de papiers variés, près de l’imprimante qui marchait quasiment sans cesse depuis la fin de la dernière réunion Traumen.
« Égypte… Égypte… » marmonnait-il en slalomant sur une multitude de sites consacrés aux méthodes d’embaumements, aux cultes Égyptiens, aux pyramides, etc… Il perçut un mouvement sur la gauche de son moniteur, mais ne daigna même pas lever les yeux.
« Encore debout ? » demanda-t-il à l’individu qui s’était placé à coté de lui, scrutant l’écran également. Ce dernier poussa un grognement simulant un ton endormi, et s’assit sur un siège libre. Il se passa une main dans ses cheveux châtains en bataille, puis demanda d’une voix imitant la somnolence :
« Tu recherches quoi ?
-Je suis à présent sur diverses religions qui ont toutes en commun la base des croyances Égyptiennes. Les mêmes divinités, le même culte des morts. Je pense que ça sera un monde intéressant à découvrir et explorer, et j’espère pouvoir en faire partie prochainement.
-Bien sûr, répondit l’autre en étouffant un faux bâillement. Mais le prochain voyage, ce n’est pas celui avec Radamenthe, le Ionisateur Fou et…
-Et Youfie, et Gorgon_Roo et évidemment Fury, quand il sera revenu. Pourquoi, tu veux également en faire partie ?
-Hein ? Oh non non, c’était juste pour savoir, pour connaître la suite un peu… Je retourne me coucher, bonne nuit…
-Bonne Nuit FireFly ! »
Lord FireFly rejoignit sa couche dans le salon de DragonNoir. Deux autres personnes dormaient là, à même le sol, mais son attention se portait simplement sur l’une d’entre elle, elle aussi éveillée. Lord FireFly ricana silencieusement.
L’autre personne lui répondit.

*
* *

Mr.Magnum se pencha au dessus de la fosse aux mâles, perplexe. Le puit légèrement incliné faisait deux mètres de diamètre au bas mot, et allait en s’étrécissant vers le fond. On ne distinguait pas plus loin qu’une dizaine de mètres en contrebas, et la lumière écarlate décrite par Mathilde dans ses songes n’était manifestement pas de la partie.
Il se redressa et retourna auprès de Mathilde, qui discutait avec Erwan et le reste du groupe un peu en retrait. Élodie et quelques autres dames blanches les avaient accompagnées, curieuses de voir des personnes qui désiraient aller sciemment ‘en bas’. Haschatan pensa, en les voyant, à une bande d’admiratrices face à un groupe de chanteurs connus.
« Vous êtes bien sûrs de vouloir y aller ? demanda Mathilde.
-Certains, répondit Squall pour tout le monde. Si la Voix vous a demandé non pas de nous éliminer mais de nous envoyer ‘en bas’ pieds et poings liés. Je suppose qu’il y a quelqu’un ou quelque chose qui nous attends ‘en bas’, et même si FireFly a certainement du les informer de votre rébellion…
-…ils ne s’attendent pas à vous voir débarquer de votre plein gré, termina Élodie en s’avançant. Que pensez-vous trouver une fois arrivés ? »
Personne ne répondit. Parce qu’en fait, personne n’avait la moindre idée de la nature du monde qui se trouvais ‘en bas’ et de ce qui les attendait. Ils étaient encore tous sous le coup du retournement de veste de Lord FireFly et espéraient qu’il fut le seul à être passé à l’ennemi. À tort.
Mathilde reprit a parole pour leur prodiguer ses derniers conseils :
« La descente est très longue, c’est tout ce que je peux affirmer de sûr vis-à-vis de la fosse aux mâles. Nous avions l’habitude de balancer les hommes et les femmes récalcitrantes dans cette fosse sans tenir compte de la souffrance des victimes, mais pour vous, c’est différent.
-Encore heureux, grogna Fury en croisant les bras.
-Il va vous falloir glisser dans le trou tout doucement, lentement…
-Bigu, murmura Squall en souriant.
-…afin d’éviter de tomber. Toute corde est inutile. Nous avions pensé à vous sécuriser de cette façon, mais les cordes se coupent sur les pierres aiguisées des parois. Donc vous agirez sans filet.
-On a l’habitude, hein les gars ! fanfaronna K-Ro en donnant des grandes claques dans le dos d’Erwan et de Haschatan. Moi, je pense que je vais rester là afin de superviser les éventuels problèmes que vous pourriez rencontrer…
-Ben voyons, gloussa Mr.Magnum en attrapant K-Ro par une épaule. Tu viens avec nous, et sans discuter. »
K-Ro se tortilla et gémit avant d’abandonner. Un cri de rage que tout le groupe identifia rapidement fendit l’air alors qu’un gnome, ligoté, porté par deux dames blanches, se démenait pour s’enfuir. K-Ro mis de coté sont air abattu et exhiba un sourire sadique de toute beauté.
« Oh tiens tiens tiens… Qui voilà là... »
Kefka, dont on avait oublié de bâillonner la bouche, se mit à pousser un hurlement strident tel que plusieurs dames blanches durent porter leurs mains aux oreilles. Mais K-Ro, habituée, se contenta d’attendre qu’il ait finit, puis retira ses boules quiès l’air de rien.
« Alors comme ça on ne voulait pas nous libérer, n’est-ce pas ?
-Je… Je… balbutia-t-il. Mais bien sûr que si, c’était pour le berner ! J’attendais le moment propice pour le mettre à terre lorsque Téquila est apparu !
-C’est pour ça, intervint une dame blanche, que tu as mouillé ton pantalon ! »
Hilarité générale moins un, qui bougonna dans son coin. On le détacha finalement, et Squall demanda à K-Ro ce qu’elle comptait en faire.
« Il va venir avec nous bien sûr ! Seulement au lieu de voyager dans mes pensées, il marchera, comme vous et moi. Et dès que j’en aurais l’occasion, il fera les pires besognes jamais inventées, comme aller écrire des contrats à la main, ou aller nourrir le Flaga… le Flaflanou… Enfin ! La bestiole qui rôde autours de mon quartier général ! »
Nouveau gémissement de Kefka. Nouvel éclat de rire général. Puis vint le temps de partir enfin. Stoïques, les dames blanches agitèrent faiblement leurs mains. La plupart d’entre elles savaient pertinemment qu’elles ne les reverraient jamais, mais à long terme, elles ne s’en souciaient que peu.
Élodie regarda partir Haschatan, et celui-ci cru même qu’elle allait se mettre à pleurer. Peut-être l’espérait-il ? Mais elle se contenta d’un signe de la main. Mathilde leur lança un sourire de remerciement indirect pour tout ce qu’ils avaient fait, et ce malgré les conséquences que ces changements impliquaient.
« C’est parti… » soupira Squall.
Alors le groupe de Trauméniens entamèrent leur longue et périlleuse descente dans la fosse aux mâles, vers ‘en bas’.


FIN DE L’ÉPISODE 2 : LES DAMES BLANCHES.
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(partie 1)
ÉPISODE 3 : SERIAL KILLER.
1. « Un tueur en série… -Un quoi ?! »


ENCART DU QUOTIDIEN «LA LIBERTÉ DE L’EST »
Épinal.

[…] Le ‘tueur des mineures’ comme le nomment les habitants d’Épinal a encore frappé la veille au soir, dans la nuit de mercredi à jeudi, sur l’innocente personne de Sandra Duval. L’adolescente seulement âgée de 16ans, a été lardée de coups de couteaux dans sa propre chambre. Selon le commissaire Serge Thourn, chargé de l’enquête, le tueur en série aurait pénétré par effraction en passant par la fenêtre entrouverte de la petite Sandra, et l’aurait tué pendant son sommeil. La famille Duval organisera une veillée funèbre le […]

*
* *

La porte s’ouvrit lentement sur la vaste salle remplie d’ombres projetées par la forte lumière des lampadaires extérieurs. Le panneau de bois grinça sur ses gonds non huilés, faisant fuir quelques rats qui se cachaient entre les nombreuses caisses vides délaissées que le sol de l’entrepôt.
Une fois qu’elle eut achevée sa progression circulaire en heurtant une énième caisse vide, la porte s’immobilisa dans un nouveau grincement cacophonique. Un animal non identifié voleta dans les ténèbres du plafond, tandis qu’une immense silhouette apparaissait dans l’embrasure de la porte. Des rayons de lumières pâles filtrées de particules de poussière en suspension donnaient à la scène un aspect fantomatique.
La silhouette entra silencieusement dans la bâtisse abandonnée, et referma la porte, faisant hurler une dernière fois les gonds. Puis, dans l’obscurité ambiant, on peut deviner que l’individu cherche un objet dans un sac, aux divers bruits de fouille qu’on entend dans le noir. Soudain, un raie de lumière déchira la nuit et on se rendit compte qu’il ou elle tient une lampe torche dans sa main.
Le faisceau balaya le sol alors que l’inconnu(e) slalomait entre les divers objets jonchant le plancher de béton sale. Il s’avança d’un pas habile malgré le désordre, connaissant parfaitement la configuration des lieux. Le rayon lumineux s’arrêta sur une porte rouillée de part en part, ne comportant ni serrure ni poignée, mais bloquée par une autre caisse vide qui maintenant l’ouverture close.
Un pied chaussé d’immondes baskets rouges, aussi immondes par la crasse que par l'apparence originale, projeta la caisse contre une autre, libérant la porte qui s’écarta sans bruit, celle-ci. Un index crasseux, et indéniablement masculin car couverts de poils hirsutes, s’engagea dans le trou béant où s’était trouvé une serrure des lustres auparavant, et ouvrit la porte où pénétra l’inconnu.
Celui-ci jeta un dernier regard soupçonneux vers l’entrée de l’entrepôt dans la pénombre, juste en dessous le panneau vert indiquant ‘sortie de secours’ qui clignotait, cherchant désespérément une source de courant depuis un bon moment, et qui n’en trouvera jamais. Le silence lui indiqua que personne ne l’avait suivit, et il poussa un soupir presque inaudible avant de refermer la porte en apposant de nouveau la petite caisse devant.

La porte de l’entrepôt s’ouvrit, répandant à nouveau la lumière brute des lampadaires sur les innombrables cartons. Mais cette fois-ci, au lieu d’une silhouette, ce fut un attroupement de personnages qui fut révélé par l’ouverture de la porte. Quatre individus au comportement calme se tenaient debout et scrutait l’intérieur.
La porte grinça horriblement, tranchant le silence. Tous sursautèrent.
« Merde. » grogna une voix rauque d’homme.
Puis, les réactions s’enchaînèrent : Superbe course des quatre individus, cache-cache rapide dans le piles de boîtes diverses tandis que la porte sans serrure s’ouvrit à la volée, temps d’apnée record durant les longues minutes où l’inconnu rencontré en premier retourne fermer la porte, grommelant contre les chats errants, pour finir par une remarquable patience des quatre nouveaux arrivants pendant que l’inconnu se curait consciencieusement le nez en gardant un œil sur la porte.
Puis il se renferma à nouveau dans la pièce annexe.
« C’est bon ? Il est repartit ? demanda une voix de femme dans l’obscurité.
-Je crois, ouais, répondit la voix grave de tout à l’heure. Allons-y. »
Quatre ombres remuèrent et se faufilèrent silencieusement jusqu’à la porte sans serrure. Une troisième voix, masculine mais pas aussi grave que la première, demanda à l’assemblée si c’était réellement une bonne idée.
« Tu veux te défiler ? répondit Voix Grave.
-Non, ce n’est pas ça, mais… » La troisième voix bredouilla quelques mots, et la quatrième personne mis son grain de sel, d’une voix jeune mais calme.
« Si tu ne veux pas, il est encore temps de faire demi-tour, chuchota Voix Calme.
-Mais c’est maintenant, ajouta Voix Grave. Maintenant, ou jamais. »
Quelques secondes de silence, lourdes de réflexions.
« On y va ? hasarda la femme.
-Euh… Oui, on y va. » dit la seconde voix.

Lord Satana roula des yeux en voyant DragonNoir affalé sur son siège, la tête collée à son clavier de sorte que le document Word ouvert contenait plus de vingt pages de caractères ‘n’ d’affilés. Le soleil donnait sur le bureau enseveli de papiers, de piles de livres, certains ouverts, d’autres parsemés de marques pages, de post-it. ou de notes. Il était bientôt huit heures, et tout le monde dormait encore dans la maison.
Les derniers Trauméniens étaient partis l’avant-veille pour Épinal, et Lord Satana était maintenant bien plus à l’aise depuis leur départ. Il n’avait jamais apprécié la compagnie d’autrui, surtout depuis qu’il s’était installé chez DragonNoir pour superviser les opérations à ses cotés. Mais il s’était obligé, pour Séphy-Roshou, à supporter tout cela.
D’un geste souple et gracieux, il tapota l’épaule de DragonNoir afin de le réveiller.
« Hm ? marmonna-t-il, ensommeillé.
-Il est peut-être temps d’arrêter de copuler activement avec ton clavier pour aller rejoindre ta couche, ne penses-tu pas ? »
DragonNoir se frotta un œil distraitement, relevant ses lunettes de l’autre main. Il avait une demi-douzaine de touches tatouées sur sa joue, qui reprenait peu à peu des couleurs. Lord Satana poussa un soupir désespéré en se reculant pour laisser passer un DragonNoir somnolent qui se traîna jusqu’à sa chambre. La porte claqua.
Il s’assit à son tour devant le moniteur et le document resté ouvert, et entreprit d’effacer la multitude de caractères identiques qui s’alignaient. Une fois revenu au texte d’origine, il fut prit d’une irrésistible envie de consulter les notes virtuellement jetées sur le papier par DragonNoir. Une petite voix intérieure lui soufflait qu’il ne devait pas, que c’était mal, mais Lord Satana n’avait pas pour habitude d’écouter les petites voix.
Il remonta donc le document tout en haut et commença la lecture.

L’homme, car il s’agissait bien d’une homme suite à l’examen en détail de la main qui avait ouvert la porte sans serrure, l’homme donc coinça à nouveau la porte avec la caisse et brancha sa source de lumière, une vulgaire ampoule coincée sur un panneau de bois et branchée à une batterie de voiture. La lumière éclaira le petit local d’une coloration jaunâtre, malsaine, dont les clignements incessant n’arrangeait as la visibilité.
Mais cela semblait satisfaire l’inconnu qui s’assit à une table remplis de fouillis aussi variés que des rouleaux de scotch vides ou un tas d’allumettes à demi consumés. L’homme, que nous pouvons maintenant sans trop de risque appeler maniaque, tira à lui un carton et l’ouvrit, dévoilant des centaines de photographies carrées, typiques des appareils photos instantanées. Il en sortit une poignée au hasard.
Une fois qu’il les eut toutes étalées aléatoirement sur un coin relativement vide de sa table, il commença à toutes les embrasser une à une. C’est l’occasion pour nous de découvrir un homme relativement jeune, dont le visage aurait pu être beau s’il avait été plus soigné, plus rasé, et surtout sans l’air de folie qui enlaidissait ses traits. Il choisit une photo et passa sa langue dessus, dans un geste qui passait pour être sensuel à ses yeux.
Dégueulasse aux notre.
La majorité des filles présentes sur les images étaient nues, ou simplement en culotte. Inconscientes, aussi. Voire mortes. Et jeunes. Terriblement jeunes. Seule une ou deux devaient avoir dépassés la majorité, et on ne peut exclure un simple développement physique avancé. Il tira une seconde photo et se frotta le visage avec, soufflant et haletant. L’ampoule nue clignota méchamment.

« Qu’est-ce qu’il fait ? demanda la femme.
-Il… commença Voix Grave. Je crois qu’il est entrain de se frotter sur des bouts de papiers, nom d’une quiche !
-Est-ce vraiment le moment de faire de l’humour ? » l’implora Voix Calme. Dans la pénombre, il s’avança jusqu’au trou de la serrure, poussa son coéquipier et regarda par le trou à son tour. Il retira son œil au moment où le maniaque défaisait sa ceinture.
« Alors ? dit celui qui avait hésité tout à l’heure.
-Alors on va entrer avant qu’il commence à faire de cochonneries, répondit Voix Calme.
-Des quoi ? » Sans prendre le temps de plus de détails, Voix grave donna un coup de pieds dans la caisse et ouvrit la porte à la volée, éclairant les visages des trois hommes et de la jeune femme qui les accompagnait.

Lord Satana avait épluché les dizaines de pages dans tout les sens, avide de satisfaire sa curiosité. DragonNoir avait tout noté, de A à Z, sur l’ensemble des recherches qu’il avait effectué. En tant que superviseur des opérations Traumenschar, il avait préparé les équipes, longtemps à l’avance, ainsi que les divers voyages et divers morts possibles.
Satana vit le prochain sur la liste, et remarqua que son nom n’y figurait pas. Il releva les yeux pour s’assurer que personne n’était là, et modifia l’équipe en sifflotant, s’assurant ainsi de pouvoir partir en même temps que DragonNoir dans l’au-delà concernant l’Ég…
« Déjà debout, Satana ? »
Lord Satana sentit une onde glacée lui lécher le dos, et ses mains tressaillirent sous la surprise, fermant le fichier avant qu’il n’ait pu terminer la modification. Il pesta intérieurement, exhibant un magnifique sourire aussi faux qu’une poitrine siliconée à Lord FireFly qui venait de sortir du salon.
Ce dernier s’avança, ou plutôt se glissa jusqu’à l’ordinateur, pour se poster aux cotés de Lord Satana. Celui-ci sourit.
« Qu’est-ce que tu veux ?
-Non, rien, siffla Lord FireFly en se penchant vers l’écran, comme s’il voulait deviner ce qui y était affiché auparavant. Je voulais juste voir ce que ça donnait… » Lord FireFly laissa sa phrase en suspens. Un sourire inquiétant barrait son visage, et Lord Satana se sentit mal à l’aise, inexplicablement. Il laissa le silence s’installer, puis le chassa.
« Ce que donnait quoi ?
-Deux Lords côte à côte devant un ordinateur. »
Puis, sans autres explications, Lord FireFly fit demi tour et s’en alla, tout sourire.
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Message par Mr.Magnum Dim 20 Fév - 4:11

(partie 2)
Le maniaque se retourna, sa ceinture dans les mains, le pantalon aux genoux dans une attitude qui aurait pu être drôle s’il n’y avait pas eu toutes ces photos de mineures sur la table. Son expression hébétée trahissait une surprise totale, une peur manifeste quant à l’identité des nouveaux arrivants, mais aucune honte vis-à-vis de ce qu’il allait accomplir.
Toujours en fixant les quatre individus qui se tenaient en retrait de la porte, l’inconnu se baissa et remonta son pantalon. Il dû s’y reprendre à deux fois avant de réussir à le remettre correctement. « Qu’est-ce que vous foutez là, les jeunes ? articula-t-il lentement, non pas pour faciliter leur compréhension, mais plutôt la sienne.
-On vous a suivi jusqu’ici, répondit Voix Grave. Pour vous demander un petit service. »
Le jeune homme était grand et avait le visage sévère et austère. Sa voix n’arrangeait pas l’ensemble et lui conférait une aura d’antipathie assez fulgurante, presque palpable. Il porta un poing à sa bouche et toussa.
« Un service, les mioches ? Vous savez pas qui je suis, n’est-ce pas ?
-Si, justement, répondit Voix Calme. Vous êtes le tueur en série qui a assassiné plus d’une quinzaine d’enfants.
-Alors vous êtes barjos… » dit le tueur en exhibant un couteau encore maculé de sang séché de la dernière victime. Les quatre jeunes s’entre-regardèrent, puis sourirent tous. Sauf celui qui se tenait un peu en retrait, et qui remontait nerveusement ses lunettes sur son nez d’une main tremblante.
« Vous êtes sûrs que c’est vraiment une bonne idée ? demanda-t-il à l’assemblée d’une voix hésitante.
-Oh, tu ne vas pas encore faire ta mijaurée, LIF ! cria Voix Calme d’un ton moins calme, justement. On a tous décidé de venir ici et de le faire, alors c’est pas pour reculer maintenant !
-Bien sûr, dit Le Ionisateur Fou en tortillant ses doigts. Mais est-ce qu’on pourrait pas lui demander de faire ça vite et bien, et de ne pas nous violer après alors ?
-En ça je suis d’accord, ajouta la jeune fille. J’aime torturer, mais pas me faire torturer. Et l’idée de me faire tripoter une fois morte m’indispose également. »
Le jeune homme au visage austère se passa une main sur la figure.
« Quelle bande de quiches vous faites ! dit-il. Hilde, ne me dit pas que tu ne voudrais pas connaître la douleur que tu procures à tes victimes Trauméniennes, tout de même ?
-Pour être franche, avoua Hilde : Non. Je suis Sado, pas Maso.
-En même temps, dit Voix Calme en se grattant les pattes qui descendaient sur ses joues pâles et émaciés, je suis également de leur avis, Rada…
-Ah non, Gorgon ! brailla Radamenthe, au comble de la colère. Tu ne vas pas me lâcher toi aussi !!On avait tous dit qu’on se faisait tuer par celui-ci, alors maintenant on y va, d’accord ? » Radamenthe fixa Gorgon_Roo, puis Le Ionisateur Fou, puis Hilde.
Derrière eux, le tueur en série, couteau à la main et pantalon de travers, restait éberlué par les réactions inattendues de ces quatre adolescents manifestement suicidaires.

Lord Satana, une fois habillé, tournait la poignée de la porte pour sortir de chez DragonNoir au moment où une voix féminine l’interpella. Il se retourna vers Youfie qui elle aussi avait posée ses valises chez DragonNoir pour une durée indéterminée, et elle arborait un visage soucieux.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Lord Satana, la mine renfrognée. Il avait prévu d’aller faire un tour dans le quartier, mais seul. Youfie, qui avait enfilé son manteau et mettais ses chaussures, contrariait ses plans.
« Je peux venir avec toi ? Tu vas faire un tour, non ?
-Certes.
-Je voudrais te parler. Pas à toi précisément mais…
-Si c’est pour te justifier vis-à-vis de ton refus de partir dans le second groupe de voyage, je n’en ai cure.
-Non, enfin… Peut-être, si. Mais je voudrais surtout te demander un service, toi qui es proche de DragonNoir, admit-t-elle en le regardant dans les yeux.
-Q-Po est plus proche de lui, tu sais.
-Mais lui, il n’est pas réveillé. »
Un silence s’installa. Youfie fixait Lord Satana, qui finit par ouvrir la porte et sortir en la laissant entrouverte. Youfie vis ce geste comme une approbation silencieuse et elle sortit à sa suite, le rattrapant dans les escaliers qui menaient à la rue.
Une fois dehors, Lord Satana huma l’air frais du matin parisien, encore relativement peu pollué par les milliers de véhicules qui allaient défiler dans la capitale durant la journée. Le soleil n’était pas assez haut pour donner entre les immenses bâtisses au style encore ancien qui les entouraient, mais d’ici quelques heures la chose serait réglée.
Youfie arriva près de lui, quelque peu essoufflée par sa course dans les escaliers pour le rattraper. Il remarqua la couleur de ses joues qui viraient au carmin lorsqu’elles entrèrent au contact de la brise rafraîchissante du dehors. Elle frissonna.
« Pas chaud, hein ?
-Si nous pouvions éviter de tomber dans les poncifs des pré-conversations importantes, comme ‘Beau temps pour la saison !’ ou encore, le pire de tous : ‘Sinon, ça va ?’ Est-ce que ça t’est possible ou non ? Venons-en au fait.
-Bon, comme tu veux, dit Youfie, un peu vexée par l’attitude hautaine d’un adolescent moins âgé qu’elle. Je voulais te parler du premier groupe de Trauméniens, qui ne sont pas encore revenus.
-Mais nous savons tout deux que ce groupe, partit trop tôt, n’avait pas encore réfléchit à la solution de retour. En fait, rectifia-t-il, personne n’y a pensé. Magnum nous avait donné le moyen de partir, sans moyen de retour, et nous nous sommes jetés dedans sans prendre le temps d’analyser la situation de a à z. Mais c’est maintenant fait.
-Oui, je sais, ça ne se reproduira pas avec les nouveaux voyageurs, ni avec personne car tous sont maintenant au courant de la manière de rentrer. Tous sauf eux.
-Et alors ? s’impatienta Lord Satana, impatient. Il suffira d’envoyer quelqu’un pour les… » Il s’interrompit de lui-même, scrutant l’air déterminé de la jeune femme qui se tenait devant lui, sérieuse et déterminée.
« Je suis candidate. » dit-elle simplement.

« Bon, reprit Radamenthe en s’asseyant sur une caisse en bois. Qu’est-ce que vous proposez alors ? Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? On annule tout et on rentre voir DragonNoir en disant que LIF avait les pétoches ?
-Je n’ai pas les péto…
-Non, bien sûr que non, raisonna Gorgon_Roo. Maintenant que nous sommes là, autant y aller. De plus, je crois que notre ami s’impatiente quelque peu. »
Le groupe se retourna vers l’assassin pédophile qui, terré dans un recoin de sa cachette, essayait vainement de mettre le plus de distance possible entre lui et ses invités. Radamenthe s’approcha de lui en souriant. L’homme s’enfonça dans le mur en gémissant.
« Ne… Ne m’approchez pas !
-Mais nous voulons juste que vous nous…
-Ne m’approchez pas !!!
-Tu lui fais peur, gloussa Hilde.
-Écoutez, je vous laisse tous partir, vous êtes marteaux mais je ne vous ai jamais vu, d’accord ? Promis, je ne vous tuerai pas…
-Mais on veut mourir nous !! » s’exclama Radamenthe en l’empoignant par l’épaule. Le tueur hurla et poussa Radamenthe qui, sans l’intervention du Ionisateur Fou et de Gorgon_Roo, tombait à la renverse.
« Il ne veux pas, c’est manifeste, conclut Gorgon_Roo.
-Qu’est-ce qu’on peut faire ?
-Peut-être qu’il y a un monde différent selon les tueurs, aussi ? hasarda Hilde en réfléchissant. Imaginez un seul instant qu’il existe autant de monde que de tueurs en série ? Ça veux donc vouloir dire qu’il va falloir retrouver le tueur éventuel de Séphy-Roshou et se faire tuer par lui avant de…
-Teu teu teu !! l’interrompit Radamenthe. Je t’arrête tout de suite, si on part comme ça, on arrivera à rien. Déjà, on a un problème à régler : Il ne veux plus nous tuer.
-On aurait mieux fait de se taire tout à l’heure, grommela Gorgon_Roo. Tu lui as fait peur, Radis !
- Toi, le gorgonzola, je ne t’ai pas sonné. » répliqua Radamenthe en pointant un doigt rageur vers le susnommé. Il y eut un silence, puis deux, et enfin Gorgon_Roo ouvrit la bouche pour rétorquer mais Hilde le stoppa dans son élan.
« On ne vas pas commencer à se bagarrer, non plus, si ?
-Rha ! Juste lorsque j’allais te renvoyer une insulte terrible…
-Aussi terrible que ta tenue vestimentaire ? »
Gorgon_Roo regarda sa chemise à carreaux et son jean, puis releva les yeux, juste à temps pour voir le maniaque qui se jetait sur le Ionisateur Fou, dans son dos. Il n’eut pas le temps de crier. Hilde et Radamenthe, voyant le regard horrifie de Gorgon_Roo, se retournèrent.
La lame pénétra dans le ventre de Radamenthe et celui-ci grommela quelques mots incompréhensibles avant de tomber à terre. Puis, alors que le meurtrier s’attaquait à Hilde et la dépeçait en hurlant, Radamenthe dit ses derniers mots :
« Ah ben… …quand même, c’est… uuh… ...pas trop tôt… …nom d’une quich… »

*
* *

ENCART DU QUOTIDIEN «LA LIBERTÉ DE L’EST »
Épinal.

[…] Encore quatre nouveaux morts retrouvés dans l’affaire du tueur en série d’Épinal. Le tueur en personne est venu se rendre à la police dans la matinée, sous le regard médusé du commissaire Serge Thourn. Le meurtrier aurait avoué la vingtaine d’assassinats en sanglotant, et il aurait expressément demandé à être jeté en prison. Selon les déclaration du psychologue, le jeune homme serait atteint de folie passagère certainement due à […]
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Message par Mr.Magnum Lun 28 Fév - 17:23

(partie 1)
2. Un enfer administratif.
Radamenthe ouvrit un œil perplexe sur une immense pile, voire montagne, de papiers qui se dressait telle une représentation de l’arbre d’où toute ces feuilles sortaient. Son œil roula dans son orbite, puis se referma, fatigué par l’effort. Il n’arrivait plus à sentir le reste de son corps, si ce n’est son esprit. Un instant, même, il songea à la décapitation, avant de repousser vivement l’idée. Il n’avait pas mal.
Deuxième découverte, deuxième sens : l’ouïe. Ses oreilles fonctionnaient également, bien qu’une des deux devait être collée au sol, ou à la table ; les yeux disaient qu’il se trouvait sur une table. Le brouhaha ambiant lui rappelait les bureaux de poste, les longues files d’attente à la banque ou les repas au restaurant. Une sorte de bruit de fond, qu’on n’entend pas lorsqu’il est présent, mais qui nous manque dans le cas contraire.
Il fit un premier essai pour bouger sa main, mais sans résultat. À la seconde tentative, il réussit à apercevoir une bête à cinq membres, rose, passer devant son regard. Il mit un moment à se rendre compte qu’il s’agissait de sa main. Il ouvrit et referma ses doigts dans le vide, comme pour s’assurer qu’elle répondait toujours docilement, puis se passa lentement une main sur la figure.
Il se surprit à espérer avoir une envie pressante d’uriner, ou le pied qui le gratte, ou une crampe au mollet, enfin n’importe quoi qui aurait pu lui permettre de savoir qu’il n’était pas qu’un simple tronc entrain de se vider de ses tripes sur une table. Il en était même venu à espérer un viol douloureux de son intimité lorsque…
« Vous comptez rester ainsi couché longtemps, les nouveaux ? » résonna une voix.

De retour à l’appartement, Youfie prit place sur un des canapés du salon de DragonNoir, et Lord Satana, la mine sérieuse indiquant une réflexion poussée, préféra un siège solitaire, comme lui. Il se passa une main dans ses cheveux mi-longs, en regardant Youfie avec insistance, et celle-ci baissa les yeux. Elle aurait préféré continuer la conversation dehors, mais Lord Satana l’avait presque obligé à rentrer pour mettre les choses à plat. En elle-même, elle songeait qu’elle n’aurait peut-être pas dû lui confier ainsi ses idées et partir seule pour…
« Donc tu penses être la personne qu’il faut, une sorte d’élue, pour aller informer Magnum et les autres du moyen de revenir parmi nous ?
-Oui, répondit Youfie, sûre d’elle. Vous ne comptiez pas envoyer un autre groupe visiter le monde des dames blanches, tout de même ? »
Lord Satana ne répondit pas, se repassant en mémoire les différentes pages du document de DragonNoir concernant l’organisation des prochains voyages. Rien n’indiquait qu’un second groupe était prévu pour partir là-bas, car il avait été prévu que le dernier groupe allait rentrer de ce mode-ci à un moment ou un autre. Il grogna.
« Non, je ne pense pas. Mais t’y envoyer seule serait une pure folie, à mon sens.
-Squall y est bien allé seul, non ? » La remarque fit mouche.
DragonNoir avait perdu toute trace de Squall bien avant le départ des cinq autres Trauménien pour la première excursion. Il s’était renseigné, et il avait découvert qu’il avait disparu lui et sa voiture quelques jours avant, sans dire un mot à qui que ce soit. Non sans peine, nombre des membres de Traumen avaient songé à une désertion de Squall face à une mission qui le dépassait. Et maintenant, Youfie leur donnait une nouvelle version de l’histoire, une version à laquelle ils n’avaient pas encore pensé.
« Tu veux dire qu’il serait allé les rejoindre ? Ou bien qu’il…
-…serait partit en éclaireur, oui, c’est ce que je pense. » termina-t-elle.
Lord Satana, dubitatif, se massa distraitement l’épaule, les yeux rivés sur le plafond. Après tout, songea-t-il, ce n’était pas impossible. C’était bien dans le style de Squall, agir seul et sans le dire à quiconque. Il sourit.
« Bon, soit, admettons : Squall est partit là-bas en voulant leur dégager le chemin, ou pour repérer, ou autre. Ils sont donc six dans ce monde, n’est-ce pas ? Et tu voudrais y aller à ton tour, ce qui porterait le nombre à sept ? Sept membres partis dans un monde où Séphy-Roshou n’est probablement pas car elle n’a que peu de chances d’être morte à cause d’une dame blanche dans son lit ? »
Silence de Youfie.
« Je te rappelle, non sans une certaine lassitude de devoir toujours répéter la même chose, qu’il existe une multitude de monde, d’innombrables au-delà à visiter. Six membres dans un seul monde, c’est déjà en soit une trop grande perte.
-Mais si nous voulons qu’ils reviennent, alors il faut bien que quelqu’un y aille ! » rétorqua Youfie. Lord Satana, réticent, se leva et arpenta la pièce de part en part, slalomant entre les matelas sur le sol et les sacs de couchage. Elle avait raison, indéniablement. Youfie le suivait des yeux, attendant une réponse qui ne venait pas.
La porte s’ouvrit alors, et Lord FireFly se faufila dans la pièce, rompant la tension.

Gorgon_Roo, lorsque la voix avait retentit, avait relevé la tête précipitamment et s’était cogné au bureau. En se massant la tête, il s’était remis sur pieds avec peine, et il avait regardé en face le propriétaire de la voix de Stentor qui venait de les interpeller. Il étouffa un rire.
L’homme qui se tenait derrière le bureau était l’antithèse même de l’armoire à glace à laquelle il s’était attendu. Il était petit, il était vieux, il ne semblait pas plus dangereux qu’une tortue sur le dos, et surtout il avait un air fatigué qui lui donnait un aspect de retraité servile et un peu gâteux. Il caressait sa moustache en fixant tour à tour les quatre Trauméniens d’un œil indifférent, mais peu engageant.
Sur le bureau, une petite pancarte annonçait : H.A.Fish.
« Est-ce que vous pouvez vous identifier ? » dit Fish en tripotant toujours sa moustache. Il avait l’air d’un simple vieillard, réceptionniste d’hôtel ou grand-père classique qu’on s’attend à voir assit au coin du feu entrain de raconter des histoires. Son emploi de réceptionniste ne lui convenait manifestement pas, et il marmonnait en permanence à voix basse, une voix grave et anormalement résonnante.
« Bonsoir ! Je m’appelle Radamenthe, et je viens chercher une fille dénommée Séphy-Roshou, ravi de vous rencontrer ! » Fish leva un sourcil indécis en direction du nouvel arrivant à l’humour bravache, puis parcouru des yeux une demi-douzaine de feuillet tous remplis de nombreuses lignes de textes, manifestement à la recherche de noms, le tout en grommelant dans sa moustache.
Fish ouvrit sans même regarder, force de l’habitude, un petit coffret sur le coté de son bureau et en sortit une friandise que personne n’arriva à identifier, pour le moment. Hilde commença à trouver le temps long, alors que Fish mâchonnait sa confiserie avec délectation. Il avait au moins cesser des jurons étouffés. Gorgon_Roo en était à l’étape d’ouvrir la bouche pour relancer la discussion lorsque Fish le devança.
« Je n’ai pas de Radamenthe sur ma liste, désolé. Vous pouvez passer par la porte là-bas, on vous demandera de remplir un formulaire de donation d’âme. Vous avez dû faire une crise cardiaque en voyant un des tueurs ou bien une victime, et ils vous ont envoyés ici au lieu du Paradis prévu dans ce type de cas… »
Il avait parlé d’un ton monocorde, puissant mais navré, sans même lever les yeux sur Radamenthe qui s’était retourné vers le Ionisateur Fou, Gorgon_Roo et Hilde, qui haussaient tout trois les épaules en parfaite synchronisation. Radamenthe se gratta le nez en souriant, puis haussa le ton, au grand désappointement de ses compagnons :
« Non non, nous avons bien été tué par un tueur en série, un serial killer, et je revendique le droit à accéder au Paradis des victimes de tueur en série, et que ça saute ! » Il faillit rajouter nom d’une quiche en bois, puis se ravisa. Fish le regardait maintenant. Gravement. Radamenthe soutint son regard.
« Vous n’êtes pas sur la liste, répéta-t-il en secouant une feuille. Et selon le formulaire C-49 alinéa D, paragraphe 6.4, je cite : « Toute personne non répertoriée sur le feuillet numéro 8.D en tant que MES (Morts En Série, expliqua-t-il) se verra dans l’obligation de léguer en son âme et conscience son esprit astral en remplissant le formulaire Q.4’’ qui…
-Mais qu’est-ce que c’est que ce charabia ? jura Gorgon_Roo. Même mort, on nous ennuie quand même avec des papiers, et des formulaires, et des questionnaires à cocher… C’est fou ! »
Fish soupira, révélant pour une première fois une mimique humaine. « Ah ça, je suis bien d’accord, voyez-vous, mais je n’ai pas le choix. C’est mon poste, vous voyez, et si je veux grimper les échelons, je suis obligé de respecter la procédure… »
Il rentra deux doigts dans sa bouche et en sortit une phalange humaine. Ou plutôt l’os, simplement. Toute la peau et la chair avait été suçoté et l’os était blanc comme… eh bien oui, comme un linceul. Le Ionisateur Fou déglutit péniblement, réfrénant une nausée subite, alors que Hilde poussait des petits cris de bonheur en songeant à l’ex-propriétaire du doigt.
« Je sais qui vous êtes ! J’en suis sûre ! Vous êtes Hamilton Albert Fish, le tueur en série qui aurait selon certaines rumeurs tué plus de quatre cents personnes, en majorité des enfants, pour les dévorer ensuite petit à petit jusqu’à la décomposition totale !
-C’était le bon temps, sourit Fish en triturant de nouveau sa moustache, la mine songeuse et le rose aux joues. J’étais alors capable de grandes choses, à cette époque. Là on savait vivre ! Maintenant… Et bien maintenant je suis mort, bien entendu ! »
Et il partit d’un rire guttural, que les quatre Trauméniens, au comble de la gène, suivirent plus par politesse que par envie. Fish sortit un mouchoir de sa poche, faisant au passage tomber deux autres friandises, et s’essuya les yeux. Gorgon_Roo jeta un regard interrogateur à Hilde, qui répondit par un haussement d’épaules et un air amusé des plus sincères. Radamenthe s’avança.
« Si je peux me permettre, Al ; je peux vous appeler Al, comme mon idole, n’est-ce pas ; je vous propose de chercher à nouveau sur votre joli listing à Thibaut. C’est mon nom. »
Fish tiqua, reprenant son calme.
« Thibaut, n’est-ce pas ? reprit-il en sa saisissant de nouveau de sa liste de noms. Pourquoi ne pas m’avoir donné votre vrai nom dès le départ ?
-Je l’avais oublié. » répondit sincèrement Radamenthe, sourire aux lèvres. Fish ne releva pas, puis s’exclama en pointant un doigt noueux sur la feuille. Il la retourna et la présenta à Radamenthe, le visage radieux.
« Signez ici, s’il vous plaît. »
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Message par Mr.Magnum Lun 28 Fév - 17:25

(partie 2)
Le groupe de départ composé de Lord Satana, Youfie et Lord FireFly s’était alourdi d’autres membres tels que DragonNoir, qui avait émergé après à peine trois heures de sieste, Q-Po qui se tenait accolé au piano du salon, Soulblighter et IL, tout deux sur le canapé. Ils avaient tous écoutés l’annonce de Youfie qui visait à aller, seule, dans le monde des dames blanches pour informer le groupe de Trauménien. Lord Satana avait précisé l’idée qui expliquait le brusque départ de Squall et la probabilité qu’il se trouve là-bas avec eux.
« Et, comme l’a dit Satana tout à l’heure, conclut Youfie, nous avons déjà beaucoup trop de membres de partis dans l’au-delà pour qu’on se permette d’en envoyer une seconde escouade de secours. C’est pourquoi j’ai proposé de partir seule. »
Seul Q-Po rompit le silence par un murmure approbateur et grave puis, se rendant compte qu’il avait été le seul à émettre un avis à haute voix, il roula des yeux.
« Oui, bon, et alors ? Je pense effectivement que c’est une bonne idée, ne vous en déplaise. Après tout, que risque-t-elle ? De mourir ? Tout le monde sait que si elle meurt, elle reviendra parmi nous, et la boucle sera bouclée.
-Là est tout le problème, dit IL. Les premiers voyageurs sont partis trop rapidement, sans prendre la peine de réfléchir une seconde au moyen de revenir. Maintenant, de là à envoyer Youfie seule…
-Personne ne sait ce qu’il leur est arrivé, aux autres… » ajouta Soulblighter pour tenter de la dissuader. Mais le regard résolu de Youfie suffit à le convaincre du contraire. Elle n’allait manifestement pas se laisser abattre par la peur de l’inconnu, ni par ce type de vaines considérations. DragonNoir prit la parole après un long bâillement.
« J’avais arrangé les prochains voyages selon les préférences de chacun, mais comme tu as jugée bon de ne pas partir avec Radamenthe et les autres, je ne vois personnellement pas d’objection à ton départ. Quelqu’un d’autre veux exprimer son avis ? »
Personne ne répondit à l’appel et le départ de Youfie dans les jours, ou les heures, qui suivraient fut accepté à l’unanimité. La réunion se disloqua rapidement, chacun retournant à ses petites occupations. Youfie préparait ses bagages lorsque Lord FireFly paru se matérialiser derrière elle. Il resta ainsi à la regarder pendant quelques longues minutes, alors qu’elle s’habillait sans aucune pudeur, pensant être seule.
Elle enfila son T-shirt et, apercevant Lord FireFly dans la glace, se retourna brusquement. Lord FireFly fut prit au dépourvu, une seconde.
« Ça va pas non, de me reluquer comme ça ? cracha-t-elle.
-Excuse-moi, répondit-il en s’avançant au milieu de la pièce, à peine gêné. Je ne voulais pas te faire peur, tu sais.
-Depuis combien de temps tu étais là ?
-Je venais d’arriver. »
Youfie dévisagea l’adolescent au visage pâle et émacié, puis se remit à terminer ses préparatifs, préférant l’ignorer. Lord FireFly renifla, regarda à nouveau Youfie de dos, puis attaqua ce pourquoi il était vraiment venu.
« Tu vas vraiment y aller seule ?
-Oui, répondit-elle d’un ton sec en passant sa tête dans son pull-over. Il ne me semble pas avoir entendu d’objection, tout à l’heure. » Elle se retourna vers lui, lui cachant la vue de ses fesse qu’il n’arrêtait pas de contempler. « Tu reviens sur ta décision ?
-Non, pas du tout. Je venais simplement te proposer ma compagnie. »
Youfie eut du mal à contenir un éclat de rire.
« Tu veux m’accompagner ? dit-elle en se recoiffant.
-Pourquoi pas ?
-Parce que je préfère encore faire le voyage seule que de te savoir avec moi, voilà pourquoi. Si Squall n’avait pas fait la connerie de partir avant, c’est avec lui que j’aurais voyagé, mais jamais avec toi.
-Tu ne me fais pas confiance… » traduisit-il en regardant ses longs doigts fins. De longs doigts capables de lancer bien plus que des menaces, dans un ailleurs pas si éloigné d’ici. Il resta songeur. Youfie attendit patiemment qu’il relève la tête vers elle, acquiesça d’un air sévère et quitta la pièce sans autre avertissement.
Lord FireFly, resté seul, l’esprit remplit d’images d’une Youfie en petite tenue, porta une main à sa bouche, et lança un baiser silencieux à l’adresse de la porte qui se refermait doucement. Son sourire avait un éclat inquiétant.

Serge Thourn frappa la machine à café, gueulant des insultes à tout va qui s’entendirent dans tout le commissariat des archives au standard en passant par la quasi-totalité des bureaux. Il était dans une humeur de chien, et lorsque le commissaire était ainsi, il valait mieux qu’il passe sa colère sur la machine à café que sur un de ses agents.
Un proverbe propre au commissariat.
Le gobelet descendit enfin, lentement, doucement, et se positionna au bon endroit après un Clac retentissant. Le café en poudre tomba dedans, puis l’eau chaude et, au moment fatidique où e gobelet est amenée à portée de main, un mécanisme lâcha, toujours le même, et l’innocent verre en plastique se retrouva rapidement broyé entre deux morceau de ferraille, réduisant les quarante centimes d’Euros du commissaire à néant.
Un pied rageur s’abattit sur la machine, qui répondit par nombre de cliquetis audacieux, et finit par lui rendre sa monnaie, presque à contrecoeur. Si la machine avait eu une vie propre, elle aurait boudé. Serge Thourn retient une nouvelle bordée d’insultes aussi variée que le permet le répertoire français, et retourna à son bureau, les mains dans les poches.
Curieusement, ceux qu’il croisaient se mettaient sur le coté à son approche. Peut-être était-ce dû à son allure massive, telle une armoire normande (comme ses origines) en déplacement autonome, ou à son faciès écarlate de rage contenue, ou à son allure semblable à une charge de rhinocéros en rut. Dans tout les cas, on s’écartait, et c’était exactement ce que désirait le commissaire.
Il rentra dans son bureau et claqua la porte, qui avait l’habitude depuis toutes ces années passée au service du commissaire. La vitre trembla, les gonds grincèrent de protestation, mais rien ne chuta. Les cadres était également habitué à ce type de comportement violent et ne tombaient plus à un simple claquage de porte.
Pour la troisième fois de la matinée, Serge Thourn sortit le dossier concernant le tueur des mineurs et le parcouru. Et, pour la troisième fois de la journée, il le balança sur le bureau à la fin de la relecture. Les papiers glissèrent hors de la pochette en carton et s’éparpillèrent sur le sol, à nouveau. Il jura.
Depuis son retour dans la police il y a quelques années, suite à une affaire on ne peu plus étrange qui l’avait conduit en Amérique du Nord à la poursuite d’un maniaque, on ne lui confiait plus que des affaires ayant un aspect soit anormal, soir paranormal, soit impossible à comprendre, ou délirante, ou n’importe quoi d’autre en fait. Il savait qu’il n’était pas vraiment apprécié de ses confrères, mais il mettait un point d’honneur à résoudre tout ce qu’ils lui envoyaient. Juste pour les faire enrager, ce qui fonctionnait neuf fois sur dix.
Cette fois-ci, l’histoire concernait un serial killer qui s’attaquait à des gamines qu’il tuait, violait et prenait en photo. Rien de très anormal, au fond. Sauf que les quatre derniers morts étaient intrigants, sans autres rapports avec les précédents assassinats, ce qui avait particulièrement attiré son attention : On avait l’impression que ces quatre adolescents (pour Serge Thourn, toute personne en dessous de quarante ans était un adolescent) avaient voulu se faire trucider par ce tueur.
Alors, pour la troisième fois de la matinée, et non la dernière, Serge ramassa les feuilles du dossier répandues sur le sol de son bureau et entreprit de les classer.
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Message par Mr.Magnum Dim 6 Mar - 3:03

(partie 1)
3. Attentes et songes.
Le Ionisateur Fou poussa un long soupir.
Ils étaient assis depuis bientôt une heure, et n’avaient rencontrés personne d’autre que cet Albert Fish, ancien tueur en série reconvertit dans le secrétariat post-mortem. Après avoir remplis divers questionnaires comportant des aberrations telles que « Avez-vous déjà tué des êtres humains lors de votre ancienne vie ? » suivie de « Si oui, combien : », ou encore : « Êtes-vous pour ou contre le tortures mentales infligées aux familles ? ». À la dernière question, Hilde avait répondu oui, bien évidemment.
Ensuite, ils avaient été dirigés vers celle salle d’attente où s’empilaient des magazines comme Mortes & Jolies, hElle et même un Playdead qui traînait sous un monceau d’autres revues. Radamenthe avait jeté un œil distrait sur quelques pages de ce dernier, gloussant de temps à autre en matant les poses suggestives des cadavres.
Albert Fish leur avait dit d’attendre qu’on vienne les chercher, leur avait proposé un de ses bonbons qu’ils avaient tous refusés gentiment, puis il était repartit en maugréant sur son sort, comme d’habitude. Et depuis lors, plus rien. Oh, ils avaient bien entendu un début d’esclandre derrière l’autre porte, celle d’où devait sortir leur prochain guide, mais la clameur et les cris s’étaient tus au bout de quelques minutes.
« C’est long… siffla Gorgon_Roo en se recoiffant une nouvelle fois. Qu’est-ce qu’on attend là, exactement ?
-Un type qui pourra nous renseigner, peut-être ? hasarda le Ionisateur Fou. Quelqu’un qui pourra nous dire si Séphy-Roshou est là ou non ?
-Encore faudrait-il qu’ils se pressent un peu. On peut forcer la porte, sinon, et faire irruption dans la salle, tout détruire et…
-…et risquer de retourner sur Terre plus tôt que prévu, bonne idée Radamenthe, ironisa Gorgon_Roo.
-Ah, fous-moi la paix… brailla Radamenthe en ouvrant à nouveau son magazine de nécrophiles. Moi au moins j’essaye d’avoir des idées. »
La revue s’arracha des mains de Radamenthe et celui-ci leva les yeux sur Gorgon_Roo, qui s’acharnait sur les photos de mortes dénudées, les déchirant une à une en le fixant.
« Quoi encore ?
-Je trouve ta façon d’être trop désinvolte, Rada, dit calmement Gorgon_Roo.
-Après tout, je ne la connaissais pas tant que ça, votre Séphy-Roshou… » Il se fit empoigner par le col et soulever de terre. Ici, Gorgon_Roo était bien plus fort que Radamenthe, contrairement à la réalité terrestre. Ce dernier roula des yeux, en signe de lassitude outrageante.
« Je continue à espérer que tu n’es pas là pour saccager le travail, Radinet, cracha Gorgon_Roo. Personne ne t’a obligé à venir ici, n’est-ce pas ? C’est bien toi qui t’es proposé pour faire partie de l’idée de Magnum.
-Mouais…
-Alors soit tu y mets un peu du tiens, soit… » Gorgon_Roo n’acheva pas sa phrase, et reposa Radamenthe qui, pour tenter de retrouver un peu de constance, repassa manuellement ses vêtements froissés. Hilde, qui s’était levée pour de nouveau les séparer, resta sur ses gardes mais reprit sa place sur les chaises de la salle d’attente.
On est pas sortit de l’auberge, avec ces deux là qui ne peuvent pas se voir, songea le Ionisateur Fou en remplissant distraitement une grille de mots fléchés ayant pour thème ‘La fête des morts’.

Le commissaire Serge Thourn avait épluché maintes et maintes fois les dossiers, les fiches des victimes, les témoignages, les comptes-rendus des policiers et de la morgue, les rapports de ses propres investigation, tout ceci pour n’arriver qu’à une seule conclusion : Il n’y avait aucune raison pour que ces quatre gosses se trouvent à cet endroit, à ce moment.
Ils ne disposaient d’aucun moyen d’identification : Pas de papiers, de cartes d’identité, rien. Les corps avaient été mutilés à l’extrême, rendant les visages méconnaissables. C’était tout juste si le médecin légiste s’était aperçu qu’il y avait une fille et trois garçons parmi les morceaux de cadavres. Une véritable boucherie.
Le coupable, Joseph Larbaud, un expert comptable renommé dans la région, n’aurait eu aucun mal à se faire innocenter pour ces quatre morts, tellement la façon de tuer était différente vis-à-vis de ses méthodes habituellement employées pour ses autres victimes. Mais il avait été directement se rendre, implorant littéralement pour qu’on le jette en prison sous les yeux incrédules du commissaire et de son adjoint.
On toqua à la porte. Thourn sortit de ses pensées et grogna d’approbation.
« Je m’excuse de vous déranger, commissaire, mais…
-Tout d’abord, Sylvain, on ne s’excuse pas, on demande pardon. »
Le jeune adjoint Sylvain Détroit, ancien journaliste dont une période de gloire lui avait permis d’accéder à ce poste l’an dernier, resta interdit, tenant la porte comme pour s’empêcher de tomber. Serge se passa une main sur la figure, désespéré, puis lui fit signe d’entrer. L’expression de soulagement qui se peignit sur le visage de son nouvel acolyte l’exaspéra encore plus.
« Bon, qu’y a-t-il ?
-Aucun avis de disparition pour les quatre jeunes gens retrouvés dans l’entrepôt, pour le moment. J’ai élargi les recherches au pays tout entier, mais je doute que…
-Très bien, l’interrompit Serge qui se moquait éperdument de l’avis personnel de Sylvain. Et pour les résultats du psychologue ?
-Le psy… Le psychologue… ? bafouilla un Sylvain au bord de la panique. Je… Je ne sais pas de… je ne vois pas…
-Celui qui est chargé d’examiner l’état mental de Larbaud ! beugla le commissaire, après l’avoir laissé patauger dans la mélasse de ses phrases une minutes ou deux.
-Ah ! Ah oui, oui, le psychologue. Et bien le rapport qu’il nous a fourni démontre que Joseph Larbaud est victime de penchants pédophiles et violents…
-Quelle nouvelle, marmonna Thourn entre ses dents.
-…et qu’il n’a pas montré d’autres signes de folie. Mais ces résultats seront approfondis lors de l’étude à long terme qui a débuté ce matin même.
-Quand, ces résultats définitifs ?
-Fin de semaine, pas avant. » Serge Thourn jura, et Sylvain, par réflexe, rentra la tête dans ses épaules. Il aurait eu besoin de ses résultats avant, histoire d’avoir une bonne raison de questionner plus précisément le tueur en série. Malheureusement, les psychologues et les psychopathes s’entendaient manifestement trop bien pour que ça aille rapidement, et Serge allait être obligé d’attendre encore.
Attendre, toujours attendre.
L’avis de transfert de l’accusé allait certainement arriver sous peu, et la garde du prisonnier allait lui être retiré, ainsi que l’enquête. Le tout confié à les hautes sphères de la police, qui se feraient une joie de pouvoir dire après coup de le commissaire Serge Thourn, un vieux de la vieille, n’avait pas réussit à dénicher tous les tenants et les aboutissants de l’affaire. Ils jubileraient.
« Et ça, hors de question que ça arrive…
-Quoi ? »
Serge releva la tête et croisa le regard mou et interrogatif de son auxiliaire. Ce dernier tenta le sourire, puis baissa les yeux.
« T’es encore là toi ? Tu as quelque chose d’autre à me dire ?
-Et bien, euh… Non, je…
-Alors dehors. Laisse-moi réfléchir. » Sylvain Detroit se releva, voulu ajouter quelque chose, puis préféra ne rien en faire et sortit du bureau sans claquer la porte. Le commissaire s’adossa à sa chaise, croisa les bras sur son ventre qui commençait à être rebondit, et s’accorda cinq minutes de répit.
Il s’endormi au bout de deux.
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Message par Mr.Magnum Dim 6 Mar - 3:04

(partie 2)
La porte s’ouvrit brusquement, et les quatre Trauméniens sursautèrent en cœur. Radamenthe s’autorisa même un petit cri de surprise, haut dans les aigus. Un homme vola plus qu’il ne marcha jusqu’au centre de la pièce et s’écrasa lourdement sur la table basse, la brisant en deux selon une symétrie presque parfaite, mis à part le pied gauche cassé.
Gorgon_Roo se précipita sur l’homme à terre pour l’aider à le relever, mais une voix venant de la pièce d’à coté l’arrêta dans son élan. Elle n’était pas adressée à lui, mais sa simple écoute lui paralysa les membres : C’était une voix qui faisait trembler les âmes jusqu’aux os, qui résonnait dans les esprits plus que dans les oreilles.
Surtout lorsque ce type de voix hurlait comme maintenant.
« Hamilton Albert Fish !! Qu’est-ce que tu m’as foutu là, encore ? Ce type n’a rien d’une victime, c’est un dérangé qui se prend pour Jason, merde !! Tu vas me faire le plaisir de me dégager ça d’ici… » Le propriétaire de la voix sortit de la salle annexe et, les mains sur le hanches et les jambes écartées, termina : « …ET PRESTO !!! »
Fish ouvrit l’autre porte, jeta un coup d’œil à l’homme qui se relevait péniblement, et dit : « Ah, désolé Richard, je n’avais pas vu qu’il s’était dirigé vers la mauvaise porte.
-Ouais, et bien reprend-le et case-le avec les autres fanatiques. C’est déjà la troisième fois cette semaine qu’un détraqué débarque en se prenant pour un tueur en série, tout ça parce qu’il a buté une ou deux vieilles femmes devant chez lui.
-C’est bon, reprit Fish en élevant un peu la voix. Pas la peine d’en faire tout un plat ! C’était une erreur, je vais le mettre avec les autres, point.
-Alors vas-y, et dépêches-toi. » répondit l’autre homme tandis que Fish attrapait le corps sous les épaules.
« Ah, je vous jure, ajouta-t-il en prenant Hilde à parti. Si on n’était pas là pour faire le tri, je ne sais pas ce qui arriverait là-haut…
-Dois-je te rappeler, huh… dit Fish en haletant. Dois-je te rappeler que si nous autres, les vieux serials killer, n’avions pas tué tant de personnes à l’époque, peut-être que toi-même tu n’aurais pas été autant inspiré pour tes meurtres.
-Et moi, vieux fou, je te rappelle que mes assassinats ont été commis au nom du Diable, et on pour satisfaire mon estomac ! »
Fish le fixa intensément, puis secoua la tête.
« Ricardo Ramirez, tu ne changeras jamais. » Ramirez sourit, puis claqua la porte d’un coup de pied. Puis il se retourna vers les Trauméniens, qui avaient assistés à la scène sans broncher, et sembla seulement les remarquer.
« Ah ? D’autres clients ? Richard Ramirez, the Nightstalker, pour vous servir. » annonça-t-il en leur tendant la main. Radamenthe l’examina, comme si elle pouvait receler un piège quelconque, puis la serra vigoureusement. Hilde le poussa ensuite, tout aussi vigoureusement, et attrapa la main de Richard Ramirez, les yeux de nouveaux pleins de multiples étoiles scintillantes de bonheur.
« Vous êtes le véritable Nightstalker ? Celui qui a sévit dans les années quatre-vingts quatre quatre-vingts cinq dans les alentours de Los Angeles, qui tuait, violait et mutilait pour le simple plaisir ?
-Et pour Satan, ajouta Ramirez avec un sourire.
-Mais normalement, vous n’êtes pas sensé être mort ! s’exclama Radamenthe.
-En fait, expliqua le tueur en série en s’asseyant derrière son bureau, je me suis donné la mort hier soir. Je me suis intentionnellement étouffé avec ma nourriture. »
Et il sourit à nouveau, leur montrant ses dents pourries.

L’homme était là, en face de lui, lui offrant son dos couvert d’un long trench-coat noir qui volait au vent. Le décor était le même qu’autrefois. La situation était la même qu’autrefois. Tout était pareil, sauf que Serge dormait, et il le savait. Ce n’était qu’un simple rêve. Toute cette histoire avait été réglée à l’époque, aux Etats-Unis, au terme d’une longue course-poursuite dans le désert américain.
Sa tête se tourna sur la droite, et il retrouva la jeune femme qu’il avait alors à ses cotés, habillé d’un ensemble qui moulait ses formes généreuses. Il avait eu envie d’elle, à l’époque, bien avant qu’il ne commence à comprendre la vérité du monde tel qu’il l’avait conçu. Il croyait le connaître, ce monde, à l’époque, mais il s’était trompé. La femme lui avait dit. Et lui aussi.
Lui.
Ses cheveux longs d’ordinaire attachés en catogan étaient libres de tout mouvement et ondulaient sous les bourrasques d’un souffle chargé de sable. Il avait les mains gantées de cuir noir, elles aussi, et Serge le vit lever les bras en signe de reddition. Il remarqua alors qu’il avait les mains accrochées à un revolver, son revolver, et qu’il tenait en joue l’homme qu’il avait pourchassé des mois, des années durant.
Comme autrefois.
Il voulu arrêter la femme lorsqu’elle exhiba sortie d’une autre temps, il voulu lui crier qu’il savait ce qui allait arriver, il voulu lui dire qu’elle allait mourir atrocement, qu’elle allait souffrir des heures et des heures sur le sable chaud du désert. Mais c’était un rêve. Un rêve qu’il n’avait pas fait depuis des années. Depuis qu’il en avait terminé avec lui.
Ou du moins qu’il avait cru en terminer.
En un éclair, de nouveau, la femme se retrouva à terre, le ventre déchiré par une main démoniaque et son sang se répandant sur le sol. Il vit, comme autrefois, l’homme en noir se retourner l’entement. Il vit, comme autrefois, l’homme en noir sourire tel un démon. Il vit, comme autrefois, ses cornes, ses yeux et ses dents effilées. Il vit, comme autrefois, la fille arriver dans sa voiture décapotable et lui sauver la vie.
Sans elle, il ne serait pas ici, assoupi sur son fauteuil, et entrain de ressasser des événements qu’il avait cru avoir oublié depuis longtemps. Comme autrefois, il resta longtemps immobile, les bras tendus, revolver armé, à viser le nuage de poussière qui s’éloignait sur la route. Comme autrefois, il tomba à genoux. Et comme autrefois, il apposa le canon chauffé par le soleil sur sa tempe, désireux d’en finir.
Mais…
Non, Serge, pas maintenant…
Ce n’était pas comme autrefois, maintenant. Ce n’était pas la voix de sa coéquipière qui l’avait sauvé, qui l’avait retenu. Ce n’était même pas une vois féminine. Son rêve se figea. Serge lâcha son revolver qui resta à une dizaine de centimètres du sol, en lévitation.
Arrêt sur image.
Il se remit debout et regarda autour de lui, comme un spectateur projeté au milieu d’un film en trois dimensions. Il avait retrouvé ses vêtements d’aujourd’hui, et non ceux de l’époque. La femme se trouvait encore à quelques mètres de lui, immobile, son visage bloqué dans un rictus de douleur. Il voulu faire un pas dans sa direction, mais une voix le retint.
La Voix.
Vous ne l’avez jamais retrouvé, n’est-ce pas ? dit-Elle de son ton le plus grave et plus aimable possible. Il vous a échappé cette fois-ci, et lorsque vous avez cru l’éliminer peu de temps après, il s’est à nouveau joué de vous…
La Voix était douce, caressante, mais restait néanmoins une langue froide inspirant la révulsion la plus totale. Elle dégoulinait dans son crâne comme du sang caillé et remplissait son âme de pensées impures, sans même qu’il s’en rende compte. Elle était séduisante, mais incitait au dégoût. Et surtout, il était impossible de l’ignorer.
« Qu’est-ce que vous voulez ? Qui êtes-vous ? » demanda Serge Thourn au milieu de rafales de vent immobiles.
Je sais où il se trouve actuellement, cet homme, ce démon, celui dont vous êtes la Némésis. Votre vengeance n’est pas accomplie…
« Mais je l’ai retrouvé ! Je lui ai tiré dessus et il est… »
…encore en vie. Enfin, pour parler franchement, il n’est plus vivant, actuellement. Il parcourt les royaumes des morts.
« Il… …parcourt les royaumes… …des morts ? »
Serge avait la tête qui lui tournait. Le décor s’assombrit, et il distingua vaguement quelque chose qui se rapprochait, au loin. Quelque chose d’immense. Comme…
Retrouvez-le. Assainissez votre esprit.
…comme une gigantesque,…
« Mais… Je l’ai… Il est… »
…une colossale représentation…
Cherchez là où se cachait le démon. Autrefois.
« …le démon… »
…d’une sculpture de croix ansée.
Autrefois.
« Autrefois. »
Autrefois.
AUTREFOIS.

Et Serge s’éveilla avec la plus formidable migraine depuis sa dernière cuite trente-deux ans auparavant.
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Message par Mr.Magnum Dim 13 Mar - 20:15

(partie 1)
4. Mises en route.
Youfie laissa glisser ses ongles sur la surface de son bureau, songeuse.
Elle songeait à ce qu’elle avait fait.
Elle songeait à ce qu’elle aurait voulu faire.
Elle se remémorait les bons moments, les mauvais.
Elle ressassait les différents évènements marquants de sa courte vie.
Elle revoyait les centaines de personnes qu’elle avait côtoyé pendant des années.
Elle regrettait presque de finalement risquer sa vie sur un coup de tête, juste pour partir au secours d’une morte et risquer de perdre encore soixante bonnes années d’espérance de vie sans aucune assurance que son sacrifice allait servir à quelque chose. Pour un peu, elle se serait mise à pleurer, s’il n’avait pas fallu faire à nouveau tout le long maquillage qu’elle affichait autour de ses yeux.
Youfie se leva de la chaise où elle avait passé tant de temps à travailler, dessiner, surfer sur le Net et bien d’autre chose. Elle passa en revue ses derniers préparatifs : Elle était présentable, elle avait rédigé une courte lettre au cas où elle ne reviendrait pas, elle avait mis un mot de passe à ses fichiers personnels sur son ordinateur, au cas où, elle avait loué une superbe voiture pour l’occasion, et elle avait prévenu ses parents et amis qu’elle devait s’absenter quelques temps.
« J’espère juste que je ne fais pas la plus belle erreur de ma vie en entreprenant ce voyage, moi, dit-elle à voix haute. Dire qu’il est risqué n’est même pas possible, parce que je suis sûre et certaine de ne pas en ressortir vivante ! »
Elle commença à rire nerveusement, avec autant de joie qu’une fourmis voyant une immense semelle se refermer sur elle, et termina par des sanglots qui auraient fendus les cœurs les plus endurcis.
Son rimmel était foutu.

*
* *

La petite pièce où se trouvaient maintenant Radamenthe, Hilde, le Ionisateur Fou et Gorgon_Roo était encombrée par des montagnes de papiers qui s’amoncelaient contre les murs, contre les étagères elles-mêmes recouvertes de piles de feuilles, contre le bureau, contre les chaises, contre les portes – Ils avaient dû en pousser trois ou quatre piles rien que pour atteindre les sièges enfouis sous les papiers – et certaines sculptures de ces papiers accumulés formaient des formes abstraites bien plus jolies que certaines œuvres d’art modernes.
Le Ionisateur Fou n’osait trop se balancer sur sa chaise, ni trop bouger du tout en fait, et tripatouillait sa calculette sous l’œil méfiant de Hilde et Radamenthe. Gorgon_Roo, quant à lui, fouinait dans les monceaux de documents au cas où ceux-ci auraient renfermés quelque chose d’intéressant. Comme, exemple prit totalement au hasard, si Séphy-Roshou était passé par cet au-delà ou non.
Le Nightstalker, après avoir raconté trois fois sa vie de A à Z à Hilde dans les moindres détails, les avaient conduit dans cette nouvelle salle et leur avait dit de patienter. Alors ils patientaient. À nouveau. Radamenthe avait exigé d’une voix forte qu’on le conduise à leur roi, et Ricardo Ramirez lui avait ri au nez.
Si tu crois qu’on peut voir Jack comme ça, nabot, il est grand temps que tu arrêtes de prendre tes vessies pour des grandes bernes ! lui avait-il dit en ricanant. Radamenthe avait levé un doigt pour corriger Ramirez, mais Gorgon_Roo l’en avait empêché à temps. Et heureusement, sans quoi ils seraient tous allés rejoindre les âmes sadomasochistes du niveau moins sept pour une trentaine de siècles, au bas mot. C’est qu’on rigole peu chez les tueurs en séries. Très à cheval sur la procédure.
« Quand même, LIF, tu pourrais cesser de toucher à ta calto ? dit Hilde, toujours en le surveillant. Ça me mets mal à l’aise.
-Oh ! Mais je ne fais que quelques jeux que j’ai installés récemment. Le solitaire, la dame de fer, ce genre de chose… Ça ne risque rien.
-Ce n’est pas lorsque tu dis ce genre de truc, d’habitude, que la phrase d’après c’est ‘‘BAOUM !!’’ ? demanda-t-elle. En plus, elle commence à cracher des pièces carrées, là…
-On dirait des morceaux de carrelage, compléta Radamenthe.
-Ce ne sont pas des pièces de ma calculette… » les rassura le Ionisateur Fou. Ce qui, entre nous, marcha relativement peu. « Je joue au Taipei en ce moment, une sorte de mémory asiatique composé de petites plaques qu’on doit assembler par deux afin de les éliminer et pour ainsi accéder aux autres pour…
-On sait ce que c’est, LIF !!! s’impatientèrent les autres.
-Bon. Le problème, c’est que ma calto fabrique des représentation virtuelles en trois dimensions de ces tablettes de mémory et par un procédé instable de réaction en chaîne de l’antimatière face aux prolongations algébriques du continuum espace/temps modifié par ma calto, ces éléments virtuels consolidés par une répercussion sub-atomique des macro processeurs dernière génération dont je l’ai équipé, ces éléments doivent donc être éliminés et chaque jeu auquel je joue rejette ses éléments virtuels dans le réel par ici. En fait, chaque jeu virtuel devient réel grâce à elle. »
Tous hochèrent la tête en silence, nullement impressionnés mais en se posant tous la question pour savoir quand ça allait exploser. Le Ionisateur Fou, prenant ce silence pour une marque de respect de son ouvrage, sourit largement et déclara :
« Bon, je fais faire une partie de démineur, moi. »
Le brouhaha qui s’en suivit ; en partie dû à Hilde qui se jeta sur le Ionisateur Fou avant qu’il entame le jeu fatal et en partie à Radamenthe qui, en voulant se cacher derrière le bureau, fit tomber deux grandes piles de dossiers sur lui-même ; ce brouhaha là, donc, tira Gorgon_Roo de ses recherches, qui examina ses compagnons d’un œil critique.
« Ça va pas la tête ? » commenta-t-il en joignant le geste à la remarque : un index toquant sur la tempe. Hilde, un pied sur le Ionisateur Fou qui gémissait en tendant un bras vers sa calculette modifiée, regarda Gorgon_Roo avec mécontentement :
« Mais on s’ennuie, nous ! On est transportés de salles en salles, et ça commence à devenir lassant…
-Je dirais même plus, dit Radamenthe : On s’ennuie à mourir. »
Gorgon_Roo jeta un regard navré à Radamenthe, préférant le dédains à une éventuelle remarque déplaisante. Puis il soupira et se remit dans les recherches. Hilde relâcha le Ionisateur et se dirigea vers Gorgon_Roo.
« Et que cherches-tu exactement là-dedans ?
-Je cherche les archives. Avec un peu de chance, même, celles du registre de l’entrée. Mais pas moyen de mettre la main dessus…
-Elles ne sont pas forcément ici, tu sais, ma gorgone… minauda Radamenthe. Rien ne précise que toutes les archives sont présentes dans cette salle. »
Gorgon_Roo lâcha ses feuillets en soufflant et s’assit sur une autre colline de paperasse. Il commençait à s’impatienter sérieusement, et également à s’agacer de la tournure que prenait ce voyage. Lui qui s’était préparé à vivre – il se rendit compte du jeu de mot mais n’y prêta guère d’attentions – une aventure épique pleine de monstres à pourfendre, de divinités à affronter et autres problèmes à terrasser, il s’était retrouvé engoncé dans la toute puissante administration contrôlée par des maniaques et aussi pénible que Radamenthe.
Et pour Gorgon_Roo, cette allusion n’était pas qu’un sarcasme.
« Il suffit d’aller voir dans les autres salles ? » proposa innocemment Hilde en souriant.
Les autres la fixèrent comme s’ils s’étaient retrouvés face à un embryon de phacochère tricéphale sachant parler, ce qui n’est pas très flatteur pour Hilde, entre nous. Celle-ci caressa sa natte, les yeux allant et venant entre chacun de ses compagnons.
« Et comment tu veux sortir de là ? demanda Radamenthe.
-Bah, par la porte là-bas ?
-Évidemment, par la porte là-bas, triple idiot ! répéta Gorgon_Roo.
-Et s’ils reviennent et qu’ils s’aperçoivent qu’on est parti ? »
Là, le silence se prolongea quelque peu.
« Il suffit de créer des clones, répondit simplement Hilde.
-Bien sûr ! s’exclama Gorgon_Roo. On va construire des statues de nous en papier, vu qu’on en a des tonnes ici, et ils n’y verront que du feu !
-Non, je dois pouvoir créer des hologrammes en utilisant le carbone de touts ses papiers avec le radiateur là-bas, et avec ma calculette je…
-LIF !!! s’écrièrent en même temps les trois autres Trauméniens.
-C’est bon, ça va… bougonna le Ionisateur Fou.
-Je vais vous faire des clones. »
Les trois se retournèrent, à nouveau, vers Hilde qui souriait. À nouveau. Bien que son sourire soit un tantinet différent de tout à l’heure. Il faudrait éditer une encyclopédie complète sur les divers sourires que Hilde proposait à ses amis, puis à ses victimes. Même des Trauméniens accomplis ne les connaissaient pas tous, et ceux qui avaient le privilège d’en apercevoir certains le regrettaient amèrement. Celui qu’elle arborait actuellement oscillait entre le nommé ‘Sadique-de-nuit’ et un autre, ‘Intrusion-forcée’.
En résumé, un sourire qui incite à hocher gentiment la tête sous peine de la perdre.
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Message par Mr.Magnum Dim 13 Mar - 20:17

(partie 2)
« Comment comptes-tu t’y prendre ? osa Radamenthe.
-Je vous rappelle que je suis la maîtresse des tortures, la reine des supplices, la déesse des souffrances physiques et mentales, l’impératrice de la soumission, la marquise de la douleur, la…
-Hilde, Hilde ! Pourrais-tu en venir au fait, nous sommes légèrement pressés…
-Excusez-moi, dit-elle avec le sourire ‘Tu-me-le-paieras’. Une de mes tortures préférée consiste à montrer à mes victimes chéries leurs propres défauts, et pour ce faire… »
Hilde ferma les yeux, un index en l’air devant elle. L’air sembla s’assombrir, s’épaissir, et couler sur les trois Trauméniens qui se demandaient si, finalement, combattre les tueurs en série ne serait pas moins dangereux. Elle récita rapidement une série d’invocations que nous qualifierons de charabiesques et désigna tour à tour Gorgon_Roo, le Ionisateur Fou et Radamenthe.
Et rien ne se passa.
« Très impressionnant, Hilde, commenta Gorgon_Roo en jetant des coups d’oeils près de lui. Mais… C’est sensé faire quoi exactement ?
-À ton avis, jeune impatient ? »
Gorgon_Roo se tourna vers Radamenthe, mais ce dernier leva les mains en signe d’innocence. Ce n’était pas lui qui venait de parler. Gorgon_Roo baissa les yeux et vit une deuxième paire de bras le long du corps de Radamenthe, et il comprit soudainement. Il fit un saut de coté, et son double resta à l’endroit même où il s’était tenu précédemment.
« Tu en as mis du temps pour comprendre… soupira ce dernier. J’en aurais presque honte d’être ta copie.
-C’est bluffant, admit le Ionisateur Fou en examinant son double qui, lui aussi l’examinait. Je n’aurais pas pu faire mieux avec ma calto.
-Bien sûr, jubila Hilde.
-Mais il reste un problème, maîtresse, s’avança le double de Radamenthe en posant un genoux à terre en signe de déférence.
-Je suis si faux-cul que ça ? s’étonna Radamenthe.
-Quel problème ?
-Vous n’avez pas de double, maîtresse. »
Hilde tressauta, puis arbora le sourire ‘Volupté-fatale’ à l’adresse de son petit démon.
« Normal, dit-elle, je n’ai pas de défauts. »
Si nous avions été dans un anime japonais classique, une énorme goutte de sueur d’un bleu étincelant serait apparu à la tempe gauche des trois Trauméniens tandis qu’une sorte de libellule mutante aurait traversé le fond de l’écran en pondant des petits points noirs. Mais nous ne sommes pas dans une de ces japoniaiserie, et les trois voyageurs restant se contentèrent de soupirer d’un air las.
« Non non, bien sûr, concilia Gorgon_Roo en regardant ailleurs. Nos doubles n’auront qu’à dire que tu es allé aux toilettes, voilà tout. Ou que tu t’es enfuie.
-Jenem’enfuiejam…
-Mais eux ignorent ta véritable nature, Hilde. » la coupa Gorgon_Roo. Elle paru satisfaite, non sans mal. Les trois copies conformes se placèrent sans ordres précis aux endroits exacts où s’étaient mis les originaux peu de temps auparavant. Radamenthe les regardait d’un œil médusé, ne cessant de se poser des questions comme ‘C’est vrai que je suis si maigre ?’ ou ‘Mais j’ai un caractère de cochon !’.
Curieusement, Gorgon_Roo souriait.
« Bon, ne perdons pas plus de temps, annonça Gorgon_Roo qui avait manifestement prit les rênes du groupe. Allons visitez les autres salles. »
Ils durent arracher le Ionisateur Fou à son double, avec qui il était entrain de mettre au point une toute nouvelle méthode de faire voyager l’énergie d’une matéria noire entre deux points extrêmement éloignés par téléportation subliminaire, le tout à l’aide de sa calculette. Pour vous donnez une image, le résultat de cette expérience si elle avait été achevée aurait détruit un bon quart de l’au-delà des serial killer.
Radamenthe posa la main sur la poignée, jeta un œil à Hilde qui hocha la tête en signe d'approbation et tourna le loquet. Et soudain, ils aperçurent tous…
…que la porte était fermée à clef.
Sans laisser le temps aux autres de réagir – Hilde avait commencé à ouvrir la bouche pour exprimer son désappointement, et Radamenthe serrait le poing – le Ionisateur Fou se jeta en avant et apposa deux capteurs soniques sur la serrure, reliés à sa sempiternelle TI-89 customisée qu’il se mit à tapoter activement.
« Et voilà ! » exulta-t-il en appuyant sur ‘Cos’. Il y eut une étincelle. Il y eut un début de cri de Hilde. Il y eut une goutte de bave jouissive du Ionisateur.
Et évidemment, il y eut une explosion qui dévasta la serrure.
La porte s’ouvrit lentement, découvrant les quatre Trauméniens aux cheveux roussis et frisés, à la face légèrement noire de charbon. Hilde, Gorgon_Roo et Radamenthe fixaient le Ionisateur Fou d’un œil mauvais, alors que celui-ci souriait bêtement. Il rajusta ses lunettes dont le verre gauche était étoilé et dit :
« Bah, au moins, c’est ouvert, non ? »

*
* *

Youfie enclencha la cinquième et dépassa la vitesse autorisée sur les petites routes de campagnes qu’elle survolait. Les phares de sa Pontiac de location éclairaient la route qui défilait à tout allure devant elle. Youfie, une seconde, se surprit à vouloir écraser le frein pour tout arrêter là. Mais l’appel de l’aventure était plus fort et, au lieu de la pédale du milieu, elle appuya plus encore sur celle de droite.
Le compteur atteignit les cent soixante. Elle jeta un coup d’œil au rétroviseur. Rien. Elle accéléra encore et éclata d’un léger rire nerveux.
Non qu’elle aimait la vitesse, mais quitte à avoir un accident, autant qu’il soit spectaculaire. Et elle ne risquait pas de percuter d’autres personnes à trois heures du matin sur des routes de campagnes déjà désertes le jour. Youfie poussa un long soupir, guettant toujours le bas coté pour apercevoir une dame blanche. Pour passer le temps, elle mit la radio qui matraqua ses pauvres oreilles d’un air de Techno horripilant.
« Mais quelle horreur ! s’exclama-t-elle en avançant la main pour changer de station. Dire qu’il existe des personnes qui aiment ça ! »
La radio se mit soudainement à crachoter au détriment de la musique aux basses trop lourdes. Youfie regarda le poste, qui clignotait en tout sens, en proie à un délire total. Elle pesta contre les nouvelles technologies qui ne fonctionnaient jamais. Elle avait loué cette petite bombe pour deux raison : La première était qu’elle ne voulait pas abîmer la Peugeot 405 qu’elle avait, la seconde parce que le vendeur était plutôt beau gosse, et la troisième parce qu’on ne meurt qu’une fois, après tout.
« Bon, d’accord, ça fait trois raisons, dit-elle à voix haute. Mais qui saura que je me suis trompé, à par moi ?
-Moi, je le saurais. » répondit une voix à l’arrière. Youfie se redressa au son de cette voix qui passait au-delà des grésillements pourtant forts du poste. Une voix qui semblait non pas être passée par ses canaux auditifs, mais directement dans son esprit afin d’y résonner des milliers de fois plus fort que normalement.
Elle eu juste le temps d’apercevoir la dame blanche, de donner un coup de volant sur la droite, avant que Lord FireFly lui apparaisse dans le rétroviseur, tel un spectre machiavélique animé par un marionnettiste démoniaque, agitant la main.
« Bye bye… »
Et l’accident tant espéré et tant redouté eu lieu.
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Message par Mr.Magnum Lun 28 Mar - 13:04

(partie 1)
5. Doubles, explosion et interrogatoires.
« Encore cinq petites minutes, dit Gorgon_Roo d’une voix nerveuse. J’y suis presque !
-Tu sais que techniquement parlant, dit Hilde, tes cinq minutes peuvent très bien se prolonger plus longtemps, ou s’interrompre maintenant, dès lors qu’on songe que n’importe qui peut débarquer ici et se saisir de nous !!! »
Hilde avait hurlé en partie la dernière phrase, provoquant un sursaut général de l’assemblée. Puis un long silence suivit, ayant surtout pour but de guetter l’éventuelle arrivée de tueurs en série qui auraient entendu quelque chose – Hilde qui crie – d’anormal. Pour qui connaît Hilde, l’entendre crier n’est pas forcément anormal, surtout pour qui l’a connu en pleine séance de torture d’un damné, mais dans cette salle, tout son supérieur à un chuchotement de caillou devenait rapidement anormal.
« Si tu pouvais éviter de réduire sensiblement le temps dont nous disposons, marmonna Radamenthe à l’adresse de la reine des victimes tourmentées, ça serait pas plus mal.
-J’avais besoin de hurler, répondit Hilde du tac au tac.
-Si tu es stressée, fallait pas venir, grogna Radamenthe.
-Mon Dieu, donnez-moi un MonteCristo pour me calmer avant que je l’étripe…
-J’ai trouvé les entrées !! » exulta doucement Gorgon_Roo en ouvrant un énième tiroir. Hilde, dont le sourire se muait lentement mais indubitablement vers ‘Douche-froide’ en fixant Radamenthe, se reprit et se contenta d’un ‘pfff’ dédaigneux avant d’aller voir Gorgon_Roo. Elle posa ses mains sur l’épaule de ce dernier et se pencha sur lui. Il devient écarlate, bafouilla et laissa tomber ses feuillets.
« Alors, est-ce qu’elle est notée dessus ?
-Gllblhmm ? » lâcha Gorgon_Roo avant de secouer sa tête pour s’éclaircir les idées. Les techniques de tortures de Hilde était particulièrement variées, et Gorgon_Roo voyait pour le moment un penchant méconnu de tortures envers les mâles qu’elle utilisait rarement. Les autres s’approchèrent et se mirent autour de lui.
Il fit rapidement courir ses doigts sur les multiples intercalaires jusqu’à la lettre S pour Séphy-Roshou, et en sortit les feuilles correspondantes, puis les distribua à ses compagnons qui se mirent tous à chercher. Les archives étaient très bien agencées, pour qui connaissait un tant soit peu l’administration humaine et ses nombreux travers, mais elles avaient les mêmes défauts également : Très difficile d’accès et très longues à consulter pour un amateur.
« J’ai rien, annonça le Ionisateur Fou en reposant les papiers.
-Pareil. » ajoutèrent Hilde et Radamenthe en même temps. Gorgon_Roo rangea également ses exemplaires et ouvrit un autre tiroir à la lettre M. Radamenthe ouvrit la bouche pour lui demander qui il cherchait, puis se ravisa. C’était le même problème qu’à leur arrivée en ces lieux : Ils étaient classés sous leur véritables prénoms, et non leurs pseudos Trauméniens. Gorgon_Roo l’avait compris.
« Je l’ai… » jubila-t-il en tirant une feuille du tas.

*
* *

Serge contourna son bureau afin de ramasser une nouvelle fois les diverses feuilles qui composaient le dossier du tueur en série d’Épinal, rebaptisé Larbaud. Une minute plus tôt, il avait raccroché violemment le téléphone – le terme jeter le combiné aurait été plus approprié – suite à un coup de fil d’une agence de presse qui avait finalement mit son nez dans cette affaire. La troisième agence depuis qu’on lui avait confié ce problème, deux jours auparavant.
Quelqu’un toqua à la porte.
« Entrez… » marmonna Serge Thourn en classant les pages sur son bureau. Il ne jeta qu’un rapide coup d’œil à son coéquipier qui refermait la porte doucement derrière lui, et qui s’assit en face du bureau. Le commissaire poursuivit patiemment son rangement, et Sylvain ne l’interrompit pas.
« Du nouveau ? demanda Thourn en terminant d’ordonner son dossier.
-Deux hommes sont là pour Larbaud. Ils ont les papiers du transfert à vous faire signer.
-Les enfoirés… grogna Serge en se retenant d’envoyer son poing sur la table. Mais ils m’avaient dit qu’ils me le laissaient encore jusqu’à la fin de la semaine !
-Nous sommes vendredi, commissaire.
-Justement ! » Armée de toute la mauvaise foi du monde, il se releva et arpenta la pièce de long en large, de large en long, dans tout les sens. L’ancien instinct de survie animal de Sylvain Détroit lui ordonnait de rentrer la tête, ne rien dire et se préparer à tout. Quelques milliers d’années d’instincts ne pouvaient pas avoir tort, et Sylvain obéit à l’impulsion de ne rien faire et de laisser passer la tempête.
Au bout de quelques minutes ponctuées d’insultes, de grognements sourds et de bruits de pas, une main puissante s’abattit sur l’épaule de Détroit, qui réprima un cri avec grande peine. Thourn retourna le siège de son collègue pour le mettre face à lui.
« Retiens-les encore une heure ou deux.
-Mais comment… ? balbutia le principal intéressé. Je ne…
-Tu te débrouilles comme tu veux, tu leur dis que je suis ailleurs, que je suis malade, que je suis à l’hôpital, que je suis mort, même, si ça te chante… Mais je ne veux pas les voir avant une bonne heure. Deux si possible. » Il reprit son souffle en regardant vers le restant du commissariat, qui vivait paisiblement sa vie de l’autre coté de la porte de son bureau, puis ajouta : « Et envoie-moi un mec me chercher Larbaud pour me l’amener ici. »
Sylvain tressaillit.
« Ici ? répéta-t-il. Vous voulez dire, ici, dans votre bureau ?
-Il faut que je te fasse un plan ou tu penses retrouver le chemin ? »
Ce style de phrase, sarcastique, employée avec ce ton de voix aussi froid qu’un congélateur ouvert, marquait la fin de la conversation. Sylvain déglutit, hocha la tête, déglutit encore, puis sortit du bureau en trombe, trop heureux de se soustraire à la fois à la poigne insistante du commissaire et à ses yeux enragés.

*
* *

« Ça nous avance pas des masses de savoir ça, tu sais… »
Gorgon_Roo jeta un coup d’œil méprisant à son éternel ennemi Radamenthe, qui souriait les bras croisés devant lui, et reprit sa lecture.
« Arrivée en ces lieux le dimanche 14 novembre 2004, à sept heures quarante-trois du matin. Animée d’intentions belliqueuses. Mis au fer pendant quatre jours en attendant une décision quant à la suite à donner à sa requête.
-Quelle requête ? demanda le Ionisateur Fou.
-Euuh… » Gorgon_Roo retourna la feuille en tout sens, mais ne trouva pas la réponse à cette question. Il haussa les épaules. « Si c’est comme sur Terre, ça doit être rangé ailleurs, ce type de renseignement.
-Dans un tiroir ‘requête spéciales’ ou ‘requête acceptée’ si c’est le cas, ou bien ‘requête refusée’ ou encore…
-Radamenthe ! s’écrièrent – doucement – Hilde et Gorgon_Roo en chœur.
-Apparemment, reprit Gorgon_Roo en poursuivant la lecture de la fiche ultra-détaillée, elle serait repartie avant même son entrée dans le cachot. Elle se serait…
-…évaporée ? » lu Hilde avant Gorgon_Roo. Les quatre Trauméniens s’entreregardèrent, confus. Ce n’était pas vraiment le genre de phrase qu’on voit notée sur une fiche de passage, même dans le monde des morts.
-Évaporée… répéta le Ionisateur Fou. Matériellement, c’est impossible, vu qu’il n’y a pas d’eau dans l’au-delà. Elle n’a donc pas vu s’évaporer au sens propre du terme…
-Je suppose, dit Gorgon_Roo, qu’ils ont voulu dire par là qu’elle avait disparue sans laisser de traces, ni sans qu’ils sachant comment.
-Ah.
-Mais ça reste étrange…
-Rien d’autre d’intéressant de noté ? » demanda Hilde en prenant la feuille des mains d’un Gorgon_Roo pensif. Elle commença à l’étudier avec intérêt. Radamenthe s’éloigna du groupe en poussant du pied une boulette de papier.
« Bon, nous avons trouvé ce que nous cherchions, maintenant rentrons chez nous.
-J’aurais aimé qu’on approfondisse un peu ce problème d’évaporation, avant de partir.
-Je savais que tu allais dire ça. » maugréa Radamenthe.
Gorgon_Roo en était au stade de l’ouverture de bouche afin de répliquer lorsqu’une explosion ébranla fortement la salle, voir l’édifice tout entier, où ils se trouvaient. Radamenthe, Hilde et Gorgon_Roo restèrent interdits et immobiles, et le Ionisateur Fou porta deux mains à sa bouche et s’écria :
« Je reconnais cette explosion !! C’est ma calto !! »

*
* *

« Alors, tu maintiens toujours ton innocence dans ce quadruple meurtre ? »
Larbaud renifla en fixant son attention sur un cadre sur un mur, sans répondre. Thourn regarda discrètement sa montre et constata avec regret que vingt minutes s’étaient déjà écoulées sans qu’aucuns résultats probants n’aient pu sortir de cet entretien. Il inspira lentement et se rassit à son bureau, les yeux rivés sur Larbaud.
« Je suppose que ça veut dire oui, n’est-ce pas ?
-Écoutez, commissaire, je sais parfaitement que les deux crétins qui sont entrain de visiter le commissariat sont là pour venir me chercher, et que vous essayez de gagner du temps. Manque de bol, je ne compte pas vraiment vous aider, au cas où vous n’aurez pas saisit. » Sur cette tirade, la plus longue de Larbaud depuis son arrivée ici, il s’en retourna à la contemplation abusive du cadre.
La photographie qui s’y trouvait concernait évidemment Serge Thourn, de nombreuses années plus tôt, qui arborait fièrement en compagnie de trois collègues sa plaque de la police toute nouvellement donnée, un immense sourire placardé au visage. Larbaud fronça les sourcils et plissa les yeux pour distinguer tous les détails, alors que le commissaire lui parlait et qu’il préférait ignorer.
Soudain, le cadre sauta du mur et lui fonça dessus à une vitesse prodigieuse. Larbaud, les mains menottés dans le dos, ne pu que tenter de se protéger mais reçu la vitre froide du cadre en pleine figure, et se retrouva bien vite par terre. Une des menottes lui rentra dans le poignet, et il hurla de douleur. Le cadre s’appuya encore plus sur son visage, et le verre se fendilla d’un coup.
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Message par Mr.Magnum Lun 28 Mar - 13:13

(partie 2)
Larbaud cessa ses cris, se rendant compte qu’il risquait gros si la vitre se brisait. Thourn relâcha un peu la pression.
« Vous êtes complètement timbré, lâcha Larbaud, dont la voix tremblait d’émotions aussi diverses que la rage, la peur et la douleur.
-Désolé, répondit le commissaire avec un sourire, mais je n’ai pas encore reçu l’avis du psychologue. » Il donna un bref à-coup au cadre, qui s’étoila de deux branches aiguisées, puis ôta la photographie et la posa sur son bureau, bien en évidence. Larbaud reprit son souffle.
« Je reprends : dis-moi que tu as tué ces quatre pauvres gosses, et je te laisse filer avec tes copains qui vont bientôt avoir finit leur petit tour. »
Pas de réponse, mais au moins Larbaud le regardait maintenant.
« J’en ai rien à foutre de te mettre en taule, si tu veux tout savoir. Tout ce que je veux, c’est comprendre pourquoi quatre mômes se trouvaient ici. Alors je te demanderai juste de me répondre franchement, et après tu pourras reprendre tes mensonges éhontés avec le reste du monde. Mais dis-moi juste si c’est bien toi qui les a tué, ou s’ils étaient déjà là quand tu es arrivé, comme tu l’as dit. »
Nouveau silence, mais Serge savait pertinemment que Larbaud jaugeait le pour et le contre. Il patienta cinq minutes exactement, montre en main, puis soupesa innocemment le cadre dans sa main. Deux fissures couraient sur la surface lisse du verre.
« Je les ai tué. » annonça simplement Larbaud, un peu penaud, qui n’osait plus regarder en face le commissaire. « Ils ont débarqués de je ne sais où, et ils m’ont embrouillés la tête. Ils parlaient de mourir, de voyage, et ça m’a énervé… J’ai pris peur, et je les ai tué. »
Serge Thourn reposa le cadre, puis sembla réfléchir et le jeta dans la poubelle. Il avait ce qu’il voulait. Tout en songeant à ce qu’il venait d’apprendre, il redressa Larbaud et l’épousseta distraitement. Ce dernier était au bord des larmes. Après avoir mutilé les quatre Trauméniens dans son accès de folie, et s’être rendu à la police dans un état proche de l’hystérie ou de la crise de nerf, il avait été mis en prison où il avait réfléchit à la marche à suivre pour s’en tirer avec les moins de chefs d’accusations possible.
« Je peux te faire confiance, Larbaud ? demanda Thourn, tout à fait conscient que la parole d’un tueur en série est vraiment peu fiable.
-Je vous ai dit la vérité, c’est comme ça que ça s’est passé… Mais je ne les connaissais pas, je vous le jure ! Je ne sais pas ce qu’ils faisaient là !
-Très bien. »
Thourn consulta sa montre. Une trois quarts d’heure que lui et Larbaud étaient enfermés ici. Le temps passait donc tellement vite, songea-t-il. Trois quarts d’heure par ci, quelques années par là. Des bribes de son dernier rêve – ou cauchemar – lui traversèrent l’esprit. Il soupira, soudainement fatigué, puis décrocha son téléphone.
« Appelez-moi Détroit, il doit être au niveau des cellules, et faite-le venir ici avec nos invités. Ordre du commissaire. »

*
* *

Lorsqu’ils arrivèrent dans la salle d’attente, les cinq quarts de la pièce étaient calcinés par l’explosion. Gorgon_Roo, en tête, mesura l’étendu des dégâts et jaugea rapidement qu’il était plus que nécessaire de s’en aller d’ici. Le Ionisateur Fou le bouscula au passage, et déambula dans les décombres en gémissant.
« Ma calto, où est-elle, ma calto…
-Tu l’as sur toi, dans ta poche… l’informa Hilde.
-Je sais bien, mais mon double en avait une aussi… La pauvre, elle doit souffrir. Peut-être même est-elle.. ? Non ! Je ne veux pas y penser. »
Radamenthe jeta un regard navré vers Gorgon_Roo, qui haussa les épaules, tandis que Hilde se massait les tempes en priant pour se retrouver le plus vite possible chez elle, avec un bon cigare à portée de main.
« Tu fumes le cigare, demanda Radamenthe, étonné.
-Oui, et alors ? Ça te pose un problème ?
-Non, juste que je viens de t’imaginer avec un barreau de chaise dans la bouche et c’est… » Il laissa la phrase en suspens et un mince filet de sang coula de son nez. Hilde ferma les yeux, lança son poing et transforma le filet en fleuve en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Pour un observateur averti, les prémices de ce geste s’étaient vues lors de la fugace apparition du sourire ‘Attends-voir’ sur le visage congestionné de Hilde.
« LIF !! Laisse tomber, on doit vraiment y aller, alerta Gorgon_Roo en jetant un nouveau coup d’œil dans le couloir, où personne n’était encore en vue. Si nous avons entendu cette explosion, nous ne devons pas être les seuls, crois-moi.
-J’ai trouvé un survivant !! C’est toi ! »
Gorgon_Roo s’agenouilla près de lui-même – Étrange impression, songea-t-il – et souleva sa propre tête à la base du cou. Le Ionisateur Fou souleva une planche et découvrit le double de Radamenthe avec son propre double, inconscients.
« Les autres sont là, dit-il.
-Qu’est-ce qui c’est passé, Gorgon ? demanda… …Gorgon_Roo.
-C’est le double du double du double… Il… Sa calculette… Et puis… On a essayé de l’arrêter, mais… » Il toussa. Le vrai Gorgon_Roo le redressa encore un peu. Il ne comprenait pas tout ce qu’il disait.
« Il l’a fait… Il a… kof…
-Gorgon !! dit le Ionisateur Fou derrière lui. Viens voir !
-Attends, il vient de me parler de double, et de calculette…
-Gorgon, LIF, on doit s’en aller d’ici, et vite ! » s’alarma quelque peu Hilde.
Gorgon_Roo se releva et courut vers le Ionisateur Fou, où il s’arrêta net. À ses pieds, couché sur le flanc et carbonisé comme tout le reste, se trouvait un quatrième corps. Gorgon_Roo, incrédule, se retourna vers son double, toujours allongé au même endroit, puis revint sur la quatrième personne étendue devant lui.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il à personne en particulier.
-Il y en a d’autres, là-bas. » dit le Ionisateur Fou en tendant un index tremblant vers une seconde porte entrouverte par le souffle de l’explosion. Radamenthe arriva en trottinant.
« Les gars, c’est pas que nous sommes pressés, mais… » Ses mots moururent dans sa gorge en reconnaissant les chaussures de son double à terre devant lui. Il regarda tour à tour son double, son autre double couché non loin, Gorgon_Roo et le Ionisateur, avant de retomber sur son double.
« C’est moi ? dit-il finalement.
-Quel esprit d’observation, railla Gorgon_Roo, plus par habitude que par envie.
-Mais j’ai déjà un autre double là, et Hilde n’en avait fait qu’un seul par personne, non ?
-Je commence malheureusement à comprendre. » gémit Gorgon_Roo en retournant au chevet de son autre lui malmené. Il le réveilla précautionneusement, tandis que Hilde les rejoignit à son tour.
« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle. Ils risquent de débarquer d’un moment à l’autre, et au cas où vous l’auriez oublié, ce sont tous des tueurs en série, donc potentiellement dangereux pour la santé, même des morts.
-Gorgon, réveille-toi, Gorgon… continua Gorgon_Roo en ignorant Hilde.
-Il y a qu’on a trouvé un peu plus de corps que tu avais créé de doubles. » expliqua Radamenthe a Hilde, qui employa sans attendre son sourire ‘Étonnement-Courroucé’, un sourire qui ne faisait pas peur, au final, mais qui traduisait bien son état d’esprit. Le double de Gorgon_Roo répondit enfin.
« Gorgon ! dit le vrai. C’est le double du Ionisateur Fou qui a créé d’autres doubles ? »
Le duplicata mit un certain temps avant de répondre.
« Nous avons été créés pour vous permettre de partir en reconnaissance, mais vous-même aviez déjà été copiés à partir d’autres nous avant…
-J’ai mal à la tête, geignit Radamenthe en se massant le front.
-Vous êtes les numéros combien ? demanda le Ionisateur Fou en se penchant. Combien y a-t-il eu de Gorgon_Roo avant toi ?
-Je crois que je suis la cinquième série… Ou la sixième… » La copie fut prise d’une quinte de toux. Les quatre originaux aussi, mais pas forcément pour les mêmes raisons. Le Ionisateur se redressa, la mine sombre.
« Je pense que mes doubles ont, à chaque fois, essayés de refaire des fac-similes du groupe pour pouvoir s’enfuir. Ça a marché puis, selon un calcul des probabilités d’une éventuelle explosion…
-…ça a fait BOUM. » termina Radamenthe. Le Ionisateur Fou hocha la tête en soupirant. Gorgon_Roo se releva à son tour, et décida qu’ils avaient assez attendus ici. Il attrapa Hilde par le bras.
« Tu ne peux pas les faire disparaître ?
-Et bien, dit-elle en regardant ailleurs, si je peux les faire disparaître, mais seulement ceux que j’ai fait apparaître, pas les nouveaux…
-Ça sera déjà mieux que rien… » souffla Gorgon_Roo. Hilde, sans plus de cérémonie, claqua des doigts, et ailleurs dans les myriades de salles de l’établissement, trois petits démons mineurs disparurent sans laisser plus des traces, devant le regard ébahi d’un tueur en série qui jeta sa bouteille de whisky d’un air méfiant.
« C’est tout ? demanda Gorgon_Roo, hésitant.
-Hum, oui. » Elle réfléchit. « Après tout, pas besoin d’en faire des masses. Lorsque je les fait apparaître, c’est une autre paire de manche, mais la plupart du temps, quand je n’ai plus besoin d’eux, c’est que les victimes sont mortes. »
Hilde afficha le sourire ‘Innocence-Incarnée’ au moment même où la porte derrière elle volait en éclat. Comme elle était partiellement brûlée, elle se réduisit plus en poussière qu’autre chose, mais l’intention était là. Un homme d’une haute stature s’engouffra par le trou béant de la porte et se dressa de toute sa hauteur face à eux. Un doigt géant se pointa dans leur direction, sous leurs regards effarés.
« Ce sont eux, tonna l’homme. Je les reconnais ! Ce sont eux qui sont venus voler la nourriture dans ma cuisine ! »
Les quatre Trauméniens s’immobilisèrent, puis se mirent tous à courir dans une harmonie parfaite vers la seconde porte restée libre.
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Message par Mr.Magnum Mar 5 Avr - 15:35

6. Poursuites.
Sylvain Detroit répondit pour la vingt-troisième fois au moins que la visite était bientôt terminée, et qu’il allait emmener les trois nouveaux venus dans la cellule pour récupérer le détenu tant désiré.
« Mais vous savez, répéta-t-il, nous avons si peu l’occasion de voir des gens haut placé dans nos locaux, et nous sommes si fiers de pouvoir vous…
-…présenter notre personnel compétent et respectueux, termina la jeune blonde en levant les yeux au ciel. Oui, nous savons tout ceci. Ça fait au moins dix fois que vous nous le serinez sans arrêt. »
Vingt-trois, ma jolie, vingt-trois.
Il était clair que les agents n’allaient maintenant pas attendre plus longtemps, quitte à enfreindre une bonne fois pour toute la politesse et se diriger directement vers les geôles que le plus vieux des trois avait repérées dès leur arrivée.
« Pourrions-nous en arriver au fait, monsieur Troit ?
-C’est troit, Sylvain Détroit. Vous avez dû croire que ‘Dé’ était l’initiale de mon prénom, n’est-ce pas ? » Il s’esclaffa, se rendant bien compte que son rire n’avait rien de naturel, et que les trois invités ne semblaient pas apprécier non plus. Il termina sur une note de fausse toux peu convaincante et peu convaincue et tourna les talons.
« Où allez-vous ? demanda la jolie blonde.
-Je reviens de suite, un petit coup de téléphone ! lança-t-il.
-S’il n’est pas revenu dans cinq minutes, on se passera de lui pour aller vers les cellules de garde-à-vue, marmonna le vieux. Elles sont par là. »
Sylvain slaloma adroitement entre les bureaux remplis de feuilles, de stylos en équilibres et parfois de reliefs d’un ancien repas de la veille. Il songea brièvement à la similitude entre ce mode de déplacement actuel et celui de son ancien métier, journaliste, qui demandait une souplesse et une agilité de même envergure.
Il arriva devant la porte du bureau de Thourn, frappa et entra sans attendre de réponse. Pas de temps à perdre, et que ce vieux fou aille se faire pendre, songea-t-il en pénétrant dans la pièce qu’il avait quitté moins d’une heure plus tôt. Le commissaire le regarda, une seconde stupéfait, puis raccrocha le combiné qu’il tenait.
« Eh bien, s’exclama-t-il, ils ont fait vite, en tout cas. »
Sylvain hésita à demander au commissaire ce qu’il avait voulu dire, et le temps de son incertitude laissa à Serge le loisir de poursuivre :
« Sylvain. Prends-moi ce gars là et va le filer à tes amis haut placé, tu veux ?
-Je venais justement pour ça. Ils s’impatientent.
-Je m’en balance, crois-moi, dit Serge avec un sourire franc. J’ai eu ce que je voulais, et maintenant, ils peuvent en faire de la bouillie ou l’enfermer à vie, je m’en contrefous. »
Sylvain attrapa Larbaud par les menottes et le leva pour le conduire au dehors. Il adressa un bref signe de la main aux trois agents qui attendaient patiemment à l’endroit où il leur avait dit de patienter, et s’approcha d’eux, tirant sur les poignets du prisonnier. Il résista puis finalement demanda :
« Qu’est-ce qu’il voulait savoir, le commissaire ?
-Vous n’allez pas vous y mettre aussi, vous ? » s'alarma Larbaud en rentrant la tête dans les épaules. Détroit ne répondit pas. « Il avait besoin d’un détail.
-Quel détail ? »
Larbaud ne répondit pas. Ils s’étaient rapprochés d’eux et les trois agents pouvaient l’entendre. Il se referma sur lui-même et baissa les yeux. Sylvain le regarda un moment, puis soutint le regard sévère de ses invités. Puis il leur tendit le prisonnier.
« Enfin, coassa la blonde. Pas trop tôt.
-Allons-y. »
Le vieux ouvrit la marche et sortit le premier du commissariat, suivit de la jeune femme, puis Larbaud poussé par l’homme qui fermait la marche. Sylvain scruta quelques seconde la porte battante qui menait à l’extérieur, puis souffla longuement.
Rude journée…

De nouveau seul dans son bureau, Serge tournait et retournait la situation dans son esprit. Larbaud n’avait pas menti, il en était persuadé. Intimement persuadé. Les quatre gosses étaient donc arrivé après Larbaud, comme s’ils savaient où il se trouvait, qui il était et ce qu’il risquait de leur faire.
Ils ont débarqués de je ne sais où, et ils m’ont embrouillés la tête.
Ces gamins devaient savoir ce que faisait Larbaud. Sinon pourquoi l’avoir nargué dans un entrepôt désaffecté ? Pourquoi agresser un inconnu en pleine nuit et lui emmêler les pinceaux ? En considérant le fait qu’ils ne savaient pas que Larbaud était un tueur en série, alors pourquoi ? Ces mômes n’avaient pas l’air de chercheurs de noises, pourtant…
Des suicidaires ?
Ils parlaient de mourir, de voyage, et ça m’a énervé…
La thèse des suicidaires plaisait à Thourn, mais quelque chose clochait alors. Ils avaient prit la peine de chercher la cachette d’un tueur en série et ils l’avaient énervé juste dans le but de mettre fin à leur jour ? Pour quelle raison, à nouveau ? Pourquoi ne pas avoir simplement branché un tuyau du pot d’échappement dans leur voiture et ouvert les gazes ? Pourquoi ne pas s’être noyés dans le port non loin ?
Tant que questions…
J’ai pris peur, et je les ai tués.
Larbaud a prit peur. L’idée faisait frissonner Serge. Comment un meurtrier pouvait-il avoir eu peur de quatre adolescents ? Encore une question. Le commissaire Thourn se frotta les tempes, yeux clos. Il ne comprenait pas. Un élément lui manquait. Un énorme, un immense élément. Quelque chose de tellement grand et tellement évident que sa vision passait inaperçue. Il grinça inconsciemment des dents.
Ils ont débarqués de je ne sais où, et ils m’ont embrouillés la tête.
Ils parlaient de mourir, de voyage, et ça m’a énervé…
J’ai pris peur, et je les ai tués.
Cherchez là où se cachait le démon. Autrefois.

Serge ouvrit les yeux. Brusquement. Violemment.
Cette dernière phrase n’avait pas été dite par Larbaud. Il n’arrivait plus à se souvenir de son origine, juste du fait qu’elle était grave, coulante et doucereuse comme le miel mais dangereuse. Elle venait de…
« Mon rêve ! »
Il se rappelait – vaguement – que cette phrase venait de là. Qu’avait dit d’autre la Voix qui venait de nulle part et partout ? Il maudit sa mémoire défaillante.
« De qui parlait-Elle, cette Voix ? réfléchit-il à voix haute. Je ne me rappelle plus… Elle parlait de vengeance, je crois, et qu’il était encore vivant. Mais de qui parlait-Elle ? »
Une vilaine migraine lui scia le cerveau. Il grinça de nouveau des dents, les serrant à s’en faire mal. Son visage était congestionné.
Enfin, pour parler franchement, il n’est plus vivant, actuellement.
« De qui… …parlait-Elle… »
Il parcourt les royaumes des morts.
Serge Thourn ruisselait maintenant de sueur. La température autour de lui faisait s’élever des volutes de chaleur, comme un plat brûlant dehors, l’hiver. Sa transpiration dégouttait sur le bois de son bureau, où elle était rapidement absorbée. Soudain, il comprit. Il saisit à qui faisait référence cette Voix.
Cherchez là où se cachait le démon. Autrefois.
« Je dois retourner là où il habitait. » déclara-t-il à son bureau en se levant. Ou bien parlait-il encore à la Voix dans son esprit. Sa migraine était toujours là, et il s’essuya le front avec un mouchoir, avant d’enfiler son immuable pardessus beige.
« Direction : Linas. »

*
* *

Une salle d’attente ordinaire.
L’homme qui s’y trouvait faisait partit des rares personnes qui ont été envoyés par erreur dans un autre Paradis alors que leur meurtrier n’était pas encore déclaré en tant que tueur en série. Il avait été abattu de seize balles en pleine poitrine par un illustre inconnu en mai de l’année précédente, et son assassin avait depuis récidivé quatre fois.
Albert Fish, celui qui l’avait accueilli lors de son transfert, lui avait expliqué que les criminels qui tuent plus de trois fois d’une façon relativement semblables étaient considérés comme tueur en série, et leurs victimes rapatriés dans cet au-delà-ci. L’homme, en plein repos dans un des multiples Paradis existants, avait donc été pêché lors d’une séance de golf, où il s’évertuait à battre Charlemagne et Mao – et où il gagnait – par le représentant et délégué des tueurs en série : Ted Bundy.
Une fois le voyage entre les deux mondes effectués, les papiers et les formulaires remplis et signés, il avait été gentiment conduit jusqu’à cette salle d’attente où il attendait depuis bientôt sept mois. Le temps avait cette particularité de s’écouler étrangement, une fois mort, et ce dans tout les au-delà répertoriés. Selon son étant d’esprit, ce qu’on fiat, ce qu’on lit, ce qu’on regarde, le temps passe plus ou moins vite. Comme sur Terre, en fait. Seulement, sept mois d’attente restent sept mois d’attente, et les distractions comme lire une vingtième fois le même magazine ou faire des ombres chinoises sur les murs commencent à perdre de leur intérêt.
Alors, tout du moins le pensait-il avant, un peu d’agitation et de distraction lui semblait la bienvenue. Il en était à peu près à ce stade de pensée lorsque Radamenthe ouvrit la porte à la volée et se précipita dans la pièce, suivit de Hilde, le Ionisateur Fou et Gorgon_Roo qui fermait la marche – et la porte par la même occasion. Le Ionisateur Fou saisit prestement une chaise à coté de l’homme et la tendit à Gorgon_Roo qui bloqua la porte avec. Maigre retardement, mais tout était bon à prendre.
Hilde chercha des yeux une seconde porte.
« Merde, dit-elle, pas de seconde porte.
-Un cul-de-sac, grommela Radamenthe. Ah bravo, Gorgon, vraiment !
-Je te rappelle, pauvre abruti, que c’est toi qui menais la course !!
-C’est pas une raison !
-Arrêtez tout les deux !! »
L’homme, toujours assit, contempla Hilde qui venait de séparer une énième fois Radamenthe et Gorgon_Roo, prêts à se sauter dessus. Elle commençait à en souper de leurs querelles et la petite course à pied l’avait mis de mauvaise humeur. Elle détestait courir. Elle haïssait courir. Elle exécrait courir. Elle abhorrait courir.
« J’aime pas courir… » murmura-t-elle pour elle-même, tandis que le Ionisateur Fou tripatouillait consciencieusement sa calculette dans son coin.


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Message par Mr.Magnum Mar 5 Avr - 15:36

« Bon, qu’est-ce qu’on fait ? cracha Radamenthe. On attend patiemment ici que le gros boucher et le cuisinier au nom imprononçable débarquent pour nous rôtir ? »
Hilde, infaillible source de connaissances sur l’univers des tueurs en série, leur avait vaguement tiré le portrait des deux personnages qui les pourchassait. Georges Karl Grossman avait été boucher pendant sa vie, et s’amusait à découper des êtres humains – des prostituées surtout - afin d’en faire de délicieux pâtés qu’il vendait dans son échoppe en Allemagne. Dzhurmongaliev Nicolaï, d’origine kirghizstane, un république sortie tout droit de l’ex-URSS, a à son actif au moins quarante-sept meurtres de femmes qu’il cuisinait pour ses voisins lorsqu’ils manquaient de nourriture. Un sacré cuisinier qui a réussit à maquiller ses plats pour que personne ne se doute de la nature de la viande.
Étrangement, les explications culinaires de Hilde durant leur course effrénée n’avaient rassuré personne.
« Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peux pas rester ici, ajouta Radamenthe. Ne pourrait-on pas rentrer, maintenant ? Après tout, on a eu l’information qu’on cherchait, non ? Séphy-Roshou s’est manifestement fait tué par un tueur en série, et elle a atterrit ici.
-Seulement, expliqua patiemment Gorgon_Roo, je te rappelle que le dossier a été classé ‘sans suite’ à cause de sa disparition intempestive.
-Et n’oublions pas que son corps était vierge de tout sévices. » Gorgon_Roo et Radamenthe regardèrent Hilde. Elle poursuivit : « Si elle avait vraiment été tuée par un maniaque, on aurait retrouvé des traces de lutte, de coups, du sang… Là, elle a été retrouvée comme endormie, sur son lit, en parfait état. »
Le silence accueillit cette réplique, ponctuée de cliquetis de la calculette du Ionisateur Fou qui continuait à bricoler son engin de mort, ainsi que la victime inconnue qui feuilletait toujours son magazine, jetant de temps à autre des coups d’œil inquiets aux quatre intrus. Gorgon_Roo, en gardant la porte bien en vue et restant sur ses gardes, étudia la situation sous le nouvel angle découvert par Hilde.
« Tu veux dire qu’elle n’est peut-être que… …’passée’ par ce monde ?
-Je veux dire qu’à part une petite trace d’elle, on a vraiment rien trouvé de significatif, rien qui prouve qu’elle soit encore ici, d’ailleurs.
-Et moi je veux dire que puisqu’elle n’est pas là, on devrait se barrer ! » brailla Radamenthe, dont le visage empourpré trahissait un semblant de panique.
« En laissant les copies se balader librement ? s’insurgea Gorgon_Roo.
- On n’a pas vraiment le choix.
-Si, Hilde, je suis d’avis de tous les laisser se faire éliminer par les maniaques qui rôdent par ici, au lieu d’aller les chercher tout ça pour les tuer nous-même ! »
Gorgon_Roo évita le regard courroucé de Radamenthe. Dans un sens, il avait raison. Et il aurait certainement emporté le suffrage si le Ionisateur Fou n’était pas intervenu à ce moment là, délaissant un instant ses bidouillages électroniques.
« Je préférerais que nous allions les chercher, car après tout, chacun de ces duplicata sont des parties intégrantes de ma TI-89 customisée, contenant des données informatiques précises sur le fonctionnement de celle-ci.
-Et alors ? répondirent en chœur les trois autres Trauméniens.
-Et alors ça veut dire que j’ai perdu des données essentielles, et que ma calculatrice marchera beaucoup moins bien ! Elle risque d’exploser plus souvent ! Et je devrais donc moins m’en servir !
-Je ne vois pas où est le mal, sifflota Gorgon_Roo.
-En plus, ça veut aussi dire qu’ils peuvent se reproduire à l’infinie et qu’une myriade de nous-même submergeront cet au-delà et le réduiront à un néant. Et ce vide risque d’entraver les autres réalités en les déformant, et les bouleversements des autres mondes endommageront ceux d’à coté, et ainsi de suite. Les répercussions seront infinies et incontrôlables ! »
Il s’arrêta, presque gêné d’avoir autant parlé.
« Bon, d’accord, concéda Radamenthe en soupirant. On va aller les chercher tes disquettes sur pattes.
-J’ai deux copies juste au dessus de nous ! déclara le Ionisateur Fou en brandissant un doigt fédérateur en direction du plafond. Les trois autres Trauméniens levèrent la tête, ainsi que l’homme sensé attendre qui suivit la masse sans trop se poser de questions.
« Comment tu le sais ? demanda Gorgon.
-J’ai un peu bricoler le système d’autoguidage par navigation infra-sattelitaire pour…
-Ouais, tu as inventé un radar à clone, c’est ça ? traduisit Radamenthe.
-C’est ça. »
Ils regardèrent à nouveau le plafond.
« Quelqu’un a une idée ? »
Radamenthe leva un doigt, tout sourire, et les autres grimacèrent.

*
* *

Serge arriva sur Paris par la porte d’Orléans. Il ne se rappelait plus le chemin exact pour se diriger dans la ville où avait vécu celui qu’il avait à la fois tant cherché, tant redouté et tant haïs. Les embouteillages du périphérique l’accueillirent les bras ouverts, sous les injures répétées du commissaire accompagnés de coups de klaxon révoltés.
Il avait habité la capitale, des années auparavant, bien avant toutes ces histoires. Toute cette histoire. Intimement, au plus profond de lui, Serge Thourn savait que cette affaire-ci était elle aussi liée aux deux gros dossiers dont il s’était occupé précédemment. Tandis qu’il faisait une queue de poisson à un poids lourd – les manies de la conduite parisienne se retrouvent rapidement, constata-t-il – il rectifia mentalement sa pensée : Ce n’était pas lui qui s’occupait de ces affaires, mes ces affaires qui s’étaient occupés de lui.
Et à nouveau, elles le rappelaient à elles.
La Voix qu’il avait entendu dans son cauchemar lui avait dit de chercher là où le démon s’était caché autrefois. Sans nul doute possible, il faisait référence à la toute première des deux histoires qui avaient à jamais marqué sa vie. Tout avait commencé à l’époque par une boite de nuit qui avait explosée, mais tout avait également vite dégénéré. Il se souvenait des trois survivants, deux hommes et une fille.
« Une jolie poulette, même… » soupira-t-il en rêvassant. Une moto le doubla par la droite en évitant de peu une Peugeot qui déboîtait. Le rétroviseur de Serge se retourna complètement. Le commissaire sortit de son véhicule de fonction qu’il avait amené sans aucun accord préalable et redressa le rétroviseur en maugréant.
Les deux hommes avaient été examinés et étaient indemnes, alors que l’accident avait fait plus de deux cents morts à l’époque. Mais ces trois là n’avaient pas eu une seule égratignure. Le petit ami de la fille était arrogant et suspect, aux yeux de Thourn. Mais il s’était avéré que c’était le troisième homme qui était finalement le plus dangereux. Il se rappelait parfaitement de celui qu’il avait croisé maintes et maintes fois après cette histoire.
Assez costaud, habillé tout de noir, les cheveux longs, un grand manteau qui ressemblait de loin à une cape de cuir noire, arborant prétentieusement un sourire satisfait sur sa figure ornée d’un bouc. Et ses yeux. Un regard qui donnait un aperçu du néant.
« Mais pas tout le temps, rectifia Thourn en bifurquant en direction d’Orly/Evry. Il n’avait pas toujours ces yeux affreux. Seulement lorsqu’il… »
Il buta sur les mots. S’énervait ? Le voulait ? Se battait ? Tous ces termes convenaient, dans un sens. Il entra sur l’autoroute en direction d’Evry et accéléra. Dans une vingtaine de minutes, il serait arrivé à la préfecture de l’Essonne. Là-bas, il trouvera bien une indication sur la direction de Linas.
Où bien il se rappellera de l’endroit où habitait François.


*
* *

Dans un monde finalement pas si éloigné du notre, qui pourrait être accessible en crevant la fine pellicule séparant les univers, où un autre Soleil se levait, se couchait et brillait, où une Lune semblable à la notre éclairait des paysages figés dans le temps, où les prairies étaient perpétuellement vertes, où les villages semblaient immuables, où les oiseaux ne chantaient pas parce qu’ils n’y étaient pas, où aucun animal ne vivaient, où des femmes régnaient en maîtresses absolues et dominatrices, où le simple mot ‘homme’ était banni de toute discussion…
…dans ce monde-ci, Youfie ouvrit péniblement les yeux.


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Message par Mr.Magnum Mar 12 Avr - 18:07

Un peu en retard pour ce chapitre, honte sur moi. Les causes ? Une vie privée, un emploi du temps de ministre et des parents possessifs (vis-à-vis du pc) qui s’étaient ligués contre votre serviteur pour vous empêcher d’accéder à ce chapitre… *soupir* Mais le voilà ! Rendez-vous samedi !
Et pour ce qui est de Séphy-Roshou, je les lui ai passé via Msn, mais je remercie tout de même K-Ro de les imprimer. Au cas où le Dieu des ordinateur décide de formater inconsciemment mon pc, le saligaud!



7. Constatations.
Lorsque Nicolaï Dzhurmongaliev ouvrit la porte donnant sur la salle d’attente, il n’y trouva qu’un homme assit qui patientait. En fait, lorsqu’il le regardait plus précisément, il s’aperçut qu’il regardait le plafond d’un air médusé. Nicolaï s’approcha de lui et, avec un fort accent soviétique, lui demanda s’il n’avait pas vu passer des personnes peu de temps auparavant.
L’homme ne remua pas.
« Monsieur ? Vous ne me comprenez pas ? Monsieur ? »
Toujours rien.
Le tueur en série fit tourner distraitement son immense couteau de cuisine taché de sang en jetant un regard circulaire sur la petite salle. Ils s’étaient séparés pour retrouver au plus vite les fauteurs de troubles, mais pour le moment il avait fait chou blanc. Il termina son observation et se tourna vers l’homme, qui restait toujours immobile.
Il soupira.
« Évidemment, vous n’en avez que faire, de mes problèmes. Après tout, vous êtes mort, n’est-ce pas ? »
Toujours aucune réaction.
Nicolaï tâtonna les murs à la recherche d’interstices ou d’éventuels passages. Tout en sondant manuellement les parois, il râlait abondamment à voix haute.
« On devrait pas avoir à faire ça. J’ai toujours dit à Jack d’employer une police, ou une milice au moins pour récupérer les récalcitrants. Mais non, môssieur veux qu’on fasse tout nous-même. Vous savez ce qu’il dit, exactement ? » Nicolaï s’arrêta, plus par habitude que pour une réelle attente de la réponse. « Il m’a dit ‘‘Nous sommes des monstres sanguinaires assoiffés de punitions, de viols à outrance et de cadavres en série…’’ Pfff… S’il savait ce que j’en ai à faire, moi, de ces punitions, de ces viols et de tout le reste… »
Nicolaï s’assit à coté de l’autre homme, qui fixait toujours le plafond d’un air abasourdi. Il fit tourner son long couteau entre ses doigts, tout en fixant le sol entre ses jambes écartées.
« Il n’a jamais voulu accorder une once de pouvoir aux autres. C’est tout pour moi, tout pour moi, tout pour moi. Si vous saviez comme c’est agaçant ! Il ne cherche pas non plus à savoir si on est d’accord ou non ! Dès qu’un tueur en série meurt, il arrive ici et Jack vient lui-même l’enrôler. J’ai passé des stages et des stages pour devenir comme je suis là. Mais moi, je voulais être cuisinier… »
Dzhurmongaliev poussa de nouveau un long soupir attristé. Il posa son couteau près de lui, de l’autre coté que l’homme immobile.
« Encore heureux, dans un sens, il m’a mis aux fourneaux, ici. Mais quand on y songe, personne ne mange. Je ne fais que préparer des mets succulents pour faire envie aux victimes torturées par la gourmandise, ou bien pour les nouveaux qui ne sont pas encore habitués à ne pas se nourrir. Sinon, tout le reste, je le jette. C’est pas un métier, je vous le dis ! »
Il se gratta le menton, puis reprit :
« Bon, c’est pas vraiment un métier, après tout, puisque je suis mort. Mais c’est plus une passion. Déjà tout petit, vous savez, je faisais à manger à mes parents. J’ai fait des chiens, des chats, et même un oiseau que j’avais abattu avec mon lance-pierre ! » Il se mit à rire nostalgiquement, songeant à son passé. Il leva la tête et ferma les yeux. « Ah, c’était le bon vieux temps, tout ça. On ne tuait pas forcément par envie, ne croyez pas tout ce qu’on vous dit. Je regrette ma vie d’avant. Avant ma mort. Ha ha ! C’est drôle, n’est-ce pas ? »
Il ouvrit les yeux juste au moment où Georges Grossman ouvrait violemment la seule porte de la salle et hurlait :
« Dzhurmagl… Dzhumrglf… Argh ! Nicolaï ! Qu’est-ce que tu fais encore ici ? Tu vois bien qu’ils ne sont pas là !! Berkowitz les a aperçu vers les dortoirs. Tu comptes rester ici toute l’éternité ou bien… »
Grossman s’arrêta de lui-même, examina Nicolaï, puis l’homme, qui regardaient tout les deux le plafond. Il leva les yeux également, et découvrit à son tour l’énorme trou béant percé à même le plafond/plancher du bâtiment.
« Montons ! » crièrent en chœur les deux tueurs.

*
* *

Serge rangea sa voiture près de la mairie de la petite ville du nom de Linas. Il l’avait facilement retrouvé par les plans, les voies rapides et autres recherches diverses. Peuplée de cinq milles habitants, à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, elle se situait exactement au croisement de deux nationales relativement importantes, ce qui rendit son accès d’autant plus facile pour le commissaire.
Il était arrivé en fin de matinée, et il repéra rapidement un bar/tabac pour y commander un maigre repas. Il n’avait pas faim. Son mal de tête était revenu durant le trajet entre la préfecture et ici, une vingtaine de minutes au total, et il n’avait qu’une seule envie : Se coucher une heure ou deux après avoir avalé un cachet d’aspirine.
Dans le bistro, les conversation battaient leur plein : Le gérant discutait avec un client, un autre jouait au flipper sous les yeux ébahis de deux jeunes adolescents, d’autres étaient attablés ou au comptoir et le dévisageait d’un air méfiant. Le commissaire renifla l’air empuanti de fumée de cigarette et se fit bousculer par une jeune femme pressée.
« S’cusez-moi, bredouilla-t-elle avant d’enchaîner : Un paquet de Marlboro rouge, s’il vous plaît. » La tenancière du stand où on vendait les cigarettes – certainement la femme du gérant entraperçu – lui jeta le paquet et annonça le prix avec une voix éraillée qui devait être une seconde langue dans les études de mégère. La jeune fille paya et s’en alla. Serge s’écarta pour la laisser sortir, et se dirigea vers le comptoir où il commanda une bière.
« Tenez, dit le barman en lui tendant une chope remplit presque à ras bord.
-Merci. Dites-moi, je peux vous poser une question ? » Thourn se retenait. Il lui fallait rester poli le plus possible afin de s’attirer la sympathie des gens du cru. Et la politesse, Serge ne l’employait que devant sa mère et devant sa banquière.
Et encore.
« Connaissez-vous cet homme ? »
Question classique s’il en est. Le commissaire avait en horreur toutes ces réflexions clichées qu’on rencontre dans tous les polars bon marchés diffusés sur les ondes hertziennes. Il n’employait pour ainsi dire jamais ces phrases toutes faites, mais il faisait une nouvelle fois entorse à ses règles. Comme pour la politesse.
Il exhiba au gérant une photo racornie, usée de tous les cotés par de multiples voyages, que ce soit en Amérique ou coincée dans une poche de pantalon dans une essoreuse. Elle avait vécu. La photographie était malgré tout datée tout au plus de quelques années, mais semblait en avoir quinze. Ou même vingt. Serge l’avait retrouvé dans ses dossiers personnels : Tout ce qu’il avait pu récupérer de ses anciennes affaires élucidées ou non.
L’homme représenté sur la photo était de profil. Le flou n’était pas artistique, mais dû aux complexes ajouts d’objectifs permettant d’agrandir les sujets pris en photo de loin. L’homme semblait parler à quelqu’un, mais on ne voyait pas son interlocuteur. Ses cheveux longs voletaient derrière son crâne. Il devait avoir une vingtaine d’années tout au plus. Le gérant se pencha, prit délicatement la photo entre ses doigts et l’examina.
« Je suis un parent proche, mentit Thourn. Il a habité le coin il y a de ça quelques années, mais j’ai perdu toute trace de lui. Vous sauriez s’il serait revenu ici ? »
Le barman releva les yeux, sembla jauger le commissaire, puis revint à la photo. Il l’étudia encore quelques secondes, puis lui rendit en secouant la tête d’un air désolé. Thourn rangea précieusement le cliché dans son portefeuille, dans une pochette qui lui était dorénavant réservée.
« Désolé, monsieur. Mais je ne peux pas vraiment vous aider. Il est possible que je l’ai déjà croisé une fois ou deux, mais de là à vous affirmer qu’il habite toujours Linas…
-Et si je vous dit son nom ? François Petit.
-Hmmm.. réfléchit l’homme. Non, toujours rien.
-Merci tout de même. »
Serge régla la consommation et sortit. Le soleil brillait mais il faisait tout de même froid, en ce début d’après-midi. Il réajusta son imperméable et avisa un plan de la ville. Une fois devant, il chercha la rue Saint Merry, qu’il repéra facilement. Elle était à trente secondes de la mairie, il y serait donc dans vingt. Heureusement pour lui, il avait conservé l’adresse de François Petit, alias bien des surnoms, dans les dossiers qu’il avait chez lui.
« Au moins, je suis à peu près sûr que tu n’es pas dans la région, sinon ce bon vieux bistro t’aurait repéré. Je vais pouvoir fouiner tranquille… »
Il rentra dans sa voiture et fila vers la rue où les parents de François habitaient.
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Message par Mr.Magnum Mar 12 Avr - 18:09

Gorgon_Roo couru jusqu’à la porte, qu’il trouva verrouillé. Il avait été séparé des autres peu de temps auparavant, et la panique l’avait rapidement submergé. Il avait erré pendant quelques minutes de salles vides en salles vides, et finalement ils lui étaient tombés dessus. Au détour d’un couloir. Une coïncidence toute bête, mais qui risquait de lui être fatale.
« Laisse tomber, tu n’es pas de taille !! » tonna une voix grave dans son dos. Gorgon_Roo se retourna et leur fit face, tremblant. Il sentit malgré lui les larmes couler de ses yeux. Ses jambes le lâchèrent et il s’écroula à genoux sur le sol.
En face de lui, l’une des silhouettes leva un objet rectangulaire dans sa direction. Gorgon_Roo n’ignorait pas que c’était une arme, et il les supplia de l’épargner.
« Je vous promet de vous aider, de ne plus vous ennuyer ! Mais laissez-moi partir, laissez-moi vivre, s’il vous plaît… »
La fin de la phrase avait été noyée sous un déluge de larmes et de sanglots de peur. Ses poursuivants ne réagirent pas. Celui qui tenait l’arme rectangulaire effectua quelques réglages rapides. Un autre prit la parole :
« Est-ce que tu penses vraiment que j’aurais réagi comme ça ? Je me fais pitié, là, franchement…
-Tu ne te pensais pas aussi lâche, hein ? railla l’autre.
-C’est prêt ! » clama celui qui tenait l’objet fatal. Les autres s’écartèrent et le Ionisateur Fou appuya sur la touche ‘résultat’. Un rai de lumière rouge déferla sur le Gorgon_Roo qui tremblait de toute part, puis il disparu en hurlant. La calculette crachota un petit nuage de fumée et ronronna de satisfaction.
« Elle fait pas de petit rototo ? demanda Radamenthe.
-Non non, elle montre juste qu’elle est contente en ronronnant. Parfois, elle imprime des petits cœurs aussi.
-Comme c’est meugnon… grogna Hilde, au bord de l’écoeurement. Bon, où se trouve le suivant ?
-Il nous en reste que trois à avoir, les informa le Ionisateur Fou. Deux Radamenthe et un Moi. Le prochain est dans les escaliers, deux couloirs à droite.
-Trauménions, attrapez-les tous ! » chantonna Radamenthe en sautillant vers la droite.
Gorgon_Roo, le véritable, regarda l’endroit où s’était trouvé précédemment sa dernière copie vivante, puis trottina à la suite de ses compagnons. Il rattrapa le Ionisateur Fou, qui étudiait les données nouvellement récupérées sur le Gorgon_Roo fuyard et peureux.
« Il n’y en a plus, d’autres Gorgon, n’est-ce pas ? demanda le principal intéressé.
-Non, il n’y a plus que toi. Tu es redevenu unique.
-Tant mieux. Des infos intéressantes ?
-Pas grand-chose. Apparemment, cette copie de toi avait hérité de tous les gènes de la peur et des émotions fortes. Il n’était pas très courageux. Je crains qu’il n’ait rien trouvé d’autre que les toilettes et… » Il s’interrompit.
Gorgon_Roo et Hilde se rapprochèrent, tandis que le Ionisateur Fou tapait frénétiquement les touches de sa calculette. Il s’était arrêté de marcher. Radamenthe continuait de fredonner le générique de Pokémon en changeant les paroles et avançait sans se soucier des autres.
Hilde se pencha sur la calculette. Ce qu’elle y vit n’est pas explicable facilement : Une succession à plusieurs niveaux de pensées, modulables en une infinité de transcription possibles, de nombres binaires défilant sans arrêt à une vitesse faramineuse, vous imaginez ce que ça pourrait donner ? Et bien l’écran de la TI-89 du Ionisateur Fou, c’était pire. Et le plus impressionnant, c’était que…
« LIF, que… Tu arrives à… à comprendre tout ça ? bégaya Hilde, sincèrement étonnée.
-Bien sûr ! Il suffit de s’entraîner un peu, voilà tout. » Le Ionisateur Fou n’expliqua pas plus sa façon de procéder, et Hilde lui en fut reconnaissante. Ils n’avaient pas le temps, et elle n’avait pas non plus l’envie, d’écouter de longues explications que lui seul aurait finalement compris. Gorgon_Roo s’avança.
« Alors, y a quelque chose d’intéressant ?
-D’après les souvenirs récupérés sur le Gorgon_Roo peureux, ce duplicata aurait entendu une conversation importante entre deux Radamenthe, peu de temps avant. On a de la chance, ses souvenirs n’ont pas été altérés par la démolécularisation de ses neurones synthétiques lors du passage dans ma calto. »
Le Ionisateur Fou sourit.
Gorgon_Roo et Hilde attendirent, puis secouèrent le Trauménien qui restait avec son sourire béat. Le Ionisateur Fou sembla se réveiller, et s’excusa.
« Désolé, j’étais fier d’avoir réussi à mettre au point un tel système, et…
-Bon, on peut l’avoir, cette conversation ? s’impatiente Gorgon_Roo.
-Aucun problème, répondit le Ionisateur Fou. On peut même l’écouter, avec mes modulateurs audio intégrés. » Le Ionisateur sortit quelques outils, tritura quelques secondes sa bécane, puis se releva. Au bout de quelques secondes, quelques paroles s’élevèrent…

…Shhhhhhshshshsssshsshhshhhshs…
«…et tu penses vraiment qu’elle est passée par cet au-delà ?
« C’est bien ce qui est marqué ici, non ?
« Oui, bien sûr. Mais comment faire confiance à ce ramassis de tueurs en série aliénés ?
« On a pas vraiment le choix. Ce sont leurs rapports, mais comme ils consignent tout ici comme si c’était des actes divins, on ne peut qu’avoir confiance en ces écrits.
« Tout de même… C’est noté qu’elle aurait disparue en s’évaporant.
« Écoute. J’ai entendu un tueur en série, tout à l’heure, qui…
« Tu as approché un de ces dingues ?
« Oui, mais j’étais caché. Il ne m’a pas vu. Je crois que c’était Fish, mais je ne suis sûr de rien. Il était à l’endroit même où tu te tiens, là.
« Hmmm…
« Et il a récupéré des papiers qui traînaient sur une table, puis il les as consulté rapidement. Puis il a marmonné qu’il savait bien qu’elle allait leur créer des problèmes, cette fille venue d’on ne sait où.
« Il a consulté ces papiers là ? Ceux que tu viens de me montrer ?
« Oui, ceux-ci. Les rapports concernant Séphy-Roshou.
« Ensuite ?
« Ensuite, il a encore grommelé des trucs, mais je n’ai pas tout saisit. Il parlait d’en référer à un certain Jack – certainement le même dont on a entendu parlé lors de notre arrivée ici – et il a dit qu’ils auraient mieux fait de la maintenir prisonnière au lieu de la laisser partir.
« Ils l’ont laissé partir ? Mais je croyais qu’elle s’était évaporée ?
« Justement non. Ça, c’est ce qui est marqué. Mais apparemment, ils l’ont laissé partir.
« Intéressant. Il va falloir leur dire aux autres, ou bien…
« Surtout pas ! On va juste prévenir le boss et se la coule douce. Ensuite, s’il veux, il nous laissera s’occuper de… Ah ! Gorgon ! Tu étais là ! Il ne te… »
…Shhhhhsshhhhssssshhhsshshhhshhshhs…


Les grésillements se stoppèrent lorsque le Ionisateur Fou coupa le son.
Gorgon_Roo se releva, plus perplexe qu’autre chose. Tout s’embrouillait, tout était confus, rien ne se passait comme il l’avait imaginé. Qui est Jack ? Qui est ce boss dont parlait les Radamenthe ? Que s’est-il finalement passé avec Séphy-Roshou, ici ? Aucune réponse ne lui sautait aux yeux. Il regarda Hilde qui arborait la même expression stupéfaite sur son visage. Elle ne comprenait manifestement pas non plus.
Le Ionisateur Fou rangea discrètement sa calculette dans sa poche et n’osa pas reprendre la parole. Hilde était tendue, Gorgon_Roo était tendu, Radamenthe aussi, bien qu’il continue à faire le pitre un peu plus loin, inconscient de cette ultime révélation. Et pour finir, les informations qu’ils avaient trouvés dans les archives ne servaient finalement à rien. Ils n’avaient pour ainsi dire pas avancer d’un iota. Et pour couronner le tout, ils étaient maintenant poursuivis par des meurtriers cinglés et sanguinaires.
« Que fait-on, alors, Gorgon ? » demanda le Ionisateur Fou.
Gorgon_Roo dévisagea son compagnon, incrédule. Hilde aussi le regardait. Ils l’avaient nommés chef de ce groupe, en quelque sorte, bien qu’il songeait – et à juste titre – que ni Hilde ni Radamenthe n’auraient jamais réellement voulu de lui en tant que supérieur. Seulement, dans un cas de figure où toutes les issues sont bloquées, on préfère toujours se rendre à l’opinion d’un autre. Et ici, cet autre était Gorgon_Roo.
« On va continuer, annonça-t-il aux deux Trauméniens qui écarquillèrent les yeux.
-Continuer ? répéta Hilde d’une voix suraiguë.
-Continuer, affirma Gorgon_Roo calmement.
-On va chercher les derniers doubles, c’est ça ? interrogea le Ionisateur Fou.
-Et une fois qu’on aurait toutes les données en mains, on rentrera. J’aurais aimé qu’on approfondisse un peu au sujet de Séphy-Roshou, mais je doute que les divers tueurs en séries qui peuplent le coin soient d’accord. »
Hilde et le Ionisateur Fou acquiescèrent. Ce dernier consulta sa calculette et les informa de la position du Radamenthe le plus proche. Et c’est à ce moment précis, lorsque Gorgon_Roo terminait de dire « En avant ! » que la porte derrière eux s’ouvrit sur Nicolaï Dzhurmongaliev, Georges Karl Grossman et David Berkowitz.
Ils sourirent.

*
* *

Radamenthe s’assura de la distance entre lui et ses compagnons de forum. Il risqua un oeil par delà le coin du couloir et vit qu’ils s’étaient arrêtés et regardaient tous la dangereuse calculette du Ionisateur Fou.
« Bien. Très bien. Excellent, même. » admit Radamenthe en cessant ces imbécillités pour s’agenouiller à même le sol. Il ferma les yeux. Les sonorités qui l’entouraient s’effacèrent peu à peu, pour envoyer son esprit dans un silence bénéfique à la concentration. Les yeux toujours clos, il contacta rapidement son interlocuteur.
Ah, Radinet ! Tu tombes bien, j’allais justement allez Le voir…
Fous-moi la paix, FireFly, je suis encore là-bas.
Moi aussi, je suis encore là-bas, sauf que c’est un autre là-bas, et j’ai de la charmante compagnie, au moins.
Il est là ?
Tu sais bien qu’Il est toujours là. Où que tu sois… Où que nous soyons tous, en fait.
Dis-lui de ma part que mon groupe est tombé sur les rapports disant qu’elle est passé par le monde des tueurs en série.
Mwahaha ! Si tu crois que ça va L’intéresser ! Il a trafiqué ses rapports pour masquer la vérité, et ce que tes amis ont lu, ce n’est rien d’autre qu’une vérité destinée à les envoyer encore plus loin d’elle.
Ce ne sont pas mes amis, monsieur la Mouche de Feu. Espérons simplement que Fish tiendra sa langue. Je vais tenter de les faire revenir sur Terre.
Quant à moi, je vais poursuivre l’exploration enivrante de cette charmante demoiselle, si jamais Il me le permet… Bye !

Radamenthe ouvrit les yeux. Il avait en horreur ces conversations astrales, et qu’elles proviennent de Sa magie noire n’arrangeait rien. Il se massa le front et eut juste le temps de tourner au coin pour voir les trois Trauméniens décomposés face aux tueurs en séries qui venaient de pénétrer dans le couloir.
« Pourquoi faut-il toujours qu’ils se mettent dans de telles situations ? »
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Message par Mr.Magnum Mer 20 Avr - 15:58

8. Discussions improvisées !
DragonNoir se frotta les yeux. Il s’était à nouveau mis à somnoler devant son écran. Il prenait trop peu de repos, tout le monde lui disait. À commencer par sa mère, qui ne cessait de lui seriner moult recommandations qu’il renvoyait vaillamment et sans – trop – en tenir compte. Il regarda l’horloge de son ordinateur.
13h22.
Il s’étira et comprit subitement ce qui l’avait tiré de sa sieste accidentelle : Son portable vibrait sur le bureau, près de lui. Il l’attrapa et décrocha d’un geste ample et exagéré, tel un surhomme sauvant une jeune femme des griffes d’un démon tentaculaire animé d’intentions hostiles et répréhensibles.
« Allô ?
-DN ? C’est Draco.
-Ah, Draco ! s’exclama DragonNoir en se laissant tomber sur sa chaise. Quoi de neuf ? Comment vas-tu ?
-Mal.
-Mais tu sais qu’il va rentrer parmi nous, ton frère. Youfie est partie les rejoindre, pour leur expliquer le moyen de revenir. D’ailleurs, quand j’y pense, nous n’avons toujours pas de nouvelles, alors qu’elle est partie avant hier.
-Ce n’est pas de ça dont je parle ! rétorqua Draco avec une pointe d’impatience. Le problème le plus urgent, là, il se trouve attablé avec mes parents au rez-de-chaussée de chez moi, vois-tu ? »
DragonNoir analysa, reformula plusieurs fois la phrase dans sa tête et finit par s’avouer vaincu. Il ne comprenait pas de quoi parlait Draco.
« Un policier est là. Un commissaire, plutôt, précisa Draco. Et il pose des questions sur Mr.Magnum. »

*
* *

On peut dire sans se tromper que les quatre fuyards eurent de la chance durant leur course effrénée pour se tenir éloignés des trois tueurs en série qui avaient mis une option capitale sur leurs têtes : En route, au détour des salles ou des couloirs, ils avaient réussis à retrouver les deux Radamenthe qui leur manquaient. Surpris, les deux copies avaient fait un bout de chemins avec eux avant de réintégrer la calculette du Ionisateur sans trop de contraintes.
« Entre ces trois-là et la sécurité toute relative de ta calto, je préfère encore la calto… » avait même déclaré un des deux duplicata avant de disparaître. Tout en courant à toute allure, le Ionisateur Fou avait consulté de nouveau sa base de données mais n’avait rien déniché d’autre que la précédente conversation déjà entendue grâce à un Gorgon_Roo curieux.
« On ne va pas pouvoir tenir la distance toute une éternité ! » souffla Radamenthe. Il les avait rapidement rejoint dans leur fuite en avant lorsqu’il avait aperçu les trois mastodontes armés qui les poursuivaient. « LIF ! Je ne peux pas aller dans ta calto aussi ?
-Je crains que la dématérialisation de ton enveloppe corporelle en molécules subliminaires de données risque d’endommager l’intégralité de tes cycles binaires de ton esprit et ainsi transformer les ions et électrons qui te composent en diverses restructurations plus ou moins alléchantes. Tu veux tenter le coup ?
-Euh… Merci. Finalement, plus trop.
-Où se trouve ton dernier double ? demanda Hilde qui survolait le groupe sans peine grâce à ses ailes, et qui du coup était la seule à ne pas être essoufflée.
-Il devrait y avoir une salle sur la droite, là. Il est au dessus. »
Les Trauméniens accélérèrent le pas, augmentant la distance entre eux et les tueurs en série. Ils s’engouffrèrent rapidement dans la pièce indiquée par le Ionisateur Fou et refermèrent la porte derrière eux. Ils entendirent leurs assaillants passer en courant devant la porte sans s’arrêter, puis s’autorisèrent à soupirer longuement.
Leur repos fut de courte durée, car une voix caverneuse et terrifiante résonna derrière eux, leur glaçant le sang.
« Allons donc. Qui m’envoient-ils, cette fois-ci ? »

*
* *

David Berkowitz, tueur en série américain ayant prit pour surnom ‘Son of Sam’ et ayant revendiqué plus d’une quinzaine de meurtres ou tentatives de meurtres sans raison, s’arrêta brusquement, laissant le soin aux deux autres de le dépasser. Ils finirent par se retourner et Grossman lui demanda ce qu’il attendait.
« Est-ce qu’on ferait pas mieux d’avertir Jack ?
-L’avertir de quoi ? s’étonna Dzhurmongaliev. Si on les récupère, il n’y aura rien à dire à personne, parce qu’il ne se sera rien passé.
-Mais là, continua David Berkowitz, ils nous sèment. »
Silence gêné.
« Et ce n’est pas en restant là qu’on va les rattraper ! grogna le boucher Allemand. Alors bouge-toi un peu le cul et… » Il s’arrêta. David se retourna et découvrit Albert Fish, vieil homme dégingandé, arrivé là sans un bruit. Le secrétaire râleur et perpétuellement fatigué se tenait face à lui, et fixait tour à tour les trois tueurs en série d’un air fâché.
« Qu’est-ce que vous faites ensemble, vous trois ?
-Nous avons trouvé les fugitifs, s’empressa d’avouer Nicolaï Dzhurmongaliev en faisant un pas en avant. Et nous les poursuivons.
-Ensemble ? insista légèrement Fish, une lueur mauvaise dans l’œil.
-Et bien… bredouilla le tueur d’origine Kirghizistane.
-Séparez-vous et trouvez-les ! cracha Albert Fish. Si jamais il s’en aperçoit, je pense que vous aurez certainement droit à un séjour dans les Limbes. »
David Berkowitz tressaillit.
« Non, pas les Limbes ! hurla-t-il en attrapant le col d’Albert. Je suis sûr que le chien est là-bas ! Harvey est là-bas, le chien démon, il… il… »
Fish l’envoya au sol en un mouvement ample du bras, un mouvement étonnant pour son âge, et le toisa méchamment.
« Alors rattrapez-moi ces quatre là et ramenez-les moi rapidement. »
Les trois meurtriers, devenus penauds, se précipitèrent dans le couloir et se séparèrent comme Fish leur avait dit de faire. Resté seul, le vieil homme se détendit et son dos s’arrondit sensiblement. Il se remit en route vers le bureau de l’intendant général Jack afin de le distraire.
« Si jamais Jack se rends compte que ces quatre gamins cherche la fille, il serait capable de leur dire ce qu’ils veulent savoir. Et ça, Il ne le veut pas. »
Albert Fish frissonna.
Même l’énonciation mentale du pronom Le représentant le mettait mal à l’aise.

*
* *

Serge prit le verre d’eau avec une gratitude toute feinte et en avala la moitié sans respirer. Il reposa le gobelet sur la longue table en bois qui trônait au centre de la salle à manger, et soupira de satisfaction. Mais pas trop ostensiblement non plus, juste assez pour leur montrer à quel point il leur était redevable de ce simple petit geste liquide.
« Merci, dit-il. Merci beaucoup.
-Mais ce n’est rien, répondit la femme en face de lui. Vous voulez autre chose ? Un café ? Des gâteaux secs ?
-Non merci, ça ira. C’est parfait. » répondit poliment le commissaire en examinant la pièce où ils se trouvaient. La salle était claire et fraîche, alors que le soleil de début d’après-midi commençait à chauffer les murs, les voitures et même certains esprits. La maison avait des fondations anciennes, et les murs étaient épais et gardaient la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. Mais la décoration intérieure était récente et apaisante.
Beaucoup de plantes vertes qui, en ce début de printemps, démarraient leur nouveau cycle d’éveil, également beaucoup de meubles antiques qui se mariaient efficacement avec les tons modernes de l’habitation. Une harmonie de couleur due à la femme qui se trouvait devant lui, la mère de sa proie depuis des années.
« Voilà, j’ai retrouvé les papiers que vous m’avez demandé ! dit le père en entrant dans la salle à manger avec un dossier noir.
-Merci, et désolé de vous déranger, à nouveau, s’excusa Thourn.
-Vous savez, nous avons peu l’habitude qu’un ami de notre fils vienne nous voir ici, annonça la mère avec tristesse. Surtout depuis que nous avons récupéré la maison, après son long voyage aux Etats-Unis. »
Serge ne fait pas un mouvement qui trahirait son émotion. Il avait toujours été doué pour cacher aux autres, surtout les victimes de ses interrogatoires, ce qu’il ressentait, ce qu’il pensait. C’était son boulot, après tout. Mais d’entendre par une tierce personne parler de ce voyage aux Etats-Unis le bouleversait plus qu’il ne l’aurait souhaité.
« Est-il de nouveau en voyage ?
-Oui, répondit-elle en s’asseyant. Il y a quelques mois, mais cette fois-ci il n’a pas précisé où, contrairement à la dernière fois. »
Il parcourt les royaumes des morts.
Le commissaire consulta succinctement le dossier que le père avait rapporté. Il leur avait réclamé des renseignements sur l’endroit où il pouvait se trouver, et le mari avait rapidement été rechercher ces documents. Il s’agissait de cartes et d’autres feuilles concernant son voyage an Amérique. Rien d’intéressant, en somme, pour Thourn.
« Vous pensez qu’il serait retourné là-bas ? demanda l’homme en réajustant ses lunettes.
-Je n’en ai pas la moindre idée, dit Serge avec franchise. Peut-être bien. Ou bien est-il partit en vacances prolongées ? » Il s’arrêta, semblant réfléchir, puis en vint à ce pourquoi il était venu vraiment : « Avait-il des amis, madame Petit ? »
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Message par Mr.Magnum Mer 20 Avr - 16:03

DragonNoir monta le volume de son portable afin de mieux entendre Draco. Ce dernier épiait la conversation de Thourn du haut de l’escalier, invisible à leurs yeux, et retransmettait le tout à DragonNoir en chuchotant.
« Essaye de parler, là ?
-Un deux un deux, murmura Draco. Alors ?
-Je t’entends fort mieux que tout à l’heure, l’informa DragonNoir.
-Le commissaire vient de leur demander s’il avait des amis. Tu crois qu’il pense à quelqu’un en particulier ?
-Si jamais il pense à nous tous, il va falloir se tenir sur nos gardes, dit DragonNoir. Cette opération de sauvetage est déjà suffisamment risquée sans qu’on y mêle la police ! Au fait, comment savais-tu qu’il était policier ? Commissaire ?
-Il l’a annoncé tout de go, en entrant, susurra Draco. Il s’est présenté en tant que commissaire Thourn, ami de longue date de François. Mais si je pense que la première partie est vrai, en revanche, la seconde me paraît assez peu plausible.
-À moi aussi.
-Mes parents viennent de répondre qu’il fréquentait encore ses amis du collège et du lycée. Il faudrait qu’ils ne parlent pas de Traumen.
-Croisons les doigts. » Il y eut un silence, puis la voix de Draco grésilla dans l’appareil :
« Oh non… »

« Ces derniers temps, il a beaucoup rencontrés des membres des forums auxquels il participe sur Internet, dit la mère.
-Il est allé sur Paris plusieurs fois, même, ajouta le père.
-Quels forums ? demanda Thourn, soudainement intéressé. Ou même, si vous les connaissez, les noms de ces personnes ? »
Les deux parents haussèrent les épaules en cœur. Serge, qui avait délaissé le dossier et avait sortit son crayon et un calepin, patienta quelques secondes avant de demandé s’il pouvait accéder à l’ordinateur de François.

En haut de l’escalier, Draco hoqueta.

« Et bien, c’est-à-dire que je ne pense pas qu’il apprécierait, voyez-vous. Il a une sainte horreur qu’on dérange ou qu’on touche à ses affaires en son absence. » La mère commençait à se méfier, et Thourn le remarqua avant même qu’elle poursuive : « De plus… Où avez-vous dit que vous avez rencontré mon fils ?
-Sur les forums, justement. » répondit Serge évasivement.

« On dirait bien que ma mère commence à suspecter quelque chose de louche…
-Tant mieux, soupira DragonNoir. Si elle peut mettre fin à ses investigations, et qu’il en reste là, alors nous lui devrons une fière chandelle. »

Ça commence à déraper, songea Serge Thourn en remuant nerveusement sur sa chaise. Le regard de la mère de François en disait long sur son incrédulité grandissante face à ses propos. Il ne faudrait plus beaucoup de temps avant qu’elle ne lui demande ce qu’il vient faire vraiment. Il lui fallait trouver un moyen de s’en sortir.
Et vite.
Ce fut le père qui sauva Serge Thourn de l’inquisition justifiée de la femme en face de lui, juste en prenant la parole :
« Et si vous demandiez à mon second fils ? Il s’y connaît autant que lui, et il pourra certainement vous aider. Il est à l’étage.
-Très bonne idée… » dit Serge en se levant, un sourire rassuré sur les lèvres.

*
* *

Hilde, Radamenthe, Le Ionisateur Fou et Gorgon_Roo fixaient la porte devant eux sans oser se retourner. De ce coté-ci, le bois semblait beaucoup plus vieux et… De ce coté-ci, la porte est en bois ! nota mentalement Hilde. De l’autre coté, du couloir, elle était en contreplaqué… Elle déplaça son regard sur les murs, après être passée par de grands gonds en fer rouillés, et elle s’aperçut que le placoplâtre des parois avaient laissé place à d’immenses pierres rectangulaires posées les unes sur les autres. Comme dans un…
« Château fort. » murmura-t-elle pour elle-même.
Gorgon_Roo s’autorisa un léger coup d’œil vers Hilde, qui avait toujours les yeux fixés sur le mur en face d’elle. Il déglutit péniblement, de peur de faire trop de bruit. La voix qui les avait surprit n’avait pas parlé à nouveau, et les Trauméniens tentaient de se convaincre que de rester immobile leur garantissaient un semblant de sécurité et d’invisibilité.
En vain.
« Que faites-vous là, les mômes ? » grommela la voix du même timbre. Elle semblait plus amusée cette fois-ci. Amusée de les voir trembler, très certainement. Mais Radamenthe y vit un bon présage et, sans se retourner, lui répondit :
« Je crois que nous nous sommes trompés de porte, monsieur. Mais ne vous en faite pas, nous allons repartir…
-Allons, approchez donc et mettez-vous dans la lumière, que je vous voie mieux. » dit la voix sans tenir compte de la réponse de Radamenthe. Puis, voyant qu’aucune réaction ne semblait découler de ses paroles, elle tonna : « MAINTENANT ! »
Les Trauméniens se retournèrent tous les quatre en même temps et découvrirent une pièce ronde dont les murs suintaient d’humidité et de lichen verdâtre. Le plancher constitué de lattes de bois vermoulues et qui grinçaient était couverts de runes cabalistiques et autres sigles sataniques, comme les remparts qui formaient la salle. Une salle de donjon.
Aucun mobilier, mis à part les innombrables bougies qui parsemaient le sol, placées selon un rite compliqué et parfaitement maîtrisé. Le cercle de pentagrammes au milieu n’augurait rien de bon. Manifestement, l’être qui leur avait parlé attendait un invité démoniaque, à moins que ce soir cet être qui soit l’invité.
Et eux, le repas.
Le propriétaire de la voix s’avança dans les ronds de lumières des flammes vacillantes des chandelles. Il était monstrueusement grand et vêtu d’une longue toge noire. Son regard allait de l’un à l’autre avec une expression affamée, tandis qu’il se frottait langoureusement une barbe aux reflets bleus.
Il sourit, exhibant des dents acérées.
« Bienvenu dans la reproduction de la tour de mon Château de Champtocé. »
Il exécuta une révérence qui le fit plonger en avant.
« Je suis Gilles de Rais. »
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Message par Mr.Magnum Dim 24 Avr - 12:03

NightBeast a écrit:(la suite demain, LOGIQUEMENT.)
J'y arriverai! J'y arriverai!!

9. Quatre moins une.
Draco ouvrit prudemment la porte lorsque le commissaire – il savait pertinemment que c’était lui – toqua par trois fois. Il avait raccroché seulement depuis quelques secondes, alors que DragonNoir parlait. De toute façon, avait songé Draco en appuyant sur le bouton pour couper la communication, DragonNoir parle tout le temps.
Il découvrit un vieil homme au faciès creusé par le temps et les multiples soucis engendrés par les enquêtes consécutives. Il estima son âge à cinquante ans. Et il était dans le vrai, à quelques années près. Plus jeune que mon père ? songea-t-il en détaillant le commissaire qui souriait devant lui.
Ses deux parents étaient en retrait et surveillaient la scène d’un air circonspect, vigilant même, en ce qui concernait la mère. Elle examinait tout ce qui se passait avec une attention prudente, suspicieuse quant aux réelles motivations de Serge Thourn. Elle aussi était dans le vrai, bien que le commissaire ne veuille aucun mal à Draco.
Seulement à son frère.
« Salut bonhomme… » dit-il en rentrant dans la chambre dont la couleur dominante était un bleu azuré de toute beauté. Il commit là sa première erreur : Tenter d’amadouer Draco par une sortie amicale. Draco le jaugea de toute sa condescendance habituelle, qu’il réservait à ceux qu’il méprisait cordialement, et le dévisagea sans sourciller.
« Vous êtes qui ? demanda-t-il sans amabilité.
-Je suis le commissaire Serge Thourn, et je voudrais avoir quelques renseignements sur ton frère, au cas où tu saches quelque chose. Peux-tu me dire où se trouve ton frère, en ce moment ?
-J’en sais rien. » La grossièreté de Draco faisait mouche, et Serge grinça des dents. Draco s’assit à son bureau et commença à taper sur son clavier. Le commissaire examina rapidement la pièce : Chambre classique d’un adolescent de dix-huit ans, avec quelques posters japonais, des armes en décorations – beaucoup d’armes blanches, constata-t-il – une chaîne Hi-fi, un ordinateur, quelques consoles et énormément de bordel.
« Tes parents m’ont dit que tu pouvais me renseigner sur les forums dont ton frère faisait partie. Tu y postes, toi aussi ?
-Non, répondit sèchement Draco sans même cesser de naviguer sur Internet.
-Pourquoi ?
-J’ai plus le temps. C’est l’année du bac, il faut que je travaille. »
Serge songea intérieurement que ce gosse allait être plus difficile à manipuler que ses deux parents réunis. Il retrouva vaguement une ressemblance avec ce qu’il avait pu entrapercevoir de François.
« Bien entendu, approuva Thourn en s’asseyant sur le lit, près du bureau où trônait l’ordinateur. Tu peux tout de même m’accorder cinq minutes de ton précieux temps pour me parler de ces forums, rapidement ? »
Draco, les yeux fixés sur son moniteur, ne répondit pas. Ses deux parents se regardèrent, sur le pas de la porte, et haussèrent les épaules. Serge attendit, patiemment, jouant parfaitement son rôle de gentil policier, alors qu’intérieurement il bouillait d’envie de plaquer Draco sur son clavier pour lui enfoncer les touches dans la joue.
« Alors juste deux minutes ? »
Sourire appuyé. Draco céda et se tourna vers lui, faisant reculer Serge. Un instant, juste un, il avait cru voir le démon d’Autrefois.
« Vous voulez savoir quoi exactement ? demanda Draco, tout en connaissant exactement la réponse. Oui, lui et moi sommes sur des forums. Oui, nous y avons rencontrés du monde, mais nous ne savons ni qui ils sont réellement, ni où ils habitent exactement. Nous ne connaissons que leurs pseudos, leurs noms fictifs, et nous ne savons que ce qu’ils veulent bien nous dévoiler, en considérant le fait qu’ils peuvent nous mentir. Nous avons fait plusieurs rencontres en vrai, mais je serais bien incapable de vous citer un prénom. D’autres détails ? »
Serge Thourn fixa Draco, et Draco soutint son regard. Le commissaire sortit son calepin et demanda à Draco les différentes adresses des forums pour qu’il aille y faire un tour histoire de voir l’ambiance qui s’en dégage. Draco réfléchit à toute vitesse, puis donna des adresses de vieux forums morts et d’autres où François ne postait plus.
« Mais il se peut que certains aient été fermés, depuis, l’informa Draco.
-Je verrais bien, remercia Thourn. Tu es sûr que tu ne peux pas me dire s’il y a eu une réunion spéciale dernièrement ? Quelque chose qui aurait motivé ton frère à partir ?
-Je peux vous poser une question en retour ? répondit Draco en se relevant. Pourquoi êtes-vous tant intéressé par mon frère ? » Serge ne moufta pas.
« Au revoir, commissaire. Pas la peine de vous raccompagner à la porte, vous la voyez d’ici, non ? » Draco, sans attendre, retourna à son clavier et à sa souris. Les cliquetis reprirent de plus belle. Thourn regarda la jeune homme assit devant lui, une furieuse envie de serrer son petit cou d’arrogant, puis sortit de la chambre. La mère de Draco laissa son mari le reconduire, préférant rester avec son deuxième fils.
« Je vous remercie, dit Thourn, maussade. Vous n’hésiterez pas à m’appeler, n’est-ce pas, si jamais il rentrait ici ? » Serge savait parfaitement que ni le père, ni la mère ni même le frère ne lui passerai de coup de téléphone, mais quitte à jouer le rôle de l’ami qui en recherche un autre, autant le jouer jusqu’au bout.
« Aucun problème, répondit le père en réajustant ses lunettes de vue. Au fait, vous avez parlé tout à l’heure de réunion spéciale, n’est-ce pas ? »
Le commissaire s’arrêta et se retourna.
« Oui ? Vous avez un renseignement qui vous est revenu en mémoire ?
-Et bien, je ne suis pas sûr, mais… » Il hésita. « Il me semble qu’il sont partit, il y a quelques mois de ça, à un enterrement. Et je crois que c’était quelqu’un qui était dans ces forums, comme eux. Mais je ne sais rien de plus, je n’ai entendu que vaguement leurs conversations.
-Quand ? Où ? dit Serge, soudainement excité.
-Il me semble que c’était en octobre dernier. Ou en novembre, plutôt. Oui, mi-novembre, il me semble. À Nantes. Il s’agissait d’une jeune fille, à ce dont je me souviens, mais je n’en sais pas plus. »
Thourn nota fébrilement toutes ces informations, puis remercia chaudement le père. Par deux fois, il l’avait aidé, inconsciemment. Maintenant, il avait un endroit où aller :
Nantes.
Une fois sur place, il aviserait.

*
* *

De l’étage, la tête prudemment penchée par la fenêtre, Draco regarda Serge partir. Puis il retourna à son bureau, et alluma ses enceintes. Il régla le volume d’une main, tandis que l’autre naviguait de fenêtre en fenêtre pour terminer sur une conversation Msn.
« Tu as tout entendu ? » demanda Draco à voix haute.
Aucun problème, écrivit DragonNoir de son ordinateur personnel, chez lui. Tu t’es magnifiquement débrouillé, grâce te soit rendue.
« Je pense qu’il va farfouiller un peu du coté des adresses bidons que je lui ai filé, puis il ira voir ailleurs. En tout cas, peu de chance pour qu’il nous retombe sur le dos. »
Espérons, espérons.
À vrai dire, il serait malvenu qu’il se mette à contrecarrer nos plans, surtout que nous n’avons toujours pas de nouvelles de l’équipe envoyée chez les tueurs en série.
J’espère que les systèmes de morts instantanées font fonctionner.
vont*

« Je l’espère aussi. Je vais aller voir mon père. Il a parlé avec lui avant de le congédier, et j’espère qu’il n’a pas encore fait une bourde comme tout à l’heure ! »
XD
Je te laisse aussi, je dois préparer le prochain voyage.

« Qui va partir, et où ? »
Surprise, surprise… Wink
« Bon, je coupe. Tchao. »
À la prochaine.
Draco coupa la conversation et plongea un instant dans ses pensées. Il avait une envie folle de fouiller les affaires de son frère à la recherche de renseignements sur ce Thourn, mais sa morale lui interdisait.
Il était sûr d’avoir déjà entendu Mr.Magnum parler de lui.

*
* *

« Ah, que voilà de charmantes apparitions… Et exactement au moment où j’avais besoin d’elles. Vous arrivez à point nommé. »
Hilde se rappelait les légendes qui couraient sur ce tueur d’enfants et aux cultes qu’il vouait à Satan et autres démons. De nombreux faits avaient certainement été inventés pour donner une image encore pire de ce meurtrier. Elle se souvenait en avoir longuement discuté avec Squall dans la réalité, ce qui lui semblait des années auparavant.
« Avant ma mort, j’ai de nombreuses fois tenté de rentrer en contact avec des entités démoniaques, mais sans succès. Mais au moment de mon décès, donnée par un peuple que je chérissais de tout mon possible, mon vœu s’est enfin réalisé. En guise de châtiment, ils m’ont en réalité récompensé. Paix à leurs âmes torturées.
-Pourquoi faut-il toujours que les méchants retracent leur vie avant de tuer les gentils ? » grommela Radamenthe suffisamment bas pour que Gilles de Rais ne l’entende pas.
Ce dernier déambulait de cierge en cierge, allumant consciencieusement ceux dont la flamme avait été soufflée par l’arrivée impromptue des quatre Trauméniens. Soudainement, il parut réfléchir à la situation, et se redressa vers eux en arborant un rictus effrayant de malveillance et de cupidité.
« Maintenant que je suis mort, je peux enfin accomplir ma destinée. »
Il écarta les bras et tous les cierges s’allumèrent en même temps. Les flammes montèrent si loin qu’elles léchèrent les nombreuses poutres qui traversaient le donjon en hauteur. Le Ionisateur Fou s’accrocha à Gorgon_Roo, mettant sa précieuse calculette à l’abri des flammes, lorsqu’une bougie plus proche de lui que les autres s'embrasa complètement, ne laissant qu’une flaque de cire fondue quelques secondes après.
« Et grâce à vous quatre, je vais enfin pouvoir entrer en relation avec ces divinités ténébreuses. Il est tellement rare que ces mécréants, ces tueurs de bas étages, laissent passer des enfants jusqu’à moi, mais on dirait bien que vous avez été plus fort qu’eux, cette fois-ci.
-Nous ne sommes plus des enfants, s’emporta Gorgon_Roo en s’avançant.
-Vous êtes pourtant assez jeunes pour me servir d’appâts, croyez moi. »
Gorgon_Roo pesta, puis se mit en garde, bien décidé à se battre jusqu'au bout. La porte derrière eux s’ouvrit soudainement, et le Ionisateur Fou poussa un léger piaillement strident avant de s’accrocher à Hilde. Albert Fish passa la tête dans l’entrebâillement de la porte.
« Gilles, il faut que tu nous files un coup de main : Nous avons quatre fugitifs qui… qui… » Il s’interrompit, fixant tour à tour ses proies tant recherchées, puis compléta : « …qui se trouvent juste devant moi.
-N’est-ce pas merveilleux ? s’extasia Gilles de Rais, tout sourire. Je vais enfin pouvoir réaliser mon offrande aux démons… Depuis le temps que j’attendais ce moment ! »
Albert évalua rapidement la situation. C’était risqué : Gilles de Rais savait ce que les quatre fuyards cherchaient, et s’il leur donnait les renseignements qu’ils désiraient, ils se pourrait que le propriétaire de la Voix qui lui avait parlé durant les nuits dernières ne soit pas particulièrement ravi de ce fait.
Et Albert Fish n’avait aucune envie de décevoir cette Voix, qui qu’Elle soit.
« Ce n’est pas vraiment le bon moment pour ça, Gilles, et nous avons d’autres projets concernant ces…
-Hors de question, Fish !! hurla Gilles de Rais en tourbillonnant vers lui, envoyant valser ses victimes ça et là, sonnées. Il se rua sur la porte et la referma sur le visage parcheminé de Fish, qui poussa un cri de douleur et retira sa tête. Gilles de Rais claqua le grand panneau de bois et ferma la serrure de fer avec une des clefs qui pendaient à sa ceinture.
On entendait faiblement le martèlement des coups de poings de Fish de l’autre coté.
« Maintenant, nous sommes tranquilles. »
Il délaissa la porte et s’en retourna à son autel noir de l’autre coté de la pièce, afin d’y rassembler les derniers éléments du culte auquel il se préparait. Il fouillait de ci de là, sifflotant gaiement les mains plongées dans les statuettes païennes et autres objets ésotériques malsains. Il semblait presque innocent.
« Gilles ! grogna Fish de l’autre coté de la porte, sa voix étouffée par l’épaisseur du bois. Laisse-les sortir d’ici et nous t’en trouverons d’autres, je te le promets ! »
Gilles de Rais, ignorant superbement les protestations de Fish ou bien ne les entendant tout simplement pas, sortit une dague richement décorée de symboles occultes et la posa sur l’autel, près d’une fiole au liquide indistinct. Gorgon_Roo sortit sa lance et la fit virevolter vaillamment entre ses doigts agiles.
« Vous ne nous dompterez pas si facilement, qui que vous soyez, annonça-t-il.
-Il a raison ! Nous nous battrons pour rester en vie ! » Radamenthe hésita, puis se reprit : « Ou pour rester en mort !
-Faites attention ! J’ai une calculette et elle est armée ! » menaça le Ionisateur Fou en brandissant sa TI-89. Personne ne se moqua : Elle n’était peut-être pas armée, mais dangereuse, ça elle l’était.
« Ah, soupira Gilles de Rais en se relevant. Si seulement Erzébeth était là, avec moi, en ce moment exquis. » Il lissa sa longue toge noire comme le jais et examina les différents objets qu’il venait de disposer sur le piédestal.
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Message par Mr.Magnum Dim 24 Avr - 12:04

Seule Hilde réagit à cette sortie, voulant gagner un maximum de temps.
« Pourquoi Erzébeth Bathory n’est-elle pas là ? »
Erzébeth Bathory était une femme complètement obsédée par la jeunesse éternelle, et elle prenait un plaisir sadique à torturer ses servantes, les femmes de son peuple et tout ceux qui se trouvait sur son chemin dans le seul but de se satisfaire. Elle fut l’instigatrice de nombreuses formes de tortures, dont la dame de fer et autres mutilations diverses, qui lui donnaient des hectolitres de sang chaud dans lesquels elle se baignait des heures durant, nue, afin de retarder son vieillissement. Elle fut finalement arrêtée et condamnée lorsqu’elle s’attaqua à des femmes de sang nobles, selon elle plus aptes à la garder jeune.
Les coups de poings s’accentuaient sur la porte, au fur et à mesure où les autres tueurs en série arrivaient. Bientôt, ils allaient l’enfoncer.
« Hmmm ? s’étonna Gilles de Rais en reconsidérant la jeune fille. Vous connaissez donc la réputation de la Dame Bathory ? Impressionnant. » Il porta une main tatouée de sigles cabalistiques à son menton qu’il massa en levant les yeux au ciel.
« C’est à cause de cette jeune fille qui est apparu il y a peu de temps. Erzébeth a voulu la suivre, c’est pourquoi elle…
-Tais-toi !! hurla Fish de dehors, collé à la porte. Ne leur dis pas !
-…nous a momentanément abandonné et elle a disparue en compagnie de la jeune humaine. Sans plus réfléchir. Quel bel exemple de liberté. »
Les quatre Trauméniens se regardèrent. Sans le vouloir, ils avaient enfin eu une information relativement importante. Séphy-Roshou était donc bien passée ici, et en plus elle avait emmenée quelqu’un avec elle. Mais d’autres questions s’ouvraient maintenant à eux : Que faisait-elle ici ? Où est-elle partie ? Et comment est-elle partie ? Et également pourquoi Fish ne voulait-il pas que cette information leur parvienne ?
De l’extérieur, des hurlements communs rugissaient avant chaque tentative d’enfoncement de la porte. Mais cette dernière, toute veille et toute usée qu’elle soit, était robuste et tenait le coup.
« Maintenant, il est temps de rentrer, ordonna Gorgon_Roo en portant une petite pilule rouge à sa bouche. On en sait suffisamment, inutile de rester plus longtemps. »
Trop heureux, Radamenthe croqua à son tour la pilule, imité de près par le Ionisateur Fou. Gilles de Rais s’avança et leva les mains : Des tatouages couvraient ses avant-bras et semblaient courir sur sa peau, comme s’ils étaient vivants.
« Qui vous a dit que vous aviez le choix de partir ? » tonna-t-il d’une voix forte qui ébranla même les murs. Hilde sortit à son tour la pilule et la porta à ses lèvres. Gilles de Rais cria en lançant son bras en avant et Hilde fut projetée au centre d’un pentagramme tracé sur le sol. Elle roula sur elle-même et se releva, visiblement mécontente.
Elle souriait du numéro quarante-sept : ‘Fallait-pas-me-toucher’. Elle déploya ses deux ailes membraneuses et les étira brusquement, pour impressionner Gilles de Rais. Et cela marcha au-delà de ses espérances : Il se jeta à ses pieds, éperdu d’admiration.
« J’ai réussis ! J’ai invoqué un démon ! Après tant d’années passées à étudier, j’y suis enfin parvenu !
-Hilde ! hurla Gorgon_Roo qui sentait son corps s’évanouir. Dépêche-toi d’avaler ta pilule ! Nous allons partir d’ici peu, nous ! »
Les flammes des cierges ondulaient sous les battements d’ailes de la demie-mazoku, qui jubilait. Malheureusement, elle venait de se rendre compte qu’elle avait perdue la pilule qui lui permettait de rentrer sur Terre. Elle la cherchait des yeux, tout en maintenant sous son joug le puissant Gilles de Rais qui rampait face à elle.
« Hilde !
-J’arrive, j’arrive ! » s’impatienta-t-elle.
Les coups redoublaient à la porte, et cette dernière commençait à bouger.
Gilles de Rais tenait un objet dans sa main.
« Vous êtes là pour moi, répétait-il. Pour moi ! »
Hilde sentait la pression monter.
Elle ne trouvait pas cette satanée pilule sur le sol.
Gorgon_Roo ressentit quelques picotements à la base de la nuque. Le voyage allait commencer, songea-t-il tandis que sa vision se troublait. Il regarda vers Radamenthe, qui lui aussi s’affaissait lentement.
« Hilde ! essaya-t-il de crier. Hilde, ça commence !
-Vous êtes là pour m’obéir maintenant… »
Hilde baissa les yeux sur Gilles de Rais. Il avait levé une croix abondamment ornée de runes antiques et puissantes qui luisaient étrangement dans la sombre pièce. Les bougies s’étaient toutes éteintes, ou presque, et seul une lumière diffuse éclairait le donjon. Cette lumière provenait du…
« …du pentagramme ! s’étonna Hilde. Merde ! »
La porte craqua une nouvelle fois, sans céder.
Fish cria de rage.
Hilde cria de douleur. Ses jambes.
Gilles de Rais marmonnait des incantations tout en rapprochant la croix d’elle. Hilde, immobilisée, ne pouvait pas détacher ses yeux de l’objet qui avançait vers elle telle une mort implacable. Elle hurla encore. Il lui semblait que des griffes lui lacéraient les mollets. Elle tenta de bouger, mais en vain.
La croix s’approcha encore.
« Hilde ! Qu’est-ce qu’il se passe ! »
Mais Gorgon_Roo ne pouvait plus rien faire. Tout s’embrouillait. Il tentait de faire e point sur Hilde, mais il commençait à avoir des hallucinations : il voyait des bras écailleux sortir du sol et maintenir Hilde par les chevilles.
« Laissez sortir ces gamins, Gilles ! brailla Albert Fish. Ou nous enfonçons la porte ! »
Gilles termina son incantation et apposa la croix sur le front de Hilde, dont le hurlement de douleur et de colère monta dans les aiguës les plus intolérables. Elle réussit tant bien que mal à baisser la tête.
La porte céda enfin.
Gorgon_Roo, Radamenthe et le Ionisateur Fou s’évanouirent sans un bruit, et dans l’indifférence générale.
Gilles de Rais éructa de bonheur.
Albert Fish se stoppa net en assistant, impuissant, à la scène.

Et Hilde pénétra dans un pan de l’enfer en traversant le pentagramme, tiré par des démons assoiffés de chair fraîche.
Ses derniers mots furent peu glorieux :
« Et merde ! »

*
* *

Lord FireFly s’assit au coin du feu. Un animal méconnaissable grillait sur une immense broche, activée par deux hommes en haillons. Ils peinaient manifestement, mais c’était le sort réservé à ceux qui ne voulaient pas chasser. Lord FireFly comprenait parfaitement cette méthode : Chacun son rôle. Les chasseurs se sont sacrifiés et ont pris des risques afin de dénicher et abattre cette bête, et il faudrait que ceux qui sont resté tranquillement ici prennent part au dîner ? Hors de question.
C’était à eux de trimer, maintenant. Les chasseurs se reposaient dans les huttes toutes proches, et dans certaines on pouvait percevoir quelques gémissements équivoques. Les rares femmes qui avaient pu être sauvées des griffes acérées des folles de là-bas faisaient office d’esclaves, et c’était là aussi une situation appréciée par Lord FireFly.
Le vieux qui l’avait reçu lui avait donné le gîte et le couvert, pour lui et son invitée. Un cabanon l’attendait non loin d’ici, bien qu’il n’ait pas le temps de trop s’attarder. Il regrettait de ne pas pouvoir jouir un peu plus de ces moments de détentes dans les Territoires Extérieurs. Après tout, si on tenait ces monstruosités à l’écart, le coin était fort agréable, surtout lorsqu’on était considéré comme un hôte de luxe.
Le vieil homme avait été conciliant. Il n’avait pas posé trop de problème, comme Il l’avait prédit. De toute façon, Il avait toujours raison, alors pourquoi FireFly aurait été en douter ? De plus, s’allier avec le meurtrier de la femme la plus puissante de ce monde était un atout non négligeable. S’il avait pu diriger ce village de survivant du fond d’une geôle, alors il était forcément un allié de choix pour Lui et Ses projets.
Lord FireFly leva les yeux vers l’entremêlement de lianes, de branches et autres végétaux abondant qui formaient presque un plafond à leur village. Néanmoins, il réussit à percevoir un morceau de lune entre deux immenses feuilles. Il la fixa intensément, tant et si bien qu’il n’entendit l’homme qui approchait derrière lui qu’au dernier moment.
Il se retourna dans un bond et agrippa son ennemi par les frusques qui lui servaient de vêtements. D’un geste souple, il prit appui sur sa jambe et bascula l’homme sur le dos, le plaquant au sol. Il avait déjà eu le temps de dégainer une dague empoisonnée et de la lui mettre sur le cou avant que celui-ci ne puisse articuler quoi que ce soit.
« Je… me… Monsieur FireFly…
-C’est Lord FireFly, crétin. » Il se relâcha un peu, mais le maintint à terre d’une main ferme. « Qu’est-ce que tu veux ?
-Juste vous dire que votre protégée est dans votre hutte, comme convenue.
-Ligotée ?
-Comme vous nous l’aviez demandé, monsi… Lord FireFly.
-Parfait. Et à l’avenir, évite de venir sans t’annoncer, dans mon dos. Je ne supporte pas ça, pigé ? »
Il rangea son arme et se leva. L’homme resta un instant immobile, puis détala rapidement. Lord FireFly lui lança un regard mi-amusé, mi-navré, puis se dirigea vers sa hutte. Des gémissements montèrent brusquement d’une hutte voisine pour se terminer dans une orgie de râles et de soupirs communs.
Lord FireFly sourit.
Youfie…


FIN DE L’ÉPISODE TROIS : SERIAL KILLER.
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Message par Mr.Magnum Mar 3 Mai - 11:36

ÉPISODE 4 : THOURN

1. Réminiscences.
Serge Thourn arriva sur la nationale 104 en accélérant comme un dératé. Il avait rapidement reprit l’habitude de conduire en région parisienne, après ces derniers temps passés à la campagne, comme il le disait. Il pénétra donc sur cette voie rapide en passant devant un poids lourd qui klaxonna trois fois, mécontent. Le chauffeur pesta contre les forces de l’ordre qui n’étaient jamais là quand il le fallait.
S’il avait su que les forces de l’ordre les plus proches venaient de lui faire une queue de poisson, il ne l’aurait pas cru.
Il déboîta sans prévenir sur la gauche et appuya encore sur la pédale. Le compteur dépassa la vitesse autorisée, mais Serge savait que son badge lui servirait de laisser passer, au cas où un radar mobile ou fixe le signale. Les bons cotés d’être commissaire.
Mais il y a tellement de mauvais cotés, songea-t-il en collant au train d’une Golf noire ornée d’un superbe motif tribal. Il nota mentalement toute les infractions de ce jeune conducteur – un magnifique ‘A’ de débutant décorait la plage arrière – et réfléchit même un moment à l’arrêter. Il dépassait de plus de cinquante kilomètres heures la vitesse maximale.
« Toi aussi, Serge, toi aussi… »
Justin !
Serge fait une embardée et passe très près de la rambarde de sécurité qui défile à sa gauche. Il rectifie difficilement son trajet, manque de peu la collision avec la Golf qui a ralenti en voyant la voiture derrière lui balayer la route, puis Thourn lève le pied. Il a le souffle court et ses yeux sont embués de larmes. Il passe sa main sur son visage et l’essuie sur son jean.
C’était la voix de Justin que je viens d’entendre, j’en suis sûr…
Justin Derouc avait été son équipier lors de nombreuses affaires difficiles, lorsqu’il était commissaire en banlieue. Il n’avait qu’une vingtaine d’année lorsqu’il avait débuté sous ses ordres, en tant que simple agent de police de base. Puis il avait su faire preuve de talent, de dévotion à l’égard de ses dossiers, et il était monté en grade rapidement. Il avait été son adjoint, son équipier, pendant des années, mais sa carrière avait été fauchée…
« Pourquoi faut-il que tu reviennes maintenant, Justin ? dit Thourn à voix haute. C’est à cause de lui ? À cause de ce type que j’ai cherché et poursuivit ? Tu sais que je suis de nouveau sur sa piste, alors tu reviens ? »
Serge Thourn bifurqua sur l’Autoroute A10 en direction de Nantes. Il lui fallait plus de trois heures pour y arriver, s’il respectait les limites de vitesse. Il y serait dans deux heures, deux heures et demie, tout au plus. Il regarda sa montre et jura à voix haute. Son questionnaire avec les parents de François avait duré plus de temps que prévu, et cinq heures de l’après-midi étaient déjà entamés.
La troisième voie de gauche lui permit d’accélérer plus encore, doublant la Golf modifiée dans un vrombissement de moteur. Non, il n’allait pas l’arrêter. Il n’avait pas de temps à perdre pour ça, pour eux. Le père de sa proie avait indiqué qu’une réunion importante s’était déroulée quelques mois auparavant à Nantes, et il allait savoir de quoi il avait été question. Coûte que coûte.
Il ne se souvenait plus exactement quand cette chasse avait commencé, et de nombreux éléments restaient flous dans son esprit, comme si son cerveau avait voulu tronquer la vérité pour l’aider à l’accepter. Cette vérité était-elle si horrible, si terrible pour qu’elle ait été, consciemment ou non, occultée pour préserver sa raison intacte ?
Mais s’il ignorait la date exacte du départ de cette folle course poursuite qui l’emmena dans un autre continent, il savait comment elle avait débuté.
La boîte de nuit.

Il avait été informé par l’effervescence de son commissariat, avant même que son supérieur hiérarchique ne l’appelle : Les coups de fils affluaient, ses gars couraient en tout sens, affolés, des gens entraient dans le commissariat alors que l’aube n’était pas encore levé. Tout ce brouhaha avait tiré Serge de son bureau où il étudiait des empreintes relativement similaires sur une autre affaire. Je crois que c’était un truc de drogués, se dit-il. Aucune importance.
Il était alors sortit de son antre et avait alpagué un de ses hommes, qui lui avait expliqué que l’Acropole, une boîte de nuit non loin du commissariat, donc sous sa juridiction, avait littéralement explosé sans qu’on en sache les raisons. On y comptait plus de deux cents morts. Ou bien était-ce trois cents. Mais l’important tenait surtout dans cette information :
Trois survivants avaient été retrouvés sur les lieux, indemnes.
Deux hommes et une femme.
L’un des trois était…
...François.

Serge Thourn bifurqua sur une autre Autoroute, l’A11, suivant la direction de Nantes selon les panneaux indicateurs. Une barrière de péage se dressa devant lui, et il prit son ticket comme les autres. Une seconde, il avait prévu de prendre la tangente et d’aller voir ses collègues pour passer gratuitement, mais il n’aurait fait que perdre du temps en explications, en bavardages inutiles et en échanges de souvenirs avec une vieille connaissance.
Il n’était pas sûr de connaître qui que ce soit dans ce relais de police, mais les mutations étant tellement nombreuses, il ne pouvait pas prendre le risque. De plus, en y réfléchissant, il n’avait pas d’explication plausibles à leur fournir quant au fait de rallier Paris à Nantes gratuitement, tout en comptant qu’il venait ni de la capitale, ni de Nantes.
Il rangea le ticket de péage dans son portefeuille qu’il jeta distraitement sur le siège passager. Puis il se remit à penser.

La première impression qu’il avait eu en voyant ces trois jeunes adultes dans la cellule de garde à vue avait été l’amusement. Il les soupçonnait, bien entendu, mais de les voir si bien habillés, si intactes, si vivants après une explosion aussi gigantesque, tout ceci l’avait amusé au plus haut point. Il était donc arrivé souriant devant eux, et il avait joué son rôle de ‘gentil’ pendant un petit quart d’heure, après quoi il les avait relâché.
À l’époque, je le tenais. J’aurais du suivre ma première opinion et le garder sous les verrous le temps d’élucider cette affaire. Mais j’ai voulu jouer au plus malin, et je les ai remis en liberté tous les trois. Je pensais les piéger, les biaiser. Je me suis fait avoir. Si j’avais écouté ce témoin qui délirait sur des Anges, des Démons qui se battaient…
Il avait entreprit de faire des recherches sur ses trois là, leurs antécédents, leurs délits. Mais aucun d’eux n’avaient de casier réellement significatif. La femme n’en avait même pas, elle. Les trois avaient racontés êtres des amis de longue date, et qu’ils avaient miraculeusement échappés à la mort. Mais Serge pensaient qu’il étaient les auteurs, ou au moins les complices de ceux qui avaient posé la bombe dans cette discothèque.
Il s’avérera par la suite qu’aucune trace d’explosif n’avait été retrouvée sur les lieux dévastés de l’Acropole, selon les scientifiques. Mais Serge persista sur son point de vue, entraînant Justin Derouc, son coéquipier, en filature pour les pister presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
J’avais suspecté François dès le départ. Je n’aimais pas du tout son regard lorsqu’il était dans la cellule et qu’il me faisait face. Je n’arrivais pas à le cerner, et ça m’énervait. Je savais qu’il n’était pas net. C’est lorsqu’il a complètement disparu de la circulation que j’aurais vraiment du me consacrer à lui, et non aux deux autres. Déjà à l’époque, il devait être barré en Amérique. Combien d’erreur j’ai pu commettre…
Ils avaient continués à suivre les deux autres, mais ceux-ci s’étaient doutés de quelque chose, à force. Ils n’étaient pas bêtes, et nous trop. L’homme et la femme, habitant un appartement dans le Val de Fontenay, près de Paris, ne bougeaient plus et ne sortaient que peu. La jeune femme semblait même mal en point. Un avis de recherche international avait été lancé par Derouc sur François Petit, afin de le localiser.
En vain, ils n’avaient jamais réussis à mettre la main dessus, de cette façon.
C’est là que… Que Justin est…
Un soir, alors que la surveillance du couple s’éternisait, il avait proposé à Justin d’aller faire un tour chez lui, à Montreuil, dans sa maison pour souffler quelques minutes, ou une heure. Cette veille incessante ne servait à rien. Ils s’étaient donc retrouvés tous les deux chez Serge, où ils avaient bu un café et discuté de cette affaire.
Justin les croyait innocents, je m’en rappelle. De toute façon, ce petit crétin pensait que tout le monde était innocent. Même les pires crapules qu’on interpellait, il leur laissait longuement s’expliquer…

…merde, il me manque.

Au bout de quelques minutes, Justin s’était assoupi sur le canapé du salon. Thourn était partit dans la cuisine pour laver le peu de vaisselle qui traînait sur l’évier. C’est en revenant dans le salon que tout avait basculé. Définitivement. L’arrivée impromptue de François dans sa vie avait amorcé le changement, mais l’assassinat de Justin à quelques mètres de lui l’avait achevé.
Il ne s’en était jamais remis.
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Message par Mr.Magnum Mar 3 Mai - 11:38

Le trafic était presque nul sur l’Autoroute A11. Serge regarda rapidement sa montre qui indiquait six heures et trois minutes. Il fit craquer son dos, tendant la ceinture de sécurité. La route passait sans cesse sous lui, sa voiture dévorant les kilomètres entre lui et une partie de la vérité qu’il recherchait.
« Peut-être même est-il encore là-bas ? » se demanda-t-il. Il l’espérait, même. Après tout ce temps passé à sa recherche, sans autre résultat que deux entrevues aussi courtes qu’étranges, il voulait le rencontrer. Rencontrer François. Rencontrer Mr.Magnum. Rencontrer l’agent Hadès. Tant de nom pour une seule personne.
Mais plus que tout, il voulait avoir une explication pour Justin.
Une larme roula sur sa joue sans même qu’il s’en rende compte, et elle sécha pendant de longues minutes, sans laisser d’autres traces que la sensation d’un baiser.

La mort de Justin Derouc, elle, avait laissé de nombreuses traces dans le cœur de cet homme aux abords bourrus. Il l’avait considéré comme son fils, et il l’avait énormément estimé, même s’il ne l’avait jamais laissé paraître. Durant l’enterrement, il avait regretté de ne pas l’avoir plus souvent complimenté pour son travail, de ne pas l’avoir plus souvent dit combien il était fier d’avoir un collègue comme lui.
L’enterrement de Justin avait été l’occasion pour lui de s’en rendre compte. De se rendre compte à quel point il tenait à lui. Il avait pleuré, chez lui, lorsqu’il avait tâté le pouls de son équipier, de son ami, de son fils spirituel. Il avait versé plus de larmes en cet instant que pour la mort de son père, des années plus tôt.
Il s’était lancé dans des recherches sur son tueur, en partant de ce qu’il savait : C'est-à-dire presque rien : Son uniforme, le juron en italien, et le poison qu’il s’était administré lui-même, préférant le suicide à l’aveu de renseignements. Il avait rencontré une avocate qui avait défendu ce tueur des années auparavant.
Elle s’appelait Caroline, Caroline Deska, si je me souviens bien. Et elle m’avait fait du rentre dedans, même. Enfin, tout ça pour essayer de m’avoir, elle aussi. Si je devais compter toutes les conneries que j’ai fait depuis que j’ai commencé à chasser ce mec, je n’aurais pas assez de mes doigts. Quelle garce…
L’avocate avait tenté de le tuer, visiblement de mèche avec l’assassin de Justin Derouc. Il avait continué ses recherches, mais il se butait sur des voies sans issues. Tout convergeait vers le Vatican, mais sans aucun moyen d’aller plus loin que l’enceinte de la place Saint Pierre. Il pataugeait.
De part le monde, il avait alors remarqué que des meurtres étranges, ainsi que des disparitions, se succédaient. Les points communs étaient plus qu’évidents pour lui : Les Nicolas et les Sandrine périssaient les uns derrières les autres. Et, curieusement, les deux amis de François portaient ces prénoms là.
C’est alors qu’il avait décidé de jouer le tout pour le tout.
Est-ce là que j’ai été voir le couple qu’on n’avait pas arrêté de surveiller ? Ou bien est-ce à partir de là que je suis partit aux Etats-Unis pour le retrouver, lui ? Merde, je ne m’en souviens plus exactement... À partir de là, tout commence à se brouiller. Non, c’est après que cette petite salope ait essayée de me buter que je suis allé les voir, eux deux.
Ce fut ma dernière erreur sur cette affaire…

Il s’était arrangé pour que l’intégralité des équipes de surveillance qui maintenaient une vigilance sans arrêt sur le couple des amis de François soient tous en même temps de repos, pour pouvoir ainsi aller les voir officieusement sans prendre le risque de se faire repérer par ses propres hommes.
Il avait alors prit le bus pour aller les voir. Il voulait au moins essayer de leur parler, pour savoir ce qu’il s’était passé. Pourquoi l’explosion de la boîte de nuit ? Pourquoi l’assassinat de Justin ? Pourquoi les tentatives de meurtres sur lui ? Pourquoi ces centaines de Sandrine et de Nicolas décédés ? Et surtout pourquoi tant de mystères et de silences ?
C’est alors que j’ai frappé à la porte.
Il n’avait d’abord rien entendu. Puis des bruits de lutte, de vitres cassés, de meubles brisés. Il avait alors enfoncé la porte, juste à temps pour voir un homme se matérialiser devant lui. Cet homme avait l’apparence d’une bête, cornue et griffue, auréolée d’une lueur verdâtre nauséeuse. Il empestait la mort.
Malgré tout ceci, il l’avait reconnu.
C’était lui.
C’était François.


Serge Thourn étouffa un bâillement. Les kilomètres se succédaient à une vitesse surprenante. Il avait parcouru presque les deux tiers du voyage, et il commençait à sentir la fatigue peser sur ses épaules. Ses doigts étaient ankylosés à force de serrer le volant. Se souvenir l’épuisait autant que de vivre une nouvelle fois ces moments difficiles.
Il soupira longuement, se frotta rapidement les yeux et regarda un panneau de signalisation qui se profilait au loin. Il était sur le bon chemin. Encore un peu plus de cent vingt kilomètres à parcourir. Il avait passé Le Mans sans même s’en rendre compte, et se dirigeait à tout allure vers Nantes.
Depuis tout ce temps passé à traquer François, il n’avait pas eu de réponses pour toutes les questions qu’il s’était posé à l’époque. Il ne savait toujours pas ce que venais faire le Vatican dans cette histoire, mis à part cette vague sensation d’y avoir séjourné.
Mais quand ?
Après l’apparition de François, ou de la chose qui lui ressemblait, dans cet appartement du Val de Fontenay, plus rien ne semblait cohérent. Il y avait eu du bruit. Il y avait eu des morts. Il y avait eu des explosions, des gravas, puis du noir. C’est bien tout ce dont je me rappelle. Mais eux, eux trois, étaient là.
Et lui aussi. C’est lui qui a tout déclenché.
J’en suis persuadé.


Il n’y avait ensuite qu’un grand rien, un grand vide. Un néant. Parfois, il lui semblait se souvenir de prêtres qui le soignaient, parfois il voyait des hommes armés passer près de lui sans même le remarquer, parfois il voyait un démon et un Ange qui étaient sur le point de se battre. Mais le plus souvent, ses souvenirs se mêlaient et étaient tellement confus qu’ils en devenaient incompréhensibles.
Ensuite, je me suis réveillé à nouveau dans cet appartement du Val de Fontenay. Où tout semblait brûlé et détruit, mais moi j’étais vivant, au milieu des ruines. Comment avais atterri là ? Je ne sais pas…Qu’étaient devenus Sandrine et Nicolas ? Aucune idée. Je n’avais qu’une seule chose en tête.
Retrouver François.
À l’époque, je ne savais pas qu’il avait changé de nom pour prendre celui de l’Agent Hadès, ou celui de Mr.Magnum. J’avais perdu sa trace. Mais je n’ai pas prit trop de temps à le retrouver.

Il avait reprit une vie relativement normale, après tout ces événements. Il avait comprit que ses recherches devaient restée discrètes, mais il poursuivait sans relâche. Il avait continué sans relâche à tenter de trouver où se terrait François, mais cette fois-ci de manière non officielle. Sandrine et Nicolas étaient redevenus des anonymes parmi la foule, et il n’avait plus jamais entendu parlé d’eux.
Même lorsqu’il avait reçu la description d’un homme habillé tout de noir, qui officiait aux Etats-Unis dans des affaires assez louches.

Serge bailla, cette fois-ci. Il rétrograda à l’approche d’une borne de péage, où il paya les vingt-deux euros et soixante-dix centimes réglementaires pour passer. Il retira sa carte bleue, rangea le reçu en notant mentalement le fait qu’il aille se faire rembourser une fois de retour chez lui, puis enclencha la première.
D’ici une petite heure, il serait arrivé à Nantes.
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Message par Mr.Magnum Mar 3 Mai - 11:48

Quelques petites précisions sur ce chapitre sans Trauméniens.

Afin de réussir à intégrer dignement deux (très) anciennes fictions rédigées vers 2000 ou 2001, je ne me rapelle plus vraiment, j'ai décidé de consacrer cet épisode entier à Thourn. Un de mes personnages récurent dans 'mon' univers que j'affectionne tout particulièrement. Il apparait dans ma 'trilogie' de fic en tant que personnage secondaire mais important, à l'instar de Traumenschar où il continuera d'ennuyer les Trauméniens avec ses questions insistantes.
Mes deux autres fictions sont, à ce jour, inachevés. Manque de temps? Manque de courage? Manque de passion? Un peu des trois, mais je dois vous avouer que faire revivre le personnage de Serge Thourn dans ces lignes a réveiller en moi la même passion qu'autrefois pour ces deux autres textes. Je compte donc m'y remettre et, pourquoi pas, les poster ici une fois leur rédaction achevée.
Ne nous fouvoyons pas, ces deux autres fictions sont très axées sur Moua. Forcément. La première a été vaguement résumée dans le dernier chapitre, du moins le point de vue du commissaire. Maintenant, la narration de Vies Antérieures se concentre principalement sur moi et mes deux amis de l'époque, Sandrine et Nicolas. Ne voyez donc pas en Caroline la fameuse K-Ro actuelle, ni en Nicolas un certain le-Kanar, non non. À l'époque, je ne soupçonnait même pas l'existence de ces personnes.
Le second volet de ma trilogie se nomme Avant Hadès, et il sera résumé dans le chapitre suivant. Seulement si j'avais une idée relativement précise du déroulement de Vies Antérieures, je reste dans un superbe flou artistique en ce qui concerne Avant Hadès. J'avais une centaine de pages pour le premier volume, mais seulement 16 pour le deuxième. Damnation. Je tacherai de trouver l'inspiration. Et peut-être même retrouverons-nous l'équipe de Squall/K-Ro/Erwan/Haschatan/Mr.Magnum en apparition finale..?
Pour en finir avec les explications, sachez simplement que cet épisode ne comptera à priori que deux chapitres, un par résumé de texte. Donc il tachera de rester court afin de revenir aux voyages entre les au-delà assez rapidement. Pour certains, ces deux outsiders seront peut-être rébarbatifs, mais ceux-ci n'auront qu'à sauter cet épisode, voilà tout.

Encore merci de continuer à me lire, et à bientôt!
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